au trésor des souffles
démocratie
la démocratie et ses conceptions
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II- La démocratie et ses conceptions
Définir la démocratie est aussi primordial que définir la paix, la justice, l’environnement. Ces quatre notions, réalités et projets devraient marcher côte à côte, se soutenir, s’interpeller, se compléter, s’incliner les uns vers les autres.
Ce qu’il y a de plus important dans l’analyse de la démocratie c’est probablement de comprendre les défis qu’elle rencontre pour essayer d’y répondre, c’est peut-être aussi de contribuer à découvrir un élément peu pris en compte et qui pourtant contribuerait à une conception plus porteuse.
Partons de sa vocation universelle (A)
pour parcourir ensuite des conceptions existantes (B)
enfin essayons d’avancer une conception de la démocratie en insistant en particulier sur un point trop peu évoqué (C).
A-La vocation universelle de la démocratie
Les arguments contre cette vocation universelle ont été nombreux, ils existent encore ici et là, il faut les dénoncer (1), d’autre part il est nécessaire d’insister sur le fait que tous les pays ont vocation à vivre en démocratie (2).
1-Beaucoup de personnes et de peuples étaient, par nature, exclus de la démocratie
Il fallait un certain seuil financier, par exemple payer l’impôt, pour pouvoir voter : le suffrage censitaire a heureusement disparu, ainsi en France en 1848.
Il fallait être un homme pour voter : les luttes ont été longues pour faire disparaitre cette gigantesque injustice, ainsi en France les femmes votent enfin en 1945.
Les peuples colonisés ne pouvaient s’autodéterminer : les luttes pour la décolonisation ont fait disparaitre cette autre gigantesque injustice entre 1945 et 1975.
Tel ou tel peuple, dit-on parfois encore aujourd’hui, n’est pas mûr pour la démocratie : on jette l’opprobre sur un peuple. Ce mépris n’a rien à voir avec la constatation selon laquelle une démocratie pour voir le jour doit traverser des obstacles, beaucoup de pays et de peuples mettent du temps, quelquefois beaucoup de temps, sur cette route difficile et pleine d’espoirs.
Il n’est pas évident pour de jeunes démocraties de naitre dans des pays qui n’avaient jamais connu d’opposition, les transitions démocratiques ne sont pas des longs fleuves tranquilles,elles sont semées d’obstacles, mais ce sont des chemins qui peuvent être porteurs de libertés.
2- La démocratie a vocation à voir le jour dans tous les pays, chez tous les peuples
La démocratie n’est pas réservée aux pays développés, elle ne dépend pas d’un développement économique antérieur, et d’autre part un pays développé peut tomber dans une dictature.
La démocratie n’est pas réservée à une certaine forme de l’Etat, elle peut se construire dans un pays centralisé, ou décentralisé, ou dans un pays fédéral composé d’Etats fédérés.
La démocratie n’est pas réservée à un Etat ayant un nombre « gérable » d’habitants, elle peut exister dans un pays qui a une petite population comme dans un pays qui a une population très nombreuse. Dans cette dernière situation un grand nombre d’habitants ne doit pas être un alibi pour maintenir une dictature lorsque les autorités ont peur du « chaos ».En fait , s’il est vrai que la démocratie est plus compliquée dans un pays très peuplé que dans un tout petit pays, ou dans une mégalopole plutôt que dans une petite ville, elle n’en reste pas moins d’abord un ensemble de droits politiques et de droits de l’homme qui s’exercent quelque soit l’importance de la population.
Les conceptions de la démocratie ne vont-elles pas dans ce sens ?
B- Des conceptions existantes de la démocratie
Nous rappellerons les pensées de quelques philosophes des Lumières (1), la définition historique(2), les conceptions de quelques auteurs contemporains (3), des formules chocs(4), des conceptions éloignées de la démocratie (5).
1-Les conceptions de quelques philosophes des Lumières
John Locke, dans « Traité du gouvernement civil » en 1690, pensait que c’est par la volonté du peuple que l’Etat existe, le rôle de l’Etat est de protéger les libertés, la démocratie est la forme de gouvernement qui protège le mieux les libertés.
Jean-Jacques Rousseau, dans « Du contrat Social, ou Principes du droit politique» en 1762, pensait que le peuple devient souverain grâce à la démocratie, les individus passent un contrat dans lequel ils se définissent comme un corps politique souverain qui exprime les aspirations de tous.
Charles Louis Montesquieu, dans « l’Esprit des lois » en 1748, affirmait « Il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir »(…) « Lorsque le peuple a la puissance souveraine c’est la démocratie. » Voici donc mises en avant la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire) et la légitimité du pouvoir qui doit être fondée sur le peuple.
Nicolas de Condorcet, dans « Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain »en 1795, ouvrage posthume, défend le respect de la souveraineté populaire. Le système politique présenté dans son projet de constitution reposait sur des Assemblées primaires qui détenaient cette souveraineté.
2-La définition « historique » de la démocratie
Elle a été donnée par Abraham Lincoln dans une formule célèbre prononcée à la fin d’un discours, à Gettysburg le 19 novembre 1863 : « A nous de décider que le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple ne disparaitra jamais de la surface de la terre. » C’est Lincoln qui avait dit aussi « De même que je ne voudrais pas être un esclave je ne voudrais pas être un maitre. Telle est ma conception de la démocratie. » Cette conception rejoint celle fondatrice d’Athènes: démos le peuple, kratos le pouvoir, le pouvoir du peuple.
3-Les conceptions de quelques auteurs contemporains relatives à la démocratie
Parmi beaucoup d’autres nous choisirons un homme politique, deux philosophes, deux sociologues, un autre homme politique et un historien dont nous soulignerons des idées porteuses pour la démocratie.
Jean Jaurès, dans « Histoire socialiste de la Révolution française »en 1923,écrit : « La démocratie est la grande loi de l’avenir, non seulement parce que seule elle réalise le droit de l’homme, de tous les hommes, mais parce qu’elle tend à procurer le bien des hommes, de tous les hommes. C’est toute la masse humaine, si pesante jusqu’ici et si obscure, qu’elle veut hausser à la lumière et au bien-être. »
A cela nous ajouterons une idée forte, celle de résistance. On la trouve par exemple sous la plume d’un philosophe, Alain (Emile Chartier), dans « Propos de politique » en 1934.Il écrit : « la démocratie c’est une lutte perpétuelle des gouvernés contre les abus du pouvoir »et aussi « Tout peuple qui s’endort en liberté se réveillera en servitude. » On retrouvait déjà sous la plume d’Etienne de la Boétie (De la servitude volontaire, 1574) cette idée selon laquelle « la première raison de la servitude volontaire c’est l’habitude. »
Une autre définition est sociologique, on la trouve chez Raymond Aron dans « Démocratie et totalitarisme » en 1965, elle est particulièrement claire. Il explique que les démocraties sont des régimes dans lesquels il existe une concurrence officielle entre les oligarchies qui se disputent le pouvoir. Par contre dans les régimes autoritaires il n’y a pas de concurrence officielle puisqu’il s’agit soit du parti unique soit de l’armée. Pour cet auteur tous les régimes sont donc oligarchiques, c’est-à-dire entre les mains de petites équipes, mais toutes les oligarchies ne sont pas de même nature, les unes sont en concurrence, d’autres n’acceptent pas la concurrence.
Cornelius Castoriadis, philosophe et aussi sociologue, historien, économiste, psychanalyste, un « titan de la pensée », par exemple dans « L’institution imaginaire de la société »(Seuil,1975), dans « La montée de l’insignifiance » (Seuil,1996) , fait une critique de la démocratie représentative qui n’est qu’une « oligarchie dominée par la bureaucratie des partis », la démocratie ne peut être qu’une démocratie directe,c’est à dire un projet d’autoorganisation du peuple. D’une part ce penseur se prononce pour une démocratie »radicale », c’est à dire un projet de société ayant pour objectif l’autonomie individuelle et collective. Castoriadis est l’un des plus grands penseurs de l’autonomie.D’autre part « face à l’imaginaire de notre époque qui est celui de l’expansion illimitée il faut une liberté qui s’ autolimite, c’est à dire qui sait qu’elle peut tout faire mais qu’elle ne doit pas tout faire. » Autrement dit la démocratie repose sur l’autonomie et l’autolimitation individuelles et collectives.
Claude Lefort, fondateur avec Cornelius Castoriadis et Edgar Morin du groupe « Socialisme ou barbarie »,auteur de « L’Invention démocratique »(Fayard,1981) et de « Temps présent »(Belin, 2007),insiste sur l’idée selon laquelle la démocratie va faire du pouvoir « un lieu vide »,aucune force ne peut le prendre, ni le Parti ni le marché. La démocratie recherche continuellement son propre fondement, c’est dans « l’inquiétude démocratique », expression magnifique et porteuse, que peut se construire une véritable politique des droits de l’homme.
On trouve également une autre conception de la démocratie sous la plume d’un sociologue très engagé, Pierre Bourdieu, ainsi dans un entretien (Le Monde, 14-1-1992) : « Il n’y a pas de démocratie effective sans vrai contre-pouvoir critique », en particulier, explique-t-il, celui de l’intellectuel critique.
Une autre conception proposée nous la trouverons chez un homme politique de la Vème République, Edgar Pisani, (article « Qu’est-ce que la démocratie ? »Le Monde, 2-1-2007). « La démocratie doit tendre vers son plein accomplissement : elle est débat et non mise à mort, elle est alternance et ignore toute lutte finale, elle est règle de droit pour la nation comme pour l’individu, elle est civilisation humaine qui doit être administrée comme un être qui, de chute en chute, est indéfiniment perfectible. »
Que dit à ce sujet Pierre Rosanvallon, historien et sociologue, qui a beaucoup écrit sur la démocratie ? « Aujourd’hui, la légitimité du politique s’est effondrée. La démocratie s’est réduite à un processus d’autorisation. Les élections donnent un permis de gouverner. Mais c’est un permis à points. On voit bien que cela ne fonctionne pas. La démocratie doit aussi se définir comme une façon permanente de négocier, discuter et argumenter avec la société. » (entretien journal Le Bien public, 4-1-2014).
4- Quelques formules chocs relatives à la démocratie.
Parmi elles la première est la plus connue, la seconde aura notre préférence.
Winston Churchill, un des artisans de la victoire sur le régime nazi, disait « La démocratie est le pire des systèmes … à l’exception de tous les autres. »
David Henry Thoreau, dans « La désobéissance civile »(1849) écrivait : « La démocratie ne dépend pas seulement du bulletin que je glisse dans l’urne tous les quatre ans, elle dépend du type d’individu que je glisse chaque matin dans la rue. » Cet auteur américain est un des inspirateurs de la non-violence.
Henri Jeanson, dialoguiste de cinéma, avait une formule simple : « La démocratie c’est quand on sonne chez vous à six heures du matin… et qu’il s’agit du laitier ! » et non, effectivement, d’une police politique ou d’un escadron de la mort qui vient vous chercher.
Jean-Louis Barrault, acteur et metteur en scène, avait une formule choc « La dictature c’est « ferme ta gueule », la démocratie c’est « cause toujours. » La question posée par cette façon de voir les choses étant : comment faire pour que l’on tienne compte de ce que veulent des citoyen(ne)s et qu’ils puissent vraiment participer aux décisions à travers des processus participatifs ?
5- Des définitions bien loin de la démocratie…
Un ministre français de l’Intérieur déclarait à la télévision ( sur TF1 le 26 février 1987) « La démocratie s’arrête où commence l’intérêt de l’Etat. » Autrement dit : si l’intérêt de l’Etat est partout… la démocratie ne commence nulle part !
Cette conception s’inscrit dans une critique autoritaire de la démocratie, la démocratie y est synonyme de désordre. Cette conception est inacceptable, elle peut même à la limite faire penser à une formule tristement célèbre « tout dans l’Etat, rien contre lui, rien en dehors de lui »…
Alexis Carrel, dans « L’homme cet inconnu » (1935), écrivait « Le principe démocratique a contribué à l’affaiblissement de la civilisation en empêchant le développement de l’élite».
Cette conception s’inscrit dans une critique élitiste de la démocratie, l’égalité des individus est considérée comme critiquable, il y a les élites et les ignorants, seules les élites doivent accéder au pouvoir…
Friedrich Hayek, économiste libéral, (entretien du 12 avril 1981 dans El Mercurio, pendant la dictature militaire au Chili) dira « Personnellement je préfère un dictateur libéral plutôt qu’un gouvernement démocratique manquant de libéralisme. » Le marché ou la liberté ? Le marché.
Cette conception s’inscrit dans une critique fondée sur un libéralisme « sauvage » qui considère que la démocratie doit être au service du marché, sinon il faut la remettre en cause.
Enfin des personnes affirment que « La démocratie c’est le règne des tous pourris, tous menteurs, »cette attitude est liée à un mélange de révolte et de désespoir.
Cette conception s’inscrit dans une critique fondée sur une forme de populisme, on critique le principe même de la représentation au lieu de remettre en cause les mécanismes de corruption, de confiscation de la représentation et surtout de proposer et de mettre en oeuvre d’autres projets allant dans le sens de sociétés humainement viables,cela à travers une représentation réelle des citoyen(ne)s et des processus participatifs(référendum d’initiative citoyenne etc..).
Ce panorama étant terminé que proposer ?
C- Une conception proposée de la démocratie
Nous mettrons en avant une méthodologie classique, celle partant d’une définition au sens restreint pour aller vers une définition au sens plus large, rajoutant un certain nombre d’éléments non pas secondaires mais complémentaires des premiers.Nous ne ferons donc qu’une synthèse d’éléments connus,en insistant et en terminant sur un élément peu évoqué par rapport à la démocratie.
Partons du sens strict (1) pour aller vers le sens large (2) puis très large sans oublier là d’insister sur un point souvent passé sous silence (3).
1–La démocratie au sens des fondements vitaux
Elle repose d’abord sur des critères souvent soulignés, ils sont en effet primordiaux.
Il s’agit d’élections libres, c’est-à-dire d’une concurrence officielle entre les équipes qui se disputent le pouvoir.
Aux éléments d’un système de représentation doivent pouvoir s’ajouter des éléments d’un système participatif (référendum d’initiative citoyenne etc…)
Il s’agit ensuite de médias libres, c’est-à-dire pouvant être critiques vis-à-vis du pouvoir sans faire l’objet de censures, de menaces et de répressions sous diverses formes, allant jusqu’aux assassinats, à l’encontre les journalistes. Ajoutons à cela un internet qui ne soit pas interdit. La liberté d’expression est essentielle, cela bien sûr avec quelques limites posées par la loi interdisant les appels à l’inhumanité. On comprend aussi que liberté de la presse, liberté d’opinion, doivent se tenir embrassées, ce sont deux des poutres maitresses dans la maison de la démocratie. Nous pourrions compléter en disant : si possible des médias ayant une certaine indépendance financière (ainsi Mediapart) mais, de nos jours, c’est loin d’être le cas pour un nombre important de médias, on se trouve portant en régime démocratique, il faut donc être non seulement vigilants mais aussi porteurs de diverses remises en cause (alternatives pour que puisse vivre une pluralité des opinions.)
Il s’agit aussi de la laïcité qui contribue à garantir la liberté de conscience, chacun est libre de croire ou de ne pas croire, chacun a une liberté d’expression de ses convictions dans le respect de celles des autres.
Il s’agit enfin d’un pays ayant un système judiciaire indépendant (indépendance de la justice par rapport au pouvoir exécutif et au pouvoir législatif, droit à un juge indépendant et impartial…) et une existence réelle des droits de la défense (droit à l’information en matière pénale, droit à l’assistance d’un avocat, droit au respect de la présomption d’innocence…) Ces deux systèmes sont vitaux pour la démocratie, voilà deux autres poutres maitresses dans la maison démocratique.
La démocratie, toujours au sens strict, est également synonyme de droits de l’homme.
De façon générale ne doit-elle pas être porteuse des droits de l’homme, de la femme et de l’enfant ? Les libertés et les égalités sont reconnues par les Etats parties aux deux Pactes internationaux du 16 décembre 1966, les libertés(droits civils et politiques) doivent être directement applicables, c’est l’article 2 alinéa 1 du premier Pacte « Les Etats parties au présent Pacte s’engagent à respecter et à garantir à tous les individus se trouvant sur leur territoire et relevant de leur compétence les droits reconnus dans le présent Pacte(…)Par contre les égalités(droits économiques, sociaux et culturels) sont « progressivement » applicables, c’est l’article 2 alinéa 1 du second Pacte: »Chacun des Etats parties au présent Pacte s’engage à agir, tant par son effort propre que par l’assistance et la coopération internationales, notamment sur les plans économique et technique, au maximum de ses ressources disponibles, en vue d’assurer progressivement le plein exercice des droits reconnus dans le présent Pacte par tous les moyens appropriés, y compris en particulier l’adoption de mesures législatives. »
On pourrait aussi tenir compte des droits de la troisième génération, les droits-solidarités, comment une démocratie prend-elle en compte des droits à l’environnement, à la paix, au développement ?
De toute manière il faut insister sur les liens étroits qui existent entre l’égalité, les luttes contre les injustices et la démocratie. La démocratie n’est-elle pas « l’amour de l’égalité » ? Est-ce que justice et démocratie ne doivent pas s’appuyer l’une sur l’autre ?
2- La démocratie au sens plus large de fondements essentiels
Elle repose également sur d’autres critères primordiaux. Elle doit être une démocratie économique, fiscale, sociale, culturelle, environnementale…
Autrement dit : droit à l’information, consultations, concertations, négociations doivent être consacrés et effectifs.
Allons bien sûr plus loin : ne faut-il pas que les décideurs soient les plus nombreux possibles dans ces domaines concernés?
On peut ainsi raisonner sur les circuits des volontés locales, nationales, continentales, internationales. Il y a probablement au moins quatre schémas théoriques et pratiques :
Soit on pense et on agit dans le sens de systèmes centralisés dans lesquels les volontés vont du « haut vers le bas », la démocratie est peu présente ou absente.
Soit on se prononce et on agit dans le sens d’un va et vient « entre le haut et le bas », en corrections réciproques, reste à savoir comment se déroulent ces rapports de forces et ce qu’ils produisent.
Soit on pense et on agit « du bas vers le haut », on veut faire remonter des micro expériences, des actions à la base, on veut faire émerger des autogestions, on se rapproche de la démocratie participative.
Soit on veut aller dans le sens de « volontés qui, partant de la base, vont plutôt s’étendre que monter « , c’est un schéma proche d’une démocratie participative.
Sur le terrain les circuits peuvent être compliqués puisque plusieurs schémas, par exemple dans un pays donné, par exemple-ce qui complique encore les schémas-dans un domaine donné, peuvent fonctionner ensemble avec des ampleurs et des conflits variables.
3-La démocratie au sens de fondements encore plus large dans l’espace et le temps
On pense à la démocratie dans l’espace c’est-à-dire à l’instaurer et à la développer à tous les niveaux géographiques sur notre planète, nous l’avons déjà souligné dans le développement relatif à sa vocation universelle.
On peut aussi penser à la démocratie dans le temps, en particulier aux luttes contre l’accélération du système international et aux marges de manœuvres laissées aux les générations futures.
Nous voudrions insister sur ce dernier point relatif à la démocratie dans le temps.
La démocratie par rapport au temps n’implique-t-elle pas deux idées fortes ?
Première idée forte : La vitesse étant un facteur de répartition des pouvoirs, des avoirs, des savoirs, une démocratie ne doit-elle pas également se définir par les luttes allant dans le sens d’un ralentissement du système productiviste. Autant que faire se peut mettre en œuvre un développement et un respect des « droits du temps humain. » (Voir propositions dans un article à paraitre sur ce blog relatif à « l’accélération du système international »)A ce jour que pèsent les pratiques de ralentissement ? Faut-il, et si oui comment, leur donner de l’ampleur?
Seconde idée forte : On connait cette pensée de Montesquieu « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser : il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. » Ne peut-on pas dire la même chose des générations présentes par rapport aux générations futures ?
Si on ne leur donne pas de freins dans tel et tel domaine et si elles ne s’autolimitent pas, qu’en est-il des libertés des générations à venir ?
Ainsi une démocratie ne doit-elle pas se définir, aussi, par le fait qu’elle agit de telle sorte que , par exemple écologiquement, les générations à venir ne soient pas objets mais sujets de leur propre histoire ?
Humanité et démocratie ne doivent-elles pas (éthique) ne veulent-elles pas (volontés politiques) ne peuvent-elles pas (marges de manœuvres) marcher côte à côte, se soutenir, s’interpeller, se compléter, s’incliner l’une vers l’ autre?
Mais quel est donc l’état global de la démocratie dans le monde ( décembre 2020) ?