Antinucléaires : problèmes, drames et menaces du nucléaire ( I I )
II
L’évocation d’un ensemble de problèmes, de drames et de
menaces liés au nucléaire.
Le nucléaire civil et militaire n’est pas un « problème » devant lequel on se trouve, c’est un
ensemble de problèmes, de drames et de menaces dans lesquels ont été, sont et seront de
nombreux êtres humains et d’ailleurs aussi une partie du vivant.
1-Le nucléaire militaire et le nucléaire civil ont de multiples liens
Contrairement à ce que certains affirment, il n’existe pas de cloison étanche entre le
nucléaire civil et militaire. Un des auteurs qui l’a pleinement montré était Bruno Barillot
dans une étude décapante « Le complexe nucléaire. Des liens entre l’atome civil et l’atome
militaire ». (Observatoire des armements , Lyon, 2005).
Un des contre-pouvoirs citoyens dans ce domaine, le « Réseau Sortir du nucléaire », met lui
aussi en avant cette réalité incontournable selon laquelle « derrière le nucléaire il y a la
bombe. »
On connait également les graves insuffisances du traité de non-prolifération nucléaire en
particulier dans les contrôles. (Voir notre ouvrage « Le droit international du
désarmement », éditions L’Harmattan,1998, préfacé par le Président de la Cour internationale
de justice qui était en fonction au moment de l’avis du 8 juillet 1996 sur la licéité de la
menace ou de l’emploi d’armes nucléaires.)
2-Les accidents nucléaires et les contaminations radioactives
En ce qui concerne les effets des accidents de centrales nucléaires il s’agit de drames à
court moyen long et très long termes, ainsi de la population ukrainienne (accident nucléaire
de Tchernobyl du 26 avril 1986) et de la population japonaise (accident nucléaire de
Fukushima du 11 mars 2011).
On doit avoir en mémoire le titre d’un petit livre sur les hibakushas, survivants des bombes
atomiques : « Guerre nucléaire guerre sans fin » . ( Voir nos deux ouvrages « Construire la
paix », éditions la Chronique sociale,1988)). On peut dire que les luttes contre les effets d’un
accident nucléaire majeur sont et seront des formes de « guerre sans fin. »
On peut aussi affirmer que, parmi d’autres exemples, si les centrales nucléaires se
multiplient, les lieux évacués, pour des périodes plus ou moins longues à la suite d’accidents,
se multiplieront aussi, ce sont et seront des logiques profondes.
On peut également affirmer que les pollutions radioactives dans le milieu marin (accidents
de centrales nucléaires près des côtes, sous-marins nucléaires accidentés, fuites de fûts par
érosion et pression de l’eau …) ont des logiques destructrices et catastrophiques à long terme
et pour les humains et pour de nombreuses espèces, le milieu marin devient peu à peu pour
une part « tchernobylisé . »
Le monde en 2019 comptait 450 centrales nucléaires en service dans 31 pays, en France 57
réacteurs nucléaires en activité sont répartis sur 19 sites. Le jour où interviendra un
accident nucléaire majeur dans une centrale par exemple française le plan ORSEC de
secours en cas d’accident nucléaire majeur sera très probablement dramatiquement dérisoire.
Dramatiques seront le caractère soudain de la catastrophe, l’impréparation collective, les
effets -à court moyen et très long termes- sanitaires et environnementaux…Par exemple
posons-nous une question : combien de lits d’hôpitaux opérationnels et de personnels
spécialisés pour les victimes contaminées par la radioactivité ? Question tristement connue
face à d’autres situations…
3-Les victimes directes et les victimes indirectes du nucléaire
Comment ne pas évoquer les victimes directes du nucléaire par les contaminations,
générations futures comprises, mais également les victimes indirectes ?
Ces dernières, particulièrement nombreuses, sont des personnes, des parties de
populations, des peuples restés sans réponses face à des besoins criants.
Ainsi par exemple le CARN (Campagne pour l’abolition des armes nucléaires) dans son
dernier rapport rappelle qu’en 2019 les Etats-Unis ont dépensé 35 milliards de dollars pour
leurs armes nucléaires, de même les autres Etats nucléaires ont dépensé d’énormes sommes,
la France par exemple avec 4,9 milliards de dollars « pour cette seule année « aurait pu
financer 100.000 lits de soins intensifs, 10.000 ventilateurs, et les salaires de 20.000
infirmières et ceux de 10.000 médecins »
Ainsi , de façon beaucoup plus gigantesque, les dépenses nucléaires militaires mondiales
auraient pu financer par exemple l’effectivité du droit d’accès à l’eau et à l’assainissement
pour tous les habitants de la terre dans un programme mondial, son absence étant source de
malheurs incommensurables alors que les moyens d’y remédier sont connus. Le transfert
des dépenses militaires, en particulier nucléaires, vers la santé , l’alimentation et
l’environnement est et sera un puissant moyen de sauver des vies.
Il est vrai que les décideurs des Etats dotés d’armes nucléaires sont, pour l’instant,
incapables d’avoir le courage politique de signer et de ratifier le Traité d’interdiction des
armes nucléaires de 2017. La conscience est souvent ou toujours en retard ont écrit
beaucoup d’auteurs , l’histoire des êtres humains nous le crie.
« ( …) Croire à la paix c’est foi, il faut vouloir , la foi est courage. Au contraire croire à la
guerre c’est croyance, pensée agenouillée et bientôt couchée, c’est répéter ce qui a été dit et
redit, c’est penser mécaniquement » écrivait le philosophe Alain.
Mettre perpétuellement en avant et avoir à la bouche le terrible « soyons réalistes, restons
réalistes » c’est aujourd’hui en fait, malgré soi et/ou avec soi, être de fait fermé sur des
mécanismes de mort, c’est refuser les paris d’autres possibles, c’est étouffer l’audace, c’est
pactiser avec l’indifférence, être paralysé par la peur de ne rien pouvoir faire et ne rien faire,
c’est enfin et surtout se laisser glisser sur la pente la plus forte : celle d’un système porteur de
souffrances et de drames.
Le lendemain d’Hiroshima Albert Camus écrivait « La civilisation mécanique vient de
parvenir à son dernier degré de sauvagerie(…) Ce n’est plus une prière mais un ordre qui doit
qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir entre l’enfer et la
raison. »
« Accepter l’arme atomique c’est se rendre complice, par nonchalance ou passivité, du plus
abominable forfait que l’homme ait jamais prémédité contre l’homme » disait Jean Rostand .
« La guerre commencera à avoir du plomb dans l’aile le jour où les candidats qui promettent
d’augmenter les crédits militaires cesseront d’être élus » écrivait Bernard Clavel.
En attendant : merci les Etats, les peuples vous remercient ! Chaque jour plus de cinq
milliards de dollars partent dans les dépenses militaires mondiales alors qu’ un enfant sur
deux dans le monde est en situation de détresse et/ou de danger (guerres, maladies,
misère…) Et alors que la matrice de la plupart des violences c’est l’injustice.