Les leçons, pour le présent et l’avenir, du drame du Titanic
Remarques d’introduction
1) Le drame du Titanic.
a) Le naufrage du Titanic a encore une certaine place dans la mémoire
collective. On peut ainsi imaginer le petit orchestre de ce transatlantique
jouant le plus longtemps possible, tandis que le navire s’enfonce peu à peu.
Cette nuit du 14 avril 1912, voilà donc plus de cent ans, le temps est calme,
l’hiver a été très doux dans les mers polaires et des glaces nombreuses se sont
détachées du Groenland .Dans cette zone à risques le paquebot heurte un
iceberg (de 20 à 30 mètres de haut et de 60 à 120 mètres de long) à minuit
moins vingt et coule à deux heures vingt,il coule par l’avant et se casse en deux
dévoré par l’océan. Il y a 1500 victimes sur 2200 passagers,327 corps furent
retrouvés(voir par exemple le film »Le Titanic,la véritable histoire ».)
b) Parti d’Angleterre pour aller à New-York, il était considéré comme une
machine parfaite. Son luxe est connu, ses dimensions aussi, 269 mètres de
long, 53 mètres de haut (soit l’équivalent d’un immeuble d’environ 17 étages),
29 mètres de large.Chaque jour le ventre du navire engloutissait 650 tonnes de
charbon mises dans les chaudières par 324″gueules noires ». « Titanic », film de
James Cameron en 1997, reconstituera le drame du paquebot mêlé à une
histoire d’amour.
c) L’épave sera retrouvée en 1985 à 3800 mètres de profondeur, plus de 5000
objets ont été remontés. Un « musée interactif » a été ouvert en 2012 à Belfast
sur le lieu de sa construction (titanicbelfast.com).
2) Le mythe du Titanic
a) Beaucoup d’autres navires ont coulé depuis le Titanic,avec parfois des
catastrophes aussi ou plus meurtrières, par exemple le 7 mai 1915 le Lusitania,
paquebot britannique coulé par un sous-marin allemand, 1200 personnes
disparaissent sur 2000 passagers.Le 21 décembre 1987 la Dona Paz,navire parti
des Philippines, heurte un pétrolier,il y a plus de 1500 victimes,certains à cause
du navire surchargé vont jusqu’à penser qu’il y a eu 4000 disparus. Le 28
septembre 1994 l’Estonia coule en mer Baltique,plus de 800 passagers
périssent. Le 26 septembre 2002 le Joola, navire sénégalais, coule au large de
la Gambie avec plus de 1800 personnes à bord, alors que la capacité légale était
de 500 passagers.L’Al-Salaam Boccaccio,un ferry égyptien, coule en mer Rouge
le 3 février 2006, causant la mort de plus de 1000 personnes.
b) Pourtant aucun navire n’a été suivi d’une telle mythologie comme celle du
Titanic. Certes il y a son nom qui est synonyme de démesure, ensuite l’ouvrage
de 1898 (« Futility » de Morgan Robertson) dans lequel un transatlantique
coule, il s’appelait « le Titan »…
c) Mais le mythe tient surtout à cet engloutissement qui est, pour certains, le
symbole d’un monde où l’on mettait en avant le progrès, les hiérarchies, la
toute-puissance de la technique, c’est ce monde qui disparait dans les abimes.
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d) Le Titanic avait quelque chose du Rex, paquebot transatlantique qui surgit
du film de Frederico Fellini en 1973, Amarcord. Les habitants du village
montent dans des barques pour aller le voir passer une fois par an, tout
illuminé et luxueux dans la nuit, image fugitive et inaccessible, puissante et
dérisoire.
3) Le Titanic et notre monde
a) On est frappé aujourd’hui par le fait que le mot est désormais symbolique
d’une situation personnelle et /ou collective catastrophique.
« Si tu continues comme çà tu vas te retrouver sur le Titanic ! », « Le monde
est devenu un véritable Titanic ! ». Il est maintenant assez fréquent d’entendre
dire de telle ou telle conférence internationale qu’elle n’a fait que « se tenir à
bord du Titanic. »
b) Certains se demandent en effet si l’humanité ne s’est pas embarquée,
malgré elle et/ou avec elle, dans un monde autodestructeur, terricide et
humanicide, et s’il n’est pas vital non seulement de ralentir la vitesse de ce
navire suicidaire mais, surtout, d’essayer de le faire changer de route, voire de
changer et le navire et la route.
c) Cette analyse proposée ne se veut pas exhaustive que ce soit par rapport aux
causes du naufrage du Titanic ou par rapport aux remises en cause d’un
système qui irait vers la perte de l’humanité et de l’ensemble du vivant. Ce
« billet » a pour simple objectif de souligner quelques repères.
N’est-il pas important de se demander quelles sont les leçons à tirer du drame
du Titanic pour notre monde en ces débuts du XXIème siècle ? Nous
envisagerons tour à tour les leçons relatives au temps de l’avant catastrophe(I),
au temps de la catastrophe(II) et au temps de l’après catastrophe(III).
I – Les leçons du temps de l’avant-catastrophe du Titanic
Nous pouvons penser qu’il y a au moins quatre leçons vitales pour le présent
et l’avenir.
A-Remettre en cause l ’aveuglement de la compétition
1) En 1912 la Compagnie du Titanic avait construit le navire le plus grand,
porteur du plus grand luxe, et le plus rapide. Le propriétaire du navire avait
peur de ne pas réaliser assez de profits et il avait négligé les mesures de
sécurité. Le capitaine se retrouvait sous la pression de l’exploit à réaliser, celui
de l’une des traversées les plus rapides.Une fois l’iceberg heurté, le navire
s’arrête puis ordre est donné, sur pression du président de la compagnie qui
était à bord, de reprendre la route ce qui aggrave l’entrée de l’eau par la
proue.Le concepteur du navire,lui aussi à bord,annonce que si le compartiment
5 est noyé le navire coulera,c’est le cas.Un nouvel arrêt est ordonné par le
commandant,ce sera le lieu du naufrage.
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2) Aujourd’hui existent cette compétition effrénée par exemple pour gagner
des parts de marché et cette obsession de battre des records de vitesse et de
puissance.
a) Certains, de loin les plus nombreux sur notre planète, croient que la
compétition est naturelle. Elle est liée à la nature humaine, c’est un impératif
naturel de nos sociétés, elle est saine, bonne, nécessaire. Il faut être, en tant
que personne ou collectivité, parmi les gagnants, faute de quoi on est dans les
perdants, la compétition ou la mort ! C’est « l’évangile de la compétition ».
b) Les autres sont, à ce jour, moins nombreux tant il est vrai que la compétition
a colonisé les esprits et que leur décolonisation est difficile. Ils pensent que la
compétition est un produit de l’histoire. Elle est variable selon les lieux, les
acteurs et les périodes. Le système productiviste la rend omniprésente et
omnipotente. C’est ou bien la compétition et ses logiques de mort ou bien la
fraternité à construire face aux périls communs,les coopérations,le « vivre
ensemble »,le « faire ensemble » à construire eux aussi.Pour mettre aux
mondes cette fraternité il faut, personnellement et collectivement ,que
répondent présents les courages et les imaginations.
B-Remettre en cause la croyance dans la toute-puissance de la technoscience
1) En 1912, avant de disparaitre au fond des abimes, la machine qui se voulait
parfaite reposait, entre autres, sur un acier jugé indestructible. Or on découvrit
il y a quelques années que, moins solide dans les eaux glacées, il n’avait pas pu
résister au choc de l’iceberg.
2) Demain que seront, par exemple, les grandes technologies de l’ingénierie
qui auront pour objectif de « mettre la Terre à l’ombre » face au réchauffement
climatique ?
3) Le Titanic c’est aussi le symbole d’une société qui tend à ne plus se donner
de limites. Jacques Ellul demandait : « qu’est-ce qu’une société qui ne se donne
plus de limites ? » Ainsi n’est-ce pas une forme d’atteinte aux droits des
générations futures que de leur laisser des déchets radioactifs pour un temps
incommensurable ?
4) Lorsque la techno-science tend à occuper toute la place ne faut-il pas la
remettre à sa place ? L’enjeu n’est-il pas de construire une techno-science au
service des êtres humains et non le contraire ?(Des « billets » là dessus sur ce
blog? Voir par exemple les « alternatives au productivisme »).
C- Surmonter l’incapacité à prendre en compte des avertissements
1) En cette nuit d’avril 1912 le Titanic aurait dû prendre une route plus au Sud.
Un navire, le California qui naviguait par là , avait envoyé six fois des
signalements d’icebergs .
2) Dans son ouvrage, « Pour un catastrophisme éclairé », Jean-Pierre Dupuy se
prononce pour une autre attitude face au déni qui nous pousse à ne pas voir
les solutions radicales pour empêcher les catastrophes. » Il faut se projeter
dans un avenir quasi certain, celui de catastrophe, pour le modifier et sortir de
notre aveuglement et de notre paralysie » .
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3) Que d’avertissements depuis 1945 lancés face à ce système international
devenu autodestructeur ! Avertissements de scientifiques, de philosophes,
d’ONG , d’organisations internationales…François Partant écrivait « Les
catastrophistes sont ceux et celles qui ferment les yeux sur les causes des
catastrophes et non ceux et celles qui essaient d’avertir, de critiquer et de
proposer. »( F.Partant : La fin du développement, 1982. La Ligne d’horizon,
1988).
Avertissements par rapport aux sociétés autoritaires,injustes,violentes,destructrices de
l’environnement.On examine les effets,et il faut le faire mais on ne doit pas en rester là.Il
faut ouvrir les yeux sur les causes. Si l’on veut des sociétés
démocratiques,justes,pacifiques,écologiques il faut penser et mettre en oeuvre des
moyens démocratiques,justes,pacifiques,écologiques.(voir sur ce blog les « billets » sur la
démocratie,la justice,la paix et l’environnement.)
D – Arriver à distinguer l’essentiel et le détail
1) En cette nuit de 1912 la radio était toute récente, des passagers l’utilisaient
pour envoyer des nouvelles à leurs proches, les deux opérateurs radio ont
ignoré ainsi les messages du California.
2) Dans les vies personnelles et collectives nous confondons, parfois ou
souvent ou en permanence selon les cas, l’essentiel et le détail. S’il reste vrai
qu’il faut ne pas négliger certains détails ( » le diable peut se loger dans les
détails ! » ) , il est vrai aussi que l’essentiel ne doit pas être ignoré. Un des
exemples les plus criants aujourd’hui est celui de la course aux armements qui
constitue une des plus grandes menaces pour l’humanité, or le désarmement
est loin d’avoir la place qui devrait être la sienne.
Importantes sont aussi les leçons pendant les catastrophes.
II – Les leçons du temps de la catastrophe du Titanic
A-Organiser le temps de l’urgence
1) Le Titanic est parti avec 16 chaloupes(certes 4 de plus que celles exigées par
la loi de l’époque mais il en aurait fallu 51) pouvant contenir 70 personnes
chacune, soit un total d’environ 1100 places sur 2200 passagers. Il faudra
attendre … 1960 pour qu’au niveau international le nombre de canots de
sauvetage soit calculé en fonction du nombre de passagers.
D’autre part sur le Titanic le capitaine est absent au moment crucial, des issues
de secours sont bloquées, la gestion des opérations de sauvetage est
chaotique, des chaloupes partent presque à vide.
2) Etre prêts à faire face aux urgences voilà qui a donné le jour à nombre de
professions, d’organismes et de moyens aux XXème et XXIème siècles. Par
exemple dans certains domaines et certains pays des exercices se déroulent
régulièrement pour faire face à des catastrophes.
3) On peut cependant affirmer, sans crainte malheureusement de se tromper,
qu’aujourd’hui et demain des menaces et des drames environnementaux et
technologiques auront une grande ampleur et que l’assistance humanitaire est
loin d’avoir les moyens qui seraient vitaux. (voir sur ce site « Pour une véritable
assistance écologique »,voir aussi actes du colloque sous la direction de Jean-
Marc Lavieille, Michel Prieur, Julien Bétaille, Les catastrophes écologiques et le
droit : échecs du droit, appels au droit, Bruylant, 2012 en particulier l’article de
JML sur « l’assistance écologique. »
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Voir aussi sur ce site à la rubrique « Environnement » l’article intitulé « Pour
une véritable assistance écologique. »
B-Remettre en cause des inégalités criantes pendant la catastrophe
1) Le film « Titanic » montre particulièrement bien cet aspect du drame. Il y a
eu plus d’hommes sauvés en première classe que d’enfants en troisième classe.
Les pourcentages du nombre de rescapés sont criants : 60% en première classe,
44% en seconde classe, 25% en troisième classe.
2) Ces inégalités il faut aussi les combattre à titre préventif, par exemple en
créant un statut international de protection des déplacés environnementaux,
statut accompagné d’importants moyens. (voir notamment la présentation du
projet de statut par Jean-Marc Lavieille, Jean-Pierre Marguénaud, Julien
Betaille, Revue européenne de droit de l’environnement(REDE) , n°4,2008)
C-La nature humaine peut tout être, le pire et le meilleur, il faut construire le
meilleur
1) Il y a au moins trois façons de se situer par rapport à la nature humaine.
Certains pensent qu’elle est mauvaise depuis toujours et à tout jamais, d’autres
pensent qu’elle est bonne depuis toujours et à tout jamais, d’autres enfin
pensent qu’elle peut tout être, le meilleur et le pire, cela selon les volontés, les
évènements, les marges de manoeuvres…Les attitudes au moment du drame
du Titanic vont, elles aussi, dans le sens du tout est possible.
2) Au moment du drame du Titanic des personnes ont donné leurs places à
d’autres pour monter dans les chaloupes, les musiciens ont joué sur le pont le
plus longtemps possible, des couples ont fait le choix de rester ensemble alors
que l’un des deux pouvait encore partir. Et il y a même, dans le film déjà cité,
le jeune amoureux venant mourir dans l’eau glacée, près du radeau à une
seule place donnée à celle qu’il aimait.
Et puis il y a aussi ceux qui ont pris la place d’autres personnes dans des
chaloupes, ceux qui à coups de rames ont assommé des survivants qui dans
l’eau essayaient de monter sur ces embarcations de sauvetage.
3) Cette réalité n’est pas seulement celle du Titanic mais de nombreuses
attitudes personnelles et collectives, passées, présentes et probablement à
venir : on trouve des attitudes intermédiaires et, ici et là, des attitudes
extrêmes.
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4) Sans doute serait-il porteur, de la maternelle à l’université, de multiplier les
théories et les pratiques de solidarités, de mettre en place de véritables
éducations aux droits de l’homme, de la femme et de l’enfant,aux droits des
peuples,à ceux de l’humanité, éducation aussi à l’environnement, éducation à
la paix à travers l’apprentissage du règlement non-violent des conflits.
Leçons du temps de la catastrophe mais aussi de l’après-catastrophe…
III- Les leçons du temps de l’après-catastrophe du Titanic
A-Face à l’irresponsabilité, penser et organiser les responsabilités
1) Au sens juridique de dommages et intérêts la responsabilité dans ce drame
n’ira pas loin. La compagnie d’assurance remboursera le Titanic à la compagnie
du paquebot, mais aucune famille ne percevra d’indemnités.
2) De ce point de vue les systèmes de dommages et intérêts ont, depuis, fait du
chemin de même que la responsabilité pénale. Ces chemins sont cependant
très inégaux sur notre planète selon les pays, les auteurs et les victimes des
catastrophes.
3) On peut surtout, de façon plus globale, dénoncer de nombreuses
irresponsabilités face aux défis mondiaux relatifs à la démocratie, la justice,
l’environnement, la paix.
Même si les responsabilités des acteurs sont extrêmement variables (faibles,
importantes, trés lourdes, gigantesques), il n’en reste pas moins que tous sont,
plus ou moins, appelés à des remises en cause vitales, nombreuses et difficiles,
en particulier les générations présentes par rapport aux générations futures.
(Principe responsabilité, Hans Jonas,1979,édition du Cerf,1990.)
B-Remettre en cause les discriminations médiatiques
1) Les médias de l’époque ont ainsi peu évoqué par exemple ces mécaniciens
et ces « gueules noires » essayant de maintenir la lumière et le
fonctionnement des chaudières du paquebot le plus longtemps possible.
2) Les luttes contre les inégalités pendant les catastrophes restent essentielles,
pour ne prendre que cet exemple : dans les medias la façon dont on rend
compte d’une catastrophe peut être à géométrie variable. Et des linceuls de
silence recouvrent parfois des catastrophes.
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Remarques terminales
1) Du XVème siècle jusqu’au Titanic en 1912 et Hiroshima en 1945 on peut
dire que l’on était dans une période de certitude, de toute-puissance. De 1912
à 1986 (catastrophe de Tchernobyl ) on est entré dans une période de doute,
la techno science porteuse de bienfaits n’est pas le remède miracle aux
malheurs du monde et elle peut même entrainer drames et menaces. De 1986
à nos jours voilà une période de précaution, il faut agir autrement afin d’éviter
la multiplication et l’aggravation des catastrophes pour les générations
présentes et futures.
2) Certains en arrivent à se demander si, pour que le monde change
aujourd’hui, il n’y a plus que la pédagogie des catastrophes ?
Encore faut-il comprendre et tenir compte de cette pédagogie, or les situations
sont variables, elles vont du statu quo, en passant par des améliorations, en
allant plus rarement jusqu’à de véritables remises en cause.
S’il faut tirer les leçons des catastrophes on ne peut les attendre pour espérer
avancer. Il faut agir en amont pour les empêcher ou en réduire les effets.
Et de toute façon, à long terme, il n’y aurait plus grand monde pour tirer les
leçons de multiples désastres gigantesques. Par exemple disait Jean
Rostand « Si les forces de frappe se multiplient on peut, hélas, prédire qu’il n’y
aura plus personne pour les recevoir et pour les envoyer. »…et pour en tirer la
pédagogie.
3) Face aux catastrophes une question centrale et globale demeure :
Comment faire naitre les déterminations personnelles et collectives pour
passer d’un système international productiviste autodestructeur à une
communauté mondiale humainement viable ?
Cette question essentielle des volontés fait l’objet d’un billet sur ce blog «
Quelles volontés politiques ? »)