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au trésor des souffles

Environnement

Accord de Paris sur le climat et sa mise en oeuvre

L’Accord de Paris sur le climat et sa mise en œuvre

 

L’Accord de Paris sur le climat : avant-propos, introduction, plan en onze  parties.

 

La   mise à jour  est du 26  juin  2021, c’est-à-dire  à quatre mois de la COP 26  du 1er au 12 novembre 2021.

 

Cet article  est dédicacé symboliquement

 à ceux et celles qui ont souffert, souffrent et souffriront de la débâcle écologique,

à ceux et celles qui ont agi, agissent et agiront, personnellement et /ou  collectivement ,

 pour un monde  viable , du local au mondial , à travers des moyens écologiques, pacifiques,  justes  et démocratiques.

 

Avant-propos.

 

Nous proposons cinq  remarques  préalables.

 

1-Un choix  des mots qui  peut être  révélateur .

Les changements climatiques ne sont pas un « problème » ou « un thème » comme on l’entend  très souvent .En disant cela on les banalise , c’est  un problème comme un autre, on jette  une sorte de linceul de silence sur  un  gigantesque drame  alors que de nombreuses  personnes , populations et êtres vivants  en  souffrent et en meurent ,  on passe aussi à côté de  l’une des plus grandes menaces sur l’ensemble du vivant.

 En évoquant « la question climatique »  ou « les défis climatiques » c’est déjà mieux.

Mais, si  l’on veut se rapprocher des réalités et les regarder en face, il faudrait  affirmer  que l’on   réfléchit  à « l’ensemble des problèmes, des drames et des menaces que constituent  les changements climatiques. »

 Cette trilogie  qualifie mieux une grande partie de ces phénomènes environnementaux. Ne  faut-il pas  lutter contre les injustices, celles aussi  qui consistent à mal nommer des  malheurs (et des bonheurs bien sûr) ?

 

2-De  fausses nouvelles qui ont la vie  plus ou moins  longue.

Le  déni des climato sceptiques  selon lequel  «le   réchauffement n’existe pas » est   terminé pour une large part  ,  sauf pour ceux et celles qui ne vivent pas encore les réchauffements ou qui ferment les yeux et les oreilles aux informations qui les annoncent, aux reportages qui les montrent, sauf aussi pour ceux et celles  qui confondent encore météorologie et climat , en pensant par exemple  qu’une semaine  froide prouve qu’il n’y a pas de réchauffement, alors que  les années les plus chaudes  se suivent désormais et que le réchauffement anthropique  a commencé vers 1830,  il y a donc  plus de cent quatre vingt dix ans, ce qui correspond au début de l’ère de l’anthropocène  c’est-à-dire au  moment où les énergies fossiles explosent et où l’homme devient une force de domination de la nature ,l’histoire de la Terre entre alors en collision avec les humains qui l’habitent .

Par contre a la vie dure  l’autre déni des climato-sceptiques ,  avec ou sans intérêts économiques ou politiques  pour l’affirmer,  celui qui consiste à dire  que « l’homme n’y est pour rien » ou «  pour si peu ».Ils  sont encore nombreux sur la planète et ne veulent pas voir les multiples preuves scientifiques qui ne font maintenant  plus aucun doute sur nombre d’ activités humaines mises en cause. Cette vérité saute aux yeux pourvu qu’on les ouvre ou qu’on ne la cache pas  pour diverses raisons.

Une catégorie de fausses nouvelles  va  également  dans le sens « d’un mensonge des scientifiques qui  sont accusés de sur estimer les effets du réchauffement ».Pourtant comment ne pas ouvrir les yeux sur des populations déjà victimes ? Comment  ne pas prendre en compte les effets problématiques, inquiétants, dramatiques ou terrifiants de l’augmentation de la température moyenne du globe  degré par degré ?

 On ne veut pas ou on ne peut pas comprendre ou on n’a pas eu l’occasion de comprendre que quelques degrés de plus de la température moyenne de la Terre changent tout.

Ainsi pour mieux le réaliser  prenons le chemin inverse, celui du refroidissement de quelques degrés de la température moyenne de le Terre, notre foyer d’humanité.

 Il y a environ 20 000 ans, la Terre sortait de la dernière période glaciaire  qui avait  duré environ 100 000 ans.  Par quel type de climat se caractérisait cette période ? Des chercheurs ont affirmé qu’il était de l’ordre de 5 à  7   degrés .   C’était  donc de sept  à neuf  degrés au-dessous  du climat de la température moyenne du XXe siècle qui a été de 14 degrés. Cette variation donnait des glaces gigantesques en épaisseur et en surface.

« Ne vous souciez pas des générations futures, elles s’adapteront », « l’homme s’est toujours adapté. »

D’abord on admirera   le « profitons », la « dictature de l’instant »   le «  après nous le déluge ».La solidarité intergénérationnelle  est plus ou moins  inconnue dans ces types de raisonnements et de ressentis.

Ensuite on  émettra des doutes sur la capacité des humains à faire face à un phénomène dont ils n’ont  jamais dû sur toute la planète  affronter l’ampleur   gigantesque .  Les interactions entre les cataclysmes et l’accélération du système productiviste mondial ne vont pas dans le sens  de l’adaptation  sorte, ici, de grand remède miracle (  même si « l’adaptation » se trouve officialisée dans l’Accord de Paris en aval des drames et des menaces, et si  « l’atténuation » des luttes contre le réchauffement est officialisée,   elle aussi, en amont des drames et des menaces. )

Enfin les marges de manœuvres des générations qui arrivent diminuent à cause  des interactions entre les menaces et les drames environnementaux  et  à cause de la rapidité d’autodestruction du système productiviste.

Ces trois arguments mettent par terre ce rite de réassurance.

 

3-Des chocs intellectuels et affectifs.

Choc intellectuel   des  irréversibilités    en route pour l’instant. Que  d’auteurs ,  de scientifiques,  de militants remarquables  avaient  analysé ces situations  et   lancé de nombreux appels  depuis bien longtemps !

Choc  affectif de ce que certains certaines d’entre nous considèreront comme un échec global de nos  générations   .  Il est ainsi hautement probable  que  les générations qui seront là  dans les  quelques décennies à venir, vont se trouver  aux avants postes de tous les défis, parmi  lesquels des catastrophes écologiques massives.

 Pour résumer la situation non pas sous la forme d’ un simple avertissement   mais par une  sorte  de  glas apocalyptique : « la biosphère est à la veille d’un basculement abrupte et irréversible »(…) voilà « l’imminence d’ici à quelques générations d’une transition brutale vers un état de la biosphère inconnu depuis l’émergence d’homo sapiens il y a  200.000 ans » affirment ,par exemple, deux études du 7 juin 2012, de chercheurs  de plusieurs disciplines appartenant à une quinzaine d’institutions scientifiques  internationales, affirment.(étude revue Nature, rapportée par Le Monde du 7/6/2012, article de Stéphane Foucart).

 

4-Quel est « Le  grand  gagnant »  et  quels sont « les grands perdants » en  ces débuts de la troisième décennie du XXIème siècle ?

Pour l’instant, fin juin  2021,  le « grand gagnant » est  toujours  le réchauffement climatique, les « grands perdants » ce sont une partie de plus en plus importante des générations présentes qui plongent  ou vont plonger dans différents drames, et surtout vraisemblablement l’ensemble des générations  futures .

 De façon globale les grands perdants sont  aussi , on n’y pense pas toujours, les générations passées dont le patrimoine culturel ,du local au mondial, disparaitrait  ainsi peu à peu.

Et de façon globale les grands perdants sont constitués par l’ensemble du vivant, humains,   animaux  , végétaux…sauf si …

 sauf si des contre-mécanismes/ nombreux,/ puissants,/ radicaux/  rapides,/à tous les niveaux géographiques,/dans l’ensemble des activités humaines,/

se mettaient en route pour passer d’un système productiviste autodestructeur  à un monde  viable.(voir   nombreux articles  sur ce site et ce blog   , par exemple « Environnement : les moyens d’une protection mondiale”.)

5-Les sources de cet article en onze  parties.

Des journalistes remarquables font en particulier des synthèses  des rapports  internationaux,  ainsi  dans  Le Monde   Stéphane Foucart  et  d’autres avec lui.  Souvent se trouvent aussi ces rapports   internationaux  en tout ou  partie .   Libération et Mediapart ont également des équipes de journalistes  remarquables, elles aussi dans le domaine de   l’environnement .

  Les sites environnementaux se sont multipliés, ils doivent aussi entre autres  démonter les fausses nouvelles. Très utiles  sont ainsi par exemple « notre-planète .info » et « actu-environnement.com » .Les sites également très nombreux et souvent porteurs d’associations environnementales.

Par rapport aux aspects juridiques nous avons privilégié les actes du colloque international sur « Les catastrophes écologiques et le droit. Echecs du droit, appels au droit », sous la direction de Jean-Marc  Lavieille, Julien Bétaille, Michel Prieur ,  éditions Bruylant, 2012.

Egalement  nos trois éditions de  « Droit international de l’environnement » de 1998,2004 et surtout celle de  2010, et avant tout  la quatrième édition faite   en collaboration avec Hubert Delzangles et Catherine Le Bris , éditions Ellipses ,4ème édition , 2018.

Enfin nos cours comme ancien responsable du master de droit international et comparé de l’environnement   et nos interventions  par exemple  à la COP21  de Paris de 2015  aux colloques internationaux du « Centre international de droit comparé de l’environnement », (présidé par un des grands pionniers mondiaux  du droit de l’environnement, Michel Prieur ,  comme l’avait été aussi Alexandre Kiss),  interventions sur « Les déplacés environnementaux » et sur  « Les droits de l’humanité».

 

Introduction

 

  « Il y a cinq façons d’entrer dans l’Accord de Paris, cinq  logiques différentes : diplomatique, participation de la société civile, juridique, scientifique, économique. »

 C’est une itation de Michel Prieur qui présidait cette table ronde dans laquelle il intervenait avec Jean-Jacques Gouguet , Catherine Le Bris, et l’auteur de ce blog et de  site  ce 15-1-2016 à la Faculté de droit et des sciences économiques de Limoges.

 

 Trois remarques dans cette introduction :

 un moment clef(1), deux symboles(2)  et une analyse proposée(3).

 

1-Un moment clef . 

 Devant les délégués des 196 parties (195 Etats et l’Union européenne ), ce 12 décembre 2015 à 19h32, à la tribune officielle du Parc des expositions à Paris-Le Bourget, à la fin de cette 21ème Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, le Président de la COP21 (le ministre français des Affaires étrangères) déclare dans un seul souffle   «  Je  regarde la salle  ( pendant une seconde puis  il regarde son texte), je vois que la réaction est positive, je n’entends pas d’objection, l’Accord de Paris sur le climat(coup de marteau sur la table) est accepté. » Suivent alors applaudissements, mains élevées qui se tiennent et embrassades chaleureuses .  Puis les délégués auront la parole pour exprimer leur satisfaction et leur engagement.

 A 19h52 celui du Nicaragua ose émettre  l’objection  tant redoutée, « nous ne pouvons pas accompagner ce consensus », malaise, coup de froid ou de chaud dans l’assemblée des  délégués, l’objection est ignorée, mise de côté,  les interventions  continuent  .

 

 2-Deux symboles. 

 Les embrassades à la tribune  et dans la salle  renvoient d’abord , bien sûr, à un premier symbole, celui d’une grande victoire, d’un immense  soulagement et d’une grande  joie d’avoir fait « un pas » considéré par certains  comme « vital ».

Mais, peu évident à percevoir et mis de côté dans cette  communion , un second symbole, qui n’était pas là pour la première ni la dernière fois, celui d’un désastre écologique présent et à venir, celui  d’embrassades à bord d’une sorte de Titanic.

 Des militants écologistes, qui avaient tenu une immense banderole symbolisant les lignes rouges à ne pas dépasser pour une planète juste et vivable, faisaient  d’ailleurs dans le jardin public du Champ-de-Mars une minute de silence en hommage aux victimes passées présentes et futures des changements climatiques.

 

 3-L’analyse proposée.

 L’analyse  proposée ici de « l’Accord de Paris » (appellation officielle), c’est  celle d’un enseignant-chercheur  de droit international de l’environnement.

Elle prendra en compte des  données scientifiques, financières, économiques, sociales,  incorporées un peu, beaucoup …ou pas du tout (lacunes), selon les cas,  dans cet Accord.

Elle prendra en compte   des rapports de forces, ceux des Etats et de beaucoup d’autres acteurs.

Paul Valéry  disait magnifiquement  « Le droit est l’intermède des forces » (Tel quel ,1941)

A notre sens qu’est-ce que cela signifie ?

Cela signifie qu’il y a quatre  séries de mouvements en fait et en droit. On le voit très bien en analysant par exemple des conventions  de droit de l’environnement et des traités de désarmement. Ce petit passage passionnera  peut-être  certains  et certaines d’entre vous.

Attention : voici une  démonstration qui explique en profondeur pour une  part l’Accord de Paris.

Deux séries de mouvements essentiels vont des forces vers la production d’un droit: des forces dominantes produisent un droit dominant, et des forces dominées produisent une remise en cause du droit dominant.

Un exemple résumé : les puissances financières et économiques autour des énergies fossiles empêchent une taxe carbone. D’autres acteurs contestent  cette situation juridique.

Deux séries de mouvements importants  vont du droit vers des forces : un droit dominant renforce des forces dominantes et un droit remis en cause peut renforcer la résistance  des forces dominées.

La suite de l’exemple : l’absence dans l’Accord d’une taxation  du carbone renforce les puissances du carbone, les contestations de ce droit dominant peuvent renforcer  les forces qui  contestent cette absence.

Dans cette analyse on pense que l’essentiel se joue au niveau  des forces économiques et financières (superstructures), mais que l’important peut se jouer aussi  au niveau du droit (superstructure) qui n’est pas qu’une  simple « marionnette » des infrastructures.

 

Pour essayer d’avoir une analyse globale, critique et prospective, critères qui nous semblent essentiels,

 nous envisagerons  tour à tour  onze   parties ,

ce qui permettra d’ailleurs en les détachant, pour ceux et celles qui trouveraient l’article trop long ou qui seraient plus motivés par telle ou telle réflexion, de choisir telle ou telle partie.

 

Les clarifications de la portée juridique de l’Accord  de Paris (I) .  Beaucoup d’erreurs sont commises, lesquelles ?

 

Les  raisons pour lesquelles certains pensent qu’il s’agit d’un succès historique (II).Cette impression à première vue  parait  justifiée pour plusieurs raisons, lesquelles ?

 

 Les critiques de Accord  de Paris   comme reflet d’une accumulation de puissances et d’impuissances (III).En fait et en droit  l’Accord  n’est-il pas porteur de très graves insuffisances ? Qu’est-ce qui ne convient pas dans les dispositions ? Quels sont également les points  révélateurs  de désaccords et passés sous silence ?

 

La mise en œuvre de l’Accord de 2015  à  la 26 COP de novembre 2021  (IV).Pendant ces six années les conférences des Etats parties ont-elles  un peu, beaucoup ou pas du tout avancé ? Quels  ont été les principaux blocages ? Sont-ils révélateurs des rapports de force ?

 

Trois évènements particuliers et leurs effets sur l’Accord de Paris (V) .Avant la prochaine COP de Glasgow fin 2021 les Etats s’engagent-ils au « sommet sur le climat » en avril 2021, véritablement  dans des réductions renforcées des émissions de CO2 ? Et le lamentable et condamnable  retrait des Etats-Unis puis son retour porteur? Et les effets du coronavirus sur les émissions de CO2 ?

 

Le point global  sur  les changements climatiques à la fin juin 2021 à travers les rapports internationaux du GIEC (VI).Où en est-on vraiment ? Quels  sont aux regards des scientifiques les raisons d’espérer et de désespérer  pour des « décideurs », des militant(e)s, des citoyen(ne)s  face à la débâcle climatique ?

 

Le contexte écologique et sanitaire de l’Accord de Paris et de sa mise en œuvre (VII).Les effets sanitaires de la débâcle écologique ne s’aggravent-ils pas ? Et des pandémies qui sont là ou qui menacent, ont-elles des liens avec la domination sur la nature ?

 

 

Les acteurs à l’épreuve des changements climatiques (VIII) Les Etats sont là bien sûr mais aussi beaucoup d’autres acteurs, lesquels ? Doit-on et peut-on avoir une vue d’ensemble des systèmes de fonctionnement des acteurs et des acteurs entre eux ? Comment dans ce schéma  tenir compte du rôle des catastrophes et de leurs pédagogies( ?) dans ce système productiviste global ?

 

Des lacunes béantes à combler dans l’Accord de Paris (IX) Dans un accord ce qu’il y a aussi d’essentiel c’est ce qui n’est pas évoqué. Quelles sont ces  lacunes  gravissimes pour certaines d’entre elles? Faut-il  les combler et, si c’est le cas, lesquelles et comment ? 

 

Les quatre mécanismes principaux de la débâcle écologique, obstacles terribles de l’Accord de Paris.(X)On pense bien sûr à la lenteur des Etats empêtrés dans les intérêts des acteurs économiques et financiers du marché mondial, mais n’y a-t-il pas au moins  trois autres obstacles gigantesques : la course au profit dans la marchandisation de la nature, les interactions  des crises écologiques, l’accélération du système productiviste  autodestructeur?

 

Mieux comprendre l’Accord de Paris sur le climat c’est aussi avoir  une  vue globale, critique et prospective.(XI) Quelles  volontés,  quels  moyens , quelles marges de manœuvres pour passer d’un système autodestructeur à un monde viable ?

 

On doit donc essayer d’éviter l’erreur terrible d’une  analyse en vase clos, pourquoi ?

Parce que les interactions des apocalypses écologiques et leur accélération nous obligent à le faire.

Sinon on sort d’une analyse le nez sur la feuille ou l’arbre mais on a fermé les yeux sur la forêt et les autres forêts.

Edgar Morin nous l’avait dit depuis longtemps « Penser c’est dialoguer avec la complexité. »

 Le dicton  «  Qui trop embrasse mal étreint » appliqué à l’analyse des changements climatiques  peut entrainer de gigantesques erreurs, pourquoi? 

Parce que qui… n’embrasse pas assez  n’étreint pas grand-chose.

L’Accord de Paris est déjà très étendu dans son contenu  mais ne faut-il pas voir au-delà ?  N’est-ce pas aussi le système mondial qui doit être interrogé ?

 Qui a intérêt à fuir l’immensité des remises en cause   vitales  ? Sûrement pas l’humanité  ni le vivant.

 

 

 

I-L’Accord de Paris : sa portée  juridique

 

A côté de ceux et celles qui affirment de bonne foi qu’un accord entre les Etats n’est pas obligatoire, il y a ceux et celles qui se servent de cette caricature  pour leurs intérêts financiers,  économiques ,  politiques  à préserver.

Or même si les choses sont compliquées  ne doit-on pas  essayer de les comprendre si l’on pense que le réel est gros(pas toujours !) de possibles et qu’il faut agir pour consolider les forces d’un accord et agir pour remédier à ses faiblesses ?

Il y a ici de nombreuses erreurs à dissiper,  d’où quatre points

 

La distinction entre la décision de la COP et l’Accord proprement dit .(A)

Le caractère contraignant de l’Accord(B).

 Le caractère souple de nombreuses dispositions réduit  la force d’applicabilité  de l’Accord ( C).

Les mécanismes de suivi de l’Accord (D).

 

 

A- La distinction entre la décision de la COP et l’Accord proprement dit

 

Les négociations ont donc débouché sur un document final qui comprend deux supports juridiques dont la répartition des dispositions  n’est pas neutre.

 

1-D’abord  la décision de la Conférence des parties soit 140 paragraphes sur 22 pages, cette décision pose plusieurs questions. Pourquoi  ces dispositions sont-elles là et non pas dans l’Accord ? Parce  que des questions étaient trop techniques, des engagements étaient à court terme, parce que   surtout telle ou telle question était trop sensible, le processus d’adoption était  plus simple, (c’est le consensus sans signature et sans ratification), et la portée juridique n’est pas la même que celle de l’Accord. Quelle est la portée juridique de cette décision de la COP ? Elle est  beaucoup moins  contraignante que l’Accord et plus contraignante qu’une simple déclaration, elle a des effets sur le comportement des Etats et même elle est invocable devant des juridictions nationales. Quel est ici le contenu de cette décision ? Elle fait l’objet de cinq regroupements : l’adoption de l’Accord, les contributions des Etats, les actions améliorées avant 2020, la mise en œuvre de l’Accord, les questions administratives et budgétaires.

 

2-Ensuite le second support juridique c’est l’Accord de Paris qui comprend 29 articles sur 17 pages. Il s’agit d’un traité international conforme à la Convention de Vienne sur le droit des traités. Cet Accord  est pris en application de la décision de la COP dès le paragraphe 1 et il figure en annexe de la décision de la COP. Quel est  son contenu ? Après un préambule d’une quinzaine de considérants, font tour à tour l’objet de dispositions : l’objectif de l’Accord ,les contributions des Etats, les puits et les réservoirs de gaz à effet de serre, l’atténuation, l’adaptation, les pertes et dommages, les ressources financières, le transfert de technologies, le renforcement des capacités des pays en développement, l’éducation, le cadre de transparence, le mécanisme de mise en œuvre, le rôle des institutions de la Convention, l’entrée en vigueur et, à souligner, à l’article 27 l’impossibilité de faire une réserve, à l’article 28 la possibilité pour un Etat partie de se retirer de l’Accord trois ans après son entrée en vigueur.

 

B- Le caractère contraignant de l’Accord sur le climat.

 

 On pourrait paraphraser Coluche : « J’ai demandé à un juriste si cet Accord était obligatoire ou pas, à la fin de sa réponse je ne comprenais plus la question que j’avais posée ».Pourtant la réponse est simple « oui sans aucun doute mais… »  et  le « mais » dans cet Accord pèse lourd.

 

1- Oui un traité est juridiquement contraignant pour les Etats  qui le signent puis qui y adhèrent selon leurs instruments juridiques internes. Il doit être exécuté de bonne foi par les parties comme l’y oblige la Convention sur le droit des traités. L’accord sera ainsi ouvert  à la signature  au siège des Nations Unies  (du 22 avril 2016 au 21 avril 2017). Il entrera en vigueur après sa ratification par au moins 55 Etats signataires représentant au moins 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Des Etats peuvent l’appliquer de façon anticipée avant son entrée en vigueur comme cela arrive parfois en droit international de l’environnement. La COP22, prochaine session de la Conférence des parties, se tiendra  au Maroc, à Marrakech en novembre 2016. Un “groupe de travail spécial” est chargé des travaux préparatoires de cette prochaine étape.

 

2-Mais  il faut  souligner deux éléments complémentaires,

 d’abord le préambule  d’un traité a simplement, si nécessaire, une valeur interprétative,

ensuite les annexes qui accompagnent le traité sont, par contre, parties intégrantes de celui-ci et, là, véritable catastrophe juridique et écologique, les contributions volontaires des Etats, relatives aux objectifs de réduction de leurs émissions, sont absentes de la fin de l’Accord, la COP demande simplement à son secrétariat de continuer à les publier. C’est un recul par rapport au rôle que jouait l’Annexe B  du Protocole de Kyoto.

 

  C- Le caractère souple de nombreuses dispositions réduit  la force d’applicabilité  de l’Accord sur le climat.

 

 1Beaucoup de dispositions  donnent des marges de manœuvres importantes aux Etats, ce sont ici et là des sortes de déclarations d’intention, cette « souplesse » a  certes permis le consensus, parce que, sans elle, des Etats n’auraient pas adopté le texte, mais elle a fait perdre  de sa  force d’applicabilité à  l’Accord. Ici et là c’est un accord à la carte.

 2-Un exemple c’est celui de la formulation au conditionnel présent du verbe devoir,(dans les décisions de la COP c’est la même chose, quarante   sur 140 sont au conditionnel), on le trouve dès le départ dans le préambule de l’Accord, il est écrit « lorsqu’elles prennent des mesures face à ces changements climatiques les Parties devraient (et non pas doivent) respecter leurs obligations concernant les droits de l’homme ». C’est ce verbe devoir  à l’indicatif du présent qui a affolé les négociateurs des Etats-Unis et qui a failli faire échouer la COP 21.

3- Dans un article de la version finale de l’Accord portant sur l’engagement des pays développés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, il était écrit que “les pays développés doivent continuer à être en première ligne pour mener à bien des plans nationaux de réduction d’émissions de gaz à effet de serre”.  Le terme doivent (shall)(obligation de résultats) a été  changé en devraient (should). Pourquoi ? Ce verbe à l’indicatif présent pouvait  entrainer une nouvelle législation aux Etats-Unis. Le traité aurait dû  alors obtenir l’aval du Sénat américain, très difficile ou  impossible avec la majorité républicaine, et le président de la COP21 a évoqué ce qu’il a appelé, (avec, comme on voudra,  une assurance élégante ou un toupet historique ou un tour de passe-passe discutable), « des clarifications sur des corrections purement  matérielles. » Ce conditionnel  « devraient » est l’un des plus vieux serpents de mer des conventions de droit international  de  l’environnement.

 

D- Les mécanismes de suivi de l’Accord.

 

 C’est un des points sur lesquels l’erreur est la plus fréquente.

1- Le fait que l’Accord ne prévoit pas de mécanisme de sanction (là aussi c’est un recul par rapport au Protocole de Kyoto certes loin d’être toujours efficace puisqu’ un Etat qui courait le risque  de pénalités de 14 milliards de dollars(le Canada) s’est retiré du Protocole) , cette absence de sanctions ne signifie pas que l’Accord n’est pas contraignant. Le droit existe de multiples façons  aussi en l’absence de sanction. Mais  cette absence  peut faire perdre de la force d’applicabilité au traité.

 

 2-Cependant l’Accord prévoit un mécanisme pour faciliter sa mise en œuvre et promouvoir le respect de ses dispositions. Ce mécanisme de suivi repose sur un comité d’experts qui fonctionnera, est-il précisé, de manière « non accusatoire et non punitive. »Il sera important, lorsqu’il établira  son   règlement, de savoir par exemple si les ONG pourront  ou non le saisir. La  transparence et la vérification vont « renforcer la confiance mutuelle », le processus  mis en place est  celui d’une d’évaluation, d’une comptabilisation, d’une vérification des résultats et des politiques et des fonds versés et de leur utilisation. Chaque pays  « fournit régulièrement » des informations sur ses émissions, sur leur absorption par les  puits de carbone  et sur la réalisation de son plan national, par contre chaque pays « devrait  communiquer » des informations sur les effets des changements et sur l’adaptation à ces changements.

Ces clarifications juridiques terminées,  demandons-nous  pourquoi l’Accord  a été  et est  encore qualifié par certains « d’historique? »

 

 

II-L’Accord de Paris sur le climat : « un succès historique. »

 

 

Passons sur des bénéfices politiques éventuels de personnalités, de délégations étatiques et d’autres acteurs, bénéfices liés à cette constatation d’un  succès historique auquel on a participé.

Ces raisons  sont principalement au nombre de quatre :

 

 La 1ère raison  est   d’ordre psychologique : l’échec a été évité(A).

La 2ème raison est d’ordre politique : à l’ouverture de la Conférence  la présence  des

chefs d’Etat et de gouvernement a été porteuse(B).

  La 3ème raison est d’ordre politico-juridique : un accord universel  a été adopté ( C ).

Le 4ème point de ce succès historique est d’ordre global et prospectif : cet accord est un pas qui  va permettre d’en  préparer d’autres (D).

 

 

A-La 1ère raison  est   d’ordre psychologique : l’échec a été évité.

 

1-Il ne faut pas sous-évaluer ce facteur qui a pesé lourd. Les responsables de la COP21 avaient  depuis au moins une année la hantise permanente, exacerbée dans les derniers jours, heures, minutes, de retomber, de replonger, de s’embourber, de se faire piéger, de disparaitre dans un échec comme celui de  la Conférence de Copenhague six ans auparavant en  décembre 2009, celle-ci laissait le souvenir d’un véritable traumatisme. En effet en 2007 la 13ème Conférence des parties  à Bali  avait prévu un accord dans les deux ans pour remplacer le Protocole de Kyoto (de 1997, entré en vigueur en 2005) dont la première étape se terminait en 2012. Ainsi à la  15ème Conférence des parties de Copenhague, alors qu’après dix jours de négociation entre les 192 délégués aucun progrès significatif n’avait pu être enregistré , les discussions directes entre les chefs d’Etat et de gouvernement, arrivés quelques jours avant la fin du sommet, avaient permis d’arracher un  accord politique de dernière minute. Présenté par 26 pays (industrialisés et émergents), mais négocié  à huit clos entre les États-Unis, la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud, cet accord politique  non contraignant n’a pas été formellement signé à la Conférence par les 166 autres Etats parties à la Convention de 1992. Lors de la dernière séance plénière de Copenhague, ces pays ont simplement “pris note” de son existence, donc en particulier de la nécessité de limiter le réchauffement d’ici 2050 à 2 degrés par rapport à l’ère préindustrielle. Ajoutons à cela que les ONG les derniers jours avaient été scandaleusement  mises à l’écart.

Rien de tel à Paris.

2- Une organisation remarquable, avec 38000 badges remis dont 19000 aux délégués nationaux, 8000 aux observateurs, 2800 aux représentants des medias, 200 manifestations parallèles officielles (dont 3 organisées par le CIDCE),

3-et surtout, une préparation, elle aussi remarquable, en amont.  Depuis une année  la France, pays d’accueil  de la Conférence, à travers le Président de la République et ses envoyés, le Ministre des affaires étrangères, celui aussi de l’écologie et les équipes interministérielles, mais également des membres du Secrétariat de la Convention ont parcouru la planète , les réunions interétatiques  ont été  nombreuses, les unes formelles, la dernière , celle de Bonn fin octobre, arrivait à un texte de 55 pages avec encore beaucoup d’options, les autres informelles, la dernière à Paris début novembre réunissait 60 Etats, également  les rencontres de haut niveau avec la Chine et les Etats-Unis.

4-Enfin  des méthodes de travail pendant la Conférence ont joué un rôle important, elles reposaient en particulier sur le rôle de ministres facilitateurs et surtout  sur une pratique  venant d’Afrique du Sud qui présidait le « G77 » qui regroupant en fait 134pays en développement et pays émergents dont la Chine et l’Inde. Cette méthode de négociation, « l’Indaba », avait  déjà été  utilisée à la Conférence de Durban en 2011.Elle a   consisté, en particulier la nuit du 10 décembre 2015, à se retrouver dans des réunions  en cercles réduits  de « format Indaba » qui permettaient à chacun de s’exprimer et d’aboutir à des compromis.

5-A cela s’ajoutent  bien sûr les innombrables réunions et manifestations de la société civile c’est-à-dire des ONG, des scientifiques, des entreprises, des populations autochtones, des syndicats, des mouvements sociaux… Sans oublier les initiatives   des collectivités territoriales, le rôle  des mondes médiatiques, et les mobilisations  de lycéens et  d’étudiants .

 

B-La 2ème raison est d’ordre politique : à l’ouverture de la Conférence  la présence  des chefs d’Etat et de gouvernement a été porteuse.

 

1-Avant de laisser la place au groupe de travail technique de la première semaine puis aux négociations politiques au niveau ministériel  de la seconde semaine, il fallait un élan politique, c’est celui des 150 chefs d’Etat et de gouvernement qui   ont  répondu présents à l’invitation de la France le jour de l’ouverture de la COP21 ce 30 novembre 2015 . Dans certaines Conférences des parties  ils arrivaient  à la fin, l’idée de les faire participer dès le début a été porteuse. Ils se sont exprimés  tour à tour en montrant leurs engagements face aux changements climatiques.

2- Ce succès diplomatique  sera rappelé par les uns et les autres pendant les douze jours qui suivent. Négociateurs, nous sommes responsables moralement devant nos  représentants au plus niveau, nous ne pouvons pas les décevoir, nous  concrétiserons  leurs engagements politiques solennels.

 

  C-La 3ème raison est d’ordre politico-juridique : un accord universel  a été adopté.

 

1-La COP 21 est arrivée à ce que  l’ensemble  des Etats participe au processus de réduction des gaz à effet de serre, c’est la première fois. C’est une avancée essentielle  préparée aussi par des COP précédentes, par les pressions de la société civile et par les scientifiques  analysant les avancées de la débâcle écologique.

2– Certes l’universalité était déjà  là dans la Convention de  1992 mais non dans les engagements de réductions de gaz à effet de serre, et en 1997 le protocole de Kyoto n’engage dans ces réductions que certains Etats.

 3-On s’est mis d’accord pour maintenir un cadre international et multilatéral  d’une certaine  « gouvernance du climat ».Il y a eu, commente Michel Prieur, «  au moins  un consensus collectif pour faire quelque chose, de la part des pays développés mais aussi en développement et émergents. »

 

D-Le 4ème point de ce succès historique est d’ordre global et prospectif : cet accord est un pas qui  va permettre d’en  préparer d’autres.

 

1- Beaucoup de commentateurs de l’Accord affirment certes que ce texte est imparfait, même insuffisant mais un  chemin  commence par « un pas », c’est un texte catalyseur, c’est “une dynamique vertueuse, un élan”  qui contribuent à déclencher  une « révolution climatique », « le glas des énergies fossiles a  sonné. »

2- L’Accord   permet de mettre en route tout un potentiel, preuve en est qu’un peloton de tête des Etats(une centaine) vont vouloir s’engager plus vite que les autres(High ambition coalition), preuve en est que la COP21 a vu des avancées d’acteurs non étatiques, preuve en est que les pressions des opinions publiques réduiront l’écart entre l’Accord et les remises en cause nécessaires.

3- Après ce traité certes  tout reste à faire,  l’avenir confirmera ou non  qu’il était historique, mais nous sommes sur la bonne voie. A l’Elysée le conseiller spécial de protection de la planète dira « Tout çà n’est pas le début de la fin mais la fin du début. »

4-La transition est faite, on aurait pu également presque (tout n’est pas sombre) citer Samuel  Beckett (dans « Fin de partie ») «  La fin est dans le commencement, et cependant on continue. »

 5-Ne  faut-il pas en effet  aller plus loin, oser regarder deux  autres vérités qui sautent  aux yeux pourvu qu’on les ouvre, celle d’un texte qui n’est pas à la hauteur des enjeux et celle d’une situation particulière et plus globale qui est une véritable machine infernale ? La bombe climatique  est-elle  désamorcée un peu beaucoup ou pas du tout ? 

 

 

 

III-Les critiques de l’Accord de Paris sur le climat : reflet des puissances et  des

impuissances

 

 Oui le droit est bien le produit de rapports de forces.

Parmi les puissances les plus fortes celles des puissances  pétrolières, charbonnières et gazières, des pays dominants, des puissances de financiarisation du marché mondial, des  logiques productivistes (voir sur ce site et ce  blog les articles  relatifs au productivisme)..

Parmi les «contre  puissances » encore trop faibles  celles des acteurs agissant dans le sens de contre mécanismes modérés ou radicaux face au  productivisme.

 Parmi les impuissances : celles des absences de chiffres, de dates, celles  des imprécisions, celles de l’omniprésence  des marges de manœuvres des Etats Parties, et puis celles des silences criants, scandaleux. Finalement n’y a-t-il pas une  impuissance des Etats et d’autres acteurs à s’attaquer  radicalement aux causes des changements climatiques ?

En ce sens l’Accord de Paris peut faire l’objet d’au moins quatre  critiques gravissimes qui seront ici  résumées.

-1ère critique  L’Accord de Paris, sans fixer une stratégie de pourcentages et d’étapes,  avalise pour une  (large ?)   part  le réchauffement climatique (A).

-2ème  critique   L’Accord de Paris, sans engagements précis, ne  détermine  pas des  moyens financiers pérennes et massifs (B).

-3ème critique L’accord de Paris, sans remises en cause des responsabilités,  persiste dans des formes d’injustice climatique ©.

-4ème critique   L’accord de Paris, par de nombreux silences, n’arrive pas à rompre  avec le  système  productiviste (D).

 

 

A-1ère critique  L’Accord de Paris, sans fixer une stratégie de pourcentages et d’étapes,  avalise  pour  une  (large ?)  part   le réchauffement climatique.

 1-Certes un objectif ambitieux est mis en avant, il prévoit de « contenir le réchauffement « nettement  en dessous de 2°C » par rapport aux niveaux préindustriels et de « poursuivre l’action menée  pour limiter l’élévation à 1,5°C. »

2-Mais ce volontarisme est  gravement affaibli par l’absence d’objectifs chiffrés à long terme.

-Les contributions volontaires nationales sont avalisées. Or le secrétariat de la Convention dans un rapport de synthèse  affirme que le pire a été évité, (entre 4° et 5° ou au-delà) mais qu’elles  conduisent à un réchauffement d’au moins  trois degrés.  

-Le pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre est visé « dès que possible.» On appréciera  l’indétermination.

– Quant à l’équilibre entre les émissions d’origine anthropique et les absorptions par les puits de carbone on s’efforcera d’y parvenir au cours de la deuxième moitié du siècle. Dans les décennies qui viennent on avalise ainsi  le stockage et la séquestration du carbone, la compensation carbone, la géo ingénierie.

 -Enfin les révisions à la hausse sont encore retardées à 2025 après un rendez-vous en 2018, un premier bilan mondial des contributions nationales sera fait en 2023.Une coalition d’Etats envisage une première révision avant 2020. Des inventaires  sont prévus tous les 5 ans, mais la mise en œuvre  des révisions à la hausse restent dépendante des volontés des États.

 

On est très loin de ce qu’a martelé avec une gravité extrême le GIEC,

 il fallait impérativement des points de passage à  2030,2050,

il fallait impérativement s’engager à faire chuter les émissions mondiales de 40 à 70% d’ici 2050 pour éviter un emballement climatique incontrôlable.

 

 

B-2ème  critique   L’Accord de Paris, sans engagements précis, ne  détermine  pas des  moyens financiers pérennes et massifs.

 

1-Certes l’ensemble des pays en développement et les pays émergents pourront participer à ces efforts de l’aide, ils sont « invités à fournir ou à continuer de fournir ce type d’appui à titre volontaire », et non pas seulement les pays développés qui, eux, « fournissent des ressources financières aux pays en développement aux fins tant de l’atténuation que de l’adaptation dans la continuité de leurs obligations au titre de la Convention de 1992. »

 

  2-Certes les 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros)(qui sont par exemple seulement  l’équivalent de 25 jours de dépenses militaires mondiales) , cent  promis depuis six ans  par les pays développés pour aider, chaque année à partir de 2020, les pays en développement à faire face aux conséquences des changements climatiques, sont considérés comme un « niveau plancher » à partir duquel un nouvel objectif chiffré collectif devra être fixé avant 2025 mais sans engagement pour la suite.

 

3–Pourtant  ce plancher de financement n’est pas dans l’Accord, il  se trouve dans une des décisions de la COP donc sans force contraignante et faisant l’objet de nouveaux arbitrages futurs.

4 -Ces financements ne sont pas qualifiés  « d’additionnels »  à l’aide au développement, c’est une porte ouverte à des Etats développés qui requalifieront en « financement climat », l’aide déjà apportée.

5-Ajoutons qu’on se trouve dans un schéma de grande complexité économique et écologique, par rapport à la répartition des efforts financiers entre l’atténuation et l’adaptation. L’Accord de Paris n’est pas clair là-dessus. En schématisant on peut dire que plus le réchauffement s’aggrave plus on a besoin de fonds pour l’adaptation, mais s’il y a moins de fonds pour l’atténuation le réchauffement s’aggrave. Cette complexité pourrait  être pour une large part résolue si les moyens financiers étaient sans commune mesure avec ceux programmés qui restent dérisoires par rapport aux besoins qui s’annoncent et par rapport à de nouvelles ressources financières gigantesques qui sont pensées par certains économistes (Jean-Jacques Gouguet par exemple) mais ne sont pas mises en œuvre.

 

C-3ème critique  L’accord de Paris, sans remises en cause des responsabilités,  persiste dans des formes d’injustice climatique.

 

1-Ce consensus pour trouver un accord entre les Etats est la preuve, affirment certains, qu’il y eu un compromis porté  la justice climatique c’est à dire par la reconnaissance que les pays développés et les pays en développement ont du principe consacré  à nouveau par l’Accord (principe déjà présent dans la Convention de 1992 et dans le Protocole de 1997)des responsabilités communes mais différenciées dans le changement climatique et que leurs capacités respectives à y faire face sont inégales.

 

2- Mais sont renvoyés dans le préambule (ce qui est mieux que rien mais qui n’est pas assez contraignant) les impératifs d’une transition juste, le respect des droits de l’homme, des droits des peuples autochtones, l’équité entre les générations. Vous avez dit justice ?

 

3– En plus de cela il y a, dirait  Aragon,  un « silence qui  a le poids des larmes », celui sur les déplacés environnementaux et sur  leurs droits. Quelle honte, quelle tristesse, quelle fuite devant les responsabilités ! On sait qu’ils sont et  seront surtout dans les pays du Sud. Voilà qui  en dit long sur ce qui constitue  déjà, aux yeux de certains, de nouvelles classes dangereuses en voie d’explosion dans les décennies à venir. Au moins aurait-on pu avoir le courage minimal d’annoncer la nécessité  d’une réunion internationale spécifique.  Vous avez dit justice ?

Aucun mécanisme clairement défini pour faciliter le transfert des technologies, pour supprimer des barrières à l’accès, barrières liées aux droits de propriété intellectuelle.  Vous avez dit justice ?

5-Egalement certes les parties qui reconnaissent la nécessité d’éviter et de réduire au minimum les pertes et préjudices liés aux effets néfastes des changements climatiques et d’y remédier mais la décision de la COP précise que « l’Accord ne peut donner lieu ni servir de fondement à aucune responsabilité ni indemnisation. » Les pays développés refusent de devoir indemniser les pays en développement pour les dommages climatiques. Vous avez dit justice ?

6-Enfin l’absence aussi d’un tribunal international sur la justice climatique, même si on peut estimer très positif le fait que des associations saisissent des tribunaux nationaux pour poursuivre l’Etat considérant qu’il ne faisait pas assez pour lutter contre le réchauffement climatique. Ainsi  aux Pays-Bas en 2015 et 2018,en France en 2020(Conseil d’Etat)ont ordonné  à ces Etats  d’appliquer leurs engagements .Mais l’Accord de Paris en tant que tel  est loin de la justice climatique !

 

 D-   4ème critique   L’accord de Paris, par de nombreux silences, n’arrive pas à rompre  avec le  système  productiviste.

 

« La vérité d’un homme c’est d’abord ce qu’il cache » disait  Malraux.

 La vérité de cet accord c’est aussi ce qu’il cache.

 

1- Il  ne cache pas tout, certains éléments, comme la référence à la croissance économique, sont comme ces diables qu’on enfonce dans une boite et qui ressortent toujours. Sainte croissance protégez-nous !

 Ne pas se demander seulement ce qui est écrit mais aussi ce qui ne l’est pas…

 2-Ainsi  de  nombreux silences  sont là, et  à leurs façons ils sont plus ou moins criants :

 -l’absence (  provisoire  en principe puisque  l’OACI et l’OMM doivent intervenir par la suite) de prise en compte  des secteurs de l’aviation et du transport maritime,

 -l’absence   de prise en compte des gaz à effet de serre liés aux activités militaires, un remarquable colloque à Paris (« Armées, guerres et environnement ») parallèle à la COP21,  a insisté sur ce point,

 -certes l’absence de référence dans l’Accord aux énergies renouvelables qui ne sont mentionnées que dans le préambule de la décision par rapport aux pays en développement,

-le silence révélateur d’un puissant non-dit sur le nucléaire, autre élément de  grande discorde en particulier entre d’une part certains Etats, le complexe de la nucléocratie et d’autre part une grande partie des ONG ,

-mais aussi  deux   grands silences  révélateurs l’un sur l’absence d’interdictions aux subventions accordées aux énergies fossiles,

 -l’autre, particulièrement gravissime, sur le prix du carbone (même si une allusion est faite à la tarification du carbone à la fin de la décision de la COP dans une rubrique consacrées aux entités non parties à l’accord),certains pensent que c’était un contre mécanisme  essentiel contribuant puissamment à laisser des énergies fossiles dans le sol,

-…mais aussi le  silence sur les liens à établir entre la taxation des transactions de  change et le fonds d’adaptation,

– mais aussi le silence sur la consécration d’un nouveau principe selon lequel le commerce international doit être conforme aux conditions sanitaires et environnementales,

– mais aussi un grand silence sur les espèces vivantes, même si la biodiversité est évoquée dans le préambule de l’Accord, il fallait l’affirmer clairement : les changements climatiques mettent en péril l’humanité et l’ensemble du vivant,

 -Enfin un autre silence, celui relatif à l’explosion démographique, chaque jour l’excédent de la population mondiale (227000 personnes) est l’équivalent de la communauté d’agglomération Limoges Métropole, cette explosion démographique que, par exemple, Claude Levi Strauss … ou René Dumont,  ne séparaient pas de la crise écologique.

 On trouve  une façon quasi automatique de répondre aux raisons de ces  silences nombreux et omniprésents : d’autres conférences, climatiques ou non,” traiteront de ces questions, l’ordre du jour était déjà assez chargé comme  cela .

 3-En fait ces silences témoignent de désaccords profonds, de reflets de multiples puissances et impuissances, de cette machine infernale du renvoi à plus tard, de l’incapacité de se hisser au niveau de l’intérêt commun de l’humanité. Et çà n’est pas parce que l’on est noyé dans  l’ urgence qu’on ne peut pas prendre en compte le long terme, c’est surtout  parce qu’on a pas pris en compte le long terme que l’on est noyé dans l’urgence.

4-Il aurait fallu, au minimum, prendre acte de ces ou de certaines de ces questions à résoudre

soit dans le préambule de l’Accord, soit dans une déclaration spécifique, soit par un autre moyen

et   annoncer le principe de conférences  diplomatiques  pour avancer  par rapport à tel ou tel drame, par exemple celui des  déplacés environnementaux.

On aurait pu avoir là    une autre “dynamique vertueuse” et vitale.

 

 

 

IV-L ’Accord  de Paris sur le climat  et sa mise en œuvre de  2016 à  2021

 

 

 

L’Accord de Paris constitue une certaine avancée mais encore dérisoire par rapport à l’ampleur des mécanismes de destruction.

L’entreprise de luttes contre les causes des changements climatiques    partait  d’un texte très insuffisant. On peut donc  se demander si les Etats ont réellement  à ce jour appliqué l’Accord et essayé d’aller plus loin dans sa mise en œuvre ?

 

Nous envisagerons tour à tour deux  points :

 

-Une entrée en vigueur rapide, mais des COP (  2016  à 2021)  souvent bloquées , trop partielles et trop peu radicales  (A) .

-Le rappel de quelques dispositions  de l’Accord après 2020 (B).

 

A-Une entrée en vigueur rapide, mais des COP (  2016  à 2021)   souvent bloquées , trop partielles  et trop peu radicales .

 

1L’Accord de Paris est entré en vigueur en moins d’une année (12 décembre 2015-4novembre 2016) , ce qui est rapide par rapport à la durée de plusieurs années , durée  courante dans ce type de  convention, ici  avec deux seuils,  au moins  50 Etats et 55% des émissions mondiales. C’est là un point positif important.

Au 16 novembre 2020 l’Accord est signé par 196 pays et ratifié par 189 d’entre eux. Seuls  l’Erythrée, l’Iran, l’Irak, la Libye, le Soudan du Sud, la Turquie, le Yémen ne l’avaient  pas ratifié à cette date.

 

2- Le blocage  des COP jusqu’ici s’est  fait sur les deux éléments essentiels :

 l’augmentation  très insuffisante   des réductions des émissions de CO2,

les  soutiens financiers très insuffisants des pays développés aux pays les moins développés dans leurs aides aux réductions des émissions et à l’adaptation aux effets du réchauffement.

 

La COP 22 a eu lieu à Marrakech, du  7 au 18 novembre 2016.

Parmi le positif : au moment  du désengagement des Etats-Unis tous les Etats parties ont réaffirmé leur soutien à l’Accord de Paris et leur volonté de le mettre en œuvre.

Le calendrier des modalités d’application est déterminé.

Quelques pays ont présenté leurs plans du « zéro net émission en 2050 ».

 Les 48 pays « les plus vulnérables » ont annoncé produire uniquement des énergies renouvelables aussi vite que possible…

 Parmi le négatif : les ressources consacrées  à l’adaptation des pays les moins développés ne représentent que 16% des financements…

Remarque globale : un sentiment de « temporisation. »Une récession des volontés refait surface ,   un an après un certain souffle, celui de l’Accord  à Paris.

 

 

La COP 23 se déroule   à  Bonn du 6 au 17 novembre  2017 au secrétariat de la Convention sur les changements climatiques.

Parmi  le positif : la présidence Fidjienne a proposé le concept des “dialogues de Talanoa”.  Il s’agit d’une série d’échanges multilatéraux qui se dérouleront tout au long de 2018, pour que  les pays s’entendent sur la manière de rendre compte de leurs actions.

Les îles Fidji ont aussi réussi à faire adopter des accords pour reconnaitre les droits des genres et des autochtones.

Les règles de transparence des données échangées par les pays, de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre voient le jour .

Elément aussi essentiel que  coupablement tardif : un programme de travail sur l’agriculture et la sécurité alimentaire fait enfin  son apparition dans les négociations climatiques.

Parmi le négatif : Aucune entente n’a pu être conclue concernant le fonds d’adaptation. Les pays du G77 demandent aux pays industrialisés de leur donner une idée du montant qui sera mis à leur contribution pour qu’ils puissent faire des demandes adéquates. Cette demande n’a pas été satisfaite.

 Les Etats insulaires, et plus largement les pays les plus vulnérables aux impacts du réchauffement climatique, sont insatisfaits des concessions obtenues dans le dossier des pertes et dommages – provoqués par les ouragans, les inondations, ou la montée des eaux …

Les pays du Sud leur ont  demandé de respecter les objectifs de réduction d’émissions fixées par le protocole de Kyoto, dont la deuxième phase d’engagement – pour la période 2013-2020 – n’a toujours pas obtenu le nombre de ratifications nécessaire pour entrer en vigueur.

Remarque globale : un  sentiment de quelques avancées, accompagnées de l’ombre du départ des Etats-Unis.

 

La COP 24 a eu lieu à Katowice (Pologne) du 3 au 14 décembre 2018.

Cette COP24 se déroule juste après un autre  rapport choc du GIEC du 8 octobre 2018 « rapport sur les conséquences d’un réchauffement climatique de 1,5°C. » Il montre des  différences importantes  d’impacts entre un monde à +1,5°C et à +2°C, et explique qu’il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de près de 50% d’ici 2030(12 ans pour le faire) pour rester sous +1,5°C, objectif idéal de l’Accord de Paris.

Parmi le positif :   l’adoption du manuel d’utilisation du Pacte de Paris, plus de cent pages détaillant les règles permettant de mettre en œuvre les principes de l’Accord de Paris.

Parmi le négatif : après ce rapport du GIEC certains attendaient  de la COP24 que  tous les pays révisent à la hausse d’ici 2020 leurs promesses de réductions de gaz à effet de serre. Devant l’opposition de quelques-uns, la COP24 se limite  à “répéter la demande de mise à jour” des engagements d’ici 2020, déjà formulée dans l’Accord de Paris, évoquant simplement  des “efforts pour rehausser les ambitions d’ici 2020”.

L’Accord de Paris prévoit que les pays développés aident financièrement les pays en développement à réduire leurs émissions et à s’adapter aux impacts des dérèglements. Les règles d’application insistent simplement sur la nécessité que ce financement soit “prévisible”, et invitent les pays développés à un rapport “qualitatif et quantitatif“ sur ces financements tous les deux ans à partir de 2020.

Remarque globale : la récession des volontés est là.

 

La COP 25 s’est tenue  à Madrid du 2 au 15 décembre 2019.

Parmi le positif :  grâce à une alliance  de petits Etats insulaires et de pays européens, africains et latino-américains, le bilan de cette COP n’est pas complètement  négatif puisque  80 Etats ont montré qu’ils étaient prêts à accroître leurs efforts en 2020, comme les y enjoint l’accord de Paris sur le climat.

D’autre part de nombreux participants à la COP ont appelé à une “transition juste” vers une économie bas-carbone, pour l’ensemble de la société.

Parmi le négatif : les grands émetteurs que sont la Chine, l’Inde, les Etats-Unis, l’Australie o le Brésil, ont préféré « jouer chacun leur propre partition. » Sur les sujets centraux, aucune avancée sensible n’a été enregistrée par rapport à la précédente COP.

L’accord de Paris reconnaît la “nécessité d’éviter les pertes et préjudices” liés aux impacts déjà à l’œuvre la voie à des procédures judiciaires d’indemnisation, il n’est cependant pas question de financements comme le souhaitaient les pays vulnérables.

Les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre pris par les 196 signataires du traité de 2015 mettent  la planète sur une trajectoire de 3,2 °C d’ici à la fin du siècle, loin du seuil initial fixé à 2 °C et encore plus loin de l’objectif de 1,5°C .

Cet échec est d’autant plus sensible que de nombreux    témoignages étaient là :   jeunes du monde entier, inquiets pour leur futur, petits Etats insulaires menacés de disparition  faisant part de leur détresse, peuples indigènes amazoniens, victimes de la déforestation,  rapports de scientifiques  confirmant la fonte irréversible des glaciers si rien ne changeait…

Remarque globale : continue d’exister un double blocage,

 un blocage des pays développés pour préciser  les engagements financiers,

un blocage de l’ensemble des Etats parties pour  déterminer  la hausse  de leurs réductions des gaz à effet de serre.

 

La COP  26,  qui devait se tenir en novembre 2020  a été retardée d’une  année à cause de la pandémie du Coronavirus . Elle  aura lieu toujours à Glasgow du 1er au12novembre 2021.                                

 

Cette décision a été prise par le Bureau de la COP de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), avec le Royaume-Uni(COP 26) et l’Italie(COP 25).

Les petits États insulaires et moins développés ont  appelé Londres à « agir rapidement » afin que les gouvernements n’oublient pas la question climatique dans leurs plans de relance économique. « Un report était inévitable à cause de la pandémie mais constitue également un luxe que les pays et citoyens les plus vulnérables ne peuvent s’offrir », a réagi  la directrice exécutive de Greenpeace International. « Quand la COP se tiendra, nous espérons que les gouvernements, mis à l’épreuve par la pandémie, seront prêts à agir ensemble pour mettre fin à l’urgence climatique en mettant un point final à l’ère des énergies fossiles. »

 

C-Le rappel de quelques dispositions  de l’Accord de Paris après 2020.

1-L’Accord repose surtout sur les engagements volontaires des  Etats , les contributions déterminées au niveau national(CDN) (ou NDC, Nationally Determined Contributions) .

Plus de 160 pays ont déposé depuis 2015 des engagements de réduction de leurs émissions de gaz à effets de serre.

2- D’autre part en décembre 2019 seuls 80 Etats prévoyaient de réviser leurs contributions nationales  aux objectifs renforcés.

Au 1er janvier 2021 les Etats devaient communiquer leurs plans climatiques   renforcés ,   seuls 70 pays l’ont  fait, ils représentaient  28%des émissions de gaz à effet de serre.

 

3-Après 2020 les engagements nationaux devront être mis à jour tous les cinq ans.

 

 4-Les règles d’application précisent comment comptabiliser les émissions, et ce à partir de 2024, et quoi comptabiliser, cela  en suivant les directives du GIEC.

Elles prévoient que les pays soumettent tous les deux ans un rapport expliquant leurs actions, soumis à l’évaluation d’experts mais sans pouvoir ouvrir la voie à des sanctions.

Une flexibilité est accordée aux pays les moins avancés et aux Etats insulaires, en fonction de leurs capacités.

 Les autres pays en développement doivent fournir un argumentaire et un cadre temporel.

 

5-Tous les cinq ans, à partir de 2023, les pays feront le “bilan mondial” de leurs efforts collectifs.

 

 

Face aux récessions des volontés  personnelles et collectives nous renvoyons à nos articles sur  « Les volontés ». Nous dirons simplement ici :

Mettre perpétuellement en avant et avoir à la bouche le terrible « soyons réalistes, restons réalistes » c’est aujourd’hui en fait, malgré soi ou avec soi, être probablement fermé sur des mécanismes de mort, c’est refuser les paris d’autres possibles, c’est étouffer l’audace, c’est pactiser avec l’indifférence, être paralysé par la peur de ne rien pouvoir faire et ne rien faire, c’est enfin et surtout se laisser glisser sur la pente la plus forte : celle d’un système porteur de souffrances et de drames.

  « A l’auberge de la décision les gens dorment bien. » Proverbe.

« Qui délibère trop oublie de vouloir »(Alain)

 « La résignation c’est la vertu du malheur »  (Tchekhov.)

 «  Eclore est une fracture, naître est un effort. (Shakespeare).

 Fracture vous avez dit fracture ? Pour prendre sa mesure vous avez dit qu’il faut se dépasser ?

 On reste « rangé » avec l’impardonnable habitude  de  ne pas bouger,  or n’est-ce pas  « déranger » qui fait venir au monde ?

Oui « L’utopie ou la mort. »Merci  encore et toujours cher René Dumont. 

L’utopie  créatrice ,  celle qui prend les moyens de se réaliser,

cela sans oublier que « les fins sont dans les moyens comme l’arbre est dans la semence », boussole  lumineuse  et radicale de Gandhi.

 

 

 

 

 

V- L’Accord de Paris sur le climat : les effets de  trois  évènements

 

 

 

Le retrait des Etats-Unis de l’Accord en 2016  et  leur retour en 2020 (A).

 Le sommet d’avril 2021 et les « annonces des objectifs de réduction » de CO2 par  des Etats(B),

 Les effets de l’épidémie de coronavirus  sur les émissions de CO2 ( C ).

 

 

A-Les Etats-Unis,  leur retrait de l’Accord en 2016 puis  leur retour en 2020

 

 1-L’élection en novembre 2016 aux Etats-Unis d’un président climato-sceptique a représenté une grave difficulté pour appliquer l’Accord puisque cet Etat est, après la Chine, le second émetteur et aussi un contributeur financier très important.

C’est une forme d’atteinte aux droits de  l’humanité d’avoir agi ainsi. Ce que le président n’a même pas réalisé  puisque ,   à ses yeux, on peut se demander si elle existe.

Le 1er juin 2017 les Etats-Unis ont annoncé leur retrait de l’Accord, le 4 novembre 2019 la procédure de retrait est enclenchée, la procédure de retrait doit durer jusqu’en novembre 2020.La nouvelle administration a poursuivi une politique agressive en faveur des énergies fossiles, qui passe en particulier par la promotion des exportations américaines de pétrole et de gaz naturel liquide.

Cependant des entreprises et des Etats fédérés étaient déjà engagés dans la transition énergétique et  tous les  Etats parties affirment leur maintien dans l’Accord.

 2-L’élection d’un nouveau président en novembre 2020 marque un heureux revirement ,  défenseur de l’Accord il y engage les  Etats-Unis dès  le début de son mandat le 20 janvier 2020,cette décision prend effet 30 jours après.

 Donc les Etats-Unis  juridiquement ne seront sortis de l’Accord de Paris  que trente jours seulement à cause des longues procédures du retrait.

L’heureuse nouvelle est double : une certaine politique environnementale  aux Etats-Unis revoit le jour et le second émetteur de CO2 du monde veut essayer de représenter  un  exemple pour  les Etats dans cette lutte contre le réchauffement climatique.

3-On peut aussi  se demander si les Etats-Unis et la Chine , au-delà de leurs compétitions militaires et économiques effrénées et mortifères  , ne vont pas se trouver,  malgré elles et avec elles, plus ou moins( ?) côte à côte face aux  périls communs des apocalypses écologiques  qui  vont très probablement s’aggraver dans les décennies à venir ?

Côte à côte  en amont dans les luttes contre les causes, côte à côte en aval dans une assistance écologique réciproque  et enfin rapidement mondialisée, puissante  , massivement financée ? (Voir nos articles sur « L’assistance écologique. »)

 

 

B- Le « sommet sur le climat » des 22 et 23  avril  2021 et les  dernières « annonces des objectifs de réduction » de CO2 par  les Etats

 Organisé virtuellement,  coronavirus  oblige, par les Etats-Unis , une quarantaine de chefs  d’Etats étaient invités, leurs pays représentaient  plus de 80%des émissions de CO2.

1-Les principales annonces  d’objectifs  de réductions de gaz à effet de serre ont été les suivantes :

Etats-Unis : de 50% à 52% d’ici 2030 par rapport à 2005. Cet objectif double quasiment l’ancien engagement du deuxième pollueur mondial, qui s’était fixé une diminution de 26% à 28% à l’horizon 2025 .Neutralité carbone d’ici 2050.

Chine :  65 % d’ici à 2030 par rapport à 2005 (déjà annoncé en décembre 2020)..  .La Chine a annoncé  qu’elle commencerait à baisser son recours au charbon après 2025. Neutralité carbone  d’ici 2060. 

 L’’Union européenne  a annoncé  une réduction  d’  » au moins 55% » de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990., après un accord au  Conseil européen  du 12 décembre 2020 elle a affirmé aussi  l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.

 Le Canada s’est engagé à des baisses de 40% à 45% d’ici 2030 par rapport à 2005,

 Le Japon  annoncé une  réduction de ses émissions de CO2 à 46% à l’horizon 2030 par rapport à 2013, contre un objectif précédent de 26%.

L’Inde n’a pas renouvelé ses engagements à l’occasion de ce sommet. Si l’on se base sur ses dernières déclarations, elle devrait réduire ses émissions  de 33 à 35 % d’ici 2030 par rapport à ce qu’elle émettait en 2005

 La Russie n’a pas non plus renouvelé ses dernières  annonces . La Russie prévoit une baisse de 33 à 35 % de ses émissions d’ici 2030 par rapport à 1990 .

 

2-Si l’on compare ces objectifs absolus d’émissions pour 2030 avec les émissions actuelles de chacun de ces pays, ce sont les États-Unis et lUnion européenne les plus   ambitieux .

La Chine et l’Inde ont des annonces en progrès  puisqu’elles basent la baisse de leurs émissions sur leur PIB, or celui-ci continue  de  progresser  .

C-Les effets éphémères  de la pandémie du coronavirus sur le réchauffement climatique.

 

1-L’épidémie de coronavirus aura effectivement entraîné avec elle une chute  des émissions de CO2 au premier semestre de l’année 2020. (Etude publiée le 14 octobre 2020 dans la revue « Nature Communications ») « Les  mesures de restrictions mises en place à travers le monde ont permis d’enregistrer une baisse sur les six premiers mois de l’année, les émissions mondiales de CO2 ont chuté ont  de 1551 millions de tonnes, soit 8,8 % par rapport à la même période l’année précédente, estiment ces experts. Cette  baisse est due  aux secteurs des transports, de l’aviation ou encore de l’énergie. »

« Les émissions liées au transport ont, elles, plongé de 40 %. Celles liées à la production d’énergie ont enregistré un déclin de 22 %. Enfin, l’industrie a chuté de 17 %. En outre malgré le confinement et le télétravail généralisé, les émissions liées au logement ont également décliné (à hauteur de 3 %)  : les experts attribuent ce recul à un hiver anormalement doux sur l’ensemble de l’hémisphère Nord, qui a limité les besoins en chauffage. »

2-« Entraînées par le déconfinement de la plupart des pays, les émissions ont globalement renoué avec leurs niveaux habituels au mois de juillet 2020 », remarque également l’étude. “Néanmoins, des différences importantes persistent entre les pays, avec une baisse des émissions continue aux Etats-Unis où les cas de coronavirus sont toujours en train d’augmenter considérablement”, remarque les chercheurs. »

Malgré cette chute, ces derniers avertissent toutefois sur le caractère éphémère du phénomène. Les émissions de gaz à effet de serre  repartent à la hausse en 2021 selon l’Agence internationale de l’énergie après la chute historique de 2020.

 

3-D’autre part est-il besoin d’affirmer que l’on ne peut souhaiter un désastre gigantesque, celui de l’aggravation puissante d’une  pandémie , pour nous préserver d’un autre désastre apocalyptique ,celui du réchauffement climatique. A ce calcul morbide c’est l’humanité et le vivant qui sont perdants.

 

 

VI-L’Accord de Paris sur le climat : l’aggravation  des changements climatiques

 

 

 Des phénomènes climatiques extrêmes se multiplient, ainsi les inondations, les canicules, les typhons, les incendies.  Par exemple les gigantesques incendies  de Californie en novembre 2018, en octobre 2019, témoignent du fait que  les Etats-Unis sont   entrés dans une insécurité écologique grandissante. Les incendies au Brésil s’aggravent en 2019. L’Australie est, elle aussi, en novembre 2019  la proie des flammes sur de grandes étendues qui déciment en particulier la faune.

  L’accélération de la fonte des glaces de l’Antarctique a quelque chose d’ une  apocalypse à long terme: si le glacier Thwaites, à l’Ouest ,  grand comme le quart de la France, venait à s’effondrer le niveau des mers augmenterait de 70 centimètres et avec d’autres glaciers…  de plus de deux mètres ! Adieu de nombreuses iles, adieu de nombreuses villes en bord de l’eau…tout cela dans les décennies qui viennent.

 

Nous envisagerons tour à tour

 Les  derniers rapports du GIEC, 5ème et 6ème rapports (A).

Les derniers rapports spéciaux du GIEC (B).

 L’ évocation    de l’avenir environnemental  à  long terme et à très long terme par certains scientifiques ( C) .

 

 

A-Les derniers rapports du GIEC

 

Après les rapports de 1990,1995, 2001, 2007 est venu celui de  2013-14, puis  le pré rapport de  juin 2021 qui préfigure   le 6ème rapport de synthèse  établi au premier semestre de 2022.

A cela s’ajoutent des rapports spéciaux  sur des réalités particulières, ainsi  celui de 2018 sur les effets de l’élévation  de la température de 1,5° et  2° et  celui de 2019 sur l’océan et la cryosphère .

 

1-Le 5ème rapport du 27 septembre 2013 et du 31 octobre 2014 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat(GIEC) confirme les alarmes contenues en particulier dans celui de 2007.

Il est « extrêmement probable »que l’homme soit responsable du réchauffement de la planète (une probabilité de 95%, en 2007 elle était de 90%.)

De 1992 à 2012 les pays développés sont passés de 13 à 12 milliards de tonnes de CO2, les pays en développement (dont surtout les pays émergents), qui n’avaient pas d’obligations de réduction dans le Protocole de Kyoto, sont passés de 7 à 21 milliards de tonnes de CO2, soit donc aujourd’hui 50% de plus que les pays développés. En 2012 les plus gros émetteurs de CO2 sont la Chine(8,3 milliards de tonnes), les Etats-Unis (5), l’Inde(2), la Russie(1,7), le Japon(1,2), les 28 de l’Union européenne émettent de l’ordre de 4  milliards de tonnes.(Sur les changements climatiques voir en particulier de  remarquables  articles  de journalistes environnementalistes du  journal Le Monde, de Libération, du site Mediapart…)

D’ici à la fin du siècle (2100) l’augmentation de la température moyenne de la Terre apparait  plus clairement : si l’on ne fait rien nous sommes  en route pour au moins +4,8°C, l’un des pires scénarios  du GIEC. (Ce serait alors un bouleversement équivalent (dans l’autre sens) à la dernière glaciation, par exemple avec 5°C en moins l’Europe du Nord était un gigantesque glacier…)

 Dans les autres cas la probabilité de dépasser 2°C  est de  50%, or le seuil de 2° dépassé a des conséquences imprévisibles.  La prévision la plus optimiste de +0,3°C est  pratiquement inaccessible.

Quant au niveau de la montée des océans : le rapport de 2013 est plus sombre que celui de 2007(18à59cm). D’ici la fin du siècle le GIEC affirme que la hausse serait de 26 à 82cm. Certaines études situent cette élévation entre 1 et 2 mètres. Allant dans ce sens on constate que les glaciers de l’Ouest de l’Antarctique fondent de plus en plus vite, »un point de non retour » est atteint( revue américaine Science et Revue Geophysical Research Letters, 12 mai 2014) ce phénomène constitue une des causes de la montée des océans..

 Selon le GIEC les phénomènes extrêmes devraient devenir plus fréquents et plus intenses, le seul exemple des sécheresses devient de plus en plus terrible dans des lieux de plus en plus nombreux de la planète, ainsi début 2014 en Californie, en Australie, au Nordeste du Brésil…

 

Le rapport de synthèse du 31 octobre 2014   de cette 5ème évaluation donne les points essentiels  des trois volets précédents :

Le dérèglement climatique causé par l’activité humaine est incontestable.

Les émissions  récentes de GES d’origine anthropique sont les plus élevés de l’histoire. Si elles se poursuivent  « au même rythme cela accroitra les risques d’impacts sévères, envahissants et  irréversibles. »

Les évènements extrêmes vont se multiplier et s’amplifier. « Le risque de changement abrupt et irréversible augmente en même temps que l’amplitude du réchauffement. »

Il est indispensable d’agir maintenant : l’atténuation et l’adaptation sont des stratégies complémentaires  .

 

2-Projet du 6ème rapport (définitif en février 2022) du GIEC dévoilé le 23 juin 2021

 

 L’humanité se trouve «  à l’aube de retombées cataclysmiques. »

La vie sur terre telle que nous la connaissons sera  transformée par le dérèglement climatique quand les enfants nés en 2021 auront 30 ans, voire plus tôt.

Quel que soit le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les impacts dévastateurs du réchauffement sur la nature et l’humanité qui en dépend vont s’accélérer. Est  décrite  une «  humanité à l’aube de retombées climatiques cataclysmiques », en proie aux pénuries d’eau, aux exodes et à la malnutrition, dans un monde où les espèces s’éteignent massivementAinsi  « Le pire est à venir, avec des implications sur la vie de nos enfants et nos petits-enfants bien plus que sur la nôtre », 

Le GIEC ajoute que si « la vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux  écosystèmes ,  l’humanité ne le peut pas. »

Le projet de rapport rédigé par le GIEC oscille entre le glas apocalyptique et l’espoir offert aux hommes de changer leur destin par des mesures immédiates et  drastiques .

Désormais, le GIEC estime que dépasser le seuil de 1,5 °C de hausse des températures pourrait déjà entraîner, « progressivement, des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles ». Et selon l’Organisation météorologique mondiale, la probabilité que ce seuil de 1,5 °C sur une année soit dépassé dès 2025 est déjà de 40 %.

 « Même à 1,5 °C, les conditions de vie vont changer au-delà de la capacité de certains organismes à s’adapter », souligne le rapport, citant les récifs coralliens, dont un demi-milliard de personnes dépendent.

Parmi les espèces en sursis figurent les animaux de l’Arctique, territoire qui se réchauffe trois fois plus vite que la moyenne. Sur place, des modes de vie ancestraux, de peuples vivant en lien étroit avec la glace, pourraient aussi disparaître.

Agriculture, élevage, pêche, aquaculture« Dans tous les systèmes de production alimentaire, les pertes soudaines s’accroissent. » « Or l’humanité n’est à ce stade pas armée pour faire face à la dégradation certaine de la situation. « Les niveaux actuels d’adaptation seront insuffisants pour répondre aux futurs risques  climatiques . » C’est là bien sur une réponse à ceux qui affirment dans une sorte de rite aveugle et automatique  de réassurance que « l’homme s’adaptera toujours. »

En 2050, des centaines de millions d’habitants de villes côtières seront menacés par des vagues-submersion plus fréquentes, provoquées par la hausse du niveau de la mer, qui entraînera à son tour des migrations importantes. Avec une augmentation limitée à 1,5 °C, dans les villes, 350 millions d’habitants supplémentaires seront exposés aux pénuries d’eau, 400 millions au-delà de 2 °C. Et avec ce demi-degré supplémentaire, 420 millions de personnes de plus seront menacées par des canicules extrêmes.

Le texte souligne d’autre part le danger des effets en cascade. Certaines régions (Est du Brésil, Asie du Sud-Est ,  Chine centrale) et presque toutes les zones côtières pourraient être frappées par trois ou quatre catastrophes météorologiques simultanées, voire plus : canicule, sécheresse, cyclone, incendie, inondation, maladies transportées par les moustiques… Et il faut de surcroît prendre en compte les effets amplificateurs d’autres activités humaines néfastes pour la planète, note le rapport : destruction des habitats, surexploitation des ressources, pollution, propagation des maladies…

 

B-Les rapports spéciaux du GIEC

 

1Juste avant la COP24  est publié un   rapport spécial  , celui du GIEC du 8 octobre 2018« Rapport sur les conséquences d’un réchauffement climatique de 1,5°C. »

 Il montre les  différences d’impacts entre un monde à +1,5°C et à +2°C, et explique qu’il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de près de 50% d’ici 2030 pour rester sous +1,5°C, objectif idéal de l’Accord de Paris.

2-Le rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique est publié le 25 septembre 2019.

La cryosphère  est constituée par  la neige, l’ensemble des glaciers de montagne, des calottes glaciaires, des banquises, des lacs et des sols gelés de la planète .   Elle représente 10 % de la surface terrestre et stocke près de 70 % de l’eau douce disponible.

Sous l’effet du réchauffement  elle recule rapidement dans tous ses éléments, dans toutes les régions et à toutes les altitudes. Les écosystèmes côtiers sont affectés par le réchauffement de l’océan, notamment par l’intensification des vagues de chaleur marines, par son acidification, sa perte d’oxygène, par les intrusions salines et l’élévation du niveau de la mer, le tout conjugué aux effets préjudiciables des activités humaines en mer comme à terre. On en observe déjà les impacts sur la superficie de certains habitats, la biodiversité ainsi que sur le fonctionnement des écosystèmes et leurs services écosystémiques.  L’océan se réchauffe, il  devient plus acide et moins  fécond .

Les populations côtières sont exposées à de multiples aléas climatiques, tels les cyclones tropicaux, les niveaux marins extrêmes, les submersions marines, les vagues de chaleur marines, la disparition de la glace de mer et le dégel du pergélisol.

Ces bouleversements des océans ont des répercussions sur la répartition et l’abondance de la faune et de la flore marines. Les changements dans la répartition des populations de poissons ont réduit le potentiel de capture global. À l’avenir, ce potentiel diminuera encore dans certaines régions, en particulier les océans tropicaux, mais augmentera dans d’autres, telles que l’Arctique  .

  En haute montagne, la fonte des glaciers et de la cryosphère s’accélère. Vivent dans les régions de haute montagne   de l’ordre de  670 millions de personnes. Le déclin de la cryosphère en haute montagne continuera d’avoir des répercussions négatives sur les loisirs, le tourisme et l’identité culturelle des populations.

À mesure que les glaciers de montagne reculent, ils modifient également la disponibilité et la qualité de l’eau en aval, ce qui a des répercussions sur de nombreux secteurs comme l’agriculture et l’hydroélectricité.

 Les glaciers, la neige, la glace et le pergélisol sont en déclin et continueront de l’être. Ce recul devrait accroître les risques pour les populations, comme les glissements de terrain, les avalanches, les chutes de pierres et les inondations.

  Recul de la banquise arctique, fonte du pergélisol . L’étendue de la banquise arctique diminue et perd en épaisseur.

Gelé depuis de nombreuses années, le pergélisol se réchauffe et dégèle. Sa fonte devrait être généralisée au XXIe siècle. Le pergélisol arctique et boréal renferme de grandes quantités de carbone organique, presque deux fois le carbone atmosphérique, et risque d’entraîner, s’il dégèle, une hausse considérable des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

  La hausse du niveau de la mer pourrait atteindre 60 à 110 cm d’ici 2100. Un grand nombre de  déplacés environnementaux  sur environ   680 millions de personnes  sont dans les zones côtières de faible élévation. La fonte des glaciers et des calottes glaciaires entraîne une élévation du niveau de la mer et les phénomènes côtiers extrêmes sont de plus en plus intenses.

Selon le rapport, alors que le niveau de la mer a augmenté d’environ 15 cm à l’échelle mondiale au cours du XXe siècle, cette hausse est actuellement plus de deux fois plus rapide – 3,6 mm par an – et continue de s’accélérer. Le niveau de la mer continuera d’augmenter pendant des siècles. Cette hausse pourrait atteindre 30 à 60 cm environ d’ici 2100 et ce, même si le réchauffement planétaire est limité à une valeur bien en dessous de 2 °C. Il pourrait atteindre 60 à 110 cm si ces émissions continuent d’augmenter fortement.  Certains États insulaires deviendront   inhabitables .

 

 3-Le 8  août 2019 le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur « les changements climatique et les terres émergées » a été publié.

Les experts de l’ONU avertissent que  la surexploitation des ressources  menace la sécurité alimentaire ,  appauvrit la biodiversité et amplifie les émissions de CO2.

Nous vivons sur une Terre nourricière, tempérante, protectrice. Mais à épuiser ses ressources, à exploiter trop intensivement ses sols et ses forêts, nous mettons en péril non seulement notre capacité à faire face au réchauffement, mais aussi nos conditions de vie et de subsistance. Il est donc urgent d’adopter, à l’échelle mondiale, une gestion des terres plus durable.

Les contributions des trois groupes de travail  au sixième rapport seront finalisées en 2021 et  le 6ème rapport de synthèse sera établi au premier semestre de 2022.

 

 

C-L’avenir environnemental  à  long terme et à très long terme ?

 

1-On l’a compris : les générations à venir  ne sont pas celles d’un futur plus ou moins lointain perdu dans les incertitudes des siècles ou des millénaires à venir.

 Les générations visées sont les « quelques  générations » (2, 3, 4, 5… ? ) qui viennent et qui plongeraient dans cette forme d’inconnu, celle d’une augmentation de la température de 4 à 6 degrés  voire plus vers 2100, très probablement la fin d’une grande partie du  vivant.

2- Dans le très long terme, autour de 2150, 2200( ?) on trouve des prospectives, pour une part incertaines, quelquefois particulièrement sombres avec des élévations de la température moyenne du globe entre 4 et 8 degrés voire plus, une fonte massive des glaces du Groenland (Arctique pôle Nord)ce qui entrainerait une montée du niveau des océans de l’ordre  de sept mètres, une  fonte  relativement importante de l’Antarctique, et  la disparition de la plus grande partie de la forêt amazonienne.

 Un scientifique australien très connu déclarait : « Le destin de l’homme est déjà scellé, il est trop tard, dans moins de cent ans les sociétés humaines ne seront plus.»(Frank Fenner, The Australian ,16 juin 2010).Il n’était pas le premier à le dire ni les derniers ceux qui lui répondent que l’espoir restant est celui d’une « métamorphose de l’humanité » à travers des volontés massives de changements massifs.

 

   3Quant aux perspectives incertaines à très  long terme ce seraient le  comble de l’horreur selon certains. Il s’agit de scientifiques  qui pensent que sont possibles ou probables

 une accélération de la fonte du sous-sol gelé sibérien libérant du dioxyde de carbone,

une accélération de la fonte des fonds marins de l’Arctique dont la couche de pergélisol sous-marin craquerait, libérant massivement du méthane, entrainant ainsi un emballement du réchauffement, et des virus endormis jusque là,

 une fonte accélérée puis totale  de l’Antarctique (pôle Sud) qui  une  entrainerait une élévation du niveau des mers de l’ordre de 70 mètres ( !) ,

et au total dans quelques siècles( ?) ou millénaires( ?) une planète qui commencerait à ressembler à celle de Vénus , en route vers… 500°C.

Ce qui ne serait qu’une préfiguration de  ce moment où , dans l’immensité du temps,  le  soleil , avant de s’éteindre, brûlera tout le système solaire dont bien sûr notre Terre.

 

 

VII-L ’Accord de Paris sur le climat et  l’aggravation du contexte

 

Les changements climatiques ne sont pas isolés des autres  problèmes ,   menaces et drames environnementaux.

Ils les produisent pour une part. Parmi l’exemple massif le plus connu celui de l’effondrement de la diversité biologique.

 Réciproquement ,  par exemple la déforestation aggrave le réchauffement climatique.

Bref ce contexte environnemental de l’Accord est vital. Nous envisagerons tour à tour les deux premiers points ci-dessous.

A cela s’ajoute le contexte sanitaire qui est celui des effets des changements climatiques et environnementaux, L’exemple dramatique des particules fines est un des plus connus. Quant aux cancers les études prévisionnelles sont elles aussi impressionnantes.

A cela s’ajoutent  une pandémie et de façon plus générale une véritable « fabrique des pandémies »  par le recul de la nature sous  l’emprise du productivisme et de l’explosion démographique.

 

Un rappel du  contexte environnemental  et de la liste des atteintes à l’environnement. (A).

 Les  rapports internationaux alarmistes  sur l’environnement.(B)

Les effets de l’environnement sur la  santé . (C)

 

A-Le contexte écologique de l’Accord de Paris sur le climat

 La liste des atteintes relatives à l’environnement et au vivant est impressionnante :

  1-  En ce qui concerne l’air : réchauffement climatique, phénomènes climatiques extrêmes, appauvrissement de la couche d’ozone, retombées des pluies acides, pollutions chimiques diffuses et accidentelles, pollutions radioactives diffuses et accidentelles d’origine civile et militaire, pollutions urbaines, nuisances sonores, pollutions lumineuses, pollutions de l’espace orbital…Le seul exemple en Chine de la pollution atmosphérique provoquée, entre autres, par les industries lourdes dans les zones urbaines, est dramatique : morts prématurées, explosions des cancers du poumon, suffocations, masques en rupture de stocks…A Pékin en février 2014 le taux de concentration des microparticules dans l’air est de 16 fois le maximum mis en avant par l’OMS, dans certaines villes 36 fois ce maximum. Toujours selon l’OMS la pollution atmosphérique touche neuf urbains sur dix dans le monde (  étude  sur 1 600 villes de 91 pays, 7 mai 2014). Sont particulièrement touchées des villes du Pakistan, de l’Inde, de la Chine…

2 –   En ce qui concerne les eaux douces : absence d’accès à l’eau potable, absence d’assainissement, inondations, problèmes de quantité de réserves d’eau produisant des situations de stress hydrique et de pénuries d’eau, sécheresses de plus en plus terribles, jamais vues auparavant, dans des lieux de plus en plus nombreux de la planète, atteintes à la qualité de cours d’eau et de nappes phréatiques à partir de pollutions agricoles, industrielles, domestiques, assèchements et empoisonnements de nappes phréatiques, effets écologiques de certains barrages et de modifications de tracés de cours d’eau…

3-   En ce qui concerne le milieu marin : pollutions venant des fleuves et des côtes (pollutions telluriques), pollution par immersion de déchets, de déchets dangereux, de déchets radioactifs, pollutions volontaires et accidentelles de navires et de plates-formes, pollutions à partir d’aéronefs jetant des déchets, dégradations des ressources marines et côtières, surexploitation et disparitions d’espèces marines, filets destructeurs de fonds marins, plaques et mers de déchets dans le milieu marin, enfin bien sûr côtes rongées, déchiquetées par les avancées et la montée des océans…

4-   En ce qui concerne les sols : l’épiderme de la Terre est ici menacé, là malade à travers la désertification, les atteintes sont très nombreuses par surexploitation, surpâturage, déboisement, par pesticides, nitrates, métaux lords, pluies acides, déchets mis en décharge, transports et stockages de déchets toxiques, atteintes par extensions des surfaces urbaines …

5-   En ce qui concerne les forêts : déforestation par surexploitation, par empiètements, feux de forêt, diminution de la variété d’espèces forestières, pollutions multiples, pluies acides, réchauffement climatique, certains insectes ravageurs, certains champignons aussi…

6-    En ce qui concerne la flore, la faune, les paysages : Appauvrissement de la diversité biologique, espèces de la faune et de la flore décimées et menacées d’extinction, marchandisation du vivant(voir article sur le  blog et le site), risques liés aux organismes génétiquement modifiés, artificialisation de la nature, prolifération de certaines espèces posant des problèmes écologiques, prolifération de certaines espèces posant des problèmes économiques et écologiques, régressions d’habitats naturels, urbanisation incontrôlée, destructions de paysages, destructions de cultures vivrières au profit de grandes monocultures…

 

B-Les  rapports internationaux  alarmistes  sur  l’environnement .

C’est bien là une des grandes causes de l’aspect surhumain des défis environnementaux : ils sont en interactions. On ne peut pas dire il y a d’un côté le climat, et d’un autre côté les autres  problèmes drames et menaces environnementaux. Ainsi les remises en cause  ont certes leurs spécificités mais doivent s’appuyer les unes sur les autres.

1-Un premier appel, publié en 1992 et signé par plus de 1700 scientifiques. Ces personnalités reconnues alertaient alors sur le «changement profond dans notre gestion de la Terre» qu’il était «indispensable d’opérer» pour la préserver.

2-Le 4 novembre 2004 le PNUE a élaboré différents scénarios, nous retiendrons les deux extrêmes. Dans le scénario du « tout libéral » la population mondiale atteindrait 9 milliards en 2050 et le PIB mondial  serait multiplié par 5, la situation écologique serait « très dégradée », l’environnement et la société évolueraient vers des « changements irréversibles ». Dans le scénario  « écologique » la population atteindrait 8 milliards en 2050, le PIB mondial serait multiplié par 3, la situation écologique serait « dégradée », des « changements irréversibles pourraient être encore évités.» Ainsi dans le premier scénario le pire est pratiquement sûr, dans le second il est repoussé pour un certain temps (lequel ?).

3-Le 7juin 2012  deux études sont  publiées  dans la Revue Nature, cosignées chacune par une vingtaine de chercheurs de différentes disciplines, chercheurs travaillant dans une quinzaine d’institutions scientifiques, ils  tirent la sonnette d’alarme : «La biosphère est à la veille d’un basculement abrupte et irréversible »(…) ces études mettent en avant « l’imminence d’ici à quelques générations d’une transition brutale vers un état de la biosphère inconnu depuis l’émergence d’homo sapiens c’est-à-dire 200.000 ans. »C’est même plus qu’une sonnette d’alarme, c’est une forme de glas apocalyptique.

 

4-Le 8 juin  2012, le rapport sur «  l’avenir de l’environnement mondial » GEO 5  du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) affirme que « plusieurs seuils critiques aux niveaux mondial, régional et local sont sur le point d’être atteints ou ont été dépassés. » 

 

5- Le 13 novembre 2017 La revue BioScience  publie un manifeste  de  15 364  scientifiques de 184 pays,  contre la dégradation catastrophique de l’environnement.

 Jamais un aussi grand nombre de scientifiques  n’avaient signé un tel  manifeste.

C’est une « Mise en garde des scientifiques à l’humanité : deuxième avertissement. »

Le premier avertissement avait été lancé  en 1992 à la Conférence de Rio au Sommet de la Terre, « les êtres humains et le monde naturel sont sur une trajectoire de collision. »

Le texte de 2017 est signé par des scientifiques de  nombreuses  disciplines  :  biologie , physique, astronomie, chimie, agronomie, climatologie, océanographie, zoologie, d’autres encore.

Ils le font sur la base de neuf indicateurs mondiaux de 1960 à 2016 : couche d’ozone, eau douce,  pêche, zones mortes   marines  ,  déforestation, espèces vertébrées, émissions de CO2, hausse des températures, population mondiale(11 milliards en 2100 ?).

Les écosystèmes sont poussés « au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie. »

Ils en appellent aux décideurs et aux responsables politiques. « Pour éviter une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité, l’humanité doit adopter une alternative plus durable écologiquement que la pratique qui est la sienne aujourd’hui. »

 

 6-Le 4 mars 2019  c’est le rapport sur l’avenir de l’environnement mondial, GEO6.Publié  pour la quatrième Assemblée des Nations unies pour l’environnement, ce sixième rapport de l’ONU  exhorte les décideurs à prendre des mesures immédiates pour résoudre les problèmes environnementaux urgents afin d’atteindre les objectifs de développement durable ainsi que d’autres objectifs environnementaux convenus au niveau international, tels que l’accord de Paris.

7-Le 4 mai 2019  le rapport mondial de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques  (IPBES)  confirme le déclin alarmant de la nature.

« La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier 

Le rapport estime qu’environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction, notamment au cours des prochaines décennies, ce qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité.

Pour accroître la pertinence politique du rapport, les auteurs de l’évaluation ont classé, pour la première fois à une telle échelle et sur la base d’une analyse approfondie des données disponibles, les cinq facteurs directs de changement qui affectent la nature et qui ont les plus forts impacts à l’échelle mondiale.

Les facteurs responsables sont, par ordre décroissant :  les changements d’usage des terres et de la mer ;  l’exploitation directe de certains organismes ; le changement climatique ;  la pollution et  les espèces exotiques envahissantes.

  Le rapport nous dit aussi qu’il n’est pas trop tard pour agir, mais seulement si nous commençons à le faire maintenant à tous les niveaux, du local au mondial ,cela grâce à un  « changement transformateur » qui remet en cause les objectifs, les valeurs et les moyens de l’ensemble su système.

 

 8-Le 10 septembre 2020  le rapport bisannuel (qui existe depuis 1998) appelé l’Indice de Planète Vivante(IPV) du Fonds mondial pour la nature(WWF) sur l’état de la biodiversité dans le monde affirme que  l’effondrement de la biodiversité s’accélère à cause de la pression aveugle des activités humaines. En  45 ans, de 1970 à 2016,  68 % des populations de vertébrés ont décliné, autrement dit les poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles.

« Au cours des cinquante dernières années, l’explosion du commerce mondial et de la consommation, ainsi que la forte croissance de la population humaine et un gigantesque mouvement d’urbanisation ont métamorphosé notre monde. Ces évolutions ont entraîné une dégradation de la nature et une surexploitation des ressources naturelles sans précédent. Une poignée de pays abrite les dernières zones de nature sauvage. Les espaces naturels se transforment plus rapidement que jamais. »

  Depuis la révolution industrielle, les activités humaines ont détérioré 75 % des surfaces terrestres et une grande partie des mers et océans.

Comme de nombreux scientifiques et citoyens, le rapport Planète Vivante 2020 appelle à un « changement culturel et systémique profond » qui reposerait entre autres sur de grands efforts de conservation, une transformation de notre modèle agricole, une remise en cause du gaspillage alimentaire, une réduction de moitié de la consommation de protéines animales.

 

B-Les effets environnementaux sur la santé des êtres humains

 

  1-En 2012 l’OMS avançait le fait que 23% des décès dans le monde était liés à l’environnement (tabac non compris) soit un décès  sur quatresoit 12,6 millions de victimes dues pour la plus grande part aux pollutions de l’air, celles-ci en 2014 selon l’OMS ont causé la mort  de 7 millions de personnes.

 Certains auteurs avancent des chiffres beaucoup plus élevés, cela est lié en particulier à la définition plus ou moins large donnée à l’environnement, chiffres allant jusqu’à  40% des décès , voire plus, dans le monde résultent de facteurs environnementaux : tabac, pollutions chimiques , radioactives, pollutions dans des transports, des alimentations, des habitations, des lieux de travail, dans des airs, des sols et des eaux…

Ne soulignons ici que quelques effets dramatiques et massifs  de la dégradation environnementale. Les catastrophes écologiques mais aussi : les pollutions de l’air, des sols, des eaux de surface et souterraines et leurs effets sanitaires, la sécurité alimentaire qui est de moins en moins assurée dans certaines régions, les contaminations des aliments par des pollutions chimiques, radioactives, par des additifs alimentaires, par la dioxine, par des farines animales…l’exposition de travailleurs et de populations à des substances dangereuses(drame de l’amiante)et d’une façon générale l’augmentation impressionnante du nombre de cancers d’origine environnementale…(voir par exemple Dominique Belpomme, Avant qu’il ne soit trop tard, Fayard,2007).

La seule pollution de l’air, selon l’OMS ( étude  du 24 mars 2014), a causé la mort de 7 millions de personnes en 2012, soit un décès sur 8, les 2/3 de ces victimes étaient en Asie.

De façon plus globale au moins 40% des décès (des auteurs donnent des chiffres beaucoup plus élevés, tout dépend en particulier de la conception restreinte ou plus large que l’on a de l’environnement) dans le monde résulteraient de facteurs environnementaux : tabac, pollutions chimiques, radioactives, pollutions dans des transports, des alimentations, des habitations, des lieux de travail, pollutions de l’air, des sols et des eaux…

Le tabac en 2014 a tué 5 millions de personnes(en France 78000), l’alcool a tué 3 millions de personnes(en France 49000).

2-    Des études prévisionnelles mettent en particulier en avant une explosion des cancers dans le monde de 75% de 2012 à 2030 et de 95% dans les pays les plus pauvres, on passerait de 12,7millions de personnes atteintes en 2008 à 20,3millions en 2030, et on passerait de 7,6millions de morts par cancers en 2008 à 13,2millions en 2030.

(The Lancet Oncology, juin2012, étude menée dans le cadre du Centre international de recherche sur le cancer(CIRC, Lyon),organisme lié à l’OMS.)

 L’étude souligne que certains cancers (côlon, rectum, sein, prostate) semblent associés au développement économique et au mode de vie.
Va aussi dans ce sens par exemple l’ouvrage d’un toxicologue (André Cicolella, Toxique planète, Seuil,2013) qui dénonce le « scandale invisible des maladies chroniques », il montre la transmission d’un héritage toxique à destination des générations futures, il en appelle à de nouvelles politiques de santé mondiale qui prennent en compte une remise en cause des origines environnementales des « perturbateurs endocriniens », il affirme que les maladies chroniques(cardiovasculaires, respiratoires, cancers, diabète…) peuvent reculer si nous repensons nos façons de vivre, de travailler, de se déplacer. 

 

3- La question des liens entre les pandémies et l’environnement dont les changements climatiques.

 -La crise du coronavirus (Covid 19) apparait  en novembre 2019 en Chine centrale à Wuhan. Elle se développe rapidement et atteint  peu à peu l’ensemble des pays du monde.

  Cette crise sanitaire  a pour effet au 10 juin 2021 d’avoir  contaminé plus de 174 millions de personnes et tué près de 3,77 millions de  personnes dans le monde.

A la même date du 10 juin 2021 arrivent en tête les Etats-Unis  de  l’ordre de 600 000 morts, le Brésil 470 000, l’Inde 340 000, le Mexique 228 000 .En Europe arrivent en tête le Royaume-Uni 128 000, l’ Italie 126 000, la France 110 000…

 Les causes profondes d’apparition et de développement des épidémies  ne s’appellent-elles pas des phénomènes climatiques tels que sècheresses, pluies, inondations, l’insuffisance de l’hygiène et de l’assainissement,  le manque d’eau potable ,  la mondialisation des transports, des conflits armés qui cassent des systèmes de santé, un sous-développement de certains systèmes de santé ?

  Peut-on   considérer, au sens  large , les épidémies comme des formes de grandes violences ?

 Nous répondrons par l’affirmative  pour au moins cinq séries de raisons :

elles  sont en elles-mêmes porteuses de destructions et de menaces,

 elles le sont aussi parce qu’elles n’ont pas fait l’objet ici et là de recherches, de préventions et de soins  suffisants à cause de choix défaillants ou d’absences de politiques de santé,

elles le sont  parce qu’elles aggravent des inégalités économiques et sociales, des millions de personnes meurent chaque année de maladies curables, ce sont des violences ! Quelques jours suffiraient de dépenses militaires mondiales consacrés à porter remède à ces scandales écœurants .

Violences aussi lorsque des virus viennent d’armes biologiques , nous avons beaucoup écrit  sur l’interdiction des recherches sur les armes de destruction massive (nucléaires, biologiques, chimiques)qui devraient être criminalisées comme étant contraires à l’intérêt commun de l’humanité et du vivant.

Elles le sont  parce que, en amont de leur arrivée, il y a parfois  la place de plus en plus écrasante de l’homme dans la nature,  qui déstabilise des espèces et contribue ainsi à l’apparition de certains virus.

 

 On peut se demander si des épidémies récentes et à venir ne sont pas clairement liées à la débâcle écologique ?

Ce sont des formes de violences faites à la nature qui déstabilise des  espèces .  Ainsi l’urbanisation  galopante  et la déforestation contribuent à produire des contacts non maitrisés des réservoirs d’animaux, on laisse de moins en moins de place à la nature, et çà c’est une forme de grande violence.

Parmi les luttes contre les causes en amont

celles de la restauration d’une nature dégradée en particulier par la déforestations, la protection des espèces qui , lorsqu’elles sont décimées et menacées, vont transmettre plus facilement des maladies à l’homme. La place de plus en plus restreinte accordée à la nature s’aggravera et sa marchandisation aussi si des contre-logiques puissantes ne sont pas mises en place.

Demain des virus peuvent être  plus nombreux et plus présents, certains pourraient venir par exemple de Sibérie en remontant à la surface de zones libérées du permafrost  par le réchauffement climatique.

Peut-être de nouveaux vaccins contribueront-ils à faire  face à ces nouveaux venus ?

 Deux séries de moyens aussi, les uns liés à la santé, les autres à l’environnement, les deux domaines étant de plus en plus interdépendants, dans la  mesure , entre beaucoup d’autres exemples , où le réchauffement climatique est une machine à produire des épidémies futures, ainsi par exemple  les déplacements de moustiques porteurs de maladies.

 

  Les luttes contre les épidémies doivent être synonymes de multiples moyens :

 Une coopération et une coordination  mondiales dotées de puissants moyens , des recherches massives et coopératives  de vaccins  , un accès universel aux médicaments et aux vaccins , des politiques de santé dotées de puissants moyens en personnels et en matériels, des gestes barrières nombreux et respectés, des confinements face aux  épidémies…

 Un moyen essentiel de lutte essentielle, « laisser de la place à la nature » :

Diminuer les prélèvements des espèces  dans le cadre de la protection de la biodiversité, remettre en cause l’agriculture intensive au profit de l’agro-écologie, remettre en cause les accords de libre-échange au profit d’une primauté de la protection de l’environnement, supprimer les aides dommageables pour la biodiversité, acheter en consommateur responsable, et mettre en œuvre d’autres actions…

 

 (Voir par exemple « Sauvons la biodiversité .Les10 actions pour agir » Hélène Soubelet, Jean-François Silvain, éditions Rustica, 2019.)

 (Voir aussi de  Marie-Monique Robin, avec la collaboration de Serge Morand, «  La fabrique des pandémies .Préserver la biodiversité, un impératif pour la santé planétaire. », La Découverte, 2021).

 

 

VIII- L’Accord de Paris sur le climat : les acteurs face  à la grande épreuve climatique

 

 

 

Nous envisagerons tour à tour

A-Dans le trio capitalisme-productivisme-anthropocène  ce système d’autodestruction  a un « cœur » et une « armature » ,  cela  comme une machine infernale.

B-L’ensemble des acteurs  face aux catastrophes   écologiques .

C- Le schéma général de fonctionnement des acteurs.

 

 

 

A-Dans le trio capitalisme-productivisme-anthropocène  ce système d’autodestruction  a un « cœur » et une « armature » ,  cela  comme une machine infernale.

Nous en avions fait la démonstration par rapport non pas à l’environnement mais à la paix dans nos deux ouvrages sur la course aux armements ( « Construire la paix »,éditions La Chronique sociale,1998).

 1-Le « cœur » de la machine infernale est constitué par les acteurs essentiels qui  s’appellent    les marchés financiers,  les firmes géantes, les complexes de la  techno-science .

2-« L’armature » de la machine infernale est constituée par les  acteurs importants qui s’appellent   les deux cents Etats (très inégaux), les organisations internationales et régionales, les organisations non-gouvernementales, les complexes médiatiques, les collectivités territoriales et tous les autres acteurs(administrations ,juridictions etc…).

 Ces acteurs   se  situent dans un monde avec une croissance démographique toujours explosive (227.000 personnes chaque jour en excédent de population, c’est-à-dire les naissances moins les décès), une urbanisation vertigineuse  du monde(le monde s’urbanise, se mégapolise, se bidonvillise, se fragilise) et une consommation  encore effrénée d’énergies fossiles ( 84,3% du total de l’énergie consommée dans le monde en 2019 !).

 C’est à l’intérieur de ce système mondial  que vivent, survivent et meurent les acteurs humains (personnes, peuples, générations) .

Dans des proportions  et des responsabilités très variables ce  sont les  auteurs  par rapport  à  cette autodestruction.

Ce sont aussi les témoins et les victimes.

Et ce sont enfin  les lanceurs d’alerte, les résistants, les alternatifs.

 C’est également  à l’intérieur de ce système mondial que vivent survivent et meurent les espèces animales et végétales qui avec les humains constituent le vivant.

 

B-L’ensemble des acteurs   face aux catastrophes écologiques 

Viennent-ils au monde ces contre-mécanismes puissants qui seront les produits de l’ ensemble    des acteurs, dont les  Etats , la société civile et beaucoup d’autres … et les produits  aussi des catastrophes écologiques .  

 1- L’espoir de suites porteuses  de ce que certains considèrent comme un « premier pas », réside donc, une fois de plus,  dans l’ensemble des acteurs à tous les niveaux géographiques : des  Etats qui continueront à négocier, des collectivités, des  entreprises, des ONG ,des citoyens, des peuples…  qui amorceront  des  transitions énergétiques et, de façon plus globale, qui mettront en œuvre des moyens démocratiques, justes, pacifiques  et écologiques…

 L’espoir de la suite de ce que certains considèrent comme un « premier pas », réside donc, encore une fois,  dans l’ensemble des acteurs :

 

  2Les  Etats qui continueront à négocier dans les COP à venir et dans d’autres lieux de gouvernance  par exemple à l’OMC.

Un rappel : en  2018  la part des plus grands émetteurs était la suivante

Chine 28,1%,  Etats-Unis 15, 2% ,  à eux deux 43,3% des émissions mondiales  des gaz à effet de serre.

UE 10,3%,  Inde 7,3%,  Russie 4 ,6%,  Japon 3,4 %.En 2019 l’Inde se retrouve à la troisième place devant l’UE .Dans l’UE l’Allemagne est la pays le plus emetteur.  

Rappelons que par habitant on trouve en tête le Qatar, le Koweït  et l’Arabie saoudite. Viennent  ensuite le Canada, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Chine ,la France.

 

  3-Egalement, certains le pensent, une partie du monde financier qui pourrait se détacher des énergies fossiles et se tourner vers les énergies  renouvelables.

Le rôle des Etats  peut être ici essentiel dans les temps à venir pour commencer  des réformes et aller vers des remises en cause.

Peut-être  aussi le rôle de forces , lesquelles ( ? ) , qui pourraient exister dans ces mondes financiers ?  On trouve par exemple des banques qui se veulent éthiques et liées au développement durable, encore faut-il des mécanismes de contrôle des objectifs proclamés..

 

 4- Bien sûr des collectivités territoriales, des  entreprises et des acteurs  de la société civile (ONG , citoyens,  syndicats, mouvements sociaux) ,le rôle de fondations engagées, qui amorceront la transition énergétique, qui lancent et lanceront diverses alternatives qui pourront se rencontrer ici et là. C’était la première fois dans l’histoire du Limousin qu’un mouvement associatif Alternatiba les 12 et 13 septembre 2015 avait  réuni autant de participants…

 5-Des marches pour « Sauver le climat « se multiplient, des grèves de classes à partir de janvier 2019 voient le jour une fois par semaine dans certains pays. Si on atteignait des chiffres gigantesques  de jeunes sur la planète ,  en révolte non-violente,  résistante et constante, celle-ci pourrait avoir une influence importante.

 

5-Ne pas sous-estimer les juridictions qui  , de plus en plus  saisies en particulier par des associations  et des citoyens ,  demandent des comptes aux Etats quant à  l’exécution de leurs obligations nationales et internationales, entre autres exemples  aux Pays-Bas en 2018 et en France  en 2020.

 

6- Ces espoirs et d’autres  que certains placent dans les Etats se réduisent pour certains  comme une peau de chagrin. On pense alors qu’ils peuvent et qu’ils  doivent  continuer à négocier,  mais c’est à la société civile de « bouger et de faire bouger. »

 

 4-Le rôle  des catastrophes écologiques, diffuses ou violentes, n’est pas à sous-estimer. Elles  peuvent entrainer des mécontentements voire des révoltes  de populations, des pressions sur les gouvernements, encore faut-il en arriver aux remises en cause nécessaires, ici et là  peut-être des populations  pousseront-elles  à  tirer des pédagogies véritables de différentes  catastrophes ?

Une  véritable pédagogie des catastrophes écologiques n’est pas évidente, elle suppose que l’on s’attaque non seulement à leurs  manifestations mais  aux aussi à leurs causes.

D’autre part,  pour paraphraser Jean Rostand à propos des armes nucléaires, ne pas oublier que  la survenance  de catastrophes écologiques de plus en plus gigantesques pourrait finir par avoir pour effet…qu’il  n’y aurait plus grand monde pour en tirer des leçons. 

 ( Voir «Les catastrophes écologiques et le droit : échecs du droit, appels au droit », sous la direction de Jean-Marc Lavieille, Julien Bétaille et Michel Prieur , sont publiés aux éditions Bruylant, 2011, ils comprennent trente quatre communications .

Voir aussi « Les changements environnementaux globaux et les droits de l’homme », sous la direction de Christel Cournil et de Catherine Fabregoule, Bruylant, 2012.)

 

B-Le schéma général de fonctionnement des acteurs

 

Il nous semble qu’ici et là les acteurs fonctionnent sous trois formes : 

1-Des résistances et des pratiques alternatives de plus en plus nombreuses «  à la base »   par des personnes, des associations, des mouvements, d’autres  acteurs ,  cela sous les pressions des catastrophes et  en résistances aux logiques productivistes humanicides et terricides,

2- Des discours , des réformes et quelques remises d’importances très variables, aux « sommets » des différents niveaux géographiques, sous les pressions   et des catastrophes  et de la base,

3Des fissures « au cœur » des logiques du productivisme, celles des marchés financiers, du marché mondial, de la techno science, sous les pressions et des catastrophes  et  de la base et du sommet ,

 4-Sans compter  les arrivées des improbables, des imprévus et des imprévisibles pour le pire, l’entre-deux et le meilleur.

 

 

IX-L’Accord de Paris sur le climat : de graves  lacunes  à combler

 

 

Deux points proposés ici

A-Un rappel  des lacunes à combler  dans de nouvelles négociations.

B- Une source d’espoir : les  créations massives  de  nouvelles ressources financières du XXIème siècle. 

 

 

 

A-Un rappel  des lacunes  à combler

 1-Une liste indicative des lacunes à combler.

 -L’absence   de prise en compte des gaz à effet de serre liés aux activités militaires, un remarquable colloque à Paris (« Armées, guerres et environnement ») parallèle à la COP21,  a insisté sur ce point,

 – L’absence de référence dans l’Accord aux énergies renouvelables qui ne sont mentionnées que dans le préambule de la décision par rapport aux pays en développement,

-Le silence révélateur d’un puissant non-dit sur le nucléaire, autre élément de  grande discorde en particulier entre d’une part certains Etats, le complexe de la nucléocratie et d’autre part une grande partie des ONG  ,

–  Deux   grands silences   révélateurs , l’un sur l’absence d’interdictions aux subventions accordées aux énergies fossiles,

 -L’autre, particulièrement gravissime, sur le prix du carbone (même si une allusion est faite à la tarification du carbone à la fin de la décision de la COP dans une rubrique consacrées aux entités non parties à l’accord), certains pensent que c’était un contre-mécanisme  essentiel contribuant puissamment à laisser des énergies fossiles dans le sol,

– Le  silence sur les liens à établir entre la taxation des transactions de  change et le fonds d’adaptation,

– Le silence sur la consécration d’un nouveau principe selon lequel le commerce international doit être conforme aux conditions sanitaires et environnementales,

– Le silence sur un futur statut des déplacés environnementaux

 (  Voir en particulier  la « Présentation du projet de convention relative au statut international des déplacés
environnementaux », Jean-Marc Lavieille, Jean-Pierre Marguénaud et Julien Bétaille,Revue européenne de droit de l’environnement ( REDE) n°4, 2008.Voir aussi l’article de Michel Prieur sur les déplacés environnementaux dans l’ouvrage souvent cité « Les catastrophes écologiques et le droit ». Voir enfin Christel Cournil, Benoit Mayer, « Les migrations environnementales », La bibliothèque du citoyen, Sciences Po, Les Presses, 2014.)

 

– Le grand silence sur les espèces vivantes, même si la biodiversité est évoquée dans le préambule de l’Accord, il fallait l’affirmer clairement : les changements climatiques mettent en péril l’humanité et l’ensemble du vivant,

 -Enfin un autre silence, celui relatif à l’explosion démographique, chaque jour l’excédent de la population mondiale (227.000 personnes) est l’équivalent de la communauté d’agglomération Limoges Métropole, cette explosion démographique que, par exemple, Claude Levi Strauss … ou René Dumont,  ne séparaient pas de la crise écologique.

 On trouve  une façon quasi automatique de répondre aux raisons de ces  silences nombreux et omniprésents : d’autres conférences, climatiques ou non,” traiteront de ces questions, l’ordre du jour était déjà assez chargé comme  cela .

2-Les explications  de ces lacunes

 En fait ces silences témoignent de désaccords profonds,

de reflets de multiples puissances et impuissances,

de cette machine infernale du renvoi à plus tard,

de l’incapacité de se hisser au niveau de l’intérêt commun de l’humanité.

 Et çà n’est pas parce que l’on est noyé dans l’ urgence qu’on ne peut pas prendre en compte le long terme, c’est surtout  parce qu’on a pas pris en compte le long terme que l’on est noyé dans l’urgence.

 

3-Des solutions relatives aux lieux de futures négociations.

-Il aurait fallu, au minimum, prendre acte de ces ou de certaines de ces questions à résoudre dans le préambule de l’Accord, et /ou annoncer le principe de conférences spécifiques pour avancer  par rapport à tel ou tel drame, par exemple celui des  déplacés environnementaux.

-Certaines lacunes ont vocation à être résolues dans le cadre de l’Accord lorsqu’elles sont spécifiques à son objet et voient la levée de désaccords.

-D’autres attendront malheureusement pour être comblées que les désaccords soient levés. Des conférences spécifiques se dérouleront  dans d’autres instances.

 -Il est déjà tard mais toujours temps que quelques Etats et des fronts communs d’ONG lancent des  processus, ce serait là une autre “dynamique vertueuse” et vitale.

 

4-Des ONG, à travers  des fronts communs , sont capables d’impulser des dynamiques conventionnelles, l’exemple de la Convention sur les  mines anti personnelles et l’exemple du  Traité d’interdiction des armes nucléaires  en sont des preuves remarquables. 

 

B- Les créations massives  de  nouvelles ressources financières du XXIème siècle 

1-Une énumération indicative

On peut penser  que l’une des plus grandes  remises en cause allant  serait celle de la réorientation massive de sommes gigantesques vers les luttes contre le réchauffement climatique et la pauvreté, ainsi par exemple à travers « un impôt mondial sur le capital » .( Sur celui-ci voir par exemple Thomas Piketty, Le capital au XXème siècle, Points,2019,p 835 à 883).

On peut aussi penser que cela suppose des rapports de forces dans lesquels  des Etats, des populations, des jeunes, des entreprises, des ONG et tant d’autres acteurs deviendraient  fraternisés par ces périls communs. La finance mondiale au service de la survie… »Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait » écrivait Mark Twain.

A titre indicatif  énumérons

   –  une  taxation , importante et mondiale, des transactions financières. Cette taxation  doit inclure les devises et les produits dérivés. Une grande ONG comme Attac insiste sur ce point : « Il y a chaque année entre un million deux cent mille milliards et un million huit cent mille milliards de dollars de transactions financières, dont environ les trois quarts portent sur les produits dérivés échangés sur des marchés opaques. »Il est difficile d’imaginer dans la vie du système mondial des sommes aussi colossales,

       –   un impôt  progressif et mondial sur les capitaux, en particulier un  impôt  élevé pour les grandes fortunes,

      – une taxation  des fonds  spéculatifs,                                                                      

       -des ressources issues des bénéfices des firmes multinationales,

       -une taxation importante des géants du numérique

        -des ressources issues de la taxation des  émissions de CO2  pour tous les transports internationaux,

        – des capitaux  provenant de la suppression  complète et rapide des  subventions des énergies fossiles,

       –les transferts de dépenses militaires vers les dépenses de santé, d’environnement, d’alimentation, de logement, de culture…

       –et toute nouvelle ressource allant dans le sens de « l’intérêt commun de l’humanité »  c’est-à-dire la démocratie, la justice, la protection de l’environnement, la paix pour les générations passées (  protection de leur patrimoine culturel) , présentes et futures.

 

 2-   Des avancées ont vu le jour, elles restent certes  encore dérisoires.    

            

Voilà  certes quelques avancées de levées partielles des secrets bancaire et judiciaire, qui est un des contre-mécanismes des paradis fiscaux, mais on est encore très  loin d’une  véritable remise en cause que serait  une transparence   généralisée .  Les sommes abritées dans les  paradis fiscaux en 2018, c’est à dire dans plus d’une soixantaine de pays et territoires(?), seraient de l’ordre de 15.000(?) à 40.000(?) milliards de dollars!!! C’est l’une des sommes les plus gigantesques que l’on puisse imaginer. Il est vrai que l’on est encore loin des 226.000 milliards de dollars (192.000 milliards d’euros) du total de la dette mondiale, soit trois fois le PIB mondial…On notera l’imprécision, opacité oblige, des sommes cachées dans les paradis fiscaux.

    Voilà certes  quelques timides tentatives de luttes contre  l’évasion fiscale de grandes firmes multinationales, ainsi le G 20 en novembre 2015 a adopté un plan de l’OCDE en vue de pousser ces entreprises à déclarer leurs bénéfices pays par pays, de même la Commission de l’Union européenne va  dans ce sens fin 2015 et début 2016 par exemple  en critiquant  des pays (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg…) qui sont accusés de soutenir de telles pratiques, mais on est encore loin d’une véritable convention mondiale accompagnée de sanctions.

    En mars 2018 la Commission de l’UE propose de taxer de 3% les revenus des géants numériques, les GAFA (Google,Apple,Facebook,Amazon), cela dans les pays de leurs utilisateurs, et au delà 200 groupes ayant un chiffre d’affaires annuel de plus de 750 millions d’euros et de plus de 50 millions d’euros dans l’Union européenne, cette taxe, rapporterait 5 milliards d’euros par an.

La France en 2019 commence à prélever une taxe sur les géants du numérique, c’est  le début d’un long chemin légitime et légal consacré en avril 2019. Si la taxe précédente est à l’initiative de la France, l’Allemagne par contre semble se déclarer favorable à « un impôt minimum mondial sur les bénéfices des multinationales du numérique ». La proposition française beaucoup plus cadrée va donner lieu à un rapport de forces gigantesque aux enjeux importants entre des Etats européens et les GAFA.

Les GAFA se retrouvent sous pression sous l’administration du nouveau président des Etats-Unis à partir de 2021, à cela s’ajoutent de multiples enquêtes et poursuites venant d’ Etats fédérés, du Congrès, du ministère de la justice et de l’autorité américaine de la concurrence.

 

     Ces  rapports  de forces on le voit déjà au niveau d’amendes en juin 2017(2,47 milliards d’euros) et juillet 2018(4,3 milliards d’euros) infligées par la Commission à Google pour abus de position dominante, ainsi pour la seconde amende l’abus concerne le système d’exploitation pour  smartphones ,  Android. Google  verse les amendes pour éviter d’énormes astreintes mais  fait appel devant la Cour de justice de l’Union européenne. En février 2019 le géant bancaire suisse UBS a été condamné par le tribunal de grande instance de Paris à une amende de 3,7 milliards d’euros pour démarchage bancaire illégal et pour blanchiment aggravé de fraude fiscale. Les premiers pas des uns et des autres sur ce chemin  peuvent être prometteurs.

  Les GAFA en 2019 pèsent en Bourse 3360 milliards de dollars et réalisent 600 milliards de chiffres d’affaires par an. Les amendes records imposées par l’UE  ne vont pas assez loin selon certains auteurs ,  en particulier aux Etats-Unis,  qui ici et là  proposent de démanteler, de casser ces géants.

 

   Voilà certes les premières taxes sur les transactions financières(TTF) d’un certain nombre d’Etats encore très minoritaires (ainsi par exemple à ce jour deux sur 28 dans l’Union européenne) mais on est encore loin d’une véritable TTF qui serait mondiale dans sa portée  et radicale dans son assiette. C’est très certainement un des grands espoirs de véritables alternatives mondiales, espoir  porté par exemple par une ONG telle que ATTAC, qui contribuerait à construire une communauté mondiale humainement viable dans la mesure où des sommes gigantesques, dégagées par ces TTF, seraient consacrées à des besoins criants,  en particulier sanitaires et environnementaux…

 Le G7 des ministres des finances  le 5 juin 2021 a publié un communiqué commun,  concrétisant  leur accord sur une taxation mondiale des sociétés à hauteur de 15% « au moins ». Un accord plus approfondi  devrait voir le jour  au G20 de juillet 2021.

C’est une avancée. Elle a cependant  trois faiblesses : le G7 n’est pas le G20, les communiqués de ces instances n’obligent pas directement les  Etats mais fixent des orientations, le taux mis en avant est considéré comme beaucoup trop faible par des économistes critiques et par des ONG.

On le voit  des mouvements de fond et de fonds   ont  très probablement commencé, des Etats commencent à en appeler à des  sommes très importantes ici et là, peut-être un jour  à des capitaux gigantesques ?

 La question qui se pose est celle de la lenteur de l’évolution de ces rapports de forces face à la rapidité de la débâcle écologique.

 Ces  contre mécanismes sont prometteurs mais trop lents, trop faibles face aux  mécanismes puissants et rapides de l’autodestruction environnementale.

 

 

X-L’Accord de Paris et les quatre  mécanismes principaux   de la machine infernale de la débâcle écologique

 

 

 

 

C’est bien entendu le noyau dur, il vise le cœur et aussi l’armature de la machine infernale du système mondial.

Nombre d’acteurs sont impliqués en tout ou partie et les quatre mécanismes ont de multiples liens .

Mais ces mécanismes sont aussi des géants aux pieds d’argile puisqu’ ils avancent dans l’autodestruction.

Nous envisagerons tour à tour

Les reports de nombreuses décisions  des conférences climatiques et la difficulté de dégager peu à peu l’intérêt commun de l’humanité.(A)

La course au profit et la marchandisation de la nature.(B)

Les interactions  et la débâcle écologique .( C)

Un facteur aggravant et terrifiant : l’accélération du système  international . (D)

 

 

A-Les reports de nombreuses décisions  des conférences climatiques et la difficulté de dégager peu à peu l’intérêt commun de l’humanité.

 

1-Sans remonter à l’avertissement du scientifique suédois Arrhénius  en 1896,

rappelons  que c’est en 1972 à la Conférence de Stockholm qu’est évoqué pour la première fois au niveau de l’ensemble les Etats le danger du réchauffement climatique,

 qu’il faut attendre 1992 pour voir une convention,

1997 pour qu’arrive son protocole,

2005 pour qu’il entre en vigueur,

2015 pour un nouvel accord qui entrera finalement en vigueur en 2016,

soit au total 44 ans  (1972-2016) pour faire les « premiers pas » ! Certes un chemin de mille pas commence par quelques pas, mais quel est le temps qui reste pour construire cet intérêt commun de l’humanité ?

On a donc, souvent, décidé … qu’on déciderait plus tard. On retrouve cette tendance lourde dans la plupart des conférences climatiques précédentes.« A l’auberge de la décision les gens dorment bien » dit un proverbe.

 

2- Les délégations étaient certes réveillées,

en surmontant parfois  des intérêts nationaux,

en  dégageant parfois  des intérêts communs, ce qui n’était pas rien,

mais  lorsque l’intérêt  commun de l’humanité les  appelle pourquoi ne répondent-elles pas ?

D’immenses penseurs les exhortent  pourtant à le faire :

 C’est ici ou jamais qu’il fallait et qu’il faut traduire en actes cette  citation magnifique, terrible et appelant aux remises en cause, citation de Montesquieu : «  Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose qui fût utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe ou bien qui fût utile à l’Europe et préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime. »

 Et Claude Lévi-Strauss  «  Le péril majeur pour l’humanité ne provient pas d’un régime, d’un parti, d’un groupe ou d’une classe. Il provient de l’humanité elle-même dans son ensemble qui se révèle être sa pire ennemie et celle du reste de la création. C’est de cela qu’il faut la convaincre si nous voulons la sauver. »

 Et Edgar Morin «  L’humanité entière est confrontée à un ensemble entremêlé de crises qui, à elles toutes,     constituent   la Grande Crise d’une humanité qui n’arrive pas à accéder à l’Humanité. »

Et  un internationaliste René Jean Dupuy «  Passer de l’homme aux groupes familial, régional, national, international résulte d’une progression quantitative ; accéder à l’Humanité‚ suppose un saut qualitatif. Dès lors qu’il est franchi, elle doit, elle-même, jouir de droits faute de quoi les hommes perdraient les leurs. »

 

On ne peut remettre en cause le productivisme autodestructeur  que par des contre-mécanismes massifs et radicaux, personnels et puissamment collectifs. Où sont-ils ?

 

 

B-La course au profit et la marchandisation de la nature.

On comprend  mieux les enjeux pour le  capitalisme et le productivisme. De façon plus globale Ils mettent  en œuvre au moins quatre stratégies pour préserver  les taux de profit.

 

 1-La première voie utilisée par le productivisme est une exploitation tous azimuts de ressources « déjà trouvées » dans la nature. Autrement dit  il s’agit d’exploiter le plus possible les ressources existantes, c’est la course aux quantités des gisements en route ou en bout de course. 

Ce que le productivisme a emballé  il l’achète et  il le vend  jusqu’à extinction des stocks.

 

  2-La seconde voie utilisée par le productivisme est une exploitation tous azimuts de ressources « à  trouver » dans la nature. Autrement dit  il s’agit d’en découvrir de nouvelles, ainsi le gaz de schiste (avec de puissantes pressions de la course en avant des consommations d’énergie, d’industriels qui multiplient rapidement  les forages par des moyens écologiquement inacceptables avec un silence ou une sous-estimation les effets écologiques dans les eaux, le sol, le sous-sol) , les richesses minérales aux pôles et d’abord en Arctique, mais aussi des recherches de  nappes phréatiques, des « terres rares », de gisements de pétrole offshore.

 Ce que le productivisme découvre  il le touche, il l’emballe, puis il le vend et l’achète.

 

3-La troisième voie utilisée par le productivisme est un marché tous azimuts des  « services » de la nature. Autrement  dit  on met en place  des services que l’on va échanger avec le plus de  profit possible.

 Ce processus  fait dire à des économistes critiques (ainsi Jean Gadrey , «  Adieu à la croissance », éditions Alternatives économiques,2010) que  «  le capital financier veut découper  la nature en services monnayables, puis en  marchés dérivés pour qu’on puisse spéculer sur ces cours nouveaux ».

 Ce que le productivisme, en affirmant faire œuvre de protection, déclare « services » il va le découper et le monnayer. 

 

 4La quatrième  voie utilisée par le productivisme est une « artificialisation » tous azimuts de la nature. Autrement dit des entreprises, surtout des firmes multinationales, se sont lancées dans les productions d’organismes génétiquement modifiés, de biotechnologies, de nanotechnologies,  d’utilisations de plantes en carburants, de nouveaux marchés rentables liés au bio mimétisme de la nature, et de plus en plus de projets de géo-ingénierie climatique.

Ce que le productivisme commence à voir  il va   essayer de le modifier, de le transformer, puis il le vend et l’achète.

 

 Ainsi à grande allure, sous de multiples formes,  la pente est prise : tout vaut tant.

 (Sur « La marchandisation de la nature » voir notre article  sur ce blog sur notre site , et notre article in Mélanges en l’honneur de Soukaina Bouraoui, Mahfoud Ghezali et Ali Mékouar, Hommage à un printemps environnemental, PUF, 2016.)

 

C- Les interactions  et la débâcle écologique.

1-Les  interactions entre des éléments de l’environnement

Depuis longtemps on sait que  les éléments de l’environnement sont interdépendants, que des pollutions peuvent passer d’un milieu dans un autre, peuvent traverser des frontières, on sait que des catastrophes  peuvent avoir des effets plus ou moins étendus. Cependant on ne connait pas toujours la nature précise des interactions entre les phénomènes de dégradation de l’environnement.

 De plus en plus de scientifiques pensent que  les interactions entre les changements climatiques et d’autres problèmes menaces et  drames  environnementaux pourraient être lourdes de conséquences.  Ainsi des interactions entre les changements climatiques et le déplacement de courants océaniques, entre les changements climatiques et l’extinction des espèces, entre les changements climatiques et la couche d’ozone. Ainsi la fonte des glaciers a désormais pour effet  la montée du niveau des mers. Ainsi l’accélération   des fontes de l’Arctique et maintenant de l’Antarctique agissent aussi sur ce niveau des océans, sur la circulation de l’océan global, sur les évènements climatiques extrêmes…

 2– Les interactions entre des domaines d’activités

Deux séries d’exemples relatifs à la guerre et aux inégalités

– Interactions entre environnement, paix et conflits armés

Ainsi, par exemple, les interactions entre la dégradation de l’environnement et les guerres qui sont destructrices de l’environnement, mais la réciproque est moins connue : une gestion injuste et anti écologique de l’environnement peut contribuer à des conflits voire à des conflits armés. L’environnement a besoin de la paix et la paix a besoin de l’environnement.

– Interactions entre environnement, égalités, inégalités

Ainsi  par exemple les interactions entre les inégalités environnementales et les inégalités dans les autres domaines. Par exemple la « justice climatique » est aussi impérative que complexe, elle traverse les rapports entre les pays du Nord et du Sud, entre les pays du Sud et les pays émergents, entre l’ensemble des pays et les pays les moins avancés ainsi que les iles menacées par la montée des eaux.

 

3- Les interactions entre deux grandes crises

 

– La crise climatique et la crise énergétique

 Si elles se rencontraient ces deux crises provoqueraient de multiples problèmes drames et menaces, par exemple des désorganisations amplifiées des sociétés.

Il est vrai aussi que l’on peut raisonner autrement et penser que cette rencontre pourrait provoquer et activer des remises en cause allant dans le sens de sociétés écologiquement viables. C’est ici ce que l’on appelle la pédagogie des catastrophes (voir l’article sur ce site : « Des idées, des moyens, des volontés face aux catastrophes écologiques. »)

Mais la catastrophe n’est pas vertueuse pédagogiquement en elle-même, on peut en tirer un peu, beaucoup ou pas du tout les leçons. (Voir  Actes du colloque, Les catastrophes écologiques et le droit, échecs du droit, appels au droit, sous la direction de Jean- Marc. Lavieille, Julien Bétaille, Michel. Prieur, éditions Bruylant, 2012.)

 Cette rencontre se produirait très probablement si au moins cinq éléments étaient réunis : une consommation de pétrole augmentant en moyenne chaque année (par exemple de 1,6% selon l’estimation de l’Agence internationale de l’énergie) d’ici 2030 ;  un effondrement important du pétrole vers 2040 (en 2050 le monde serait à 45 millions de barils produits par jour, autrement dit la moitié de la consommation en 2013) ; des énergies fossiles représentant toujours la plus grande part des ressources énergétiques mondiales ( de l’ordre de 80%) à la même période ; l’absence de volontés politiques, économiques et financières mondiales pour développer massivement des énergies renouvelables ; enfin une absence de politiques  de réductions massives des consommations d’énergies  dans les pays développés et  les pays émergents.

Une seule donnée soulignée ici montre que la rencontre entre les deux crises  est en route. Selon l’Agence internationale de l’énergie, en 2017 les énergies fossiles continuaient à fournir l’essentiel de la consommation d’énergie primaire mondiale, soit 85,5 %, plus précisément 33 ,5 % pour le  pétrole, 28 % pour le charbon, 24 % pour le gaz naturel.

 

D-  Un facteur aggravant et terrifiant : l’accélération du système international.

 

 1-L’accélération mondiale se manifeste de multiples façons

– L’histoire de l’accélération  se déroule en quatre événements majeurs : les deux accélérations celle de la techno science et celle du marché mondial, l’explosion démographique (avec un accroissement-les naissances moins les décès- de la population mondiale de 226.000 personnes chaque jour ), l’urbanisation vertigineuse (plus de la moitié des générations présentes en 2018 vivent dans les villes).

– Les causes de l’accélération s’appellent les logiques des fuites en avant du système productiviste, la généralisation du règne de la marchandise, la circulation rapide d’informations, de capitaux, de services, de produits et de personnes, l’arrivée des technologies de l’information et de la communication

– Les manifestations  de l’accélération    se traduisent par une accélération des techniques, des rythmes de vie, par des accélérations sociales, culturelles, environnementales, politiques. L’urgence est devenue une catégorie centrale du politique, or moins on élabore de politiques à long terme plus on se trouve submergé par les urgences.

-Les effets de l’accélération sur les sociétés : elle porte atteinte à la démocratie, Paul Virilio  écrit   tragiquement : « Quand il n’y a plus  de temps à partager il n’y a plus de  démocratie possible. ». L’accélération  a aussi des effets sur le travail, sur les contrôles, elle augmente le  poids de l’urgence au détriment du long terme, elle contribue au développement des inégalités, elle  a des effets sur l’argent- le temps c’est de l’argent et l’argent c’est du temps- elle a  des effets  sur les actualités, elle contribue à l’administration des peurs, enfin  compétition et accélération se tiennent embrassées.

-Les effets de l’accélération sur les personnes : les rencontres sont souvent plus rapides, le présent est comprimé,  compressé, existe également un certain effacement de la diversité des tâches, les rencontres  du virtuel  et du réel sont en situations d’accélération, le temps  « mange l’espace » écrit  Paul Virilio , il y aussi une augmentation du nombre d’actions par unité de temps et une réduction de chaque épisode de vie, enfin sont souvent présents un stress et une nervosité, sans oublier  une atteinte à la capacité de comprendre.

 (Voir sur ce blog et le site  les quatre articles sur « L’accélération du système mondial », réflexions que nous avons présentées aussi  dans des universités du troisième âge)

 (Parmi les ouvrages à souligner : ceux de Paul  Virilio, l’un des plus grands penseurs de la vitesse dans nos sociétés,  voir par exemple « Vitesse et politique », (Galilée,1977), ou aussi Le Grand Accélérateur, Galilée,2010), Jean-Pierre Dupuy, « Pour un catastrophisme éclairé. Quand l’impossible devient certain. (Seuil,2002), Jean Chesneaux, « Habiter le temps »,(Bayard,1996), Harmut Rosa « Accélération », (La Découverte,2010), Nicole  Aubert, « Culte de l’urgence. La Société malade du temps. » ( Flammarion, 2013), Lamberto Maffei, « Hâte-toi lentement » (FYP, 2016)

 Le fait que le productivisme soit devenu comme une sorte de camion fou  se comprend particulièrement bien à travers la dégradation et la protection de l’environnement.

 

2- L’accélération, une machine infernale par rapport à l’environnement

Pourquoi ? Parce que quatre mécanismes semblent,  en théorie et en pratique, terrifiants, le mot n’est pas trop fort.

Les quelques lignes, qui s’inscrivent dans ces quatre petits paragraphes qui suivent, sont intellectuellement particulièrement éprouvantes, déstabilisantes, terribles à intégrer dans les raisonnements.

 Beaucoup de personnes, en particulier de décideurs de toute nature, n’osent pas les mettre en avant et les passent sous silence, elles ont peur  d’avouer leur impuissance ou  peur de délégitimer leur action.

Nous pensons qu’il vaudrait mieux additionner de véritables faiblesses, les comprendre et essayer ensemble de  faire face , mesurer et faire connaitre les chemins restant à parcourir,  plutôt que de se draper dans de faux semblants, des orgueils mal placés ou de fausses victoires vite balayées.

 

 – Le premier mécanisme est général : le système international  s’accélère.

 On vient d’en énumérer quelques manifestations. Cette accélération est une vérité incontournable. Si l’auteur de ces lignes avait plus de force il aurait créé avec quelques amis une « internationale de la lenteur » qui coordonnerait les ONG pensant et agissant en ce sens. . Ce ne serait pas un remède miracle mais un moyen pouvant être porteur. « Sois lent d’esprit » écrivait Montaigne.

L’environnement est emporté dans cette accélération générale.

-Second mécanisme : penser  et mettre en œuvre  les réformes et les remises en cause environnementales prend du temps

 

 Pourquoi ? Pour des raisons particulièrement nombreuses.

 A cause de l’introduction du  long terme, de la complexité des interactions, de l’ enchevêtrement des ordres  juridiques, de l’ inertie de systèmes économiques, des obstacles financiers, institutionnels, éducatifs, psychologiques et juridiques, à cause aussi des mises en œuvre de textes ,des actions trop tardives, des difficultés des remises en cause personnelles et collectives,  de la  complexité des rapports de force et des négociations, des retards dans les engagements, des obstacles dans les applications, de l’ inertie des systèmes économiques et techniques, sans oublier de  la lenteur de l’évolution des écosystèmes, enfin par dessus tout, à cause de la puissance des logiques productivistes.

 

 – Troisième mécanisme : on agit pour une large part dans l’urgence 

 L’aggravation  des problèmes, des menaces et des drames de la dégradation environnementale  rend les urgences omniprésentes,  l’urgence devient une « catégorie centrale » du politique, elle fait d’ailleurs corps  avec le court terme qui constitue  une des logiques profondes du productivisme (voir sur ce blog les trois billets sur « Le productivisme ».). Il faut soulager des souffrances immédiates   à la suite de  catastrophes écologiques et  de  découvertes  de scandales  sanitaires  et écologiques.

On doit faire face à la fois aux urgences climatiques et à d’autres urgences, en particulier sociales. On doit aussi élaborer des politiques à long terme. En 2013 nous avions dit et écrit  qu’il fallait à la fois répondre aux fins de mois et aux fins du monde, c’était aussi une façon de dire entre autres  qu’il n’y a pas de politique écologique sans justice sociale.

 

 – Quatrième mécanisme : élaborer des politiques à long terme  demande du temps

S’il est nécessaire de soulager des souffrances immédiates,   il est aussi non moins nécessaire de lutter contre leurs causes par des politiques à long terme, ce qui  demande du temps,

Un des exemples les plus criants est celui des déplacés environnementaux. Ce silence scandaleux  dans  l’Accord de Paris de 2015 sur le climat en dit long sur ce qui constitue  déjà, aux yeux de certains, de nouvelles classes dangereuses en voie d’explosion dans les décennies à venir  et qu’il faudra contenir au besoin,  par tous les moyens, même les pires .

 Il faudrait d’ores et déjà adopter et appliquer un statut international, celui  par exemple élaboré par des universitaires de Limoges qui est considéré comme l’un des plus porteurs.

 Aujourd’hui il y a 15 à 20 millions de  déplacés environnementaux, vers 2100 on en attend au moins 150 millions. Des estimations vont maintenant  jusqu’à 1 à 2 milliards dans la mesure en particulier où  des mégapoles deviendraient  irrespirables et/ou  sous la montée des eaux.(Voir sur ce blog et ce site  « Les déplacés environnementaux »).

Et on revient au premier mécanisme :

…  le système s’accélère. Autrement dit : il n’est pas sûr que les prochaines générations futures aient beaucoup de temps devant elles pour mettre en œuvre des contre-mécanismes nombreux, radicaux et massifs.

Ajoutons   à cela que, pour compliquer les situations en matière environnementale (comme dans tel ou tel autre domaine), il y a de véritables bombes à retardement. Elles mettent du temps à se préparer mais elles peuvent soit continuer sous la forme de  pollutions diffuses soit  exploser violemment et basculer dans l’urgence,

 ainsi très vraisemblablement par exemple de véritables « Tchernobyls sous-marins » qui sont en route, des fûts de conteneurs radioactifs sont sous la pression des eaux et sous la destruction par la rouille, sans oublier des armes nucléaires qui dorment dans des sous-marins coulés.

 

 

 

XI-Quelles volontés,  quels moyens, quelles  marges de manœuvres pour un monde viable ?

 

 -Fondé sur les liens entre  productivisme , capitalisme et  anthropocène ,  le système mondial n’est-il pas condamnable du seul fait qu’il y ait  un enfant sur deux dans le monde en situation de détresse et/ou de danger ( maladies, misère, pauvreté, guerres…) et du seul fait que les marchés financiers ont pris, depuis 1971 (fin de la convertibilité du dollar en or), une large partie de la place des conducteurs  qu’étaient  les Etats et les entreprises, autrement dit une large partie de la place du politique et de l’économique ?

 –Le système mondial n’est-il pas condamné du seul fait  que plus de 5,4 milliards de dollars partent  chaque jour en 2020 vers les dépenses militaires mondiales, et du seul fait que des activités humaines entraînent un réchauffement climatique  qui menace l’ensemble du vivant , 3°C à 6°C -ou plus- d’élévation de la température moyenne du globe vers 2100 et à cette même date un  mètre  -ou plus-  d’élévation du niveau des mers ?

Le gigantesque et hypothétique  passage de ce  monde autodestructeur à un monde viable dépend   très probablement au moins de  trois  séries de conditions : des volontés(1), des moyens(2), des marges de manœuvres(3).  Ajoutons, mêlées à cela, les arrivées des imprévus, des improbables et des imprévisibles pour  le pire, l’entre-deux et /ou  le meilleur(?)

 

A-Quelles volontés pour un monde viable?

 

-La mise en œuvre des volontés est complexe entre autres parce que  chaque acteur, personne et collectivité, comme le dieu Janus, a deux faces, d’un côté  des parts de reproductions d’injustices, de pratiques non démocratiques, de violences, de dégradations de l’environnement  , d’un autre côté des parts de remises en cause dans ces différents domaines d’activités. Ces parts sont très variables et pour chaque acteur et entre les acteurs, et cela parfois même aux cours des vies, ainsi  celles d’un.e citoyen.ne, d’une association, d’une juridiction, d’une ville, d’une firme multinationale…

 –Comment passer de volontés souvent étouffées, dépassées, essoufflées, à des volontés de plus en plus naissantes, résistantes, à la recherche de nouveaux souffles ? Le schéma général de mise en œuvre,   déjà en route et à  venir ,    de moyens pour un monde viable est et serait vraisemblablement  le suivant :

– Des résistances et des pratiques alternatives de plus en plus nombreuses « à la base », par des personnes, des associations, des mouvements, des collectivités locales, d’autres  acteurs de toutes  sortes,  cela sous les pressions et des catastrophes et  des  logiques d’un système en route vers l’humanicide et le terricide .

-Des discours et des remises en cause, d’importances très variables, aux « sommets » des différents niveaux géographiques, locaux, régionaux, nationaux, continentaux ,internationaux, cela sous les pressions et des catastrophes  et de « la base »…

-Des  fissures « au cœur » des mécanismes du système mondial,  autrement dit dans l’intérêt commun de l’humanité   la détermination de limites radicales et contrôlées des acteurs les plus puissants que sont  les marchés financiers, le marché mondial,  la techno science ,  cela  sous les pressions et des catastrophes  et  de « la base » et des « sommets » et de l’intérieur de ce « cœur » des mécanismes su système mondial

B-Quels  moyens pour un monde viable ?

 

-D’une part ces moyens doivent être conformes aux finalités que l’on met en avant. Si l’on veut la démocratie il faut des moyens démocratiques, si l’on veut la justice il faut des moyens justes, si l’on veut la protection de l’environnement il faut des moyens écologiques, si l’on veut la paix il faut des moyens pacifiques. Cette pensée lumineuse de Gandhi n’est-elle pas incontournable  « Les fins sont dans les moyens comme l’arbre est dans la semence.» ?

-D’autre part, même si des moyens réformateurs  démocratiques, justes, écologiques et pacifiques peuvent être porteurs,  il faut avant tout penser et mettre en œuvre des moyens radicaux, c’est-à-dire remettant en cause chaque  mécanisme  par un contre-mécanisme aussi profond.  Parce que  la puissance  de l’autodestruction devient   telle qu’elle emporte et emportera de plus en plus vite   les êtres humains  et la plus grande partie du vivant.

Enumérons trop rapidement huit séries de   moyens  écologiques :

Supprimer enfin l’un des plus grands drames du monde, celui de l’absence d’accès à l’eau potable et à l’assainissement,

Mettre en œuvre  des transitions énergétiques massives,

 Réduire et éliminer  les modes de production, de consommation et de transport écologiquement non viables ,

 Lutter contre l’effondrement de la biodiversité,

Réparer les dégradations de régions  dans le monde ,

Conclure de nouvelles conventions et s’emparer des principes de droit de l’environnement,

Créer massivement des emplois  écologiques et relocaliser des activités,

Créer et développer des moyens juridiques et des moyens généraux de protection,

 Ralentir l’explosion démographique…

– Enumérons simplement  huit séries de moyens pacifiques :

 les  interdictions des recherches sur les armes de destruction massive,

 l’application des traités existants et de leurs protocoles et les  conclusions de nouveaux traités de  désarmement,

les remises en cause  des ventes d’armes, 

 la création  d’une véritable  sécurité collective mondiale enfin pensée et mise en œuvre,

l’avènement   de  ministères du désarmement,

 la consécration du droit à la paix ,  dont le droit à la sécurité et le droit au désarmement,

 la protection de l’environnement dans  les   conflits armés,

 le développement tous azimuts  d’une  éducation à la paixentre autres à travers l’apprentissage du règlement des conflits personnels et collectifs  et d’une éducation  aux droits de l’homme et à l’environnement.

 A cela s’ajoutent bien sûr des moyens justes, démocratiques et écologiques  porteurs de paix.

 

C-Quelles marges de manœuvres pour un monde viable ?

 

-Les marges de manœuvres se réduisent  à travers les générations. Nous avons reçu de trois générations passées ( 1850 à 1945 environ), un environnement pour une part atteint et faisant l’objet de destructions en marche sous les logiques du productivisme en route en fait depuis le XVème siècle et de l’anthropocène en route voilà donc plus  de 170 ans à travers les explosions des énergies fossiles et de la démographie.

Nos trois générations présentes (1945 -2030 environ),  ont produit un environnement pour une large part détruit et plongeant dans des apocalypses écologiques multiformes, en interactions et rapides, ainsi à travers le réchauffement climatique et les atteintes à la diversité biologique.

Les trois générations qui ont commencé à voir le jour et qui viennent (2030 à 2110 environ) se trouveront  donc devant une question vitale : cette forme de « veille de fin des temps », faite en particulier de nombreuses catastrophes écologiques, peut-elle encore se transformer sinon en une forme d’aube d’humanité en tout cas en un monde viable ?

– Les marges de manœuvres se compliquent  dans la prise en compte d’un grand nombre d’acteurs : Etats, organisations internationales et régionales, organisations non gouvernementales, collectivités territoriales, entreprises, firmes multinationales, banques, réseaux scientifiques, juridictions, associations, générations présentes, peuples, personnes,  générations futures…Quant aux acteurs au cœur du système mondial ( techno science, marchés financiers , marché mondial) ils  jouent un rôle essentiel dans la reproduction de cette  autodestruction et donc  dans la construction possible d’un contre- système viable.

-Les marges de manœuvres pour construire un monde viable se réduisent particulièrement dans le domaine de l’environnement. Quatre mécanismes ressemblent à une machine infernale.

Premier mécanisme : le système international s’accélère. Voilà une techno-science omniprésente et toujours en mouvement, un règne de la marchandise toujours à renouveler, une circulation rapide de capitaux, de produits, de services, d’informations qui font de la planète une sorte de grand village, les déplacements nombreux et rapides des êtres humains, l’explosion démographique mondiale, l’urbanisation accélérée du monde, la sacro-sainte croissance , les discours sur la compétition « naturelle » en particulier  économique et militaire, la prise de conscience d’une fragilité écologique de la planète provoquée par des activités humaines souvent sans limites. Qu’est-ce qu’une société qui ne se donne pas de limites ?

Second mécanisme : les réformes et les remises en cause pour protéger l’environnement sont souvent lentes : complexité des rapports de force et des négociations,  retards dans les engagements, obstacles dans les applications, inertie des systèmes économiques et techniques sans oublier la lenteur de l’évolution des écosystèmes.

Troisième mécanisme : l’aggravation des problèmes, des menaces et des drames fait que l’on agit  pour une large part dans l’urgence qui  tend à occuper une place centrale du politique.

Quatrième mécanisme : s’il est nécessaire de soulager des souffrances immédiates, il est aussi non moins nécessaire de lutter contre leurs causes par des politiques à long terme ce qui demande du temps,…or le système s’accélère.

 Autrement dit : il n’est pas sûr que les prochaines générations  aient beaucoup de temps devant elles pour mettre en œuvre des contre-mécanismes nombreux, radicaux et massifs.

 

D-Ainsi des éléments de réponses aux trois questions posées pourraient être les suivants :

-Les volontés ? Différents acteurs, des plus petits aux plus grands, dans de multiples lieux,  peuvent les construire, entre autres à travers des rapports de force et des pédagogies radicales  des catastrophes. Les puissants ne partagent pratiquement jamais d’eux-mêmes, ils ne le font qu’à travers des rapports de forces portés par des volontés qui les y contraignent  ou exceptionnellement si des catastrophes les poussent  à des remises en cause, mais la catastrophe loin de là  n’est pas vertueuse en elle-même.

-Les moyens ? Ils sont parfois pensés, trop rarement mis en œuvre, il faut donc s’en emparer, à chaque mécanisme d’autodestruction doit répondre un contre-mécanisme pour un monde viable.

-Les marges de manœuvres ? Les quelques générations qui arrivent en auront-elles suffisamment pour qu’à travers de multiples volontés ces moyens viables voient le jour ? « Elles  ne savaient pas que c’était impossible alors elles l’ont fait. »

 

 

L’Accord de Paris sur le climat : remarques terminales

 

 

 

1-La COP 26 du 1er au 12 novembre et les COP à venir…

L‘Accord de Paris de 2015 prévoit de limiter la température en dessous de 2°C, voire à 1,5°C comparé à la période pré- industrielle.

 Pour tenir cet objectif, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7,6 % par an entre 2020 et 2030, selon l’ONU.

Les deux critères clefs des avancées  seront bien sûr

les engagements renforcés des Etats en pourcentage de réductions et en dates plus rapprochées,

les engagements financiers beaucoup plus massifs  dans l’aide à l’atténuation et à l’adaptation.

Il y aura des avancées malgré des blocages, des avancées à cette COP …  ou à la suivante.

2-Les trois hypothèses par rapport à l’Accord de Paris.

 Si  l’Accord de Paris (2015) sur le climat était  appliqué en l’état  l’augmentation de la température  serait de l’ordre de 3,5°C vers la fin du siècle. Situation encore gravissime.

Si  l’Accord de Paris n’était pas appliqué le réchauffement serait de 4°C à 6°C, voire plus, vers 2100.Autant dire que la sixième extinction des espèces (humains compris) serait en voie d’effacer le  vivant ou la plus grande partie du vivant. 

Si l’Accord de Paris contribuait à donner le jour à de nouveaux engagements, radicaux, massifs et appliqués, le vivant aurait alors  probablement   des chances de survie.

 

 3-De puissants obstacles : les interactions et l’accélération

C’est bien là le drame . Avec du temps et  une vingtaine  ou trentaine de COP à venir(2030-2040) on serait probablement passé lentement des intérêts nationaux à des intérêts communs puis à l’intérêt commun de l’humanité.

On serait passé de fonds dérisoires à des fonds massifs puis  gigantesques .

Cela apparait  être une entreprise de plus en plus surhumaine parce que les COP ont face à elles  deux puissants obstacles.

Nous les avons rencontrés, ce sont les interactions et l’accélération.

On ne peut faire face aux interactions que par une série de conférences, de luttes multiples et de remises en cause du local au mondial dans l’ensemble des activités humaines.

On ne peut faire face à l’accélération qu’en fixant  des limites  au cœur des activités humaines, et qu’en prenant  en compte des théories et des pratiques de décroissance. On ne peut pas faire impasse sur les remises en cause de la compétition. Les coopérations et les solidarités doivent y faire face. « Il faut qu’une conscience écologique de la solidarité se substitue à la culture de compétition qui régit les rapports mondiaux ». (Edgar Morin)

  4-Un point d’interrogation  sur  le temps qui reste et, malgré tout ( !?…), une forme d’espérance .

Ainsi  les réformes et les remises en cause  pour démonter  cette machine infernale doivent être tellement titanesques  qu’il n’est pas sûr que nos générations et les prochaines   aient beaucoup de temps devant elles pour éviter, si c’est encore possible, de plus en plus  d’irréversibilités.

Pourtant une forme d’espérance est possible.

Albert Camus écrivait   « J’ai  toujours pensé que si l’homme qui espérait dans la condition humaine était un fou, celui qui désespérait de la condition humaine était un lâche.”

  Si nous voulions aller dans ce sens, peut-être pourrions-nous ajouter l’espoir, ou bien plus l’espérance, que continuent à agir et que viennent au monde de plus en plus de « fous ».

Des « fous » qui  contribuent et contribueront, du local au mondial, personnellement et collectivement , à penser et à mettre en œuvre des moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques.

 

 5-Partageons enfin  quatre pensées qui peuvent être porteuses  :

 « Le désespoir révèle les limites de l’espoir et l’espoir les limites du désespoir. Mais le désespoir correspond à la face inerte de la réalité et l’espoir à l’action. Dans ce sens l’espoir est plus vrai que le désespoir. » (Edgar Morin)

 « Il n’est pas plus insensé de s’abandonner à un espoir, celui de la survie de l’humanité, que de le repousser au nom d’un prétendu réalisme qui n’est que le consentement défaitiste au suicide de l’espèce. » ( Jean Rostand ) 

« Il faut avoir à la fois le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté. »(Antonio Gramsci). On peut ajouter  que,  s’appuyant l’un sur l’autre, ils  deviennent des couples de combats.

La dernière pensée vient d’ un humoriste « Tant que l’espoir demeure au niveau de l’espérance il n’y a pas lieu de désespérer puisque rien de ce qui est fini n’est jamais totalement achevé tant que tout n’est pas totalement terminé. » (Pierre Dac).

 

Les dernières  paroles viendront du  poète Pablo Neruda et d’une chanson du peuple  Inuit.

6Le souffle d’une espérance possible.

 

Voilà donc ces moments où il peut ne plus y avoir d’espoir et où, si on en trouve la force, il faut commencer à espérer. Ces moments existent, entre autres, au cœur de catastrophes écologiques.

Voilà des survivants, une personne, une famille, la population d’un village, d’une ville, qui trouvent des forces au-delà de leurs forces et qui arrivent à se remettre debout.

Pablo Neruda fait dire à tous les peuples qui sombrent dans les drames, à tous les peuples martyrs de notre Terre, dans un cri terrible et un espoir fou : « Aucune agonie ne nous fera mourir ! »

Ainsi, quand elles existent, les ténèbres ou l’obscurité de l’instant peuvent aussi être replacées sur les chemins de l’espérance qui accompagne les êtres humains et que porte l’humanité.

 L’espérance de l’humanité, ce sont les vies de ceux et celles qui nous ont précédés à travers ces témoins d’humanité, connus et inconnus, luttant contre les forces de mort, c’est ce patrimoine culturel qu’ils nous laissent avec une immense chance, un immense bonheur de le découvrir et de le partager.

 L’espérance de l’humanité, ce sont les vies de générations présentes qui, si elles arrivent à mettre en œuvre des moyens démocratiques, justes, pacifiques et écologiques porteront un projet d’humanité, qui les portera alors à son tour.

L’espérance de l’humanité ce sont les vies de ceux et celles qui vont nous suivre et qui peuvent nous dire : notre confiance en vous, nous la risquons encore et encore. Essayez aussi, nous vous les prêtons, d’aimer le monde avec les yeux et les cœurs de ceux et celles qui ne sont pas encore nés, et puis n’oubliez pas de nous laisser des marges de manœuvres pour  devenir ce que nous voudrons être.

Ainsi à travers le temps, les vies, nos vies, «  anneau après anneau, maille après maille » finiront peut-être par accoucher de milliards de petits soleils (en tous les cas bien avant que notre Soleil ne s’éteigne).

 7-Une invitation à l’essentiel.

S’il y a le sens de l’abîme, s’il y a le souffle d’une espérance possible, n’y a-t-il pas aussi, tout simplement, une invitation à l’essentiel,

par exemple celle exprimée par un peuple au cœur d’une catastrophe écologique, à travers cette chanson du peuple « Inuit » qui dans leur langue autochtone veut dire « êtres humains »:

 « Et pourtant, pourtant : il y a une chose qui est grande

C’est, dans la cabane, sur le bord du chemin,

De voir venir le jour, le grand jour

Et la lumière qui emplit le monde. »

 

Par exemple cette autre invitation à l’essentiel  exprimée aussi  par un vieux texte indien d’Amérique:

« Les fleuves coulent, la mer chante, les océans grondent, les marées montent.

Qui suis-je? Un  grain de sable sur une grève immense.

Et qui suis-je pour demander « qui suis-je? »

N’est-ce pas assez d’être? »