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au trésor des souffles

humanité

l’espérance de l’humanité

1-L’humanité  n’est pas une illusion fumeuse, une incantation magique, une représentation impossible, une nébuleuse floue, un  tout sans ses  parties ou des parties sans son  tout, une étoile inaccessible,  l’occasion d’un exercice de trémolos dans la voix  ou un gadget pour idéaliste …

L’humanité n’est pas  un refuge à l’abri du présent,  une fuite des responsabilités, un mythe d’une communauté unanime, une forme d’appel à la bonne conscience,   un immense  cortège ne distinguant plus les responsables et les victimes, un souci de luxe de fins du monde loin des fins de mois, un lot de consolation distribué par les maitres aux esclaves  ou le camouflage d’un gigantesque  cimetière des rêves trahis et des espoirs déçus…

 

 

2-L’humanité s’incarne à travers les temps et les lieux. Si nous sommes à l’écoute nous pouvons entendre encore les pas de ceux et celles qui nous ont précédés, et déjà les pas de ceux et celles qui vont nous suivre. L’humanité est à la fois et tour à tour  un héritage,  un temps présent, une promesse.

 Pour résister à l’intolérable et pour construire un monde démocratique, juste, écologique, pacifique, le souffle de ceux et celles qui nous ont précédés et celui de ceux et celles qui vont nous suivre peuvent contribuer à nous porter, mais c’est notre souffle, celui des vivants que l’on attend. Et c’est notre souffle qui nous attend.

 Crier chanter embrasser  vivre l’espoir, mais lequel ? Celui par exemple de  nos remises en cause, personnelles et collectives qui permettraient de commencer à sortir de ce système productiviste humanicide et terricide , remises en cause qui donneraient  plus de marges de manœuvres surtout aux générations  encore jeunes, et à celles qui naitront dans les quelques décennies à venir : ne seront-elles pas aux avant-postes de tous les défis ? Puissent-elles connaitre la fraternité, l’amitié, l’amour qui  peuvent qualifier la vie !

 Et  mon  humanité ? Ne sera-t-elle pas d’autant plus vivante que la voilà partie prenante (« un sac pour recevoir ») et donnante (« un sac pour donner ») dans la chaine des générations ? Ne peut-elle pas  contribuer à me transformer ?  Plus nous portons un projet d’humanité  plus il peut nous porter à son tour. Serons-nous, personnellement et collectivement, indifférents, tièdes, somnolents, désenchantés, résignés  ou voulons-nous devenir des veilleurs debout ?

 3- Lorsque, dans nos vies personnelles et/ou collectives, existent la grisaille, les brouillards, les ombres, l’obscurité ou les ténèbres de certains instants présents, ne pouvons-nous pas essayer, autant que faire se peut ( ?!…), de les  resituer  dans  la perspective de l’espérance de l’humanité ? Difficile à exprimer, mais encore  beaucoup plus difficile – ou parfois impossible-  à  vivre, et pourtant ce peut être une  force  et une chance que  celle d’entrer dans cette espérance de l’humanité.

 L’espérance de l’humanité pour des croyants c’est celle d’un dieu qui n’abandonne pas les êtres humains, qui les aime et les appelle à aimer. Il y a aussi une autre façon de la concevoir  et de la vivre, soit complémentaire soit exclusive de la précédente. Ainsi l’espérance de l’humanité

ce sont les vies  de ceux et celles qui nous  ont précédés à travers ces témoins d’humanité, connus et inconnus, luttant contre des forces de mort, c’est ce patrimoine culturel qu’ils nous laissent avec une immense chance, un grand bonheur de le découvrir et de le partager,

 ce sont les vies de ceux et celles  qui sont présents  aujourd’hui, ces générations vivantes qui, si elles arrivent à  penser et à mettre en œuvre des moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques, porteront un projet d’humanité, alors, oui, il les portera à son tour,

ce sont les vies de ceux et celles qui vont nous suivre et qui peuvent nous dire : notre confiance en vous nous la risquons  à nouveau. Essayez, nous vous les prêtons, d’aimer le monde avec les cœurs et les esprits de ceux et celles qui vont arriver, et puis  laissez-nous la liberté de devenir ce que nous voudrons être.

 

 Pablo Neruda fait dire à tous les peuples martyrs « Aucune agonie ne nous fera mourir» !

Cri de grande douleur, de résistance acharnée  et d’espoir fou ! 

 La douleur peut nous casser, la fraternité peut, encore et encore,  contribuer à nous mettre debout.

 Ainsi, tant que dureront les êtres humains, l’espérance de l’humanité n’est-elle pas  inépuisable ?