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au trésor des souffles

Biographie rapide

Biographie rapide

Sept éléments d’une biographie, rapide comme une vie même longue et une bibliographie qui se veut pour une large part à cœur ouvert.

1) Une personne  se voulant à la recherche de l’essentiel  

-L’essentiel ?

En terminant mes études à Toulouse en 1972 j’avais dit à mes ami(e)s qu’au soir de ma vie je voudrais  que « le dérisoire, l’accident, l’inutile disparaissent plus ou moins et qu’il me reste l’essentiel. »

L’essentiel c’est ce qui passe avant l’important, le secondaire, le détail.

Comme le dieu Janus cet essentiel a vu peu à peu le jour avec deux visages.

 

-La recherche d’une certaine qualité de relations humaines

Elle peut  contribuer à briser des solitudes, à changer des destins, à qualifier des vies.

L’amour, l’amitié, la fraternité, l’art (ainsi la musique, le cinéma, la littérature, la poésie…) sont très probablement  ce que les êtres humains ont inventé de plus merveilleux.

 

-Les luttes contre l’inacceptable et pour le vivant

Contribuer à la remise en cause (capacité de dénonciation) du système productiviste mondial, système pour une large part  autoritaire, injuste, anti écologique, violent.

Contribuer à penser et à mettre en œuvre (capacité de proposition), à tous les niveaux géographiques, des moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques pour construire une communauté mondiale viable. « La fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la semence » (Gandhi), pensée lumineuse dans ma vie. )

 

2) Des familles

Jean-Marc Lavieille, né en 1946  à Brive (donc 74 ans fin 2020), père pharmacien passionné de botanique qui démontre dans sa thèse  en 1932 le pouvoir sucrant de la stévia ,  mère au foyer, deux sœurs, un frère.

-Etudes primaires et secondaires à Brive, j’adorais   la poésie et la philosophie (bien avant la terminale), études universitaires à Toulouse.

-A douze ans je suis sauvé par la chirurgie, je prends alors deux décisions: remercier souvent la vie et voir les personnes surtout avec leurs beaux et bons côtés (sans faire preuve de naïveté  mais en nous encourageant dans le meilleur qui est  souvent possible.)

-Je vis  à Limoges et surtout dans le Lot, marié depuis quarante deux ans, ma femme a été médecin des enfants handicapés, maintenant retraitée elle aussi.

-Nous avons la joie et la chance d’avoir quatre enfants et sept petits-enfants. Importantes ont été et sont aussi les  familles de chacun de  nous .

 

3) Des ami(e)s

-Essentiel(le)s sont aussi des ami(e)s rencontré(e)s à différents âges et dans différents lieux de vie.

-Ainsi dans l’enfance et l’adolescence à travers les scouts  et la création d’une troupe de théâtre, amis aussi à la  Fac .

-Ainsi  dans la profession d’enseignant-chercheur : des collègues, des personnels de la Faculté,  et d’autres facs, des étudiant(e)s devenu(e)s des  ami(e)s.

-Ainsi  dans de nombreux  mouvements  associatifs des militants formidables.

-Ainsi  une trentaine  d’« amis  toujours vivants », auteurs d’ouvrages merveilleux  à travers les temps, de Marc Aurèle à Edgar Morin.

 

4) Un enseignant

-Pendant ma première année de droit je découvre des ouvrages et articles  sur « le tiers-monde ».  J’abandonne alors  une  vocation  théâtrale et crée, avec le soutien du directeur, Pierre Vellas,  pendant la  troisième année de droit,  dans la bibliothèque de l’Institut des relations internationales de Toulouse, un secteur  consacré aux pays et aux populations du tiers-monde.

-Après des études de droit, de sciences politiques et de relations internationales , ma thèse en 1972 porte sur «  La coordination et la planification internationales de l’éducation »(voir liste des ouvrages).L’UNESCO  n’avait  pas  le profil de poste auquel j’aspirais, l’enseignement me tentait, j’apprends  que la Faculté de droit et des sciences économiques de Limoges cherchait un chargé de cours, je candidate et j’ai la chance d’être recruté en droit public sous la direction du  Doyen Robert Savy.

A enseigné à l’Université de Limoges de 1972 à 2013, onze disciplines mais  essentiellement  les relations internationales, les grands problèmes politiques contemporains, le droit international public et le droit international de l’environnement, cela des premières années de droit et des premières années jusqu’aux DEA, D.U, Masters, a enseigné aussi dans 42 séries de formation    continue, superbes occasions de partager des questions  en particulier avec de nombreux professionnels.

-A  créé avec Michel Prieur  et puis  dirigé le « Master de droit international et comparé de l’environnement » qui avait pour chaque promotion en moyenne  120 étudiants d’une vingtaine de  pays, qui concerne chaque année en moyenne 100 à 120 candidats retenus,
originaires de 20 à 25 pays, sur 400 à 450 candidatures originaires de 35 à 40 pays, il y a eu 690 diplômés de 2004 à 2012.

-La promotion 2013  de ce master porte le nom de « JML ».Ainsi donc qu’une autre promotion d’une formation de droit de l’environnement  en  2020  à Bordeaux.

A eu la chance d’enseigner en 41 ans à environ 48.000 étudiants, a répondu oralement en cours à près de  5100 questions (gardées dans des cartons) posées par écrit la semaine précédent les réponses, a accompagné 322 mémoires, participé à une vingtaine de jurys de thèse .

…Sans oublier probablement de l’ordre de 2822-ou 23  ?-  craies dont les traces aux tableaux  sont  aujourd’hui effacées et une bonne vingtaine ( ? ) de paires de chaussures usées dans les amphis et les petites salles (plaisanterie  bien sûr pour critiquer mes « recensements.»)

-A fait une cinquantaine d’interventions (conférences) à la demande d’universités, d’universités « du troisième âge » et d’associations.

-A fait 12 interventions pour présenter ses deux  ouvrages sur la paix. Est  allé   au Brésil qui demandait un  enseignement le droit international de l’environnement.

-J’ai toujours beaucoup aimé la pédagogie. Quelques idées fortes ?

 

  -/« Est régressive toute pensée selon laquelle l’individu est et n’a pas à se construire »/    (Simone  de Beauvoir)

-/Ne pas perdre de vue le sens des ensembles. /

– /Les méthodes sont précieuses, il faut passer du temps à les découvrir. /

-/« Il ne suffit pas de parler, il faut parler juste. » / (Shakespeare)

  -/Pour mieux avancer une idée il faudrait la dire trois fois : on l’annonce, on la développe, on la résume. /

-/Argumenter a priori, a posteriori mais aussi a contrario ( oui , sans doute, mais…)  /

 -/Ne faut-il pas avoir avec soi une veilleuse allumée, celle de notre capacité au questionnement ?  /

-/Ne faut-il apprendre à  ranger et à déranger ses pensées ? Quels ordres et quelles remises en cause ? Par quels moyens ?/

-/« Penser c’est dialoguer avec l’incertitude et la complexité »/ (Edgar Morin).

 

 –Les logiques productivistes fondées sur la soumission et la compétition ont tendance, de façons certes très variables, à donner des individus écrasés (obéissance), désolés (fatalité), isolés (administration des peurs), fanatisés (la fin justifie les moyens).

 

-Il s’agit au contraire de promouvoir des logiques d’éducation à la paix fondées sur la résistance et la solidarité.

Celles-ci impliquent face à l’obéissance : l’esprit critique et la responsabilité, face à la fatalité : la formation à l’autonomie, face à l’administration des peurs : le respect des différences, face à la fin qui justifie les moyens : le choix de moyens conformes aux fins que l’on propose. Ainsi l’éducation à la paix peut  être un des chemins de la paix.

 

 -Je crois que deux questions  posées dans nos vies d’enseignants pourraient être les suivantes :

 Avons- nous contribué à irriguer des visages, des intelligences, à faire naitre des déterminations, à allumer des feux ?

 Qu’avons-nous accepté de recevoir de nos enseignés : quelles valeurs, quelles inquiétudes, quelles remises en cause, quelles questions?

 

5) Un chercheur

-A  écrit  70 articles publiés dans des revues, a publié  9 livres, codirigé 2 ouvrages et écrit un ouvrage avec deux collègues, soit au total près de  5000  pages, et aussi  14 articles  dans des journaux, 25 dans des revues associatives.

-A travaillé dans l’équipe,  conviviale ,  combattive et compétente, du laboratoire de droit de l’environnement, le  CRIDEAU  de l’Université de Limoges avec pour premier directeur Michel Prieur .  A été à l’origine de quatre colloques internationaux (en particulier avec un collègue celui sur « les catastrophes écologiques et le droit »dont les actes sont publiés (voir liste ci-dessous) ). A contribué à l’organisation des trois  réunions mondiales (1991,2001, 2011) des juristes de l’environnement qui produisaient des « Déclarations  » publiées ensuite, ces grandes réunions  représentaient un bouillonnement d’alternatives et de chaleureuses   fraternités .

-A été dans l’équipe qui a écrit un projet de convention sur les droits des déplacés environnementaux. A été pendant dix ans  arbitre pour la  France  en Antarctique… où je n’ai jamais été appelé. A participé à l’écriture du parcours du Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane et à l’écriture du projet en 2015 de Déclaration universelle des droits de l’humanité.

-J’ai toujours préféré  les analyses globales et prospectives aux démonstrations détaillées  pour lesquelles je n’étais pas très doué et qui me motivaient moins. Il est important d’essayer de connaitre ses forces et ses faiblesses et pour soi et pour les siens et pour  les autres et  pour un  travail en équipe et pour la société dans laquelle on se trouve  .

-Je crois que l’une des questions  la plus souvent posée dans mes écrits et mes interventions orales a été la suivante   :

cette veille de fin des temps peut-elle encore, avec quels moyens, quelles volontés et quelles marges de manœuvres ,  se transformer en une forme d’aube de l’humanité ?

 Je l’avais écrite en 1972 au début de mes enseignements sur un mur de mon bureau, elle y est toujours restée. En 1986 j’ai rajouté « marges de manœuvres », cela après le drame de Tchernobyl, l’un des derniers avertissements que l’humanité se donne à elle-même.

 

6) Un militant

 -A  contribué à créer, de 1960 à 2000, 15 associations dont 2 coordinations  à Brive et à Limoges (« Maison des droits de l’homme »,anciennement « Le point-rencontre »).

A présidé trois ans une ONG, « l’Union des comités de jumelage-coopération », devenue « l’Union des comités pour le  développement des peuples ».A participé à 6 associations et trois équipes nationales. Période de vie bouillonnante.

-J’ai dû arrêter en 2000 d’une part pris par le master à distance  qui demandait beaucoup  de temps et, d’autre part, prenant en compte la nécessité des relèves dans les associations.

-Ces associations et ces coordinations (je passe sur leurs noms repris dans la bibliographie détaillée) que j’ai lancées, avec un deux ou trois amis,  étaient  et sont  celles de luttes

pour la justice (au départ bouleversé par un voyage associatif au Bangladesh en 1973),

pour la démocratie (au départ révolté par le coup d’Etat militaire au Chili en 1973),

pour l’environnement (au départ résistant contre le nucléaire à Creys Malville en 1977),

pour la paix (au départ  protestant  au Salon du Bourget  contre les ventes d’armes en 1978).

 

J’ai toujours été proche de multiples « résistances non-violentes »  face à l’inacceptable et tourné vers les utopies créatrices, concrètes, pas celles des nuages mais celles des alternatives.

«Il faut avoir le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté »,

 et l’optimisme de la volonté il en faut beaucoup : çà réduit à la cuisson…

 

-Je mesure avec déchirement  l’échec global, à ce jour fin 2020, dans les  deux domaines qui me tiennent le plus à cœur, l’environnement (malgré des avancées) et la paix, en particulier par rapport à la course aux armements(  5 milliards de dollars chaque jour de dépenses militaires mondiales en 2019).

Raisons de plus pour agir encore et encore.

-Si vous me demandez quelle est ma plus grande tristesse ? Qu’il y ait, depuis bien longtemps,  encore  en  2018  un enfant sur deux dans le monde en situation de détresse et/ou de danger (guerres, maladies, misère…)

Les pensées suivantes peuvent contribuer à  donner du souffle :

« Il n’est pas plus insensé de s’abandonner à un espoir, celui de la survie de l’humanité, que de le repousser au nom d’un prétendu réalisme qui n’est que le consentement défaitiste au suicide de l’espèce. »(Jean Rostand)

« Le désespoir révèle les limites de l’espoir et l’espoir les limites du désespoir. Mais le désespoir correspond à la face inerte de la réalité et l’espoir à l’action. Dans ce sens l’espoir est plus vrai que le désespoir. » (Edgar Morin)

« Lorsque n’existe aucun espoir raisonnablement acceptable l’espérance doit jouer. C’est au moment où il n’y a plus d’espoir qu’il faut commencer à espérer. » (Jacques Ellul)

« Tant que l’espoir demeure au niveau de l’espérance il n’y a pas lieu de désespérer puisque rien de ce qui est fini n’est jamais totalement achevé tant que tout n’est pas totalement terminé. » (Pierre Dac ,  grand humoriste).

 

7) Un retraité

Encore  temps  et déjà tard…

Depuis septembre 2013, un  double objectif : participer et se détacher .

-Quelques  soutiens associatifs, des interventions dans une école pour faire partager des lectures de petits contes aux enfants , de rares interventions au laboratoire de droit de l’environnement puis leur arrêt, une vingtaine d’interventions à la demande, par exemple  en master « Quels devenirs pour l’humanité ? », à l’Université  « La Déclaration sur le bien commun de l’humanité »,  à  Alternatiba et à la COP21 sur « les déplacés environnementaux », sur « les droits de l’humanité », à un  colloque des droits de l’homme  sur la fraternité « La fraternité est-elle transgénérationnelle? », trois interventions à l’Université « de tous les âges »  sur « L’humanité »  …

-A partir de janvier  2019 j’ai décidé faire d’interventions orales, apprendre à reconnaitre ses limites (pas seulement à la retraite)  est difficile mais me semble essentiel de multiples points de vues.

Ainsi deux pensées, aux profondeurs impressionnantes, m’accompagnent ici depuis longtemps, des points de vue personnel et collectif :

l’une de Jacques Ellul : « Qu’est-ce qu’une société qui ne se donne pas de limites ? » ( !?…)

l’autre de Nietzsche : « Il faut quitter la vie non pas amoureux d’elle mais en la bénissant. » ( !?… )

-Enfin je suis heureux d’écrire régulièrement sur un   site (autresordessouffles.fr)  et  sur un  blog  (médiapart blog Lavieille) .

-A cela s’ajoutent quelques autres activités dont la marche sur des chemins du Lot et  ses villages souvent   sublimes ,

– et bien sûr  l’accueil des enfants, petits-enfants, familles et ami(e)s…

Si j’avais mes forces de trente ans je créerai aujourd’hui, avec quelques amis porteurs d’une volonté   à toute épreuve, deux grandes ONG (n’oubliez pas que, par exemple, Greenpeace et Amnesty international ont vu le jour grâce seulement à quelques personnes  ) :

Une « Internationale de la lenteur » (site et blog voir les articles sur l’accélération du système mondial)

Une  « Internationale de l’éducation à la paix et à l’environnement » (site et blog voir les articles et sur l’une et sur l’autre).

Elles contribueraient à fédérer et renforcer  les ONG existantes et à en créer de nouvelles.

-Oui, certes se détacher (proverbe indien : « Venir au monde les mains closes, quitter ce monde les mains ouvertes »), mais aussi espérer voir apparaitre, face à cette forme de veille de fin des temps, ici et là des aubes d’humanité. Oui, essayer d’être  des  veilleurs debout qui ont voulu faire confiance à l’aurore.

– Alors viendra le moment   où, comme maillon de la chaine humaine, après avoir eu la chance et la force de prendre le temps de vivre, d’aimer, de lutter, avec Pablo Neruda («Troisième Livre des odes, ode à l’âge ») nous pourrons   dire  :

Maintenant, temps,

je t’enroule,

je te dépose dans ma boîte sylvestre

et je m’en vais pêcher

avec ta longue ligne

les poissons de l’aurore !