Sélectionner une page

au trésor des souffles

Justice

La justice et les luttes contre les inégalités

IV- La justice et les luttes contre les inégalités

 

Pourquoi ne pas partir d’un  immense « penseur »,  Héraclite (né vers 510 av.J.-C., mort autour de 450 av.J.-C.) ? Sa pensée a été magnifiquement expliquée par Kostas Axelos  (Héraclite et la philosophie, Les éditions de minuit, 1971, sur la justice voir pages 156 et 157).

Que dit l’un des « fragments » parvenus jusqu’à nous ? Cette lutte des contraires, l’un des points forts de sa pensée, la voilà appliquée avec simplicité et luminosité à la justice dans le fragment 23 : « Les hommes ne connaitraient même pas le nom de justice si les choses injustes n’existaient pas ».Autrement dit le positif (la justice) et le négatif (injustices) agissent simultanément.

 Kostas Axelos écrit « Ce n’est pas la loi qui est le dernier mot d’Héraclite sur la cité mais la justice. La justice c’est l’âme de la loi qui maintient la cité. La justice se manifeste dans la lutte, qui plus est, elle est lutte. »

Ainsi donc dans le monde d’aujourd’hui quelles sont les injustices ? Comment les combattre et y mettre fin ?

 Nous soulignerons les injustices les plus criantes (A),

nous mettrons ensuite en avant des contre-mécanismes qui contribueraient à y mettre fin (B).

 

A-Des injustices  criantes dans le monde aujourd’hui

 

Ces injustices sont globales(1), elles sont aussi particulières (2). Quels sont les rapports entre  inégalités,  causes de mortalité et  débâcle écologique (2019) ? (3).  Selon une grande ONG en 2019 quelles sont les inégalités criantes ? (4).

 

1- Les injustices globales dans le monde 

« Les  victimes des injustices économiques sont ainsi, sans le moindre remords, sacrifiées sur l’autel de l’ordre public. Jusqu’à quand ? »  écrit  Eduardo Galeano (Le Monde diplomatique, Guerre aux pauvres, août 1996).

  Les quatre réalités qui suivent sont soulignées, en 2010, 2011 par des institutions spécialisées des Nations Unies, des organes subsidiaires et des programmes de cette organisation internationale, par exemple le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

  1. a) En 2010 , selon l’UNICEF, un enfant sur deux dans le monde est en situation de détresse et/ou de danger(misères, sous-nutrition, maladies, guerres…). Si une civilisation se juge en particulier au sort qu’elle réserve à ses enfants… le jugement   de condamnation  est sans  appel.
  2. b) En 2011, selon l’OMS, dans les pays à faibles revenus 4 décès sur 10 touchaient des enfants de moins de 15 ans, dans les pays à revenus élevés 1 enfant sur 100.

L’inégalité devant la mort existe pour l’ enfant  selon le pays où il  vit.

  1. c)  En 2011, selon le PNUD, moins de 10%  de la population mondiale dispose de 82% du patrimoine mondial, alors que 70% de cette population mondiale disposent de 3% du patrimoine mondial. C’est ce que l’on appelle une violence structurelle gigantesque.
  2. d) Enfin fin  2011, selon les Nations Unies ,  4,5milliards de personnes se trouvent dans le besoin avec le minimum vital, 1,5milliard de personnes est en situation de survie (avec moins de 1,25 dollar par jour) et 1 milliard vit dans l’aisance. On voit  particulièrement bien que le système ne répond pas aux besoins importants ou criants de la grande majorité de la population mondiale.

 

2-Des injustices particulières dans le monde aujourd’hui

Soyons plus précis  en partant, en 2012 et 2013, de neuf séries d’inégalités terribles, cette liste des drames est très  loin d’être exhaustive.

  1. a) Le drame de la faim touche 842 millions de personnes (Programme alimentaire mondial, L’état d’insécurité alimentaire dans le monde, 2013) (156 millions de moins qu’en 1990).La majorité des personnes sous-alimentées vit  en Asie (552millions).La mauvaise nutrition provoque dans le monde la mort de 3,1 millions d’enfants de moins de 5 ans chaque année. La  faim est considérée comme le « premier risque sanitaire dans le monde. »
  2. b) Le drame de l’absence d’eau potable

Le rapport de l’OMS de mai 2013 réévalue le drame à la hausse : 2,4 milliards de personnes qui n’ont  pas accès à de l’eau potable. Un des spécialistes de l’eau (Gérard Payen, De l’eau pour tous, éditions Armand Colin, 2013) affirme  que 3,6 milliards de personnes consomment de l’eau qui « n’est  pas sûre » et 1,8 milliard  de personnes consomment chaque jour « une eau dangereuse. »

Chaque minute sept personnes meurent de maladies liées à l’eau insalubre, 10.080 chaque jour. Les choix financiers la plupart du temps n’ont pas vu le jour. Ce drame est d’autant plus scandaleux que les moyens sont à disposition. Quelle honte, quel écoeurement, quels aveuglements, quelles incapacités de partager, quelles responsabilités refusées, quelles récessions des volontés !!!

Justice vous avez dit justice ?

(Voir aussi le très bon ouvrage de Bernard Drobenko, Le droit à l’eau : urgence humanitaire, éditions Johanet, 2ème édition, 2012.)

  1. c) Le drame de l’absence de toilettes

Le 19 novembre (journée internationale des toilettes) 2012 il  a été confirmé que 2,4 milliards de personnes (40%  de la population mondiale) n’ont pas de toilettes ou ont des toilettes insalubres.

Ce droit à l’assainissement est capital, son absence d’effectivité provoque de multiples infections et entraine la mort de 7500 personnes par jour, dont 5000 enfants, et de 3,6 millions de décès chaque année, c’est un drame mondial sanitaire et environnemental.

  1. d) Le drame des maladies qui tuent sans vaccinations ou soins. Malgré les progrès en 2011 il y avait 158.000 décès par rougeole dans le monde, dont 95% dans des pays à faibles revenus, en 2011 le choléra  a provoqué 120.000 décès , cela sans sels de réhydratation orale et sans vaccinations. L’inégalité de l’accès aux médicaments  relatifs au  sida existe toujours malgré des améliorations…
  2. e) Les inégalités dans l’espérance de vie

Selon la division des populations des Nations Unies de 2005 à 2010 l’espérance de vie pour la population mondiale (hommes et femmes confondus) était de 67,6ans, pour les pays développés de 77,1, pour les pays en développement de 67,7, pour les pays les plus pauvres 55,9.

Si l’on prend les extrêmes des régions en Afrique subsaharienne 51,5, en Europe de l’Ouest 80,3 , il y a donc prés de 30 ans de différence. Si l’on prend deux pays extrêmes l’Afghanistan 43,6 et le Japon 82,7  il y a près de 40 ans d’écart.

  1. f) Les inégalités dans l’éducation

Le 10ème rapport annuel du programme de « l’éducation pour tous » (à Dakar en 2000 six objectifs ont été fixés pour 2015, ils ne seront pas atteints dans la plupart des pays) souligne des progrès mais aussi  de nombreuses réalités sombres. Ainsi  61 millions d’enfants (9%) ne vont pas à l’école, 250 millions d’enfants scolarisés ou non(39% du total des enfants en âge de l’enseignement primaire) ne savent ni lire ni écrire, et dans les pays développés 160 millions d’adultes (22%) « n’ont pas les qualifications nécessaires pour postuler à un emploi  ou lire un journal. »

  1. g) Les inégalités relatives au niveau de vie

En 2011 selon les données , en parité de pouvoir d’achat, de la Banque mondiale,  rapportées par l’Observatoire des inégalités, le Pib par habitant des pays de l’OCDE (30335dollars par an) est trois fois supérieur à la moyenne mondiale(10103dollars) et 22 fois supérieur à celui des habitants des pays les moins développés (1356 dollars).

Le niveau d’un habitant en Afrique subsaharienne (2094dollars) est cinq fois inférieur à la moyenne mondiale(10103).Le niveau de vie d’un habitant des Etats Unis (42500 dollars) est 43 fois plus élevé qu’un habitant d’Ethiopie (979 dollars).

  1. h) Les inégalités devant la protection sociale

En juin 2010 l’OIT affirmait que 4 personnes sur cinq dans le monde ne bénéficient pas d’un niveau de protection sociale qui leur permette d’exercer leur droit fondamental à la sécurité sociale, donc n’ont pas cette partie essentielle du socle de la protection.

En avril 2013 l’OIT , qui lutte contre le travail des enfants, avance le chiffre de 215 millions d’enfants touchés par ce phénomène.

  1. i) Les inégalités relatives à l’empreinte écologique

Le poids des modes de vie sur l’environnement selon les Nations Unies en 2005 représentaient pour les pays du Nord (20% de la population mondiale) 80% des ressources de la planète.

Selon le Living Planet Report(2009) en 2006 par continent quel était l’empreinte écologique ? Amérique du Nord 9,4 hectares globaux par habitant, Union européenne 4,8, Amérique latine 2, Asie 1,3, Afrique 1,1 hectare.

 Par pays  en 2008 cela va de 9,6 hectares pour les Emirats arabes unis, à 3,8 hectares pour la France, puis 1,8 hectare pour le Brésil, 2 pour la Chine et 1,9pour l’Inde, arrivent à la fin de la liste des pays comme par exemple le Bangladesh 0,5 , l’Afghanistan 0,1.

La question qui se pose peut-être ici la suivante : faut-il réduire les inégalités ou l’empreinte écologique ? Il y a trois façons de se situer, on s’arrête souvent à l’une des deux premières, on oublie d’évoquer la troisième.

Soit on renonce à l’universalité et on affirme que  si les pays en développement, en particulier les pays émergents, vont vers le même niveau de vie que celui des pays développés  ce sera le chaos écologique pour tous (« les voitures des chinois ! »), et on justifie  on renforce des inégalités donc des violences structurelles. Cette attitude n’est-elle pas celle d’une violence de domination ?

Soit on renonce à la protection de l’environnement et on affirme que les pays en développement, en particulier les pays émergents, ont le droit de se développer comme ils l’entendent, comme l’ont fait les pays du Nord. Cette façon de raisonner correspond à une mise de côté des valeurs de protection de l’environnement qui peuvent tenir  à cœur. Cette attitude n’est-elle pas celle  d’une violence de soumission ?

Soit on met en avant à la fois l’universalité et la protection de l’environnement, on affirme que tous les pays ont le droit de répondre à leurs besoins de développement et, en même temps, on remet en cause, surtout au Nord mais aussi au Sud, la fuite en avant du productivisme ,on en appelle à  des moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques, on construit des sociétés humainement viables. Cette attitude n’est-elle pas porteuse de paix et de justice ?

 

3- Les rapports entre  inégalités,  causes de mortalité et  débâcle écologique (2019)   

  Des inégalités criantes.

Pour comprendre ce que produit ce système il existe un exemple relatif à un élément central et vital . Rappelons d’abord qu’au total les décès dans le monde pour l’année 2017 étaient de 59 millions de personnes.

Quelles sont donc les causes principales de la mortalité mondiale ? Les maladies cardiovasculaires (3 décès sur 10), les cancers, les maladies infectieuses (pneumopathies, diarrhées, sida, paludisme, tuberculose …), le diabète …Or ces causes  sont révélatrices  de deux  mécanismes  gigantesques.

 -Ces causes montrent des inégalités entre populations de la planète.  Ainsi , par exemple, en 2011 dans les pays à faible revenu 4 décès sur 10 touchaient des enfants de moins de 15 ans, dans les pays à revenu élevé 1 enfant sur 100.

Autre  exemple criant : en 2017 les 8 personnes les plus riches de la planète, qui avaient au total une fortune de 426 milliards de dollars, possédaient ainsi l’équivalent des richesses détenues par la moitié des habitants de la planète, autrement dit huit richissimes égalaient 3,6 milliards de personnes. C’est une violence structurelle.

On estime que chaque jour, 25 000 personnes, dont plus de 10 000 enfants, meurent de la faim et des causes associées. On estime en 2018 que 854 millions de personnes sont sous-alimentées dans le monde.

 

  -Ces causes de mortalité sont révélatrices d’un environnement qui se dégrade rapidement, dramatiquement  et arrive, ici et là, à des seuils d’irréversibilité.

 En 2012 l’OMS avançait le fait que 23% des décès dans le monde était liés à l’environnement (tabac non compris. Le tabac en 2014 a tué 5 millions de personnes(en France 78000), l’alcool a tué 3 millions de personnes(en France 49000).) soit un décès sur quatre, soit 12,6 millions de victimes dues pour la plus grande part aux pollutions de l’air, celles-ci en 2014 selon l’OMS ont causé la mort  de 7 millions de personnes.

 Certains auteurs avancent des chiffres beaucoup plus élevés, cela est lié en particulier à la définition plus ou moins large donnée à l’environnement, chiffres allant jusqu’à  40% des décès , voire plus, dans le monde résultent de facteurs environnementaux : tabac, pollutions chimiques , radioactives, pollutions dans des transports, des alimentations, des habitations, des lieux de travail, dans des airs, des sols et des eaux…

Des études prévisionnelles mettent en particulier en avant une explosion des cancers dans le monde  de 75% de  2012 à 2030 (!) et de 95% dans les pays les plus pauvres(!).

La dégradation de l’environnement est massive, multiforme, rapide. Ses logiques terricides et humanicides, dans le sillage de l’autodestruction du système productiviste, assassinent le vivant.

 

 4- Des inégalités criantes selon le rapport d’une grande ONG en 2019

Oxfam souligne d’abord l’extrême pauvreté et l’extrême richesse :

« Les 1 % les plus riches de la planète possèdent deux fois plus que les richesses cumulées de 6,9 milliards de personnes. Près de la moitié de la population mondiale vit avec moins de 5,50 dollars par jour. »

Oxfam  dénonce « cinq faits choquants sur les inégalités extrêmes » :

« 1. Une minorité puissante aux poches pleines. Le sommet de la pyramide économique concentre des milliers de milliards de dollars entre les mains d’une élite très minoritaire composée principalement d’hommes, dont la fortune et le pouvoir croissent de façon exponentielle. Les milliardaires du monde se partagent plus de richesses que 4,6 milliards de personnes, qui comptent pour 60 % de la population de la planète. En parallèle, environ 735 millions de personnes vivent encore dans l’extrême pauvreté. Pour beaucoup d’autres, il suffit d’une facture d’hôpital ou d’une mauvaise récolte pour y basculer.

Pour chaque dollar de recette fiscale, seulement 4 centimes proviennent des impôts sur la fortune.

Les très grandes fortunes se déroberaient à leurs responsabilités fiscales à hauteur de 30 %. »

« 2. Des richesses sous-imposées. Alors que la fortune des personnes les plus privilégiées connaît un essor fulgurant, celles-ci sont également soumises aux taux d’imposition les plus bas depuis des décennies, tout comme les multinationales dont elles sont les propriétaires. En parallèle, les citoyen-ne-s lambda se voient obligé-e-s de payer des impôts disproportionnés. Lorsque les gouvernements ne font pas payer leur juste part d’impôts aux plus riches, moins de ressources peuvent être affectées à des services essentiels tels que la santé et l’éducation, ce qui augmente la charge de travail de soins qui incombe aux femmes et aux filles.

Aujourd’hui, 258 millions d’enfants – soit 1 sur 5 – n’ont pas les moyens ou le droit d’aller à l’école.

Pour 100 garçons en âge de fréquenter l’école primaire qui ne sont pas scolarisés, 121 filles se voient refuser le droit à l’éducation. »

« 3. Des services publics sous-financés. Au même moment, les services publics pâtissent d’un manque de financement chronique, ou sont sous-traités à des entreprises qui en excluent les moins privilégiés. Dans de nombreux pays, l’accès à une éducation décente et à des soins de santé de qualité est devenu un luxe que seules les personnes les plus riches peuvent s’offrir. Cela a de graves répercussions sur l’avenir de nos enfants et les opportunités qu’ils auront de vivre longtemps et dans de bonnes conditions.

Chaque jour, 10 000 personnes meurent parce qu’elles n’ont pas accès à des soins de santé abordables.

Chaque année, 100 millions de personnes sont contraintes de vivre dans l’extrême pauvreté en raison des coûts des soins de santé. »

« 4. Exclu-e-s d’une vie meilleure. Dans la plupart des pays, être fortuné permet de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Être pauvre, au contraire, est synonyme de mauvaise santé et d’espérance de vie plus courte. Dans les communautés pauvres, celle-ci est dix à vingt plus courte que dans les quartiers aisés. Dans les pays en développement, un enfant d’une famille pauvre a deux fois plus de chance de mourir avant l’âge de cinq ans qu’un enfant d’une famille fortunée.

Les 22 hommes les plus fortunés au monde possèdent plus que l’ensemble de la population féminine d’Afrique.

La valeur du travail de soin non rémunéré effectué par les femmes est évaluée à 10 800 milliards de $ par an. »

« 5. Des inégalités sexistes. Avec moins de revenus et de biens que les hommes, les femmes représentent la plus grande proportion des ménages les plus pauvres du monde, et cette situation ne cesse de s’aggraver. En outre, elles sont plus susceptibles d’occuper des emplois précaires et mal rémunérés, contribuant à l’économie de marché avec une main-d’œuvre peu coûteuse ou gratuite. Elles soutiennent également les États en accomplissant des milliards d’heures de travail non rémunéré ou sous-rémunéré, une contribution colossale, bien que non reconnue, qu’elles apportent à nos sociétés et à la prospérité économique. »

Oxfam réaffirme qu’un monde plus juste est possible

 « Le fossé croissant qui se crée entre riches et pauvres sape la lutte contre la pauvreté, nuit à nos économies et fragmente nos sociétés.

Les inégalités ne sont pourtant pas une fatalité, mais le résultat de choix politiques.

Les gouvernements du monde entier doivent agir maintenant afin de construire une nouvelle économie centrée sur l’humain qui valorise ce qui est réellement important pour la société, plutôt que d’alimenter une course sans fin au profit. Une économie qui valorise le travail de soin des femmes et des filles plutôt que la fortune des milliardaires. Une économie en faveur de toutes et tous, et non seulement de quelques privilégié-e-s. »

Oxfam termine par une synthèse de changements  demandés   : « Joignez-vous à notre combat pour appeler les leaders politiques à investir dans les services publics essentiels et faire payer aux plus riches leur juste part d’impôts, afin d’assurer un emploi sûr et un salaire décent à toutes et à tous. Il est temps de combattre les inégalités pour vaincre définitivement la pauvreté. »

 

 

 B-Des moyens de contribuer à construire des sociétés justes

Sous forme de simple énumération  indicative, nous distinguerons des moyens spécifiques (1) puis des moyens liés à d’autres domaines (2).Il ne s’ agit  pas d’un Discours-Vérité mais de convictions qui peuvent être exclues, combattues, amendées, ou complétées par d’autres.

 

  1 Des moyens spécifiques relatifs à de justes réformes et remises en cause

 

 Quels moyens énumérer pour contribuer à passer d’un système international  injuste  à une communauté mondiale  juste ?

 Création d’un revenu universel d’existence (attribué à tout habitant de la Terre, revenu  déconnecté du  travail, accompagné de revenus  d’activités ),

Annulation de la dette publique  (celles des Etats,  des collectivités  territoriales,  des organisations internationales …),

Priorités  données  au juste échange et au commerce équitable, le libre- échange leur serait  subordonné),

Mise en place d’agricultures durables et autonomes (respect de l’environnement, statut international des matières agricoles, souveraineté alimentaire),

Créations et redistributions de fonds internationaux (taxes liées au désarmement du pouvoir financier  et liées aux activités polluantes, redistribuées  vers des besoins criants en santé, en éducation, en environnement, en emplois…),

 

2 ) D’autres  moyens justes  à relier à la démocratie, l’écologie, la paix.

 

  1. a) D’abord quels moyens énumérer pour contribuer à passer d’un système international  autoritaire  à une communauté  mondiale démocratique ?

Un désarmement du pouvoir financier (taxations des transactions financières, suppressions  des paradis fiscaux…),

Un encadrement des firmes multinationales  (respects  de la santé, du social, de l’environnement, de la culture…),

Une démocratisation des institutions internationales (place légitime des pays du Sud, promotion des ONG…),

Un accès des femmes aux processus de décision (aux niveaux locaux, nationaux, continentaux, internationaux)  et un non-cumul  généralisé  des mandats des élu(e)s dans tous les Etats,

Des créations d’organisations nouvelles (composées d’Etats, d’ONG, de collectivités territoriales …) et le développement de réseaux, de coordinations, de fronts communs  d’ONG  (par exemple celles allant dans le sens d’un ralentissement du système.),une création et un développement des processus participatifs dans l’ensemble des pays.Régime représentatif et régime  participatif doivent s’appuyer l’un sur l’autre.

  1. b) Ensuite quels moyens énumérer pour contribuer à  passer  d’un système international  anti écologique  à une communauté mondiale écologique ?

 Les remises en cause d’activités polluantes (réductions et suppressions des modes de production, de consommation, de transport écologiquement  non  viables),

Les programmes massifs d’accès à l’eau (effectivités  du  droit à l’eau potable  et du droit à l’assainissement),

La restauration des régions profondément dégradées (programmes massifs à tous les niveaux géographiques),

Les transitions énergétiques (développement massif des énergies renouvelables, économies massives d’énergie, sortie rapide du nucléaire),

Les conclusions de nouvelles conventions mondiales (convention créant une Organisation mondiale de l’environnement, convention sur les  droits des déplacés environnementaux, convention  créant  une Organisation mondiale et régionale  d’assistance écologique, conventions de protection  des  sols, convention de protection  des forêts, convention  contre les pollutions telluriques …) et de nouveaux protocoles(en particulier de réductions massives et radicales  des gaz à effet de serre).

  1. c) Enfin quels moyens énumérer pour contribuer à passer d’un système international  violent  à une communauté mondiale pacifique ?

Une  interdiction des recherches scientifiques sur les armes de destruction massive (déclarées contraires à l’intérêt  commun de l’humanité.),

Une mise en place d’une sécurité collective (fondée à titre principal sur des forces d’interposition envoyées à titre préventif et à titre exceptionnel sur des forces d’intervention internationalisées),

Les remises en cause des ventes d’armes (restrictions,  taxations, interdictions, reconversions),

Les conclusions de nouveaux traités et protocoles sur le désarmement (armes  de  destruction massive en particulier  nucléaires) , application des traités qui existent déjà,

La mise en place d’une éducation à la paix (de la maternelle à l’université et dans de multiples lieux, fondée entre autres sur les apprentissages de règlement non- violent  des conflits),

 Réaffirmons que les moyens proposés doivent être conformes aux fins que l’on met en avant,  à fins justes des moyens justes, à fins démocratiques des moyens démocratiques, à fins écologiques des moyens écologiques, à fins pacifiques des moyens pacifiques.  « Les fins sont dans les moyens comme l’arbre est dans la semence »  écrivait Gandhi.   

 

 

 Remarques terminales :

 

  1) Les étapes de cette réflexion ont été celles d’un voyage qui n’était pas « un long fleuve tranquille ». Comment aurait-il pu en être autrement, au cœur de multiples souffrances et espérances d’êtres humains en personnes, en peuples et en humanité ?

 Au départ ce fut une certaine sérénité dans les clarifications des termes mais déjà l’apparition de certains désaccords.

 Ensuite ce fut un cap des  tempêtes au milieu de controverses théoriques et pratiques et de définitions parfois proches mais souvent différentes, voire opposées.

Puis  nous avons pu reconnaitre une route  balisée mais difficile, celle des droits de l’homme.

 Enfin nous avons entendu  l’appel du grand large, celui des combats contre les injustices et de façon plus globale pour une société humainement viable.

  2 ) Ainsi l’idée de justice et d’injustice  ne repose-elle pas sur , au moins,  quatre éléments ?

a)L’idée de justice et d’injustice est synonyme de résistances.

 La  justice n’est-elle pas celle des cris et des actes de résistance, des refus face à l’inacceptable, à l’intolérable, face à toutes les formes de mépris de l’être humain. La justice c’est Antigone qui dit non à l’inacceptable, même si cela contrevient à la loi.

  1. b) L’idée de justice et d’injustice  est synonyme de droits-égalités.

 Il s’agit des droits économiques, sociaux et culturels qui doivent être consacrés pour tous, s’appliquer à tous (hommes, femmes, enfants) et cela sans discriminations,  et cela dans l’espace (tous les pays) et cela dans le temps.

 Ainsi doit exister une justice vis-à-vis des générations passées quant à la découverte et l’entretien du patrimoine mondial qu’elles nous laissent, doit exister une  justice vis-à-vis des générations futures, n’est-il pas juste de leur laisser des marges de manœuvres pour qu’elles deviennent ce qu’elles voudront être ?  Serait-il « juste » par exemple qu’elles se retrouvent dans  un environnement de moins en moins vivable et viable ?

  1. c) L’idée de justice et d’injustice  est synonyme d’actions globales.

 Ces luttes pour la justice ne peuvent pas exister en vase clos. Les égalités doivent marcher côte à côte avec les droits-libertés (droits civils et politiques), les droits-solidarités (droits au développement, à l’environnement, à la paix), et demain  avec une quatrième génération de droits, ceux  d’une protection face aux dérives de la techno science, cela fera aussi partie de différentes  formes de justice.

Globalité puisque les luttes pour la démocratie, l’écologie et la  paix  sont liées à la justice et réciproquement. Ces résistances et ces constructions dans  ces domaines  s’interpellent, se soutiennent, se complètent et s’inclinent les unes vers les autres.

  1. d) L’idée de justice et d’injustice est  synonyme d’institutions de protection.

 De nombreux acteurs, locaux, nationaux, continentaux, internationaux, ont des rôles par rapport à  ces droits, rôles dans la consécration, l’application, le développement, rôles différents des législateurs, des administrations, des organisations internationales, des collectivités territoriales, des juges, des ONG …

Voilà donc la justice : des résistances face aux formes de mépris de l’être humain, des  luttes pour les égalités, des actions  globales, des institutions de protection.

 

3 ) Avoir  « faim et soif de justice » !

 « Seul le respect de la vie et de la dignité humaine conduit à une véritable justice. Une justice jamais faussée par la soif de richesse, l’appétit de gloire ou l’ivresse du pouvoir  » écrivait Bernard Clavel (merveilleux romancier, 1923-2010) .

A la suite de tant et tant d’êtres humains qui ont lutté pour la justice, avant tant et tant d’êtres humains qui lutteront pour la justice, nous voilà  face à nos responsabilités personnelles et collectives.

Oui, la justice s’enracine dans l’espérance, oui  elle peut et elle doit  « ruisseler  comme l’eau. »

 Nous l’attendons,

elle nous attend.