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VIOLENCES : une confusion omniprésente et dommageable (IV)

 

Confondre injustices, révoltes et répressions est une erreur gravissime très fréquemment partagée.

 

 

Des hommes et des femmes politiques, des journalistes, des invités de plateaux télévisés, des auteurs, des citoyen(ne)s, des représentants de collectivités « mettent dans le même sac » ces phénomènes différents .Tout cela « c’est de la violence. »

Cette façon de voir les choses est injuste et catastrophique. Injuste parce que les personnes ne sont pas dans les mêmes situations, catastrophique parce que si l’on veut remettre en cause ces violences il faut comprendre leurs causes et leurs enchainements.

 

 Le titre ( injustices, révoltes, répressions) ne doit donc pas être  trompeur, çà n’est pas un mixte informe et inacceptable de ces trois séries de violences, c’est la volonté d’analyser leur enchainement en soulignant ce qui entraine des révoltes et des répressions c’est-à-dire des injustices (A),

 

C’est aussi la volonté de montrer que la question vitale est celle des moyens, cette vérité saute aux yeux pourvu qu’on les ouvre, elle met en cause, pour les violences comme pour d’autres domaines,  l’ensemble du système productiviste terricide et humanicide (B).

 

 

Violences des injustices, des révoltes, des répressions : des analyses proposées (A)

 

 

Nous proposons de poser une dizaine  de questions :

1- Existe-t-il un  « enchainement »  des violences ?

2-Pourquoi dénonce-t-on souvent  les violences des révoltes et celles des répressions sans évoquer les violences des injustices qui les produisent ?

3-Que  proposer comme éléments d’analyses des violences premières, celles des  injustices?

4-Que  proposer comme éléments d’analyses  des violences secondes, celles des révoltes et des révolutions?

5- Que proposer comme éléments d’analyses des violences troisièmes, celles des répressions ?

6-Que penser du « monopole de la violence physique légitime de l’Etat? »

7- Que signifie « la violence paie » ?   La violence paie-t-elle ?

8-Des révoltes et des révolutions peuvent-elles être non-violentes ?

9-N’est-on pas conduit à proposer une définition des violences fondée sur des moyens?

 

 

 

 

1-Existe-t-il un  « enchainement »  des violences ?

 

  1. a) La plupart des violences sont interactives, violences liées à la justice, la démocratie, la paix, l’environnement, quatre domaines interdépendants qui au sens large couvrent pratiquement l’ensemble des activités humaines. Ainsi parmi beaucoup d’exemples celles des guerres et des destructions environnementales, celles des changements climatiques, des situations de  misère et des courses économiques et financières aux dominations, celles des inégalités et du maintien de régimes autoritaires, de maladies des démocraties…

– Les liens entre injustices, révoltes et répressions constituent un exemple criant.   Helder Camara parlait de «  Spirale de  violence » (éditions Desclée de Brouwer, 1970).

  1. b) Les violences  premières ce sont les injustices, les violences secondes ce sont  les révoltes, les  violences troisièmes ce sont  les répressions.

– C’est un non-sens  de qualifier les secondes (les révoltes) ou les troisièmes (les répressions) de violences sans  dénoncer et lutter contre  les  premières (les injustices) qui en sont les causes principales.

– Pour casser cet enchainement il faut agir essentiellement sur les injustices. Pour éviter ces remises en cause est souvent organisée une sorte de fausse paix, à travers manipulations, mensonges et menaces, dans laquelle les contradictions  ne font que cheminer pour éclater, tôt ou tard,  avec plus de force, de désespoirs et être réprimées plus violemment.

 

 

2-Pourquoi dénonce-t-on souvent  les violences des révoltes et celles des répressions sans évoquer les violences des injustices qui les produisent ?

 

 

  1. a) Parce que l’on veut préserver des intérêts en tant que dominants, autrement dit on minimise ou on nie des injustices, on refuse de véritables remises en cause.
  2. b) Parce que des peurs et des colères, voire des haines, peuvent apparaitre contre les violences de la révolte et/ou celles de la répression, elles vont souvent passer sous silence  les causes de ces situations.
  3. c) Enfin parce que l’on n’arrive pas à prendre en compte une analyse globale, par exemple celle de l’enchainement de ces trois séries de violences ainsi que de d’une question vitale posée, celle des rapports entre les fins et les moyens. On peut être frappé par le nombre de prises de paroles, en particulier dans une partie des mondes médiatiques, mettant en avant un élément isolé, en général spectaculaire, sans le relier à d’autres. On passe sous silence des interactions, le raisonnement est bloqué en aval et ne remonte pas en amont, l’esprit ne peut intégrer des logiques profondes et reste concentré sur une partie des situations. Est privilégié un élément avant tout dans ses manifestations, on passe sous silence ses causes secondaires et profondes ainsi que des alternatives pouvant voir le jour.

 On peut considérer que construire  le sens des ensembles  est devenu à la fois  une exigence pour comprendre, un enjeu de pouvoir, une conquête pour résister et une chance pour changer ce que l’on considère comme  inacceptable.

Reposant sur le refus d’un discours en vase clos, l’analyse globale voudrait  replacer dans leurs contextes des  connaissances, analyser  un certain nombre de points de vue, apprivoiser la complexité. « Penser c’est dialoguer avec l’incertitude et la complexité » (Edgar Morin).

Ce sens des ensembles a entre autres un adversaire qui s’appelle l’accélération du système productiviste mondial (voir articles sur ce blog). En effet une analyse globale demande la prise en considération des courts, moyens et longs termes, or la dictature de l’instant a colonisé nombre de réactions aux évènements, le travail de la pensée devient de plus en plus  synonyme de résistance à cette primauté de  l’instantanéité. Précieux conseils : « Sois lent d’esprit » écrivait Michel de Montaigne, « Voir loin et clair » écrivait Théodore Monod.

 

3-Que proposer comme éléments d’analyses des violences premières, celles des  injustices?

Les causes des violences premières sont nombreuses ( voir sur ce blog article),deux semblent particulièrement dominantes, les unes sont connues, ce sont les injustices(a), les autres  beaucoup moins, ce sont les compétitions(b).

  1. a) Les violences premières ce sont les injustices .

 Injustices de toutes sortes, financières, économiques, sociales, environnementales, culturelles… Elles peuvent exister à tous niveaux géographiques : locaux, régionaux, nationaux, continentaux, internationaux. Elles sont les produits de dominations, c’est-à-dire de  concentrations d’avoirs, de pouvoirs, de savoirs et d’éléments environnementaux. (On peut voir  sur ce blog nos  articles relatifs aux injustices.)

 Les richesses sont souvent sources d’injustices.

 D’abord elles sont  inégalement réparties, on dénonce ces situations souvent intolérables, on lutte donc pour différents partages.

Mais ces richesses à tous les niveaux géographiques, ne sont qu’un élément, deux autres existent, celui des destinations de certaines de ces richesses, celui des reconversions de certaines productions.

En effet sont  aussi en cause des destinations de richesses. Ainsi il s’agit par exemple de réorienter une part de la finance mondiale qui  va vers les énergies fossiles.

Et comment faire silence sur des productions et des recherches, formes de « richesses », que certains considèrent comme contraires à l’intérêt commun de l’humanité ? Ainsi par exemple des ONG en appellent aux  reconversions des complexes militaro-industriels .Nous avons toujours insisté de façon spécifique sur les reconversions des recherches scientifiques sur les armes de destruction massive…

( Les recherches scientifiques sur les armes de destruction massive : des lacunes du droit positif à une criminalisation par le droit prospectif, intervention au colloque international du RDST, mars 2011 à Paris, Article de J.M.Lavieille, J. Bétaille, S.Jolivet, D.Roets, in Droit, sciences et techniques quelles responsabilités ? Editions LexisNexis, 2011)

Les prédations du productivisme, aggravées par l’explosion démographique mondiale, sont des obstacles à une construction très difficile, celle des biens communs de  l’humanité. (Voir par exemple notre article dans « Les biens communs environnementaux : quel(s) statut(s) juridique(s) ? », sous la direction de Jessica Makowiak et Simon Jolivet , Presses universitaires de Limoges, 2017).

b )   Les violences premières ce sont aussi les compétitions.

« Malheur aux faibles et aux exclus.»  Le système productiviste est implacable, si l’on n’est pas dans les gagnants on va vivre difficilement, survivre ou mourir dans  les rangs innombrables des perdants.

-Les tenants du libéralisme croient plus ou moins à la sacralisation de la compétition, les tenants du socialisme croient plus ou moins à la gestion de la compétition, les tenants du nationalisme croient plus ou moins à la nationalisation de la compétition.

Les tenants d’une société humainement viable voudraient remettre plus ou moins en cause la compétition… Ils pensent que c’est vital, pourquoi ? Parce que, comme le disait souvent Albert Jacquard, «  la machine à gagner est une machine à exclure. »,  ses logiques sont terricides et humanicides.

Le Club de Lisbonne, animé par Riccardo Petrella, dans « Les limites à la compétitivité »(2005), dénonçait  cet « évangile », « la bonne nouvelle  n’existe que pour les gagnants, elle  n’est bonne que pour une infime portion de la population mondiale. Seuls une poignée d’individus, de groupes ou de pays auront effectivement et légitimement accès à la table. » ( voir « L’Evangile de la compétitivité », Le Monde diplomatique, septembre 1991, qui sous-titrait « malheur aux faibles et aux exclus.» )

André Gorz écrivait avec sa grande lucidité  « Chacun invoque la compétitivité de l’autre pour soumettre sa propre société aux exigences systématiques de la machine économique. »

Nous ajouterons qu’à long terme la compétition n’est même plus « une bonne nouvelle » pour les dominants puisque les perspectives d’apocalypses écologiques se profilent dans un avenir  qu’on peut qualifier d’horizons d’irresponsabilités.

 Les avertissements ne manquent pourtant pas : « Il ne possédait pas l’or mais l’or le possédait » ( Jean de La Fontaine), « Les spéculateurs rendent la terre chauve et nue » ( David Henry Thoreau).Sans oublier cette chanson de Jacques Brel, « Seul » :

 ( …) On est mille à s’asseoir
Au sommet de la fortune
Mais dans la peur de voir
Tout fondre sous la lune
On se retrouve seul (…)

(…)On est dix à coucher 
Dans le lit de la puissance 
Mais devant ces armées 
Qui s`enterrent en silence 
On se retrouve seul (…)

 

  1. c) Injustices et compétitions marchent côte à côte

On retrouve donc cette opposition fondamentale.

 Ceux et celles,  nombreux, soumis à une véritable « colonisation des esprits » qui pensent que la compétition est naturelle, qu’elle est saine, bonne, nécessaire ,  que de toutes façons , on ne peut y échapper.

Ceux et celles,  de plus en plus nombreux, qui pensent que la compétition est un produit de l’histoire, donc qu’elle  plus ou moins modifiable, dépassable. Finalement ceux et celles qui pensent qu’elle est historique, qu’il y a des compétitions liées aux périodes et aux sociétés, que le productivisme pousse à une compétition  omniprésente, affirment  que des solidarités, des coopérations, des biens communs, des « vivre ensemble », constitutifs des fraternités, peuvent  se développer ou voir le jour.

 La culture de compétition et d’agressivité ne doit-elle pas être remise en cause par une conscience pacifique, juste, écologique de la fraternité ? Ne sommes-nous pas comme l’écrivait Jean Rostand, « fraternisés par les  périls communs » qui s’appellent la débâcle écologique, les armes de destruction massive, les inégalités criantes, la techno science et les marchés financiers devenus omniscients, omnipotents, omniprésents ?

« Etre ou ne pas être compétitifs » nous dit le système mondial, si vous n’êtes pas compétitif (pays, région, ville, entreprise, laboratoire, université, personne) vous êtes dans les  perdants, vous êtes morts. 

« Etre ou ne pas être fraternels » nous dit la vie, c’est la compétition qui est mortifère, suicidaire. Bernard Clavel écrivait « Je ne vois pas comment la fraternité peut se développer sous des cieux où la justice est faussée par la soif de richesse, l’appétit de gloire ou l’ivresse du pouvoir (…) » (préface, Eclats de paix, direction. Alain Mingam, éditions  Beau livre, 2004).

 Riccardo Petrella écrit « La logique de la compétitivité  est élevée au rang d’impératif naturel de la société ».Autrement dit l’autre est perçu comme  concurrent, adversaire, ou ennemi, çà n’est pas un frère  et cela  qu’il soit vivant ou à venir. (sur les générations futures voir ce blog).

 -John Galbraith, économiste  américain, dans «Le nouvel Etat industriel » (1967), montre en particulier que beaucoup de guerres ont été et sont liées à la course aux contrôles des matières premières, ainsi bien sûr le pétrole, à la course aux armements (Voir mes deux ouvrages « Construire la paix »). Ces guerres sont « des formes extrêmes de la concurrence industrielle ». Cet auteur dénonce la production de guerre comme étant « un gaspillage nécessaire qui permet la justification des dépenses d’armements et la poursuite de la course au profit ».

Ce contrôle des matières premières  peut être une cause profonde de l’apparition d’un conflit à travers les processus suivants : voilà un pays riche en matières premières ou en une matière première considérée comme essentielle par le productivisme (pétrole, uranium, or, ou diamant…) vitales écologiquement (eau) ,ce pays a une population pauvre, des groupes sociaux essaient de contrôler ces matières premières pour devenir plus puissants, une partie de la population pauvre peut aussi réagir, interviennent également des pays extérieurs et des firmes multinationales qui ont pour objectif de garder ou de prendre le contrôle de ces matières premières.  La compétition peut être également un des ressorts du nationalisme lequel en appelle à la domination sur d’autres pays voire  à la haine d’autres peuples.

Injustices et dominations se tiennent embrassées dans l’autodestruction des êtres humains et de l’ensemble du vivant.

 

  1. d) Qui produit injustices et compétitions ?

Pour comprendre il faut distinguer « le cœur » et « l’armature » du système productiviste. Les deux ont de multiples liens, par exemple les paradis fiscaux et des Etats.

– Les  dominants essentiels, au « cœur » du système productiviste, ( sur ce blog nos articles sur le productivisme), se nomment  marchés financiers, firmes géantes, grands groupes médiatiques, complexes de la techno science (civils et militaires).

-Les dominants importants, dans « l’armature » du système productiviste, s’appellent le G8, surtout les Etats-Unis, les grands pays émergents surtout la Chine, quelques organisations internationales (FMI, BM, OMC) et quelques organisations régionales (UE…) avec une domination des hommes dans ce système productiviste.

Concrètement cela signifie par exemple pour les violences écologiques (voir sur ce blog cinq articles sur les causes de la débâcle écologique) qu’il faut certes  agir sur les « acteurs importants » mais qu’une remise en cause des apocalypses écologiques-certaines existent déjà, d’autres se préparent- ne pourra voir le jour qu’en agissant aussi sur les « acteurs essentiels ». Ainsi par exemple en mettant  au service d’une communauté mondialement viable de gigantesques masses financières tournées aujourd’hui vers l’autodestruction. (voir nos articles sur ce blog relatifs aux résistances, relatifs aussi aux moyens de protéger l’environnement) (Voir aussi « La finance peut-elle sauver la planète?.( oui si on la force) », Politis, n° 1546 ,28 mars au 3 avril2019).

 

 

4- Comment analyser les   violences secondes, celles des révoltes et des révolutions?

 Elles en appellent sous différentes formes aux remises en cause des injustices et des dominations.

 Les dominants ne partagent pratiquement jamais d’eux-mêmes, ils ne le font que  si des rapports de  force les y obligent. Le maintien des dominations est violent, les remises en cause de ces dominations peuvent être violentes ou non-violentes.

 De façon rarissime, très peu probable, des dominants importants et/ou essentiels  peuvent se remettre en cause eux-mêmes à travers  une prise de conscience de leurs intérêts vitaux, on peut l’imaginer par exemple pour certains éléments de l’environnement, mais autant ne pas attendre de telles avancées, ce sont des résistances et des alternatives qui  peuvent leur donner le jour.

Les révoltes (plus ou moins larges) et les révolutions (  c’est-à-dire les remises en cause d’une légitimité globale, par exemple celle du colonialisme, celle aujourd’hui du productivisme) sont poussées à être plus ou moins violentes  pour  renverser les rapports de forces contre  des dominants  qui créent, maintiennent ou aggravent les injustices.

 

 

5- Comment analyser les violences troisièmes celles des répressions ?

 –Les responsables premiers de ces violences sont les donneurs d’ordre, dominants essentiels ou importants, qui en appellent aux moyens répressifs pour maintenir l’ordre des dominants en faisant taire des revendications de justice, en étouffant plus ou moins  l’égalité, la  liberté , la fraternité.

-Cette dernière, la fraternité, est considérée comme dangereuse lorsqu’elle  pousse à la formation de fronts communs entre des révoltés, des insurgés.

 Les dominants sont plus ou moins aveugles sur le fait que c’est l’ensemble des générations présentes qui devraient être fraternisées par les périls communs. ( voir sur ce blog  « La fraternité intergénérationnelle ».)

-Si l’on observe un acteur important qui est l’Etat, plus précisément son régime politique, on peut affirmer que  dans les régimes autoritaires, fondés sur l’absence de concurrence pour conquérir ou garder le pouvoir, donc fondés soit sur le parti unique soit sur l’armée au pouvoir, les arrestations arbitraires, les enlèvements politiques, la prison, la torture, les exécutions des opposants, les ordres de tirer sur une foule… sont des pratiques  inhumaines nombreuses et dramatiques.

-Dans les régimes démocratiques, fondés sur une concurrence officielle entre des oligarchies qui se disputent le pouvoir, lorsque des tensions sociales se transforment en conflits et que les pouvoirs politiques et économiques  ne veulent pas se remettre en cause,  certains moyens répressifs employés peuvent se rapprocher de ceux des régimes autoritaires.

Cette absence de règlement de conflits porte peu à peu atteinte à la démocratie.

 On affirme que l’on veut maintenir la démocratie mais il arrive que l’on emploie des moyens  qui lui sont, en tout ou partie, contraires, ainsi certaines armes provoquant de graves blessures. Dans une démocratie l’appel à l’armée pour servir de rempart par exemple contre des grévistes, contre des manifestants est inacceptable par principe, cette pratique disproportionnée relève  du régime autoritaire, l’armée intervient contre une partie de la population au même titre que contre des terroristes ou des ennemis extérieurs.

– Enfin les critères liés aux libertés publiques sont  déterminants dans les régimes démocratiques, ainsi  des lois peuvent porter atteinte par exemple aux libertés de réunion, d’expression, de manifestation au nom de la sécurité. On glisse alors, en fait et en droit, vers le sécuritaire, des libertés sont peu à peu étouffées. « Le virage sécuritaire » de différents pays « consiste à restreindre des droits humains pour répondre à des menaces sans pour autant répondre à une meilleure protection des citoyens » (rapport 2016 de l’ONG Human Rights Watch)

 

6- Que penser du « monopole de la violence légitime de l’Etat »?

 

a)Le contexte du débat et une définition de l’Etat

Dans le cadre des mouvements sociaux en France le ministre de l’intérieur déclarait le  28 juillet 2020 “La police exerce une violence, certes légitime, mais une violence, et c’est vieux comme Max Weber !”

Les définitions de l’Etat sont nombreuses, celle de ce sociologue allemand est connue.

La référence faite ici à Max Weber est contenue dans  une conférence de 1919 où il affirmait que  l’Etat est « détenteur du monopole de la violence physique légitime. »  Plus précisément “l’État est cette communauté humaine, qui à l’intérieur d’un territoire déterminé (…) revendique pour elle-même et parvient à imposer le monopole de la violence physique légitime”.

En premier lieu deux éléments composent  cette définition.

Premier élément : ce système étatique  ne peut être partagé. Max Weber, dans une perspective historique , montre que  l’État s’est substitué aux nombreuses autorités  de l’époque féodale.

  Second élément : la violence doit être légitime. Ajoutons que  les uns pensent qu’elle est légitime  parce que l’Etat   repose sur  le peuple souverain. D’autres pensent, dans une perspective marxiste, que l’Etat est synonyme de violence, celle des dominants qui protègent leurs intérêts.

Nous constatons   que cette  définition de Max Weber  de l’État n’est pas une justification de la violence mais une constatation historique, il analyse  ce qui est et non ce qui doit être. 

En second lieu, au-delà de cette analyse,  rappelons que cette violence doit être encadrée et contrôlée.

 D’abord  son usage doit être  réglementé par la loi, cela en précisant  les moyens d’intervention, la proportionnalité de leur emploi, les sanctions encourues pour non respect de ces conditions.

 Ensuite le caractère légal et régulier de cet usage doit être contrôlé par le juge. Son rôle est essentiel comme gardien des libertés publiques.

Si ces deux conditions ne sont pas respectées c’est l’arbitraire et c’est un des  signes d’un basculement plus ou moins important vers l’autoritarisme.

 

  1. b) la légalité la légitimité : leur distinction et leurs rapports

En premier lieu quelles sont  leurs définitions ?

La légalité c’est ce qui est conforme au droit positif c’est-à-dire au droit en vigueur. C’est donc ce qui est permis par la loi .

La légitimité  correspond à la morale, à ce qui est juste. Ce qui est légitime, c’est ce qui est conforme à l’idée  de justice, et qui est donc reconnu comme devant être suivi.

 En second lieu : ne s’appuient-elles pas l’une sur l’autre ?

 La légalité a  besoin de légitimité si elle veut mieux s’imposer en étant mieux reconnue .

 La légitimité pour  avoir force de loi  doit avoir le secours de la légalité.

En troisième lieu ne peuvent-elles pas  entrer en conflit ?

D’abord  des lois peuvent contredire l’idée de justice et être illégitimes. Mohandas Gandhi (« Tous les Hommes sont frères » (1958), (écrits rassemblés après sa mort), Martin Luther King (« La force d’aimer »(1963)), sont  tous deux dans le lointain mais toujours éclatant  sillage d’Etienne de La  Boétie (Discours de la servitude volontaire, 1574.)

La non-violence en appelle à la force de la justice. L’un et l’autre disaient souvent : « Il y a deux sortes de lois : les justes et les injustes. Nous avons l’obligation légale et morale d’obéir aux lois justes, mais nous avons l’obligation morale de désobéir aux lois injustes ». Toute loi qui dégrade la personne humaine est injuste. A plus forte raison devant les ordres criminels nous devons désobéir aux chefs pour obéir à notre conscience.

Ensuite des illégitimités peuvent contredire des textes légaux. Un des exemples les plus connus était celui du régime de Vichy lequel était légal mais illégitime.

Enfin  peuvent aussi se produire des conflits de légitimités.

On constate par exemple  ces dernières années  une  remise en cause  par une partie de la population  de la légitimité des violences commises  par des forces de répression

et , en même temps, une  certaine compréhension d’une partie de la population relative à des violences de protestations  du mouvement social, violences qui, elles aussi, se veulent légitimes.

En conclusion  proposons un texte qui  est un extrait du livre « La démocratie en miettes. Pour une révolution de la gouvernance. »( Pierre Calame, éditions Charles Léopold Mayer /Descartes et Cie, 2003).Ouvrage très éclairant sur le fossé entre légitimité et légalité du pouvoir  et quelques éléments de remise en cause .

« Dans les régimes démocratiques on fait comme si la légalité de l’exercice du pouvoir, c’est-à-dire sa conformité à des lois, suffisait à en assurer la légitimité. Or la légitimité est une notion beaucoup plus subjective et exprime l’adhésion profonde de la population à la manière dont elle est gouvernée. Or on observe un peu partout dans le monde que le fossé se creuse entre légalité et légitimité du pouvoir. »

« La gouvernance, pour être légitime, doit réunir cinq qualités :

-répondre à un besoin ressenti par la communauté ;

-reposer sur des valeurs et des principes communs et reconnus ;

-être équitable ;

-être exercée efficacement par des gouvernants responsables et dignes de confiance ;

-appliquer le principe de moindre contrainte. »

Enfin, pour en terminer, nous pouvons retenir une idée simple mais essentielle :

  1. c) La légitimité d’une cause n’implique pas la légitimité de tous les moyens pour la faire triompher

Prenons un exemple extrême : s’il  était oh combien légitime de lutter contre le totalitarisme nazi, certains, dont nous sommes, penseront qu’il n’était pas légitime d’envoyer les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki (avec d’ailleurs pour objectif principal de montrer sa puissance  face  à l’Union soviétique).

 On peut donc penser qu’aucun moyen n’est neutre par rapport aux objectifs proclamés.

 Gandhi, dans l’ouvrage posthume réunissant ses écrits  « Tous les hommes sont frères » (première parution en 1969, puis folio essais , Gallimard,1990, p.147) affirme  de façon radicale et lumineuse :

«  On entend dire « les moyens, après tout, ne sont que des moyens ». Moi je vous dirai plutôt : « tout, en définitive, est dans les moyens. La fin vaut ce que valent les moyens. Il n’existe aucune cloison entre les deux catégories » (…) Votre grande erreur est de croire qu’il n’y a aucun rapport entre la fin et les moyens (…) Les moyens sont comme le grain et la fin comme l’arbre. Le rapport est aussi inéluctable entre la fin et les moyens qu’entre l’arbre et la semence. Ceux qui, au contraire, s’abaissent à employer n’importe quel moyen pour arracher une victoire ou qui se permettent d’exploiter d’autres peuples ou d’autres personnes plus faibles, ceux-là non seulement se dégradent eux-mêmes, mais aussi toute l’humanité. Qui pourrait donc se réjouir de voir l’homme ainsi bafoué ? »

 Concrètement dans les situations de maintien de l’ordre par des forces de police en régime démocratique  on ne peut pas employer des moyens inacceptables et disproportionnés. Ce sont alors des moyens illégitimes et  ils doivent donc être illégaux, clairement interdits. Et ces actes policiers restent sous le contrôle du juge.  L’Etat n’est pas au dessus  des droits de l’homme.

 

 

7- Que signifie « la violence paie » ?  La violence paie-t-elle ?

 

 

  1. a) Cette affirmation renvoie le plus couramment au fait que l’on obtient un certain nombre de revendications en protestant par des révoltes violentes, par exemple à travers des manifestations qui s’accompagnent de slogans radicaux, d’atteintes aux biens voire même aux personnes.

 Un régime démocratique  peut alors « reculer » devant des revendications sociales et écologiques par exemple en organisant des négociations, avec des corps intermédiaires, négociations porteuses de véritables remises en cause d’objectifs  fixés par l’ordre dominant.

 Un régime autoritaire, fondé donc sur le parti unique ou l’armée, réagit le plus souvent en accentuant les répressions  face à ses remises en cause.

L’expression « la violence paie » peut avoir une autre signification peu avouable. Le pouvoir politique et économique ne veut pas céder  et  maintient des dominations. Ces blocages  sont sources de profitski, ainsi protéger des citadelles financières s’avère…payant pour elles.

  1. b) Ceux et celles, dont nous sommes, qui pensent que la violence ne paie pas avancent généralement deux arguments.

-D’abord  l’argument de l’inefficacité : il est vrai qu’il peut arriver que les dominants cèdent, la violence contribue alors à « accoucher l’histoire ».

Mais il peut arriver, aussi et souvent, que leurs pouvoirs trouvent là une justification pour se renforcer, les violences des répressions peuvent alors être plus dures ou plus terribles qu’avant. C’est donc alors un argument stratégique.

-Ensuite, et c’est à nos yeux l’argument essentiel, les violences sont porteuses de souffrances physiques, psychologiques, matérielles, environnementales.

-Il faut donc mettre en avant une méthode différente à la fois efficace et humainement acceptable. C’est la non-violence, qui est tout sauf la passivité comme le pensent encore beaucoup. Comme l’écrivait  Jacques de Bollardière « ces méthodes mobilisent par delà le mépris, la violence et la haine. »  

L’histoire de la non-violence est encore en partie méconnue, et pourtant voilà l’Inde qui s’est libérée de la colonisation anglaise, voilà des révoltes massives et non-violentes qui ont participé à l’effondrement des glacis totalitaires de l’Union soviétique et des pays de l’Est, voilà des regimes autoritaires remis en cause par le « printemps arabe »,voilà aujourd’hui en route une partie de la jeunesse du monde qui  met en pratique la non-violence pour  exiger des politiques radicales  contre le réchauffement climatique.

 

 8-Des révoltes et des révolutions peuvent-elles être non-violentes ?

 

  1. a) L’histoire montre que la non-violence a contribué à renverser parfois des montagnes.

De grandes résistances non-violentes contemporaines (voir ci-dessus) ont contribué à renverser des régimes, plus précisément  :

 l’indépendance de l’Inde , par exemple la marche du sel avec Gandhi en 1930,

 les remises en cause de régimes autoritaires de pays de l’Est, par exemple les immenses  rassemblements de populations en 1989,

les révolutions  contre les régimes autoritaires de pays arabes, par exemple sur de grandes places en 2011,

De mêmes des révoltes ont été celles non-violentes

  contre le racisme aux Etats-Unis , par exemple les luttes non-violentes symbolisées par  le discours de Mķartin Luther King en 1963,

  contre les graves insuffisances des politiques des  Etats face au réchauffement climatique, par exemple des foules de jeunes en grève et en marche en 2019 qui ouvrent peut-être une puissante forme de lutte.

  1. b) Le choix des moyens non-violents

-Certaines révoltes et révolutions voient donc le jour  en tout ou partie à travers  les choix de la non-violence c’est à dire de résistances actives. Ces moyens reposent sur un cadre non-violent c’est-à-dire un respect de la dignité  humaine, une exigence de justice, une combativité positive (et non une agressivité)  face au conflit.

 -Cette méthode de règlement des conflits refuse la violence d’oppression dans laquelle on impose sa loi, elle refuse la violence de soumission dans laquelle on renonce à ce que l’on pense être essentiel.

 –On cherche ensemble, dans le respect des personnes et la confrontation, des solutions justes. Jacques Sémelin insiste sur « trois principes majeurs : l’affirmation de l’identité du sujet résistant (…), la non coopération collective(…), la médiatisation du conflit c’est à dire susciter la constitution de « tiers » qui appuient sa cause. » (Jacques Sémelin, « Du combat non-violent » dans l’ouvrage « Résister. Le prix du refus », sous la direction de Gérald Cahen, éditions Autrement, Série Morales n°15,1994)

  1. c) Ces moyens, énumérés à titre indicatif, font partie des pratiques essentielles de l’action non-violente. Il s’agit, de façon non exhaustive, de la non-coopération, de la  désobéissance civile, de l’obstruction non-violente, de l’objection de conscience, de la grève de la faim, la grève, du sit in (s’asseoir sur la voie publique, en particulier des places), du boycott, du refus de l’impôt sur les armements, des pétitions… (Jean-Marie Muller, Stratégie de l’action non-violente, Seuil, 1981).

 

 

9-N’est-on pas conduit à proposer une définition des violences fondée sur les moyens ?

 

 

Parmi de nombreuses définitions l’une des plus claires, est celle proposée par François Stirn (Violence et pouvoir, Hatier, 1978). « La violence consiste dans un emploi de la force pour contraindre l’autre,  nier son autonomie, ou son intégrité physique, ou même parfois sa vie.(…)Elle peut donc être définie par l’emploi de moyens portant atteinte à la liberté ou à l’existence d’individus ou de groupes(…). »

A notre sens deux critères peuvent ainsi  permettre de déterminer une définition se voulant opérationnelle.

– D’abord cette définition devrait  reposer sur le critère de la globalité qui  permettrait d’englober l’ensemble des violences, violences économiques, financières, sociales, culturelles, écologiques…et cela à travers tous les acteurs, du local au mondial, d’englober aussi des violences individuelles et collectives.(voir sur ce blog nos articles sur les classifications et les contenus des violences.)

 -Ensuite ne devrait-elle pas mettre  en avant le critère des moyens ? « La fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la semence », pensée radicale et lumineuse de Gandhi. N’écoutez pas seulement ce qu’ils disent, regardez avant tout ce qu’ils font par rapport aux objectifs qu’ils proclament.

 

 

Les violences sont donc

 -exercées  contre  des personnes, des groupes, des  peuples, des générations (passées, présentes, futures), contre aussi la nature,

-par l’emploi de moyens qui portent atteinte à leur existence, sous diverses formes (physique, psychologique, matérielle, environnementale…)

 – ces moyens portent aussi atteinte à la justice, la démocratie, l’environnement, la paix. 

-Ces moyens, à tel ou tel niveau géographique, de façon partielle ou plus  globale, modérée ou  plus radicale, personnelle et/ou collective, contribuent à nous amener vers des situations inhumaines, c’est à dire vers des sociétés autoritaires, injustes, anti écologiques et violentes.

 -Au contraire d’autres moyens, à tel ou tel niveau géographique, de façon partielle ou plus globale, modérée ou  plus radicale, personnelle et/ou collective, contribuent à la construction de sociétés démocratiques, justes, écologiques, pacifiques.

 

 

 B-Violences des injustices, des révoltes, des répressions : la question vitale des moyens

On peut bien sûr passer sous silence cette question vitale, c’est alors au pire un discours-vérité qui n’admet aucune remise en cause, au pire une fuite des responsabilités, ou …au pire encore…  une erreur d’analyse.

 

Nous envisagerons tour à tour :

1- Les questions soulevées par les rapports entre les moyens et les fins

2- Les confusions entre les fins  et les moyens

3-La remise à leur place des   moyens : la techno science et le marché mondial

4- Le respecter des fins : des êtres humains libres, debout et solidaires

5- La remise en cause  vitale  des moyens conformes aux fins que l’on proclame

 6- Une liste indicative de vingt  grandes séries de moyens (cinq dans chacun des quatre grands domaines)   contribuant à passer d’un système international productiviste autodestructeur (qui assassine la terre et l’humanité) à une communauté mondiale  viable pour la terre et l’humanité

 7-Quelques commentaires relatifs aux  moyens de cette liste

 

 

 

 

1-Les questions soulevées par les rapports entre les moyens et les fins

 

On l’a compris : la non-violence est au cœur des rapports entre les moyens et les fins. Mais cette question est encore plus large, on peut parler de question vitale des moyens.

Ne  faut-il pas répondre ici à deux séries de questions ?

D’abord n’y a-t-il pas une confusion entre les fins et les moyens et, si c’est le cas, doit-on  y faire face et comment?

Ensuite la fin justifie-t-elle les moyens (Machiavel) ? Ou bien les  moyens doivent-ils  être conformes   aux  finalités poursuivies (Gandhi) ?

Nous ne nous éloignons pas du point de départ : quels moyens pour remettre en cause des injustices ? Quels moyens employés par des révoltes et des révolutions ? Quels moyens utilisés par  les répressions ?

On ne peut y voir plus clair dans ces enjeux qu’en faisant appel au  sens des ensembles.

 

2- Quelles confusions entre les fins  et les moyens ?

 

Le système productiviste (voir articles sur ce blog) contribue aux confusions entre les fins et les moyens.

  1. a) Cela signifie que les fins, c’est-à-dire les acteurs humains, en personnes, en peuples, en humanité, ainsi que l’ensemble des êtres vivants, sont plus ou moins ramenées aux rangs de moyens, autrement dit  plus ou moins domestiqués comme consommateurs, expropriés comme producteurs, dépossédés comme citoyens,  « marchandisés » comme êtres vivants…au service du marché,  de la techno science.
  2. b) Cela signifie aussi que les moyens, avant tout la techno-science et le marché mondial, ont tendance à se transformer en fins suprêmes.

 La science est source de découvertes, elle mobilise pour le meilleur mais aussi pour le pire et ses dérives ne sont pas sans risques et sans drames.

 Le marché est sources d’échanges, de besoins satisfaits mais aussi de désillusions, d’inégalités, de misères, de gaspillages.

La technologie et le marché qui, pensaient beaucoup de personnes, devaient être au service des êtres humains, ne sont-ils pas souvent considérés et devenus des fins en eux-mêmes ?

 

 3- La remise  à leur place des   moyens,

 

cela signifie une techno-science et un marché au service des êtres humains et non le contraire.

  a  ) La remise à sa place de  la techno-science 

– Comme on s’en remet au marché on s’en remet souvent aussi à la techno-science. Les recherches et les technologies aux différents niveaux géographiques, à travers des phénomènes de concentrations et de groupes dominants (firmes multinationales, laboratoires) ont tendance à s’auto reproduire parfois, voire souvent, indépendamment des véritables besoins des êtres humains.

-La techno-science ne tend-t-elle pas à échapper de plus en plus aux acteurs humains ? Après les phases de mécanisation, de motorisation, d’automatisation est venue celle de la cybernétisation c’est-à-dire de 0mécanismes de régulation des machines et des êtres vivants. La cybernétisation des technologies avancées n’amène-t-elle pas  à enlever des possibilités d’appréciation et de décision à ceux qui sont censés les contrôler ?

Dès lors une question vitale est la suivante : les acteurs humains doivent-ils, veulent-ils, peuvent-ils mettre en œuvre un véritable contrôle de la techno-science à tous les niveaux géographiques ?

-Nous citerons au moins six  séries de contrôles urgents, cruciaux, décisifs : la recherche scientifique militaire sur les armes de destruction massive, les graves problèmes drames et menaces posés par les déchets radioactifs et donc par l’énergie nucléaire, les pollutions  de l’air causées entre autres par des moyens de transports écologiquement non viables, la marchandisation de la faune et de la flore(voir articles sur ce blog) , l’exclusion du travail par la technique (une des grandes causes du chômage), et déjà  le déploiement  ici ou là, hors  encadrement juridique rigoureux ,de manipulations du  génome, des nanotechnologies et de certains projets de géo-ingénierie…Nous pourrions prolonger la liste.

La gravité des menaces, la complexité des défis, les souffrances causées par divers drames exigent une techno-science ramenée au rang de moyen au service des êtres humains.

-Il y a ainsi au moins deux grands axes pour mettre en œuvre un contrôle de la techno-science  ou ,  de façon plus radicale, pour la remettre à sa place.

Le premier axe se situe en termes de priorités c’est-à-dire que les efforts de recherches et de nouvelles technologies doivent être orientés en fonction des priorités liées à l’intérêt commun de l’humanité, les activités de la techno-science doivent s’inscrire dans des contrats à tous les niveaux géographiques, contrats mettant en avant ces priorités et décidés par des processus démocratiques.

 Le second axe se situe en termes d’interdictions : la sacro-sainte liberté de la recherche scientifique doit être remise en cause quand elle menace la dignité des personnes ou l’intérêt commun de l’humanité.

  1. b) La remise à sa place du marché 

 -Face à l’économisme triomphant, à la recherche du profit, à la société du marché qui a tendance à occuper toute la place, un certain nombre d’auteurs, d’organisations non gouvernementales (ONG), de citoyen(ne)s, et d’autres acteurs proposent ou contribuent à mettre en œuvre ici ou là une « économie plurielle ».

-Face au libre-échange généralisé, face aux logiques de guerre économique et de compétition, il s’agit de remettre le marché à sa place et de créer ou de développer des logiques de coopération.

-Il y a ainsi au moins quatre grands axes pour mettre en œuvre ce contrôle du marché ou, de façon plus radicale, pour remettre le marché à sa place.

Il est nécessaire de subordonner le libre-échange à ce qui deviendrait la primauté de la protection de l’environnement et de la santé.

 Il est nécessaire que soient créés ou se développent des éléments de « l’économie plurielle » c’est à dire des formes d’économie solidaire et sociale, des entreprises coopératives, des services publics, des systèmes d’échanges locaux (à travers des associations dont les membres échangent des biens et des services, hors du marché),des pratiques de commerce équitable et des mécanismes de juste-échange, des pratiques d’économie collaborative en matière de transports(covoiturage)de logements(  colocation) de nourriture, d’éducation…

Le troisième axe consiste à « désarmer le pouvoir financier » en adoptant entre autres une taxe massive sur les transactions financières et en remettant en cause les paradis fiscaux, les trois contre-mécanismes à créer sont connus mais les rapports de force sont à renverser, c’est un combat gigantesque mais vital.

 Le quatrième axe est constitué par le fait que certaines productions du marché sont, par nature, plus ou moins nuisibles aux acteurs humains. Dans l’économie plurielle, les reconversions – par exemple des industries d’armements – contribuent à l’avènement d’un monde responsable et solidaire, reconversions socialement et écologiquement porteuses.

Remettre à leurs places les moyens et aussi respecter les fins.

 

 

 4- Le respect  des fins : des êtres humains libres, debout et solidaires

 

 

  1. a)  Il s’agit de consacrer, encore mieux et à tous les niveaux géographiques, les trois générations de droits humains :les droits civils et politiques (libertés),les droits économiques sociaux et culturels (égalités),le droit à l’environnement, le droit au développement et le droit à la paix (solidarités).

b )  Il s’agit de préparer la consécration d’une quatrième génération de droitsceux des personnes par rapport à la techno science, par exemple l’interdiction de recherches sur les armes de destruction massive comme portant atteinte à la dignité humaine, par exemple les droits des personnes par rapport aux robots…Cette quatrième génération a commencé à voir le jour dans le domaine de la biologie, par exemple à travers la Déclaration( texte donc non contraignant) universelle sur le génome humain et les droits de l’homme(11-11-1997).

  1. c) Il s’agit bien sûr, aussi  et surtout, de  mettre en œuvre ces générations de droits, de les faire Résister c’est dire non à l’inacceptable, à toutes les formes d’atteintes à la dignité humaine. Les rôles des juges, des ONG, des réseaux, des citoyen(ne)s, certes différents, sont ici essentiels. Ainsi le droit à l’environnement est indirectement appliqué par de plus en plus de tribunaux  qui obligent des Etats à  respecter leurs engagements internationaux de mise en œuvre de  politiques contre les émissions de gaz à effet de serre.

 

5- La remise en cause vitale de moyens conformes aux finalités

-La fin justifie les moyens : depuis le fond des âges ces théories et ces pratiques sont omniprésentes.

 Par rapport au sujet traité cela signifie que peu importe les souffrances des dominés et des exploités pourvu que les profits soient là. Cela signifie que peu importe des moyens plus ou moins violents dans  les révoltes et les répressions pourvu qu’on arrive à ses fins.

-Or on peut penser que la légitimité d’une cause n’implique pas la légitimité de tous les moyens pour la faire triompher. S’il  était oh combien légitime de lutter contre le totalitarisme nazi, certains, dont nous sommes, penseront qu’il n’était pas légitime d’envoyer les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki (avec d’ailleurs pour objectif de montrer sa force face  à l’Union soviétique).

-On peut ainsi penser qu’aucun moyen n’est neutre par rapport aux objectifs proclamés. Gandhi, dans l’ouvrage posthume (  première parution en 1969, réunissant ses écrits  « Tous les hommes sont frères »( folio essais) affirme  de façon radicale et lumineuse  «  On entend dire « les moyens, après tout, ne sont que des moyens ». Moi je vous dirai plutôt : « tout, en définitive, est dans les moyens. La fin vaut ce que valent les moyens. Il n’existe aucune cloison entre les deux catégories » (…) Votre grande erreur est de croire qu’il n’y a aucun rapport entre la fin et les moyens (…) Les moyens sont comme le grain et la fin comme l’arbre. Le rapport est aussi inéluctable entre la fin et les moyens qu’entre l’arbre et la semence. Ceux qui, au contraire, s’abaissent à employer n’importe quel moyen pour arracher une victoire ou qui se permettent d’exploiter d’autres peuples ou d’autres personnes plus faibles, ceux-là non seulement se dégradent eux-mêmes, mais aussi toute l’humanité. Qui pourrait donc se réjouir de voir l’homme ainsi bafoué ? »

-Nous soulignerons quelques illustrations de pratiques massives illustrant l’utilisation de moyens contraires aux finalités proclamées.

  On affirme que l’on veut assurer la paix et on le fait en particulier par le développement des armements. Voilà un exemple de l’une des violences les plus gigantesques. Non seulement elle augmente l’insécurité en plongeant  de multiples acteurs dans une  compétition humanicide,  non seulement elle aggrave des tensions et des conflits armés, non seulement elle participe à la destruction  de la nature mais, et on ne le dénonce que de façon dérisoire, elle enlève des sommes énormes qui pourraient répondre à des besoins criants, ainsi le droit à l’eau  et à l’assainissement n’est toujours  pas assuré pour une partie de la population mondiale.

 On affirme que la protection de l’environnement doit être au service de l’efficacité économique, de la bonne marche des affaires. Voilà une autre violence gigantesque. Le marché  n’est pas  remis à sa place, il est devenu une fin  en lui-même et non pas ramené au rang de moyen, on ne réduit pas et on n’élimine pas, ou si peu, les modes de production et de consommation écologiquement non viables.

On affirme qu’il faut lutter contre des inégalités criantes sur la planète. Pour les réduire on soutient qu’il faut être dans le peloton de tête qui entrainera tout le monde. Finalement on retrouve cette foi dans la compétition, être ou ne pas être compétitifs nous dit le marché mondial. Etre ou ne pas être fraternisés par les périls communs nous dit la vie sur terre.

On affirme que l’on veut préserver la démocratie mais on n’opère que des régulations a minima  des marchés financiers. Du point de vue du système financier international  il y a l’avant et l’après  15 août 1971, jour où les Etats-Unis décident de mettre fin à la convertibilité du dollar en or. Ainsi le dollar a pu flotter, les spéculations sur les monnaies se sont multipliées, le système bancaire est devenu plus puissant, les marchés boursiers plus importants, les opérateurs internationaux ont des logiques spécifiques de fructification des patrimoines financiers, ils prennent peu à peu « la place du conducteur. »,les démocraties sont d’ailleurs trop lentes pour décider, les automates des marchés financiers agissent à la seconde.

Si l’on veut construire des sociétés démocratiques il faut penser et mettre en œuvre des moyens démocratiques,

Si l’on veut construire des sociétés justes il faut penser et mettre en œuvre  des moyens justes,

Si l’on veut construire des sociétés pacifiques il faut penser et mettre en œuvre des moyens pacifiques

Si l’on veut penser des moyens écologiques il faut penser et mettre en œuvre des moyens écologiques.

 D’où  la liste suivante…construite à partir de certains auteurs, de nombreuses luttes en particulier associatives et de nos propres réflexions.

 

 

 6- Liste indicative de vingt  grandes séries de moyens (cinq dans chacun des quatre grands domaines)   contribuant à passer d’un système international productiviste autodestructeur (qui assassine la terre et l’humanité) à une communauté mondiale  viable pour la terre et l’humanité

 a / D’un système international pour une large part autoritaire à une communauté mondiale démocratique :

-Désarmement du pouvoir financier (taxations des transactions financières, impôt mondial sur les capitaux, suppressions des paradis fiscaux, suppression des évasions fiscales, orientations contraignantes de la finance vers la protection de l’environnement…)

-Encadrement des firmes multinationales (respects de la santé, du social, de l’environnement, de la culture…)

-Démocratisation des institutions internationales (réformes du Conseil de sécurité et de certaines institutions spécialisées des Nations Unies…place légitime des pays du Sud, promotion des ONG…)

Accès des femmes aux processus de décision (aux niveaux locaux, nationaux, continentaux, internationaux) et non-cumul généralisé des mandats des élu(e)s dans tous les Etats, création et développement des processus   de représentation(représentativité démocratique, modes d’élections plus démocratiques ) et des processus de participation (référendums encadrés par les droits de l’homme, conférences de citoyens…), lancements des premiers référendums mondiaux sur les générations futures …

-Créations d’organisations nouvelles (composées d’Etats, d’ONG, de collectivités territoriales …), rencontres institutionnalisées des organisations internationales, régionales et sous-régionales, développement de réseaux de solidarités, de coordinations, de fronts communs d’ONG… (par exemple celles allant dans le sens d’un ralentissement du système.), création d’une internationale de la lenteur fédérant les ONG et d’autres acteurs agissant en ce sens…

-…

 b/ D’un système international pour une large part injuste à une communauté mondiale juste :

 

 –Création d’un revenu universel d’existence (attribué à tout habitant de la Terre, revenu déconnecté   du travail auquel s’ajouteront des revenus d’activités)…

Annulations, organisées équitablement, des  dettes publiques (celles des Etats, des collectivités territoriales, des organisations internationales…)

Priorités données au juste échange et au commerce équitable (le libre échange leur sera subordonné), développement massif de l‘économie sociale et solidaire, de l’économie collaborative …

Mise en place d’agricultures durables et autonomes (respect de l’environnement, statut international des matières agricoles, souveraineté alimentaire)

Créations et redistributions de fonds internationaux (taxes liées au désarmement du pouvoir financier et liées aux activités polluantes, redistribuées vers des besoins criants en santé, en protection sociale, en éducation, en environnement, en emplois…)

– …

c/ D’un système international pour une large part anti écologique à une communauté mondiale écologique :

 

 Remises en cause  d’activités polluantes (réductions et suppressions des modes de production, de consommation, de transport écologiquement non viables)

Programmes massifs les plus rapides possibles d’accès à l’eau (effectivités du droit à l’eau potable et du droit à l’assainissement)

Revitalisation des régions profondément dégradées (programmes massifs à tous les niveaux géographiques, créations massives d’emplois )

Transitions énergétiques (développement massif des énergies renouvelables, économies massives d’énergie, sortie rapide du nucléaire), mise en oeuvre d’un ralentissement de l’explosion démographique mondiale

Conclusions de nouvelles conventions mondiales (convention créant une Organisation mondiale de l’environnement, convention sur les droits des déplacés environnementaux, convention créant une Organisation mondiale et régionale d’assistance écologique, conventions de protection des sols, convention de protection des forêts, convention contre les pollutions telluriques …) et de nouveaux protocoles(en particulier de réductions massives et radicales des gaz à effet de serre)

Les actions environnementales qui précèdent , combinées au revenu universel d’existence, aux réductions du temps de travail et à de grands travaux communs pacifiques, sociaux  et écologiques , contribueraient à donner le jour à des créations massives d’emplois dans le bâtiment, les énergies renouvelables, l’agriculture, les transports, la revitalisation de régions dégradées, les travaux contre des effets de la montée des eaux, l’assistance aux catastrophes écologiques, l’éducation à l’environnement…

-…

d/ D’un système international pour une large part violent à une communauté mondiale pacifique :

Interdiction des recherches scientifiques sur les armes de destruction massive (déclarées contraires à l’intérêt commun de l’humanité.)

Mise en place d’une sécurité collective (fondée à titre principal sur des forces d’interposition envoyées à titre préventif et à titre exceptionnel sur des forces d’intervention internationalisées)

Remises en cause des ventes d’armes (restrictions, taxations, interdictions, reconversions), créations de ministères du désarmement.

Conclusions de nouveaux traités et protocoles de désarmement (armes de destruction massive en particulier nucléaires) , application des traités qui existent déjà.

Mise en place d’une éducation à la paix (de la maternelle à l’université et dans de multiples lieux, fondée entre autres sur les apprentissages de règlement non violent des conflits.)

-…

 

7-Quelques commentaires relatifs à ces moyens

 

 

aLe système productiviste est condamnable et condamné.

 Ce système n’est-il pas condamnable du seul fait, par exemple, qu’il y ait en 2018  un enfant sur deux dans le monde en situation de détresse et/ou de danger(guerres, maladies, misère…) et du seul fait, par exemple, que les marchés financiers depuis 1971 ont pris une large partie de la place des conducteurs (Etats…) ?

Ce système n’est-il pas condamné du seul fait , par exemple, que plus de 5 milliards de dollars partent  chaque jour en 2018 vers les dépenses militaires mondiales, et du seul fait, par exemple, que des activités humaines entrainent un réchauffement climatique qui menace l’ensemble du vivant,+3°C à 6°C vers 2100 et autour de 1  à 2 mètres, voire plus , d’élévation du niveau des mers ?

b- Cette vingtaine de moyens est proposée à titre indicatif, on peut bien sûr prolonger la liste. Nous pensons que ces contre-mécanismes commenceraient à ralentir ce système  productiviste auto destructeur (voir sur ce blog quatre « billets » sur « Le productivisme ») et à le remettre en cause pour donner naissance en quelques décennies (? Le temps est compté…) à une communauté mondiale humainement viable.

c- La liste proposée n’est pas celle du Discours Vérité, ce sont des convictions mais des erreurs sont possibles et tel ou tel moyen peut vous paraitre illégitime, dangereux, inefficace, irréalisable…Ne pas oublier qu’existent deux sortes d’utopies, celles de vœux pieux non réalisés, celles des utopies  concrètes qui prennent  les moyens de se réaliser.

d- Certains de ces moyens ont des débuts d’application cependant en général trop timides. Il est vrai qu’un chemin de mille pas commence par un pas, mais l’accélération du système productiviste implique la mise en œuvre de moyens nombreux et radicaux. Nous avons mis symboliquement en tête à chaque fois un moyen qui nous semble particulièrement radical par rapport au système productiviste et çà n’est pas un hasard si ces cinq moyens sont très critiqués par certains. Ainsi pour leurs pourfendeurs le revenu universel d’existence  est synonyme d’institutionnalisation de la paresse et d’impossibilité financière de le réaliser,  l’interdiction des recherches sur les armes de destruction massive est  synonyme d’atteintes à la liberté de la recherche scientifique, le désarmement financier est synonyme de faillite généralisée,  les remises en cause des modes de production et de consommation non viables sont synonymes d’actes suicidaires face à la compétitivité…

e- Il faut redire ici que les grands domaines (démocratie, justice, environnement, paix) sont interdépendants pour le pire et le meilleur. Ainsi des mécanismes produisant des injustices produisent des violences. Ainsi des contre-mécanismes porteurs de justice sont ensuite porteurs d’éléments pacifiques. Les interactions sont multiples dans chaque domaine et entre les domaines. Les problèmes de coordinations de tels moyens seront massifs mais moins gigantesques…que les séries de drames et de menaces liés au productivisme.

f- Penser et mettre en œuvre ces contre-mécanismes dépend surtout (même si le hasard peut éventuellement jouer aussi un rôle) des déterminations personnelles et collectives (voir sur ce blog « Les volontés politiques », voir aussi les quatre « billets » sur la démocratie, surtout le 3ème).

Ces moyens pour voir le jour doivent et devront surmonter des obstacles nombreux et puissants mais pensons, exemple gigantesque, au mur de Berlin qui a fini, au bout de 28 ans, par s’effondrer, « l’histoire est sortie de ses gonds ». Des ONG, des alternatives sont souvent porteuses d’espoirs.

-Si l’on pense que 
-le village, la ville, la région c’est notre terroir
-le pays c’est notre patrie,
-le continent c’est notre matrie,
-la terre c’est notre foyer d’humanité

… alors tous les acteurs, aux différents niveaux géographiques, à travers des responsabilités très variables, ont des remises en cause à entreprendre, des alternatives auxquelles participer.

Il est clair que plus l’acteur est puissant et se trouve au cœur du système productiviste  plus la remise en cause sera difficile.

J’aimais  rappeler aux étudiant(e)s cette citation de Montesquieu,  connue, claire et terrible dans sa fin, dans ses liens entre un continent et le genre humain :

« Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille je le rejetterais de mon esprit.
Si je savais quelque d’utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie je chercherais à l’oublier.
Si je savais quelque chose d’utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe
ou bien qui fût utile à l’Europe et préjudiciable au genre humain je le regarderais comme un crime. »

 

g- Enfin réaffirmons, encore et toujours, que les moyens proposés doivent être conformes aux fins que l’on met en avant :

 

pour des  fins démocratiques des moyens démocratiques.

 pour  des fins  justes des moyens justes,

pour des fins écologiques des moyens écologiques,

pour des fins pacifiques des moyens pacifiques…

 

Remarques terminales

1-Après avoir traversé une partie des analyses des mondes des violences  nous proposerons pour cette remarque terminale deux citations peu connues, deux citations mettant en avant le mot tendresse que certains d’entre nous affectionnent particulièrement. (voir sur ce blog « Le dernier mot est-il le bon ? ») :

-« La violence c’est le négatif de la tendresse. » (André Gorz).

 -et  une pensée d’Emile Zola ( article publié dans Le Figaro du 16 mai 1896, deux ans avant son autre article célèbre « J’accuse ») :

 :   « ( …) Le rêve final sera de ramener tous les peuples  à l’universelle fraternité, de  les  sauver tous le plus possible de la commune douleur, de les noyer tous dans une commune tendresse. »

 2- Nous arrivons enfin à cette  question centrale : 

Pourquoi  ces violences, pourquoi les violences ?

Autrement dit : quelles sont les analyses des causes des violences ? (VOIR V)