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au trésor des souffles

histoire depuis 1945 à nos jours

Histoire du monde de 1945 à nos jours

Il n’est pas toujours évident  de trouver des synthèses qui se veulent globales de l’histoire des relations internationales.

A  la dimension politico-stratégique qui domine souvent l’historique,  on  ajoutera l’évocation  même rapide d’autres dimensions (économiques,  scientifiques, juridiques, écologiques, sanitaires, démographiques, sociales, culturelles…) .

L’auteur du site  est reparti  ici  d’un chapitre de son ouvrage  de « Relations internationales »(éditions Ellipses) en ajoutant  des  développements  allant dans ce sens et bien sûr d’importantes et longues  mises à jour nécessaires .

 

 Introduction.

 

 Six remarques essentielles pour mieux situer  et comprendre les choix de cette synthèse.

1-  Le passé comme expérience ne peut-il pas contribuer à éclairer le présent agissant et l’avenir comme « horizon de responsabilité »? Alexis de Tocqueville avait écrit « Quand le passé n’éclaire plus l’avenir l’esprit marche dans les ténèbres » :  cette affirmation se vérifie  oh combien! Mais, en même temps, certaines réalités, telles que la techno science, le marché mondial, la débâcle écologique, ne sont pas toujours éclairées par le passé… et leur accélération complique les situations. Les lumières ne sont pas faciles à trouver et les remises en cause paraissent parfois insurmontables.

2-  Et puis, avant de plonger dans  cette synthèse, une  question est toujours présente : mais enfin qui fait l’histoire?

Répondre que ce sont les grands hommes, ou les peuples ou « tout le monde » voilà qui témoigne de trois positions certes  rapides mais très différentes.

On peut aussi mettre en avant les marges de manœuvres des acteurs, du plus petit au plus puissant.

On peut également distinguer les types d’histoires selon les domaines, ainsi tout à tour les acteurs de l’histoire politique, économique, scientifique, militaire, écologique, culturelle…

On peut aussi raisonner en termes de mécanismes et de contre-mécanismes d’un système productiviste devenu terricide et humanicide et examiner les acteurs qui agissent dans le sens des « reproductions », des « ruptures » ou des « entre deux » du système productiviste. On peut pour chaque acteur, du plus petit au plus grand, remplir ces trois colonnes par rapport à la paix, la justice, la démocratie, l’environnement.

On peut également raisonner en termes de dominations et examiner, à chaque époque dans des lieux plus ou moins vastes, les dominants et les dominés. Aujourd’hui les dominants s’appellent les marchés financiers, les firmes multinationales, les complexes de la techno science, les complexes scientifico militaro industriels, les grands groupes médiatiques, les pays du  G20,le FMI, l’OMC, quelques organisations régionales dont l’Union européenne, sans oublier bien sûr les hommes… même si la libération des femmes voit peu à peu le jour.

Pour aller vers une analyse se voulant plus globale, critique et créatrice, de cette  question « qui fait l’histoire? » on pourrait dire qu’il s’agit vraisemblablement de mélanges ,dans des proportions variables selon les lieux et les périodes, de trois séries d’acteurs : des hasards(« le géant hasard « comme l’appelait Nietzsche),des nécessités (cette  catégorie floue n’est pas neutre, elle  peut comprendre aujourd’hui  par exemple des auto reproductions du système productiviste, des temps de reconstitutions d’écosystèmes ), des volontés (celles des dominants et des dominés cela  à tous les niveaux géographiques, à resituer par rapport à leur rôle dans le système productiviste).

  Quelque soit l’analyse choisie (une de celles ci-dessus ou d’autres) pour répondre à la question trois éléments qu’on ne peut passer sous silence sont aujourd’hui présents, cela  si on veut s’approcher d’un certain sens des ensembles :

-la complexité de ce système  mondial , « penser c’est dialoguer avec la complexité » nous dit Edgar Morin, elle est redoutable parce qu’elle montre des obstacles à surmonter  pour faire bouger des situations, ainsi pour les changements climatiques alors que le temps presse,

-les situations de certains des éléments de la maison commune qu’est la Terre atteignant écologiquement des seuils d’irréversibilité pouvant remettre des acteurs en cause, ainsi les pays et les groupes pétroliers, charbonniers, gaziers,

l’accélération du système mondial, la vitesse est un des facteurs de répartition des pouvoirs, ainsi par exemple les parlements souvent lents sont pris de vitesse par les exécutifs, par exemple en matière de politique étrangère, les exécutifs sont à leur tour pris de vitesse  plus ou moins par les marchés financiers qui opèrent à la seconde, ou beaucoup moins à travers  des robots.

 

 3- Comme j’avais déjà fait ce choix dans mes cours et ouvrages de relations internationales, ce panorama des relations internationales de 1945 à nos jours ne sera pas sans cris de révoltes en particulier par rapport aux inégalités massives, hurlantes de la planète, par rapport au productivisme terricide et humanicide, par rapport à la folie meurtrière  quotidienne en  dépenses d’armements (5 milliards de dollars chaque jour en 2019).Ces dénonciations et d’autres seront souvent accompagnées de rappels et d’appels à des alternatives, portées entre autres par des ONG et différents auteurs dans le monde.

La tiédeur, l’indifférence, la neutralité, la fuite , l’absence d’analyse globale, critique et prospective devant ces situations, ne seront pas le choix de cette synthèse qui mettra souvent en avant des fins et des moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques(complétés et explicités dans d’autres articles de ce site).

 

 4-  En exergue  si on nous demandait,  arbitrairement, de ne retenir de janvier 1945 à fin novembre  2020, seulement que deux évènements symboliques, ce seraient lesquels ?

 l’un symbolique d’un monde dramatique, ce serait  les 6 et 9 août 1945, le lancement des bombes atomiques (Hiroshima, Nagasaki),

l’autre symbolique d’un monde d’espoir, ce serait le 9 novembre 1989, la sortie de Yalta (chute du mur de Berlin).

 

5- Du point de vue politique le critère dominant est celui des rapports entre les Etats.

De 1945 à 1991 c’est le « duopole » des Etats-Unis et de l’Union soviétique, les deux « super-grands », « un seul lit pour deux rêves » disait un premier ministre chinois.

De 1991 (implosion de l’Union soviétique en 15 Etats) à nos jours, les Etats-Unis se retrouvent « hyper-puissance », mais c’est aussi l’arrivée  des pays émergents, en particulier de la puissante Chine sur la scène internationale, elle devient l’autre Etat géant de la planète. Par contre c’est toujours la Russie qui détient avec les Etats-Unis le nombre le plus important d’ogives nucléaires, à eux deux 90% du total mondial, la  Chine est loin derrière.

  6-  Du point de vue global le système international ne s’enfonce-t-il pas dans une crise radicale,  écologique, économique, sociale, politique, culturelle ? N’est-ce pas la crise du système productiviste ?  (Sur  » le système international productiviste  » voir les articles   sur ce site).Les grands défis ne s’appellent-ils pas la débâcle écologique , avec en particulier le réchauffement qui peut annoncer, ni plus ni moins , la fin du vivant avec 3° à 6°C de plus  de température moyenne de la planète vers 2100 , les armes de destruction massive, les inégalités criantes, les logiques de toute-puissance de la techno-science et du marché mondial ? Sans oublier la multiplication de virus que nous incluons dans la débâcle écologique.

 

 7- Trois grandes périodes seront synthétisées,

 dans la première ( I ) (1945-1964) nous résumerons quatre sous-périodes,

dans la seconde (II) (1964-1989) deux sous-périodes,

 dans la troisième (III) (1989 à nos jours) deux sous-périodes.

 

  Chaque sous-période comprendra un « résumé »proposant de souligner les éléments primordiaux

puis, plus long , un récapitulatif  « des  événements  essentiels» reposant sur une énumération, globale et parfois  thématique, sans prétendre à l’exhaustivité. Sont repris plus détaillés certains évènements parfois même en montrant leurs évolutions dans le temps.

 

I-De la Conférence de Yalta à la guerre du Vietnam (1945-1964)

 

 Nous proposons d’envisager tour à tour quatre sous-périodes :

la formation des blocs (A), la guerre froide (B), la fausse détente (C), les confrontations localisées (D).

 

A- La formation des blocs (1945-1947)

 

            1) Le résumé :

a)L’ère nucléaire s’ouvre dramatiquement en août 1945 à Hiroshima et Nagasaki.

  1. b) Cette sous-période est celle de « la paix manquée » puisque l’Europe va se séparer en deux. Deux blocs se constituent: d’une part les Etats-Unis à la tête du « monde libre » c’est-à-dire l’Ouest, d’autre part l’Union soviétique à la tête « du camp anti-impérialiste » c’est-à-dire l’Est.
  2. c) Certes les Nations Unies ont vu le jour, mais les conférences de l’après-guerre témoignent du partage du monde entre Etats  dominants en 1945, on les retrouve d’ailleurs membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies.

 

       2) Des évènements essentiels

Il y avait eu l’avancée de juillet 1944 à travers les Accords de Bretton Woods (système monétaire international, Fonds monétaire international, Banque mondiale), l’Union soviétique cependant n’y participait pas.

La Conférence de Yalta (4 au11 février 1945 en Crimée) est une forme de « partage du monde » entre Roosevelt, Churchill et Staline. Viennent  ensuite la capitulation de l’Allemagne (8 mai 1945 à Berlin), la création des Nations Unies (Charte de San Francisco, 26 juin 1945), la Conférence de Potsdam (en juillet 1945 entre Truman, Churchill et Staline) où ce partage du monde continue.

C’est l’envoi terrifiant et apocalyptique  des bombes atomiques par les Etats-Unis sur Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, ces armes ouvrent l’ère nucléaire. Albert Camus écrit « La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie(…) Ce n’est plus une prière mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison. »Jean-Paul Sartre affirme de son côté « Désormais nous savons que chaque jour peut être la veille de la fin des temps ». Jean Rostand écrira « Accepter l’arme atomique c’est se rendre complice, par nonchalance ou passivité, du plus abominable forfait que l’homme ait jamais prémédité contre l’homme. »

 Voilà le procès de Nuremberg (novembre 1945 à décembre 1946) qui juge et condamne des responsables des crimes nazis, en particulier bien sûr de l’horreur des camps de concentration.  L’article 6 du Tribunal militaire international de Nuremberg du 8 août 1945 définit « les crimes contre l’humanité. »

 Voilà les pays du « rideau de fer », ainsi nommés par Churchill en mars 1946, c’est-à-dire sous domination soviétique. La Conférence de Moscou (avril 1945) échoue et précipite la coupure des deux Allemagnes et  la guerre froide.

 Voilà le premier ordinateur en 1946,(avant cela : en 1877 le téléphone, en 1920 les premières émissions régulières de radio, et en  1926 la télévision).

 

B- La guerre froide (1947-1953)

 

            1) Le résumé :

  1. a) La guerre froide va de la doctrine Truman (mars 1947), qui ouvre une politique d’aide à l’Europe pour « endiguer les progrès du communisme », jusqu’à la mort de Staline (mars 1953) (le système totalitaire du stalinisme va de 1929 à 1961 avec les camps de travail puis le Goulag).Au sens non pas strict (1947à 1953) mais au sens large on peut dire que la guerre froide va de 1947 jusqu’en 1989, à la chute du mur de Berlin c’est à dire à la sortie des blocs, dite sortie de Yalta .
  2. b) La guerre froide c’est l’affrontement que se livrent par pays et peuples interposés les deux« super-grands » sans en arriver au conflit  nucléaire. Raymond Aron, (auteur d’un  grand ouvrage « Paix et guerre entre les nations »,1962), la résumait en une formule : « paix impossible, guerre improbable ».
  3. c) Le blocus de Berlin (juin 1948 à mai 1949) marque la guerre froide : l’Union soviétique bloque les voies d’accès terrestres à Berlin-Ouest, les Etats-Unis mettent en place un pont aérien qui permet de ravitailler Berlin-Ouest.
  4. d)  Les guerres israélo-arabes commencent, il y en aura quatre, en 1948, 1956, 1967, 1973, sans compter les opérations militaires de l’armée israélienne au Liban et dans la bande de Gaza.

 

            2) Des évènements essentiels

  Voilà le plan Marshall (juin 1947, plan d’aide à la reconstruction économique de l’Europe),

Voilà le plan de partage de la Palestine adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies en novembre 1947 (33 voix pour, 13 contre, 10 abstentions), le plan est rejeté par les pays arabes.

C’est l’indépendance de l’Inde le 15 août 1947 avec l’action non-violente de Gandhi, (« Les générations futures auront du mal à croire qu’un tel homme ait pu exister sur notre terre! » disait Einstein) et du Pakistan le 14 août 1947.

Des haines se multiplient, en trois mois il y a 1 million de morts et un des plus grands exodes de l’histoire humaine puisque 15 millions de personnes passent la frontière  dans les deux sens : 6 millions de musulmans quittent l’Inde, 9 millions d’hindous et de sikhs viennent du Pakistan.

C’est aussi à la même date l’indépendance du Pakistan.

Le « coup de Prague » c’est-à-dire la prise du pouvoir par les communistes en février 1948 en Tchécoslovaquie.

La création de l’Etat d’Israël en mai 1948, la première guerre israélo-arabe (de mai 1948 à juillet 1949), le blocus de Berlin-Ouest par les soviétiques (1948-1949).

Le début de la première guerre d’Indochine contre la France ( décembre 1946 jusqu’en mai 1954), la défaite de l’armée française à  Dien Bien Phu(bataille de mars à mai 1954) est suivie des Accords de Genève de juillet 1954.

La Chine, avec Mao Tsé-toung, devient « République populaire » le 1er octobre  1949.Certains historiens estiment que la seconde partie de la guerre civile de 1945 à 1949 aurait fait au moins 5 millions de victimes.

Sont conclues les quatre  conventions de Genève sur le droit des conflits  armés (12 août 1949) ,1èreConvention sur la protection des malades et blessés des forces armées en campagne ,2ème  Convention sur la protection des malades et blessés et naufragés dans les forces armées sur mer, 3ème Convention sur le traitement des prisonniers de guerre, 4ème Convention sur la protection des populations civiles. Plus tard seront conclus des protocoles additionnels, deux en 1977 et un en 2005.

L’OTAN, organisation militaire sous domination des Etats-Unis, est créée en avril 1949, en mai 1949 c’est la naissance de l’Allemagne de l’Ouest(RFA), en octobre 1949 c’est celle de l’Allemagne de l’Est(RDA).

C’est l’adoption par l’AG des Nations Unies de la Déclaration universelle des droits de l’homme ( DUDH , 10 décembre 1948).

Le 9 mai 1950, dans le sillage de Jean Monnet, Robert Schuman fait une Déclaration qui donne le jour à la première  Communauté européenne, celle du charbon et de l’acier (CECA,1951) .

C’est aussi dans le cadre du Conseil de l’Europe (créé en mai 1949 avec 10 Etats membres et 47 en 2013 )que voit le jour la Convention européenne des droits de l’homme en novembre 1950,avec la Cour européenne des droits de l’homme(CEDH) qui deviendra une juridiction essentielle et en elle-même et en inspirant la création d’autres juridictions régionales.

C’est enfin la guerre de Corée de 1950 à 1953, la Corée du Nord avait pris Séoul, capitale de la Corée du Sud, la guerre est accompagnée de 2 millions de victimes et se termine en juillet 1953 par l’armistice (et non pas un véritable accord de paix).

En mars 1953 c’est la mort de Staline. Un des  vainqueurs du nazisme  et  le dictateur du régime totalitaire de l’Union soviétique.

 A l’époque sont des puissances nucléaires dotées de la bombe atomique (bombe A, arme à fission) , les Etats-Unis (1945), l’Union soviétique(1949), le Royaume-Uni(1952).

Deviendront ensuite des puissances nucléaires dotées de la même arme : la France(1960), la Chine(1964). D’autre part ont, depuis ce temps, des armes nucléaires atomiques l’Etat israélien(1967), l’Inde (1998) et le Pakistan(1998). La Corée du Nord fera son premier essai beaucoup plus tard en 2016.

Enfin à l’époque ont des armes thermonucléaires (bombe H, armes à fusion) : les Etats-Unis(1952), l’Union soviétique(1953). Deviendront ensuite des puissances thermonucléaires le Royaume-Uni(1957), la Chine(1967), la France(1968)).

En 1949 le roman d’anticipation « 1984 » pose la question du « Big Brother » qui nous regarde, nous surveille et devient synonyme d’une forme de  totalitarisme.

 

C- La fausse détente (1953-1957)

 

            1) Le résumé :

  1. a) Cette sous-période s’appelle souvent «  la détente », en fait il s’agit d’une fausse détente puisqu’il y a certes, d’une part, des discours sur « la coexistence pacifique »…mais

 

b)…  d’autre part, des affrontements entre les Etats-Unis et l’Union soviétique.

  1. c) Le Tiers-monde arrive sur la scène internationale à la Conférence de Bandoeng(Indonésie) en avril 1955.

 

 

          2) Des évènements essentiels

  L’accord de paix sur l’Indochine crée une ligne de démarcation provisoire (le 17ème parallèle) entre les deux Vietnam.

C’est ensuite la Conférence de Bandoeng(ou Bandung) (18 au 24 avril 1955 en Indonésie, 29 pays d’Afrique et d’Asie, avec Nasser, Nehru, Chou En-lai, Soekarno, Sihanouk), elle marque l’arrivée du Tiers-monde sur la scène internationale, elle en appelle à la décolonisation et au non-alignement.

  Voilà l’entrée de l’Allemagne de l’Ouest dans l’OTAN (mai 1955), la création du Pacte de Varsovie en mai 1955, pacte militaire des pays de l’Est sous domination de l’Union soviétique. C’est le 20ème Congrès du PC de l’Union soviétique en février 1956 qui dénonce « le culte de la personnalité » à l’époque de Staline, c’est l’insurrection en Hongrie en octobre 1956 qui fait l’objet d’une répression terrible des forces du Pacte de Varsovie.

C’est enfin la crise de Suez dans laquelle le chef d’Etat égyptien, Nasser, nationalise la compagnie du Canal de Suez (juillet 1956), c’est  la seconde guerre israélo-arabe (octobre 1956 à novembre 1956), et pour protéger le Canal de Suez les franco-britanniques envoient des troupes fin octobre 1956, elles repartiront fin décembre  sur pressions des Etats-Unis et de l’Union soviétique.

 En 1956 voilà … la pilule contraceptive, sept ans après « Le deuxième sexe » écrit par Simone de Beauvoir, paru en 1949. En 1954 c’est le premier poste à transistor. En 1955 « Tristes tropiques » est  l’avertissement d’un grand  anthropologue (Claude Lévi-Strauss) sur les menaces relatives à l’avenir de l’homme et du vivant. En octobre 1957 l’Union soviétique met sur orbite le premier satellite artificiel (Spoutnik 1).

 

D- Les confrontations localisées (1957-1964)

 

            1) Le résumé :

  1. a) L’évènement majeur est celui d’une crise gravissime qui éclate entre les Etats-Unis et l’Union soviétique, c’est «  l’affaire des missiles de Cuba » en octobre 1962 qui voit le monde au bord d’une guerre nucléaire.
  2. b) D’autre part les tensions par rapport à Berlin sont toujours présentes.
  3. c)  Les indépendances en Asie et en Afrique se multiplient,
  4. d)  La Communauté économique européenne(CEE) est  créée par le Traité de Rome le 25 mars 1957 (au départ 6 Etats membres, 28 en  juillet 2013).
  5. e) En Chine de 1958 à 1961 c’est « le Grand Bond en avant » autrement dit un plan de développement économique désastreux qui exige la marche forcée de l’industrialisation et la mise de côté de l’agriculture et qui va être la cause de 36 millions de morts, chiffre terrifiant donné par  plusieurs historiens.

 

            2) Des évènements essentiels

  C’est la création de l’OPEP (pétrole) en septembre 1960, c’est la construction du mur de Berlin par l’Allemagne de l’Est en août 1961 pour arrêter les habitants qui partaient à l’Ouest, c’est la première conférence des pays non-alignés en 1961.

Ce sont aussi des indépendances qui interviennent parfois après une guerre , par exemple de 1954 à 1962 en Algérie, ou des indépendances parfois suivies d’une guerre, comme au Congo belge devenu indépendant en juin 1960.

C’est la naissance du couple franco-allemand , fondé par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer en 1963,couple essentiel et en lui-même et pour les Communautés européennes puis l’Union européenne.

C’est enfin la crise de Cuba : un avion espion des Etats-Unis détecte des rampes de lancement de missiles installées à Cuba par l’Union soviétique, le 22 octobre 1962 le président des Etats-Unis,  Kennedy, ordonne le blocus de l’île communiste, blocus qui sera levé le 22 novembre à la suite de la décision de Khrouchtchev de démanteler ces installations nucléaires.

C’est  aussi  l’assassinat de Kennedy en novembre 1963.

 

II  De la guerre du Vietnam à la sortie de Yalta (1964-1989)

 

 Nous proposons d’envisager tour  tour deux sous-périodes :

des rivalités multiples(A), la détente(B).

 

A- Des rivalités multiples (1964-1985)

 

            1) Le résumé :

  1. a) Les affrontements entre les Etats-Unis et l’Union soviétique sont nombreux et dramatiques. Il s’agit d’abord de la course aux armements qui atteint son apogée en 1988 (1000 milliards de dollars de dépenses militaires mondiales).
  2. b) Il s’agit ensuite de la guerre du Vietnam (seconde guerre d’Indochine), elle oppose d’une part le Nord Vietnam pro communiste, soutenu militairement par la Chine et l’Union soviétique et d’autre part le Sud Vietnam, soutenu militairement par les Etats-Unis. Cette guerre va de 1964 à 1973, elle est synonyme de souffrances gigantesques ! Les victimes du côté vietnamien sont de 1 million de combattants et de 4 millions de civils, du côté des Etats-Unis 58.000 militaires, s’ajoutent aussi des souffrances physiques, morales ainsi que d’énormes et dramatiques atteintes sanitaires et destructions environnementales  à travers le déversement massif de  « l’agent orange ». Cette guerre est synonyme aussi de « victoire » d’un petit pays sur une grande puissance.
  3. c) D’autre part des craquements apparaissent dans le bloc de l’Est, ainsi en Tchécoslovaquie en 1968 où « le printemps de Prague » est réprimé,  en Pologne en 1980 la grève du chantier naval de Gdansk et la naissance du syndicat Solidarnosc symbolisent la liberté. Des craquements moindres  à l’Ouest: en mars 1966 la France quitte l’OTAN, Charles de Gaulle veut une France indépendante des deux blocs.
  4. d) Enfin c’est le totalitarisme du génocide du Cambodge (avril 1975 à janvier 1979), de l’ordre de un habitant sur quatre est exécuté, soit deux millions sur près de huit millions de personnes, l’horreur de l’horreur !
  5. e) C’est la montée des marchés financiers à partir d’août 1971, fin de la convertibilité du dollar en or, voilà  donc des spéculations sur les monnaies. La financiarisation de l’économie apparait , les marchés financiers se développent.

 

 

            2) Des évènements essentiels

  La guerre du Vietnam avait commencé en fait en 1959 par l’interventionnisme des Etats-Unis au Sud Vietnam (bases militaires, conseillers militaires), en 1964 les Etats-Unis s’engagent dans la guerre au Nord puis au Sud, ils perdent cette guerre qui se termine en janvier 1973 par les Accords de Paris entre les Etats-Unis et le Nord Vietnam. La troisième guerre d’Indochine se poursuit entre les deux Vietnam et se termine par la victoire du Nord Vietnam en avril 1975 (chute de Saigon) et par la réunification du Vietnam procommuniste. En octobre 1971 la Chine entre aux Nations Unies.

Ce sont la troisième (5 au 10 juin 1967 dite «  guerre des six jours ») et quatrième (au mois d’octobre 1973, dite «  guerre du Kippour ») guerres israélo-arabes. Le 22-11-1967 est adoptée la résolution 242 du Conseil de sécurité, l’une des plus célèbres des Nations Unies et qui est inappliquée depuis…49 ans. La résolution commence par préciser « l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la guerre et la nécessité d’œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque Etat de la région de vivre en sécurité ». Deux principes sont ensuite énumérés : le retrait d’Israël des territoires nouvellement conquis en échange de la cessation de l’état de belligérance ; la reconnaissance de tous les Etats de la région et de leur intégrité territoriale.

C’est la guerre du Biafra (mai 1967 à janvier 1970) dont la sécession au Nigéria est écrasée .Un des peuples martyrs de la planète avec 2 millions de victimes de la guerre, de la famine, de la soif, et des épidémies.

C’est le génocide du Cambodge mis en œuvre par les  khmers rouges d’avril 1975 à janvier 1979, 2 millions de victimes sur 8 millions d’habitants, l’horreur de l’horreur. Les estimations du nombre de victimes vont de 1,2million à 3 millions de personnes.  L’armée Vietnamienne entre au Cambodge  le 25 décembre 1978, elle en partira en avril 1989.

En Chine de 1966 à 1976  c’est « la révolution culturelle » lancée par Mao qui fera de 1 à 3 millions de victimes.

 C’est la suspension de la convertibilité du dollar en or (décision du président des Etats-Unis en août 1971) qui constitue, à travers la spéculation, un pas vers la puissance des marchés financiers. Donc un moment décisif dans le dessaisissement d’une partie des  pouvoirs des Etats.

C’est le quadruplement  des prix du pétrole de 3 à 12 dollars le baril, par les pays producteurs du Golfe, en décembre 1973, le second « choc »pétrolier se produit en 1979(chute du Shah d’Iran et guerre Irak-Iran), les prix passent de 13 à 40 dollars le baril.

Voilà aussi la Déclaration sur le nouvel ordre économique international(NOEI) adoptée par l’AG des Nations Unies en mai 1974.

Enfin, avec les craquements à l’Est et à l’Ouest, on observe une politique « d’ouverture à l’Est » pratiquée par l’Allemagne de l’Ouest et les négociations d’Helsinki sur les droits de l’Homme en juillet 1973 vont dans ce sens, elles regroupent 35 Etats.

Voient le jour les deux Pactes internationaux des droits de l’homme du 16 décembre 1966 entrés en vigueur en 1976, l’un relatif aux droits civils et politiques, l’autre relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

En 1968 est conclu le Traité de non-prolifération des armes nucléaires(TNP) qui constitue  une avancée en temps que frein pour tous les Etats qui n’ont pas la bombe, mais en même temps constitue une domination des Etats nucléaires et dont l’efficacité est relative  (des Etats non signataires, des difficultés très grandes de contrôle…)

A partir de 1976 c’est le G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada) qui devient en 1998 le G8 (avec la Russie), il s’agit d’une enceinte diplomatique et de coopération économique dont les réunions sont celles de pays économiquement parmi les plus puissants du monde et qui représentent le  libéralisme économique.

A partir de 1981 les premiers cas de sida sont observés, de 1981 à 2010 la pandémie a causé la mort de près de 40 millions de personnes. L’épidémie continue, depuis peu de temps apparait une certaine diminution des décès et des contaminations, mais par exemple, pour la seule année 2011, il y avait encore 34 millions de personnes vivant avec le VIH (dont 23,5 millions en Afrique subsaharienne) 2,5 millions de nouvelles infections, et 1,7million de décès liés au sida.

A titre de comparaison la grippe espagnole de 1918-1920 a fait de l’ordre de 50 millions de victimes. Le coronavirus qui a démarré en février 2020 peut aller selon certains  jusqu’à deux millions de victimes, d’autres avancent des prévisions  très supérieures.

L’homme pose le pied sur la Lune le 21 juillet 1969. En 1968 Le film « 2001 : l’Odyssée de l’espace » pose  la question d’une techno science qui tend à nous dépasser.

 

B- La détente (1985-1989)

 

            1)  Le résumé :

  1. a) L’hypothèse la plus probable de la grande cause de la détente est une nouvelle équipe, celle de Gorbatchev,  arrivant au pouvoir à Moscou en mars 1985, qui veut alléger le poids de la course aux armements ce qui permettrait de dégager des marges de manœuvres militaires, économiques, politiques.

 

  1. b) La détente se met en route à travers de gigantesques changements structurels en Union soviétique et dans les pays de  l’Est, elle prépare la fin des blocs et les grandes retrouvailles Est-Ouest.

Le 9 novembre 1989 c’est la chute du mur de Berlin, M. Gorbatchev écrira : « L’histoire est sortie de ses gonds », F. Mitterrand affirmera « Comme un fleuve entre dans son lit,  l’Europe est rentrée dans son histoire et sa géographie ».

  1. c) Le 26 avril 1986 voilà la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.

 

 

2)  Des évènements essentiels

  Voilà donc l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir (mars 1985) et le traité bilatéral (Etats-Unis, Union soviétique) de destruction des euromissiles (décembre 1987).

En septembre 1989 la Hongrie décide d’ouvrir sa frontière avec l’Autriche, le 10 septembre 10.000 allemands de l’Est vont en RFA.C’est en octobre 1989 que 8000 réfugiés Est allemands, venant de Prague et de Varsovie, arrivent en Allemagne de l’Ouest à bord « des trains de la liberté ». Le 9 novembre 1989 les autorités d’Allemagne de l’Est décident l’ouverture de la frontière, les allemands se déplacent librement. On peut dire des résistants non-violents des peuples des pays de  l’Est « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »

C’est la Convention des droits de l’enfant (20 novembre 1989) qui succède enfin à la Déclaration(simplement incitative) des droits de l’enfant de 1959.

Le 26 avril 1986 c’est la catastrophe  nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine (à l’époque en Union soviétique).Une forme de dernier avertissement que l’humanité se donne à elle même.

 

 

III-De la sortie de Yalta à l’aggravation des logiques productivistes  (1989 à nos jours),  

 

 Nous proposons d’envisager tour à tour deux sous-périodes :

 De la sortie de Yalta aux attentats  du « 11 septembre »( 1989-2001)(A) 

  Des attentats  du « 11 septembre » à l’aggravation  des logiques  du productivisme (2001-à nos jours )  (B)

 

 

A-La sortie de Yalta (1989-2001)

 

Nous avons déjà souligné l’évènement considérable de la chute du mur de Berlin.

 Nous nous situons maintenant juste après le 9 novembre 1989. Nous envisagerons tour à tour le résumé de cette période (1)  puis les évènements essentiels (2).

 

 1-   Le résumé 

Nous soulignerons tour à tour sept  points.

 

 1-1     C’est la fin des blocs, les régimes communistes sont balayés par les révolutions de 1989(voir le développement précédent) des peuples de l’Est qui manifestent par une résistance massive et non-violente dans ces pays, l’Union soviétique implose en 15 Etats, elle n’existe plus à partir du 8 décembre 1991(ouvrage d’André Fontaine, « L’un sans l’autre »,1991), les Etats-Unis restent la seule superpuissance. Les accords de désarmement nucléaire stratégique sont conclus entre l’Union soviétique, puis la Russie avec les Etats-Unis en juillet 1991 et janvier 1993.

 

.1-2      Des pays de l’Est  adhèrent à l’Union européenne (8 en 2004, 2 en 2007, 1 en 2013,l’UE comprend 28 Etats et 500 millions d’habitants en 2013 ), ils adhèrent aussi au Conseil de l’Europe(tous entre 1990 et 2007,la Russie en 1996,le Conseil de l’Europe comprend 47 Etats et  800 millions d’habitants en 2013),certains pays de l’Est adhèrent à l’OTAN ,7 entre 1999 et 2009,(l’OTAN comprend 28 Etats membres en 2013 et 910 millions d’habitants, il n’y a pas la Russie mais les Etats-Unis bien sûr sont toujours là).

Bref trois formes de  tremblements de terre inimaginables quelques années avant. Nous aurions annoncé aux  étudiants ,  par exemple en 1985, que des pays de l’Est allaient adhérer dans quelques années  à l’OTAN ils nous auraient dit de prendre quelques jours de repos pour retrouver nos esprits.

 

1-3       En juin 1992, vingt ans après celle de Stockholm en 1972 qui était une certaine prise de conscience interétatique et la consécration du droit de l’homme à l’environnement,, c’est le succès, à Rio, de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement(le développement durable est consacré, dont un des principes est celui de précaution)qui sera suivie des échecs de celles de Johannesburg en juin 2002 et  de Rio en juin 2012(« Rio moins 20 » diront certains).En 2022 qu’en sera-t-il ?

 

1-4       Cette période est marquée aussi par le processus de paix israélo-palestinien qui se remet en route, le 9 septembre 1993 ce sont les Accords d’Oslo, l’OLP reconnaît le droit à l’Etat d’Israël d’exister en paix et en sécurité, et Israël reconnaît l’OLP comme le représentant du peuple palestinien.

 

1-5     Ce sont les premières élections multiraciales en Afrique du Sud, Nelson Mandela, après 27 années passées en  prison, est élu en mai 1994 président de la République. Symbole de résistance il agit ensuite pour la réconciliation.

 

1-6      C’est l’horreur du génocide du Rwanda d’avril à juillet 1994, il y a un million de victimes, soit un habitant sur sept ! Les Tutsis, et aussi des Hutus modérés, sont assassinés à la machette par les Hutus. La guerre de 1990 à 1993 avait précédé ce génocide programmé précédé de décennies d’affrontements.  Les appels aux meurtres  de « la radio  mille collines « plongeaient dans l’horreur. Une cohabitation douloureuse entre les tueurs et les rescapés existe aujourd’hui. Le rôle de la France reste à éclaircir dans ce génocide cela par l’accès  aux archives et les procès contre des génocidaires. 

1-7     Ce sont les naissances de l’OMC en 1995, du G 20 en 1999(voir infra) et de la CPI en 1998.

 

 

   2 –   Des événements essentiels :

Nous envisagerons tour à tour onze points.

2-1    Aux événements précédents s’ajoute un traité de septembre 1990 qui rétablit l’Allemagne unie. Le Pacte de Varsovie est dissous en juillet 1991.

 

2-2   C’est aussi l’implosion dramatique de l’ex-Yougoslavie,  en particulier de 1992 à 1995. La Croatie, la Slovénie, la Bosnie Herzégovine, la Macédoine font sécession en 1992, puis  deviennent indépendants la Serbie en 2003, le Monténégro en 2006 et le Kosovo en 2008.

2-3     C’est la guerre en Tchétchénie déclenchée par la Russie qui tient à l’intégrité de son empire (17 millions  km2).

 

2-4  En janvier et février 1991 les Nations Unies adoptent des sanctions militaires contre l’Irak qui avait envahi le Koweït, c’est la « guerre du Golfe ». Le Koweït est libéré, le dictateur irakien reste au pouvoir, il réprime les populations chiites et kurdes.

 

2-5     De 1986 à 1996 une autre guerre provoque en RDC (République Démocratique du Congo) 4 millions de victimes dans cette guerre civile, l’une des plus terrifiantes depuis 1945, en particulier en nombre de victimes, avec la guerre du Vietnam  et celle du Soudan.

 

2-6    C’est la fin de l’apartheid en Afrique du Sud (l’abolition des lois d’apartheid en juin 1991, par le pouvoir en place, marque la  victoire de l’ANC et de Mandela, ce sera son élection en mai 1994.

 

2-7     Le 4 juin 1989 le régime chinois  réprime dans le sang une tentative de mouvement pour la démocratie. Celle-ci avait vu le jour  à la mi avril.  Des étudiants de Pékin, soutenus par des habitants de la ville et des syndicats, entament une grève le la faim place Tiananmen , le parti unique et même l’armée sont  divisés mais les partisans de l’ordre à tout prix l’emportent, des militaires tirent sur le peuple, des tanks arrivent, les derniers étudiants non-violents quittent la place, il y a des milliers de victimes, des milliers d’arrestations. Il est interdit depuis, même plus de trente  ans  après, en Chine, d’évoquer  ce « printemps de Pékin. » 

 

2-8     C’est aussi la création de la Cour pénale internationale (CPI) le 17 juillet  1998 (statut entré en vigueur le 1er juillet 2002).

Certes dramatiquement tardive, cette création  constitue pourtant une avancée très importante même si le contenu du Statut  de Rome a de nombreuses limites  et même si  sa mise en œuvre  a rencontré  de nombreuses difficultés.

 La CPI est compétente pour « les crimes les plus graves touchant l’ensemble de la communauté internationale » à savoir  les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et depuis 2018 le crime d’agression.

A ce jour (fin 2020) le crime d’écocide n’est pas consacré en tant que tel (il l’est comme une des formes des crimes de guerre) , il est cependant  probable que les luttes et les actions pour cette consécration portent leurs fruits, enfin. Il est bien tard mais encore temps.

 Au 1er mai 2018  123 Etats sont parties au Statut de la  Cour,  sur 193 Etats membres des Nations Unies, c’est-à-dire qu’ils  ont ratifié (engagement solennel) le Statut de Rome. Par contre  32 Etats l’ont simplement signé (dont la Russie et les Etats-Unis), d’autres ne l’ont pas signé (tels que la Chine et l’Inde.), c’est là une des limites graves de la CPI .

Au 1er mai 2018 la Cour est saisie de 25 affaires dans 10 Etats, elle a rendu cinq jugements de 2002 à 2018.

 

 2-9     L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est créée à Genève (1-1995), c’est le libre-échange tout-puissant. La Chine y adhère en décembre 2011.

 

2-10    Le G20 est créé en 1999, il réunit 19 pays et l’Union européenne, c’est à dire ceux du G8, puis dix pays à économie émergente, et l’Australie ainsi que l’UE. (Autrement dit : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud,Etats-Unis,France,Inde,Indonésie,Italie,Japon,Mexique,Royaume-Uni,Russie,Turquie,et Union européenne.) Cinq pays peuvent être invités chaque année. Les réunions sont celles des chefs d’Etat ou de gouvernement, celles des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales, celles depuis 2010 des ministres de l’emploi. Le G20 représente les 2/3 de la population mondiale, 90% du PIB mondial, 85% du commerce international. C’est un lieu de concertation diplomatique et c’est une enceinte de coopération économique et financière globalement  proche du libéralisme international même si, de façon limitée, on peut en attendre quelques impulsions porteuses.

2-11   En 1992 voient le jour la Convention sur la diversité biologique, qui avalise pour une part la marchandisation du vivant, et la Convention sur les changements climatiques, suivie du Protocole de Kyoto en 1997(entré en vigueur en 2005) dont le contenu modéré et n’engageant surtout que certains Etats,  fait l’objet d’une application laborieuse alors que le défi est vital pour l’humanité.

 

 

 B- Des attentats du « 11 septembre » à l’aggravation  des logiques   du système productiviste (2001 à nos jours)

 

    1-   Le résumé  de cette période d’une  vingtaine d’années

 

Nous envisagerons tour à tour dix sept   points.

 

1-1     En premier lieu après les attaques qui causent la mort de 3000 victimes  le 11 septembre 2001, attaques d’un réseau terroriste (Al-Qaïda dont le chef sera exécuté en mai 2011) sur leur territoire, les Etats-Unis (avec d’autres pays) interviennent en Afghanistan (2001- 2015) puis en Irak (2003-2010, 500.000 victimes).

 Leur budget de la défense explose, il représente en 2012 près de 43% du total des dépenses militaires mondiales.

 Les Etats-Unis concluent avec la Russie des traités de désarmement nucléaire stratégique (24-5-2002, 8-4-2010).

A partir de la présidence des Etats-Unis de janvier 2017 le processus de nouveaux traités est non seulement  dans l’impasse mais un  traité de désarmement  a volé en éclats. La dénonciation le 2 août 2019  par  Etats-Unis  du Traité bilatéral de 1987 sur les armements nucléaires intermédiaires (1000 à 5000 km de portée) est une lourde erreur et une grave faute politique qui, bien sûr, a aussitôt amené la Russie à faire de même. On craint désormais que soit menacé le Traité bilatéral de 2010 sur les armements nucléaires stratégiques (plus de 5000 km de portée) qui arrive à échéance en 2021 et qui devrait être renouvelé.

 

 1-2   En second lieu une crise immobilière, bancaire, financière, économique, sociale(le chômage explose dans de nombreux pays) se développe d’abord aux Etats-Unis (juillet 2007) puis dans une grande partie du monde, surtout à partir de la fin 2008.On parle « de grande dépression » comparée, parfois, à celle de 1929 .

Des mécanismes d’une certaine régulation sont mis en place mais les logiques de financiarisation du marché mondial ne sont pas remises en cause. 

Le système financier mondial reste vulnérable, certains pensent que le spectre d’une crise radicale, pire que celle de 2008, est loin d’être  écarté.

 

1-3   En troisième lieu les pays émergents (en particulier la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud…) apparaissent sur la scène commerciale, monétaire  et environnementale  internationale. Leurs taux de croissance sont importants  en particulier par rapport à ceux de l’Europe. Le 15 juillet 2014 les BRICS (réunis en sommet annuel depuis 2009, Brésil, Russie, Inde, Chine et, depuis 2011, Afrique du Sud-South Africa ) créent leur banque de développement, dotée d’un capital de 50 milliards de dollars et d’un fonds d’urgence de 100 milliards de dollars,  l’événement  financier est considérable, c’est un contrepoids aux structures et aux politiques de la Banque mondiale et du FMI. Les BRICS (40% de la population mondiale) représentent en 2014 le 1/5ème du PIB mondial, si tout continuait à cette allure:  40% en 2025.Le budget militaire de la Chine,  encore loin derrière  celui des Etats-Unis (le tiers de celui-ci), devient de plus en plus puissant et en même temps les problèmes, menaces et drames écologiques s’y multiplient, à l’image d’un productivisme autodestructeur..

 Une question centrale est donc celle, en Chine et dans d’autres pays émergents,  du partage du « gâteau mondial »(matières premières, commerce…) mais, aussi et surtout,  celle du  « de quel gâteau parle-t-on ? » Celui d’un productivisme terricide et humanicide ou celui d’une communauté humainement viable?

 L’écologie devient une série de problèmes, drames et  menaces dans de plus en plus de pays émergents et autant de défis pour y faire face.

 

1-4      En quatrième lieu le « printemps des peuples arabes » voit le jour de 2010 à 2013, il se traduit par de grands espoirs portés surtout par la jeunesse, ceux de « dégager » les dictateurs (trois sont renversés), ceux des partages de richesses, ceux des créations d’emplois. 

Les marches vers la démocratie sont  remplies  d’obstacles, par exemple en Tunisie, en  Egypte,  en Lybie. Quant à la Syrie elle est déchirée par la guerre civile et l’internationalisation du conflit, la présence du groupe de l’Etat islamique a aggravé la guerre. La Lybie, depuis la chute du dictateur en 2011, est déchirée et épuisée par la guerre civile, des milices sont là et un affrontement  armé  éclate entre le gouvernement et des forces armées. La Tunisie  à ce jour semblait sortir plus solidement du printemps arabe, mais  de nouvelles élections veulent représenter une période de « transition démocratique.» En février 2019 en Algérie un printemps semble vouloir voir le jour, à partir de février 2019 de gigantesques manifestations pacifiques, chaque vendredi, poussent à la démission le 2 avril du président qui s’apprêtait à aller vers un cinquième mandat.  L’armée ,  avec son poids décisif,  ne le soutenait plus, le peuple a continué dans la voie du « dégagisme » des dirigeants du régime. Les élections présidentielles sont là. Même le Soudan à travers les manifestations à partir de décembre 2018 voit la destitution du président en avril 2019 …mais c’est l’armée qui prend le pouvoir. De la dictature au régime militaire on est encore loin de la démocratie. L’accord en août 2019 entre l’armée et les révolutionnaires prévoient une « transition démocratique » de 39 mois.

 

 1-5-   En cinquième lieu le réchauffement climatique reste un terrible drame et une grande menace pour l’humanité et une grande partie du vivant.

Nous lui  consacrons sept points.

   1-5-1  Ce réchauffement  n’arrive pas à ce jour (fin novembre 2019)  à déclencher des politiques de réductions universelles et massives des gaz à effet de serre(GES).  C’était d’abord  l’échec de la Conférence de Copenhague (12-2009).

1-5-2     Ensuite la 21ème conférence des Etats parties (COP21)à Paris en décembre 2015 avait pour objectif de conclure un accord de tous les pays sur les réductions de GES et de financer par les pays développés  à partir de 2020 l’adaptation des pays en développement. Une solution sautait aux yeux pourvu qu’on les ouvre : articuler la création d’un système de taxation des transactions de change ainsi qu’une baisse des dépenses militaires mondiales à  la mise en route de cette aide et  d’autres aides…

L’Accord de Paris sur le climat du 12 décembre 2015,entré en vigueur en novembre 2016,  certes est une forme de « premier pas », certes voit l’ensemble des Etats qui s’y engagent, certes a surmonté le traumatisme de l’échec de la Conférence de Copenhague six ans plus tôt,

mais sa « souplesse », qui a permis son adoption, est synonyme de marges de manœuvres  laissées aux Etats qui ont , sur beaucoup de points, décidé…qu’on déciderait plus tard, par exemple il n’y a pas de date sur le pic des émissions, et les silences sont nombreux et criants, ainsi celui sur les déplacés environnementaux, ainsi  celui sur le prix du carbone…

 Le réchauffement climatique est encore le grand  » gagnant », les générations futures à ce jour  sont  les grandes perdantes, et l’élection du nouveau président des Etats-Unis en novembre 2016 peut entraîner certaines difficultés si les Etats-Unis sortent de l’accord de Paris.

Le 1er juin 2017 le nouveau président annonce le retrait des Etats-Unis de l’Accord de  Paris,. en novembre 2019 intervient  la notification du retrait qui sera effectif en novembre 2020.  Outre le fait que ce retrait juridiquement arrive trois ans après donc vers la fin du mandat du président, cette décision  n’aura a priori qu’un effet négatif  grave, celui de difficultés financières pour aider les pays du Sud. Cela étant les autres Etats ont exprimé leurs volontés d’appliquer l’Accord et même, ici et là , de l’accélérer. Des Etats fédérés des Etats-Unis  dans leurs marges de manœuvres veulent faire de même,  de nombreuses villes et des entreprises américaines aussi. Cette décision  de ce président n’est-elle pas une forme d’atteinte aux droits de l’humanité? (Sur les droits de l’humanité voir articles sur ce site).Il est à espérer vivement que le président qui lui succèderait( ?) remettra en cause cette faute politique gravissime. 

 Les conférences d’application de l’Accord de Paris continuent (COP 22 à Marrakech, COP 23 à Bonn, COP 24 à Katowice en Pologne en décembre 2018, COP 25 finalement en Espagne  en décembre 2019.

 

1-5-3     Des marches pour « Sauver le climat « se multiplient, des grèves de classes à partir de janvier 2019 voient le jour une fois par semaine dans certains pays, si on atteignait des chiffres gigantesques  de jeunes sur la planète en révolte non-violente celle-ci pourrait avoir une influence importante.

On peut penser pourtant que l’une des plus grandes  remises en cause allant  serait celle de la réorientation massive de sommes gigantesques vers les luttes contre le réchauffement climatique et la pauvreté, ainsi par exemple à travers « un impôt mondial sur le capital » .( Sur celui-ci voir par exemple Thomas Piketty, Le capital au XXème siècle, Points,2019,p 835 à 883).

On peut penser que cela suppose des rapports de forces dans lesquels  des Etats, des populations, des jeunes, des entreprises, des ONG et tant d’autres acteurs deviendraient  fraternisés par ce péril commun. La finance mondiale au service de la survie… »Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait » écrivait Mark Twain.

 

1-5-4-    En attendant des phénomènes climatiques extrêmes se multiplient, ainsi les inondations, les canicules, les typhons, les incendies.  Par exemple les gigantesques  de Californie en novembre 2018, en octobre 2019, témoignent du fait que  les Etats-Unis sont   entrés dans une insécurité écologique grandissante. Les incendies au Brésil s’aggravent en 2019. L’Australie est, elle aussi, en novembre 2019  la proie des flammes sur de grandes étendues qui déciment en particulier la faune..

  L’accélération de la fonte des glaces de l’Antarctique a quelque chose d’ une  apocalypse à long terme: si le glacier Thwaites, à l’Ouest ,  grand comme le quart de la France, venait à s’effondrer le niveau des mers augmenterait de 70 centimètres et avec d’autres glaciers…  de plus de deux mètres ! Adieu de nombreuses iles, adieu de nombreuses villes en bord de l’eau…tout cela dans les décennies qui viennent.

.Le rapport du GIEC en septembre 2019, outre l’accélération de la fonte des glaciers, alerte sur l’état du permafrost c’est-à-dire des sols gelés de la Sibérie, de l’Alaska et du Canada qui pourraient fondre d’un tiers, ou beaucoup plus, d’ici 2100 et provoquer ainsi  une libération de CO2 et  surtout de méthane remontant de l’eau , dix fois plus nocif que le CO2,  donc  accélérer encore plus dramatiquement  le réchauffement.

1-5-6    Ainsi le grand « vainqueur » est ,  à ce jour  le réchauffement. (voir  notre ouvrage,  écrit pour cette 4ème édition en collaboration avec Hubert Delzangles et Catherine Le Bris, Le droit international de l’environnement, Ellipses,2018).

La situation globale est relativement simple à résumer :

Si l’Accord de Paris (2015) sur le climat était  appliqué en l’état  l’augmentation de la température serait de l’ordre au minimum de 3,5°C vers la fin du siècle. Situation  encore gravissime.

Si  l’Accord n’était pas appliqué le réchauffement serait de 4°C à 6°C, voire plus, vers 2100.Autant dire que la sixième  extinction des espèces (humains compris) serait en voie d’effacer  la plus grande partie du vivant. Le 7 novembre 2019 un appel de 11000 scientifiques (climatologues, biologistes, physiciens, chimistes, agronomes…) de 153 pays (dont 1500 Français) va dans le sens d’une transformation radicale  de nos modes de vie, sinon les humains risquent « des souffrances indescriptibles » liées à l’urgence climatique. « Souffrances indescriptibles» !!

Si l’Accord contribuait à donner le jour à de nouveaux engagements, massifs et appliqués, le vivant aurait alors  probablement  des chances de survie.

 

1-5-7   Cette débâcle écologique va probablement  multiplier dans le monde les collapsologues qui sont certains d’un effondrement rapide de la civilisation industrielle dans les années proches.

 D’autres, au contraire des collapsologues , pensent qu’ à partir environ des années 2030   si  une sorte d’horloge de l’apocalypse  devient   de plus en plus menaçante, il n’en reste  pas moins qu’ une « métamorphose de l’humanité » est encore possible d’ici là et après . 

Nous rappelons que « l’horloge de l’apocalypse » a été créée par des scientifiques de l’Université de Chicago en 1947, elle est mise à jour. Son aiguille se rapprochait pendant la guerre froide de minuit symbolisant la fin du monde, elle s’en est éloignée à la chute du mur de Berlin, elle s’en est à nouveau rapprochée depuis , devant la course aux armes nucléaires et devant les destructions et menaces écologiques.

 Par exemple  en 1947 elle marquait 23h53(soit 7 minutes restantes), en 1953  23h58(soit 2 minutes restantes,  en 1991  23h 43(soit 17 minutes restantes),  en 2020   elle marquait   23h58minutes 20 secondes (soit 1,57 minute restante…).

 

1-6     Face au drame de la faim (820 millions de personnes  en 2018 (rapport FAO de juillet 2019)soit un habitant sur neuf dans le monde !), ou face au drame de l’absence d’accès à l’eau potable et à l’assainissement… on décide… qu’on décidera plus tard de s’attaquer  aux  causes de ces situations  inhumaines .Le réchauffement climatique est devenu une cause qui s’ajoute aux autres et aggrave ces deux drames mondiaux.

Ces deux formes de crimes contre l’humanité sont d’autant plus écœurantes qu’une des  solutions existe : permettre un accès à la nourriture  et un accès à l’assainissement de l’eau en réorientant par des taxations  de gigantesques capitaux vers ces besoins criants.

 

1-7     Le 26 décembre 2004, en Asie du Sud Est, un tsunami provoque la mort de près de 300.000 personnes.

 Le 11 mars 2011 c’est la catastrophe de  Fukushima au Japon, où se déchaînent séisme, tsunami et  accident nucléaire. Les effets environnementaux et sanitaires sont dramatiques.  Les choix  massifs  et mondiaux ne sont pas faits pour une sortie rapide du nucléaire. C’est l’une des menaces les plus terribles contre les  générations  futures .

 

1-8     En 2007 un cap est passé : un habitant sur deux dans le monde vit en ville, cette urbanisation est vertigineuse, c’est l’un des plus grands événements en profondeur de la planète. D’autre part elle s’accompagne d’une explosion des mégalopoles, vingt villes dépassent en 2013 les dix millions d’habitants, 448 villes dépassent  le million d’habitants. Cette urbanisation s’accompagne aussi de nombreux bidonvilles (un tiers de la population des pays pauvres survit dans ces bidonvilles en 2013 soit près de 900 millions de personnes) et d’un environnement souvent malade, les mégalopoles sont méga polluantes. La ville est   » le lieu de multiples fractures », et le taux d’urbanisation mondiale pourrait atteindre 60% en 2030.

1-9    En 2015 c’est l’accroissement massif du nombre de réfugiés et de déplacés, 60 millions de personnes selon le HCR, soit l’équivalent de presque toute la population française. Sur ce total 20,2 millions essaient  d’échapper aux guerres et aux persécutions, c’est un niveau sans précédent depuis 1992.En 2017 voilà un nouveau record du nombre de déplacés : 68,5 millions de personnes.

L’Union européenne s’est enfin mise d’accord sur un plan de répartition proportionnelle à chaque PIB des 28 Etats membres, au total 120.000 réfugiés qu’elle accueille, syriens, irakiens, érythréens, arrivés surtout par la Grèce et l’Italie, ces arrivées sont accompagnées de multiples drames de disparus en Méditerranée, de l’ordre de 3500 en 2015, 3800 en 2016, 3150 en 2017 . Voilà une honte pour l’Europe et la communauté  internationale.

L’Allemagne s’est lancé le « défi » d’accueillir au moins un million de demandeurs d’asile. Le 18 mars 2016 un accord est conclu entre la Turquie et les 28 de l’UE pour que la mer Egée reste interdite aux réfugiés et aux migrants et… pour que les syriens restent en Turquie (plus de 3 millions actuellement).Chaque syrien arrivé illégalement en Grèce est renvoyé en Turquie, un autre syrien arrivé en Turquie est renvoyé en Europe cela jusqu’à 72000 réfugiés syriens, enfin la Turquie financièrement et la Grèce administrativement sont aidées. L’accord est difficile à appliquer mais surtout ne règle pas cette question : les personnes bombardées en  Syrie trouveront d’autres routes pour fuir la guerre. En février 2020 la Syrie ouvre ses frontières vers la Grèce, les réfugiés affluent  mais sont arrêtés , l’UE est une fois de plus devant ses responsabilités.

L’Union européenne, malgré les réunions qui s’enchainent,  ne contribue pas à s’attaquer  aux causes de ces situations et n’a pas à ce jour (février 2020) de véritable politique européenne d’accueil..Dans certains Etats membres la poussée des partis populistes aux élections trouve là de quoi s’alimenter et de quoi diviser l’Europe.

1-10   Quant aux déplacés environnementaux (voir articles sur ce site) ( voir aussi le  projet de Convention élaboré par des universitaires de  Limoges) les estimations le plus souvent avancées  pour 2050 sont de l’ordre de 250 millions de personnes, autant dire que les défis multiples soulevés sont gigantesques et à ce jour (novembre 2019) ne sont pas pris en compte.

 Les estimations pour 2100 sont encore plus incertaines, l’évacuation de grandes villes asiatiques devenues irrespirables et de grandes villes au bord des mers pourraient être( ?)  de l’ordre de un milliard d’habitants ou plus( ?). Citons par exemple le fait que Jakarta (10 millions d’habitants) et d’autres mégapoles s’enfoncent peu à peu, le fait que Pékin, Hong Kong, Canton, Hô chi-Minh-ville et d’autres mégapoles ont de nombreuses  nappes phréatiques asséchées… 

 

1-11    Les technologies des communications ont continué leur ascension : après 1973 le téléphone portable (75% des terriens en ont un en 2013), à partir de 1970 le jeu vidéo électronique devient un produit de masse, 1981 l’ordinateur portable, 1991  Internet avec en particulier des moteurs de recherche géants comme Google, voilà  en  2001 le  smart phone (téléphone intelligent), voilà à partir de 2003 les réseaux sociaux numériques de contact (généralistes:MySpace, Facebook, Twitter;  professionnels :LinkedIn, Viadeo; virtuels: SecondLife, World of Warcraft), réseaux sociaux de partage de vidéos:YouTube, DailyMotion) et  d’autres encore…Au total en janvier 2019 (voir wearesocial.fr) sur les 7,4 milliards de terriens: 4,3 milliards d’internautes dans le monde,3,4 milliard de personnes actives sur les réseaux sociaux, donc un phénomène massif.(En France sur 69 millions d’habitants: 54 millions d’internautes,38 millions sur les réseaux sociaux).

Parmi les questions posées celle de la sécurité des données, celle des manipulations par de fausses nouvelles (fake news, infox en français),  celle aussi des impôts que devraient payer les géants du Web. Les rapports de forces se situent entre Etats et firmes multinationales mais aussi entre Etats puisque, par exemple, au niveau d’une législation qui serait européenne il faut l’unanimité des Etats membres en matière fiscale, ce qui n’empêche pas un Etat de montrer l’exemple.

 l – 12    Le « désarmement du pouvoir financier » a  toujours de grandes difficultés  à se mettre en route. Les Etats à ce jour (février 2019) n’ont pas encore les volontés massives et radicales de faire face aux nouveaux conducteurs de la planète, les marchés financiers, de plus en plus puissants depuis 1971 ( la fin de la convertibilité du dollar en or  précipite la spéculation internationale sur les monnaies et amplifie  la puissance des bourses, des banques et des marchés financiers).

Les liens entre des Etats, des firmes multinationales et les marchés financiers contribuent à transformer l’ensemble en géants mais ne s’agit-il pas de  géants aux pieds d’argile dans la mesure où, en fin de compte, des logiques terricides et humanicides   sont à l’œuvre?

1-13    Les remises en cause de la financiarisation

Nous leur consacrons sept points.

 

  1-13-1    Ces marchés financiers comprennent six classes d’actifs : le marché actions, le marché obligataire, le marché monétaire, le marché des dérivés, le marché des changes, le marché des matières premières. Deux chiffres symboliques de cette force : en avril 2016 les transactions quotidiennes(!) sur le marché des changes étaient de 5100 milliards de dollars, pour l’année 2017 le gestionnaire américain d’actifs BlackRock gérait 6000 milliards de dollars et réalisait un bénéfice de 3,7 milliards.

A titre de comparaisons le chiffre d’affaires annuel en 2017 des dix premières entreprises du monde allait de 200 à 500 milliards de dollars, le PIB en 2017 était pour 139 Etats inférieur à 10 milliards de dollars dont 30 inférieur à 3 , alors que le PIB des Etats-Unis était de 19362 et celui de la France( cinquième dans la liste des 193 Etats) de 2574, le budget bi annuel des Nations Unies pour 2018-2019 est de 5,4 milliards de dollars, ce sont là quelques rapports de forces financiers qui en disent longs sur cette partie de la vie internationale.

1-13-2     Voilà  certes quelques avancées de levées partielles des secrets bancaire et judiciaire, qui est un des contre-mécanismes des paradis fiscaux, mais on est encore très  loin d’une  véritable remise en cause que serait  une transparence   généralisée.

Les sommes abritées dans les  paradis fiscaux en 2018, c’est à dire dans plus d’une soixantaine de pays et territoires(?), seraient de l’ordre de 15.000(?) à 40.000(?) milliards de dollars!!! C’est l’une des sommes les plus gigantesques que l’on puisse imaginer. Il est vrai que l’on est encore loin en 2018 toujours des 226.000 milliards de dollars(192.000 milliards d’euros) du total de la dette mondiale, soit trois fois le PIB mondial…On notera l’imprécision, opacité oblige, des sommes cachées dans les paradis fiscaux.

 1-13-3   Voilà certes  quelques timides tentatives de luttes contre  l’évasion fiscale de grandes firmes multinationales, ainsi le G 20 en novembre 2015 a adopté un plan de l’OCDE en vue de pousser ces entreprises à déclarer leurs bénéfices pays par pays, de même la Commission de l’Union européenne va  dans ce sens fin 2015 et début 2016 par exemple  en critiquant  des pays (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg…) qui sont accusés de soutenir de telles pratiques, mais on est encore loin d’une véritable convention mondiale accompagnée de sanctions.

1-13-4 –    En mars 2018 la Commission de l’UE propose de taxer de 3% les revenus des géants numériques, les GAFA (Google,Apple,Facebook,Amazon), cela dans les pays de leurs utilisateurs, et au delà 200 groupes ayant un chiffre d’affaires annuel de plus de 750 millions d’euros et de plus de 50 millions d’euros dans l’Union européenne, cette taxe, rapporterait 5 milliards d’euros par an.

La France en 2019 commence à prélever une taxe sur les géants du numérique, c’est  le début d’un long chemin légitime et légal consacré en avril 2019. Si la taxe précédente est à l’initiative de la France, l’Allemagne par contre semble se déclarer favorable à « un impôt minimum mondial sur les bénéfices des multinationales du numérique ». La proposition française beaucoup plus cadrée va donner lieu à un rapport de forces gigantesque aux enjeux importants entre des Etats européens et les GAFA.

1-13- 5-     Ces  rapports  de forces on le voit déjà au niveau d’amendes en juin 2017(2,47 milliards d’euros) et juillet 2018(4,3 milliards d’euros) infligées par la Commission à Google pour abus de position dominante, ainsi pour la seconde amende l’abus concerne le système d’exploitation pour  smartphones ,  Android. Google  verse les amendes pour éviter d’énormes astreintes mais  fait appel devant la Cour de justice de l’Union européenne. En février 2019 le géant bancaire suisse UBS a été condamné par le tribunal de grande instance de Paris à une amende de 3,7 milliards d’euros pour démarchage bancaire illégal et pour blanchiment aggravé de fraude fiscale. Les premiers pas des uns et des autres sur ce chemin  peuvent être prometteurs.

1-13-  6-   Les GAFA en 2019 pèsent en Bourse 3360 milliards de dollars et réalisent 600 milliards de chiffres d’affaires par an. Les amendes records imposées par l’UE  ne vont pas assez loin selon certains  auteurs , en particulier aux Etats-Unis,  qui proposent de démanteler, de casser ces géants.

 

1-13- 7-    Voilà certes les premières taxes sur les transactions financières(TTF) d’un certain nombre d’Etats encore très minoritaires (ainsi par exemple à ce jour deux sur 28 dans l’Union européenne) mais on est encore loin d’une véritable TTF qui serait mondiale dans sa portée  et radicale dans son assiette. C’est très certainement un des grands espoirs de véritables alternatives mondiales, espoir  porté par exemple par une ONG telle que ATTAC, qui contribuerait à construire une communauté mondiale humainement viable dans la mesure où des sommes gigantesques, dégagées par ces TTF, seraient consacrées à des besoins criants,  en particulier sanitaires et environnementaux…

 

 l -14    L’extension  des zones de libre-échange  et les résistances qu’elles rencontrent.

Nous leur consacrons sept points.

 De 1950 à 2013 les zones et les accords  de libre-échange se sont multipliés, c’est une véritable « déferlante » qui a existé et qui continue (Manière de voir, Le Monde diplomatique, juin-juillet 2015), soutenue en particulier par l’OMC.

Une victoire provisoire, contre ce rouleau compresseur profitant aux plus forts , avait été obtenue par l’abandon de la conclusion d’un accord multilatéral sur l’investissement (AMI),négocié en secret de 1995 à 1997 entre les 29 Etats membres de l’OCDE.

 1-14-1   Mais les offensives du libre-échange ont repris. Négocié depuis 2008, voilà  un accord de libre-échange  le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) entre l’UE et le Canada qui  aboutit en octobre 2013.Cet accord économique et commercial vise à éliminer la quasi-totalité des droits de douane entre les deux blocs. Il est entré provisoirement en vigueur fin septembre 2017 pour ce qui relève de la compétence exclusive de l’UE. un seul Etat qui refuserait de le ratifier bloquerait l’entrée en vigueur définitive. Une version remaniée en février 2016 n’empêchera pas des contestations qui ont continué  en  2018 et 2019 à travers des parlements en Europe qui doivent intervenir  pour son entrée en vigueur. Il est jugé dangereux  par certains pour les services publics, l’agriculture, le climat, la démocratie. Il profitera avant tout aux grands groupes dans les logiques du productivisme. En août 2019    13 Etats  de l’UE l’ont ratifié (sur 28).

l -14- 2-   Est aussi négocié l’accord de libre échange trans pacifique (TPP)(40% du PIB mondial,25% du commerce international) entre 12 pays cela pour faire contrepoids à la Chine qui n’en faisait pas parti. Le nouveau président des Etats-Unis en janvier 2017 s’est d’abord retiré de l’accord au nom du protectionnisme américain puis  en avril 2018 a envisagé de le rejoindre, un enjeu est celui des rapports commerciaux entre les Etats-Unis et la Chine.

l-14- 3-   On se retrouve aussi  dans des négociations difficiles entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), cela depuis vingt ans, avec d’un côté les européens qui craignent l’arrivée de produits agricoles sud-américains , et d’un autre côté les sud-américains qui craignent l’arrivée de produits manufacturés européens. Le  Président français le 26 août  2019 a déclaré « en l’état je  ne le signerai  pas.»

1-14- 4-   La Commission européenne travaille à partir de 2018 à un nouveau partenariat transatlantique. En réaction aux mesures protectionnistes des Etats-Unis, l’UE et le Japon concluent en juillet 2018 un accord de libre-échange qui permet un accès important aux produits agricoles européens au marché japonais et une levée progressive des droits de douane sur les voitures japonaises. Les critères écologiques de cet accord sont passés sous silence.

 

 1-14- 5-     Enfin et surtout, dans le but de créer un grand marché de 850 millions d’habitants entre l’UE et les Etats-Unis, voici un mastodonte de l’ultra libéralisme. Il porte différents noms, les  sigles francophones le qualifient de PTCI (Partenariat Transatlantique sur le Commerce et l’Investissement), APT (Accord de Partenariat Transatlantique)  ou GMT ( Grand Marché Transatlantique) ,les sigles anglophones le nomment  TTIP(Transatlantic Trade and Investment Partenership) ou  TAFTA (Transatlantic Free Trade Agreement).La Commission de l’UE (non élue) a reçu mandat du Conseil de l’ UE pour négocier avec les Etats-Unis, c’est le 13ème cycle de négociations à partir de juillet 2013,dans la confidentialité loin d’une certaine transparence démocratique, avec des pressions pour conclure qui s’aggravent en 2016. Bloqué depuis trois ans grâce à de fortes mobilisations le TAFTA revient sur la table des négociations dans la mesure où la Commission de l’UE prépare les négociations avec les firmes multinationales européennes et nord américaines. Cependant de très nombreuses  ONG , dans une Déclaration conjointe du 18 février 2019, affirment à juste titre  que ces négociations saperaient les engagements sur les changements climatiques.

Concrètement c’est une entreprise de démantèlement des droits de douane qui restent et c’est la suppression des barrières non tarifaires. Le TAFTA donne la  part belle aux grandes entreprises qui, lorsqu’elles se considèreraient  menacées dans leurs profits par des législations sanitaires ou environnementales qui leur barreraient la route, pourraient mettre en cause les lois d’un Etat devant une juridiction spéciale  d’arbitrage  tournée… vers des intérêts privés, cette juridiction  pourrait infliger des pénalités financières  à un Etat. Un exemple est clair : la multinationale Monsanto pourrait ainsi imposer les produits OGM aux européens. Autrement dit seraient encore plus mises  à rude épreuve qu’aujourd’hui les protections de la santé, de l’environnement, les pratiques de relocalisation etc…

1-14- 6-   On est donc loin, dans ces  accords , d’un  renversement du système  consistant à passer de la primauté du libre-échange à celle d’ un juste échange  conforme aux conditions sanitaires et environnementales. Nombreuses sont les résistances qui se manifestent. en Europe et aux Etats-Unis. Un  front commun  d’ONG  en France s’est organisé: « STOP  TAFTA », non au Grand Marché Transatlantique! Les opinions publiques n’y sont plus favorables, en 2014 on était à 55% aux Etats-Unis et en Allemagne, en mai 2016 on se retrouve à 15% d’opinions favorables.

L’arrivée sur la scène d’un nouveau  président aux Etats-Unis en novembre 2016, qui met en avant un certain  protectionnisme, peut réserver des surprises liées à des guerres tarifaires déclenchées par les Etats-Unis (ainsi au sommet du G7 de juin 2017).Par contre la Chine met en avant un libre-échange puissant allant dans le sens d’une vaste zone de libre-échange.

1-14-7   Une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine  est déclenchée en septembre 2018 par les Etats-Unis qui décident de taxer de 10% les droits de douane  de produits chinois importés sur le sol américain. Tout cela se fait à partir d’une vision simpliste du président des Etats-Unis qui croit que ce remède permettra de rétablir la balance commerciale déficitaire de son pays. En réalité lorsque, à son tour, la Chine taxe des produits américains et, en plus, laisse chuter sa devise (sept yuans pour un dollar) de nombreux emplois se trouvent menacés aux Etats-Unis  d’où un premier accord en octobre 2019 dans lequel le président renonce à l’augmentation de tarifs douaniers.

 1-14-8  Le coronavirus en février 2020 entraine un ralentissement du commerce international et un effondrement des bourses mondiales. Ce virus qui part de la Chine entraine aussi une baisse des émissions de CO2 dans la mesure où de nombreuses activités et de nombreux  transports sont suspendus.

1-15    Le Brexit (mot anglais venant de « Br » Britain (Grande-Bretagne) et de exit « sortie »)

Nous lui consacrons quatre points.

 1-15-1    A une faible majorité (près de 52%) le 23 juin 2016 les britanniques votent par référendum en faveur du Brexit (British Exit).Cette sortie de l’Union européenne est mise en œuvre par la notification du déclenchement de l’article 50 du Traité sur l’UE par le Royaume-Uni. Un accord de retrait est négocié.

 1-15- 2-   Les négociations dès septembre 2017 ont été  difficiles et ont donné lieu à deux textes.

Premier  texte : après 18 mois un projet de traité   de près de 600 pages voit le jour le 22 novembre 2018.  Signé par les 27 chefs d’Etat du Conseil européen le 25 novembre 2018  ce traité de retrait (Traité du Brexit) pour entrer en vigueur devra être ensuite ratifié par les parlementaires britanniques et par les eurodéputés, si c’est le cas  le Royaume-Uni sortira de l’UE le 29 mars 2019 à minuit. L’Accord porte sur les engagements financiers du Royaume-Uni, la protection des droits de 4 millions d’expatriés britanniques et européens, et l’absence de frontière physique entre l’Irlande du Nord qui sort de l’UE et la République d’Irlande. Ce dernier point est l’un des plus sensibles puisqu’il d’agit de préserver le traité de paix de 1998.Le traité de retrait est accompagné d’annexes et de trois protocoles sur l’Irlande, Chypre et Gibraltar.

Second texte : le 25 novembre 2018  les 27  chefs d’Etat du Conseil européen valident une déclaration (à valeur de recommandation contrairement au traité précédent)qui sur 26 pages fixe les grandes lignes des « relations futures » relatives au commerce(fondé sur le libre-échange) , à la coopération en matière  de défense, de police et de justice(fondée sur un partenariat en matière de sécurité),fondé aussi sur une autonomie normative de l’UE, sans oublier un accord de pêche relatif à un accès aux eaux territoriales britanniques et à une répartition des quotas. Les négociations sur ce second texte devraient commencer après le départ du Royaume Uni, le 29 mars 2019 et  devraient s’achever au cours d’une période de transition fixée au 31 décembre 2020.

1-15- 3-   C’est alors que s’ouvre une période de confusion à travers les blocages répétés de la Chambre des communes. Nous la résumons de façon non exhaustive..

 L’accord est massivement rejeté le 15 janvier 2019. La date du Brexit est repoussée au 12 avril puis au 31 octobre 2019.Le lendemain des élections européennes du 23 mai la Première ministre britannique annonce sa démission. En juillet 2019 un nouveau Premier ministre doit trouver une issue. Après divers épisodes le 17 octobre 2019 Londres et Bruxelles s’entendent sur un nouvel accord de sortie qui prévoit notamment des contrôles douaniers en mer d’Irlande entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni. Finalement le 22 octobre la Chambre des communes approuve la loi d’application du nouvel accord tout en exigeant un examen approfondi du texte. Le 31 janvier 2020 est retenu par l’UE comme nouvelle date du Brexit. Entre temps des élections générales anticipées auront lieu au Royaume-Uni le 12 décembre 2019.

Le 31-1-2020 l’accord de sortie est adopté par les députés britanniques et européens.Le Royaume-Uni faute de progrès rapides menace de claquer la porte des négociations en juin 2020.Le 31-12-2020 sera la fin de la période de transition. Les problèmes à résoudre sont redoutables : commerce, pêche, libre circulation des personnes, budget… sans oublier les rapports de l’Angleterre avec l’ Ecosse et l’Irlande.

1-15- 4-     On peut penser que le Brexit constitue un divorce  regrettable, difficile et douloureux  pour le Royaume-Uni et aussi  pour les 27.Il ne constituera d’ailleurs  pas une remise en cause des inégalités au Royaume-Uni qui sont  une des raisons de cette voie « tragique » prise par ce référendum de 2016 .

 Les graves difficultés présentes et à venir du Royaume-Uni ne devraient-elles pas contribuer à dissuader d’autres populations d’Etats membres d’être tentées par une telle sortie?

N’est-ce pas aussi un appel  de plus pour construire d’urgence   une véritable  Europe  fondée sur des moyens   démocratiques, justes, écologiques et pacifiques?

 

 

1-16     La  construction européenne continue. Les élections du Parlement européen de  mai 2019  marquent  en ce sens un moment relativement important. Les conservateurs(PPE) et les sociaux démocrates(SD) ont perdu la majorité qu’ils détenaient depuis plus de vingt ans. On observe une perte de vitesse des conservateurs, des divisions chez les eurosceptiques, un renforcement des libéraux avec les « marcheurs »français, une chute des socialistes, une régression de l’extrême gauche et une progression des écologistes. Diverses alliances apparaitront selon les questions débattues.

 

1-17     En 2017 a eu lieu un événement passé inaperçu pour beaucoup, vivement  critiqué par d’autres comme étant « irréaliste dans un monde dangereux »(ainsi la position officielle de la France) et considéré  par d’autres enfin comme un espoir dans le tableau sombre de la course aux armements. 

Cette  vérité saute aux yeux pourvu qu’on les ouvre : plus les armements nucléaires  se développent en qualité et quantité plus l’insécurité grandit .(Voir à ce sujet nos deux ouvrages sur la paix : JM.Lavieille, « Construire la paix », éditions Ellipses,1988).Ont affirmé cette vérité non seulement depuis longtemps des ONG, de nombreux  auteurs, mais aussi par exemple la Commission Canberra(Australie)(rapport d’août 1996) sur le désarmement nucléaire qui comprenait en particulier des personnalités  telles que Robert Mc Namara (ancien secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Michel  Rocard , ancien premier ministre de la France, le général George Butler, ancien commandant en chef des forces stratégiques aériennes aux Etats-Unis…

 Grace à un puissant regroupement d’ONG (près de 500 dans 90 pays) en 2007 l’ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons), la Campagne pour l’abolition des armes nucléaires (prix Nobel de la paix en 2017) a été à l’origine du Traité d’interdiction des armes nucléaires(7 juillet 2017). Selon l’article 1 de ce traité il est interdit « en toutes circonstances de développer, tester, produire, fabriquer, acquérir, posséder ou stocker des armes nucléaires ou d’autres dispositifs nucléaires explosifs. »La menace de l’emploi de ces armes est aussi interdite.

Tous les Etats qui ont des armes nucléaires (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et aussi l’Inde, le Pakistan, Israël, la Corée du Nord, ont refusé de participer aux négociations de ce traité jugé contraire aux réalités de » l’environnement sécuritaire international ». Sur l’autel du réalisme (celui de la domination des puissants) les peuples sont souvent sacrifiés.

Rappelons que, si en 1985 il y avait 70.000 armes nucléaires, en juin 2019 selon le SIPRI de Stockholm il y avait encore  14.000 armes nucléaires(13865), 90% étaient détenus par les  Etats-Unis et la Russie.

La Corée du Nord 20 à 30 ogives nucléaires, Israël 80 à 90, l’Inde 130à140, le Pakistan 150à160,la Chine 290,le Royaume-Uni200,la France 300 dont 280 déployées , les Etats-Unis 6185 dont 1750 déployées, la Russie 6500 dont 1600 déployées.

Le traité de l’espoir a donc été signé par 122 Etats dès le 17 juillet 2017.Lorsque 50 Etats l’auront ratifié il entrera en vigueur, cela probablement en 2018. La pression sur les Etats nucléaires continuera pour qu’ils remettent en cause leur course suicidaire, en espérant que les apocalypses de leurs utilisations n’interviendront pas.

Il faudrait pour compléter ce traité agir aussi en amont et accomplir l’un des plus grands pas pour l’humanité, celui qui consisterait à conclure un traité d’interdiction des recherches sur les armes de destruction massive(nucléaires, biologiques, chimiques).Le chemin sera long et très difficile mais il est vital .

(Voir sur ce point un important article écrit avec trois  collègues dans le cadre d’un colloque international sur les responsabilités liées aux nouvelles techniques, colloque qui s’est déroulé au Sénat, article intitulé « Les recherches sur les armes de destruction massive :  des lacunes du droit positif à une criminalisation par le droit prospectif », JM.Lavieille, J.Bétaille, S.Jolivet, D.Roets, in « Droit et techniques nouvelles :quelles responsabilités? Editions LexisNexis 2011 »)

(Voir aussi de façon plus globale l’ouvrage de l’auteur de ce site « Le droit international du désarmement et de la maitrise des armements », préfacé par M.Bedjaoui, ancien président de la Cour Internationale de Justice, Editions L’Harmattan, 1997).

 

1-18-La crise du coronavirus (Covid 19) apparait  en novembre 2019 en Chine centrale à Wuhan. Elle se développe rapidement et atteint  peu à peu l’ensemble des pays du monde en particulier en mars, avril, mai 2020 des pays européens dont le Royaume-Uni, l’Italie , la France(28500 morts), l’Espagne, l’Allemagne… D’autres pays, comme les Etats-Unis et le Brésil, particulièrement mal préparés, sont gravement atteints. L’inquiétude pour des pays africains et d’Amérique latine  est grande.

1-18-1– Cette crise sanitaire a pour effet à la date du 25  mai 2020  d’avoir  contaminé plus de 5,5 millions de personnes et tué près de 350 000 malades dans le monde. L’Europe voit 173 000 personnes qui sont décédées du Covid-19,  les Etats-Unis se rapprochent  des 100 000 morts et  40 000 personnes ont perdu la vie en Amérique latine en particulier  au Brésil  avec 22 000  décès. L’Europe,  fin mai 2020, comptabilise plus de deux millions de cas déclarés .

1-18-2-Les recensements des victimes (hôpitaux, maisons de retraite, centres sociaux, décès à la maison et dans d’autres lieux) sont souvent très incomplets et sous-estimés.

 1-18-3-Les services de santé, faute de moyens suffisants en personnels, en lits, en matériels (masques, respirateurs, médicaments  et tests…) ont été ou sont gravement débordés. Les « gestes barrières », en particulier la distance entre les personnes, demeurent capitaux.

 1-18-4-La crise sanitaire se double d’une crise économique profonde puisque, à la suite du « confinement », la plupart des entreprises de toutes tailles ferment. Ainsi   des entreprises de transports aériens  tombent  en faillite. Les bourses s’effondrent mais surtout le nombre de chômeurs explose, ainsi aux Etats-Unis 30 millions de personnes supplémentaires. Les inégalités s’aggravent, le nombre de personnes en situations catastrophiques explose, il est « amorti » dans certains pays comme la France par des aides sociales.

1-18-5-Quelques  effets  positifs de cette crise  sont des  émissions de CO2 qui diminuent, l’air plus respirable dans les grandes villes, la nature qui respire un peu moins mal, le télé travail qui se développe avec pourtant des limites importantes, des solidarités qui se mettent en route, en particulier celle des groupes qui s’auto organisent par exemple pour la consommation alimentaire. Enfin  les déplacements à bicyclette  se multiplient. Des projets « du monde d’après » essaient de  voir le jour , venant surtout de milieux associatifs, ils sont réformateurs ou radicaux.

1-18-6-On pourra espérer vivement que les dépenses de  santé feront l’objet d’une…explosion. Ainsi par exemple quelques jours pris par l’ensemble des pays  sur les dépenses d’armements apparaitraient  salvateurs, mais ce serait là  déranger des pensées bien ordonnées par la force de l’habitude et le manque de  courage.

Une autre leçon vers laquelle on va peut-être s’orienter est celle d’un certain nombre de « relocalisations » en particulier de médicaments, de masques…et d’autres productions.

1-18-7- Les remises en cause radicales après la crise  ne seront très probablement pas au rendez-vous, les mêmes logiques productivistes reprendront le dessus. Par exemple les émissions de gaz à effet de serre vont vraisemblablement reprendre « de plus belle », et  par exemple les leçons  nécessaires par rapport aux causes profondes du développement des épidémies ne seront pas tirées.

Autrement dit la place de plus en plus restreinte accordée à la nature risque de s’aggraver et sa marchandisation aussi, cela si des contre-logiques puissantes ne sont pas mises en place.

 

 

 2)   Des événements essentiels (sur cette période du 11 septembre 2001  à nos jours)

Nous envisagerons tour à tour une trentaine de  points

 

  2- 1-   C’est à nouveau l’escalade des dépenses militaires mondiales qui augmentent de 40% de 2000 à 2009 …puis vient une baisse  importante de 2009 à 2013,  en 2014 c’est la hausse qui  reprend, 1547 milliards de dollars.

 En 2017 selon le SIPRI de Stockholm les dépenses militaires mondiales ont été de 1739 milliards de dollars (avec en tête les Etats-Unis 610 milliards de dollars, puis la Chine 228, l’Arabie Saoudite 69,4, la Russie 66,3, l’Inde 63,9, la France 57,8 milliards de dollars..

En 2018, toujours selon le SIPRI,  le total mondial a continué à augmenter, 1822 milliards de dollars soit pour cinq Etats 60% de ce total. Il s’agit des Etats-Unis 649 milliards de dollars (36% du total mondial), de la Chine 250 (14%), de l’Arabie saoudite 68 (3,7%),de l’Inde  67 (3,6%),de la France 64 (3,5%),de la Russie 62 (3,4%).

En 2019 (SIPRI, Stockholm) 1917 milliards de dollars (soit 1782 milliards d’euros au 27 avril 2020).

Autrement dit  5,25 milliards de dollars de dépenses militaires mondiales chaque jour. 

Voilà des logiques humanicides et terricides.

 

2- 2-   Une décision regrettable, une de plus,  du président des Etats-Unis a été de dénoncer en octobre 2018 le Traité bilatéral de 1987 sur les armes nucléaires intermédiaires (500 à 5500 km de portée), en affirmant que la Russie ne le respecte pas et que les Etats-Unis vont donc les développer. Les Etats-Unis se sont  retirés de ce traité le 1er février 2019,la Russie a aussitôt suspendu sa participation au traité en affirmant se lancer dans la construction de nouveaux missiles.

Les Etats-Unis et la Russie en sont toujours au traité bilatéral d’avril 2010 qui limite à 1550 le nombre de têtes nucléaires stratégiques pour chacun de ces deux Etats, traité qui expire en 2021 mais qui pourra être alors prolongé pour cinq ans. On peut désormais craindre que le renouvellement de ce traité soit menacé.

Selon le SIPRI le pic du  milieu des années 1980 atteignait presque 70.000 armes nucléaires. En juin 2019 les neuf Etats nucléaires détenaient environ 13.865 armes nucléaires (soit 600 de moins qu’en 2018.)

Les arsenaux des Etats-Unis et de la Russie représentent toujours plus de 90% des armes nucléaires mondiales. Le quantitatif a donc beaucoup diminué. Il risque de reprendre en 2021 et  la course au  « qualitatif »  sera toujours là .

(Sur le Droit international du désarmement voir notre ouvrage aux editions L’Harmattan,1998,  préfacé par Mohammed Bedjaoui qui présidait  la Cour internationale de justice au moment de l’avis consultatif de juillet 1996 relatif aux armes nucléaires).

  2- 3-  L’OTAN et  ses 29 Etats membres  est une organisation toujours incapable de remettre en cause ses logiques de dépenses militaires massives dans le sillage des Etats-Unis qui en appellent à « partager le fardeau »( voir le sommet de juillet 2018).

.Merci, merci, merci les complexes scientifico-politico- militaro-industriels ! Les peuples vous remercient de jeter sous la terre leurs besoins criants au nom d’une protection qui ne fait que les sacrifier un peu plus et qui ne fait qu’aggraver l’insécurité globale de l’ensemble de la  planète.

 

2- 4-   A propos de hausses et de baisses  celles des prix du pétrole sont aussi bien présentes. On constate des fluctuations importantes puisque, par exemple, le prix du baril  début 2013  était autour de 100 dollars, fin 2015 il se retrouvait à 38  dollars  , l’offre étant alors trop importante par rapport à la demande, le 16 novembre 2019 il était à 63,3 dollars. La suite  du destin du pétrole dans les décennies  à venir sera mouvementée, liée en particulier aux situations stratégiques,  aux pics de productions et aux remises en cause de l’or noir  qui est  un des responsables des gaz à effet de serre. A ces facteurs peuvent s’jouter les découvertes de réserves ainsi en novembre 2019 en Iran. Ces fluctuations ont et auront  des conséquences bénéfiques ou néfastes  sur l’économie des pays producteurs et sur les consommateurs. Les reconversions des pays producteurs de pétrole seront probablement douloureuses pour des économies qui n’auraient pas commencé leurs reconversions dans les énergies renouvelables, d’où l’intérêt de les planifier à moyen et long termes, mais ces reconversions seront bénéfiques pour les générations futures et  l’ environnement .Pendant la crise  du coronavirus le cours du pétrole Brent est au plus bas. Le 25 mai 2020 il se situe à près de 36 dollars(près de 33 euros).

2- 5-    Le processus de paix d’Oslo est interrompu depuis 2000, ainsi par exemple se développe la colonisation par Israël des territoires occupés (Cisjordanie et Jérusalem Est). D’autre part la politique de reconnaissance de l’Etat palestinien comme observateur aux Nations Unies (novembre 2012)  contrarie fortement  Israël. La Cour internationale de justice, dans un avis du 9 juillet 2004,a déclaré l’édification du mur par Israël dans le territoire palestinien occupé, contraire au droit international. En juin 2007 le Hamas arrive au pouvoir à Gaza, le blocus par Israël de la bande de Gaza commence en septembre 2007. Dans cette bande de terre de 41km et de deux millions  ď’habitants la situation est catastrophique et explosive. Les opérations militaires contre les Gazaouis se succèdent en 2006, 2008, 2012. Le président des Etats-Unis, Barack  Obama , dans son second mandat à partir de 2013, ne peut-il  contribuer à remettre en route ce processus de paix ? Les obstacles restent nombreux. En juillet 2014, après des assassinats de jeunes de part et d’autre, aux roquettes palestiniennes répondent les bombardements israéliens intenses et terrifiants sur la bande de Gaza , en huit ans(2006-2014) quatre guerres ravagent la population de Gaza…Ce conflit est l’un des lieux de fractures les plus importants de la planète. La politique du nouveau président des Etats-Unis en janvier 2017 contribue à aggraver les tensions, à rendre la situation de plus en plus inextricable, ainsi la décision de transférer l’ambassade américaine  à Jérusalem en mai 2018, vécue comme une provocation par les palestiniens, sera un élément de plus  porteur de  violences. En novembre 2019  les combats se multiplient entre l’Etat israélien et le Jihad islamique dans la bande de Gaza.

 2-6-    Deux processus de paix aboutissent:. D’abord en Colombie en août 2016 un accord de paix voit le jour entre les guérilleros des forces armées révolutionnaires de Colombie (les FARC) et le gouvernement, il est rejeté par référendum mais un nouvel accord en novembre 2016 est appliqué, les FARC déposent les armes en août 2017, ainsi se termine un conflit de 52 ans(!) dont le bilan est de 300.000 morts,45000 disparus et 7 millions de déplacés. Ensuite au pays Basque franco-espagnol l’organisation séparatiste basque( l’ETA, sigle de « Pays basque et liberté » en basque), renonce à la lutte armée en octobre 2011 après 43 ans (!) de luttes, l’ETA désarme en avril 2017,le conflit a provoqué la mort de 830 personnes, et 112 militants de l’ETA ont trouvé là mort. L’ETA prononce sa dissolution en mai 2018.

 2- 7-   A propos de l’Espagne  voit le jour l’affirmation du mouvement indépendantiste en Catalogne qui se traduit par un référendum en octobre 2017 favorable à ce choix. Le gouvernement central espagnol suspend le gouvernement catalan, dissout le Parlement catalan et place la province sous tutelle. Les élections au Parlement catalan en décembre  sont remportées  par les indépendantistes, le gouvernement de Madrid prévient que l’administration directe cessera lorsque sera élu en mai un président de l’exécutif catalan. Après la condamnation en octobre 2019  pour « sédition » et « détournement de fonds » d’indépendantistes à des peines de prison , des manifestations massives dénoncent ces situations de « prisonniers politiques » et un pouvoir central répressif.

Au regard de l’Union européenne une région nouvellement indépendante deviendrait un pays tiers par rapport à l’UE et donc un éventuel candidat. L’UE pendant la crise n’a pas désavoué le gouvernement de Madrid entre autres  parce que la peur d’une boite de Pandore, ouverte pour d’autres régions chez des Etats membres, l’appelait à cette prudence.

Il n’en reste pas moins qu’à moyen et long termes la question est posée . Parmi les interrogations  soulevées (  gigantesques , connues et ayant fait l’objet de nombreux événements  historiques)  :

 Quid de l’unité d’un pays au regard d’une partie qui s’en détache (sécession ou droit d’un peuple)?

Qu’est-ce qu’un peuple?

Quid d’un statut pouvant être plus autonome sans basculer dans l’indépendance?

Quid des possibilités pour une région devenant indépendante  d’être viable  par exemple économiquement?

 

2- 8-   Une crise explose au Venezuela. Le  président, Chavez (1999-2013), avait réduit drastiquement la pauvreté et multiplié par cinq le produit intérieur brut. Après sa mort sous la nouvelle présidence, elle aussi de gauche,  de 2014 à 2019 c’est la crise économique avec le prix du baril qui s’effondre, l’hyperinflation qui s’installe, le PIB qui perd 40%, des pénuries qui se multiplient et trois millions de personnes qui ont fui le pays. Des manifestations ont été réprimées dans le sang. A la suite de la réélection du président en mai 2018 le président de l’Assemblée nationale, acquise à l’opposition de droite, (l’autre Assemblée nationale constituante est de gauche acquise au président) s’autoproclame président par intérim ,  le premier est soutenu par l’armée, la Russie et la Chine, le second  est soutenu en particulier  par les Etats-Unis qui envoient des convois d’aide humanitaire,  ils seront  bloqués aux frontières de la Colombie et du Brésil. L’Union européenne  se prononce pour l’organisation rapide d’élections libres. Les Etats-Unis soutiennent le renversement réactionnaire du président de gauche en durcissant leurs sanctions économiques qui contribuent à mettre en grandes difficultés le pays puisque la production de pétrole a baissé des deux tiers.

2- 9-    La guerre en  Irak (2003-2010) (pour la première de 1991 voir ci-dessus) aura causé la mort d’au moins 500.000 personnes! Elle est considérée par certains comme une erreur et une faute majeures des Etats-Unis, non seulement sources de multiples souffrances mais aussi une des sources de l’arrivée de l’Etat islamique trois ans après, en 2006 en Irak.

En janvier 2003 le président des Etats-Unis avait annoncé que l’Irak possédait des armes de destruction massive, ce qui était faux, et était lié à Al-Qaida responsable des attentats du 11 septembre 2001. En mars 2003, face aux menaces de veto de la France et de la Russie qui se prononçaient  contre la guerre, les Etats-Unis renoncent à passer par les Nations Unies. Les inspecteurs de désarmement des Nations Unies quittent l’Irak.

 Fin  mars 2003 les forces américaines, anglaises et australiennes passent à l’attaque. Le dictateur irakien est renversé, il sera retrouvé et exécuté. Il a fallu attendre août 2010 pour que les Etats-Unis se retirent d’Irak, en laissant une situation chaotique, et il a fallu attendre les législatives de mai 2018 pour un espoir de reconstruction du pays grâce à un certain  soutien financier international. Cependant depuis octobre 2019  la contestation réclame à travers la désobéissance civile (blocages multiple) le départ de la classe politique jugée corrompue et incompétente et une « transition démocratique »

.L’Irak continue d’être ravagé par les guerres de puissances étrangères sur son territoire    (Etats- Unis, Iran…)et par des terroristes islamistes .Le départ des troupes américaines est souhaité par l’Iran, les tensions s’aggravent à la suite de l’assassinat en Irak  par les Etats-Unis du numéro 2 iranien en janvier 2020.Se succèdent alors  les envois de roquettes contre les bases américaines en Irak et les sanctions économiques des Etats-Unis contre l’Iran.

2- 10-   Dans les logiques de prolifération nucléaire  l’Iran et la Corée du Nord sont arrivées au seuil des armes nucléaires ce qui provoque des tensions internationales et des sanctions du Conseil de sécurité.

 La diplomatie arrive  à reprendre sa place par rapport à l’Iran puisqu’un accord sur le nucléaire  est conclu, après de longues négociations, le 14 juillet 2015 ( limitation de l’enrichissement d’uranium, limitation de la production de plutonium, inspections renforcées, levée des sanctions (le 17 janvier 2016 le processus de levée a commencé),maintien de l’embargo sur les armes).Le nouveau président des Etats-Unis en septembre 2017 semble vouloir remettre en cause cet accord iranien sur le nucléaire. Le 8 mai 2018 les Etats-Unis se retirent de l’Accord sur le nucléaire iranien, beaucoup affirment à juste titre que c’est là une grave erreur politique (une de plus ) qui va probablement multiplier des  tensions et des risques de guerres dans la région. Le régime israélien a bombardé d’ailleurs aussitôt des positions iraniennes en Syrie en réponse à des missiles envoyés sur le Golan. L’Iran, entré en récession à cause des sanctions des Etats-Unis, annonce le 9 novembre 2019 la découverte d’un immense gisement de pétrole, bonne nouvelle pour le pays  mais mauvaise pour le réchauffement climatique.

 A ce retrait de l’Accord sur le nucléaire s’ajoute le fait que les entreprises étrangères implantées en Iran sont menacées de sanctions financières par les Etats-Unis si elles ne se retirent pas de ce pays. Ce dernier mécanisme repose sur l’extraterritorialité du droit américain à partir de 1998 qui est un instrument de guerre économique selon lequel une entreprise étrangère qui utilise le dollar pour ses transactions peut être poursuivi par le département de la justice américaine et obligée de payer d’énormes amendes pour embargo américain non respecté, pour corruption ou terrorisme. Cette domination économique et judiciaire est loin du respect des souverainetés étatiques. Elle marque ici la faiblesse du droit international et la puissance d’un système financier injuste. Cette forme d’impérialisme  en appelle à des résistances et des alternatives dont, par exemple, la Chine et l’Europe pourraient prendre l’initiative. De façon plus radicale un certain nombre d’ONG proposent d’autres systèmes financiers. 

 2- 11-   L’escalade continue en Corée du Nord, cela à partir des essais nucléaires (elle est sortie du TNP en 2003 et n’est plus liée par ce traité), six essais nucléaires d’octobre 2006 à septembre 2017,  et à partir du développement de missiles balistiques vecteurs de ces armes nucléaires. Les tensions de cet Etat totalitaire de 25 millions d’habitants sont importantes avec la Corée du Sud, les Etats-Unis , le Japon. La huitième série de sanctions des Nations Unies est intervenue en septembre 2017, en particulier une réduction de ses approvisionnements en pétrole. La Chine, la Russie, le Japon, l’UE sont pour le dialogue accompagnant ces sanctions, le président  des USA  est partisan d’une ligne dure et va jusqu’à menacer « de destruction complète la Corée du Nord en cas de menace des Etats-Unis ».(AG des Nations Unies, discours du 19 septembre 2017).

A propos des Nations Unies en janvier 2017 Antonio Guterres succède à Ban Ki-moon comme Secrétaire général des Nations Unies.

La surprise est grande quant au revirement du dirigeant nord coréen qui annonce début janvier 2018 que son pays participera aux jeux olympiques d’hiver en Corée du Sud, début mars le leader de la Corée du Nord se déclare favorable à la dénucléarisation de la péninsule coréenne et propose une rencontre avec le président des Etats-Unis qui l’accepte. Les deux dirigeants coréens ont une rencontre historique le 24 avril 2018 dans laquelle ils affirment leur volonté de détente,  la Corée du Nord déclare qu’elle ferme son site d’essais nucléaires fin mai. 

Le 12 juin 2018 à Singapour voilà le sommet, » historique » depuis 1953, entre les Etats-Unis et la  Corée du Nord, C’est la signature d’un document commun dans lequel les deux Etats s’engagent à une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne tout en garantissant la sécurité de la Corée du Nord. Voilà  qui constitue une avancée,   la mise en application rencontrera de grandes difficultés cela d’autant plus qu’elle reste trop imprécise.(par exemple au niveau de la vérification, voir notre ouvrage « Le droit international du désarmement »,L’Harmattan,1997,préface du président de la CIJ, M. Bedjaoui.).

Un accord solide n’est pas en vue, d’autant plus que le contexte est celui de l’accélération de la course aux armements nucléaires.  Après un échec d’un second sommet (mars 2019) les discussions reprennent en octobre 2019 alors qu’en même temps la Corée du Nord tire des missiles balistiques mer-sol.

2- 12 –   La prolifération entre le  nucléaire militaire et civil est une des raisons qui appelle à l’éradication universelle du nucléaire, le chemin sera long, les systèmes nucléocrates sont puissants mais les effets sanitaires, environnementaux et financiers, sont sans fin, gigantesques et désastreux, Ils devraient pousser à un arrêt et à une reconversion de l’ensemble des  complexes scientifico-militaro-industriels  mondiaux .

Les générations qui viennent sont prises à la gorge, elles commencent à manifester. Le temps qui reste a pour marqueur véritable l’établissement d’un rapport de forces qui imposerait la réorientation radicale de sommes gigantesques vers la remise en cause de notre système terricide et humanicide. »Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait » écrivait Mark Twain.

 

2- 13-   Au Mali (20 millions d’habitants), dont l’Etat était déliquescent, en janvier 2013 la France et des pays africains interviennent militairement, l’enjeu est aussi, affirment certains, celui du développement économique social et écologique  de  la région du Sahel. Après le feu vert du Conseil de sécurité la France a envoyé des troupes en appui à la force africaine  en décembre 2013 pour faire cesser les affrontements inter communautaires en Centrafrique, pays qui  fin 2015 arrive à organiser des élections. En 2007  la France a donc lancé ces opérations militaires, Serval, puis en 2014 Barkhane (4500 soldats), cela dans un contexte explosif : politique d’austérité du FMI, paralysie par la Françafrique,  sécheresses liées au réchauffement climatique, rebellions dans le Nord, revendications touarègues, déstabilisation de la Lybie, stratégies des Etats-Unis et d’Etats de l’UE…Certains donc  s’interrogent sur la légitimité de la présence militaire française. La guerre depuis 2012 a donc lieu à la suite d’insurrections de groupes djihadistes,  salafistes  et   d’ indépendantistes touaregs.

 

2-14-    Le peuple soudanais est un des peuples martyrs de la planète, il a  plongé dans une succession terrifiante  d’horreurs ,  celles de quatre  guerres, de trois famines (en 1998, 2003 et 2017), de catastrophes écologiques dues à la  sécheresse, enfin celles de dictatures et de régimes  militaires !

La première guerre civile, soudanaise a lieu au Sud soudan, elle commence un an avant l’indépendance de 1956, elle a duré 17 ans (1955-1972),cette guerre a fait au moins 500.000 morts, elle se termine par l’accord d’Addis Abeba, le Sud Soudan devient autonome.

La seconde guerre civile fut une des plus meurtrières du XXième  siècle,2 millions de morts,4 millions de déplacés,600.000 réfugiés, elle se déroule de 1983 à 2005,soit près de 22 ans, c’est celle entre les rebelles séparatistes du Sud, dont l’autonomie est supprimée, qui s’opposent au gouvernement central. L’Accord de paix de Nairobi de janvier 2005 est conclu, il prévoit   un partage du pouvoir et  des richesses pétrolières. Pendant six ans le Soudan du Sud sera autonome puis il y aura un référendum..

.Le Soudan du Sud proclame donc son indépendance en janvier 2011,une guerre civile éclate en 2013,elle dure 5 ans jusqu’à un accord de paix d’août 2018 qui  doit  entrer en vigueur en mai 2019,cette guerre a causé la mort de plus de 400.000 personnes.

En 1989 une junte militaire avait pris  le pouvoir à Khartoum. Une autre  guerre civile  éclate en  2003 au Darfour, à l’Ouest du Soudan , elle dure jusqu’à nos jours en 2019,soit plus de 16 ans, elle a causé la mort de plus de 300.000 personnes, les déplacés sont plus de 3 millions. L’Union africaine  en 2004 puis de façon conjointe l’ONU en 2007 envoient  missions armées et casques bleus.

 Les causes de ces guerres sont multiformes, d’où la complexité des négociations et traités de paix. Guerres sur fond de rivalités ethniques et religieuses et de partage de richesses pétrolières découvertes dans le Darfour qui est province  à l’Ouest du Soudan, pétrole  acheté massivement par la Chine. Le Nord du pays a une population arabo-islamique nomade, le Sud du pays est majoritairement peuplé de tribus africaines, chrétiennes et animistes le plus souvent sédentaires. Cette dimension du conflit est essentielle, celle entre des éleveurs qui recherchent des pâturages et de l’eau, celle d’agriculteurs voulant protéger leurs champs, la sécheresse du Sahel a aggravé les situations. Ajoutons à cela l’explosion démographique et les famines.

Au Soudan à partir de  décembre 2018 des manifestations de la population ainsi que  l’armée  finissent, en avril 2019, par provoquer la destitution du dictateur au pouvoir depuis trente ans, il est poursuivi aussi par la Cour pénale internationale. L’armée  prend alors le pouvoir « pour deux ans ».

 Parallèlement à cette situation il faut mentionner qu’en septembre 2019 deux ONG et neuf militants soudanais ont déposé plainte auprès du tribunal de Paris contre BNP Paribas.Ce  groupe bancaire est accusé de s’être rendu complice de crime contre l’humanité, « en permettant leur financement et en les facilitant, des crimes (…) commis par le gouvernement soudanais. »

 

2- 15-   En Syrie le régime sombre dans une répression massive à partir de mars 2011. Plus de sept ans après, en novembre  2018,  la guerre civile (armes conventionnelles et armes chimiques) a causé la mort de plus de 360.000 personnes dont près de 20.000  enfants, et le déplacement de la moitié de la population de 25 millions d’habitants, soit dans le pays soit dans d’autres Etats(20% de la population syrienne, soit 3 millions en Turquie,1,2 million au Liban,1 million en Jordanie…). Voilà un autre échec des Nations Unies et des Etats,  voilà encore surtout  les souffrances d’un peuple.

 La complexité de la situation militaire et diplomatique est égale à son horreur. Nous ne soulignons ici que quelques éléments de ces trois dernières années parmi de très nombreux combats acharnés et les multiples tentatives de règlement du conflit.

 A partir d’octobre 2016 c’est  la bataille de Raqqa(en Syrie) par la force arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis contre l’Etat islamique. La reprise d’Alep  par le régime syrien, avec l’aide puissante de la Russie, débouche sur une initiative russo-turque de cessez-le-feu le 31 décembre 2016 et des négociations qui suivent en 2017 entre le régime, soutenu par Moscou, et les rebelles syriens, soutenus par Ankara. La Conférence internationale d’Astana(Kazakhstan) en janvier 2017 et les pourparlers de Genève échouent.

 En mai 2017, toujours à Astana, la Russie, l’Iran et la Turquie s’accordent pour créer des zones de « désescalade » entre le régime syrien et les rebelles. Fin 2017 le régime contrôle 55% du territoire, les forces démocratiques syriennes(dominées par les milices kurdes) 28%,les rebelles 12%, l’Etat islamique 5%(au départ il disposait de 30% du territoire).En mars 2018 les turcs et les rebelles syriens prennent la ville d’Afrine, le régime syrien à l’Est de Damas reprend la Ghouta en avril 2018.Une utilisation d’armes chimiques, moins massive que celle d’octobre 2012, provoque un bombardement de sites chimiques syriens par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. 

 D’aucuns diront que le régime syrien , puissamment soutenu par ses alliés, a gagné la guerre, ce qu’il y a de sûr c’est que l’ensemble du peuple syrien l’a perdue dans les morts et les souffrances.

 Après le retrait de troupes des Etats-Unis dans le Nord Est Syrien (autre erreur politique)la Turquie déclenche  une offensive le 9 octobre 2019 pour créer une »zone de sécurité » contre les forces kurdes, celles-ci appellent à l’aide le chef de l’Etat syrien ce qui renforce sa position et celle de la Russie qui est arbitre, à la fois alliée du régime syrien et partenaire de la Turquie dans les négociations.

Fin février début mars 2020 la situation s’aggrave lorsque des militaires turcs sont tués par l’armée syrienne, la Turquie riposte,l’escalade reste possible entre les deux pays,le régime syrien est toujours soutenu par la Russie.

 

 2- 16-    En Afghanistan la guerre continue, en 2017 plus de 19.000 morts, en 2018 plus de 20.000.

Elle oppose les talibans, soutenus par le Pakistan, aux autorités étatiques affaiblies.

 L’Etat islamique revendique de nombreux attentats. Les Etats-Unis, qui avaient annoncé leur retrait sous la présidence précédente, maintiennent  18000 soldats en 2018, puis si l’accord est conclu avec les talibans 8600 hommes et ils pourraient se retirer fin  2020.avant les élections américaines.

 Russie, Chine, Etats-Unis veulent discuter avec les talibans qui refusent d’accepter  le gouvernement afghan affaibli.

 L’emplacement stratégique du pays, un des grands carrefours de l’Asie, a toujours  attiré les convoitises. Après les empires médiévaux, après  les empires coloniaux russe et britannique, après les deux blocs Etats-Unis Union soviétique, voilà aujourd’hui de grandes puissances économiques (Russie, Etats-Unis) et émergentes (Chine)..

Le 29 février 2020 un accord est conclu à Doha(Qatar) entre les Etats-Unis et le mouvement des talibans, il prévoit le retrait des forces américaines et ouvre la voie à des négociations entre le gouvernement afghan et les talibans. Le conflit de 18 ans (2001-2019) cesse après 60.000 victimes afghanes et 1900 militaires américains, la paix entre les afghans  n’est pas assurée pour autant.

 

2- 17-     Les tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran se multiplient. Comme en 1987(jusqu’en 1991) les relations diplomatiques sont rompues en janvier 2016.Les causes sont nombreuses et profondes, au moins de quatre ordres : la crise économique liée à la baisse du prix du pétrole, le retour de l’Iran vers les Etats- Unis (alliés de l’Arabie saoudite)sous la présidence Obama à la suite de l’accord sur leur programme nucléaire, le rôle de puissances régionales(ainsi l’Iran soutenant le régime Syrien et soutenant aussi les rebelles du Yémen plongé dans la guerre),enfin les rivalités anciennes entre arabes(Arabie Saoudite) et perses(Iran),entre mondes musulmans c’est à dire l’Arabie saoudite voulant rassembler le monde sunnite , majoritaire chez les musulmans, et l’Iran voulant protéger le monde chiite, minoritaire chez les musulmans. La décision en mai 2018 du président des Etats-Unis de se retirer de l’Accord sur le nucléaire iranien peut , entre autres, contribuer aux  tensions entre l’Arabie Saoudite et l’Iran.

 

  2- 18-     La guerre au Yémen se déroule dans le sillage  des tensions précédentes. Ce pays  de 28 millions d’habitants, comprend 60% de sunnites et 40%de chiites, c’est l’un des plus pauvres du monde.

En 2004 au Nord du pays, à la frontière avec l’Arabie saoudite, les habitants chiites se rebellent, ils estiment être mis à l’écart ,leur chef est tué, ils prennent son nom, les « Houthistes ».

En 2009 l’Arabie saoudite, sunnite, lance des frappes aériennes contre ces rebelles soutenus par l’Iran, chiite. En 2011, dans le sillage du printemps arabe, le président est renversé, le vice-président prend sa place en 2012 et dans ce chaos Al Qaida ainsi que l’Etat islamique étendent leur  influence.

Pendant l’été 2014 les rebelles Houthistes refusent le projet de fédération et entrent dans  la capitale, Saada. L’Arabie prend la tête d’une coalition arabe composée en particulier des Emirats arabes unis.

En mars 2015 le président s’exile  en Arabie saoudite laquelle multiplie les bombardements, cette coalition arabe est soutenue par les Etats-Unis.

 Dans la coalition arabe les Emirats arabes unis utilisent des chars français commandés en 1990 et livrés en 2000. L’Arabie saoudite utilise des avions, des blindés, des navires, des missiles vendus  par la France ces dernières années. Des ONG protestent à juste titre.

De mars 2015 à avril  2019, en quatre  années, le bilan humain est terrible : plus de 100.000 morts au moins ,85000 enfants morts de faim et de maladie, 3,4 millions de personnes  déplacées, plus de 14 millions de personnes menacées par la famine. Les Nations Unies parlent de l’une des  «  pires crises humanitaires du XXIè siècle ».

 

 Les pressions se multiplient pour qu’aboutissent sous l’égide des Nations Unies des pourparlers de paix ouverts en Suède. Le 13 décembre 2018 l’Accord de Stockholm n’est que partiel sur le territoire. La rivalité entre l’Arabie saoudite et l’Iran continue, le peuple du Yémen en est une victime. Les habitants du Yémen sont une des populations  martyrs de la planète, population frappée  par les guerres,  les épidémies,  la malnutrition et  les crises humanitaires.

 

 2- 19-     En 2006 apparait   l’Etat islamique en Irak, en 2013 l’Etat islamique en Irak et au Levant et en  juin 2014 des djihadistes établissent un « califat » à cheval sur l’Irak et la Syrie.

 Cette organisation armée terroriste islamiste(Daesch) est donc née des guerres en Irak, Syrie, Lybie. Des  conflits armés continuent.

Le choix d’un blocus financier au départ  n’est pas mis en avant mais celui d’une coalition  de pays occidentaux et d’une coalition aussi de pays arabes qui, en particulier, bombardent les positions du groupe de l’Etat islamique. Parmi les troupes au sol des kurdes, des irakiens, des syriens. Les guerres multiplient les souffrances et la diplomatie essaie de reprendre place dans le règlement du conflit.

 A partir d’octobre 2016 c’est la bataille de Mossoul  (en Irak)par l’armée irakienne, les peshmergas, les forces de sept pays de la coalition contre l’Etat islamique .En septembre 2017 les troupes de l’organisation de l’Etat islamique reculent devant les forces irakiennes et se replient dans un secteur où Syriens et Kurdes les assiègent.

 De juin à septembre 2017 la majeure partie de la ville syrienne  de Raqqa est reprise, elle était considérée comme la capitale de l’Etat islamique.

 En février 2019  on peut dire que l’Etat islamique a  perdu, à quelques exceptions, le  terrain syro-irakien, en mars 2019 l’enclave de Baghouz tombe, ainsi la zone détenue par Daesh sur l’Irak et la Syrie n’existe plus.

 Par contre ses activités n’ont pas cessé à travers son idéologie, ses groupes armés , en particulier en Afrique et en Asie, et ses combattants terroristes, en réseaux ou isolés, dans différents pays en particulier en Irak et en Syrie. Fin octobre 2019 les Etats-Unis exécute le chef de Daesh, un successeur  prend  sa relève.

2- 20-    Des attentats se développent, ils sont massifs dans des pays asiatiques, par exemple au Pakistan (de 2007 à 2014 : 7000 victimes, le 17 décembre 2014 à Peshawar 148 morts, massifs dans des pays africains, par exemple au Nigeria le 3 janvier 2015 ce sont 2000 civils chrétiens et musulmans qui sont massacrés par le mouvement Boko  Haram.

Dans des pays européens, ils sont  revendiqués en particulier par Al-Qaida au Yémen. En France, le 8 janvier 2015, l’ensemble de la  direction d’un journal, Charlie Hebdo, et des clients d’un magasin juif sont exécutés. Le 11 janvier 2015 ont lieu les plus gigantesques manifestations de l’histoire de France,4 millions de personnes dans les rues, soutenues par des manifestations dans de nombreux  pays étrangers, contre ces attentats et pour la liberté d’expression. Le 13 novembre 2015 Paris fait l’objet d’attentats revendiqués par l’organisation de l’ Etat  islamique, ils  causent la  mort de 130 personnes, l’état d’urgence est décrété.

 Le ramadan 2016 est sanglant, ainsi des attentats en Arabie saoudite, en Turquie, au Yémen, en Jordanie, en Irak…Dans ce dernier Etat à Bagdad le 3 juillet 2016 l’Etat islamique provoque la mort de près de 300 personnes, ainsi  l’Etat islamique Daesh est capable de frapper sur une partie de la planète.

2-21-    Les luttes contre le terrorisme mises en place après le 11 septembre 2001 se sont intensifiées peu à peu : plans de surveillance et de sécurité, développement des services de renseignements, coopérations judiciaire et policière entre Etats, entreprises de déconditionnement et de « déradicalisation », remise en cause de circuits  financiers .

Trois difficultés sont grandes. La première consiste à  ne pas porter atteinte aux libertés fondamentales  au nom de la sécurité, on bascule alors dans les dérives du sécuritaire. L’exemple caricatural est celui de l’emprunt à la panoplie des régimes autoritaires de « la déchéance de nationalité ». La seconde difficulté consiste à s’attaquer aux véritables causes du terrorisme, essentiellement au terreau des injustices, dans des quartiers « défavorisés »,  dans les « zones urbaines sensibles » ces inégalités  sont criantes , et aussi  aux guerres porteuses de souffrances et de haines, « si on répond à la haine par la haine on ne fait que l’étendre  en surface et en profondeur » disait Gandhi. La troisième difficulté est celle des labyrinthes des circuits financiers dans lesquels sont directement et indirectement impliqués différents acteurs, nombreux et  quelquefois puissants. 

2- 22-     En novembre 2013 le gouvernement ukrainien cède aux pressions de Moscou: il refuse de signer un accord d’association avec l’Union européenne. La contestation prend de plus en plus d’ampleur en Ukraine, le régime répond en février 2014 par une  répression sanglante et finit par être emporté.

 La Crimée est rattachée à la Russie à la suite d’un référendum en mars 2014, la Russie est sanctionnée en particulier par une suspension de sa participation au G7..

Des situations de guerre civile apparaissent en Ukraine, ce conflit est pour une part dangereusement internationalisé. La France et l’Allemagne essaient  de trouver une solution  diplomatique entre  la Russie et l’Ukraine (accord de Minsk, en Biélorussie, le 12 février 2015),ce groupe des quatre continue des pourparlers depuis quatre ans. A l’Est de l’Ukraine  le conflit a fait plus de 10.000 victimes. La Russie  contrôle de plus en plus la mer d’Azov essentielle pour l’économie de l’Ukraine, mer qui débouche sur la mer Noire. Fin novembre 2018 les tensions sont grandes dans le détroit qui sépare les deux mers, cela pour des raisons  stratégiques et économiques.

L’Ukraine est opposé aux séparatismes des régions orientales (provinces de Donetsk et Louhansk qui forment le  Donbass ) soutenues par la Russie. En février 2019 le total des victimes est d’au moins 12.000 morts depuis la guerre commencée en avril 2014.

 2-  23-    L’arrivée au pouvoir de la gauche radicale en Grèce débouche sur des renégociations  en février 2015  sur sa dette au sein de l’Union européenne laquelle se montre particulièrement intransigeante. La plus grande partie du peuple grec a plongé dans de grandes  difficultés .

D’une façon plus globale des pays de l’Union européenne, en particulier les sociétés du Sud, sont  sous les effets sociaux et économiques désastreux de la crise, ainsi en Espagne et en Italie.

 

2- 24-      En France  le nouveau président affirme que pour réformer il faut réunir à la fois une certaine droite et une certaine gauche. Sa politique néo libérale en fait   marginalise les plus pauvres et paupérise les classes moyennes, la révolte des uns et des autres gronde.

 Cette révolte  explose pour une partie d’entre eux en novembre 2018 sous la forme  des « gilets jaunes », rassemblés chaque samedi  sur des ronds points et manifestant aussi dans des rues et sur des places. Ils sont  soutenus par une majorité de français, ils  protestent  encore un an après,  en novembre 2019, ils  manifestent toujours pour le pouvoir d’achat, la justice fiscale et la mise en place d’un référendum d’initiative populaire. 

 Des protestations et des grèves se multiplient dans des services publics (ainsi les hôpitaux) et par rapport à la réforme des retraites (manifestations et grèves  se succèdent à partir du  5 décembre  2019 ) .Celle-ci est adoptée par le passage en force du gouvernement qui utilise l’article 49-3 de la constitution. 

Comme dans de nombreux pays la France se retrouve touchée par l’épidémie de coronavirus en mars 2020, virus qui apparait en Chine  en novembre  2019  .La France  mettra-t-elle en œuvre  des moyens  massifs  pour y faire face ? La situation des hôpitaux n’incite guère à l’optimisme, depuis une vingtaine d’années les suppressions de postes se sont   multipliées , les conditions de travail se sont détériorées, les budgets de santé ne correspondent pas aux besoins.

 Quant à la  politique énergétique nucléaire de la France

 elle  avance vers des risques sanitaires et environnementaux de plus en plus  inquiétants  et

  elle  court  vers des finances  explosives : poids de la dette, investissements pour rénover le parc, retards du chantier EPR…

 

 2- 25-    En mars 2013 est élu  le pape François , un argentin,  ses engagements sont nombreux, pour n’en citer qu’un seul : une encyclique consacrée à la protection de la création et à l’écologie humaine. »Pour la sauvegarde de la maison commune ». (2015, »Laudato Sii », Loué sois-tu! ).L’importance qu’il accorde « aux pauvres » et à « l’accueil des migrants » témoigne d’ un certain souffle. La fin du silence par  la hiérarchie catholique de   pratiques pédophiles dans l’Eglise commence enfin à voir le jour, de même face aux drames de religieuses violées par des prêtres.

 

2- 26-    Quant au nouveau  président des Etats-Unis et à sa politique  les  voilà  , en plus de deux années   de pouvoir (janvier 2017 à novembre 2019),  critiquables et critiqués.

Sur le fond  une allergie  au multilatéralisme, une tendance au  nationalisme et  au protectionnisme, une fascination pour la domination, une incapacité criante à tenir compte de la complexité  de la vie internationale. Une telle situation  contribue à  des tensions, des crises et des drames.

 Ainsi  le désengagement de l’Accord de Paris sur le climat est inacceptable et irresponsable. Il touchera même les Etats-Unis et en catastrophes écologiques qui iront en s’aggravant (voir les incendies de Californie en novembre 2018 et octobre 2019) et en catastrophes économiques  qui vont se multiplier  pour eux aussi, les unes et les autres préparent très probablement des révoltes dans les régions sinistrées et la multiplication de déplacés environnementaux sur place, et dans une moindre mesure à l’étranger,  d’ habitants  des Etats-Unis. Nous pensons, en mai 2020, que son aveuglement, en particulier face au réchauffement climatique et au coronavirus,  se retournera contre lui au moment des élections de novembre 2020.

 Ajoutons à cela l’influence d’une partie de son entourage constituée « d’ultras faucons » qui ont une panoplie guerrière : la sacro sainte puissance militaire des Etats-Unis, les guerres » préventives », la lutte contre « l’axe du Mal et les Etats voyous », le rejet viscéral du multilatéralisme considéré comme inefficace et dangereux pour les intérêts des Etats-Unis. Des acteurs, aux Etats-Unis  et ailleurs,  essaient de s’organiser pour proposer et mettre en œuvre des alternatives à différents niveaux géographiques. En novembre 2018 les élections de mi-mandat marquent  une certaine sanction des électeurs puisque la majorité bascule en faveur des démocrates à la Chambre des représentants. La frontière avec le Mexique fait l’objet d’une obsession du président face à  « ces hordes qui envahissent les Etats-Unis ». Pour les en préserver le « mur » à construire qu’il réclame  est symbolique d’une politique dénoncée à juste titre  entre autres par les démocrates.

 

2- 27-     De façon plus globale on constate dans un certain nombre de pays (Etats-Unis, en Europe, en Amérique du Sud) une certaine montée de nationalismes et de populismes.

La nouvelle  présidence des Etats-Unis depuis janvier 2017 s’inscrit ainsi dans un certain nationalisme  comme d’ailleurs celles du président russe (4ème mandat 2018-2024) et du président turc. Ce dernier  a mis en œuvre une répression organisée massivement en Turquie, la poudrière kurde est toujours là et le régime turc en Syrie bombarde les kurdes syriens d’Afrine  ( janvier à mars 2018) ainsi que d’autres villes de Syrie où ils se trouvent, le régime turc est en lien avec ses ultra nationalistes qui veulent écraser le mouvement kurde.

On constate aussi une montée, plus ou moins importante selon les pays,  de populismes par exemple  au pouvoir en Pologne, en Hongrie, en Autriche, en Italie, et sous la forme d’un parti politique par exemple  en France… Ainsi des extrêmes droites  vont même jusqu’à conquérir le pouvoir, comme au Brésil fin 2018, en novembre 2019 par un coup d’Etat qui chasse le président de gauche..

On peut  distinguer

 d’une part , des populismes protestataires, tournés vers la dénonciation de la confiscation du pouvoir par des élites et vers la dénonciation de la  corruption ,

d’autre  part, des populismes identitaires tournées vers la dénonciation d’une mondialisation destructrice d’identités et d’une immigration jugée inquiétante ou inacceptable.

 Dans des proportions variables des populismes rassemblent souvent ces deux dimensions, la protestataire et l’identitaire.

 

 

2- 28-   Les crises sociales éclatent dans de nombreux pays ces dernières années.  particulièrement   en 2018-2019.

Elles se déroulent souvent à travers la désobéissance civile non violente. Il arrive cependant qu’elles répondent aux répressions dont elles sont l’objet ou qu’elles utilisent directement diverses formes de violences.

Les revendications sont celles de la démocratie ( par exemple à Hong Kong… sous le regard de la Chine)

 celles de la dénonciation de gouvernements jugés corrompus ( par exemple au Liban) ,

 de la sortie de tout un système politique ( par  exemple en Algérie),

d’une droite contre une gauche  chassée du  pouvoir  ( par exemple en Bolivie )

d’un partage des richesses (   par exemple au Chili qui en arrive à un référendum sur une nouvelle constitution).

De façon plus profonde ces crises sociales , auxquelles s’ajoutent  les crises écologiques, ont pour cause le système productiviste porteur d’injustices, d’autoritarismes, de débâcle écologique, de violences.

 

 

 2- 29-     Les grandes rencontres  de coopération et  concertation inter étatiques ( G 8 créé en 1975 , G 20 créé en 1999, sans oublier  l’organisation de Shanghai créée en 2001qui comprend huit Etats, en particulier la Chine ,la Russie, l’Iran et maintenant l’Inde) adoptent des communiqués communs et peuvent faire des recommandations .

Ces rencontres ont leur utilité au niveau des rapports interpersonnels de ceux et celles qui y participent, au niveau aussi des rencontres bilatérales, elles peuvent également essayer de faire face à des crises, apaiser des conflits, préparer des régulations  et des stratégies économiques, financières, commerciales, politiques…

.Ces rencontres ont cependant deux limites. D’abord elles ne débouchent pas sur des décisions, elles ont simplement un pouvoir incitatif, non obligatoire. Ensuite et surtout elles s’inscrivent dans des régulations…du productivisme  et non pas celles de la construction  d’une communauté mondiale humainement viable. Même s’il ne faut pas négliger telle ou telle remise en cause contribuant à préparer une législation internationale porteuse, leurs logiques dominantes ne sont pas celles de la mise en oeuvre massive de moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques.

Ce qui pourrait être porteur d’un certain espoir c’est que dans de telles rencontres voient le jour par exemple une taxe sur les transactions financières, par exemple un programme mondial financé sur le droit à l’eau et  d’autres alternatives.

S’ils ne faut sans doute pas désespérer de telles rencontres les peuples savent qu’il ne faut pas en attendre à ce jour de remède miracle. Ce sont  surtout leurs luttes qui peuvent contribuer à de tels  changements.(voir notre article sur « Les moyens contribuant à passer d’un système mondial productiviste autodestructeur à une communauté mondiale humainement viable »).

2- 30-    Un autre type de rencontre est la Coupe du monde de football, évènement sportif  et médiatique , qui a  permis à 32 pays qualifiés de concourir  en Russie, l’équipe de France des » bleus » renouvelle l’exploit de 1998 en  juillet 2018 ,   elle est à nouveau championne du monde. La prochaine coupe devrait se  dérouler  au Qatar en 2022.

 

 

2-31-La crise du coronavirus (Covid 19)

Elle  apparait  en novembre 2019 en Chine centrale à Wuhan. Elle se développe rapidement et atteint  peu à peu l’ensemble des pays du monde, en particulier en mars, avril, mai 2020 des pays européens dont  le Royaume-Uni, l’Italie , la France, l’Espagne, l’Allemagne… D’autres pays, comme les Etats-Unis et le Brésil, particulièrement mal préparés, sont encore plus gravement atteints. L’inquiétude pour beaucoup de pays du Sud  est grande.

 

2-31-1– Cette crise sanitaire a pour effet au 25 mai 2020  d’avoir  contaminé plus de 5,5 millions de personnes et tué près de 350 000 malades dans le monde. L’Europe, où plus de 173 000 personnes sont décédées du Covid-19,  les Etats-Unis se rapprochent  des 100 000 morts et  40 000 personnes ont perdu la vie en Amérique latine en particulier  au Brésil  avec 22 000  décès. L’Europe, toujours fin mai 2020, comptabilise plus de deux millions de cas déclarés et plus de 173 000 décès.

On n’est pas dans l’ampleur de la grippe espagnole (50 millions de morts en 1918-20) ou de celle du sida (40 millions de morts depuis 1981), cependant  on va  probablement , disent en avril  2020 certains virologues, vers 2 millions de décès au total  de la pandémie, d’autres avancent des prévisions beaucoup plus importantes( ?).

 

1-31-2-Les recensements des victimes (hôpitaux, maisons de retraite, centres sociaux, décès à la maison et dans d’autres lieux) sont souvent très incomplets et sous-estimés.

 2-31-3-Les services de santé, faute de moyens suffisants en personnels, en lits, en matériels (masques, respirateurs, médicaments  et tests…) ont été ou sont gravement débordés. Les « gestes barrières », en particulier la distance entre les personnes, demeurent capitaux.

 2-31-4-La crise sanitaire se double d’une crise économique profonde puisque, à la suite du « confinement », la plupart des entreprises de toutes tailles ferment. Ainsi   des entreprises de transports aériens  tombent  en faillite. Les bourses s’effondrent mais surtout le nombre de chômeurs explose, ainsi aux Etats-Unis 30 millions de personnes supplémentaires. Les inégalités s’aggravent, le nombre de personnes en situations catastrophiques explose, il est « amorti » dans certains pays comme la France par des aides sociales.

2-31-5-Quelques  effets  positifs de cette crise  sont des  émissions de CO2 qui diminuent, l’air plus respirable dans les grandes villes, la nature qui respire un peu moins mal, le télé travail qui se développe avec pourtant ses limites, des solidarités qui se mettent en route, en particulier celle des groupes qui s’auto organisent par exemple pour la consommation alimentaire. Enfin  les déplacements à bicyclette  se multiplient. Les projets « du monde d’après » commencent à voir le jour venant surtout des milieux associatifs, ils sont réformateurs ou radicaux.

2-31-6-On pourra espérer vivement que les dépenses de  santé feront l’objet d’une…explosion. Quelques jours pris dans l’ensemble des pays  sur les dépenses d’armements seraient salvateurs mais ce serait là  déranger des pensées bien ordonnées.

Une autre leçon vers laquelle on va peut-être s’orienter est celle d’un certain nombre de « relocalisations » en particulier de médicaments, de masques…et d’autres productions.

2-31-7-Mais les remises en cause après la crise  ne seront très probablement pas au rendez-vous, les mêmes logiques productivistes reprendront le dessus. Par exemple les émissions de gaz à effet de serre vont vraisemblablement reprendre « de plus belle »,et  par exemple les leçons  nécessaires par rapport aux causes profondes du développement des épidémies ne seront pas tirées. A savoir une nature dégradée (déforestations),des espèces décimées et menacées qui vont transmettre plus facilement des maladies à l’homme.

Autrement dit la place de plus en plus restreinte accordée à la nature s’aggravera et sa marchandisation aussi si des contre-logiques puissantes ne sont pas mises en place.

 

 

TROIS  REMARQUES GLOBALES ET TERMINALES  RELATIVES A CETTE SYNTHESE DES RELATIONS INTERNATIONALES  DE  1945  A NOS JOURS

 

Tout part de ce  système productiviste(1),

 les  populations de la terre se retrouvent entre l’explosion démographique , des inégalités criantes et la débâcle écologique  (2)

et demain  que faire ? (3)

 

 

 

1- Ne s’agit-il pas de logiques terricides et humanicides ?

 

 Ce système n’est-il pas condamnable du seul fait, par exemple, qu’il y ait  en 2018 un enfant sur deux dans le monde en situation de détresse et/ou de danger( guerres, maladies, misère…) et du seul fait, par exemple, que les marchés financiers ont pris, depuis 1971 (fin de la convertibilité du dollar en or), une large partie de la place des conducteurs(Etats, entreprises…) ?

Ce système n’est-il pas condamné du seul fait , par exemple, que plus de  5 milliards de dollars partent chaque jour en 2019 vers les dépenses militaires mondiales, et du seul fait, par exemple, que des activités humaines entraînent un réchauffement climatique qui menace l’ensemble du vivant (+3°C à 6°C vers 2100 et plus d’un  mètre (deux?) d’élévation du niveau des mers ?)

 Il y avait pourtant mieux à faire devant les périls communs (débâcle écologique dépassant des seuils d’irréversibilité, armes de destruction massive terrifiantes, épidémies catastrophiques, inégalités criantes, techno science et marchés financiers dépassant les êtres humains…) 

Au-delà de la paix, de façon plus globale, le système international productiviste repose sur les logiques profondes qui s’appellent la recherche du profit, la fructification des patrimoines financiers, la marchandisation du monde, le développement d’armes terrifiantes, la course aux quantités, le culte de la croissance, les discours et les pratiques de la compétition, la priorité donnée au court terme, l’accélération du système.

 

 

2) Les populations  de notre Terre entre explosion démographique, inégalités criantes et débâcle écologique.

 

2-1      L’explosion démographique continue.

 Il a fallu 2 millions d’années pour arriver au premier milliard d’habitants en 1800, il a fallu seulement 210 ans pour avoir une population sept fois plus élevée, sept milliards d’habitants en 2011.L’explosion continue, en janvier 2019  il y avait 7,63 milliards d’habitants, en 2050 il y aurait en principe de l’ordre de 9,8 milliards d’habitants, elle ralentirait ensuite puisque en 2100 il devrait y avoir (?)  11,2 milliards de terriens (soit 300 millions de plus que la prévision faite en 2012 par les Nations Unies.)

De façon peut-être plus parlante, chaque seconde en 2018 : 4,4 naissances, 1,8 décès, donc un accroissement de 2,6 ; chaque jour approximativement 380000 naissances, 156000 décès, donc un accroissement de 224000 personnes, (soit l’équivalent de Limoges et de son agglomération, ou d’un peu moins que la ville de Montpellier), chaque année à peu près 139 millions de naissances, 57 millions de décès, soit un accroissement de 82 millions de personnes de la population mondiale.

La Chine (1,38 milliard d’habitants), qui depuis 36 ans avait organisé la politique de l’enfant unique, a décidé d’y mettre fin à partir de 2016, les couples peuvent ainsi  avoir deux enfants. La population indienne (1,31 milliard) dépassera celle de la Chine. Quelles sont les prévisions? En 2022 ce serait l’égalité à 1,4 milliard, puis  en 2030  l’Inde serait à 1,5 et la Chine à 1,4. Début 2016, la Chine représente 19% de la population mondiale et l’Inde 18%, soit à elles deux plus du tiers de la population mondiale (37%).

 

2-2     Des inégalités criantes.

Pour comprendre ce que produit ce système il existe un exemple relatif à un élément central et vital .  Rappelons d’abord qu’au total les décès dans le monde pour l’année 2017 étaient de 59 millions de personnes.

Quelles sont donc les causes principales de la mortalité mondiale ? Les maladies cardiovasculaires (3 décès sur 10), les cancers, les maladies infectieuses (pneumopathies, diarrhées, sida, paludisme, tuberculose …), le diabète …Or ces causes  sont révélatrices  de deux  mécanismes  gigantesques.

 Ces causes montrent des inégalités entre populations de la planète.  Ainsi , par exemple, en 2011 dans les pays à faible revenu 4 décès sur 10 touchaient des enfants de moins de 15 ans, dans les pays à revenu élevé 1 enfant sur 100.

Dernier exemple criant : en 2016 les 8 personnes les plus riches de la planète, qui avaient au total une fortune de 426 milliards de dollars, possédaient ainsi l’équivalent des richesses détenues par la moitié des habitants de la planète, autrement dit huit richissimes égalaient 3,6 milliards de personnes. C’est une violence structurelle.

2-3   Ces causes de mortalité sont révélatrices d’un environnement qui se dégrade rapidement, dramatiquement  et arrive, ici et là, à des seuils d’irréversibilité.

 En 2012 l’OMS avançait le fait que 23% des décès dans le monde était liés à l’environnement (tabac non compris) soit un décès sur quatre, soit 12,6 millions de victimes dues pour la plus grande part aux pollutions de l’air, celles-ci en 2014 selon l’OMS ont causé la mort  de 7 millions de personnes. Certains auteurs avancent des chiffres beaucoup plus élevés, cela est lié en particulier à la définition plus ou moins large donnée à l’environnement, chiffres allant jusqu’à  40% des décès , voire plus, dans le monde résultent de facteurs environnementaux : tabac, pollutions chimiques , radioactives, pollutions dans des transports, des alimentations, des habitations, des lieux de travail, dans des airs, des sols et des eaux…

Des études prévisionnelles mettent en particulier en avant une explosion des cancers dans le monde  de 75% de  2012 à 2030 (!) et de 95% dans les pays les plus pauvres(!).Le tabac en 2014 a tué 5 millions de personnes(en France 78000), l’alcool a tué 3 millions de personnes(en France 49000).

La dégradation de l’environnement est massive, multiforme, rapide. Ses logiques terricides et humanicides, dans le sillage de l’autodestruction du système productiviste, assassinent le Vivant et la Terre.

  3- Et demain ?

 

Ralentir l’explosion démographique, lutter contre les inégalités criantes, agir radicalement et massivement contre la dégradation de l’environnement, certes , mais de façon plus globale  que faire ?

 

3-1    Passer de ce système suicidaire à une communauté mondiale  viable est encore possible, aux différents niveaux géographiques, dans l’ensemble des activités humaines, en pensant (cela est fait en  partie) et en mettant en œuvre (cela n’est fait  que pour une  part  dérisoire) des moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques. Nous en proposons plusieurs fois une liste indicative sur ce site  .

 

 3-2   Tous les acteurs ont des remises en cause à mettre en œuvre, dans des proportions  très variables et avec des responsabilités très  variables : Etats, organisations internationales et régionales, organisations non gouvernementales, entreprises, firmes multinationales, collectivités territoriales, réseaux scientifiques et technologiques, enfin les acteurs humains c’est-à-dire les personnes ,les peuples, l’humanité(générations passées qui ont le droit à la préservation du patrimoine culturel mondial, générations futures qui ont le droit que nous leur laissions des marges de manœuvres pour choisir ce qu’elles voudront être, générations présentes qui ont droit à une société humainement viable sans compromettre les droits des autres générations).

  « L’humanité doit avoir des droits faute de quoi les hommes perdront les leurs » écrivait René-Jean Dupuy, (« La clôture du système international », puf, 1989).

Comment passer des intérêts nationaux (ceux de chaque Etat) aux intérêts communs (ceux  des Etats et de la société civile internationale) puis  à l’intérêt commun de l’humanité ?

Les droits de l’homme, des peuples, de l’humanité, du vivant, ne doivent-ils pas s’interpeller les uns  les autres, s’appuyer les uns sur les autres, s’incliner les uns vers les autres?

 

3-3     Une « métamorphose de l’humanité » (expression mise au monde en particulier par Edgar Morin)  en appelle à des moyens démocratiques pour des fins démocratiques, à des moyens justes pour des fins justes, à des moyens pacifiques pour des fins pacifiques, à des moyens écologiques pour des fins écologiques. Pourquoi ne pas penser souvent à cette idée  lumineuse, radicale et…  terrible (par ses remises en cause) de Gandhi :« La fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la semence »?

Avec des responsabilités inexistantes, faibles, moyennes, importantes ou gigantesques selon les personnes et les collectivités, ne pouvons-nous pas très probablement  penser que les responsabilités des « trois fois trois générations » s’éclaircissent ?  Lesquelles  ?

 

3-4   Nous avons reçu de trois générations passées (   1850 à 1945 environ), un environnement pour une part atteint et faisant l’objet de destructions en marche sous les logiques  du productivisme et de l’anthropocène.

 Nos trois générations présentes (1945 -2030 environ) ont produit un environnement pour une large part détruit et plongeant dans  des apocalypses écologiques multiformes, massives, en interactions et rapides.

 Les  trois générations qui ont commencé à voir le jour et  qui viennent  (2030 à 2110 environ)  se trouvent donc devant  une question vitale :

 cette veille de fin des temps  peut-elle encore,

à travers quelles  volontés  ,   quels moyens   et   quelles marges de manœuvres ,

se transformer en aube d’humanité ?

 L’enjeu vital n’est-il pas de faire naître, massivement et rapidement, les déterminations personnelles  et collectives de tous les acteurs ?

Comment  ,  avant  qu’il ne soit trop tard, donner le jour à une « métamorphose de l’humanité » ?

 

 Cette synthèse s’arrête fin mai 2020, elle sera remise à jour fin  mai 2021.