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au trésor des souffles

Moyens viables

de l’autodestruction à la viabilité

Avant-propos

Cela fait  47 ans(début 1973-fin 2020) que je soutiens et développe ces idées.

J’évoquais déjà dans ma thèse de doit public, soutenue à Toulouse, sur l’éducation, publiée en 1973 ,   cette analyse  que  j’ai reprise et pensé  dans mes deux ouvrages sur la paix en 1988, dans celui  sur le désarmement en 1997, dans celui sur les relations internationales en 2003, dans la co-direction de l’ouvrage de 2011 des actes du colloque international sur le droit et les catastrophes écologiques, enfin dans les quatre éditions de droit international de l’environnement de 1998 à 2018 (la dernière avec deux collègues) .Dans la plupart de la centaine d’articles écrits dans revues et journaux j’évoquais aussi ces remises en cause.

 J’avais, avec grande chance, été vivement inspiré par une trentaine d’auteurs anti productivistes des années 1950-90.Et avant tout par la pensée géante d’Edgar Morin.

Si heureusement quelques unes de nos  idées ont été reprises, en particulier  par des mouvements, des associations, des ong, des organisations, d’autres acteurs, et réciproquement , on constate  que beaucoup d’autres, pour de multiples raisons, ont à ce jour(décembre  2020) été  laissées de côté.

 En mars  2015 sur  mon site  j’ai rassemblé en une dizaine d’articles, un tableau général de moyens  viables ,  démocratiques, justes, écologiques et pacifiques.

 L’impression que certains peuvent et pourront avoir d’une analyse hors-sol  a deux raisons :

Les remises en cause proposées, avec  la lenteur des changements de rapports de force, sont étalées sur quelques décennies, et « à l’auberge de la décision les gens dorment bien ».Nous avons le temps…

La radicalité et le nombre de ces remises en cause  correspondent à une gigantesque utopie créatrice représentant probablement les dernières chances  de l’ensemble du vivant  embarqué dans un système autodestructeur. Soulever des montagnes on n’y arrivera jamais…

 Les militant.e.s de ma génération ,  né.e.s juste après 1945, commencent à disparaitre  peu à peu. A ce jour nous n’avons pas réussi à remettre en cause le productivisme. Echec gigantesque, terrible.

 Les générations suivantes sont devant des responsabilités énormes dans  un monde qui va continuer à plonger dans les drames et les menaces et  de plus en plus appeler au secours.  Les pédagogies des catastrophes seront tirées, selon les cas, un peu, beaucoup, ou pas du tout. Une pédagogie globale critique et créatrice des catastrophes devrait enfin  voir le jour.

Des moyens peuvent être mis en œuvre, des volontés peuvent naitre,  des marges de manœuvres sont encore là… mais pour combien de temps ?

 

Quels moyens ,   quelles volontés, quelles marges de manœuvres pour passer d’un  système productiviste  autodestructeur à une communauté mondiale viable ? 

Avant d’examiner les volontés(III),

les marges de manœuvres (IV)

 demandons-nous quelles sont les moyens de ces remises en cause et de ces alternatives (II) ?

 Préalablement nous  construirons une introduction voulant répondre à quelques questions préalables.(I)

 

 

I-De l’autodestruction du monde   à sa viabilité : introduction

 

 Quatre questions peuvent être posées :

 Quelle analyse proposer(A) ?

 Qu’est-ce que le système productiviste(B) ?

 Quels  sont les périls communs dont il est porteur(C)?

 N’est-il pas condamnable et condamné(D) ?

 

 

A-Cette analyse, qui veut être globale, critique et créatrice, repose sur la prospective.

 Il y a  ceux et celles qui choisissent d’être sur le terrain du discours-vérité c’est-à-dire qui n’admet pas le doute, çà n’est pas notre choix.

Il y a ceux et celles qui choisissent le terrain de la prévision, c’est-à-dire qui se fonde sur des données passées et présentes en les projetant en avant avec telle ou telle évolution, çà n’est pas  notre choix.

Enfin il y a ceux et celles, dont nous sommes, qui ont choisi  la prospective c’est-à-dire sur un mélange de hasards, de nécessités et de volontés, dans des proportions variables, discours qui met en avant  une pluralité de possibles. Les hasards et les nécessités nous laissent parfois des possibilités et les volontés sont là qui évoluent  dans des marges de manœuvres variables.

 

 B-Le  productivisme c’est une histoire, un système totalisant,  un discours, une obsession et ce sont surtout des logiques profondes.

C’est une histoire. Tour à tour voilà le marché  des marchands (XVème et XVIème siècles),  le marché des manufactures (XVIIème siècle jusque vers 1860), le marché des monopoles (1860-1914), enfin le marché mondial contemporain (1914 à nos jours),Ce système  est donc  né à la fin du Moyen- Âge(XVème), s’est développé à travers la révolution industrielle, puis il est devenu omniprésent, omnipotent, omniscient au XXème et dans les deux premières décennies  du XXIème siècle.

 

 C’est un système totalisant. D’abord dans l’espace il est  présent ,certes  à des degrés très variables, à tous les niveaux géographiques, à travers tous les acteurs, dans toutes les activités humaines.

Totalisant ensuite dans le temps puisqu’il a  au moins cinq siècles, il est tout puissant dans le présent , il hypothèque en partie l’avenir.

Enfin totalisant aussi par rapport à d’autres systèmes.

 Il  va  bien au-delà de la simple tendance à rechercher l’accroissement de la productivité. 

Il est beaucoup plus global que le libéralisme qui est, à partir du XVIIIème, la doctrine économique de la libre entreprise selon laquelle l’Etat ne doit pas gêner le libre jeu de la concurrence.

 De même le productivisme est plus global et beaucoup plus ancien que le néolibéralisme, doctrine qui apparaît dans les années 1970 et qui accepte une intervention limitée de l’Etat.

  De même, s’il a de nombreux points communs avec le capitalisme, en tant que système économique et social fondé sur la propriété privée des moyens de production, sur l’initiative individuelle et la recherche du profit, il  a probablement quelque chose de plus vaste, lié non seulement aux dominants de la techno-science mais lié aux recherches et aux techniques elles-mêmes qui, loin de libérer les êtres humains comme beaucoup de marxistes le pensent, peuvent contribuer à les libérer ou à les écraser.

 

Le productivisme c’est  un discours lié à la notion de  développement ,  synonyme ici  de dominations et là de libérations. De ce point de vue il  y a aujourd’hui trois séries de  théories et de pratiques :

le développement productiviste qui est  dominant, écrasant avec  la  puissance du libre-échange,

le développement durable, on l’évoque souvent , qui est plus ou moins teinté d’une certaine protection de l’environnement mais qui donne priorité à la croissance,

 et  une société écologiquement viable qui est, pour l’instant, malheureusement  encore très minoritaire sur la Terre, notre foyer d’humanité.

 Le productivisme c’est aussi une obsession qui l’accompagne, elle occupe de façon permanente le cœur du cœur de multiples discours personnels et collectifs : la compétition c’est la vie !

 La logique de la compétition  est élevée au rang d’impératif naturel de la société.

Elle est au dessus  du « vivre ensemble » et au dessus du « bien commun ». Nous sommes entrés dans la révolution scientifique, il faut être novateur, notre droit à l’existence est  fonction de notre rentabilité ( ! ) « Etre ou ne pas être compétitif » nous dit le système, si vous n’êtes pas compétitif – pays, région, ville, entreprise, université, personne…- vous êtes dans les  perdants. Malheur aux faibles et aux exclus !

 «  Chacun invoque la compétitivité de l’autre pour soumettre sa propre société aux exigences systématiques de la machine économique » écrivait André Gorz.

 

Enfin et surtout ce sont des  logiques profondes du productivisme qui d’ailleurs  le définissent.

La recherche du profit (avec en particulier la fructification des patrimoines financiers) /

Le culte de la croissance (elle va revenir,  repartir, rebondir, reculer, se tasser, être en berne, soutenir, tirer… Sainte croissance protégez-nous !  

  La course aux quantités/

 La domination sur la nature /

 La marchandisation du monde (Tout vaut tant ! Non tout n’est pas à vendre ou à acheter disent, par exemple, les altermondialistes)/

La militarisation du monde sous de multiples formes en particulier la fabrication des armements/

 La priorité du court terme /

 L’accélération/

  L’expropriation d’ élu(e)s et de citoyen(ne)s par le financier, l’économique, le technocratique et la vitesse. /

Enfin, autre logique, la compétition qui  alimente les  logiques précédentes et qui est alimentée par elles.

 Aux personnes rencontrées  par le Petit Prince de Saint Exupéry on pourrait rajouter Erysichthon, qui se mangeait lui-même, évoqué par le poète Ovide en 30 avant notre ère dans « Les Métamorphoses », et l’identifier  au productivisme. « Que faites-vous ? » demande le Petit Prince. « Je suis devenu un système autophage.  Les pays, les marchés, les entreprises se dévorent, je dévore la nature, je dévore même mes limites. » « Vous aimez çà ? » «Au début  j’y prenait goût, mais depuis longtemps  je ne peux plus  m’arrêter, j’ai toujours faim. » « A cette  allure , dit le Petit Prince, vous souffrirez de plus en plus et vous  allez vite  disparaitre.  Moi quand j’ai soif  je marche  tout doucement vers une fontaine en apprivoisant  ceux et celles que je rencontre. ».

 

C- Ce système humanicide et terricide  produit  des  périls communs, c’est-à-dire des drames et des menaces, lesquels?

 Quatre séries :

 

La  débâcle écologique tendant à dépasser des seuils d’irréversibilité (réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité , épidémies … (lesquelles  ont en partie pour cause la place écrasante de l’homme dans la nature, des études scientifiques montrent en effet que les risques de contagion sont beaucoup plus élevés chez les espèces sauvages menacées ou en voie d’extinction ) ,

 

 Autres périls : les armes de destruction massive (nucléaires, biologiques, chimiques),

 

Les inégalités criantes (sanitaires, alimentaires, économiques, culturelles, environnementales.  Deux chiffres criants parmi d’autres : en 2019    1 % de la population  possède près de la moitié  de la fortune mondiale et  1% est responsable de deux fois plus d’émissions de CO2 que la moitié la plus pauvre de l’humanité.

 

Enfin dernier drame et menace : la techno science et les marchés financiers qui ont pris en grande partie  la place des conducteurs (Etats, entreprises) et sont de moins en moins contrôlés par  les êtres humains…

 

Ce système  est suicidaire, il ne réalise pas le bien commun et il contribue aux confusions entre les fins et les moyens, c’est-à-dire que les fins, autrement dit les êtres humains et le vivant , sont de plus en plus traités en moyens, et les moyens, c’est-à-dire surtout la techno science, le marché mondial et les marchés financiers, deviennent de plus en plus des finalités suprêmes .

 

D- Ce système n’est-il pas condamnable du seul fait, par exemple, qu’il y ait  en 2018 un enfant sur deux dans le monde en situation de détresse et/ou de danger ( guerres, maladies, misère…) et du seul fait, par exemple, que les marchés financiers ont pris, depuis 1971 (fin de la convertibilité du dollar en or), une large partie de la place des conducteurs  qu’étaient  les Etats et les entreprises ?

 Ce système n’est-il pas condamné du seul fait , par exemple, que plus de 5 milliards de dollars partent chaque jour en 2019 vers les dépenses militaires mondiales, et du seul fait, par exemple, que des activités humaines entraînent un réchauffement climatique  qui menace l’ensemble du vivant (3°C à 6°C ou plus d’élévation de la température moyenne du globe vers 2100) et à cette même date un  mètre ( ou plus ) d’élévation du niveau des mers ?

 

  II-De l’autodestruction du monde à sa viabilité : les moyens

 

   « La fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la semence.» (Gandhi).

Aucun moyen n’est neutre.   Si l’on veut la démocratie,  la  justice  ,  la protection de l’environnement, la paix, il faut penser et mettre en œuvre des moyens   démocratiques, justes, écologiques et pacifiques.

 

Sous les yeux vous avez une liste indicative de  36 séries de moyens souvent radicaux.

 Une vérité saute aux yeux pourvu qu’on les ouvre : plus on attend plus on est poussé, avec soi et/ou malgré soi, vers la radicalité sous l’aggravation et la multiplication  des problèmes, des drames et de menaces.

 La mise en œuvre de ces moyens  demanderait  probablement plusieurs décennies.

Bien entendu vous pourrez juger tel ou tel moyen inadmissible, scandaleux, dangereux, inefficace,  impossible, et vous regretterez de ne pas voir évoqué tel ou tel autre.

 En tous cas ne l’oublions pas : de l’utopie il en faut beaucoup, çà réduit à la cuisson.

 

A-Neuf séries de moyens démocratiques 

 1- Les souffles de la  démocratie dans les  régimes politiques  avec en particulier une véritable représentativité des élu.e.s  et  des moyens  participatifs plus importants,  avec  aussi des remises en cause des dictatures fondées sur la parti unique ou l’armée.

2- Le désarmement du pouvoir financier. Soulignons trois gigantesques remises en cause vitales : les remises en cause des paradis fiscaux, les remises en cause des corruptions, enfin  la création des interdictions de spéculation  sur les produits agricoles,  sur  des marchés opaques et  en direction des banques qui spéculent avec l’argent des déposants.

3 -A cela il faut ajouter  les créations massives  de « nouvelles ressources financières du XXIème siècle » au moins au nombre de huit, vous allez voir que… la taxe « cartonne » :

– une  taxation des transactions financières.  , importante et mondiale,  qui  doit inclure les devises et les produits dérivés, 

 -un impôt  progressif et mondial sur les capitaux, en particulier pour les grandes fortunes,

 -une taxation  des fonds  spéculatifs,

– une taxation  des ressources issues des bénéfices des firmes multinationales,

 -une taxation sur les bénéfices des grandes entreprises du numérique ,

-une taxation des  émissions de CO2  pour  les transports internationaux,

des capitaux  provenant de la suppression  complète  des  subventions des énergies fossiles ,

-des transferts de dépenses militaires vers les dépenses de santé, d’environnement, d’alimentation, de logement, de culture…/

-et toute nouvelle ressource allant dans le sens de « l’intérêt commun de l’humanité ». 

4-L’encadrement des firmes multinationales. 

5- La maitrise de la technoscience . Les priorités  des recherches et les créations de nouvelles technologies seront orientées vers les besoins criants en santé, en environnement,  et la sacro-sainte liberté de la recherche scientifique sera remise radicalement  en cause  quand elle porte atteinte ou menace la dignité des personnes ou l’intérêt commun de l’humanité.

6- La démocratisation des institutions internationales.

 7-Le développement  de la justice internationale.

 8-Les  créations   de nouvelles formes d’organisations.

 9- L’avènement  de la démocratie  transgénérationnelle  avec, entre autres, une nouvelle  institution intégrant le  long terme. 

 

 B-Neuf séries de moyens justes 

1-La réalisation de conditions de vie dignes , avec entre autres , la création d’un revenu universel d’existence. 

2-Les annulations de  dettes publiques en commençant par celles des pays du Sud.

3- La subordination du libre-échange à la santé à l’environnement et au social.

4-Le développement massif du commerce équitable.

5-Des formes d’économie plurielle, c’est à dire des formes d’économie solidaire et sociale, des entreprises coopératives, des services publics, des systèmes d’échanges locaux (à travers des associations dont les membres échangent des biens et des services, hors du marché),des pratiques de commerce équitable et des mécanismes de juste-échange, des pratiques d’économie collaborative en matière de transports(covoiturage)de logements(  colocation) de nourriture, d’éducation. Cette  économie plurielle contribue à remettre en cause l’omniprésence de la compétition et la primauté de l’argent (c’est-à-dire de la conversion de toutes choses en argent et de l’argent en toutes choses, tout ce que le marché voit il le touche il l’emballe, il le vend. )

 6-Des fiscalités justes, des salaires justes, des retraites justes , des aides justes.

7-Des créations et  des redistributions de  fonds internationaux nouveaux déjà évoqués.

8- Des créations massives d’emplois d’utilité sociale , écologique et pacifique.

9- La reconquête du temps, avec en particulier  la réduction du temps de travail. 

 

  C-Neuf séries de moyens écologiques 

1-Des programmes  massifs  d’accès à l’eau et à l’assainissement.

2-Des transitions énergétiques rapides et  massives sans oublier  une sortie rapide du nucléaire.  

3-Des remises en cause décisives d’activités polluantes.

4 – Une protection radicale de la biodiversité et une agriculture écologique.

5- Des réparations  de  régions gravement dégradées.

6 -De nouvelles conventions et des principes opérationnels  de droit de l’environnement. 

7 – Des moyens juridiques et des moyens généraux  de protection à créer et à développer.

8-Des créations massives d’emplois.

9- Un ralentissement déterminant de l’explosion démographique mondiale ( insistons sur cette nécessité.

 Il a fallu 2 millions d’années pour arriver au premier milliard d’habitants en 1800, il a fallu seulement 210 ans pour avoir une population sept fois plus élevée, sept milliards d’habitants en 2011.

Aujourd’hui l’explosion démographique est toujours impressionnante en 2019 il y a  7,7 milliards d’habitants, Chaque année à peu près 139 millions de naissances, 57 millions de décès, soit un accroissement de 82 millions de personnes de la population mondiale. Chaque jour approximativement 380.000 naissances, 156.000 décès, donc un accroissement de 224.000 personnes (une ville française importante) . De façon peut-être plus parlante, chaque seconde en 2019 : plus de 4 naissances(4,4), près de 2 décès(1,8) donc un accroissement de 2,6 .

 Les prévisions en 2019 des Nations Unies  sont de deux milliards de personnes de plus sur la Terre dans trente ans, en 2050 donc de 7,7  à 9,7 milliards.

Après il y a une incertitude, celle du nombre, en 2100 entre 8 selon certains démographes  et 11 selon les Nations Unies,

et une certitude, celle du ralentissement après 2050 aux multiples causes (un pouvoir des religions moins important qui subordonnait les femmes aux hommes, une émancipation féminine grâce à l’accès à l’ éducation , donc  une plus grande autonomie qui influence le nombre d’enfants qu’elles veulent  avoir, un développement de divers pays et certains pensent  que « le meilleur  anticonceptionnel c’est le développement »,  un accès massif aux moyens contraceptifs, une baisse de la fertilité due à la détérioration de l’environnement.( De façon plus précise la présence de pesticides, la pollution atmosphérique, l’exposition aux métaux lourds entrainerait une baisse de la qualité du sperme, une dérégulation des cycles et une augmentation du nombre de fausses couches. De même selon certains seraient incriminés les antennes relais, les téléphones mobiles et les ordinateurs portables…) La dernière cause soulignée  est relative à l’enfant des villes qui devient économiquement plus lourd  que  celui des campagnes qui était souvent considéré comme  un atout économique.

 La plupart des populations à la croissance démographique la plus rapide se trouvent dans les pays les plus pauvres, elle pose de nouveaux défis pour l’éradication de la pauvreté, l’égalité, la lutte contre la faim et la malnutrition , le renforcement  des systèmes de santé et d’éducation Les effets sur l’environnement  sont criants. Il s’agit de l’une des causes de l’accélération des changements climatiques et c’est  un poids sur les écosystèmes.

Une réalité illustre tous ces drames et ces menaces, c’est celui de l’habitat, le monde  s’urbanise, se mégapolise,  se bidonvillise, se fragilise. La grande ville est devenue le lieu de multiples fractures.

Il y a ainsi deux positions par rapport à la démographie à venir :

Soit on attend le ralentissement qui a toutes les chances de se produire à partir de 2050.

Soit on pense qu’il est impératif d’agir pour ralentir la croissance démographique de 2030 à 2050.Il faudrait  que les politiques de planification familiale  favorisent  l’accès à un service de planification  basé sur des droits reconnus  et sur des choix volontaires, retardent le début du mariage et de la maternité et qu’elles soient partie intégrante d’une politique environnementale et sociale, avec un soutien financier massif des pays du Nord.

René Dumont (auteur entre autres en 1973 de « L’utopie ou la mort ») avait beaucoup insisté sur le fait qu’on ne devait surtout pas dissocier l’explosion  démographique  de la protection de l’environnement, la première devait diminuer radicalement  si l’on voulait que la seconde puisse être sauvée.

 

D- Neuf  séries de moyens pacifiques 

1- Les  interdictions des recherches sur les armes de destruction massive.

2 – L’application des traités existants

3-Les  conclusions de nouveaux traités de désarmement. 

4- Les suppressions des ventes d’armes.

5- La création  d’une sécurité collective.

 6-  L’avènement   d’un  ministère du désarmement dans chaque Etat.

8- La consécration du droit à la paix (dont le droit à la sécurité).

 7- La protection de l’environnement dans  les   conflits armés.

9- Le développement tous azimuts  d’une  éducation à la paix.

 

Deux petits contes à ce sujet l’un sur la fraternité l’autre sur la solidarité.

Fraternité. Sur un chemin je croise une petite fille qui porte sur le dos son  jeune frère. Je lui dis « tu en as un lourd fardeau ! ».Elle s’arrête, me regarde « çà n’est pas un fardeau, Monsieur, c’est mon frère ! ».Depuis ce jour, quand la peine des hommes m’accable et que le courage me manque, je me dis «çà n’est pas un fardeau que tu portes, c’est ton frère ».

Solidarité. Un anthropologue propose un jeu aux enfants d’une tribu sud-africaine. Il met un panier de fruits près d’un arbre et leur dit : « le premier qui arrive gagne tous les fruits ! »Au signal les enfants s’élancent en même temps en criant « ubuntu !ubuntu ! »,ils se donnent  la main, puis ils s’assoient ensemble autour de la récompense. Ils expliquent « ubuntu, çà veut dire : « Vous êtes, donc je suis. »

 

Si vous voulez prendre connaissance des  contenus de  ces 36 séries de moyens proposés vous les avez sur ce site   aux articles intitulés

 Quels moyens démocratiques ?

Quels moyens justes ?

Quels moyens écologiques ?

Quels moyens pacifiques ?

 

III-De l’autodestruction du monde à sa  viabilité : les volontés des acteurs

 

« A l’auberge de la décision les gens dorment bien. » Proverbe persan

 

A-Face à des volontés  étouffées  voilà des volontés naissantes

1-à travers l’éducation à la résistance

2- l’éducation à la solidarité,

 3- le principe de non-discrimination,

 4- les apprentissages des responsabilités,

 5- la prise de conscience des aspects destructeurs du productivisme,

6- la gestation de libérations politiques, économiques, sociales, culturelles.

7- l’apprentissage du règlement non-violent des conflits (Une des réalités les plus importantes de nos vies on nous l’a pas apprise sauf exceptions, le règlement de nos conflits. Il y a trois attitudes face au conflit, soit  la violence d’oppression dans laquelle on impose sa loi, cette attitude  est omniprésente, soit  la violence de soumission dans laquelle on renonce à ce que l’on pense être essentiel, cette attitude  est relativement fréquente, soit enfin le règlement non-violent des conflits (qui n’a rien à voir avec la passivité la résignation ) et qui comprend  cinq éléments : On cherche /  ensemble,/ dans le respect des personnes/ et dans  la confrontation/,des solutions justes/.Cette méthode mobilise par delà le mépris et la haine, elle s’enracine dans l’espérance, se nourrit de la force de la justice. Son passé, encore en partie méprisé, révèle de plus en plus l’efficacité de méthodes d’action  compatibles avec une vision humaine du destin des hommes.)

 

B-Face à des volontés dépassées  voilà  des volontés résistantes

Un peuple n’avait pas le mot « non » dans sa langue, il était soumis à l’ esclavage, raconte Plutarque en 80 ( cité par Montaigne, histoire inspirant peut-être Etienne de la Boétie , grand  penseur de la non-violence (De la servitude volontaire, 1576),Henry David Thoreau vers 1850,écologiste., non-violent, tous des inspirateurs de Gandhi .De nos jours par exemple Edwy Plenel met en avant l’importance vitale de « Dire nous ». « Contre les peurs et les haines, nos causes communes ». (Ouvrage Mediapart en  2016.

 

Des volontés résistantes. « Il est des mots dont la graphie semble incarner mystérieusement  le sens. Ainsi du verbe résister avec ses deux r, ses deux e, ses deux s qui entourent symétriquement son i, comme s’il s’agissait de le préserver, de le garder précieusement en vie .Car résister c’est d’abord  cela : maintenir intacte la flamme fragile, éphémère de l’existence : tenir : survivre ».(Gérald Cahen). Résister, vouloir  être un  veilleur debout…

1-à travers l’apprivoisement de la complexité, le contrôle des techniques, de façon plus globale les remises à leurs places de la techno science et du marché mondial.

2-à travers  la  prise en compte d’un nombre important de participants à la décision. 

3- à travers l’élaboration de politiques à long terme.

4- à travers les regroupements et les actions en commun de divers acteurs.

 5- à travers la capacité de propositions relatives aux moyens de remettre en cause ici et là le productivisme

 6- à travers une pédagogie des catastrophes répondant non seulement aux urgences mais s’attaquant aux causes de ces catastrophes.

 

 C-Face à des volontés essoufflées  : voilà des  volontés à la recherche de nouveaux souffles

à travers des actes et des politiques agissant sur les  faiblesses  et sur les  contradictions du système productiviste.

en essayant de tirer les leçons des échecs pour déterminer, si nécessaire, de nouvelles stratégies et de nouveaux moyens

en ne surestimant pas mais aussi en sous estimant pas les avancées du « local » et celles du « global », sans oublier leurs interpellations réciproques qui peuvent apparaître tôt ou tard.

 4-la lenteur de changements de rapports de force,

5-en cherchant en soi et avec les autres des motivations pour « rallumer la flamme » si elle a tendance à s’éteindre. En ce sens existent au moins (il y en a d’autres !) deux motivations qui peuvent être  porteuses : le fait d’être fraternisés par des périls communs, le fait de vouloir permettre  aux générations futures  de vivre (et d’aimer et d’être aimé).

 D-Quels acteurs pour passer d’un système productiviste à une communauté  viable ?

Le productivisme fonctionne  comme un machine infernale qui a un cœur et autour  une armature.

1-Quel est le  « cœur du  système productiviste ? Il s’agit des marchés financiers, des firmes multinationales, des complexes  de la technoscience

2-Quelle est l’« armature » du système productiviste ? Il s’agit des 200 Etats, en particulier  des Etats du G8 et de quelques autres dont la Chine et l’Inde, des  organisations régionales (par exemple l’Union européenne, …), des organisations internationales , des grands groupes médiatiques …

3-Tous les acteurs ont des remises en cause à mettre en œuvre, dans des proportions  très variables et avec des responsabilités très  variables : Etats, organisations internationales et régionales, organisations non gouvernementales, entreprises, firmes multinationales, collectivités territoriales, réseaux scientifiques et technologiques, enfin les acteurs humains c’est-à-dire les personnes, (en particulier les hommes dans les remises en cause de  dominations par rapport aux femmes), ,les peuples, l’humanité. Comment passer des intérêts nationaux (ceux de chaque Etat) aux intérêts communs (ceux  des Etats et de la société civile internationale) puis  à l’intérêt commun de l’humanité et du vivant ?

 

E- Voilà donc les trois fois trois générations

 ( 9 fois 30 ans soit 270 ans de l’anthropocène en  1855 à 2125 environ.

-Nous avons reçu de trois générations passées ( 1855 à 1945 environ), un environnement pour une part blessé et faisant l’objet de destructions en marche sous les logiques du productivisme (en route en fait depuis le XVème siècle) et de l’anthropocène en route voilà près de 165ans (1855-2020)  à travers les explosions des énergies fossiles et de la démographie.

-Les trois générations présentes (1945 -2035 environ),  ont produit un environnement pour une large part détruit et plongeant dans des apocalypses écologiques multiformes, massives, en interactions et rapides, en particulier à travers le réchauffement climatique et les atteintes à la diversité biologique.

-Les trois générations qui ont commencé à voir le jour et qui viennent (2035 à 2125 environ) se trouvent  devant une question vertigineuse : cette veille de fin des temps peut-elle encore se transformer en une forme d’aube d’humanité?  On peut ici en appeler aux  horizons de responsabilités !

Le Petit Prince, toujours là, aurait pu rencontre un casseur d’horizons : « Qu’est-ce que vous faites ? »  , « Dès que je vois des ailes qui poussent je les rogne, je les casse, je les coupe. » « Vous aimez çà ? » demande le Petit Prince d’un air effrayé, « Oh oui j’aime çà, je n’en décolle plus ! » répond le rogneur d’ailes. « Moi, dit le Petit Prince, j’aime l’horizon.

 F-Si l’on voulait souligner un schéma général des volontés des acteurs ne pourrait-on pas dire qu’il y a

Des résistances et des pratiques alternatives de plus en plus nombreuses «  à la base »   par des personnes, des associations, des mouvements, d’autres  acteurs ,  cela sous les pressions des catastrophes et  en résistances aux logiques productivistes humanicides et terricides,

– Des discours , des réformes et quelques remises d’importances très variables, aux « sommets » des différents niveaux géographiques, sous les pressions   et des catastrophes  et de la base,

Des fissures « au cœur » des logiques du productivisme, celles des marchés financiers, du marché mondial, de la techno science, sous les pressions et des catastrophes  et  de la base et du sommet ,

 Peut-être aussi, l’arrivée de « l’improbable » (c’est une expression d’Edgar Morin qui donne l’exemple de la bataille de Stalingrad en février 1943 laquelle  faisait basculer la Seconde guerre mondiale par la victoire des soviétiques, on pourrait prendre aussi l’exemple de la chute du mur de Berlin en novembre 1989 qui fait dire à Gorbatchev président de l’Union soviétique « L’histoire est sortie de ses gonds » ) L’improbable que serait-il demain ? Les brouillards pour l’instant ne se dissipent pas même si nos imaginations peuvent voir le jour ?

 

 IV-De l’autodestruction du monde à sa viabilité. Les marges de manœuvres ?

 

 «Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait »( Mark Twain).

 A-Les marges de manœuvres face à différents  obstacles surmontables

 

1-Les interactions (entre domaines d’activités, entre problèmes drames et menaces, entre acteurs, entre niveaux géographiques)

2 -La faiblesse de certaines  résistances,

3-L’indifférence.(« Le silence des pantoufles est plus dangereux que le bruit des bottes » écrivait un pasteur protestant,  Einstein lui-même soulignait que « le monde est dangereux à vivre par ceux qui font le mal et par ceux qui regardent et laissent faire. »,) 

4-Le sentiment d’impuissance,

5- La faiblesse dans l’organisation, les « contraintes »,

6-La puissance de certains  adversaires.

 

 B-Les marges de manœuvres face à  un obstacle très difficilement surmontable ( ? ), probablement le plus terrible : l’accélération du système mondial.

 

1-Les grands caractères de l’accélération

 

 -L’histoire de l’accélération  se déroule en quatre évènements majeurs : les deux accélérations celle de la techno science et celle du marché mondial, l’explosion démographique (avec un accroissement-les naissances moins les décès- de la population mondiale de 224.000 personnes chaque jour !), l’urbanisation vertigineuse (plus de la moitié (55%)des générations présentes aujourd’hui vivent dans les villes,à cette allure (mais c’est incertain)  68% d’urbains en 2050).

-Les causes de l’accélération s’appellent les logiques des fuites en avant du système productiviste, la généralisation du règne de la marchandise, la circulation rapide d’informations, de capitaux, de services, de produits et de personnes, l’arrivée des technologies de l’information et de la communication…

Passons sur les manifestations, sur les effets quant aux sociétés et aux personnes

-Arrivons à ce passage déstabilisant (intellectuellement et psychologiquement) !! C’est l’exemple de  l’environnement par rapport à l’accélération qui frappe, violemment , l’ensemble des résistances et des alternatives pour le protéger. Cette accélération fonctionne, elle aussi , comme  une machine infernale à travers quatre mécanismes. Premier mécanisme : le système  mondial s’accélère. Deuxième mécanisme : les réformes  et les remises en cause pour protéger l’environnement sont souvent lentes (complexité des rapports de forces  et des négociations, retards dans les engagements, obstacles dans les applications, inertie de systèmes économiques , sans oublier la lenteur  de l’évolution des  écosystèmes).Troisième mécanisme : on agit pour une part dans l’urgence qui devient une catégorie centrale du politique. Quatrième mécanisme : il faut aussi construire et mettre en œuvre  des politiques à long terme ce qui demande du temps…or le système s’accélère (premier mécanisme).

Autrement dit : il n’est pas sûr que les générations futures aient beaucoup de temps devant elles pour penser et mettre en œuvre des contre-mécanismes nombreux, radicaux et massifs : c’est là une pensée « qui peut réveiller la nuit. »

 (Oui « La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil. »écrivait  René Char) ( Mais  encourageons-nous et n’oublions pas, comme l’écrivait  Edmond Rostand, que  « C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière ! » )

 2  -Les attitudes  face à l’accélération peuvent se ramener à trois regroupements

 La soumission à la catastrophe programmée, l’acceptation de cette « course à l’abime   qui emporte un monde impuissant » : (dans ce type de « réponses » les résistances s’effacent. Mais rien n’empêche une personne ou une organisation d’agir tout en partageant cette vision.)

  Les tentatives  d’adaptation : dans ces réponses les résistances se situent souvent en aval, (elles peuvent avoir leur importance en agissant sur des effets, leurs limites sont de ne pas véritablement  remonter aux causes  des phénomènes.) 

  Enfin troisième série d’attitude : Les réponses volontaristes se traduisent, elles, par des résistances et des alternatives  petites et grandes, modérées ou radicales, elles peuvent venir de multiples acteurs.

 

3 – Quels  objectifs les attitudes volontaristes mettront-elles en avant face à l’accélération ?

  Renouer avec des besoins fondamentaux  c’est-à-dire se « déprendre » et patienter.

Se « déprendre », Claude Lévi Strauss  nous y invite dans la dernière page de « Tristes Tropiques » (éditions Plon, collection Terre Humaine, 1955), autrement dit prendre de la distance, savoir « lâcher prise » (facile à dire  nous avons mille sollicitations), différencier l’urgent de l’important (critique de nos moyens de communication), oser des « moments de paresse », ralentir le rythme frénétique de nos vies (« Sois lent d’esprit » écrivait… Montaigne , « la hâte détruit la vie intérieure » disait Lanza del Vasto).

Trouver ou retrouver la patience : avoir le temps de mûrir est contraire au court  terme du productivisme, mais les temps humains et ceux du vivant sont-ils plus proches de ceux des marchés  financiers, ceux de la seconde ou de la nanoseconde ,ou bien sont-ils plus proches de ceux des saisons de la nature, comme tour à tour l’enfant, l’adolescent, l’adulte, le vieillard ?

-Fixer des limites au cœur des activités  humaines : précautions, préventions, réductions et suppressions des modes de production de consommation et de transports écologiquement non viables. Ce concept de limites est   décolonisateur de la pensée productiviste.

Prendre en compte des théories et des pratiques de décroissance et de post-croissance à travers une économie  soutenable (s’éloignant du culte de la croissance, s’attaquant aux inégalités criantes à tous les niveaux géographiques, et désarmant le pouvoir financier ainsi que… la course aux armements), à travers le principe de modération de ceux et celles qui, pris dans la fuite en avant des gaspillages, seront amenés à remettre en cause leur consommation, leur mode de vie, à bruler moins d’énergie pour adopter des pratiques de frugalité, de simplicité. Essentielles sont aussi des relocalisations d’activités, des circuits courts, des richesses redistribuées. Essentielle également cette ennemi redoutable : la compétition, remise en cause par la consécration de biens communs (eau, forêts…), par des coopérations, des solidarités  ,  par l’appartenance   à notre commune humanité , par des périls communs qui devraient nous fraterniser.

-Construire un temps libéré  Jacques Robin écrivait dans « Changer d’ère » (Seuil, 1989) «« Nous avons à enrichir le temps libéré pour qu’il ne soit ni temps vide, ni temps marchand  mais créativité  personnelle, convivialité  sociale et curiosité toujours en route. »  En ce sens on peut penser que diminuer la durée du temps de travail à partager est impératif non seulement comme moyen de lutter contre le chômage mais comme  un élément d’un équilibre de vie, en allant même plus loin, comme le propose par exemple André Gorz qui écrivait « Il convient de trouver un nouvel équilibre entre travail  rémunéré et activités productives non rémunérées.

 –Faire dialoguer passé présent et avenir : Jean Chesneaux  (« Habiter le temps », Bayard,1996)   se demande « Comment renouer un dialogue entre un  passé comme expérience, un présent comme agissant et un avenir comme horizon de responsabilité ? » Le temps citoyen doit affirmer sa « capacité  autonome » face au temps de l’Etat, du marché et, nous ajouterons, de la techno science. Dans un raccourci parlant nous pourrions dire qu’il faut à la fois répondre aux fins de mois et aux fins du monde, aux générations présentes et aux générations futures.

 

 4- Quels moyens penser et  mettre en œuvre face à l’accélération ?

A titre indicatif :

 Des mouvements de ralentissement de la vie quotidienne, donc des oasis de décélérations dans des domaines de plus en plus  nombreux : petites  villes, alimentation, éducation « lentes »…

Des moyens de réintégrer le temps : un respect des droits des générations futures(L’intervention suivante l’évoquera), un respect du patrimoine culturel des  générations passées, une prise en compte des « droits du temps humain » et du vivant ( il faudrait une « Charte mondiale » disait l’historien  Jean Chesneaux), des déplacements repensés dans l’urbanisation, une désacralisation de la vitesse, la  création  d’une fédération mondiale d’ONG qui serait une sorte d’ « internationale de la lenteur ». De ce dernier point de vue il s’agirait en particulier de coordonner les ONG existantes et de contribuer à en créer de nouvelles. Peut-être y aura-t-il un jour des volontaires parmi vous pour lui donner le jour?

 

De l’autodestruction du monde à sa  viabilité –  Conclusion

 

 Remarques terminales

 

 A-Sur l’avenir du monde  un dialogue imaginaire entre des auteurs bien-aimés …

 

  « Il n’est pas plus insensé de s’abandonner à un espoir, celui de la survie de l’humanité, que de le repousser au nom d’un prétendu réalisme qui n’est que le consentement défaitiste au suicide de l’espèce. »(Jean Rostand)

« J’ai toujours pensé que l’homme qui espérait dans la condition humaine était un fou et que celui qui désespérait des évènements était un lâche. » (Albert Camus)

« Le désespoir révèle les limites de l’espoir et l’espoir les limites du désespoir. Mais le désespoir correspond à la face inerte de la réalité et l’espoir à l’action. Dans ce sens l’espoir est plus vrai que le désespoir. » (Edgar Morin)

« Il faut avoir à la fois le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté. »(Antonio Gramsci)

« Lorsque n’existe aucun espoir raisonnablement acceptable l’espérance doit jouer. C’est au moment où il n’y a plus d’espoir qu’il faut commencer à espérer. » (Jacques Ellul)

« Tant que l’espoir demeure au niveau de l’espérance il n’y a pas lieu de désespérer puisque rien de ce qui est fini n’est jamais totalement achevé tant que tout n’est pas totalement terminé. » (Pierre Dac).

 

 B-Avoir  le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté

 Plus que jamais cette pensée d’Antonio Gramsci devrait être présente dans les projets et les actes de résistances et d’ alternatives. 

Le pessimisme de l’intelligence permet d’avoir les yeux, les esprits et les cœurs ouverts sur des logiques profondes terricides et humanicides.

 L’optimisme de la volonté permet d’avoir les mains,  les esprits et les cœurs à l’ouvrage.

 Avec nos forces et nos faiblesses, personnelles et collectives, ne faut-il pas  faire en sorte que pessimisme de l’intelligence et optimisme de la volonté marchent côte à côte, s’interpellent, se complètent, s’inclinent l’un vers l’autre et qu’ils deviennent des couples de combats ?

 

 C-Le dernier mot

 Si ces volontés et ces  moyens viables ,  et  d’autres  allant  dans ce sens,  ne sont pas mis en œuvre et si les marges de manœuvres se font de plus en plus rares, nous pensons que les fleuves de souffrances et de désespoirs grossiront encore pour les humains et pour une grande partie du vivant.

 Si l’avenir  donne le jour  à ces volontés personnelles et collectives, à ces moyens viables et d’autres allant dans ce sens, et  à des  marges de manœuvres  encore possibles, nous pensons que des ruisseaux  de joies et d’espoirs chanteront. Et dans la rosée du matin ceux et celles qui  viendront cueilleront alors les souffles du monde.