au trésor des souffles
Textes bien-aimés
fraternité, paix
[printfriendly]
I-Fraternité
La force de la fraternité/2- L’histoire conflictuelle de la fraternité /3- L’appartenance au genre humain / 4-Richesses des différences / 5-Peuples /6- Humanité/ 7-La valeur constitutionnelle du principe de fraternité/
1- La force de la fraternité
( …) Le rêve final sera de ramener tous les peuples à l’universelle fraternité, de les sauver tous le plus possible de la commune douleur, de les noyer tous dans une commune tendresse.
Emile Zola
Liberté, égalité, fraternité : les trois marches du perron suprême.
Victor Hugo
L’égoïsme et la haine ont seuls une patrie, la fraternité n’en a pas . .
Alfonse de Lamartine
La fraternité éteint la guerre, toutes les formes de guerre. Le service est l’âme de cette fraternité qui construit la paix à laquelle aspire l’humanité.
Jorge Bergoglio
L’esprit de fraternité, consacré par la DUDH, porté par « les êtres humains doués de raison et de conscience », doit souffler sur notre terre à travers les temps, il peut briser des solitudes, changer des destins, qualifier des vies.
Il doit faire, de tous envers tous, des tisseurs et des passeurs de fraternités.
L’auteur de ce blog
Fraternité, l’utopie nécessaire.
C’est le titre d’un dossier remarquable d’avril 2013 de Témoignage chrétien, dans lequel on trouve les articles en particulier de Christine Pedotti, Benjamin Sèze, Yves Lemoine, Florence Montreynaud, Jean-Pierre Mignard, Marc Endeweld…Est bien sûr souvent cité le livre de Régis Debray « Le Moment fraternité », éditions Gallimard,2009.
Parfois la fraternité se donne, presque comme un miracle, dans les grandes émotions collectives. Violente, fiévreuse, elle embrase les foules en liesse. Elle illumine les libérations, les victoires, les luttes communes. Ces moments de fraternité si intenses et si brefs pourraient n’être que des illusions. Il se peut qu’ils ne laissent derrière eux qu’une nostalgie douce-amère, mais il arrive aussi qu’ils enracinent ceux qui les ont éprouvés dans une histoire commune et les unissent dans un engagement collectif.
Christine Pedotti
Et puis il y a la fraternité ordinaire, celle qui se balbutie au jour le jour, dans les compromis, les hésitations, les frictions et les pardons. C’est une fraternité difficile, âpre. On est loin des grands sentiments et du romantisme. Il y faut beaucoup de détermination et de volonté. Il faut vouloir et se faire frère, sœur de l’autre, et le recevoir comme tel. Et c’est un rude travail. En effet la fraternité ne se décrète pas, elle s’éprouve au sens où elle est une épreuve, celle de la rencontre de l’autre si différent et si proche.
Christine Pedotti
La fraternité amène à constituer des « nous ».Une force pour les faibles, les opprimés, les exclus.
Marc Engeweld
Etre fraternel c’est faire famille avec ceux qui ne sont pas de la famille.
Régis Debray
Pour retrouver un objet perdu comme le lien de fraternité, force est de panacher les registres puisqu’il sert de trait d’union aux domaines religieux et politique. Le curieux qui met son nez dans sa généalogie n’est pas surpris d’y trouver du sabre et du goupillon.
Régis Debray « Le Moment fraternité ».
Ce sentiment de communauté n’est ravivé que dans certains cas : cas de guerre contre un ennemi, ou même quand deux nationaux se rencontrent à l’étranger et qu’ils se reconnaissent, mais en temps ordinaire ce sentiment de fraternité est inhibé, il est refoulé, et nous avons des rapports de froideur, de calcul, d’indifférence, de conflit ou de rivalité. Toute nation moderne est fondée sur cette dualité.
Edgar Morin
2-Quelques éléments de l’histoire conflictuelle de la fraternité
C’est Robespierre lui-même qui propose dès 1790 les trois termes de la devise républicaine. « Liberté »et « égalité »sont nourris des travaux philosophiques et juridiques des siècles antérieurs. Mais qu’en est-il de la fraternité ? Quelle est sa fonction ?
D’abord proposée pour être la devise de la Garde nationale, la « fraternité » est une vraie pierre d’achoppement politique, un désordre perturbant l’ordonnancement facile des deux premiers termes. En un mot le lieu efficace où soufflera l’esprit de la Révolution.( …)
La fraternité devient une action publique. Robespierre attend que la contradiction naisse. Elle ne tarde pas ! Dès 1790 le projet de constitution distingue citoyens actifs et passifs. Seuls les actifs votent et peuvent faire partie de la Garde nationale. Voilà qui viole la fraternité : soit tout le monde est libre et jouit des mêmes droits, soit il n’existe pas de société libre mais des maitres et des esclaves. Il faut une conformité entre les actes du pouvoir et les principes qu’il affiche. En tant que « frères » les Français se doivent assistance mutuelle, par exemple par la « liberté des grains » (et au sens large des subsistances) : cette liberté libère aussi les prix auxquels les grains seront vendus. L’abbé Grégoire joint sa voix à celle de Robespierre : la liberté engendre une nouvelle aristocratie, celle des riches. La structure politique est déplacée et devient celle de l’intérêt, il convient donc de définir un « crime contre la fraternité ». C’est chose aisée : spéculer pour accroitre son profit contre la vie de ses semblables est assurément un crime.( …)
La version thermidorienne de la Convention mettra fin à l’application de la fraternité pour restaurer un ordre hiérarchique bourgeois. On trouvera l’affirmation brutale de cette rupture dans « La Décade philosophique, littéraire et politique » de l’économiste Jean-Baptiste Say : la société ne doit aucun secours à ses membres . Il est vrai que la culture de Say est plus anglaise que latine.
En 1848, et contre cette culture là, la République adoptera pour devise la triade que nous connaissons aujourd’hui avec cette fraternité placée comme un caillou dans le soulier du législateur. Mais le caillou ne s’effrite pas. En 1946 après une nouvelle rénovation de la République, le Conseil national de la Résistance a remis la fraternité à sa juste place.
Yves Lemoine
Sans la remontée d’un romantisme chrétien (avec les socialistes dits utopiques, les Cabet, Buchez, Leroux et Saint Simon) la fraternité ne serait jamais devenue un classique républicain. Il n’est pas interdit aux libres-penseurs de s’en souvenir.
Régis Debray
A gauche Marx dénonçait dans l’idée de fraternité un faux-fuyant niaiseux, un stratagème des dominants pour couvrir la collaboration de classe.
A droite Tocqueville dénonçait derrière la fraternité le prétexte d’une guerre civile, une injure à la propriété privée, la revanche des petits…Et Flaubert d’y aller de son sarcasme : « La fraternité est une des plus belles inventions de l’hypocrisie sociale. On crie contre les jésuites. O candeur ! Nous en sommes tous. »
Niaiserie ou Terreur ? Echaudée par la Commune de Paris, la III è République bourgeoise préféra un sentiment hérité à ses yeux de « l’âge théologique », la solidarité, une fraternité transférée à l’Etat providence, exercice impersonnel et collectif.
Marc Endeweld
Tant que l’identité masculine s’enracine dans un sentiment de supériorité la fraternité est entachée de misogynie . (…) L’adelphité( l’adelphe de quelqu’un c’est son frère ou sa sœur, le mot vient du grec ancien adelphos.) est un état d’esprit et un état d’âme où il rentre de la sympathie et de la bienveillance, de la solidarité , avec une dimension spirituelle ,un élan vers l’autre. Des trois idéaux de la devise républicaine , la liberté est nécessaire pour inventer et l’égalité indispensable pour assurer le respect mutuel, tandis que l’adelphité ou le plaisir d’être ensemble en confiance stimule la créativité. Comme une lumière la langue donne à voir. « Liberté, égalité, adelphité » : un nouvel idéal pour un monde de justice et de paix , un monde serein…
Florence Montreynaud (C’est ici une proposition d’une auteure pour employer un autre mot qui serait, pense-t-elle , plus porteur.)
3-L’appartenance au genre humain et la fraternité
Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger.
Térence
Je ne suis ni Athénien, ni Grec mais un citoyen du monde.
Socrate
Tout pays est mon pays, tout homme est mon frère.
Proverbe indien
La fraternité est-elle possible, et surtout peut-elle être universelle ? En effet il est des fraternités d’exclusion qui ne désignent le frère que pour le distinguer de l’étranger, de l’adversaire, de l’ennemi. Nous affirmons que la fraternité est le combat que l’humanité doit mener contre elle-même, contre la haine de soi et de l’autre. Nous affirmons qu’elle est un défi et un appel, et qu’en ces temps de grande inquiétude, de crise et de mondialisation, elle est plus que jamais l’utopie nécessaire.
Christine Pedotti
Personne ne se libère seul, personne ne libère personne, les hommes se libèrent ensemble.
Paulo Freire
Nous sommes les enfants d’un monde dévasté, qui s’essaient à renaître dans un monde à créer. Apprendre à devenir humain est la seule radicalité…
Raoul Vaneigem
Je crois aux hommes
Solidaires dans l’aventure de l’existence
Je crois à l’amour
Qui brise la solitude, change les destins
Qualifie la vie.
Je crois à tous ces témoins d’humanité
Qui sont tournés vers l’avenir
Et qui luttent contre les forces de mort.(…)
Parents anonymes d’un livre : « Naissances en fêtes »
Rabbi Pinchas demandait un jour à ses élèves à quel moment on pouvait être sûr que la nuit avait pris fin et que le jour avait commencé. « N’est-ce pas, dit l’un d’eux, lorsqu’on peut à distance reconnaître un chien et un mouton ? » Non, répondit le maître. « Est-ce quand on peut distinguer un palmier d’un figuier ? » demanda un autre. Non, répondit le maître. « Quand est-ce donc ? » demandèrent-ils. Le Rabbi répondit : « C’est quand tu peux regarder le visage d’un autre homme et y reconnaître celui de ta sœur ou de ton frère. Avant cela il fait encore nuit. »
Bernard Durel
Sur un sentier raide et pierreux J’ai rencontré une petite fille
Qui portait sur le dos son jeune frère.
« Mon enfant, lui ai-je dit, tu portes un lourd fardeau. »
Elle me regarde et dit : « Ce n’est pas un fardeau, Monsieur, c’est mon frère. »
Le mot de cette enfant courageuse
S’est gravé dans mon cœur
Et quand la peine des hommes m’accable
Et que tout le courage me quitte,
Le mot de l’enfant me rappelle :
Ce n’est pas un fardeau que tu portes,
C’est ton frère…
Une association , l’acat
Si je savais quelque chose qui me fut utile mais qui fut préjudiciable à ma famille je le rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose qui fut utile à ma famille et qui ne le fut pas à ma patrie je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie qui fut préjudiciable à l’Europe et au genre humain je le regarderais comme un crime.
Montesquieu
Nous avons beau monter sur des échasses on marche sur nos jambes. Et sur le trône le plus élevé du monde on n’est assis que sur son cul.
Montaigne
La fraternité est-elle transgénérationnelle ?
Ethiquement il faut qu’elle le soit, c’est un devoir moral,
politiquement il faut lui donner sa place, c’est une valeur essentielle,
juridiquement il faut la construire, c’est un principe porteur.
L’auteur de ce blog
4-Richesses des différences
Si tu diffères de moi, loin de me léser tu m’enrichis.
Antoine de Saint-Exupéry
Le regard d’ouverture perçoit similitude et différence. Il procède d’un universalisme qui, en tout homme, reconnaît ces deux dimensions.
René Jean Dupuy
Il y a schématiquement quatre attitudes devant la différence : l’élimination, l’exacerbation, l’assimilation, le respect.
Les deux premières peuvent donner lieu à des pratiques inhumaines, elles sont porteuses de haines, de peurs.
La troisième consiste à gommer la différence, on accepte l’autre à condition que telle ou telle différence s’efface, que l’autre nous ressemble. L’assimilation peut avoir des aspects positifs mais elle a aussi des aspects négatifs voire dramatiques puisqu’elle tend à effacer d’autres cultures. C’est une forme d’uniformité uniformisante.
Seule la quatrième attitude correspond à l’immense principe de non-discrimination : le respect des différences signifie que nous sommes égaux en dignité, en droits et que nous sommes différents. Egaux et différents.
L’auteur de ce blog
La vie est justement ce miracle, ce mouvement permanent et changeant qui ne reproduit jamais le même visage. Vivre ensemble est une aventure où l’amour, l’amitié est une belle rencontre avec ce qui n’est pas moi, avec ce qui est différent de moi et qui m’enrichit.
Tahar Ben Jelloun
Imaginez un homme, tout juste vêtu d’un pagne, maigre à faire peur, le visage peinturluré de rouge et de bleu, s’accroupissant au coin d’une mairie parisienne et restant là des jours à grignoter quelques grains de millet, parfois chantonnant, le plus souvent immobile et muet. Il ne tend pas la main, il ne mendie pas. Gageons qu’il franchira vite le porche d’un hôpital psychiatrique. Cet homme je l’ai vu cent fois en Inde : les dévots s’accroupissent autour de lui, le contemplant longuement dans l’espoir de recevoir quelque émanation de sagesse. Albert Béguin
Toi, dit l’enfant blanc/ A l’enfant noir,/ Tu te fonds/ Dans la nuit noire. /Toi, dit l’enfant jaune/ A l’enfant blanc, /Tu te fonds/ Dans l’aube blanche. /Toi, dit l’enfant rouge/ A l’enfant jaune,/ Tu te fonds /Dans le midi du jour./ Et toi, dit l’enfant noir/ A l’enfant rouge,/Tu te fonds/ Dans le cuivre du couchant./Mais alors, mais alors, /Dirent les quatre enfants, /Nous sommes /Les heures vives De la vie. /
Yves Yaneck
Qu’on soit blanc, jaune, noir, rouge on est des frères. Les mots qu’on dit, amour et paix, il faut les vivre.
Mathieu, 9 ans
Ton Christ est juif, Ta démocratie est grecque, Tes chiffres sont arabes, Ton écriture est latine, Ta voiture est japonaise, Ta pizza est italienne, Ton couscous est algérien, Ton café est brésilien, Ta montre est suisse, Ta chemise est indienne, Ta radio est coréenne, Tes vacances sont turques, ou marocaines, Ton avion est américain, Et …tu reproches à ton voisin d’être étranger ?
Julos Beaucarne
Chacun des trois mots, liberté, égalité fraternité, n’est qu’un morceau de vérité mais unis ils forment une admirable expression de la vérité et de la vie.
Pierre Leroux
Dès l’aurore dis-toi d’avance : je rencontrerai un indiscret, un ingrat, un insolent, un fourbe, un envieux, un égoïste.
Marc Aurèle
On assiste à une sorte de fétichisation de la différence qui peut très bien mener à une autonomie verrouillée, à une autarcie, à cet individualisme dont on parle tant dans les sociétés occidentales. L’éloge de la différence a subi une dégradation du concept et peut même avoir aujourd’hui un sens très ambigu.
Jean Baudrillard
Si tu diffères de moi, loin de me léser tu m’enrichis.
Antoine de Saint-Exupéry
5-Les Peuples
Etre unis c’est le bout du monde
Le cœur de l’homme s’agrandit
Le bout du monde se rapproche
Le cœur des peuples bat plus fort
Le cœur des peuples bat la terre (…)
Et la moisson sera parfaite
Notre travail est un défi Jeté aux maîtres, aux frontières
Nous voulons travailler pour nous
Nous prendrons jour malgré la nuit (…)
Nous nous levons comme les blés
Et nous ensemençons l’amour.
Paul Eluard
Les vents du peuple me portent
Les vents du peuple m’entraînent
Ils sèment mon cœur
Et propagent ma voix.
Miguel Hernandez
La nation comme le peuple sont des communautés humaines caractérisées par la participation à un même passé et par la volonté de se construire un futur. Dans le cas de la nation l’accent est mis sur l’origine commune. Dans le cas du peuple il est mis sur la volonté d’un futur. La nation tend à se reproduire, en revanche le peuple tend au changement. C’est au peuple et non à la nation que l’on attribue le droit à la libre détermination de lui-même car on suppose que la nation est déjà déterminée. Face au droit de souveraineté dont la nation est titulaire, le peuple revendique le droit à la souveraineté.
José Echeverria
Tout pouvoir vient du peuple Mais où va-t-il ? Oui, où diable peut-il aller ? Il va pourtant quelque part ?
Bertolt Brecht
Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel.
Article 1 alinéa 1 du Pacte international des droits civils et politiques. Article 1 alinéa 1 du Pacte international des droits économiques, sociaux et culturels.
Droits de l’homme et droits des peuples ne sauraient se contredire. La défense des uns exige celle des autres et inversement.
Edmond Jouve
Un peuple qui opprime d’autres peuples ne saurait être libre.
Karl Marx
Vous dont les larmes ont l’amertume du sang des peuples poignardés.
Kateb Yacine
Si je savais une chose utile à ma nation et qui fut ruineuse à une autre je ne la proposerais pas à mon prince parce que je suis homme avant d’être Français.
Montesquieu
La liberté d’un peuple oriente tous les peuples.
Paul Eluard
Les Nations Unies ont mis en avant trois types de protection jugées prioritaires : les peuples dépendants soumis à une domination coloniale, à un régime raciste, ou à une occupation étrangère, encore cette dernière a-t-elle donné lieu à de nombreux silences ou inactions des Nations Unies.
L’auteur de ce blog
Comment distinguer les peuples des minorités ? Des points de vue juridique et politique on peut dire qu’il y a celles qui aspirent à un statut de reconnaissance de différents droits (culturels etc.) ne mettant pas en cause l’intégrité territoriale de l’Etat où elles vivent, et qu’il y a celles dont les revendications menacent l’intégrité territoriale, soit par l’appel à l’indépendance soit par le rattachement à un autre Etat ; dans ces hypothèses ces minorités aspirent au statut de « peuple-Etat ».
L’auteur de ce blog
Tous les conflits qui voient s’affronter des nations, des ethnies ou des groupes religieux ne sont pas pour autant des conflits identitaires. Il y a conflit identitaire seulement lorsqu’un groupe est persuadé, à tort ou à raison, qu’il est menacé de disparaître soit sur le plan physique soit sur le plan politique.
François Thual
6-L’humanité
Humanité et être humain
Le vrai démocrate est celui qui, avec des moyens non-violents, défend sa liberté, celle de son pays et en fin de compte, celle de l’humanité toute entière.
Gandhi
La Terre est ma patrie et l’Humanité ma famille.
Khalil Gibran
Nous souffrons collectivement d’un manque d’ampleur, d’une absence d’horizon d’humanité. Jean Cardonnel
Il est plus facile d’avoir de la bonhomie que de l’humanité.
Jean Cardonnel
C’est dans l’immense mouvement d’humanité par lequel nous donnons en masse son sens global à notre vie que nous rencontrons le sens qui se donne.
Jean Cardonnel
Ne sommes-nous pas d’autant plus vivants que nous portons en nous un projet d’humanité et qu’il nous porte ?
L’auteur de ce blog
La dignité de l’homme suppose à la fois qu’il soit vu dans sa particularité et perçu comme le miroir de l’humanité ( …)
Emmanuel Kant
L’humanité et le droit
Sans doute le travail ébauché autour de la notion d’humanité, s’il n’est pas détourné par un juridisme réducteur, est-il de nature à nourrir utilement la catégorie du droit impératif général. Placée au centre du jus cogens (normes impératives de droit international général), l’humanité, non comme représentation (impossible) d’une totalité, mais comme garantie de la survie de tous, peut servir de référence adéquate.
Monique Chemillier- Gendreau
Passer de l’homme aux groupes familial, régional, national, international résulte d’une progression quantitative.
Accéder à l’Humanité‚ suppose un saut qualitatif. Dès lors qu’il est franchi, elle doit, elle-même, jouir de droits faute de quoi les hommes perdraient les leurs.
René Jean Dupuy
Disparition de l’humanité ?
Le monde a commencé sans l’homme et il s’achèvera sans lui. Les institutions, les mœurs et les coutumes, que j’aurai passé ma vie à inventorier et à comprendre, sont une efflorescence passagère d’une création par rapport à laquelle elles ne possèdent aucun sens, sinon peut-être de permettre à l’humanité d’y jouer son rôle.
Claude Lévi-Strauss
La seule chance offerte à l’humanité serait de reconnaître que, devenue sa propre victime, cette condition la met sur un pied d’égalité avec toutes les autres formes de vie qu’elle s’est employée et continue de s’employer à détruire. Mais si l’homme possède d’abord des droits au titre d’être vivant, il en résulte que ces droits, reconnus à l’humanité en tant qu’espèce, rencontrent leurs limites naturelles dans les droits des autres espèces. Les droits de l’humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l’existence d’autres espèces.
Claude Lévi-Strauss
Le péril majeur pour l’humanité ne provient pas d’un régime, d’un parti, d’un groupe ou d’une classe. Il provient de l’humanité elle-même dans son ensemble qui se révèle être sa pire ennemie et celle du reste de la création. C’est de cela qu’il faut la convaincre si nous voulons la sauver.
Claude Lévi-Strauss
L’humanité entière est confrontée à un ensemble entremêlé de crises qui, à elles toutes, constituent la Grande Crise d’une humanité qui n’arrive pas à accéder à l’Humanité.
Edgar Morin
L’humanité se vivait comme infinie car elle était une abstraction. Les dangers qui la guettent lui révèlent à la fois son existence et sa mortalité.
René Jean Dupuy
Il n’est pas plus insensé de s’abandonner à un espoir, celui de la survie de l’humanité, que de le repousser au nom d’un prétendu réalisme qui n’est qu’un consentement défaitiste au suicide de l’espèce.
Jean Rostand
Intervention de l’auteur du blog sur l’humanité et le vivant
Cinq questions sur ce système productiviste qui assassine l’humanité et le vivant
1-Quels sont les périls communs ?
Ce système humanicide et terricide produit des périls communs, c’est-à-dire des drames et des menaces, lesquels? Quatre séries :
– La débâcle écologique tendant à dépasser des seuils d’irréversibilité (réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité , épidémies aussi qui ont en partie pour cause la place écrasante de l’homme dans la nature ( des études scientifiques montrent que les risques de contagion sont beaucoup plus élevés chez les espèces sauvages menacées ou en voie d’extinction ) ,
– Les armes de destruction massive (nucléaires, biologiques, chimiques),
-Les inégalités criantes (sanitaires, alimentaires, économiques, culturelles, environnementales (les 1 % les plus riches de la planète sont responsables de deux fois plus d’émissions de CO2 que la moitié la plus pauvre de l’humanité.),
-enfin dernier drame et menace : la techno science et les marchés financiers de moins en moins contrôlés par les êtres humains…
Ce système est suicidaire, il ne réalise pas le bien commun et il contribue aux confusions entre les fins et les moyens, c’est-à-dire que les fins, autrement dit les êtres humains et le vivant , sont de plus en plus traités en moyens, et les moyens, c’est-à-dire surtout la techno science, le marché mondial et les marchés financiers, deviennent de plus en plus des finalités suprêmes .
2- Ce système n’est-il pas condamnable et condamné ?
N’est-il pas condamnable du seul fait, par exemple, qu’il y ait en 2018 un enfant sur deux dans le monde en situation de détresse et/ou de danger ( guerres, maladies, misère…) et du seul fait, par exemple, que les marchés financiers ont pris, depuis 1971 (fin de la convertibilité du dollar en or), une large partie de la place des conducteurs qu’étaient les Etats et les entreprises ?
Ce système n’est-il pas condamné du seul fait , par exemple, que plus de 5 milliards de dollars partent chaque jour en 2019 vers les dépenses militaires mondiales, et du seul fait, par exemple, que des activités humaines entraînent un réchauffement climatique qui menace l’ensemble du vivant ,3°C à 6°C (ou plus) d’élévation de la température moyenne du globe vers 2100) et ,à cette même date, un mètre ( ou plus ) d’élévation du niveau des mers ?
3-Des études apocalyptiques ?
Deux études du 7 juin 2012, cosignées chacune par une vingtaine de chercheurs de différentes disciplines, chercheurs travaillant dans une quinzaine d’institutions scientifiques, non pas tirent la sonnette d’alarme mais font entendre un glas apocalyptique :
«La biosphère est à la veille d’un basculement abrupte et irréversible »(…) voilà « l’imminence d’ici à quelques générations d’une transition brutale vers un état de la biosphère inconnu depuis l’émergence d’homo sapiens c’est-à-dire 200.000 ans. »
On l’a compris : les générations à venir ne sont pas celles d’un futur plus ou moins lointain perdu dans les incertitudes des siècles ou des millénaires à venir. Les générations visées sont les « quelques générations » (2, 3, 4 … ) qui viennent et qui plongeraient peu à peu dans cette forme d’inconnu.
4-Une autodestruction ?
Aux personnes rencontrées par le Petit Prince de Saint Exupéry on pourrait rajouter Erysichthon, qui se mangeait lui-même, évoqué par le poète Ovide en 30 avant notre ère dans « Les Métamorphoses », et l’identifier au productivisme.
« Que faites-vous ? » demande le Petit Prince. « Je suis devenu un système autophage. Les pays, les marchés, les entreprises se dévorent, je dévore la nature, je dévore même mes limites. » « Vous aimez çà ? » «Au début j’y prenais goût, mais depuis longtemps je ne peux plus m’arrêter, j’ai toujours faim. »
« A cette allure , dit le Petit Prince, vous souffrirez de plus en plus et vous allez vite disparaitre. Moi quand j’ai soif je marche tout doucement vers une fontaine ».
5-La question des questions ?
Cette veille de fin des temps peut-elle encore, à travers quels moyens, quelles volontés et surtout quelles marges de manœuvres, se transformer en une forme d’aube de l’humanité ?
L’auteur de ce blog
7- Le principe de fraternité a en France désormais une valeur constitutionnelle
La décision du Conseil constitutionnel français constitue une avancée essentielle.
Le Conseil constitutionnel reconnaît la valeur constitutionnelle du principe de fraternité dans sa décision du 6 juillet 2018.
A l’occasion d’une QPC(question prioritaire de constitutionnalité) portant sur le délit d’aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier, souvent appelé « délit de solidarité » ou « délit d’hospitalité », le Conseil constitutionnel s’est prononcé pour la première fois sur la valeur constitutionnelle du principe de fraternité.
Existent trois fondements précis sur lesquels s’est appuyé le Conseil constitutionnel pour reconnaitre le principe de fraternité :
-Le préambule de la Constitution de 1958: « Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789 , confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946 , ainsi qu’aux droits et devoirs définis dans la Charte de l’environnement de 2004. »
« En vertu de ces principes et de celui de la libre détermination des peuples, la République offre aux territoires d’outre-mer qui manifestent la volonté d’y adhérer des institutions nouvelles fondées sur l’idéal commun de liberté, d’égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocratique. »
-L’alinéa 4 de l’article 2 de la Constitution: « La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ». »
-L’alinéa 1erde l’article 72-3 de la Constitution : « La République reconnaît, au sein du peuple français, les populations d’outre-mer, dans un idéal commun de liberté, d’égalité et de fraternité. »
La consécration par le Conseil constitutionnel de la fraternité en tant que principe à valeur constitutionnelle, implique la conséquence suivante : « Il découle du principe de fraternité la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national ».
II- La paix
1-Paroles de victimes de la guerre /2- Citations célèbres de dénonciation de la guerre /
3-Conceptions de la paix /4- Un rappel étymologique et mythologique du mot « paix »/
5-Non à la guerre ! / 6-Des ressorts de la paix/ 7-Bienfaits de la paix. / 8-Quelques moyens de construire des sociétés pacifiques / 9-Reconversions /10-La non-violence/
/11-Remarques terminales sur la paix/12-Une démarche proposée pour penser la paix renvoyant aux sept articles de ce blog sur la paix/
1-Paroles de victimes de la guerre
Chère femme, chers parents, chers tous, élève bien les enfants chère Lucie. J’ai une cuisse broyée, je suis seul dans un trou d’obus. Ma dernière pensée va vers vous.
Jean-Louis Cros, mot trouvé près de ce soldat tué le 16 avril 1917
Une mère aveugle serrant contre elle son enfant mort, des larmes ruisselant de ses yeux détruits. C’était dans mon enfance. Ma mère me tenait par la main, vision de cauchemar inoubliable.
Mizukawa, écrivain, survivant de l’horreur nucléaire d’Hiroshima
Guerre est le mot le plus triste qui sort de mes lèvres tremblantes. Elle remplit les murs de sang et fait du monde un enfer.
Maïda, quinze ans, dans la guerre de l’ex Yougoslavie
2-Citations célèbres de dénonciation de la guerre
Toutes les guerres sont civiles, c’est toujours l’homme qui répand son propre sang, qui déchire ses propres entrailles.
Fénelon
La guerre est le témoignage de notre imbécilité.
Montaigne
Les peuples apprendront peu à peu à regarder la guerre comme le fléau le plus funeste, comme le plus grand des crimes.
Condorcet
Equilibrer les terreurs c’est préparer la paix, non pas celle des vivants mais celle des tombeaux.
Jean Rostand
3-Conceptions de la paix
La paix c’est un état où les droits de l’homme sont d’abord connus et ensuite respectés mais, réciproquement, c’est une chimère de croire que l’on peut respecter les droits de l’homme dans un monde où la guerre, c’est à dire la négation même de l’existence de l’homme, est affirmée tous les jours.
René Cassin
Il y a un lien, une dialectique, une triade : paix, développement, droits de l’homme. La paix sans laquelle le développement est impossible, le développement sans lequel les droits de l’homme sont illusoires, les droits de l’homme sans lesquels la paix est violence.
René-Jean Dupuy
La paix c’est avant tout l’absence de guerre. Mais la véritable paix c’est une société mondiale viable, autrement dit construite à travers des moyens justes, écologiques, démocratiques et pacifiques.
L’auteur de ce blog
4-Un rappel étymologique et mythologique du mot « paix »
Etymologiquement au sens grec eiréné vient de eiro : s’engager, tenir parole. Au sens latin pax vient de pangere : fixer, enfoncer, établir solidement, s’engager et promettre. Ainsi le mot paix signifiait « conclure un pacte » et traduisait la volonté d’écarter ou d’arrêter la guerre.
Le dictionnaire met en valeur cette même idée, celle de rapports réguliers, calmes, sans violence, d’un Etat avec un autre. Pax est donc synonyme de calme, de tranquillité.
Dans la mythologie grecque les Heures, divisions non pas du jour mais de l’année, étaient filles de Zeus(Jupiter) (dieu suprême) et de Thémis (justice) : Eunomie (le Bon Ordre), Diccé(la justice) et Irène(la Paix).P.Commelin, dans sa « Mythologie grecque et romaine »(pocket,1994) raconte que Homère les appelait « les portières du ciel qui ouvraient et fermaient les portes éternelles de l’Olympe. » On ajouta ensuite une quatrième saison, l’automne, Carpo. Sur les monuments les trois Heures sont couronnées de feuilles de palmier. La Paix chez les athéniens avait son temple et ses statues, chez les romains elle avait à Rome le temple le plus grand et le plus beau. Cette déesse tenait dans une main une branche d’olivier et dans l’autre une corne d’abondance. Les sacrifices qu’on lui faisait étaient pacifiques, il n’y avait pas de sang versé .
L’auteur de ce blog
5-Non à la guerre !
La guerre maudite par les mères.
Horace
Les armes de la critique passent d’abord par la critique des armes.
Un graffiti de mai 1968
Vienne le temps de l’amour, la méchanceté a trop servi. Mon colonel: Rendez-vous à l’évidence!
Jean Cocteau
L’âge des cavernes est révolu, quand en finirons-nous avec l’âge des casernes ?
Théodore Monod
Quand j’entends les talons qui claquent j’entends les cerveaux qui se ferment.
Lyautey
Comment cela s’appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd’hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé et que l’air pourtant se respire, et que tout est perdu, que la ville brûle, que les innocents s’entretuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ? Cela a un très beau nom. Cela s’appelle l’aurore.
Jean Giraudoux
Toutes les guerres sont civiles car c’est toujours l’homme qui répand son propre sang, qui déchire ses propres entrailles.
Fénelon
Faites l’amour, pas la guerre.
Slogan hippie
Pour la guerre : pas un homme, pas un sou !
Slogan pacifiste
Les peuples apprendront peu à peu à regarder la guerre comme le fléau le plus funeste, comme le plus grand des crimes.
Condorcet
Vive la grève révolutionnaire contre la guerre !
Des pacifistes
Plus de guerre ! Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons: place à l’arbitrage, la conciliation et la paix !
Aristide Briand
Nous pouvons envisager le seul grand dessein : civiliser la Terre.
Edgar Morin
Nous sommes les pacifistes de la première heure, nous resterons les pacifistes de la dernière heure.
Journal Le Libertaire
Il n’y aura pas de progrès réel tant que l’homme , transformé en soldat , montera la garde contre la paix.
Louis Lecoin
6- Des ressorts de la paix
La paix c’est avant tout l’absence de guerre. Mais la véritable paix c’est une société mondiale viable, autrement dit construite à travers des moyens justes, écologiques, démocratiques et pacifiques.
L’auteur de ce blog
Il y a croire et croire, cette différence paraît dans les mots croyance et foi. Croire à la paix c’est foi, il faut ici vouloir, la foi va devant, la foi est courage. Au contraire croire à la guerre c’est croyance, c’est pensée agenouillée et bientôt couchée, c’est répéter ce qui a été dit et redit, c’est penser mécaniquement.
Alain (Emile Chartier)
On n’atteint la paix du cœur, si elle est de ce monde, que par le travail inlassable, la déception fréquente, et le sentiment d’une juste humilité.
Henri Bosco
Si quelqu’un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui.
Dicton
Oui la paix dans nos cœurs, oui la paix,
Et la paix dans le monde, oui la paix,
Le regard qui sait écouter, le regard qui ne juge pas,
Le regard qui se fait tendresse c’est la paix.
La tendresse à n’en plus finir.
La tendresse à pleurer de joie.
La tendresse à crier pardon c’est la paix.
Chant
La fausse paix n’est que le camouflage des contradictions qui poursuivent leur chemin souterrain pour, tout à coup, éclater en haines sauvages, en cruautés délirantes. Seuls les conflits reconnus, les contradictions avouées sont la moelle d’un amour enfin historiquement, massivement incarné.
Jean Cardonnel
Si tu crois qu’un sourire est plus fort qu’une arme, Si tu crois à la puissance d’une main offerte, Si tu crois que ce qui rassemble les hommes est plus important que ce qui les divise, Si tu crois qu’être différents est une richesse et non pas un danger, Si tu sais regarder l’autre avec un brin d’amour, Si tu sais préférer l’espérance au soupçon, Si tu estimes que c’est à toi de faire le premier pas plutôt qu’à l’autre, Si le regard d’un enfant parvient encore à désarmer ton cœur Si tu peux te réjouir de la joie de ton voisin,
Si l’injustice qui frappe les autres te révolte autant que celle que tu subis, Si pour toi l’étranger est un frère qui t’est proposé, Si tu sais donner gratuitement un peu de ton temps par amour, Si tu sais accepter qu’un autre te rende service, Si tu partages ton pain et que tu saches y joindre un morceau de ton cœur, Si tu crois qu’un pardon va plus loin qu’une vengeance… Si tu sais chanter le bonheur des autres et danser leur allégresse,
Si tu peux écouter le malheureux qui te fait perdre ton temps et lui garder ton sourire, Si tu sais accepter la critique et en faire ton profit sans la renvoyer et te défendre, Si tu sais accueillir et adopter un avis différent du tien… Si tu refuses de battre ta coulpe sur la poitrine des autres, Si pour toi, l’autre est d’abord un frère, Si la colère est pour toi une faiblesse, non une preuve de force, Si tu préfères être lésé que de faire tort à quelqu’un, Si tu refuses qu’après toi ce soit le déluge, Si tu te ranges du côté du pauvre et de l’opprimé sans te prendre pour un héros, Si tu crois que l’amour est la seule force de dissuasion. Si tu crois que la paix est possible… Alors la Paix viendra.
Pierre Guilbert
7-Bienfaits de la paix.
Je dis la paix pâle et soudaine
Comme un bonheur longtemps rêvé
Comme un bonheur qu’on croit à peine
Avoir trouvé (…)
Je dis la paix cette fenêtre
Qui battit l’air un beau matin
Et le monde ne semblait être
Qu’odeur du thym (…)
Je dis la paix aux jeux d’enfance
On court on saute on crie on rit
On perd le fil de ce qu’on pense
Dans la prairie (…)
Louis Aragon
Paix, source de tout bien
Viens enrichir cette terre
Et que nous passions nos jours
Etendus sur l’herbe tendre
Prêts à conter nos amours
A qui voudra les entendre.
Jean de la Fontaine
Enfin veux-tu que j’énumère
Les Versailles que nous ferons
Les airs peuplés par les chimères
De notre front
Et l’immense laboratoire
Où les miracles sont humains
Et la colombe de l’histoire
Entre nos mains
Louis Aragon
A vrai dire, il me semble que le pacifisme ne se laisse pas définir d’une façon rigide : il est moins un engagement doctrinal qu’une certaine manière profonde, viscérale, d’être et de se sentir.
Pour moi, être pacifiste, ce n’est pas forcément être toujours prêt à tout sacrifier à la paix, mais c’est quand même être capable de lui sacrifier quelque chose, et à quoi l’on tient.
Etre pacifiste, c’est ne prêter qu’une oreille méfiante à ceux qui, aujourd’hui, recommandent le massacre sous prétexte qu’il doit en prévenir un plus copieux, demain;
c’est, sans méconnaître les droits de l’avenir, donner la priorité à la vie des vivants;
c’est vouloir la paix même si elle n’a pas tout à fait la couleur qu’on préfère,
c’est lui rendre grâce même si toutes nos passions n’y trouvent pas leur compte ;
c’est admettre que l’intérêt de la paix peut ne pas coïncider avec celui de notre patrie ou de notre idéologie ;
c’est oublier cette affreuse vérité que « le sang sèche vite » ;
c’est avoir toujours présent à l’esprit l’immense contenu négatif du mot « paix », et tout ce qu’il signifie de non-souffrance, de non-détresse, de non-désolation ;
c’est voir obstinément, en toute guerre, la gigantesque erreur judiciaire que fait la somme des peines capitales infligées à tant d’innocents ;
c’est ne pas consentir aux grossières simplifications et falsifications que diffusent les propagandes pour entretenir la haine ;
c’est refuser d’égrener le chapelet des slogans de commande et des calomnies de consigne ; c’est ne pas clamer qu’on veut la paix quand on fait le jeu des fanatismes qui la rendent impossible;
c’est dénoncer sans relâche l’horreur de la guerre, l’atrocité de la guerre, l’ignominie de la guerre, mais se garder d’imputer à l’un des belligérants des atrocités hors série;
c’est condamner, dans tous les camps, les intransigeances et les jusqu’auboutismes ;
c’est s’affliger quand, pour quelque cause que ce soit, on voit un fusil entre les mains d’un enfant;
c’est préférer que les réconciliations devancent les charniers;
c’est n’être jamais tout-à-fait sûr d’avoir raison quand on donne son assentiment à la mort des autres…
Une vraie politique de paix ne pourrait être menée que par des hommes ayant au cœur ce pacifisme là.
Jean Rostand
Je fais le rêve que les hommes un jour se lèveront et comprendront qu’ils sont faits pour vivre ensemble comme des frères. Je fais le rêve qu’un jour chaque noir de ce pays, chaque homme de couleur dans le monde entier sera jugé sur sa valeur personnelle plutôt que sa couleur de peau.
Je fais le rêve qu’un jour les ventres vides seront remplis, que la fraternité sera un plus que quelques mots à la fin d’une prière. Je fais le rêve qu’un jour la guerre prendra fin, que les hommes transformeront leurs épées en socs de charrues, que les nations ne s’élèveront plus les unes contre les autres et qu’elles n’envisageront plus jamais la guerre.
Avec cette foi nous saurons tailler une pierre d’espoir dans la montagne du désespoir.
Martin Luther King
Le jour est proche ô mes sœurs de grandeur
Où nous rirons des mots guerre et misère.
Rien ne tiendra de ce qui fut douleur
Chaque visage aura droit aux caresses.
Paul Eluard
Choisir la vie ou la mort.
Soit l’humanité détruira les armements
Soit les armements détruiront l’humanité.
Albert Einstein
Il nous faut apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous périrons ensemble comme des imbéciles.
Martin Luther King
Il me faut construire en moi les défenses contre la contagion de la violence.
Albert Jacquard
S’aimer ou disparaître, il n’y a pas d’autre choix.
Raoul Follereau
Un seul monde ou aucun, s’unir ou périr.
Albert Einstein
8-Quelques moyens de construire des sociétés pacifiques
Tout ce qu’on peut faire c’est de casser les armes, de pisser sur ces monstres qui font pourrir les fleurs de l’amour.
Vincent à 7 ans
Que préférez-vous ? Un nouveau prototype de bombardier ou 75 hôpitaux de 1000 lits ? Un nouveau prototype de bombardier ou 50 000 tracteurs ? Un nouveau prototype de bombardier ou 30 facultés pouvant accueillir chacune mille étudiants?
Que préférez-vous, jeunesse du monde ?
Raoul Follereau
S’il m’était prouvé qu’en faisant la guerre mon idéal avait des chances de prendre corps je dirai quand même non à la guerre car on n’élabore pas une société humaine sur des monceaux de cadavres.
Louis Lecoin
La guerre commencera d’avoir du plomb dans l’aile le jour où les candidats qui promettent d’augmenter les crédits militaires cesseront d’être élus.
Bernard Clavel
Les hommes élèvent trop de murs et ne construisent pas assez de ponts.
Antoine de Saint-Exupéry
Les moyens de la défense civile non-violente sont parfaitement cohérents avec les fins de la démocratie. Tout ce qui renforce l’une concourt à renforcer l’autre.
Jean-Marie Muller
Du « si tu veux la paix prépare la guerre » (cependant toujours bien présent !)
on est passé au « si tu veux la paix connais la guerre » (de la Société des Nations),
à un « si tu veux la paix prépare la justice » (des Nations Unies).
Comment arriver dans tous les lieux du monde à un « si tu veux la paix contribue à promouvoir des moyens écologiques, justes , démocratiques et pacifiques » ?
L’auteur de ce blog
9-Reconversions
Force-les à bâtir ensemble une tour et tu les changeras en frères. Mais si tu veux qu’ils se haïssent jettes leur du grain.
Antoine de Saint-Exupéry
Du travail, pas des bombes!
Slogan…
Allons enfants de tous pays/Le jour d’y croire est arrivé/ Contre le nucléaire tyrannique/ Les consciences se sont éveillées/ Les consciences se sont éveillées/ Entendez-vous notre campagne/ Contre ces féroces déchets/ Ils viendront jusque dans nos bras/ Tuer nos fils, nos compagnes/ Alarme citoyens/ Pour les reconversions !/ Alarme nos élus/ Prenez vos longues vues !/ Marchons, marchons /Qu’un air pur /Souffle dans nos poumons !…/
Chanson militante, créée à Limoges en 1980
La vraie question est celle d’un redéploiement considérable des moyens détournés par le complexe militaro-industriel, au profit d’activités « socialement et écologiquement utiles »… Faire fonctionner ce principe des vases communicants du militaire vers le civil suppose une réelle volonté, des choix politiques.
Jacques Muller
Reconvertir l’industrie d’armement vers des productions socialement et écologiquement utiles sera coûteux mais tellement moins que les armements et les soins aux victimes. Cette reconversion doit être prise au sérieux par l’Europe, les Etats et les régions pour ne pas soumettre aux « lois du marché libre » le sort de centaines de milliers d’ouvriers.
Solange Fernex
Remettre en cause l’irrésistible ascension des recherches scientifiques militaires est une des urgences vitales qui s’impose à toutes les générations présentes et futures.
L’auteur de ce blog
La liberté de la recherche scientifique doit avoir des limites : elle ne doit pas porter atteinte à l’intérêt commun de l’humanité. Ainsi les recherches scientifiques sur les armes de destruction massive doivent être interdites , ainsi les recherches existantes déjà dans ce domaine doivent faire l’objet de reconversions. Ce sera une des entreprises pacifiques les plus radicales. Et un pas de l’humanité vers la paix.
L’auteur de ce blog
10- Non-violence
Le règlement non-violent des conflits /Caractères généraux de la non-violence/ L’un des plus beaux textes sur la non-violence / Les rapports entre les fins et les moyens des résistances / Les moyens non-violents des résistances
Le règlement non-violent des conflits
Le conflit c’est la loi de la vie, la guerre c’est la loi de la mort. Le libre jeu du conflit c’est l’antidote de la guerre.
Odette Thibault
Il n’y a pas deux personnes qui ne s’entendent pas, il y a seulement deux personnes qui n’ont pas discuté. Proverbe wolof, Sénégal
Très souvent on ne sait pas régler nos conflits. Soit on utilise la violence d’oppression en imposant sa loi, soit on accepte la violence de soumission en renonçant à ce que l’on juge être essentiel. Il faudrait arriver
à trouver ensemble
dans la confrontation
et le respect des personnes,
des solutions justes.
L’auteur de ce blog
Dans la non-violence il y a une décontamination mimétique du conflit de personnes pour tenter de limiter celui-ci à la question du partage ou de la possession de l’objet. Cette valorisation de l’objet du conflit est une façon de se le réapproprier et d’agir de façon non-violente pour sa résolution. La guerre est tout le contraire : c’est le refus du conflit, autrement dit la suppression du conflit par la suppression de l’adversaire.
Jacques Sémelin
Bâti comme un contrat provisoire entre deux ou plusieurs parties en conflit, le compromis s’avère être un moyen typiquement non-violent, capable de favoriser à terme une conciliation. Quand un compromis n’est pas possible, il vaut mieux alors l’affrontement, non-violent il va sans dire, qu’une compromission.
François Vaillant
Face au conflit cinq attitudes sont possibles : la neutralité, la bagarre, la fuite, la capitulation, la non-violence.
Lanza del Vasto
Le passage du monde des cités à la Cité du Monde, loin de réaliser les rêves de l’utopie, se vit dans la tragédie. Quelle est la signification de ce huis clos tragique : l’éternel conflit ou la recherche chaotique d’une Cité habitable ?
René Jean Dupuy
Il convient de mettre en place une société conflictuelle mais non-violente, car la paix est l’état d’une nation qui profite de ses conflits pour mettre en route sa propre transformation.
Albert Jacquard
Non-violence : caractères généraux
La non-violence est le moyen le plus inoffensif et le plus efficace pour faire valoir les droits politiques et économiques des exploités et des opprimés.
Gandhi
La non-violence n’est pas une vertu monacale destinée à procurer la paix intérieure et à garantir le salut individuel. C’est une règle de conduite nécessaire pour vivre en société car elle assure le respect de la dignité humaine.
Gandhi
La non-violence ne présuppose pas un monde sans conflits: en réalité on ne peut parler d’action non-violente qu’en situation de conflit.
Jean-Marie Muller
Aujourd’hui la question n’est plus de savoir si la violence est bonne ou mauvaise mais s’il est possible de substituer à la violence une autre conception que celle de la force pour résoudre les conflits de l’Histoire.
Jacques Sémelin
La première condition à laquelle doit satisfaire une doctrine de la non-violence est d’avoir traversé dans toute son épaisseur le monde de la violence.
Paul Ricœur
Il existe des lois injustes : consentirons-nous à leur obéir ? (…). Si, de par sa nature, la machine gouvernementale veut faire de nous l’instrument de l’injustice envers notre prochain, alors, je vous le dis : enfreignez la loi.
Henry David Thoreau
La non-violence riposte à chaque coup en s’offrant à d’autres coups. Elle riposte aux accusations de lâcheté par le témoignage de la présence au péril, et de l’endurance dans l’épreuve. Elle riposte aux mensonges par l’inlassable et précis rétablissement de la vérité. Elle riposte aux manœuvres par la simplicité et la droiture. Elle riposte aux risées par une gravité digne. A toute force du mal, elle oppose non une force de même nature mais une force de nature opposée et qui la compense.
Lanza del Vasto
La non-violence suppose avant tout que l’homme soit capable de se battre.
Gandhi
Nous saurons être la force tranquille qui crée partout où vous n’aurez été que la force brutale qui tue.
Nelly Roussel
La douceur est la première des forces et peut-être des vertus.
Pierre Teilhard de Chardin
Boycott, défense civile non-violente, désobéissance civile, grève, grève de la faim, humour, non-coopération, objection de conscience, obstruction non-violente, pétitions, reconversions, sit in (s’asseoir sur la voie publique) sont quelques uns des moyens utilisés dans l’action non-violente.
revue« Non-violence actualité »
La non-violence consiste à avoir l’esprit dur, le cœur tendre.
Martin Luther King
Si la non-violence est possible alors elle est préférable.
Jean-Marie Muller
Nier sa mort dans le fil quotidien de notre vie c’est vivre en somnambule de l’existence. Projeter sa mort sur l’autre ennemi c’est en venir à la violence. L’homme s’accommode généralement de cette double duperie : celle du déni de mort ou de sa projection sur l’autre. La troisième attitude: l’assumer, c’est sur ce chemin que s’édifie la non-violence. Y a-t-il démarche plus authentiquement humaine que d’assumer cette mort dans ma vie au point que je puisse la brandir devant tous quand je ne supporte plus que la vie soit bafouée ?
Jacques Sémelin
Le sang ne se lave pas avec du sang mais avec de l’eau.
Proverbe turque
Votre grande erreur est de croire qu’il n’y a aucun rapport entre la fin et les moyens. Cette erreur a fait commettre des crimes sans nom. C’est comme si vous prétendiez que d’une mauvaise herbe il peut sortir une rose. (…) Les moyens sont comme la graine et la fin comme l’arbre. Le rapport est aussi inéluctable entre la fin et les moyens qu’entre l’arbre et la semence.
Gandhi
L’une des originalités de la pensée de Gandhi a été de montrer que la fin ne justifie pas n’importe quel moyen.
François Vaillant
Je n’hésite pas à dire que là où le choix existe seulement entre la lâcheté et la violence il faut se décider pour la solution violente. (…) Mais je n’en crois pas moins que la non-violence est infiniment supérieure à la violence.
Gandhi
Ne cherchons pas à satisfaire notre soif de liberté en buvant dans la tasse de l’amertume et de la haine. Nous devons pour toujours conduire notre lutte sur un plan élevé de dignité et de discipline. Nous ne devons pas laisser nos revendications créatrices dégénérer en violence physique. Encore et encore, nous devons nous élever jusqu’aux hauteurs majestueuses où l’on réfute la force physique avec la force de l’âme.
Martin Luther King
Alors que pour la non-violence tout homme est une fin, le mépris d’autrui implique un comportement qui peut conduire un individu à traiter autrui comme un moyen. Or tous les hommes se valent en dignité. C’est pourquoi agit moralement celui qui reconnaît tout homme comme fin et se comporte de manière correspondante.
François Vaillant
L’homme peut se libérer des relations destructrices en opérant la transmutation de la violence en combativité pacifiante.
Denise Van Caneghem
Maîtriser sa propre peur c’est en même temps maîtriser sa propre agressivité en sorte que celle-ci s’exprime par d’autres moyens que ceux de la violence-destruction. Ainsi nous passons avec les autres d’une relation de domination et d’aliénation réciproque à une relation de justice et de respect. L’action non-violente a pour but de transformer ces potentiels variables d’agressivité qui sont en nous en combativité positive face au conflit.
Jean-Marie Muller
Lorsque la désobéissance civile m’a mené en prison, le philosophe Emerson me demanda: « Mais pourquoi êtes-vous en prison ? ». Je lui répondis: « Pourquoi n’y êtes-vous pas ? ».
Henry David Thoreau
Ne servir aucun maître pour n’en subir aucun.
Etienne de la Boétie
Si on n’obéit plus au tyran, sans combattre, sans frapper il demeure nu et défait, il n’est plus rien.
Etienne de la Boétie
Une stratégie de l’action non-violente repose en particulier sur trois principes : l’affirmation de l’identité du sujet résistant, la non-coopération collective, la médiatisation du conflit.
Jacques Sémelin
Soyez résolus à ne plus servir le tyran et vous serez libres. Je ne veux pas que vous le heurtiez mais seulement que vous ne le souteniez plus et vous le verrez, comme un grand colosse dont on dérobe la base, tomber de son propre poids et se briser.
Etienne de la Boétie
L’homme qui ne fait qu’obéir est un esclave.
Erich Fromm
Le fonctionnement de l’obéissance repose sur l’identification au fort et sur la négation de la souffrance du plus faible. Plus on est intégré à une structure, plus on peut être amené à obéir contre sa conscience. L’obéissance, la soumission à l’autorité, est pourvoyeuse de violence.
Stanley Milgram
Je crois que nous devrions être hommes d’abord et sujets ensuite.
Henry David Thoreau
L’un des plus beaux textes sur la non-violence
La violence ne mérite pas seulement une condamnation, elle appelle à donner le jour à une alternative : la non-violence.
Voici l’un des écrits les plus éclairants, celui de Jacques de Bollardière, général devenu militant de la non-violence après avoir dénoncé la torture pendant la guerre d’Algérie et condamné ensuite les armes nucléaires.
« L’homme, dans ce monde de conflits et de tensions, n’a-t-il le choix qu’entre une passivité résignée, un lâche renoncement à l’exigence impérieuse de libération qui constitue son être ou la dégradation de son agressivité en une violence meurtrière qui détruit ce qu’il a d’humain en lui ?
La non-violence est une idée neuve qui perce une terre aride et pousse à travers les décombres des espoirs ruinés avec l’indomptable puissance de vie des jeunes plantes qui cherchent la lumière. Elle s’enracine dans l’espérance, se nourrit de la force de la justice.
Son passé trop court et méprisé révèle l’efficacité des méthodes d’action qui mobilisent par delà la violence, le mépris et la haine.
Dans ce monde bouleversé, elle reste compatible avec une vision humaine du destin des hommes et avec l’amour qui, inlassablement, s’offre à nous au plus secret de notre être. »
Jacques de Bollardière
Les rapports entre les fins et les moyens des résistances
Ces rapports posent deux séries de questions.
-Il s’agit de résister face aux confusions entre les moyens et les fins, autrement dit
de remettre à leurs places les moyens c’est-à-dire la techno science et le marché mondial, de les mettre au service des êtres humains.
Il faut aussi respecter les fins c’est-à-dire les êtres humains en personnes, en peuples et en humanité (générations passées à travers le patrimoine culturel, générations présentes et à venir.), l’Autre n’est pas un moyen, agir moralement c’est reconnaitre tout homme comme fin et de le traduire en acte.
-Il s’agit de résister en pensant et en mettant en œuvre des moyens conformes aux fins que l’on met en avant.
Si l’on veut la démocratie il faut des moyens démocratiques, si l’on veut la justice il faut des moyens justes, si l’on veut la paix il faut des moyens pacifiques, si l’on veut la protection de l’environnement il faut des moyens écologiques.
Face aux théories et aux pratiques dominantes voire écrasantes à travers l’histoire qui correspondent à la pensée de Machiavel « Qui veut la fin veut les moyens », il faut résister en se fondant sur cette pensée radicale et lumineuse de Gandhi : « La fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la semence. » ( voir « Tous les hommes sont frères », Folio essais, Gallimard). Autrement dit aucun moyen n’est neutre, si l’on veut lutter pour la paix on ne peut que résister avec des moyens pacifiques, la course aux armements est un des moyens opposés à la paix parce qu’elle ne fait qu’accroitre l’insécurité, les guerres, les injustices et la dégradation mondiale de l’environnement.
La fin ne justifie pas n’importe quel moyen. Dit autrement : la légitimité d’une cause n’implique pas la légitimité de tous les moyens pour la faire triompher. Ainsi il était oh combien légitime de lutter contre le nazisme mais il n’était pas légitime de lancer deux bombes nucléaires pour y contribuer.
L’auteur de ce site
Les moyens non-violents des résistances
-L’histoire de la non-violence, en partie méconnue, révèle l’efficacité de ces méthodes d’action qui, comme le disait Jacques de Bollardière , « mobilisent par delà le mépris, la violence et la haine. »(Voir à ce sujet la revue opérationnelle « Non-violence Actualité », et la remarquable revue « Alternatives non-violentes », directeur F Vaillant, ainsi que les travaux, eux aussi remarquables, de l’Institut de recherche sur la résolution non-violente des conflits-IRNC, créé par F. Marchand , JM Muller, C Mellon, J Sémelin, C Delorme.)
-Les grandes résistances non-violentes contemporaines s’appellent principalement
celles pour l’indépendance de l’Inde , par exemple la marche du sel avec Gandhi en 1930,
celles contre le racisme aux Etats-Unis , par exemple le discours de Martin Luther King en 1963,
celles contre les régimes autoritaires de pays de l’Est, par exemple les grands rassemblements en 1989,
celle contre les régimes autoritaires de pays arabes, par exemple sur de grandes places en 2011,
celle contre les graves insuffisances des politiques des Etats contre le réchauffement climatique, par exemple de foules de jeunes en grève et en marche en septembre 2019,2020…
-Ces moyens reposent sur un cadre non-violent c’est-à-dire un respect de la dignité humaine, une exigence de justice, une combativité positive (et non une agressivité) face au conflit. (J Sémelin, La non-violence expliquée à mes filles, Seuil, 2000.. (JM Muller, Lexique de la non-violence, ANV,1998). Jacques Sémelin insiste sur « trois principes majeurs : l’affirmation de l’identité du sujet résistant (…), la non coopération
-Cette méthode de règlement des conflits
refuse la violence d’oppression dans laquelle on impose sa loi,
elle refuse la violence de soumission dans laquelle on renonce à ce que l’on pense être essentiel.
On cherche
ensemble,
dans le respect des personnes
et la confrontation,
des solutions justes.
-Ces moyens, énumérés à titre indicatif, font partie des pratiques essentielles de l’action non-violente. Il s’agit , de façon non exhaustive, de la non-coopération, la désobéissance civile (Alain Refalo, Les sources historiques de la désobéissance civile, colloque Lyon 2006), l’obstruction non-violente, l’objection de conscience, la grève de la faim, la grève, le sit in (s’asseoir sur la voie publique en particulier des places), le boycott, le refus de l’impôt sur les armements, les pétitions…(JM Muller, Stratégie de l’action non-violente, Seuil,1981).
-Les non-violents ont aussi des pratiques d’éducation à la paix, ainsi par exemple « Non-violence Actualité » et son Centre de ressources pour la gestion non-violente des relations et des conflits, avec ses outils pédagogiques, ses jeux coopératifs, ses formations. Des expositions comme « Ni hérisson, ni paillasson » du Centre pour l’action non-violente ont été et sont porteuses pour des jeunes.( Voir aussi JM Muller, De la non-violence en éducation, UNESCO et IRNC, 2002), des pratiques d’interventions civiles de paix où des volontaires, après une formation, ont été envoyés sur des zones de conflits, par exemple au Kosovo, en Palestine, au Guatemala (formation ICP assurée par le Mouvement pour une alternative non violente, MAN).Les non-violents ont également pensé « La dissuasion civile : les principes et les méthodes de la résistance non-violente dans la stratégie française. » (C Mellon, JM Muller, J Sémelin, La dissuasion civile, éditions FEDN, 1985).
L’auteur de ce blog
11- Remarques terminales sur la paix
a)« (…)nous saurons tailler un pierre d’espoir dans la montagne du désespoir(…) » disait Martin Luther King.
-« … dans la montagne du désespoir … »
Armes de destruction massive, débâcle écologique, inégalités criantes, sociétés autoritaires…Ne sommes-nous pas fraternisés par ces périls communs ?
Les Nations Unies donc les Etats sont responsables pour une part de l’échec global du maintien de la paix : depuis 1945 de l’ordre de 520 conflits armés, de l’ordre de l’équivalent du nombre de victimes de la Seconde Guerre mondiale, avec aussi un cortège de souffrances physiques et morales, un cortège de destructions matérielles et environnementales.
L’autre part des responsabilités est celle de l’ensemble des acteurs dans des proportions variables, cela dans un système productiviste auto destructeur (voir sur ce site l’article portant ce même titre).
Que de souffrances, d’espoirs et d’impuissances par exemple dans un lieu de fractures de la planète, celui du drame israélo-palestinien ! Mais la lumière a fini par voir le jour entre la France et l’Allemagne. « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait. »(Mark Twain)
Des avertissements sont clairs, ils nous appellent à la mise en œuvre de moyens pacifiques « Un seul monde ou aucun, s’unir ou périr. » (Albert Einstein) « Il nous faut apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous périrons ensemble comme des imbéciles. » (Martin Luther King).
b)- « …nous saurons tailler une pierre d’espoir… »
Au-delà des réformes nécessaires du Conseil de sécurité dans sa composition, ses stratégies et ses moyens, une vue globale doit être claire et porteuse :
Le « Si nous voulons la paix préparons la guerre » est toujours présent, il est produit par la puissance des complexes scientifico-militaro-industriels et de multiples autres acteurs, des Etats, des citoyen(ne)s… Les résistances à ces théories et ces pratiques doivent se renforcer, les alternatives doivent devenir plus connues , plus soutenues.
Une vérité saute aux yeux pourvu qu’on les ouvre : cet adage, cet axiome est marqué par l’échec pour deux raisons incontournables.
D’abord cette préparation fondée en particulier sur la qualité et la quantité d’armements, par exemple nucléaires, accroit l’insécurité.
Ensuite, seconde raison de l’échec que l’ on passe sous silence le plus souvent possible : les seules dépenses militaires mondiales, aujourd’hui de l’ordre de 5 milliards de dollars chaque jour, sont l’un des scandales et l’une des absurdités les plus gigantesques du monde contemporain.
Elles sont enlevées cruellement à d’autres besoins criants, leur remise en cause est vitale. Merci les Etats ! Les peuples vous remercient ! Viennent les jours où les candidats dans tous les pays aux élections qui proposeront des réductions massives des dépenses militaires seront massivement élus !
Ce « Si nous voulons… » reste donc à remettre en cause.
Le « Si tu nous voulons la paix réglons les conflits » (symbolique de la Société des Nations) est partiel, il ne se situe pas assez en amont. Il faut cependant l’améliorer à travers l’éducation à la paix et de nouvelles imaginations créatrices personnelles et collectives.
Ce « Si nous voulons… » reste nécessaire, reste à améliorer ou à réformer, mais reste dramatiquement insuffisant pour assurer la paix.
Le « Si nous voulons la paix agissons pour la coopération » (avec le maintien de la paix l’un des deux buts des Nations Unies) est certes un peu en amont, mais il n’est pas assez global.
Ce « Si nous voulons… » reste nécessaire, reste à améliorer ou à réformer, mais reste très insuffisant pour assurer la paix.
Le « Si nous voulons la paix contribuons, personnellement et collectivement, à promouvoir une communauté mondiale fondée sur des moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques ? »
Ce « Si nous voulons… » c’est celui d’une paix portée par les personnes, les peuples, l’humanité . Alors, oui, elle les portera à son tour.
Une paix à construire, celle des possibles fraternels.
L’auteur de ce site
12-Une démarche proposée pour penser la paix
Les huit articles correspondant à cette démarche sont sur ce site à la rubrique Paix.
La démarche proposée se veut globale, critique, créatrice. Les articles et ouvrages sur la paix sont souvent critiques, quelquefois créateurs, rarement globaux. Une certaine globalité est pourtant une exigence et une chance. Si l’on veut mieux comprendre la paix, ne faut-il pas la regarder de nombreux points de vue, sans prétendre bien sûr à l’exhaustivité ?
Nous synthétiserons donc les paroles et les actes d’un grand nombre d’acteurs. Au fur et à mesure nous repèrerons des points communs, des différences, des oppositions .Enfin, reprenant divers points et en rajoutant de nouveaux, nous proposerons une conception de la paix (dans le dernier et huitième point.)
Partons du plus grand nombre de personnes, de ce que l’on peut appeler « le sens commun », la paix est vécue avant tout comme l’absence de guerre (I),
elle est donc aussi chantée, par exemple par des poètes et d’autres auteurs pour ses bienfaits (II),
existent également, dans des philosophies, des religions, des civilisations, des cultures, souvent exprimées quatre séries d’approches (III),
des pratiques de paix sont ici et là défendues par des militant(e)s d’ONG (IV),
des scientifiques mettent en avant des recherches sur la paix (V),
la paix est également pensée à travers le concept de sécurité, en particulier par les représentants des Etats et par ceux des organisations internationales (VI),
elle est pour une part organisée par le droit, principalement par le droit international (VII),
elle est combattue à travers de nombreuses logiques. Pour qu’elle soit véritablement construite quelles contre-logiques, quels moyens mettre en avant , autrement dit quelle conception concrète proposer de la paix (VIII) ?
L’auteur de ce site