au trésor des souffles
Textes bien-aimés
liberté, démocratie
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I-Liberté
1-Chants de liberté / 2-A l’ensemble du vivant des chants de liberté/ 3- Conceptions de la liberté/ 4- La liberté et les autres / 5- Les libertés et les droits /
1-Chants de liberté
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
(…) (suivent les dix neuf strophes
de ce poème sublime)
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard
La Liberté législatrice,
La sainte Liberté, fille du sol français,
Pour venger l’homme et punir les forfaits,
Va parcourir la terre en arbitre suprême,
Tremblez ! Ses yeux lancent l’éclair.
André Chénier
Alors, dans l’absolu que l’Etre a pour milieu,
On entendit des profondeurs du Verbe
Ce mot qui, sur le front du jeune ange superbe
Encore vague et flottant dans la vaste clarté,
Fit tout à coup éclore un astre : LIBERTE !
Victor Hugo
-Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ?
Ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
-Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
-Tes amis ?
-Vous vous servez là d’une parole dont le sens
m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
-Ta patrie ?
-J’ignore sous quelle latitude elle est située.
-La beauté ?
-Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
-L’or ?
-Je le hais comme vous haïssez Dieu.
-Eh ! Qu’aimes-tu donc extraordinaire étranger ?
-J’aime les nuages…les nuages qui passent…
là-bas…là-bas…les merveilleux nuages !
Charles Baudelaire
La liberté, cette merveille !
Qui sourit, la rose à l’oreille
Mais qui chante , les poings fermés.
Francis Carco
O liberté, tu brilles clair dans les cachots
Car , là , tu habites le cœur…
George Gordon Byron
L’air est gros comme la terre
L’air est lourd comme du plomb
Je crie,
Je crie,
Je crie,
Je crie
Venez vite
Je vous invite
A faire fondre du plomb.
Nazim Hikmet
La liberté naquit de la parole,
Elle fut chant dès son premier éveil
Et nul ne put jamais la museler.
Robert Sabatier
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées.
Mon paletot aussi devenait idéal.
J’allais sous le ciel, Muse, et j’étais ton féal.
Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées.
Arthur Rimbaud
La liberté, frères, ce n’est pas le vin, ni la femme douce, ni le bien dans les celliers, ni le fils dans le berceau, c’est un chant solitaire et dédaigneux qui se perd dans le vent.
Nikos Kazantzaki
(…) Mais… chanter, Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, ou faire un vers!
Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
Mieux vaut la liberté dans les enfers que l’esclavage aux cieux.
John Milton
Je meurs pour la liberté, elle vaut tous les sacrifices.
Mot attribué à Spartacus mourant
Le seul mot de liberté est tout ce qui m’exalte encore.
André Breton
2-A l’ensemble du vivant un chant de liberté
Au lever du jour elle s’effondre, le corps à demi lacéré, un goût de sang et d’herbes sauvages dans la bouche, d’immensité et de finitude mêlées dans son cœur et sa chair.
Vaincue mais insoumise, elle meurt sans le moindre regret de s’être enfuie de son enclos, de s’être éprise de liberté, d’avoir aimé la vie au large et en hauteur.
Blanquette vue par Sylvie Germain
Il y a cette immense liberté de l’animal, enfermé certes dans les limites de son espèce mais vivant sans plus sa réalité d’être, sans tout le faux que nous ajoutons à la sensation d’exister.
Marguerite Yourcenar
Pour admirer un paysage sans pollution et sans présence humaine, où des animaux sauvages vivent en toute liberté, il faudra découvrir une autre planète.
Hanluo Taihan
Pour que les arbres et les plantes s’épanouissent, pour que les animaux qui s’en nourrissent prospèrent, pour que les hommes vivent, il faut que la terre soit honorée.
Pierre Rabhi
3-Diversité des conceptions de la liberté
La liberté est un des dons les plus précieux que les dieux firent aux hommes.
Miguel de Cervantès
« Vaut-il mieux parler à l’homme de sa liberté ou de son esclavage ? » demandait un philosophe. Sans doute serait-il plus porteur de voir et les chaînes qui étouffent et les moyens de les briser.
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Toute victoire de la liberté se retourne contre elle et appelle un nouveau combat. La victoire de la liberté ne connaît pas de fin.
Emmanuel Mounier
Il faut tout dire. La première des libertés est la liberté de tout dire.
Maurice Blanchot
La liberté de penser et d’agir est le premier des biens.
George Sand
Liberté, que de crimes on commet en ton nom !
Manon Roland
Je sais mal ce qu’est la liberté mais je sais bien ce qu’est la libération.
André Malraux
Tout peuple qui s’endort en liberté se réveillera en esclavage.
Alain (Emile Chartier)
Je crois qu’il faut apprendre à se voir avec les yeux de l’amitié qui est lucide, bourrue, moqueuse mais inébranlable, pour désapprendre et se prendre en pitié et pour ne plus rougir de soi, la marque de la liberté réalisée.
Françoise Giroud
Merci, mes parents, dont l’ovule et le spermatozoïde contenaient les recettes de fabrication des substances qui me constituent. Merci, ma famille, pour la nourriture, la chaleur, l’affection, qui m’ont permis de grandir et de me structurer. Merci, mes maîtres, qui m’ont transmis les connaissances lentement accumulées par l’humanité depuis qu’elle interroge l’univers. Merci, vous qui m’avez aimé, de votre irremplaçable amour.
Mais c’est à moi d’achever l’ouvrage, à moi de poser la poutre faîtière. Oubliez celui que vous auriez voulu que je sois. Je n’ai pas à réaliser le rêve que vous auriez fait pour moi, ce serait trahir ma nature d’homme.
Pour que je sois vraiment un homme vous me devez un dernier cadeau: la liberté de devenir celui que je choisis d’être.
Albert Jacquard
Il faut choisir : se reposer ou être libre
Thucydide
C’est peut-être cela la liberté : choisir ses contraintes.
Françoise Lefevre
Le bonheur de l’homme n’est pas dans la liberté mais dans l’acceptation d’un devoir.
André Gide
La volonté trouve, la liberté choisit. Trouver et choisir c’est penser.
Victor Hugo
Si Dieu est… l’homme est esclave, or l’homme peut et doit être libre ; donc Dieu n’est pas. Bakounine
Il n’y a de liberté qu’en situation, il n’y a de situation que par la liberté.
Jean-Paul Sartre
La force nait par violence et meurt par liberté.
Léonard de Vinci
Un être ne se sent obligé que s’il est libre, et chaque obligation, prise à part, implique la liberté.
Henri Bergson
La liberté c’est l’activité. Et la liberté c’est une activité qui en même temps s’autolimite, c’est-à-dire qui sait qu’elle peut tout faire mais qu’elle ne doit pas tout faire.
Cornélius Castoriadis
L’important n’est pas ce que l’on a fait de nous mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce que l’on a fait de nous.
Jean-Paul Sartre
Qu’est-ce que délivrer ? Si je délivre dans le désert un homme qui n’exige rien , que signifie sa liberté ? Il n’est de liberté que de quelqu’un qui va quelque part. Délivrer cet homme ce serait lui enseigner la soif et tracer une route vers un puits…Les pentes invisibles de la pesanteur délivrent la pierre, les pentes invisibles de l’amour délivrent l’homme.
Saint Exupéry
Il y a deux grandes finalités qui se partagent l’humanité et qui fonctionnent dans tout homme: la puissance et la liberté. Dans les deux cas il s’agit d’un pouvoir … La puissance c’est le pouvoir qu’on veut prendre sur autrui, la liberté c’est le pouvoir qu’on veut prendre sur soi-même.
Denis de Rougemont
J’ai cherché la liberté plus que la puissance…
Marguerite Yourcenar (Mémoires d’Hadrien)
La liberté c’est chanter dans le printemps.
Anouck à 5 ans
4-La liberté et les autres
La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.
Proverbe
Notre liberté commence par celle des autres.
Jean Gastaldi
C’est être esclave que d’être borné par la liberté des autres.
Louis Dumur
Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse.
Proverbe
La liberté ne se reconnait qu’à ses limites.
Louis Latzarus
Agis de telle sorte que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre.
Hans Jonas
5-Les libertés et les droits
Cette importance est symbolisée par l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH (10-12-1948) selon lequel « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits .(…) »
Cela signifie que nous sommes des êtres humains libres et égaux, qu’il faut donc lutter pour que ces libertés et ces égalités soient consacrées, préservées, et développées.
Les droits-libertés correspondent aux « droits de » .Il s’agit des droits civils et politiques , ce sont les droits de la 1ère génération.
Les droits-égalités correspondent aux « droits à » c’est-à-dire aux droits économiques, sociaux et culturels , ce sont les droits de la 2ème génération.
Ces deux générations de droits sont consacrées par les deux Pactes internationaux des droits de l’homme du 16 décembre 1966, mais il y a une différence essentielle entre les deux Pactes. Les droits civils et politiques dans le 1er Pacte sont directement applicables , selon l’article 2 « Les Etats parties s’engagent à respecter et à garantir à tous les individus se trouvant sur leur territoire et relevant de leur compétence les droits reconnus dans le présent Pacte (…) »
Par contre les droits économiques , sociaux et culturels dans le 2nd Pacte sont …progressivement applicables, selon l’article 2 « Chacun des Etats parties s’engage à agir (…) en vue d’assurer progressivement le plein exercice des droits reconnus par le présent Pacte(…). »
Une troisième génération a vu le jour, celle des droits de solidarité, c’est-à-dire le droit au développement consacré à partir de 1992 en droit au développement durable, le droit à l’environnement consacré dans de nombreux textes et le droit à la paix encore très insuffisamment consacré.
On peut aussi penser qu’une quatrième génération est en gestation, elle sera nécessaire, celle des droits de l’homme par rapport à la techno science, ainsi, par exemple, face à des recherches scientifiques portant atteinte à la dignité humaine ou à l’humanité , face aussi à nos rapports avec les robots…
Ces générations de droits d’une part sont complémentaires entre elles et d’autre part doivent être mises en œuvre pour les personnes, les peuples et peu à peu pour l’humanité. Elles doivent s’appuyer les unes sur les autres. Ainsi par exemple comme l’écrivait René Jean Dupuy « L’humanité doit, elle-même, avoir des droits faute de quoi les hommes perdraient les leurs. »
L’auteur de ce site
II-Démocratie
1-Démocratie et organisation du pouvoir / 2- Les circuits schématiques des volontés et la démocratie /3 De nouvelles formes du politique et la démocratie 4-Démocratie et égalité / 5-Démocratie et complexes scientifico-militaro-industriels / 6-Démocratie et vitesse/ 7-Droits de l’homme et démocratie/8-Les souffles de la démocratie
1-Démocratie et organisation du pouvoir
La démocratie est le pire de tous les régimes… après tous les autres !
Winston Churchill
La démocratie c’est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.
Abraham Lincoln
Les démocraties sont des régimes dans lesquels existe une organisation constitutionnelle de la concurrence pacifique pour l’exercice du pouvoir.
Raymond Aron
Pour que l’on ne puisse pas abuser du pouvoir il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.
Montesquieu
La démocratie ne dépend pas du type de bulletin que vous glissez tous les cinq ans dans l’urne mais du type d’individu que vous glissez chaque matin hors de chez vous.
Henry David Thoreau
La démocratie ne dépend pas seulement (mot rajouté par l’auteur du blog) du type de bulletin que vous glissez tous les cinq ans dans l’urne mais aussi (idem) du type d’individu que vous glissez chaque matin hors de chez vous.
La gouvernabilité de la Terre cela veut dire à la fois une nouvelle relation entre Etat et société civile et une nouvelle relation entre Nord et Sud.
Jean Chesneaux
Démocratie et résistance. Aucune libération n’est neutre par rapport à la société qui va en sortir. La légitimité d’une libération n’implique pas la légitimité de tous les moyens pour la faire triompher. l
L’auteur de ce blog
Par le vote le citoyen délègue son pouvoir. L’exerce-t-il vraiment ? Par quels moyens passer d’une démocratie de représentation à une démocratie de participation dans tous les domaines à tous les niveaux géographiques?
L’auteur de ce blog
Tout captif porte dans sa main le pouvoir d’anéantir sa servitude.
William Shakespeare
La démocratie est une lutte perpétuelle des gouvernés contre les abus du pouvoir.
Alain (Emile Chartier)
La vraie démocratie ne viendra pas de la prise du pouvoir par quelques uns mais du pouvoir que tous auront de s’opposer aux abus de l’autorité.
Gandhi
Le vrai démocrate est celui qui, grâce à des moyens non-violents, défend sa liberté par conséquent celle de son pays et finalement celle de l’humanité tout entière.
Gandhi
2- Les circuits schématiques des volontés et la démocratie
On peut ainsi raisonner sur les circuits des volontés locales, nationales, continentales, internationales.
Il y a probablement au moins quatre schémas théoriques et pratiques :
-Soit on pense et on agit dans le sens de systèmes centralisés dans lesquels les volontés vont du « haut vers le bas », selon les cas la démocratie est un peu présente , ou pratiquement absente, ou totalement absente.
(Une confidence : « Total » est un des mots que je n’aime pas : total, totalement, totalitaire…Je n’aime pas non plus les mots « parfait », « carrière ».
J’aime les mots « partage », « tendresse ». J’aime l’expression « horizon de responsabilité ».
Depuis l’âge de 27 ans , il y a donc 47 ans, j’associe au productivisme ce couple infernal « humanicide et terricide ».)
-Soit on se prononce et on agit dans le sens d’un va et vient « entre le haut et le bas », en corrections réciproques, reste à savoir comment se déroulent ces rapports de forces et ce qu’ils produisent. Ce schéma est assez courant. On peut être proche d’une certaine démocratie voire de quelques éléments participatifs.
-Soit on pense et on agit « du bas vers le haut », on veut faire remonter des micro expériences, des actions à la base, on veut faire émerger des autogestions, on est dans une forme de démocratie participative.
-Soit on veut aller dans le sens de « volontés qui, partant de la base, vont plutôt s’étendre que monter « , c’est un schéma de démocratie participative. On trouve en particulier des personnes et des groupes qui s’auto organisent.
Sur le terrain les circuits peuvent être compliqués puisque plusieurs schémas, par exemple dans un pays donné, par exemple-ce qui complique encore les schémas-dans un domaine donné, peuvent fonctionner ensemble avec des ampleurs et des conflits variables.
L’auteur de ce blog
3- Nouvelles formes du politique et démocratie
(Voir par exemple Albert Ogien et Sandra Laugier, respectivement sociologue et philosophe, « Pourquoi désobéir en démocratie? »(2010) et « Le Principe démocratie. Enquête sur les nouvelles formes du politique. »(2014).)
A partir du mouvement des occupations de places en 2011 et « dans des formes plus souterraines et invisibles d’action et de relations entre les personnes » les auteurs pensent qu’une sorte de « démocratie sauvage » voit le jour.
–Dans ces formes de démocratie il n’ y a pas de leader, de programme, d’objectif de prise de pouvoir mais une « créativité politique de ces organisations collectives fondées sur les principes de solidarité, de gratuité, d’autonomie ou qui instaurent des modes de vie en rupture avec le productivisme, la hiérarchie » (…),Dans ces lieux « le politique vivant parait avoir largué les amarres avec la politique institutionnelle. »
-Ces mouvements ne sont pas à sous-estimer, ce sont autant de laboratoires de résistances, ce sont des formes de démocratie qui contribuent à des expressions des citoyen(ne)s et qui les amènent à créer des lieux d’autres possibles.
Souvent on retrouve côte à côte ces laboratoires de résistances et la désobéissance civile, forme essentielle de la non-violence. En ce sens voilà une citation porteuse de Henry David Thoreau(1817-1862), un des penseurs de la non-violence et de l’écologie : « La démocratie ne dépend pas seulement ( mot rajouté par l’auteur de cet article) du bulletin que je glisse dans l’urne tous les cinq ans mais aussi ( mot rajouté par l’auteur de cet article) du type d’individu que je glisse chaque matin dans la rue ».
4- Démocratie et égalité
L’amour de la démocratie est celui de l’égalité.
Montesquieu
(…) L’égalité est constituée d’une série d’images en surimpression, chacune d’entre elles, sectorielle, tronquée, partielle, contradictoire avec les autres, cherche à s’imposer dans d’autres champs.
Egalité par la base contre la bureaucratisation : on entend Rousseau.
A travail égal, salaire égal, la compétition doit régner : méritocratie on entend Diderot et l’Encyclopédie.
Réclamation d’égalité des sexes, des âges, des thèmes modernistes qui s’enracinent dans le tréfonds de la mémoire.
Egalité des droits : la galerie des « Déclarations » jusqu’à nos jours défile impeccablement. Egalité de la parole : les images se dressent, des assemblées circulaires de l’Agora ou du Forum à celle de 1789 jusqu’à l’imagination au pouvoir de mai 1968. Sans parler de la loi égale pour tous.
Voilà un bloc déjà impressionnant, qui semble aller de soi. (…)
Lucien Sfez
Non objet de nature mais fait de culture, son statut est symbolique. Instrument de symbolisation la notion admet, en son corps doté d’une générosité sans pareille, tout mythe et toute mode : la souveraineté des Etats en dérive, comme la guerre et la grève, la soif de justice ou la communication. Ou tout autre terme encore. Au lecteur d’y rêver.
Cet instrument de symbolisation est là pour susciter l’action ou camoufler l’impuissance, l’inertie. Personne n’y croit, tout le monde la veut, l’égalité.
Depuis que les hommes, associés entre eux, ont compris que les dieux étaient trop lointains pour décider de l’action quotidienne, plus tard, dès qu’ils ont su qu’ils n’étaient qu’un chaînon minuscule et temporaire dans l’histoire de l’évolution, l’égalité est devenue inexorablement leur seule définition possible.
Je suis comme tu es : fondement ultime de toute vie individuelle en société. L’égalité ? Un autre mot pour dire l’identité, la mienne et la vôtre, pour dire tu et je, moi et toi.
Lucien Sfez
Des compétitions peuvent contribuer à des crises démocratiques. Ce processus se manifeste au moins de deux façons.
D’abord les compétitions contribuent à saper les fondements des démocraties en multipliant et en aggravants les inégalités. Des exclus, ne voyant alors pas leurs situations changer, peuvent contribuer à favoriser l’avènement de régimes autoritaires qui, croient-ils par les propagandes, vont leur donner de nouvelles conditions de vie.
Ensuite les compétitions aggravent des relations entre Etats ce qui peut durcir des régimes politiques. Des pays voudront ainsi avoir d’autres moyens plus agressifs de répondre à ces compétitions et, pour ce faire, seront tentés de prendre des pentes autoritaires.
L’auteur de ce blog
5-Démocratie et complexes scientifico-militaro-industriels
Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu’elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque potentiel d’une désastreuse ascension d’un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. Nous ne devrions jamais rien prendre pour argent comptant. Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l’énorme machinerie industrielle et militaire de la défense avec nos méthodes et nos buts pacifiques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble.
Dwight D. Eisenhower(Message de ce président des Etats-Unis au moment de son départ en janvier 1961)
Ce président en 1961 était un des premiers à employer le terme de « complexe militaro-industiel. »
Il faut en réalité parler des complexes scientifico-militaro-industriels.
L’auteur de ce blog
6-Démocratie et vitesse
La vitesse absolue est le contraire de la démocratie qui suppose d’aller vers les autres, de discuter, de prendre le temps de la réflexion et de partager la décision. Quand il n’y a plus de temps à partager il n’y a plus de démocratie possible.
Paul Virilio
« Oublie une bonne part de ce que tu apprends » et « sois lent d’esprit » allaient devenir deux des meilleures réponses de Montaigne à la question du « comment vivre ? »
Sarah Bakewell
L’accélération porte atteinte à la démocratie. En effet la vitesse a quelque chose de contraire à la démocratie qui est synonyme de discussions, de temps pris pour arriver à des compromis, à des partages des décisions. Or le temps politique est court-circuité par le temps marchand, par le temps économique, par la vitesse des transactions financières. Paul Virilio affirme en particulier que « quand il n’y a plus de temps à partager il n’y a plus de démocratie possible ».Il y a donc une sorte de « désynchronisation » entre le domaine politique et le domaine économico-financier.
Dans un raccourci trop rapide (lui aussi…) on peut également affirmer que les Parlements sont court-circuités par les exécutifs plus rapides qui, eux-mêmes, sont court-circuités par les marchés financiers encore plus rapides.
Avec cette puissance et cette rapidité des marchés financiers il y a aussi une certaine désynchronisation entre l’économie réelle et l’économie virtuelle ce qui ne favorise pas la clarté démocratique.
L’auteur de ce blog
7-Droits de l’homme et démocratie
La démocratie se présente comme une recherche de fraternité accompagnée d’un refus de paternité. L’idéologie des droits de l’homme consacre la République des frères.
Jean Lacroix
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme
Je crois à l’universalité et à l’indivisibilité des droits de l’homme. Ils demeurent l’horizon vital de notre temps.
Robert Badinter
Les hommes ne naissent ni libres ni non-libres, ni égaux ni non-égaux. Nous les voulons libres et égaux dans une société juste et autonome.
Cornélius Castoriadis
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits . (…) » Cela signifie que nous sommes des êtres humains libres , égaux et qu’il faut donc lutter pour que ces libertés et ces égalités soient consacrées, préservées, développées.
L’auteur de ce blog
Je pense que, les hommes étant originaires des différents points du globe, ils ne sont pas tous sortis d’un seul homme, mais qu’ils n’en sont pas moins frères, n’ayant qu’un seul auteur qui est le soleil et une même mère qui est la terre.
Nicolas Restif de la Bretonne
La première génération de droits est celle des « droits-libertés » (droits civils et politiques). La seconde génération est celle des « droits-égalités » (droits économiques, sociaux et culturels). La troisième génération est celle des « droits-solidarités » (droit au développement, à l’environnement, à la paix). Ces trois générations non seulement doivent avancer dans leur consécration et leur application mais elles doivent s’appuyer les unes sur les autres, cela pour les personnes comme pour les peuples et les générations présentes et futures : être libres, debout et solidaires.
L’auteur de ce blog
Au-dessus du droit des Etats il y a les droits de l’homme. Ils sont au-dessus de l’Etat souverain. Il n’y a aucune souveraineté qui justifie qu’un Etat bafoue les droits individuels. Blandine Kriegel
Si je range l’impossible Salut au magasin des accessoires, que reste-t-il ? Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui.
Jean-Paul Sartre
8-Les souffles de la démocratie
La démocratie est une pratique politique et citoyenne, en construction permanente, qui met en œuvre des moyens démocratiques et aussi écologiques, pacifiques et justes.
Il s’agit
de combattre les critiques anti démocratiques(1),
de mettre en avant les vertus de la démocratie(2),
de promouvoir une conception et une pratique étendues de la démocratie(3),
de relever les cinq grands défis rencontrés par la démocratie en cette troisième décennies du XXIème siècle(4),
1-Combattre les critiques anti-démocratiques
-La critique autoritaire de la démocratie, la démocratie y est synonyme de désordre et d’inefficacité. Cette conception est inacceptable, elle peut même à la limite faire penser à une formule tristement célèbre « tout dans l’Etat, rien contre lui, rien en dehors de lui ».Au contraire au dessus du droit des Etats il y a les droits de l’homme, de la femme , de l’enfant, les droits des peuples et les droits de l’humanité.
-La critique élitiste de la démocratie, l’égalité des individus est considérée comme critiquable, il y a les élites et les autres, en particulier les ignorants, seules les élites doivent pouvoir accéder au pouvoir. Mais au nom de quoi le peuple ne peut-il s’approprier son passé comme source de courages, son présent comme celui des luttes et son avenir comme horizon de responsabilité ?
-La critique technocratique de la démocratie considère les experts comme seuls porteurs des véritables solutions au lieu de les voir comme simples donneurs d’avis proposés au pouvoir politique. Les techniciens dotés de pouvoirs déterminent-ils le bien commun ou sont-ils à son service?
-La critique fondée sur un libéralisme « sauvage » qui considère que la démocratie doit être au service du marché, sinon il faut la remettre en cause. Non ! Marché mondial cherche compétition, humanité cherche futur. La démocratie peut contribuer à remettre en cause la conversion de toute chose en argent et de l’argent en toute chose. Non , tout n’est pas à acheter ou à vendre, tout ne vaut pas tant. La démocratie peut constituer un des moyens pour passer d’une mondialisation compétitive et irresponsable à une mondialisation solidaire et responsable.
-La critique capitaliste classique qui considère que la seule démocratie valable « c’est celle du marché » alors que celle-ci est une politique de spectacle et de communication (de « la com. »), et surtout une soumission aux forces dominantes du marché.
-La critique fondée sur une forme de populisme, on critique alors souvent le principe même de la représentation au lieu de remettre en cause les mécanismes de corruption, de confiscation de la représentation et surtout de proposer une représentation réelle des citoyen(ne)s et la mise en œuvre de processus participatifs.
-La critique scientiste (la science pour la science) de la démocratie met en avant des recherches et des techniques décidés sans contre pouvoirs considérés comme des freins à la marche omnisciente omnipotente de la technoscience. Alors que la démocratie en appelle à une critique à l’intérieur de la science donnant aux citoyens leurs mots à dire sur des budgets de recherches et sur des techniques qui devraient être socialement , écologiquement et pacifiquement porteurs.
2-Mettre en avant les vertus de la démocratie
-L’humanité et la démocratie ne doivent-elles pas (éthique) ne veulent-elles pas (volontés politiques) ne peuvent-elles pas (marges de manœuvres) marcher côte à côte, se soutenir, s’interpeller, se compléter, s’incliner l’une vers l’ autre?
– La démocratie va permettre de penser et de mettre en œuvre des libertés, des égalités, des solidarités. Elle construit, elle ouvre les portes d’une pluralité de possibles fraternels.
-La démocratie c’est « l’amour de l’égalité » et « l’amour de la démocratie c’est celui de l’égalité ».
-La démocratie est une façon de discuter, de négocier dans le respect des diversités.
-La démocratie doit permettre de laisser s’exprimer des contre-pouvoirs critiques.
-La démocratie est une forme de lutte continuelle contre les abus du pouvoir. Elle en appelle aux partages des avoirs, des pouvoirs et des savoirs.
-Ne devrait-elle pas être une forme d’autolimitation personnelle et collective allant dans le sens d’une société conviviale et frugale ?
-La démocratie repose sur une concurrence officielle entre les oligarchies qui se disputent le pouvoir. Au contraire dans les régimes autoritaires il n’y a pas de concurrence officielle puisqu’il s’agit soit du parti unique soit de l’armée.
-« L’inquiétude démocratique » n’est-elle pas un dialogue avec la complexité et l’incertitude ?
-« L’invention démocratique » n’en appelle-t-elle pas aux volontés, aux imaginations, aux courages ?
3- Promouvoir une conception et une pratique étendues de la démocratie
– Au sens classique la démocratie repose sur des critères essentiels.
Il s’agit d’élections libres.
Et, si l’on veut un véritable suffrage universel , il faut entre autres instituer le droit de vote à tous les résidents étrangers.
Il s’agit aussi de médias libres, de la liberté de la presse (avec le secret des sources journalistes), de la liberté d’expression, de la liberté d’opinion, de la liberté de conscience,
d’un système judiciaire indépendant et d’une existence réelle des droits de la défense (droit à l’information en matière pénale, droit à l’assistance d’un avocat, droit au respect de la présomption d’innocence…)
La démocratie, toujours au sens strict, est également synonyme de droits de l’homme, autrement dit les libertés (droits civils et politiques), les égalités(droits économiques, sociaux et culturels). On doit aussi tenir compte des droits de la troisième génération, les droits-solidarités, ainsi comment une démocratie prend-elle en compte le droit à l’environnement et le droit à la paix ?
La démocratie en appelle aux droits d’une quatrième génération, ceux des droits de l’homme et des droits du vivant par rapport à la technoscience.
Il faut insister sur les liens étroits qui existent entre l’égalité, les luttes contre les injustices et la démocratie. La démocratie, on vient de le dire, n’est-elle pas « l’amour de l’égalité » ? Justice et démocratie ne doivent-elles pas se protéger, se compléter, s’interpeller, s’appuyer l’une sur l’autre, s’incliner l’une vers l’autre ?
-Au sens plus large la démocratie repose également sur des critères importants.
Elle doit être une démocratie économique, sociale, fiscale, sociale, culturelle, environnementale…
Autrement dit : droit à l’information, consultations, concertations, négociations doivent être consacrés et effectifs. Dans l’ensemble de ces domaines les décideurs doivent être les plus nombreux possibles .
– Au sens encore plus large la démocratie repose sur deux autres critères complémentaires.
On pense à la démocratie dans l’espace c’est-à-dire à l’instaurer et à la développer à tous les niveaux géographiques sur notre planète.
On peut aussi penser à la démocratie dans le temps, en particulier aux luttes contre l’accélération du système international et aux marges de manœuvres laissées aux générations futures. La démocratie par rapport au temps n’implique-t-elle pas deux idées fortes ?
Première idée forte : La vitesse étant un facteur de répartition des pouvoirs, des avoirs, des savoirs, une démocratie ne doit-elle pas également se définir par les luttes allant dans le sens d’un ralentissement du système productiviste ? Autant que faire se peut mettre en oeuvre un développement et un respect des « droits du temps humain. » A ce jour que pèsent les pratiques de ralentissement ? Faut-il, et si oui comment, leur donner de l’ampleur? L’idée, dans le sillage de Jean Chesneaux, d’ une Déclaration des droits des temps humains et des temps du vivant peut être porteuse.
Seconde idée forte : On connait cette pensée de Montesquieu « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser : il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. » Ne peut-on pas dire la même chose des générations présentes par rapport aux générations futures ? Si on ne leur donne pas de freins dans tel et tel domaine et si elles ne s’autolimitent pas, qu’en est-il des marges de manœuvres des générations à venir ?
Ainsi une démocratie ne doit-elle pas se définir, aussi, par le fait qu’elle agit de telle sorte que, par exemple écologiquement, les générations à venir ne soient pas objets mais sujets de leur propre histoire ? Cette perspective nous parait tellement essentielle que nous en ferons la dernière série de propositions intitulée « L’avènement d’une démocratie transgénérationnelle ».
4- Relever cinq grands défis rencontrés par la démocratie en ces premières décennies du XXIème siècle
-Le premier défi démocratique est celui des injustices. La démocratie est un ensemble de luttes perpétuelles contre les injustices.
Celles-ci sapent les fondements des démocraties en poussant d’une part aux populismes d’autre part aux répressions contre les révoltes et , par-dessus tout, en laissant une multitude de personnes dans des conditions désastreuses et de grandes souffrances.
La deuxième partie de ces articles relative aux « Moyens justes » avance de multiples propositions. Démocratie et justice doivent se tenir embrassées.
-Le second défi démocratique est celui du dessaisissement.
Dessaisissement pour une large part des citoyen(ne)s et des élu(e)s par les acteurs financiers, économiques et techno scientifiques. On peut le voir comme le défi le plus impressionnant en termes de rapports de forces.
Certains pensent que la mondialisation économique et financière ainsi que les complexes de la techno science ont « pris la place des conducteurs » qu’étaient en particulier les Etats dominants qui sont passés de la place essentielle à la place importante.
Ainsi on accuse la dictature des marchés, la régression de la démocratie a alors pour cause l’absorption du politique par l’économique et surtout le financier.
Ainsi on accuse la puissance de la techno science, par exemple le discours d’adieu du Président des Etats-Unis, Dwight D. Eisenhower le 17 janvier 1961, constitue un avertissement par rapport à l’un de ces complexes les plus puissants, le « complexe militaro-industriel ». «Le risque potentiel d’une augmentation de ce pouvoir mal placé existe et existera» prévient-il dans ce discours prémonitoire. D’un côté une techno science qui se veut sans limites, de l’autre une démocratie symbole de sociétés qui veulent se donner des limites, lesquelles devraient se ramener au respect de la dignité humaine et du vivant.
C’est ici que se situe un dessaisissement massif qui est celui d’une organisation régionale, l’Union européenne.
-Le troisième défi démocratique est celui de la confiance.
Elle s’érode ici et là , la légitimité de la classe politique est parfois mise cause .La politique qu’on rejette devient synonyme de mensonge et d’impuissance. On le dit dans une formule choc : la dictature c’est « ferme ta gueule », la démocratie c’est « cause toujours. » La confiance disparait lorsque le pouvoir fait semblant d’écouter en « communiquant » mais que rien ne change. N’écoutez pas seulement ce qu’ils disent mais regardez surtout ce qu’ils font.
La question posée par cette façon de voir les choses étant : comment faire pour que l’on tienne compte de ce que veulent les citoyen(ne)s et qu’ils puissent être parties prenantes aux décisions à travers des processus participatifs ?
-Le quatrième défi démocratique est celui de la corruption.
Celle-ci s’est étendue avec l’internationalisation de l’économie, la puissance de la financiarisation liée à des sommes souvent gigantesques, une véritable fièvre de l’argent facile peut devenir contagieuse.
Ce cancer de la corruption a tendance à atteindre de nombreux domaines à travers différents mécanismes : des entreprises peuvent être liées à des mafias, des appels d’offres peuvent être contournés, des subventions peuvent avoir des contrôles insuffisants, des profits issus des narcotiques peuvent acheter des politiques, des ventes d’armes fondées sur des contrats colossaux attisent les tentations avec un « secret défense », forme d’ obstacle à l’établissement de la vérité…
Cette corruption on peut la trouver aussi dans le financement de la vie politique qui soit est dérégulé et laisse la place à des intérêts privés qui peuvent aller contre l’intérêt général, soit est encadré par des lois qui ont beaucoup de difficultés à établir transparences, responsabilités, sanctions, lois parfois voire souvent contournées, la justice entre alors en scène avec de grandes difficultés à surmonter pour l’établissement de la vérité.
Les effets de la corruption sont désastreux : la morale est piétinée, une partie de la vie politique est gangrénée, des citoyens se détournent du vote ou cherchent des boucs émissaires, d’autres sont ruinés, quant au coût économique de la corruption il peut être lourd.
Les luttes contre la corruption sont celles de différents acteurs, en particulier des juges dans différents Etats et à des échelles plus vastes , des institutions de conventions internationales et des ONG, parmi lesquelles Transparency International (voir transparency-france.org).De façon plus radicale(en amont) et globale c’est le désarmement du pouvoir financier que nous allons préciser dans la série de propositions d’un B qui suit.
-Le cinquième défi est celui de la démocratie qui a besoin de temps or le système productiviste s’accélère.
C’est un défi moins connu et pourtant très inquiétant.
L’accélération porte atteinte à la démocratie. Paul Virilio,l’un des grands penseurs de la vitesse dans nos sociétés, écrivait » Quand il n’y a plus de temps à partager il n’y a plus de démocratie possible. » En effet la vitesse a quelque chose de contraire à la démocratie qui est synonyme de discussions, de temps pris pour arriver à des compromis, à des partages des décisions. Or le temps politique est court-circuité par le temps marchand, par le temps économique, par la vitesse des transactions financières.
Il y a donc une sorte de « désynchronisation » entre le domaine politique et le domaine économico-financier.
Dans un raccourci on peut également affirmer que les Parlements sont court-circuités par les exécutifs plus rapides qui, eux-mêmes, sont court-circuités par les marchés financiers encore plus rapides. Certains insistent désormais sur le fait que ces marchés « ne supportent pas le temps démocratique qui ne va pas assez vite » (voir par exemple Patrick Viveret, entretien Mediapart, du 19-11-2011.) Ainsi « 70% des transactions aux Etats-Unis et 50% en Europe sont réalisés par des automates. »Lorsqu’on affirme, selon l’expression consacrée, qu’il faut « rassurer les marchés », il serait plus proche de la vérité de dire qu’il faut « rassurer ces automates » affirme Patrick Viveret .On retrouve bien sûr ici la réalité de la technique qui nous échappe et qui devient autonome, réalité très présente en particulier dans l’œuvre de Jacques Ellul (voir par exemple « Le système technicien », Calmann-Lévy, 1977).
N’est-ce pas une autre forme d’atteinte à la démocratie ? Comment (re)trouver un temps citoyen(ne), comment arriver à reconquérir le temps, à « habiter le temps »(voir l’ouvrage de Jean Chesneaux ,Habiter le temps, Bayard ,1996), le passé comme expérience, le présent comme action et l’avenir comme « horizon de responsabilité » ?
-Nous devront donc ci-dessous retrouver ou trouver les moyens de répondre à ces cinq défis rencontrés par la démocratie :
Désarmer le pouvoir financier. Remettre à leurs places le marché et la techno science. Remettre en cause les mécanismes de corruption. Construire la légitimité et la confiance. Lutter contre les injustices. Reconquérir le temps…
(Pour les moyens démocratiques proposés voir sur ce blog « Moyens démocratiques. »)
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