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au trésor des souffles

Environnement III

Apocalypses écologiques: La détermination d’un contre-mécanisme puissant et rapide (III)

 La détermination d’un contre-mécanisme puissant et rapide (III)

Mettre en avant un contre-mécanisme ne suppose-t-il pas  qu’il ait deux caractères essentiels, lesquels ?

 

Face à la puissance des mécanismes du système mondial  de destruction il faut un mécanisme particulièrement puissant,

Face à la rapidité de la dégradation de l’environnement et face à la lenteur des remises en cause de ce système autodestructeur il faut un mécanisme particulièrement rapide.

 Puissance et rapidité, voilà certainement les caractères vitaux de ce contre-mécanisme.

 

Choisir un acteur puissant et rapide c’est le faire au milieu d’un système mondial composé de multiples acteurs dont les réactions sont variables face à l’autodestruction crées par le  productivisme  et par rapport à la construction d’un monde viable. Il faut donc entrer dans la complexité des réactions des acteurs face à la débâcle écologique et à la construction de ce  monde viable(A). 

 

Choisir un acteur c’est le faire parce que l’on pense qu’il va pouvoir contribuer à créer des contre-mécanismes et en faciliter ou activer d’autres.  Ses  caractères sont-ils bien ceux de la puissance et de la rapidité ? Si c’est le cas  comment se traduisent  cette puissance et cette rapidité, au service de qui et de quoi se trouvent-ils  et devraient-ils se trouver ? (B)

En fin de compte peut-on déterminer les  critères d’une gigantesque reconversion financière ? ( C)

 

A-La complexité des réactions des acteurs face à la débâcle écologique et à la construction d’un monde viable. 

 

Dans le trio capitalisme-productivisme-anthropocène  ce système   a un « cœur » et une « armature » ,  cela  comme une machine infernale(1).

Au-delà peut-on déterminer  le schéma général de fonctionnement des acteurs et dans leurs reproductions du système mondial et dans leurs remises en cause de celui-ci?(2)

Qu’en est-il de l’ensemble des acteurs   face aux catastrophes écologiques ?(3) Cette question ne peut-elle éclairer la place de l’acteur que nous voulons déterminer ?

 

1-Dans le trio capitalisme-productivisme-anthropocène  ce système d’autodestruction  a un « cœur » et une « armature » ,   cela  comme une machine infernale.

Nous en avions fait la démonstration par rapport non pas à l’environnement mais à la paix dans nos deux ouvrages sur la course aux armements ( « Construire la paix »,éditions La Chronique sociale,1998).

 -Le « cœur » de la machine infernale est constitué par les acteurs essentiels qui  s’appellent    les marchés financiers,  les firmes géantes, les complexes de la  techno-science .

-« L’armature » de la machine infernale est constituée par les  acteurs importants qui s’appellent   les deux cents Etats (très inégaux en particulier en puissance), les organisations internationales et régionales, les organisations non-gouvernementales, les complexes médiatiques, les collectivités territoriales et tous les autres acteurs (administrations , juridictions etc…).

 Ces acteurs   se  situent dans un monde avec une  croissance démographique toujours explosive (227.000 personnes chaque jour en excédent de population, c’est-à-dire les naissances moins les décès), une urbanisation vertigineuse  du monde(le monde s’urbanise, se mégapolise, se bidonvillise, se fragilise) et une consommation  encore effrénée d’énergies fossiles  ( 84,3% du total de l’énergie consommée dans le monde en 2019 ).

 C’est à l’intérieur de ce système mondial  que vivent, survivent et meurent les acteurs humains (personnes, peuples, générations).

 C’est également  à l’intérieur de ce système mondial que vivent survivent et meurent les espèces animales et végétales qui, avec les humains, constituent le vivant.

 

2-Le schéma général de fonctionnement des acteurs

Il nous semble qu’ici et là les acteurs fonctionnent sous trois formes : 

-Des résistances et des pratiques alternatives de plus en plus nombreuses «  à la base »   par des personnes, des associations, des mouvements, d’autres  acteurs ,  cela sous les pressions des catastrophes et  en résistances aux logiques productivistes humanicides et terricides,

– Des discours , des réformes et quelques remises d’importances très variables, aux « sommets » des différents niveaux géographiques, sous les pressions   et des catastrophes  et de la base,

Des fissures « au cœur » des logiques du productivisme, celles des marchés financiers, du marché mondial, de la techno science, sous les pressions et des catastrophes  et  de la base et du sommet ,

 -Sans compter  les arrivées des improbables, des imprévus et des imprévisibles pour le pire, l’entre-deux et le meilleur.

 

3-Les réactions de l’ensemble des acteurs   face aux catastrophes écologiques.

Viennent-ils au monde ces contre-mécanismes puissants qui seront les produits de l’ ensemble   des acteurs, dont les  Etats , la société civile et beaucoup d’autres … et les produits  aussi des catastrophes écologiques ?  

a – L’espoir de suites porteuses  de ce que certains considèrent comme un « premier pas », réside donc, une fois de plus,  dans l’ensemble des acteurs à tous les niveaux géographiques : des  Etats qui continueront à négocier, des collectivités, des  entreprises, des ONG ,des citoyens, des peuples…  qui amorceront  des  transitions énergétiques et, de façon plus globale, qui mettront en œuvre des moyens démocratiques, justes, pacifiques  et écologiques…

 L’espoir de la suite de ce que certains considèrent comme un « premier pas », réside donc, encore une fois,  dans l’ensemble des acteurs.

 

 b Les  Etats qui continueront à négocier dans les COP à venir et dans d’autres lieux de gouvernance  par exemple à l’OMC.

Un rappel : en  2018  la part des plus grands émetteurs était la suivante

Chine 28,1%,  Etats-Unis 15, 2% ,  à eux deux 43,3% des émissions mondiales  des gaz à effet de serre.

UE 10,3%,  Inde 7,3%,  Russie 4 ,6%,  Japon 3,4 %.En 2019 l’Inde se retrouve à la troisième place devant l’UE .Dans l’UE l’Allemagne est le pays le plus émetteur.  

Rappelons que par habitant on trouve en tête le Qatar, le Koweït  et l’Arabie saoudite. Viennent  ensuite le Canada, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Chine , la France.

Le rôle des Etats  peut être  essentiel dans les temps à venir par rapport au pouvoir financier pour commencer par  des réformes et aller vers des remises en cause.

– Ces espoirs et d’autres  que certains placent dans les Etats se réduisent pour certains  comme une peau de chagrin. On pense alors qu’ils peuvent et qu’ils  doivent  continuer à négocier,  mais c’est à la société civile de « bouger et de faire bouger. »

 

 c -Egalement, certains le pensent, une partie du monde financier qui pourrait se détacher des énergies fossiles et se tourner vers les énergies  renouvelables.

Peut-être  aussi le rôle de forces , lesquelles ( ? ) , qui pourraient exister dans ces mondes financiers ?  On trouve par exemple des banques qui se veulent éthiques et liées au développement durable, encore faut-il des mécanismes de contrôle des objectifs proclamés..

 d– Bien sûr des collectivités territoriales, des  entreprises et des acteurs  de la société civile (ONG , citoyens,  syndicats, mouvements sociaux) ,le rôle de fondations engagées, qui amorceront la transition énergétique, qui lancent et lanceront diverses alternatives qui pourront se rencontrer ici et là. C’était la première fois dans l’histoire du Limousin qu’un mouvement associatif Alternatiba les 12 et 13 septembre 2015 avait  réuni autant de participants…

 

 e-Des marches pour « Sauver le climat « se multiplient, des grèves de classes à partir de janvier 2019 voient le jour une fois par semaine dans certains pays. Si on atteignait des chiffres gigantesques  de jeunes sur la planète ,  en révolte non-violente,  résistante et constante, celle-ci pourrait avoir une influence importante.

 

f-Ne pas sous-estimer les juridictions qui  , de plus en plus  saisies en particulier par des associations  et des citoyens ,  demandent des comptes aux Etats quant à  l’exécution de leurs obligations nationales et internationales, entre autres exemples  aux Pays-Bas en 2018 et en France  en 2020.

g -Le rôle  des catastrophes écologiques, diffuses ou violentes, n’est pas à sous-estimer. Elles  peuvent entrainer des mécontentements voire des révoltes  de populations, des pressions sur les gouvernements, encore faut-il en arriver aux remises en cause nécessaires, ici et là  peut-être des populations  pousseront-elles  à  tirer des pédagogies véritables de différentes  catastrophes ?

Une  véritable pédagogie des catastrophes écologiques n’est pas évidente, elle suppose que l’on s’attaque non seulement à leurs  manifestations mais  aux aussi à leurs causes.

D’autre part,  pour paraphraser Jean Rostand à propos des armes nucléaires, ne pas oublier que  la survenance  de catastrophes écologiques de plus en plus gigantesques pourrait finir par avoir pour effet…qu’il  n’y aurait plus grand monde pour en tirer des leçons.  

 ( Voir «Les catastrophes écologiques et le droit : échecs du droit, appels au droit », sous la direction de Jean-Marc Lavieille, Julien Bétaille et Michel Prieur , sont publiés aux éditions Bruylant, 2011, ils comprennent trente quatre communications .

Voir aussi « Les changements environnementaux globaux et les droits de l’homme », sous la direction de Christel Cournil et de Catherine Fabregoule, Bruylant, 2012.)

B-L’ acteur  dominant : des finances qui  dominent le monde.  

Les critères du choix de l’acteur : puissance et rapidité(1).

Des  marchés   financiers,  les plus riches du monde(2).

Comment avoir une idée des  ordres de grandeur  des mondes financiers du système mondial contemporain ?(3) Avoir une idée de certaines sommes gigantesques est essentiel pourquoi ?D’abord il faut savoir où se trouvent ces fonds et  quel ordre de grandeur ils   représentent . Ensuite de quelles inégalités ils   s’accompagnent.

 

1-Les critères du choix de l’acteur : puissance et rapidité.

Si l’on prend pour critère la puissance voilà donc sans aucun doute possible le domaine financier. C’est lui qui a peu à peu dominé l’ensemble des autres domaines, même celui de l’économie. On le retrouve certes à tous les niveaux géographiques mais c’est bien sûr au niveau mondial que se développe la financiarisation de la vie internationale.

On le sait par rapport au critère de la rapidité quoi de plus rapide qu’une partie du domaine financier qui réagit à très court terme voire à la seconde et la nanoseconde ?

 

2-Des  marchés   financiers,  les plus riches du monde.

 Ces marchés financiers comprennent six classes d’actifs : le marché actions, le marché obligataire, le marché monétaire, le marché des dérivés, le marché des changes, le marché des matières premières. Deux chiffres symboliques de cette force : les transactions quotidiennes(!) sur le seul marché des changes étaient de 5100 milliards de dollars en avril 2016  , près de 7000 milliards de dollars  chaque jour  en 2020.

Les Etats à ce jour (janvier 2022) n’ont pas (encore ?) les volontés massives et radicales de faire face aux nouveaux conducteurs de la planète, les marchés financiers, de  plus en plus puissants cela depuis le 15 août 1971 , c’est cette  fin de la convertibilité du dollar en or  qui a contribué à  précipiter  la spéculation internationale  sur les monnaies et amplifié  depuis 50 ans (1971-2021) la puissance des bourses, des banques, des marchés financiers, des paradis fiscaux….

Les liens entre des Etats, des firmes multinationales et les marchés financiers contribuent à transformer  l’ensemble en géants, mais ne s’agit-il pas de  géants aux pieds d’argile dans la mesure où, en fin de compte, des logiques autodestructrices (terricides et humanicides )  sont à l’œuvre ?

 Avoir une idée de sommes existantes dans le système mondial voilà qui permettra de comprendre aussi  ce qu’est le gigantisme financier porteur de terribles injustices.

 

3- Une idée des  ordres de grandeur  des mondes financiers du système mondial contemporain.

a-Quelques remarques générales essentielles.

Proposer une liste  de sommes très différentes dans leur nature et leur ampleur  peut contribuer à faire prendre conscience du gigantisme de certaines et de la faiblesse d’autres.

 Et de multiples écœurements et révoltes éclatent quand on compare certaines sommes à d’autres. « Il n’y a d’humanisme que celui des hommes révoltés  » écrivait Albert Camus.

   Cet aperçu des « ordres de grandeur »  se fera  en  dollars (exceptionnellement en euros , 1 euro égal 1,14 dollar le 4 janvier 2022) .

 L’année de référence  choisie est celle de 2020, lorsqu’on ne précise pas c’est d’elle dont il s’agit,  sauf exceptions que nous signalerons.

Nous partirons de sommes titanesques(b)  pour aller vers des sommes énormes(c) puis terminer par des sommes dérisoires(d), scandaleusement dérisoires par rapport à des besoins criants.

Cette  liste n’est bien sûr pas exhaustive et  les sommes choisies le sont souvent en comparaison avec d’autres… ce qui n’est pas neutre. D’autres auraient établi des listes différentes en passant sous silence certaines réalités et en mettant en avant d’autres chiffres.

N’oublions pas aussi l’imprécision de certaines sommes, il s’agit d’évaluations qui ont ou bien une certaine  part d’incertitude ou bien qui sont très incertaines, ainsi de certains domaines difficiles à vérifier (drogues, évasions fiscales…)

Enfin  rappelons ,   si besoin était, que derrière ces chiffres et avec eux se trouvent  avant tout des personnes , des peuples et des générations.

 

b-Parmi les sommes les plus titanesques :

 

Un des marchés financiers, celui   des devises, en 2020 est de 7000 milliards de dollars traités chaque jour, soit 2.555.000 milliards de dollars par an .

 Les dettes publiques  mondiales   en 2020 sont de l’ordre de 62500 milliards de dollars, les dettes publiques et privées  mondiales  sont fin 2020 de l’ordre de 280.000 milliards de dollars .

Le PIB mondial est de 85.000  (Etats-Unis 20500, Chine 16500, Japon 5000,Allemagne 4000,Royaume-Uni 3200, France 3100,puis viennent tous les autres pays et , à la fin,15 pays entre 1 et 2milliards de dollars , enfin 15 pays à moins de 1 milliard de dollars.

Selon les listes établies les 30 à  60 ( ?) paradis fiscaux renferment entre 20.000 et 40 .000 milliards de dollars, on admirera l’imprécision impressionnante de ces sommes gigantesques  à l’abri, dont une partie( ?) est blanchie après de multiples trafics d’argent sale.

Les comptes des seniors américains(le trésor des « baby boomers ») très riches serait  de l’ordre de  30.000 à 60.000 milliards de dollars.

Le gestionnaire américain d’actifs Black Rock  gère 6000 milliards de dollars et réalise un bénéfice de 4 milliards.

Le chiffre d’affaires cumulé des 500 premières entreprises les plus riches du monde est de 35.000 milliards de dollars.

Le commerce annuel mondial des marchandises  est de près de 20.000 milliards de dollars.

La valeur cumulée des quatre GAFA (Google, Apple,Facebook,Amazon ) est de  près  de 6000 milliards de dollars.

La course aux armements  est de 2000 milliards de dollars, soit 5,5 milliards par jour,  les seuls Etats-Unis  représentent 39% de ce total soit 780 milliards de dollars.

La capitalisation boursière d’Apple, le fabricant de l’iPhone,  en janvier 2022 , est de 3000 milliards de dollars.

La capitalisation cumulée du CAC 40 est de  près de 1900 milliards de dollars.

Entre 2008 et 2017, selon la Cour des comptes européenne,  les banques ont reçu des Etats membres de l’UE   1459 milliards d’euros d’aides  publiques  .

Le plan aux Etats-Unis en 2021 est de 2650 milliards de programme de dépenses publiques dont 56%sont destinés à lutter contre le réchauffement climatique.

 

c-Parmi les sommes  énormes   :

Le plan de relance européen de juillet 2020 est de 750 milliards d’euros   en subventions(390) et prêts(360)  pour les Etats, empruntés surtout sur les marchés financiers.

Le chiffre d’affaires annuel  des dix premières entreprises du monde est, selon l’importance de ces entreprises , de  200 à 2000 milliards de dollars,

L’évasion fiscale est de l’ordre de  400 à 500 milliards( ?) de dollars chaque année.

Le chiffre d’affaires mondial de la drogue serait de 200 milliards de dollars( ?) et le blanchiment d’argent sale de 150 milliards  de dollars( ?).

Le budget de l’UE  pour cinq ans(2021-2027) est de 1074 milliards  d’euros , soit  215 par an .

Le démantèlement jusqu’en 2050 de la centrale accidentée de Fukushima est de l’ordre de 200 milliards de dollars.

La mise à niveau des réacteurs nucléaires en France est  de 50 (selon EDF) à 100(selon la Cour des comptes) voire 200 milliards d’euros (selon Greenpeace).

Les dix plus grandes compagnies aériennes ont reçu 63 milliards de dollars de subventions entre mars et septembre 2020.

La loi de programmation militaire votée en 2018 allant jusqu’à 2025 pour la modernisation de l’arme atomique française repose sur un budget de 37 milliards d’euros.

Le coût du projet ITER (réacteur expérimental à fusion nucléaire) qui associe 35 pays de 2007 à 2035) en 2001 était de 5 milliards d’euros, en 2019 de 20 milliards d’euros.

Le réacteur pressurisé européen de Flamanville  11 milliards d’euros.

Le capital souscrit de la Banque centrale européenne( BCE) est de près de  11 milliards d’euros.

Le programme des six sous-marins d’attaque français  est de 9 milliards d’euros ( 2019 à 2029)

Le total des  transferts de joueurs de foot en 2018   est de 7 milliards de dollars.

Le  coût d’un porte-avions français selon son importance  se situe  entre 3 et 4 milliards d’ euros .

La construction d’un avion de combat Rafale est de 53 millions d’euros. L’Egypte, en 2015, a commandé 24 avions Rafale pour 4,5 milliards d’euros, le Qatar 24 avions pour 6,3milliards d’euros,  l’Inde, en 2016, 36 avions pour   près de 8 milliards d’euros ,   la  Grèce, en 2020, 18 avions pour 2,5 milliards d’euros.

 

d-Parmi des sommes souvent scandaleusement dérisoires par rapport aux précédentes et à des besoins criants :

 

On constate ,   en juillet 2021 selon l’Agence internationale de l’énergie, que l’ensemble des plans de relance post-Covid, de l’ordre de 2300 milliards de dollars, consacrent seulement 46 milliards soit 2% aux énergies propres ce qui est dérisoire, c’est donc le contraire d’une reconversion massive vers des besoins environnementaux vitaux.

 

Les pays développés se sont engagés en 2009 (Conférence de Copenhague) puis en  2015 (Accord de Paris sur le climat) à réunir à partir de 2020 chaque année  100 milliards  de dollars pour aider les pays pauvres à « s’adapter » aux changements climatiques et à « l’atténuer. » Pour l’année 2020 il manque déjà  20 milliards de dollars.

 Nous pensons que  cette somme de 100 milliards  de dollars  est  scandaleusement dérisoire, elle a été   déterminée il y a déjà treize ans(en 2009)  mais , surtout,  elle est dérisoire par rapport à l’aggravation galopante des situations environnementales , elle devrait être  au moins  très certainement  au moins de l’ordre de dix   fois plus   importante ,    puis rapidement de plus en plus  gigantesque dans le temps, les périls (drames et menaces) sont et vont être d’une ampleur terrible tant pour « l’atténuation » que pour « l’adaptation »face aux changements climatiques.

 

Quelques exemples, venant à l’esprit  et au cœur, d’une absence de planification abyssale ,  coupable et  irresponsable  :

La communauté internationale des Etats  a-t-elle  déterminé et planifié financièrement les réinstallations de grandes villes envahies par les eaux ?  Non  .

La communauté internationale des Etats a-t-elle  déterminé et planifié  financièrement  la création d’une puissante, rapide et omniprésente  assistance écologique internationale lors des catastrophes ? Non.

La communauté internationale des Etats a-t-elle  déterminé et planifié financièrement la mise en œuvre de chantiers internationaux  de régions écologiquement sinistrés ?  Non .

« Voir loin et clair »  aimait dire Théodore Monod…

Nous arrivons à d’autres sommes scandaleusement dérisoires qui  font exploser nos révoltes .   « Je me révolte donc nous sommes » écrivait Camus . Laissons la parole à un journaliste Ben Camara dans ce texte poignant   :

« (…) Il faut recoller l’espace, remodeler la Terre , pour taire ces Somalies du monde, pour le rire des enfants de la Terre.

 Mon âme se voile devant tant de haine distillée, tant d’amour perdu et je cherche comme un berger les lueurs que l’aube ne trahira pas. Ici et  maintenant , la main tendue vers l’autre monde , j’attends la renaissance sous les toits de la Terre mère.

Chaque jour mon cœur brûle devant tant de spectacles et mes yeux s’éteignent de leurs larmes innocentes. Et ma révolte contenue explose pour des horizons meilleurs. »

 

Le budget de l’Unicef (le Fonds des Nations Unies pour l’enfance)  en 2019  était de  2 milliards de dollars. Merci les Etats, merci les marchés financiers, les enfants du monde vous remercient. Le budget  des Nations Unies pour 2020 est de près de 3 milliards de dollars. Cent fois moins que le chiffre d’affaires d’une grosse multinationale, bravo  les  Etats ,   bravo le marché mondial , les générations présentes et futures vous remercient.

Le budget bi annuel de la FAO (alimentation, agriculture)  pour 2022 et 2023 est de 3 milliards de dollars. C’est l’une des sommes la plus dérisoirement  écœurante ,   ceux et celles qui souffrent ou meurent de sous-nutrition et de malnutrition  remercient  les richesses du monde. Productivisme qui est à la source de malheurs évitables.

Le PAM (Programme alimentaire mondial) n’a pas de budget ordinaire alimenté par des contributions obligatoires des Etats. Il dépend  des contributions volontaires de ses donateurs, principalement des gouvernements. Le PAM est parvenu   à mobiliser en 2019 un montant  de  8 milliards de dollars. Les besoins de financement du PAM en 2020 s’élevaient  à près de 11 milliards de dollars, en  augmentation avec des  crises humanitaires majeures (Syrie, Yémen, Soudan du Sud).Ce devrait être un des budgets les plus gigantesques face à ce drame de la faim,  on en est si loin.  Ecœurant, révoltant.

 Le budget biannuel de l’UNESCO (  éducation ,  science, culture)  est de  550 millions  de dollars. Les 260 millions d’enfants non scolarisés en 2018  remercient les Etats membres de leurs efforts incommensurables.

Le budget de Greenpeace est de 340 millions de dollars.

Le budget du Fonds mondial pour la nature (WWF international) est de 200 millions de dollars .

Des fonds enfin   gigantesques  devraient aller alimenter  ces deux ONG  et tant d’autres, cela avec la reconversion vers ces besoins criants  de l’ensemble du vivant.

La construction d’un hôpital de type « Santé pôle de Seine et Marne » est de 194 millions  (avec 510 lits côté  hôpital, 734 côté clinique). On peut calculer ce que tout ou partie du   programme des six sous-marins d’attaque français   9 milliards d’euros  ( 2019 à 2029)  représenterait en budget santé.  Les soignants et les malades apprécieraient-ils   le calcul ?

 

4- De quelques  inégalités criantes dans le monde qui accompagnent la domination financière.

Parmi les inégalités criantes et massives celles relatives au détriment des plus pauvres et des femmes.

a-De quelques inégalités globales massives.

Deux réalités parmi d’autres  en 2019 

 1 % de la population  possède près de la moitié  de la fortune mondiale

 1% est responsable de deux fois plus d’émissions de CO2 que la moitié la plus pauvre de l’humanité.

Le rapport d’Oxfam 2021 est particulièrement terrible. Nous reproduisons le passage qui suit :

« Quand l’ultra-richesse prospère au détriment des plus pauvres et des femmes. »

-« Les chiffres de l’indécence : des inégalités mondiales hors de contrôle. »

« Dans son nouveau rapport, Oxfam s’est attachée à calculer les inégalités mondiales pour mieux les dénoncer. Et les chiffres donnent le vertige, mettant en lumière un fossé abyssal entre une minorité d’ultra-riches et le reste de l’humanité. Les femmes et les filles sont les premières à payer le prix de ce système économique injuste et défaillant. Dans ce constat, la France est loin d’être épargnée et s’engage elle-aussi sur la voie des inégalités croissantes.

« Des écarts entre les riches et les pauvres qui donnent le vertige

« Les chiffres que fait paraître Oxfam dans son rapport “Celles qui comptent” illustrent à eux-seul l’ampleur des inégalités mondiales :

« -La richesse des 1% les plus riches de la planète correspond à plus de 2 fois la richesse de 90 % de la population mondiale, soit 6,9 milliards de personnes.

« -Les milliardaires du monde entier, qui sont aujourd’hui au nombre de 2 153, possèdent plus de richesses que 4,6 milliards de personnes, soit 60% de la population mondiale.

« -Les deux tiers des milliardaires tirent leur richesse d’un héritage, d’une situation de monopole ou de népotisme.

« -Dans le même temps, près de la moitié de la population mondiale, soit près de 3,8 milliards de personnes, vit toujours avec moins de 5 dollars par jour. Le rythme de réduction de la pauvreté s’est ralenti de moitié depuis 2013.

« L’accaparement des richesses mondiales par une minorité se fait au détriment des plus vulnérables, bien plus nombreuses et nombreux, qui se voient piégé-e-s dans la plus grande pauvreté. »

 

b-« Les femmes et les filles, grandes perdantes d’une économie injuste et sexiste. »

« Dans son rapport, Oxfam met particulièrement en lumière les conséquences de ce système économique sur les femmes et les filles :

« -Dans le monde, les hommes détiennent 50 % de richesses en plus que les femmes.

« -Les femmes représentent les deux tiers des travailleurs dans le secteur du soin.

« -Les femmes assurent plus des trois quarts du travail domestique non-rémunéré. Ménage, cuisine, gestion du budget, soin des proches, collecte de bois et d’eau dans les pays du « Sud », la valeur monétaire de ce travail représente au moins 10 800 milliards de dollars chaque année, en prenant en compte celui réalisé par les femmes de 15 ans et plus. C’est trois fois la valeur du secteur du numérique à l’échelle mondiale !

« -Dans le monde, 42 % des femmes ne peuvent pas avoir un travail rémunéré en raison de la charge trop importante du travail domestique et de soin qu’elles doivent porter chez elles. »

Ainsi face à l’ampleur de certaines  sommes énumérées plus haut et face aux inégalités terribles du système mondial, une ardente obligation saute aux yeux pourvu qu’on les ouvre. Si deux des plus grandes urgences et deux des plus grandes remises en cause  s’appellent la santé et l’environnement c’est donc vers elles que doit se tourner en un mouvement massif la grande reconversion financière.

 

C-Les trois critères d’une gigantesque reconversion financière

Face aux mécanismes autoritaires, injustes, anti écologiques et violents  qui constituent la plus grande part du  système mondial , doivent voir le jour  des contre-mécanismes démocratiques, justes, écologiques et pacifiques, du local au mondial en passant par le national et le continental.

 L’un d’entre eux pourrait  être extraordinairement porteur et peut-être décisif. Lequel ?

(J’ai depuis longtemps aimé ce terme de « reconversion », depuis 1988 ( date de mes deux ouvrages « Construire la paix », éditions La Chronique sociale) j’ai beaucoup écrit sur les « reconversions des industries d’armements » et  sur « les reconversions  des recherches scientifiques relatives aux  armes de destruction massive. »)

 Ici il s’agit de ce que  l’on pourrait appeler  une « gigantesque reconversion   financière » qui est liée au désarmement financier.

« Désarmement » et « reconversion » marchent tous deux côte à côte, ils se protègent, se complètent, s’inclinent l’un vers l’autre. 

Le désarmement financier  doit contribuer à remettre à leur  place les marchés financiers  qui dirigent le système mondial au détriment des Etats et des peuples.

La reconversion financière doit  orienter ces gigantesques richesses vers l’ensemble des besoins criants et d’abord ceux de l’environnement et de la santé. 

Nous entendons ainsi  par  gigantesque  reconversion financière  la mise en œuvre  de trois éléments :

1-Premier élément :

Une reconversion d’une ampleur financière inconnue jusque là, de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars.

 On est quelquefois impressionné  devant des  plans  de  l’UE de quelques centaines  de milliards d’euros   et  devant ceux des   Etats-Unis  de quelques milliers de milliards de dollars.

 Il s’agirait donc  ici de l’ordre de 10, 20,30  fois plus que ces derniers  ou beaucoup plus encore, soit 10.000 à 20.000, 30.000 milliards de dollars  ou  beaucoup plus encore. Pourquoi ?Parce que l’ampleur de la tâche est telle que de telles  sommes sont vitales.

 

2 -Deuxième élément :

Une reconversion par la création de nouveaux moyens (voir IVème article  à ce sujet) c’est-à-dire de ressources gigantesques nouvelles. Si  de nombreuses anciennes ressources subsisteront  il faudra donner le jour à de nouvelles  et donc   aller chercher ces sommes colossales  où elles se trouvent et  changer leur destination .

Beaucoup de terrien.ne.s  n’ont aucune idée de leur ampleur réelle. Il faut ajouter  que les camouflages de certaines d’entre elles  les recouvrent d’un linceul de silence difficile à remettre en cause.

 

3-Troisième élément :

Une reconversion par la priorité donnée aux  besoins vitaux ,  c’est-à-dire avant tout ceux de l’environnement et de la santé,  mais aussi ceux  de  l’alimentation, de la protection sociale, de l’accès à l’emploi, du logement, de l’éducation, cela par des remises en cause allant dans le sens d’un monde viable.

Or on constate le plus souvent le  contraire , un seul exemple parmi beaucoup d’autres :  en juillet 2021, selon l’Agence internationale de l’énergie, l’ensemble des plans de relance post-Covid, de l’ordre de 2300 milliards de dollars, consacrent seulement 46 milliards soit 2% aux énergies propres ce qui est dramatiquement dérisoire , c’est donc l’inverse qui verrait le jour , une reconversion massive vers des besoins environnementaux et sanitaires vitaux.

 

Dès lors une question est posée : Apocalypses écologiques : une gigantesque reconversion financière : comment ? (IV)