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Amour, amitié, fraternité- Textes bien-aimés
Tour à tour sont proposés les textes suivants :
Chants d’amour pour l’être aimé. Les ressorts de l’amour. Amitié. Amour des autres et
fraternité. Amour : quel sens ?
Enfin pour terminer quelques réflexions de l’auteur sur la fraternité transgénérationnelle.
Chants d’amour pour l’être aimé
Au bout de tous mes voyages
Au fond de tous les tourments
Au tournant de tous les rires
Sortant de l’eau et du feu
L’été, l’hiver je t’ai vue
Dans ma maison je t’ai vue
Entre mes bras je t’ai vue
Dans mes rêves je t’ai vue
Je ne te quitterai plus.
Paul Eluard
Quand on n’a que l’amour
A s’offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu’est notre grand amour (…)
Alors sans avoir rien que la force d’aimer
Nous aurons dans nos mains
Amis, le monde entier.
Jacques Brel
J’ai écrit ton nom sur le tronc d’un arbre mort,
Ton nom était si beau que l’arbre a refleuri…
Geneviève Imbo
Tu es ma clef de sol, de voûte, tu es mon sol, ma soute, mes deux pôles et ma poutre.
Saint Valentin, Libération
Amour contre-jour . Poussière de soleil et d’océan. Loin des plages horaires.
Saint Valentin, Libération.
2
Dans la rosée du matin : ton sourire, nos corps, notre projet, notre départ. Tu cueilles des perceneige.
Au milieu de jour sans trop nous dévorer avoir faim ensemble d’un autre monde possible
avec les autres. Je renouvelle ta rose. Le soir approche : serre moi fort…L’orchidée choisie
ensemble se penche doucement. Amour, dans d’autres paysages, ailleurs, cueillerons-nous des
perce-neige ?
Saint Valentin, Libération
Tu m’as donné la plus belle découverte de ces vingt premières années. J’en suis encore toute
étonnée et émue.
Saint Valentin, Libération
Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir se mirer(…)
Louis Aragon
Car le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire.
Etienne de la Boétie
(…)J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché
avec ton fantôme
qu’il ne me reste plus peut-être et, pourtant,
qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus
ombre cent fois
que l’ombre qui se promène et se promènera
allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.
Robert Desnos
J’ai tout appris de toi
Jusqu’au sens du frisson .
Louis Aragon
J’entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde.
Paul Eluard
Si mon coeur
Etait une fleur
J’aimerais que son parfum
Au petit matin
T’embrasse
Et t’enlace
Dans tes draps blancs
Sous le chant
3
D’une mésange
Perchée sur une pervenche.
Anonyme
Un mandarin était amoureux d’une courtisane. « Je serais à vous, dit-elle, lorsque vous aurez
passé cent nuits à m’attendre assis sur un tabouret, dans mon jardin, sous ma fenêtre. » Mais à
la quatre-vingt-dix-neuvième nuit le mandarin se leva, prit son tabouret sous son bras et s’en
alla.
Roland Barthes
( Commentaire de l’auteur du blog : peur de décevoir, ou d’être déçu, ou volonté de ne pas se
soumettre, ou refus de rencontrer une femme autoritaire, ou une autre femme entrevue partie
devant lui et qu’il se met à suivre, ou peur d’attraper froid ,ou mal aux fesses, ou s’est dit qu’il
n’avait pas éteint la lumière chez lui ou … ? )
D’emblée nous fûmes passionnément, gauchement, franchement, atrocement amoureux;
désespérément devrais-je dire aussi, car nous n’aurions pu apaiser ce désir de possession
mutuelle qu’en nous imprégnant littéralement l’un de l’autre, en nous dévorant réciproquement
jusqu’à la dernière particule du corps et de l’âme.
Vladimir Nabokov
Nos échanges de tendresse
Sont les partages éphémères du monde.
Jacques Salomé
Les âmes se sentent-elles à ce point, si laides qu’elles préfèrent partager de fausses richesses
plutôt que d’unir de vraies pauvretés ?
Gustave Thibon
L’amour d’un être humain pour un autre c’est peut-être l’épreuve la plus difficile pour chacun de
nous, c’est l’oeuvre suprême dont toutes les autres ne sont que les préparations.
Rainer Maria Rilke
L’amour ne donne que de lui-même et ne prend que de lui-même. L’amour ne possède pas et
ne veut pas être possédé, Car l’amour suffit à l’amour.
Khalil Gibran
Tu es plus belle qu’une fleur d’abricotier arrosée de lune
Tu es toutes les fleurs, tous les parfums, tu es la splendeur du monde. Lorsque je pense à toi je
n’envie plus les dieux.
Chen-Teuo-Tsan
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Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers dont l’air est embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire
Tout dise: « ils ont aimé! ».
Alphonse de Lamartine
L’amour n’a qu’un mot il le redit sans cesse et il ne répète jamais, c’est l’amour.
Frédéric-Marie Bergounioux
Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux
Et d’étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Charles Baudelaire
Si je savais trouver des choses de poète
En dirai-je plus – réponds moi –
Que lorsque je te tiens ainsi, petite tête,
Et que cent fois et mille fois
Je te répète éperdument et te répète :
Toi ! Toi ! Toi ! Toi !
Paul Géraldy
Il y aura toujours un couple frémissant pour qui ce matin-là sera l’aube première.
Louis Aragon
La très chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont dans les jours heureux les esclaves des Maures. (…)
Et son bras et sa jambe et sa cuisse et ses reins
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins,
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
S’avançaient, plus câlins que les anges du mal
Pour troubler le repos où mon âme était mise
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s’était assise.
Charles Baudelaire
Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce ?
Un serment fait d’un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer.
5
C’est un secret qui prend la bouche pour l’oreille
Un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille…
Edmond Rostand
Amants, quand aux lèvres l’un de l’autre vous vous portez comme pour boire.
Rainer Maria Rilke
Et je sens des baisers qui me viennent aux lèvres…
Arthur Rimbaud
C’était le jour béni de ton premier baiser.
Stéphane Mallarmé
Je serai à vous jusqu’au dernier soupir.
Anne d’Autriche
Il fallait bien qu’un visage
Réponde à tous les noms du monde
Paul Eluard
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée
Et son teint au vôtre pareil.
Pierre de Ronsard
Tes deux seins sont comme deux faons, jumeaux d’une gazelle, qui paissent au milieu des lis.
Le Cantique des cantiques
Mets-moi comme un sceau sur ton coeur,
Comme un sceau sur ton bras ;
Car l’amour est fort comme la mort,
La jalousie est inflexible comme le schéol,
Ses traits sont des traits de feu
Une flamme de Yahvé.
Le Cantique des cantiques
M’aimerez-vous en décembre comme en mai
M’aimerez-vous de cette bonne vieille façon
Quand mes cheveux
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Seront devenus gris
M’embrasserez-vous
Alors et direz-vous
Que vous m’aimez
En décembre comme en mai ?
James J. Walker
Moi je t’offrirai
Des perles de pluie
Venues de pays
Où il ne pleut pas
Jacques Brel
Les grandes eaux ne sauraient éteindre l’amour,
Ni les fleuves le submerger.
Le Cantique des cantiques
Que tu es belle, que tu es charmante,
Mon amour au milieu des délices !
Ta taille ressemble au palmier
Et tes seins à ses grappes.
Le Cantique des cantiques
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre et m’aime et me comprend.
Paul Verlaine
Donne moi tes mains pour l’inquiétude
Donne moi tes mains dont j’ai tant rêvé
Dont j’ai tant rêvé dans ma solitude
Donne moi tes mains que je sois sauvé(…)
Donne moi tes mains que mon coeur s’y forme
S’y taise le monde au moins un moment
Donne moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement.
Louis Aragon
Les ressorts de l’amour
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Si tu veux être aimé, aime !
Sénèque
Aimer c’est partager.
Souvent entendu
Aimer ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction.
Antoine de Saint Exupéry
Aimer c’est avoir faim ensemble et ne pas se dévorer l’un l’autre.
.
Gustave Thibon
Deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant et s’inclinant l’une vers l’autre.
Rainer-Maria Rilke
Nous n’irons pas au but un par un mais par deux
Nous connaissant par deux nous nous connaîtrons tous
Nous nous aimerons tous et nos enfants riront
De la légende noire où pleure un solitaire.
Paul Eluard
L’amour c’est comme un oeuf. Il faut savoir le prendre comme un oeuf.
Un oeuf si on le presse trop fort il casse.
Si on le prend de façon trop décontractée alors il tombe.
Si l’on sait bien le prendre il restera dans le creux de la main.
Alvania
L’amour est un art, comme la musique.
Pierre Louys
Il le faut avouer, l’amour est un grand maître : Ce qu’on ne fut jamais, il nous enseigne à l’être.
Molière
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L’absence est à l’amour ce qu’est au feu le vent : Il éteint le petit, il allume le grand.
Roger Bussy-Rabutin
On ne fait guère de paix en amour, sans que la tendresse redouble.
Madeleine de Scudéry
L’amour c’est la décision créatrice d’avoir foi dans l’autre comme capable de l’impossible.
Jean Cardonnel
Car, vois-tu, chaque jour je t’aime davantage, Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que
demain.
Rosemonde Gérard
Il existe un engrenage de la violence mais il existe aussi un engrenage de l’amour, il suffit de
s’aimer et çà fait boule de neige.
Madeleine Riffaud
Les vrais regards d’amour sont ceux qui nous espèrent.
Paul Baudiquey
C’est un amour bien pauvre celui que l’on peut calculer.
Shakespeare
La mesure de l’amour c’est d’aimer sans mesure.
Augustin d’Hippone
Entre deux individus l’harmonie n’est jamais donnée, elle doit indéfiniment se conquérir.
Simone de Beauvoir
Le sourire que tu envoies revient vers toi.
Sagesse hindoue…et universelle
9
L’expression de soi-même est indispensable à la vie du couple et il ne s’agit pas de confondre
cela avec une agressivité de mauvais aloi. S’exprimer, dire ses souhaits, ses attentes c’est le
contraire de l’immobilisme et de la paralysie. S’autoriser à exister en présence de l’autre, est
indispensable à toute vie de couple.
Jeannine Marroncle
On ne passe pas du primat de l’intimité à la passion d’autrui. Il faut se perdre à deux et d’un
commun accord pour vraiment se trouver proches, inséparables, en famille plus vaste. La
passion de tous à transformer en proches fait naître des amours qui, sans ce stimulant,
mesureraient le monde au bonheur domestique.
Jean Cardonnel
Un ami m’a demandé: “Qu’est-ce que l’amour ?” Je lui dis: “L’amour est une douceur dont le jus
est savoureux et la pâte amère”.
Les Mille et une Nuits
Car le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire.
Etienne de la Boétie
L’amour c’est l’occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde,
pour l’amour de l’être aimé. C’est une haute exigence, une ambition sans limite, qui fait de celui
qui aime un élu qu’appelle le large.
Rainer Maria Rilke
L’une de nos réelles sources de joie réside dans cette compréhension charnelle qu’est la
sexualité pleinement assumée, dans cette amoureuse tendresse où le désir le plus vif et la plus
réelle amitié se renforcent l’un l’autre indéfiniment.
Francis Jeanson
L’amour ne donne que de lui-même et ne prend que de lui-même. L’amour ne possède pas et
ne veut pas être possédé. Car l’amour suffit à l’amour.
Khalil Gibran
Celui-là ne mourra jamais, dont le coeur ne vit que d’amour.
Hafez Shirazi
Ce qui nous manquait c’était une maison de mots où habiter ensemble. Nous étions deux
carpes enfouies dans la vase de notre vie quotidienne, nous serons désormais comme deux
truites frémissant flanc à flanc dans les eaux d’un torrent de montagne.
Michel Tournier
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Beaucoup d’hommes et de femmes ne se relèvent pas de confondre leurs battements de coeur
pour un individu avec la tragédie d’amour d’humanité. Les amoureux sont seuls au monde, pas
ceux qui aiment .
Jean Cardonnel
Amitié
Ainsi le vieux bois pour brûler, de vieux livres pour lire, de vieux vins pour boire, de même il est
préférable de posséder de vieux amis.
Frank Lloyd Wright
On connaît une bonne source dans la sécheresse et un bon ami dans l’adversité.
Proverbe chinois
Le froncement de sourcils de l’ami vaut mieux que le sourire de l’ennemi.
Proverbe d’Inde
Ce n’est pas à table mais en prison que l’on sait si l’ami est bon.
Proverbe yougoslave
L’amour et l’amitié sont ce que nous avons inventé de mieux pour nous donner l’illusion de ne
pas être totalement seuls.
Orson Welles
L’amitié c’est quand les canons servent de bancs.
Julien (“Je t’écris pour la vie”, texte à Oradour-sur-Glane)
Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne peut s’exprimer qu’en
répondant: “Parce que c’était lui, parce que c’était moi.”
Montaigne parlant de son ami Etienne de la Boétie
Des bateaux j’en ai pris beaucoup
Mais le seul qui ait tenu le coup
Qui n’ait jamais viré de bord
Mais viré de bord
Naviguait en père Pénard
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Sur la grand mare des canards
Et s’appelait les copains d’abord
Les copains d’abord
Brassens
Amour des autres
Les autres ? C’est l’immense foule de ceux auxquels on se soustrait en se laissant aller à soi.
Jean Cardonnel
Le plus grand bien que nous faisons aux autres hommes n’est pas de leur communiquer notre
richesse mais de leur faire découvrir la leur.
Louis Lavelle
Il s’agit de rapprocher les hommes, de les faire devenir proches simplement, donc radicalement
(…) Rapprocher les hommes çà bouscule tout, çà dérange tout le monde uniquement parce qu’il
faut soulever les montagnes de choses qui s’entassent entre les gens et qui rendent toujours
plus ardu l’art de se rapprocher.
Jean Cardonnel
Que la pensée de la Trace se pose, par opposition à la pensée du système, comme une errance
qui oriente. Nous connaissons que la Trace est ce qui nous met, nous tous, en Relation.
Edouard Glissant
J’ai frappé à ta porte / J’ai frappé à ton coeur/ Pour avoir un bon lit / Pour avoir un bon feu /
Pourquoi me repousser ?/ Ouvre-moi mon frère ! / Pourquoi me demander/ Si je suis d’Afrique/
Si je suis d’Amérique/ Si je suis d’Asie/ Si je suis d’Europe ? /Ouvre-moi mon frère !… /Pourquoi
me demander /La longueur de mon nez /L’épaisseur de ma bouche/ La couleur de ma peau / Et
le nom de mes dieux ?/ Ouvre-moi mon frère !…/ Je ne suis pas un noir /Je ne suis pas un
rouge/ Je ne suis pas un jaune /Je ne suis pas un blanc/ Mais je ne suis qu’un homme/ Ouvremoi
mon frère !…/ Ouvre-moi ta porte/ Ouvre-moi ton coeur/ Car je suis un homme/ L’homme de
tous les temps/ L’homme de tous les cieux/ L’homme qui te ressemble !… /
René Philombé
Adieu, dit le Petit Prince. Adieu dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien
qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux.
Antoine de Saint-Exupéry
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Seigneur, faites de moi un instrument de votre paix, / Là où est la haine/ Que je mette l’amour/
Là où est l’offense /Que je mette le pardon/ Là où est la discorde/ Que je mette l’union (…) /Là
où est le désespoir/ Que je mette l’espérance/ Là où sont les ténèbres/ Que je mette la lumière/
Là où est la tristesse/ Que je mette la joie (…) /Faites, Seigneur que je ne cherche pas tant
d’être consolé/ Que de consoler, /d’être compris que de comprendre,/ D’être aimé que
d’aimer.(…) /
François d’Assise
La définition stable, locale, du prochain c’est celui-là, c’est un tel, c’est à côté. Le prochain c’est
celui qui me dispense d’aller plus loin parce qu’au delà du prochain il y a l’étranger. Aimer le
prochain çà n’engage en rien. On fait le bien et rien ne bouge. Mais rapprocher les hommes çà
bouscule tout, çà dérange tout le monde. Se rendre toujours plus proches les uns des autres.
Jean Cardonnel
Amour : quel sens ?
L’amour est l’ultime signification de tout ce qui nous entoure.
Tagore
J’ose risquer tout mon être sur un pari, un pari sur l’Amour.
Jacques de Bollardière
Mais toi, rien ne t’efface, amour !
Victor Hugo
J’appelle amour la plus haute façon d’être libre et de lutter contre la mort.
Marcel Arland
Que cette aventure des humains qui arrivent, rient, bougent, puis soudain ne bougent plus, que
cette catastrophe qui nous attend ne nous rende pas tendres et pitoyables les uns envers les
autres, cela est incroyable.
Albert Cohen
C’est pour l’amour qu’on demande, qu’on cherche, qu’on connaît. Aime donc et fais ce que tu
veux.
Augustin d’Hippone
Je n’existe que dans la mesure où j’existe pour autrui. A la limite être c’est aimer.
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Emmanuel Mounier
Je crois en la religion de l’amour où que se dirigent ses caravanes, car l’amour est ma religion et
ma foi.
Ibn Arabi
Je ne connais qu’un seul devoir et c’est celui d’aimer.
Albert Camus
La recréation, la recoloration perpétuelle du monde dans un seul être, telles qu’elles
s’accomplissent par l’amour, éclairent en avant de mille rayons la marche de la terre.
André Breton
A tous ceux, parents, amis, inconnus, qui ont transformé pour moi cette vallée de larmes en un
Paradis retrouvé,
A la vie, si belle qu’il vaut la peine de mourir pour elle.
A la mort donc, fatale épouse et inconséquente génitrice.
A l’amour enfin, maitre incontesté des lois de l’univers.
Merci.
Jacques Phytilis
Et la Terre était en fête
Et il y avait un Cantique nouveau
Et toutes les autres planètes
Habitées entendirent
Chanter la Terre
Et c’était un chant d’amour.
Ernesto Cardenal
L’amour excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L’amour ne passera jamais.
Paul de Tarse
Là où tu aimeras le mieux, là est ta vocation.
Entendu
Savoir moins et aimer plus est plus louable que de savoir plus et de ne pas aimer.
Erasme
14
On peut faire beaucoup avec la haine, mais encore plus avec l’amour.
William Shakespeare
La vie est un sommeil, l’amour en est le rêve. Et vous aurez vécu si vous avez aimé.
Alfred de Musset
Si une idée paraît avoir échappé jusqu’à ce jour à toute entreprise de réduction et, loin
d’encourir leur fureur, avoir tenu tête aux plus grands pessimistes, nous pensons que c’est l’idée
d’amour, seule capable de réconcilier tout homme, momentanément ou non, avec l’idée de vie.
André Breton
Il est dérisoire de parler d’amour, de réconciliation tout en n’attaquant pas radicalement les
structures d’injustice garanties par la violence institutionnelle.
Georges Casalis
Je puis regretter d’avoir menti, d’être la cause de ruines et de souffrances mais même si j’étais
sur le point de mourir, je ne pourrais me repentir d’avoir aimé.
Graham Green
Quand l’amour, la jeunesse, la patience ont mis les bouts, la tendresse sauve tout.
Pierre Perret
Ni l’intelligence élevée, ni l’imagination, ni toutes deux réunies ne font le génie. Amour ! Amour !
Voilà l’âme du génie.
Amadeus Mozart
Il y a seulement de la malchance à n’être pas aimé, il y a du malheur à ne pas aimer.
Albert Camus
Aimez, aimez, tout le reste n’est rien.
Jean de la Fontaine
L’appartenance au genre humain , la fraternité
Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger.
Térence
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L’égoïsme et la haine ont seuls une patrie, la fraternité n’en a pas.
Alfonse de Lamartine
Je ne suis ni Athénien, ni Grec mais un citoyen du monde.
Socrate
Tout pays est mon pays, tout homme est mon frère.
Proverbe indien
Je crois aux hommes
Solidaires dans l’aventure de l’existence
Je crois à l’amour
Qui brise la solitude, change les destins
Qualifie la vie.
Je crois à tous ces témoins d’humanité
Qui sont tournés vers l’avenir
Et qui luttent contre les forces de mort.(…)
Parents anonymes d’un livre : « Naissances en fêtes »
Rabbi Pinchas demandait un jour à ses élèves à quel moment on pouvait être sûr que la nuit
avait pris fin et que le jour avait commencé. « N’est-ce pas, dit l’un d’eux, lorsqu’on peut à
distance reconnaître un chien et un mouton ? » Non, répondit le maître. « Est-ce quand on peut
distinguer un palmier d’un figuier ? » demanda un autre. Non, répondit le maître. « Quand est-ce
donc ? » demandèrent-ils. Le Rabbi répondit : « C’est quand tu peux regarder le visage d’un
autre homme et y reconnaître celui de ta soeur ou de ton frère. Avant cela il fait encore nuit. »
Bernard Durel
Sur un sentier raide et pierreux J’ai rencontré une petite fille
Qui portait sur le dos son jeune frère.
« Mon enfant, lui ai-je dit, tu portes un lourd fardeau. »
Elle me regarde et dit : « Ce n’est pas un fardeau, Monsieur, c’est mon frère. »
Le mot de cette enfant courageuse
S’est gravé dans mon coeur
Et quand la peine des hommes m’accable
Et que tout le courage me quitte,
Le mot de l’enfant me rappelle :
Ce n’est pas un fardeau que tu portes,
C’est ton frère…
Une association, l’acat
Personne ne se libère seul, personne ne libère personne, les hommes se libèrent ensemble.
16
Paulo Freire
Nous sommes les enfants d’un monde dévasté, qui s’essaient à renaître dans un monde à
créer. Apprendre à devenir humain est la seule radicalité…
Raoul Vaneigem
Si je savais quelque chose qui me fut utile mais qui fut préjudiciable à ma famille je le rejetterais
de mon esprit. Si je savais quelque chose qui fut utile à ma famille et qui ne le fut pas à ma
patrie je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie qui fut préjudiciable
à l’Europe et au genre humain je le regarderais comme un crime.
Montesquieu
Nous avons beau monter sur des échasses on marche sur nos jambes. Et sur le trône le plus
élevé du monde on n’est assis que sur son cul.
Montaigne
Si tu diffères de moi, loin de me léser tu m’enrichis.
Antoine de Saint-Exupéry
La fraternité éteint la guerre, toutes les formes de guerre. Le service est l’âme de cette
fraternité qui construit la paix à laquelle aspire l’humanité.
Jorge Bergoglio
( …) Le rêve final sera de ramener tous les peuples à l’universelle fraternité, de les
sauver tous le plus possible de la commune douleur, de les noyer tous dans une
commune tendresse.
Emile Zola
Quelques réflexions politiques, éthiques, juridiques sur la fraternité
17
1-Quelques réflexions politiques sur la fraternité, valeur essentielle
-Quelles manifestations concrètes des fraternités et d’antifraternités ?
Les fraternités ont, entre autres, pour noms solidarités, coopérations, concordes, soutiens,
compassions, dialogues, réconciliations, dignités… Les antifraternités ont, entre autres, pour
noms hostilités, fabrications de boucs émissaires, cruautés, racismes, fanatismes, haines… Une
simple énumération de manifestations des unes et des autres nous montre un gigantesque
contenu .
-D’abord en ce qui concerne les générations passées : Par rapport à la démocratie voilà des
antifraternités antidémocratiques extrêmes tels que les totalitarismes et les génocides porteurs
encore aujourd’hui de traumatismes personnels et collectifs. Voilà au contraire des
fraternités démocratiques qui ont été mises en oeuvre, telles que des luttes pour le suffrage
universel, pour des libérations des femmes dont bénéficient les générations présentes, Par
rapport à la justice voilàdes antifraternités injustes : l’esclavage, la colonisation, le système
mondial productiviste avec ses injustices criantes, voilàdes fraternités justes : l’abolition de
l’esclavage, la décolonisation, les luttes pour la construction d’un système remettant en cause les
injustices à tous les niveaux géographiques . Par rapport à la paix, voilà des antifraternités
violentes, destructrices de patrimoines culturels , des fausses paix déjà enceintes d’une autre
guerre , des théories et des pratiques en appelant aux peurs et aux haines , à la course aux
armements, à une mondialisation injuste et irresponsable. Par rapport à la paix voilà des
fraternités pacifiques à travers des patrimoines culturels qui invitent au vivre-ensemble, de
véritables traités de paix ou d’amitié porteurs de réconciliations, de cultures et de religions
ouvertes au dialogue, de politiques tournées vers un mondialisation solidaire et responsable. Par
rapport à l’environnement voilà des anti fraternités destructrices de l’environnement :
certaines activités humaines depuis l’anthropocène, environ huit générations, entrainant des
changements climatiques et un effondrement de la diversité biologique, voilà des fraternités
protectrices de l’environnement : des luttes contre les changements climatiques, des luttes pour
la sauvegarde de la diversité biologique.
-En ce qui concerne les générations futures : sont-elles impliquées par la fraternité
transgénérationnelle ? Elles peuvent être menacées par certains effets
incommensurablement longs du productivisme des générations présentes. Certains effets
environnementaux et sanitaires (voire même financiers) ont tendance à être sans limites dans
l’espace et le temps. On détruit la liberté de choix des générations futures en lançant des
mécanismes dont il n’est pas prouvé qu’elles pourront les maitriser. On est loin d’indiens
iroquois qui, par transmission orale depuis le XIIème siècle et par une Grande loi de paix de
1720, prenaient des décisions « en tenant compte du bien-être jusqu’à la septième génération. »
Théodore Monod disait «Il faut voir loin et clair ». Mais alors que répondre à diverses formes
d’indifférences par rapport aux générations futures ? Un humoriste se demandait : «
Pourquoi faudrait-il que je me préoccupe des générations futures ? Ont-elles une seule fois fait
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quelque chose pour moi ? ».Que répondre ? Si vous ne vous intéressez pas aux générations
futures demandez-vous si les générations passées se sont intéressées à vous ? De quelles
libérations, de quelles chances, et /ou de quelles difficultés, de quelles aliénations ont-elles été
porteuses ? Si vous ne vous intéressez pas aux générations futures demandez-vous si vous
voudriez qu’elles vous transforment en objets et non en sujets de vos vies parce qu’elles
n’auraient pas su être aux rendez-vous de leurs responsabilités et de leurs fraternités personnelles
et collectives…
-Quels obstacles face à la fraternité transgénénérationnelle ?
En premier lieu le court terme du productivisme constitue l’ obstacle essentiel .
-La priorité du court terme est synonyme de dictature de l’instant au détriment
d’élaborations de politiques à long terme. Pour paraphraser Montesquieu, toute génération qui a
du pouvoir n’est-elle pas tentée d’en abuser ? Noyés dans des difficultés ou des drames du
présent on ne peut anticiper. Le court terme est lié aussi à deux autres logiques du
productivisme. D’une part la recherche du profit, synonyme de fructification rapide de
patrimoines financiers avec des opérateurs qui ont des logiques spécifiques dans lesquelles la
fraternité est absente. D’autre part la marchandisation du monde, synonyme de
transformation de l’argent en toute chose et de toute chose en argent. Voilà de plus en plus
d’activités et d’éléments de l’environnement transformés en marchandises, d’êtres humains plus
ou moins instrumentalisés au service du marché et loin de la fraternité.
-Qu’en est-il du long terme dans la fraternité transgénérationnelle ? Il implique une
acceptation de se situer dans le temps. Lorsque Hans Jonas écrit « agis de telle sorte que tes
actions soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre »il y
a bien l’idée que nos remises en cause présentes peuvent être porteuses d’une fraternité dont nous
ne verrons pas les effets. La fraternité du long terme n’appelle-t-elle pas aussi à essayer de
changer notre rapport à la mort ? L’idée de consentir à quelque chose qui nous précède et qui
va nous succéder n’est-ce pas une façon d’accepter sa propre finitude ?Est-ce que cette forme de
fraternité ne nous invite pas à essayer de changer également notre rapport à la paix, au pouvoir,
à la violence ? Nous ne disons pas aux générations futures « votre mort c’est notre vie. Ta mort
c’est ma vie » qui est le cri de la guerre, mais nous leur disons « Votre vie c’est notre vie. Ta vie
c’est ma vie. »
En second lieu La fraternité transgénérationnelle doit faire face aussi à d’ autres obstacles
importants .
-L’obstacle de la compétition, loin de la coopération. « Etre ou ne pas être compétitif » nous
dit le système mondial, si vous n’êtes pas compétitif (pays, région, ville, entreprise, université,
personne) vous êtes dans les perdants, vous êtes morts. Riccardo Petrella écrit « La logique de la
compétitivité est élevée au rang d’impératif naturel de la société ».Autrement dit l’autre est perçu
comme concurrent, adversaire, ou ennemi, çà n’est pas un frère et cela qu’il soit vivant ou à
venir. Mais alors, question importante, la compétition est-elle naturelle (plus ou moins
indépassable) ou est-elle un produit de l’histoire(plus ou moins modifiable) ?Finalement
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ceux et celles qui pensent qu’elle est historique, qu’il y a des compétitions liées aux périodes et
aux sociétés, que le productivisme pousse à une compétition omniprésente, affirment que les
solidarités, les coopérations, les biens communs, les « vivre ensemble », constitutifs des
fraternités, peuvent se développer ou voir le jour. La culture de compétition et d’agressivité ne
doit-elle pas être remise en cause par une conscience pacifique, juste, écologique de la fraternité ?
-Autre obstacle, celui de l’accélération. Quelle est sa réalité ? Elle est omniprésente dans le
productivisme à travers, par exemple, une techno science en mouvement perpétuel, une
circulation rapide des capitaux, marchandises, services, informations, personnes, accélération qui
a de multiples effets sur les sociétés et les individus. Quels sont ses effets sur la fraternité ? La
fraternité , comme la démocratie, ne demande-elle pas du temps ? Jean Chesneaux écrivait
« Notre existence se dissout dans un zapping permanent ; nos sociétés sur programmées sont
bloquées dans l’immédiat ; notre devenir historique se brouille (…) ». Oui, dès lors
comment renouer, dans le respect de la durée, un dialogue entre le présent agissant, le passé
comme expérience, l’avenir comme horizon de fraternités et de responsabilités ? Tel est ce regard
porté sur cette valeur politique d’attention aux autres dans le temps qu’est la fraternité
transgénérationnelle.
2-Quelques réflexions éthiques sur la fraternité, devoir moral.

  • En premier lieu quels sont d’abord les fondements éthiques de la fraternité
    transgénérationnelle ?
  • C’est l’appartenance à la famille humaine qui est le fondement éthique essentiel de la
    fraternité transgénérationnelle.Or la famille humaine est synonyme de plusieurs réalités qui
    ont des effets sur cette fraternité.
    D’abord l’explosion démographique. Le nombre de personnes ayant vécu sur Terre serait de
    l’ordre de 100 milliards, il y avait sept milliards d’habitants en 2011, il y aurait en principe en
    2050 de l’ordre de 9 milliards, l’explosion ralentirait ensuite puisqu’en 2100 il devrait y avoir
    10 à 11 milliards de terriens. Chaque jour 244000 personnes, en excédent de population, sont
    acteurs ou témoins des fraternités et de leurs contraires. Ainsi une question souvent abordée, en
    particulier par Claude Levi Strauss, est celle des rapports entre quantités et qualités, elle
    interpelle la fraternité. Par exemple n’est-il pas et ne sera-t-il pas plus difficile, et sous quelles
    formes, de fraterniser dans des mégapoles de plus en plus gigantesques?
    La famille humaine est synonyme aussi d’unité et de diversités. Il s’agit de rechercher l’unité
    de l’espèce humaine. « Un seul monde ou aucun, s’unir ou périr » disait Einstein. La fraternité
    transgénérationnelle ne fait-elle pas de nous des frères et des soeurs en humanité laquelle serait
    une forme de Mère ? Il s’agit également de respecter les diversités. Nous sommes ici dans des
    pratiques quotidiennes de fraternités et d’anti fraternités transgénérationnelles. Ne pas éliminer
    les différences, ne pas les exacerber, ne pas les effacer mais les respecter. Loin des dominations,
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    des ghettos, des assimilations, la fraternité correspond à un regard d’intégration, d’ouverture, elle
    reconnait des similitudes et des différences entre les personnes, les peuples, les générations.
    La famille humaine est synonyme également de lieux interdépendants où vont se vivre des
    fraternités dans le temps. Le vivre ensemble se déroule dans nos villages, nos villes, nos
    régions qui sont nos terroirs, dans nos pays qui sont nos patries, dans nos continents qui sont nos
    matries , sur notre Terre qui est notre foyer de l’humanité. Ces territoires nous aident à construire
    nos identités, à nous structurer. Mais ils ne doivent pas se refermer, devenir des fractures de
    l’humain, des administrations de peurs de l’autre, des fabriques de l’ennemi. Ils doivent se
    découvrir, s’interpeller, se compléter, s’incliner les uns vers les autres. Voilà Montesquieu
    citoyen du monde: « Si je savais quelque chose qui fût utile à ma famille mais qui ne le fût pas à
    ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et à l’Europe
    mais préjudiciable au genre humain, je le regarderais comme un crime. »Les lieux de vie, comme
    les générations, sont donc marqués par les interdépendances, n’est-ce pas un devoir moral de les
    construire dans la fraternité ?
    -Après la famille humaine, quels sont les autres fondements éthiques de la fraternité
    transgénérationnelle ? Ne sommes-nous pas fraternisés par le commun, en particulier les
    périls les fragilités et les projets communs ?
    Etre frères n’est-ce pas se rassembler contre des périls communs. Ils s’appellent et
    s’appelleront très certainement débâcle écologique, armes de destruction massive, inégalités
    criantes, toute-puissance de la techno science et des marchés financiers. C’est être frères contre
    les périls communs eux-mêmes, c’est l’attitude non violente fondée sur le respect des personnes
    et les dénonciations les remises en cause de mécanismes antifraternels.
    D’autre part ce sont aussi les douleurs de la vie(la fraternité de la douleur) qui peuvent nous relier
    en étant à l’écoute des fragilités, celles des autres et les nôtres. Vont dans ce sens des religions,
    des cultures, des oeuvres d’art, qui nous disent « çà n’est pas un fardeau que tu portes c’est ton
    frère. » Enfants en détresse sur notre terre : un sur deux aujourd’hui et combien demain ?
    Et puis ne sommes-nous pas aussi fraternisés par les projets communs ? Etre frères c’est se
    rassembler à travers le temps pour préserver le bien commun et pour construire du commun c’est
    à dire relier, dans l’espace et dans le temps, le proche et le lointain ? Ces projets ne sont-ils pas
    témoignages de fraternités d’espérance s’ils répondent aux urgences et s’ils construisent des
    politiques à long terme ?
  • En second lieu quelles sont les expressions éthiques de la fraternité transgénérationnelle ?
    -Les acteurs aux responsabilités très variables sont nombreux : Etats, organisations
    internationales, collectivités territoriales, entreprises, ONG, peuples, personnes…et d’autres
    acteurs à venir.
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    Nous préférons insister ici sur les générations, témoins de ce que sont ces fraternités
    transgénérationnelles. Ce sont les vies de ceux et celles qui nous ont précédés à travers ces
    témoins d’humanité luttant contre des forces de mort, c’est ce patrimoine culturel qu’ils nous
    laissent avec un grand bonheur de le découvrir, de le partager et de le transmettre. Ce sont les
    vies de ceux et celles qui sont présents aujourd’hui, ces générations vivantes qui, si elles arrivent
    à penser et à mettre en oeuvre des moyens fraternels porteront un projet d’humanité, alors, oui, il
    les portera à son tour. Ce sont les vies de ceux et celles qui vont nous suivre et qui peuvent nous
    dire : essayez, nous vous les prêtons, d’aimer le monde avec les coeurs et les esprits de ceux et
    celles qui vont arriver, et puis laissez-nous la liberté de devenir ce que nous voudrons être.
    -Quels sont , au regard de l’éthique, les moyens et les fins de cette fraternité
    transgénérationnelle ? D’un point de vue général on peut affirmer que la mondialisation
    productiviste contribue à la confusion entre les fins et les moyens. Les fins, c’est-à-dire les
    acteurs humains en personnes, en peuples, et en humanité, sont plus ou moins ramenés aux rangs
    de moyens. Les moyens, c’est-à-dire surtout la techno science et le marché, deviennent des fins
    suprêmes et tendent à occuper toute la place. La fraternité, au sens éthique, en appelle à une
    cohérence entre les moyens et les fins. Les fins doivent être respectées, les moyens doivent être
    remis à leur place. Dans une formule radicale, restée à ce jour inégalée, Gandhi, dans cet
    ouvrage posthume « Tous les hommes sont frères », écrivait « La fin est dans les moyens comme
    l’arbre est dans la semence». Cette cohérence signifie que si l’on veut construire des fraternités
    transgénérationnelles il faut des moyens fraternels, c’est-à-dire démocratiques, justes, écologiques
    et pacifiques.
    3-Quelques réflexions juridiques sur la fraternité, principe juridique
    On peut se réjouir que le Conseil constitutionnel français ait reconnu dans une décision du 6
    juillet 2018 « la valeur constitutionnelle du principe de fraternité », cela au même titre que celui de
    liberté et que celui d’égalité. Désormais sa jurisprudence pourra y faire référence.
    Comme l’affirme l’association Gisti dans l’affaire en question (« délit de solidarité »), il « crée ainsi
    une protection des actes de solidarité ». Il est désormais acquis que chacun a « la liberté d’aider
    autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire
    national ».
    En premier lieu quel est le contenu de ce principe juridique ?
    -La spécificité de ce principe repose probablement sur la non-discrimination
    transgénérationnelle, inscrite dans le projet français de Déclaration universelle des droits de
    l’humanité de 2015 consacrée peut-être un jour par les Nations Unies. « Les générations
    présentes ne devraient entreprendre aucune activité ni prendre aucune mesure qui auraient pour
    effet de provoquer ou de perpétuer une forme de discrimination pour les générations futures »,
    cela au sens bien sûr des Pactes internationaux des droits de l’homme de 1966, mais aussi au sens
    des droits-solidarités en particulier à la paix et à l’environnement.
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    Cette spécificité du principe repose ensuite sur la protection de l’environnement et de la
    santé. D’abord environnement et santé, y compris pour les générations futures, sont liés comme
    l’affirme la CIJ en 1997, ensuite comme l’exigent quelques conventions,« chaque génération
    humaine a le devoir de faire en sorte que le legs des ressources de la terre soit préservé et qu’il
    en soit fait usage avec prudence ». Enfin, plus globalement, l’impératif de la protection de
    l’environnement repose sur la vie de l’humanité et de l’ensemble du vivant, donc, comme
    l’affirmait Charles Gonthier, « sur la fraternité dans ses dimensions universelle et temporelle. »
    -Non seulement ce principe a une certaine spécificité mais ses interdépendances existent avec
    d’autres principes qui , eux aussi, se transgénérationnalisent. Ainsi le principe des
    responsabilités des générations présentes envers les générations futures, consacré dans la
    Déclaration de l’UNESCO de 1997,le principe de solidarité par exemple sous la forme de
    l’assistance écologique qui est un devoir de la communauté internationale consacré par la
    Déclaration de Rio de 1992 , le principe de non régression selon lequel la protection de
    l’environnement ne peut faire l’objet que d’une amélioration constante , le principe de dignité de
    l’humanité qui implique la satisfaction des besoins fondamentaux ainsi que la protection des
    droits intangibles. A cela s’ajoute la proximité du principe de fraternité transgénérationnelle
    avec un concept transgénérationnel qui exige que des limites soient fixées aux activités
    humaines,(« Qu’est-ce qu’une société qui ne se donne plus de limites? » demandait Jacques
    Ellul), concept qui est à base d’ autolimitation et de contrainte, concept sur lequel se greffent les
    principes de précaution, de sobriété, de coopération et d’autres à venir. Voilà pour le contenu,
    Enfin en second lieu quelle est la mise en oeuvre de ce principe juridique ? On se situe
    beaucoup ici dans le droit prospectif.
    -Cette mise en oeuvre doit se traduire par des interdictions à consacrer et par des biens
    communs à protéger . Quelles interdictions ? Constitueraient des crimes écologiques contre
    les générations présentes et futures et contre le vivant, des mécanismes ayant des effets sanitaires
    et environnementaux sans limites dans l’espace et dans le temps, ainsi les recherches sur les
    armes de destruction massive, ainsi l’enfouissement irréversible des déchets radioactifs.
    Quels biens communs à protéger ? Respecter la biosphère (maison commune de l’humanité et
    du vivant) et le patrimoine commun de l’humanité, organiser un accès universel et effectif aux
    biens communs indispensables à la vie des personnes, des peuples, des générations présentes et
    futures.
  • Evoquons à travers des fonctions essentielles, une simple énumération de quelques
    institutions, existantes ou nouvelles, porteuses de fraternité transgénérationnelle.
    Fonctions de vigilance et d’anticipation, par exemple des gardiens et des Conseils pour les
    générations futures, des Assemblées législatives du long terme.
    Fonctions de représentation, par exemple l’humanité aurait la personnalité juridique ,
    l’Organisation mondiale de l’environnement pourrait la représenter .
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    Fonctions de sanction ,par exemple de tribunaux nationaux(c’est le début d’un processus)
    condamnant des Etats à respecter leurs engagements de réduction des gaz à effet de serre, le
    tribunal déjà créé en 2012 « des crimes contre la nature et contre le futur de l’humanité », la
    création un jour d’une Cour mondiale de l’environnement.
    Remarques terminales
    1/La fraternité est-elle transgénérationnelle ?
    Ethiquement il faut qu’elle le soit, c’est un devoir moral,
    politiquement il faut lui donner sa place, c’est une valeur essentielle,
    juridiquement il faut la construire, c’est un principe porteur.
    2/ Englobant cet ensemble le voilà, « l’esprit de fraternité », consacré par la DUDH, esprit
    porté par « les êtres humains doués de raison et de conscience », il doit souffler sur notre terre à
    travers les temps.
    L’esprit de fraternité ne doit-il pas contribuer à faire de tous envers tous, des tisseurs et
    des passeurs de fraternités ?