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Antinucléaires : les systèmes nucléocrates ( I )
Les quelques lignes qui suivent sont essentielles pour souligner « l’Argument des arguments »
antinucléaires.
Il est trop peu évoqué en tant que tel, ne mérite- t-il pas d’être plus connu, discuté, médité et
partagé ? Ne mérite-il pas une analyse qui se voudrait globale, critique et créatrice ?
Quatre séries de réflexions proposées tour à tour : les logiques nucléocrates(I), les problèmes,
les drames et les menaces liés au nucléaire(II), l’Argument antinucléaire(III), les
résistances(IV).
ILes
systèmes ou complexes nucléocrates
Avant de quitter la présidence des Etats-Unis, Eisenhower dans son discours d’adieu en
janvier 1961 avait lancé cet avertissement : « (…) Dans les prises de décision de l’Etat, nous
devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu’elle ait ou non été sollicitée,
exercée par le complexe militaro-industriel. (…) »
En 2020 de quoi s’agit ?
Des complexes scientifico-industriels du nucléaire civil, cela dans 31 pays, dont surtout aux
Etats-Unis et en France,
et des complexes scientifico-militaro-industriels du nucléaire militaire, cela dans neuf pays,
dont 90% des stocks sont aux Etats-Unis et en Russie.
1-Face aux arguments anti nucléaires comment réagissent ces complexes nucléocrates?
Ces complexes essaient presque toujours
ou bien de poser un linceul de silence sur les arguments antinucléaires ,
ou bien de qualifier les détracteurs du nucléaire civil d’incompétents,
ou bien d’accuser les partisans du désarmement nucléaire unilatéral d’irréalistes et de
suicidaires,
ou bien de les « renvoyer dans les cordes » en invoquant des réflexes « irrationnels et
passionnels. »
Passionnels? Heureusement qu’il reste un minimum de passion pour en appeler à la lucidité.
Irrationnels? Il est au contraire rationnel de refuser cette forme de « course à la mort » qui a
sa spécificité que nous voulons souligner ici.
2- Quelques logiques des systèmes nucléocrates
Les systèmes nucléocrates, dont les logiques sont plongées dans la course en avant,
affirment après les accidents et les incidents en tirer une certaine « pédagogie » : «
Nous revoyons de très près la sécurité de nos parcs nucléaires, nous exportons notre savoirfaire
nucléaire qui est un atout à partager avec d’autres pays , nous insistons sur le fait que
l’énergie nucléaire est une alternative aux émissions de gaz à effet de serre…»
Pourtant une véritable pédagogie de la catastrophe consisterait à comprendre que le
nucléaire mérite une condamnation et une remise en cause radicales , c’est à dire une sortie
rapide , qui bien sûr doit être accompagnée d’alternatives énergétiques massives et planifiées,
à développer quand elles existent et à créer quand elles n’existent pas, et accompagnée aussi
d’ économies massives et planifiées des utilisations énergétiques.
Mais le productivisme suit la pente la plus forte, celle de ses logiques terricides et
humanicides .
Ainsi les systèmes nucléocrates ne veulent pas et/ou n’arrivent pas à voir leur folie.
Kostas Axelos aurait peut-être dit qu’ils deviennent (et nous avec?) « les fous d’un système
devenu fou. »
Ils sont, en le sachant ou sans le savoir, une des avant-gardes d’une société qui a
tendance à ne plus se donner de limites.
Jean Rostand, ardent pourfendeur du nucléaire, dans « Pensées d’un biologiste » (Stock,
1978), écrivait lumineusement : « La science a fait de nous des dieux avant même que
nous méritions d’être des hommes ».
Il disait aussi « tous les espoirs sont permis à l’homme, même celui de disparaitre. »(Voir nos
deux ouvrages « Construire la paix », éditions la Chronique sociale, 1988)
Cette prise de conscience n’appelle-t-elle pas à déranger ses pensées, et surtout à (re)trouver
le sens des ensembles qui devrait être une vertu politique majeure des « décideurs » et des
citoyen(ne)s ?