Je crois en l’homme,cette ordure
je crois en l’homme, ce fumier,
ce sable mouvant, cette eau morte.
Je crois en l’homme,ce tordu,
cette vessie de vanité,
je crois en l’homme, cette pommade,
ce grelot, cette plume au vent,
ce boutefeu, ce fouille-merde,
Je crois en l’homme, ce lèche-sang.
Malgré tout ce qu’il a pu faire
de mortel et d’irréparable,
je crois en lui,
pour la sûreté de sa main,
pour son goût de la liberté,
pour le jeu de sa fantaisie,
pour son vertige devant l’étoile.
Je crois en lui pour le sel de son amitié,
pour l’eau de ses yeux, pour son rire,
pour son élan et ses faiblesses.
Je crois à tout jamais en lui
pour une main qui s’est tendue,
pour un regard qui s’est offert.
Et puis surtout et avant tout
pour le simple accueil d’un berger. »
Lucien Jacques (Tombeau d’un berger, 1953, republié par les éditions Alpes de Lumière, 1999), « Je crois en l’homme » :
(Commentaire de l’auteur du site :
Terrible et merveilleux poème,
malgré tout (!!!) croire en l’homme…
Quand elle existe, d’où vient cette force ?)