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Introduction
1) L’inflation du mot mondialisation
a) Le mot « mondialisation » a envahi une partie des mondes médiatiques, des
discours politiques et du langage courant, cela au lendemain de la chute du
mur de Berlin en novembre 1989. Ce mot a mis alors au second plan des
expressions comme « village planétaire », « village global », « économie monde
»…
b) En 1989 cette sortie du « partage du monde » de Yalta de 1945, a fait dire à
certains que les pays de l’Est et l’ensemble des pays du monde basculaient
dans l’économie libérale, que c’était même « la fin de l’histoire » puisque
« l’horizon indépassable de l’humanité » était désormais le marché !
Cette mondialisation n’est-elle pas symbolisée par un forum mondial, et un
contre- forum représentant une autre mondialisation ?
2) Deux lieux symboliques de deux mondialisations
a) La mondialisation de la compétition est symbolisée par le Forum
économique mondial qui se réunit à Davos, en Suisse, depuis 1971.Se
retrouvent, autour du libéralisme économique, des chefs d’entreprises, des
hommes politiques, et aussi des intellectuels, des journalistes, et même des
responsables d’organisations non gouvernementales…
b) La mondialisation des solidarités est symbolisée par le Forum social mondial
qui se réunit à Porto Alegre, au Brésil, depuis 2001, mais aussi dans d’autres
villes, sans oublier les réunions de forums sociaux aux différents niveaux
géographiques. Se retrouvent, autour de l’altermondialisation, des
organisations non gouvernementales, des syndicats, des mouvements citoyens
et des représentants politiques généralement à gauche ou à l’extrême gauche.
Ces deux lieux ne symbolisent-ils pas une problématique essentielle de la
mondialisation ?
3) Une problématique essentielle : quelle mondialisation ? Pour qui ?
L’idée de mondialisation peut, a priori, être porteuse de générosité : voilà un
monde sans frontières, fait de solidarités, de fraternité. Mais n’en va-t-il pas
autrement ? La mondialisation en route n’est-elle pas celle de la compétition,
mondialisation qui transforme la planète en une marchandise et ceux qui y
vivent, les humains et le reste du vivant, plus ou moins en objets au service
d’un marché et d’une techno science qui se mondialisent ?
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Nous nous demanderons tour à tour quels sont les aspects historiques de la
mondialisation(I), quel est aujourd’hui le contenu de la mondialisation
libérale(II), enfin et surtout comment on peut se situer par rapport à ce
phénomène dominant(III) ?
I- Les histoires des mondialisations
Nous envisagerons tour à tour les mondialisations historiques (A), l’histoire de
la mondialisation libérale(B), enfin celle de l’altermondialisation(C).
A- Les mondialisations historiques
Il s’agit de systèmes dans lesquels il y a des gagnants et des perdants.
1) Les mondialisations historiques : des systèmes dans l’histoire.
Fernand Braudel (1902-1985), historien du monde méditerranéen, pensait que
dans toute mondialisation il y a quatre aspects qui forment un système :
l’économique, le social, le culturel, le politique. Pour lui les mondialisations des
différentes époques étaient la Phénicie antique (correspondant actuellement
au Liban, et à une partie de la Syrie et de la Palestine), Carthage (aujourd’hui
près de Tunis), Rome (la domination de l’Empire romain), l’Europe chrétienne,
l’Islam, la Moscovie (Moscou et sa région), la Chine et l’Inde.
2)Les mondialisations historiques : des bénéficiaires et des victimes
Jacques Le Goff (1924-avril 2014), historien médiéviste, affirmait que dans
chaque mondialisation il y a des gagnants et des perdants. « La mondialisation
appelle en général, à plus ou moins long terme, la révolte de ceux pour qui elle
devient non plus un bienfait mais une exploitation et même une
expulsion. »(voir article Le Monde du 5-5-2006, « Heurs et malheurs des
mondialisations. »)
En revenant vers le présent, quelle synthèse peut-on faire de l’histoire de la
mondialisation libérale ?
B- L’histoire de la mondialisation libérale et néolibérale au XXe et au début du
XXIe
Après le marché des marchands des XVe et XVIe siècles, le marché des
manufactures du XVIIe à 1850, le capitalisme est entré dans le marché des
monopoles, puis dans le marché mondial à partir de la Première guerre
mondiale. Nous suivrons son histoire à partir de 1850.
Au préalable il faut rappeler que le libéralisme économique, qui apparait
idéologiquement au XVIIIe, met en avant les libertés économiques, et que
l’intervention de l’Etat doit être la plus limitée possible.
Le néolibéralisme apparait dans la doctrine en 1970, il met en avant une
politique économique et sociale qui étend la domination des mécanismes du
marché à l’ensemble de la vie économique.
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1) La mondialisation libérale de 1850 à 1945
Avant 1850-1860 les entreprises étaient, dans l’ensemble, de petites
dimensions, puis les monopoles apparaissent à la suite des concurrences, des
crises et des guerres. A partir de 1850 une certaine intégration est en marche,
elle est fondée sur le commerce en particulier maritime qui se développe, sur
le téléphone qui voit le jour, sur la liberté des capitaux qui apparait. Cette
mondialisation est, en partie, remise en cause par les guerres mondiales, voilà
le contrôle des changes, des barrières douanières, le ralentissement
d’investissements à l’étranger, même s’il est vrai que les guerres mondiales
ont une part dans la mondialisation de ventes d’armes, de la diplomatie, de
discours médiatiques.
2) La mondialisation libérale de 1947à 1970 et néolibérale de 1970 à nos jours.
Trois séries d’évènements font basculer le monde dans la mondialisation
libérale puis néolibérale.
a) Du point de vue du commerce international les négociations commerciales
s’organisent, c’est le libre-échange qui se met en place à travers l’Accord
général sur les droits de douane et le commerce (GATT, 1947) puis
l’Organisation mondiale du commerce (OMC, 1995).
b) Du point de vue du système financier international il y a l’avant et l’après
15 août 1971, jour où les Etats-Unis décident de mettre fin à la convertibilité
du dollar en or. La Conférence de Bretton Woods (juillet 1944) et les statuts du
FMI (adoptés en juillet 1944 et entrés en vigueur en décembre 1945) avaient
mis en place un système basé sur des parités fixes, les monnaies avaient une
valeur d’échange fixe en dollars ou en or, le dollar était convertible en or, la
base était de 35 dollars pour une once d’or (28,3 grammes).Mais le déficit
budgétaire des Etats-Unis prenant de l’ampleur, cet Etat ne voulait pas que ses
stocks d’or s’effondrent, les autorités des Etats-Unis pensaient qu’ils ne
pouvaient donc plus garantir la convertibilité du dollar en or. Ainsi à partir
d’août 1971 le dollar peut flotter, les spéculations sur les monnaies se
multiplient, le système bancaire devient plus puissant, les marchés boursiers
sont plus importants, les opérateurs internationaux ont des logiques
spécifiques de fructification des patrimoines financiers, ils prennent peu à peu
« la place du conducteur. »
c) Du point de vue politique et idéologique la sortie du monde de Yalta, en
novembre 1989, amène certains à croire que le marché est l’avenir du monde
et que le triomphe du libéralisme est assuré à tout jamais puisque son
« ennemi principal » a disparu. Cette attitude peut, bien sûr, faire penser aux
personnes qui, derrière une citadelle, attendent l’ennemi et ne voient pas que
la citadelle s’effondre sous leurs pieds.
Que la mondialisation libérale et à plus forte raison néolibérale soit
condamnable et condamnée les altermondialistes ne le pensent-ils pas ?
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C- L’histoire de l’altermondialisation
Cette histoire, beaucoup plus courte que celle du libéralisme et souvent passée
sous silence, mérite pourtant d’être soulignée pour ses auteurs, ses idées, ses
acteurs, ses actions.
1) Des auteurs et des idées de l’altermondialisation
a)Depuis longtemps des auteurs préparaient le terrain de l’altermondialisation,
ils critiquaient le système productiviste. Depuis 1945 nous n’en citerons que
quelques-uns. Ainsi Edgar Morin qui dénonçait la marchandisation du
monde, « ce n’est plus le capitalisme mais une hydre à plusieurs têtes qui est
devant nous : atomisation, anonymation , marchandisation, mal-être
progressent de façon interdépendante. » Ainsi Ivan Illich qui dénonçait « le
culte de la croissance, le gigantisme des outils, la servitude liée au mode de
production industriel », il en appelait à « la convivialité ». Ainsi Herbert
Marcuse qui critiquait cette civilisation industrielle dans laquelle « la
domination de l’homme sur l’homme croit en étendue et en efficacité », il
pensait que « l’homme unidimensionnel »au lieu de se soumettre devait se
révolter. Ainsi Kostas Axelos, qui dénonçait en particulier « l’uniformité
uniformisante.»Ainsi Cornelius Castoriadis qui en appelait à « la conquête de
l’autonomie individuelle et collective » allant vers une démocratie « radicale ».
Ainsi Eduardo Galeano qui avertissait « « Etre c’est avoir » nous dit le système,
les personnes finissent par appartenir aux choses et travailler à leurs ordres.»
b) Deux grandes idées sont mises en avant par les altermondialistes, elles
correspondent aux deux slogans connus: « Tout n’est pas à vendre ! »( on les
appelle au départ les « antimondialistes ») et « Un autre monde est
possible ! »
2) Des acteurs et des actions de l’altermondialisation
a) Les altermondialistes constituent une véritable « galaxie».Les acteurs sont
modérés, réformateurs, ou radicaux. Il s’agit d’ONG, de syndicats, de
mouvements citoyens.
Leurs domaines d’actions sont très nombreux (défense de l’environnement,
droits de l’homme, développement des pays du Sud, annulation de la dette,
taxation des transactions financières, urgence humanitaire, agriculture,
éducation, paix…). Les altermondialistes ne veulent pas se transformer en une
internationale de parti politique mais contribuer à être un levain dans la pâte
des lieux où ils se trouvent.
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b) Leurs actions sont celles de réflexions, d’échanges, d’orientations, de
propositions à l’intérieur de Forums sociaux depuis 2001, cela à tous les
niveaux géographiques.
Leurs actions sont celles aussi de manifestations, ainsi en décembre 1999 à la
Conférence de l’OMC à Seattle, mais aussi par la suite toujours des
manifestations contre les politiques de l’OMC, du FMI, du G8… qu’ils rendent
en partie responsables de la marchandisation du monde.
c ) Le mouvement des Indignés qui voit le jour le 15 mai 2011 en Espagne, et
qui suit » le printemps arabe », a beaucoup de points communs avec
l’altermondialisation, ainsi « changer le monde » ,lutter contre le
chômage,redistribuer des richesses, créer des conditions de vie dignes pour
tous… Il est cependant différent dans son fonctionnement,il est fondé sur des
assemblées, ses actions non-violentes sont à base de campements sur les
places et à base de marches plus ou moins longues.Le « indignez-vous! » s’est
étendu à une partie de la planète.
Tels sont les aspects historiques des mondialisations. Quel est donc le contenu
de la mondialisation libérale dominante aujourd’hui ?
II- Le contenu de la mondialisation libérale
Nous engloberons la mondialisation néolibérale dans cet ensemble que
constitue la mondialisation libérale. Nous envisagerons tour à tour des
définitions opposées (A), les éléments essentiels(B) et les éléments importants
de la mondialisation libérale(C).
A- Des définitions opposées de la mondialisation libérale
Certaines se veulent neutres, d’autres plus ou moins critiques.
1) Des définitions qui se veulent neutres
a) On évoque l’interdépendance économique croissante de l’ensemble des
pays du monde.
b) On affirme, aussi, que c’est « un mouvement » qui recouvre trois étapes :
l’internationalisation liée au développement des flux d’exportation, la trans
nationalité liée aux flux d’investissements et aux exportations à l’étranger,
enfin la mondialisation ou globalisation qui correspond à la mise en place des
réseaux mondiaux de production et d’information.
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2) Des définitions critiques de la mondialisation libérale
a) Une définition critique met l’accent sur les mécanismes de décision, la
mondialisation c’est la domination planétaire de l’économie capitaliste de
marché, ses logiques de compétition et de dérèglementation sont mises en
oeuvre par les véritables décideurs c’est-à-dire les marchés financiers, les
entreprises géantes, certaines organisations internationales (OMC, FMI) ainsi
que le club diplomatique du G8.
b) Une autre définition critique met l’accent sur les effets dévastateurs de la
mondialisation libérale, elle est synonyme de désastres, de fractures, de
menaces. Elle est pour une large part anti démocratique, anti sociale, anti
écologique, anti pacifique.
Ces deux définitions critiques peuvent être complémentaires.
B- Les éléments essentiels de la mondialisation libérale
1) La mondialisation financière
Elle est fondée sur la recherche du profit, elle se manifeste surtout par la
puissance des marchés financiers, des marchés boursiers et des banques.
2) La mondialisation économique
Elle est fondée sur le libre-échange, elle se manifeste surtout par la puissance
des firmes géantes.
3) La mondialisation techno scientifique
Elle est fondée sur un développement continuel des recherches et des
technologies, elle se manifeste surtout par les réseaux scientifiques et la
publicité des technologies toujours à renouveler.
C- Les éléments importants de la mondialisation
1) La mondialisation culturelle
Elle est fondée sur les productions et les créations culturelles, reflets d’une
uniformité très forte et de diversités plus ou moins nombreuses, qui ont parfois
du mal à survivre, elle se manifeste surtout par la puissance des grands groupes
médiatiques.
2) La mondialisation juridique
Elle se traduit par une mondialisation du droit, par exemple correspondant à
un grand nombre de traités bilatéraux,sous-régionaux, régionaux et
internationaux, et elle se manifeste aussi par un droit de la mondialisation, par
exemple le droit de l’Organisation mondiale du commerce.
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3) La mondialisation idéologique
Elle peut se traduire en particulier sous la forme de ce que l’on appelle la
« pensée unique » produite par le libéralisme économique qui met en avant la
compétition , le culte de la croissance, la toute-puissance de l’économie sur la
politique, la pensée unique tend à étouffer toute pensée qui s’oppose à elle.
Elle a aussi une capacité de récupération qui peut être grande, un des exemples
les plus frappants est celui du concept de développement durable qui en fait
est, pour une part, mis avant tout au service du marché.
On pourrait ajouter à cela d’autres formes de mondialisation, quelquefois
intéressantes pour changer des situations, par exemple les manifestations nonviolentes
sur les places de villes, formes de mondialisation quelquefois
originales, par exemple une certaine mondialisation de l’humour.
Chaque forme de mondialisation peut amener à s’interroger sur les
fondements, les manifestations, et aussi les soutiens, les indifférences, les
révoltes qu’elle rencontre.
Ce contenu étant précisé, comment essayer de se situer par rapport à la
mondialisation libérale ?
III- Les façons de se situer par rapport à la mondialisation
Nous partirons de l’ensemble des visions que l’on peut avoir(A), pour souligner
ensuite les arguments des défenseurs et des détracteurs de cette
mondialisation(B), et nous interroger enfin sur ce concept de démondialisation
parfois évoqué (C).
A- Les opinions relatives à la mondialisation libérale sous forme de slogans
Nous prendrons à chaque fois l’exemple de l’environnement pour mieux
comprendre les façons de se situer.
1) Vive la mondialisation libérale !
Il s’agit ici, de façons plus ou moins modérées ou radicales, de la sacralisation
de la compétition. Celle-ci est bonne, saine, nécessaire.
Ainsi on pense que la protection de l’environnement est inutile ou dangereuse
pour l’économie parce qu’elle porte atteinte à la compétition.
2) Vivre avec la mondialisation libérale maitrisée !
Il s’agit ici, de façons plus ou moins modérées ou radicales, de la gestion de la
compétition. Il faut humaniser, moraliser, maitriser la mondialisation. Elle est
là, certes il faut « faire avec » mais en effaçant ses aspects les plus choquants.
Ainsi on pense que la protection de l’environnement peut être utile mais
qu’elle doit avoir pour condition et objectif de favoriser l’investissement, de
réaliser des profits, de créer des emplois.
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3) Non à la mondialisation cosmopolite !
Il s’agit ici, de façons plus ou moins modérées ou radicales, d’une sorte de
nationalisation de la compétition. Il faut donner priorité aux ressortissants
nationaux en se refermant plus ou moins face aux autres pays, c’est un repli
identitaire.
Ainsi la protection de l’environnement peut porter atteinte à la compétition
nationale, son existence doit être subordonnée à l’intérêt de la nation.
4) Non à la mondialisation productiviste !
Il s’agit ici, de façons plus ou moins modérées ou radicales, d’une remise en
cause de la compétition. La compétition est suicidaire, d’abord pour les plus
faibles, mais aussi peu à peu pour l’ensemble du système international, çà n’est
pas « la compétition ou la mort ! », c’est, pourrait-on dire, la compétition
mortifère ou l’utopie créatrice du changement. » (« L’utopie ou la mort »
écrivait René Dumont dans ce grand ouvrage de 1973).
Ainsi la protection de l’environnement est vitale, le productivisme est
destructeur de l’ensemble du vivant. Contre le productivisme et bien au-delà
du développement durable il faut construire une société écologiquement
viable.
B- Les arguments des défenseurs et des détracteurs de la mondialisation
libérale
Nous soulignerons les arguments des uns et des autres en terminant à chaque
fois par la perception que l’on a de la crise.
1) Les arguments des défenseurs de la mondialisation libérale
On peut distinguer les radicaux et les modérés.
a) Les radicaux affirment que la mondialisation est « heureuse », cela pour
deux raisons. D’abord elle est synonyme d’ouverture. Grâce à elle s’échangent
des biens, des services, des capitaux, des idées, des connaissances.
Ensuite elle est porteuse de prospérité économique en profitant peu à peu à
tous les Etats, elle est aussi porteuse de paix et de démocratie grâce aux
échanges.
La crise est considérée comme un épisode naturel du marché qui, grâce à son
autorégulation, la fera disparaitre.
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b) Les modérés affirment que la mondialisation doit être maitrisée. D’abord ils
ne veulent pas moins de marché, on lui doit l’ouverture et la prospérité.
Ensuite ils constatent pourtant qu’il faut des contrepoids à ce marché pour
corriger des inégalités, pour éviter une exploitation trop vorace de
l’environnement.
La crise montre bien qu’il faut réguler le système international pour éviter ses
dérives, en particulier financières. On raisonne ici en termes de dérives d’un
système sans remettre en cause l’ensemble du système.
2) Les arguments des détracteurs de la mondialisation libérale.
Pour montrer qu’il s’agit d’un système condamné et condamnable les critiques
avancées sont générales et particulières.
a) Du point de vue général on affirme que la mondialisation libérale contribue
à la confusion entre les fins et les moyens. Les fins, c’est-à-dire les acteurs
humains en personnes, en peuples, et en humanité (générations passées
présentes et à venir), sont plus ou moins ramenés aux rangs de moyens. Les
moyens, c’est-à-dire la techno science et le marché, deviennent des fins
suprêmes, ils tendent à occuper toute la place, les acteurs humains sont plus
ou moins mis à leur service.
b) Du point de vue des diverses situations cette mondialisation libérale est anti
démocratique dans la mesure où elle dessaisit élu(e)s et citoyen(ne)s, elle est
anti sociale dans la mesure où la machine à gagner devient de plus en plus une
machine à exclure, elle est anti écologique dans la mesure où elle participe à la
débâcle écologique, elle est anti pacifique dans la mesure où elle produit de
multiples violences.
Devant ces situations certains auteurs, citoyens, partis politiques se disent
favorables à une démondialisation.
C- Quelques éléments relatifs au débat sur la démondialisation
1) Le contenu et la critique du concept de démondialisation
a) Le contenu du concept repose sur deux éléments. En premier lieu on pense
que le retour à un protectionnisme permettra de sauver des industries et des
agricultures, en second lieu le retour à une monnaie nationale, et la sortie par
exemple de la monnaie unique de l’Union européenne, nous protégera de la
spéculation, en troisième lieu il faut aussi remettre en cause la puissance des
banques pour retrouver une démocratie où le politique domine l’économique.
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b) La critique du concept comprend plusieurs aspects. Certains mettent en
avant son aspect simpliste, ainsi le protectionnisme peut aggraver une crise en
amenant, lui aussi, à des confrontations économiques et en réduisant le
commerce international, ainsi une monnaie nationale n’est pas à l’abri des
spéculations, elle sera d’ailleurs moins puissante qu’une monnaie unique d’un
nombre important de pays pour y résister. D’autres insistent sur le fait que la ré
industrialisation et le sauvetage de l’agriculture ne sont pas les seules
questions, une autre question est celle de l’industrie et de l’agriculture dans
une reconversion d’ensemble écologiquement et socialement viable ? D’autres,
enfin, insistent sur le fait que la démocratie ne se construit pas seulement au
niveau national mais du local au mondial, et que c’est dans cette vision
d’ensemble que doit être remise en cause la financiarisation de la vie
internationale.
2) Les alternatives à la démondialisation
Parmi les alternatives mises en avant, l’une est financière, l’autre est relative
au commerce.
Par rapport à la financiarisation de la vie internationale il s’agit de « désarmer
le pouvoir financier », en particulier par les remises en cause des paradis
fiscaux, les taxations des transactions de change et, de façon plus générale, par
la taxation du capital, l’idée d’un impôt mondial sur le capital a même été
avancée par certains économistes.
Par rapport au commerce international il s’agit de remettre en cause le libreéchange
tout-puissant et de ne pas tomber dans le protectionnisme en
organisant le juste-échange qui reposerait sur au moins deux règles :
respecter les normes non marchandes (environnementales, sanitaires, sociales,
culturelles) c’est-à-dire les inscrire dans les traités de commerce, et aussi
organiser des périodes de transition dans les pays du Nord et, bien sûr, dans
les pays du Sud, pour permettre des reconversions en termes d’emplois et de
productions.
On peut ajouter que ces reconversions construiraient un échange non
seulement juste mais, aussi, pacifique, cela par des reconversions des
industries et du commerce des armements.
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Remarques terminales
1) Si l’on pense que la mondialisation libérale est porteuse de bienfaits ne fautil
pas, personnellement et collectivement,contribuer à la soutenir ?
2) Si l’on pense que la mondialisation libérale est porteuse d’aspects positifs et
négatifs ne faut-il pas, personnellement et collectivement,contribuer à la
maitriser pour favoriser les premiers et réduire les seconds ?
3) Si l’on pense que la mondialisation libérale est destructrice ne faut-il pas,
personnellement et collectivement, résister et contribuer à construire une
mondialisation de libertés, d’égalités, de solidarités, autrement dit une
mondialisation démocratique, juste, écologique et pacifique, une
mondialisation responsable et fraternelle ?
JML
A titre complémentaire en termes d’alternatives à ce système voir sur ce
site:
« Liste indicative de cinq grands moyens par grand domaine pour
contribuer à passer
d’un système international productiviste autodestructeur
à une communauté mondiale humainement viable »