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VIOLENCES : les contenus ( III )
L’article a été refondu en novembre 2018
III- Les contenus des violences
Nous repartons de la classification proposée (voir II précédent), dans
chacun des trois regroupements nous ferons une dizaine de synthèses sur
les formes des violences, soit au total trente et une synthèses, c’est-à-dire trente
et un résumés de l’essentiel des contenus des violences.
Les pages qui suivent n’ont pas vocation à énumérer la totalité des
violences, elles ont donc une part d’injustice pour ne pas souligner telle ou telle
souffrance de façon plus précise, mais elle ont vocation à rappeler
l’ensemble des formes des violences, donc à une certaine exhaustivité.
Ce sont souvent là de terribles descentes aux enfers. Cette énumération très
longue et très impressionnante des contenus des violences est
nécessaire pour mieux réfléchir ensuite aux causes et aux alternatives, elle est
nécessaire aussi parce qu’il s’agit de participer à un devoir de mémoire qui en
appelle à la vigilance et à des politiques de prévention.
Nous envisagerons tour à tour : Le contenu des grandes violences, massives,
terrifiantes, porteuses de nombreuses morts et de grandes souffrances (A),le
contenu des atteintes aux personnes , aux biens, à la paix publique, à
l’environnement (B), le contenu des autres violences à ne pas banaliser (C).
A- Le contenu des grandes violences : massives, terrifiantes, porteuses de
nombreuses morts et de grandes souffrances
Nous les regrouperons en dix points :
1- les guerres, les massacres, les épurations de masse,2- les crimes
internationaux (crimes de guerre, crimes contre l’humanité, crime de génocide,
crime d’agression), 3- les crimes contre l’environnement 4- les régimes
totalitaires et les camps de l’horreur, 5-les régimes autoritaires, 6 – les
terrorismes, 7-la course aux armements,8- les grandes violences économiques et
sociales, 9- les grandes violences culturelles : les ethnocides, 10- les grandes
violences écologiques.
Pour établir cette énumération des grandes violences nous combinerons
des formes proches de grandes violences (guerres, massacres, épurations de
masse), des aspects où le droit les qualifie (crimes internationaux), des aspects
plus politiques (régimes politiques, terrorismes) des domaines de grandes
violences (scientifique et industriel, économique, social, culturel, écologique).
1- Les guerres, les massacres, les épurations de masse
a) Les guerres
Il est probable que la guerre n’a pas toujours existé,elle apparait à la suite de
trois séries de causes (climatiques, économiques, démographiques) (voir sur ce
blog « Analyses des causes des violences »).
Cependant les guerres sont omniprésentes dans l’histoire : guerres
préhistoriques, guerres des empires, guerres des sociétés féodales, guerres
coloniales, guerres révolutionnaires, guerres de décolonisation, guerres de
libération, et bien sûr les guerres mondiales de 1914-1918,72 pays en guerre,65
millions de soldats mobilisés et de 1939-1945,68 pays en guerre,70 millions de
soldats mobilisés. De nos jours les guerres civiles sont de loin les plus
nombreuses, souvent plus ou moins internationalisées, des guerres inter
étatiques sont encore présentes.
De 1945 à nos jours, en plus de sept décennies (début 1945-fin 2018) quel a été
le nombre de conflits armés ? Il y a eu de l’ordre de cinq cents vingt (520)
conflits armés.
Ainsi par exemple, de façon plus précise, de 1945 à 1968 cent conflits armés
(Annuaire SIPRI, 1968-69), sur la période 2001-2011 soixante treize conflits
étatiques, deux cents vingt deux non étatiques (SIPRI, Yearbook 2013)… Les
conflits inter étatiques depuis 1945 sont moins nombreux, neuf conflits armés
sur dix sont intra étatiques et de plus en plus ont une portée internationale dans
la mesure où plusieurs Etats soutiennent les parties internes au conflit.
Les malheurs apportés par les guerres ce sont d’abord les morts.
La Première Guerre mondiale de 1914-1918 est à l’origine de 18,6 millions
de morts,. Ce nombre global comprend 9,7 millions de morts pour les militaires
(on cite d’ailleurs souvent cette donnée de 10 millions de pertes humaines pour
la Grande Guerre) et 8,9 millions pour les civils.
Il y a eu 2 millions de soldats allemands et 1,5 million de soldats français tués
pendant cette guerre. En France les 40.000 monuments aux morts de la
Première Guerre mondiale témoignent de cette immense boucherie.
Rappelons nous un des témoignages bouleversants, celui de Roland Dorgelès
(Les Croix de bois, Paris, Albin Michel, 1925) relatif aux cadavres d’un champ
de bataille des tranchées de 1914-1918: « Sans regarder, on sauta dans la
tranchée. En touchant du pied ce fond mou, un dégoût surhumain me rejeta en
arrière, épouvanté. C’était un entassement infâme, une exhumation monstrueuse
de Bavarois cireux sur d’autres déjà noirs, dont les bouches tordues exhalaient
une haleine pourrie, tout un amas de chairs déchiquetées, avec des cadavres
qu’on eût dit dévissés, les pieds et les genoux complètement retournés, et, pour
les veiller tous, un seul mort resté debout, adossé à la paroi, étayé par un
monstre sans tête. (…) On hésitait encore à fouler ce dallage qui s’enfonçait,
puis, poussés par les autres, on avança sans regarder, pataugeant dans la
Mort… »
La Deuxième Guerre mondiale, 1939-1945, est à l’origine de cinquante cinq
millions de morts, militaires et civils. C’était « une guerre totale » où les
victimes civiles ont été de plus en plus nombreuses.
Au sein de cette guerre le génocide mis en oeuvre par les nazis témoigne de
l’horreur de l’horreur.
Les historiens, en particulier Raul Hilberg, estiment aujourd’hui que les nazis
ont exterminé 5,1 millions de juifs ( 3 millions dans les camps,800.000 dans les
ghettos,1,3millions massacrés en dehors des camps) et d’autre part 250.000
tziganes,200.000 handicapés physiques et mentaux , 15000 homosexuels, 3,5
millions de prisonniers de guerre soviétiques et 1,1 million de déportés ne
relevant pas des « crimes » précédents. Le Tribunal international de Nuremberg
a estimé le nombre de victimes juives à 5,7millions et a employé le nombre de 6
millions repris par la suite. L’extermination a été celle des deux tiers de la
population juive d’Europe et du tiers du peuple juif dans son entier.
Rappelons nous un des témoignages bouleversants en 1947celui de Primo
Levi dans « Si c’est un homme », ouvrage que Paul Klein synthétise de la façon
suivante : « Ce livre est sans conteste l’un des témoignages les plus
bouleversants sur l’expérience indicible des camps d’extermination. Primo Levi
y décrit la folie meurtrière du nazisme qui culmine dans la négation de
l’appartenance des juifs à l’humanité. Le passage où l’auteur décrit le regard de
ce dignitaire nazi qui lui parle sans le voir, comme s’il était transparent et
n’existait pas en tant qu’homme, figure parmi les pages qui font le mieux
comprendre que l’holocauste a d’abord été une négation de l’humain en l’autre.
Si rien ne prédisposait l’ingénieur chimiste qu’était Primo Levi à écrire, son
témoignage est pourtant devenu un livre qu’il importe à chaque membre de
l’espèce humaine d’avoir lu pour que la nuit et le brouillard de l’oubli ne
recouvrent pas à tout jamais le souvenir de l’innommable, pour que jamais plus
la question de savoir « si c’est un homme » ne se pose.
De ce devoir de mémoire, l’auteur s’est acquitté avant de mettre fin à ses jours,
tant il semble difficile de vivre hanté par les fantômes de ces corps martyrisés et
de ces voix étouffées. »
Au sein de cette guerre les holocaustes nucléaires d’août 1945 sur Hiroshima
et Nagasaki ont causé la mort, selon des estimations de 2005, d’au moins
240.000 personnes.
Rappelons nous un des témoignages bouleversants, celui de l’écrivain
Mizukawa : « Une mère aveugle serrant contre elle son enfant mort, des larmes
ruisselants de ses yeux détruits. C’était dans mon enfance, ma mère me tenait
par la main. Vision de cauchemar inoubliable. »
Depuis 1945 jusqu’à fin 2018 les conflits armés pendant plus de sept
décennies, 73 ans, ont été à l’origine d’au moins dix à quinze millions de
victimes. Il faut souligner l’incertitude de ce total puisque on avance parfois, au
plus, l’équivalent de la Seconde Guerre mondiale soit 55 millions de morts.
Un témoignage bouleversant,symbolique de tant et tant d’autres souffrances,
témoignage de Maida, douze ans,en 2001 en Macédoine à Skopje : « Guerre est
le mot le plus triste qui sort de mes lèvres tremblantes. C’est le plus mauvais des
oiseaux qui remplit les murs de sang et qui fait du monde un enfer. »
Depuis 1945 la guerre du Vietnam (seconde guerre d’Indochine) a été l’une des
plus meurtrières. Elle opposait, d’une part, le Nord Vietnam procommuniste,
soutenu militairement par la Chine et l’Union soviétique et, d’autre part, le Sud
Vietnam, soutenu militairement par les Etats-Unis. Cette guerre va de 1964 à
1973, elle continue entre les deux Vietnam de 1973 à 1975, elle est synonyme de
souffrances gigantesques. Les victimes du côté vietnamien sont de plus de 1
million de combattants et de 4 millions de civils, la population vietnamienne a
été écrasée, du côté des Etats-Unis de 58.000 militaires.
En nombre de victimes une autre guerre a été particulièrement gigantesque
quant aux pertes humaines puisque, de 1986 à 1996, en RDC (République
Démocratique du Congo) il y a eu au moins 4 millions de victimes.
Les malheurs des guerres ce sont aussi des souffrances physiques, morales,
souvent à vie, des combattants et des populations.
La Grande Guerre fit 20 millions de blessés dont de nombreux invalides à vie, et
des millions de veuves et d’orphelins.
En France cette hécatombe dans la population française, en plus des 1,5 million
soldats morts, est de 5,5 millions de blessés, plus de1,2 million d’invalides,
600.000 veuves de guerre, et près de 1 million d’orphelins, autant de personnes
plongées dans des détresses physiques, morales et matérielles.
Evoquer cette grande boucherie de 1914-1918 c’est penser à la survie dans les
tranchées, une forme d’enfer extrême sur terre : attaques, mitrailleuses, obus,
explosions de surface et souterraines, gaz de combat, combats à la baïonnette et
au couteau, cadavres, cris plaintes et souffrances des blessés, peurs de mourir,
lassitudes, crises de folie, suicides, exécutions pour en appeler à la « combativité
» , prises de conscience des abattoirs programmés par les folies et les erreurs du
commandement, manques de sommeil, de nourriture et d’eau, puanteurs
multiples, conditions sanitaires catastrophiques, noyades, froid, pluie, boue,
poux, rats, vermine …(Voir en particulier la terrifiante et remarquable série
documentaire « Apocalypse, la 1ère Guerre mondiale »).
Les malheurs des guerres ce sont aussi
les destructions matérielles (villes, villages, routes, voies ferrées, aéroports,
ponts …),
les destructions culturelles (monuments, musées, bibliothèques, oeuvres
d’art…) qui sont autant de violations des patrimoines locaux , nationaux,
continentaux, mondiaux des générations passées, présentes et futures…
les destructions environnementales (faune, flore, forêts, paysages, air, sol,
eau, étendues agricoles, monuments…), la guerre est destructrice non seulement
des êtres humains mais aussi de l’environnement (voir article sur ce blog « Les
atteintes à l’environnement et les conflits armés »), et article de JML, Droit de la
guerre, droit de l’environnement, colloque OMIJ Limoges, 15 et 16 décembre

  1. Actes du colloque, Les droits de l’homme face à la guerre, Dalloz, 2009),
    dans ces articles est proposée au départ une synthèse des effets nombreux et
    catastrophiques de la préparation de la guerre, puis du conflit et enfin de l’aprèsconflit
    sur l’environnement, c’est une vision globale terrible.
    b) Les massacres
    Selon Jacques Sémelin « le massacre peut être commandé ou spontané,
    méthodique ou non mais, par définition, il est toujours limité. Sa finalité n’est
    pas de détruire le groupe-victime en tant que tel mais de créer en son sein un
    effet de terreur de nature à faciliter sa soumission ou à l’inciter à fuir un
    territoire donné. Le massacre est au service d’une stratégie de conquête ou de
    mise en esclavage de populations. On le retrouve dans toutes les formes de
    guerres : de la guerre antique à la guerre moderne, en passant par la guerre
    coloniale. »
    Le massacre peut exister aussi en dehors de la guerre, par exemple sous la forme
    d’une opération militaire spécifique à telle ou telle situation, par exemple aussi
    sous la forme d’actes terroristes importants.
    c) Les épurations de masse
    Jacques Semelin écrit « Si la finalité du massacre peut être aussi bien interne
    qu’externe, la technique de l’épuration est fortement liée à la gestion intérieure
    des peuples. Elle vise à consolider, renforcer, accroître le pouvoir de ceux qui la
    décident et qui, par là-même, révèlent le caractère tyrannique de leur
    régime. L’épuration de masse répond souvent à des critères idéologiques en
    s’abattant sur des groupes politiques, des catégories économiques ou des
    classes sociales particulières. La logique de l’épuration (sélection,
    regroupement, déportation) est proche de la logique du génocide même si elle
    n’a pas pour objet l’éradication des populations visées. Les chiffres des morts
    des grandes épurations de masse sont de l’ordre de ceux des grands génocides et
    parfois les dépassent.»
    Trois exemples terrifiants sont ceux de la famine organisée par Staline contre
    les paysans ukrainiens pour écraser les révoltes en 1932-33, des camps du
    totalitarisme stalinien entre 1928 et 1953(voir ci-dessous développement sur les
    totalitarismes),les répressions massives sous la révolution culturelle en Chine de
    1966 à 1976.
    2- Les crimes internationaux : crime de guerre, crime contre l’humanité,
    crime de génocide, crime d’agression
    Notre objectif est de donner ici une idée juridique précise de ces crimes tout en
    rappelant aussi certains d’entre eux.
    Des tribunaux spécifiques ont été créés pour juger de tel ou tel crime puis,
    après leur mission, ils avaient ou ont vocation à disparaitre. Est enfin venu le
    jour où une cour permanente a été créée, la CPI en 1998.
    Selon l’article 5 du Statut de la Cour pénale internationale(CPI) du 12 juillet
    1998, entré en vigueur le 1er juillet 2002, la compétence de la Cour est limitée
    aux « crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté
    internationale. En vertu du présent Statut, la Cour a compétence à l’égard
    des crimes suivants : a) Le crime de génocide ; b) Les crimes contre
    l’humanité ; c) Les crimes de guerre ; d) Le crime d’agression. »
    Ce sont donc les formes de crimes internationaux. De 2004 à 2018 dix
    ouvertures d’enquêtes ont vu le jour : République démocratique du
    Congo(2004), Ouganda(2004), Darfour-Soudan (2005 puis 2014), République
    centrafricaine(2007),Kenya(2010),Libye(2011),Côte d’ivoire
    (2011),Mali(2013),Géorgie(2016),Burundi(2017).Sur les vingt suspects huit ont
    eu un non-lieu, deux ont été acquittés, dix ont été condamnés à ce jour fin 2018.
    a) Les crimes de guerre
    Quand éclate une guerre, des crimes de guerre l’accompagnent souvent. Ils
    sont très loin d’être toujours dénoncés et condamnés.
    Les « crimes de guerre » sont des violations graves du droit international
    humanitaire, elles sont commises à l’encontre de civils ou de combattants
    ennemis, pendant un conflit armé international ou interne, ces violations
    entraînent la responsabilité pénale individuelle de leurs auteurs.
    Les crimes de guerre sont des infractions graves au droit international
    humanitaire applicable en cas de conflits armés(les quatre conventions de
    Genève du 12-12-1949 et le Protocole I de 1977), autrement dit dans les conflits
    internationaux (entre Etats).
    Cependant, et heureusement, ils sont pris également en compte dans les conflits
    non internationaux (internes, autrement dit les guerres civiles), ces conflits
    armés non-internationaux dépendent quant à eux de l’article 3 commun aux
    Conventions de Genève ainsi que du second Protocole additionnel de 1977relatif
    à « la protection des victimes des conflits non internationaux. » « L’article 8
    §2 alinéa e) du Statut de la Cour s’applique aux conflits armés ne présentant pas
    un caractère international et ne s’applique donc pas aux situations de troubles et
    tensions internes telles que les émeutes, les actes isolés et sporadiques de
    violence ou les actes de nature similaire. Il s’applique aux conflits armés qui
    opposent de manière prolongée sur le territoire d’un État les autorités du
    gouvernement de cet État et des groupes armés organisés ou des groupes armés
    organisés entre eux. »
    Le Statut de la CPI dans son article 8 précise :
    « 1.La Cour a compétence à l’égard des crimes de guerre, en particulier lorsque
    ces crimes s’inscrivent dans le cadre d’un plan ou d’une politique ou lorsqu’ils
    font partie d’une série de crimes analogues commis sur une grande échelle.
  2. Aux fins du Statut, on entend par « crimes de guerre » :
    a) Les infractions graves aux Conventions de Genève du 12 août 1949, à
    savoir
    l’un quelconque des actes ci-après lorsqu’ils visent des personnes ou des
    biens protégés par les dispositions des Conventions de Genève :
    i) L’homicide intentionnel ii) La torture ou les traitements inhumains, y compris
    les expériences biologiques iii) Le fait de causer intentionnellement de grandes
    souffrances ou de porter gravement atteinte à l’intégrité physique ou à la santé
    iv) La destruction et l’appropriation de biens, non justifiées par des nécessités
    militaires et exécutées sur une grande échelle de façon illicite et arbitraire v) Le
    fait de contraindre un prisonnier de guerre ou une personne protégée à servir
    dans les forces d’une puissance ennemie vi) Le fait de priver intentionnellement
    un prisonnier de guerre ou toute autre personne protégée de son droit d’être jugé
    régulièrement et impartialement vii) La déportation ou le transfert illégal ou la
    détention illégale viii) La prise d’otages.
    b) Les autres violations graves des lois et coutumes applicables aux conflits
    armés internationaux dans le cadre établi du droit international, à savoir,
    l’un
    quelconque des actes ci-après :
    i) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en
    tant que telle ou contre des civils qui ne participent pas directement part aux
    hostilités; ii) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des biens
    de caractère civil, c’est-à-dire des biens qui ne sont pas des objectifs militaires;
    iii) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel, les
    installations, le matériel, les unités ou les véhicules employés
    dans le cadre d’une mission d’aide humanitaire ou de maintien de la paix
    conformément à la Charte des Nations Unies, pour autant qu’ils aient droit à la
    protection que le droit international des conflits armés garantit aux civils et aux
    biens de caractère civil; (…) » (Voir la suite énumération sur site icc-cpi-int).
    En décembre 2017 une résolution sur les amendements à l’article 8 du
    Statut de Rome ajoute trois crimes de guerre à la compétence de la Cour :
    l’usage d’armes qui utilisent des agents microbiens ou autres agents biologiques
    ou des toxines, d’armes blessant par des éclats qui ne sont pas localisables par
    rayons X, ou d’armes à laser.
    b) Les crimes contre l’humanité
    Contrairement au crime de guerre qui a lieu pendant un conflit armé, le
    crime contre l’humanité, comme d’ailleurs le crime de génocide, peut avoir
    lieu en période de paix ou en période de guerre. Nombreux sont les crimes
    contre l’humanité.
    Un exemple de tribunal spécifique était, bien sûr, celui de Nuremberg face aux
    crimes nazis. Selon l’article 6 du Tribunal militaire international de
    Nuremberg du 8 août 1945 les crimes contre l’humanité sont constitués par «
    l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation ou tout
    autre acte inhumain contre toutes populations civiles, ou bien les persécutions
    pour des motifs politiques, raciaux ou religieux lorsque ces actes ou ces
    persécutions sont commis à la suite d’un crime contre la paix ou d’un crime de
    guerre, ou en liaison avec ces crimes ».
    Selon l’article 7 paragraphe 1 du Statut de la Cour pénale internationale
    « 1. Aux fins du présent Statut, on entend par crime contre l’humanité l’un
    quelconque des actes ci-après lorsqu’il est commis dans le cadre d’une attaque
    généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en
    connaissance de cette attaque :
    a) Meurtre ; b) Extermination ; c) Réduction en esclavage ; d) Déportation ou
    transfert forcé de population ; e) Emprisonnement ou autre forme de privation
    grave de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit
    international ; f) Torture ; g) Viol, esclavage sexuel, prostitution forcée,
    grossesse forcée, stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle de
    gravité comparable ; h) Persécution de tout groupe ou de toute collectivité
    identifiable pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel,
    religieux ou sexiste au sens du paragraphe 3, ou en fonction d’autres critères
    universellement reconnus comme inadmissibles en droit international, en
    corrélation avec tout acte visé dans le présent paragraphe ou tout crime relevant
    de la compétence de la Cour ; i) Disparitions forcées de personnes ;
    j) Crime d’apartheid ; k) Autres actes inhumains de caractère analogue causant
    intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité
    physique ou à la santé physique ou mentale. »
    c) Le crime de génocide
    Rappelons les génocides du XXème siècle : génocides des arméniens (1915-
    1917), des juifs et des tsiganes (1933-1945), des cambodgiens (1975-79), des
    rwandais(1994).
    Jacques Sémelin écrit « Le génocide est toujours un ethnocide, un massacre, une
    épuration et en même temps il est plus que tous ces éléments réunis. Il a pour
    finalité la destruction totale du groupe-victime. La spécificité du génocide réside
    dans la volonté de détruire totalement une collectivité humaine définie en tant
    que telle. »
    Selon l’article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du
    crime de génocide du 9-12-1948 il s’agit des « actes criminels, commis en
    temps de guerre ou de paix, dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un
    groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
    Selon l’article 6 du Statut de la Cour pénale internationale
    « Aux fins du présent Statut, on entend par crime de génocide l’un
    quelconque des actes ci-après commis dans l’intention de détruire, en tout
    ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
    a) Meurtre de membres du groupe ; b) Atteinte grave à l’intégrité physique ou
    mentale de membres du groupe ; c) Soumission intentionnelle du groupe à des
    conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou
    partielle ; d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ; e)
    Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. »
    En ce qui concerne le génocide au Cambodge (1975-1978, au moins deux
    millions de victimes) un tribunal composé de juges cambodgiens et
    internationaux a été créé en 2006, il a jugé les derniers dirigeants du régime
    génocidaire, il a fallu attendre lejugement du 16 novembre 2018 pour que deux
    d’entre eux soient condamnés comme responsables de crimes qualifiés de
    « génocide ».
    d) Le crime d’agression
    Depuis 1945 les crimes d’agression d’un Etat contre un autre ont été
    nombreux, les Nations Unies les ont parfois sanctionnés par l’embargo et/ou
    des sanctions militaires mais, le plus souvent, elles sont restées paralysées
    par l’utilisation du droit de veto d’un membre permanent du Conseil de
    sécurité (voir article sur « Qu’est-ce que la paix? Construire la paix ! »).
    Selon l’article 8 bis du Statut de la Cour pénale internationale, rajouté
    conformément à la résolution du 11 juin 2010 :
    « 1. Aux fins du présent Statut, on entend par «crime d’agression» la
    planification, la préparation, le lancement ou l’exécution par une personne
    effectivement en mesure de contrôler ou de diriger l’action politique ou
    militaire d’un État, d’un acte d’agression qui, par sa nature, sa gravité et
    son ampleur, constitue une violation manifeste de la Charte des Nations
    Unies.
    2.Aux fins du paragraphe 1, on entend par «acte d’agression» l’emploi par un
    État de la force armée contre la souveraineté, l’intégrité territoriale ou
    l’indépendance politique d’un autre État, ou de toute autre manière incompatible
    avec la Charte des Nations Unies. Qu’il y ait ou non déclaration de guerre, les
    actes suivants sont des actes d’agression au regard de la résolution 3314
    (XXIX) de l’Assemblée générale des Nations Unies en date du 14
    décembre1974 :
    a)L’invasion ou l’attaque par les forces armées d’un État du territoire d’un autre
    État ou l’occupation militaire, même temporaire, résultant d’une telle invasion
    ou d’une telle attaque, ou l’annexion par la force de la totalité ou d’une partie du
    territoire d’un autre État ;b)Le bombardement par les forces armées d’un État du
    territoire d’un autre État, ou l’utilisation d’une arme quelconque par un État
    contre le territoire d’un autre État ;c)Le blocus des ports ou des côtes d’un État
    par les forces armées d’un autre État d)L’attaque par les forces armées d’un État
    des forces terrestres, maritimes ou aériennes, ou des flottes aériennes et
    maritimes d’un autre État ;e)L’emploi des forces armées d’un État qui se
    trouvent dans le territoire d’un autre État avec l’agrément de celui-ci en
    contravention avec les conditions fixées dans l’accord pertinent, ou la
    prolongation de la présence de ces forces sur ce territoire après l’échéance de
    l’accord pertinent ;f)Le fait pour un État de permettre que son territoire, qu’il a
    mis à la disposition d’un autre État, serve à la commission par cet autre État
    d’un acte d’agression contre un État tiers ;g)L’envoi par un État ou au nom d’un
    État de bandes, groupes, troupes irrégulières ou mercenaires armés qui exécutent
    contre un autre État des actes assimilables à ceux de forces armées d’une gravité
    égale à celle des actes énumérés ci-dessus, ou qui apportent un concours
    substantiel à de tels actes. »
    La compétence de la CPI en ce domaine ne pouvait pas s’exercer avant le
    1er janvier 2017, année où au moins deux tiers des Etats devront confirmer leur
    volonté d’activer cette compétence. Chaque Etat pourra refuser la compétence
    de la CPI s’agissant du crime d’agression. Par ailleurs, la compétence de la CPI
    sera liée à la constatation par la Conseil de Sécurité d’un acte d’agression, ou à
    défaut devra être autorisée par une Section (chambre) préliminaire de la CPI. En
    décembre 2017 l’Assemblée des Etats Parties au Statut de la CPI a déclaré
    la compétence prévue pour le crime d’agression à compter du 17 juillet
    2018.
    3- Et les crimes contre l’environnement ?
    Certes les crimes contre l’environnement sont consacrés de façon spécifique.
    Il s’agit de l’article 8, paragraphe 2,b, IV du Statut de la CPI : « Constitue un
    crime de guerre le fait de lancer une attaque délibérée en sachant qu’elle
    causera incidemment des dommages étendus, durables et graves à
    l’environnement naturel qui seraient manifestement excessifs par rapport à
    l’ensemble de l’avantage militaire concret et direct attendu».
    Mais, d’une part, ils sont consacrés comme crimes de guerre et non comme
    crimes écologiques, autrement dit ces crimes ne sont qu’une forme de crime de
    guerre. D’autre part cette disposition ne peut être invoquée que dans le
    cadre des conflits armés internationaux et non pas des conflits internes.
    Enfin la preuve du caractère intentionnel est certainement difficile à
    établir, comme d’ailleurs celle de la violation du principe de
    proportionnalité. De façon plus précise il s’agirait, par exemple, de dégager la
    notion d’un nouveau crime international, le crime d’écocide, cela en période de
    conflit armé et, aussi, en période de paix.
    Dans l’avenir ne faudrait-il pas soit ajouter un amendement au Statut de la
    CPI qui consacrerait de façon autonome ces crimes contre l’environnement, soit
    les inclure dans une future Vème convention de Genève sur la protection de
    l’environnement en période de conflit armé ? (Voir l’article à venir sur ce blog :
    Les conflits armés et la protection de l’environnement.)
    4- Les régimes totalitaires et les camps de l’horreur
    a) Les violations massives des droits de l’homme
    Ces violations sont omniprésentes dans les régimes totalitaires. Les
    totalitarismes du XXème siècle ont été le nazisme c’est-à-dire le régime
    politique (« national-socialisme ») en Allemagne de 1933 à 1945, le stalinisme
    c’est-à-dire le régime politique ( « Républiques socialistes soviétiques ») en
    Union soviétique de 1928 à 1953,et le régime politique au Cambodge de 1975 à
    1979 (les khmers rouges et le « Kampuchéa démocratique »).
    A cela il faut ajouter la période totalitaire sous la Chine de Mao, pendant « la
    Révolution culturelle » de 1966 à 1976, et la Corée du Nord de 1948 à nos jours
    dont le régime est souvent qualifié de totalitaire dans la mesure, entre autres, où
    existent des camps de détention de travail forcé.
    Un des points communs de ces régimes est le ciment totalitaire du parti
    unique dirigé par le dictateur. (Voir sur ce blog l’article : « Le contraire
    absolu de la démocratie : le totalitarisme. »)
    Pour Hannah Arendt, philosophe américaine d’origine allemande qui avait fui
    le nazisme, (« Les origines du totalitarisme », 1951,publié en français: Le
    Système totalitaire, Le Seuil,1972), le totalitarisme est le résultat d’un
    ensemble d’éléments :une idéologie officielle couvrant tous les aspects de la
    vie individuelle et collective, une main mise sur tous les moyens d’information
    et de propagande, un isolement de l’individu, « isolé et désolé », par la
    destruction des anciennes structures(familles ,syndicats, associations, églises),
    un parti unique dirigé par le dictateur, une terreur dont la police politique est un
    instrument, une mobilisation de la population dès la petite enfance, enfin,
    horreur de l’horreur ,des camps de concentration. Donc réduire le totalitarisme
    au dictateur c’est faire une analyse incomplète, le totalitarisme c’est un système
    composé d’un ensemble d’éléments parmi lesquels le dictateur et le parti unique
    ont des rôles essentiels. Arendt met en avant la convergence entre le nazisme
    et le stalinisme.
    Pour Raymond Aron, sociologue français, (« Démocratie et totalitarisme
    »,Gallimard, 1965) le totalitarisme repose un ensemble d’ éléments suivants
    : le monopole de l’activité politique par un parti, l’existence d’une idéologie
    monopolistique, le monopole des moyens de force et de persuasion détenus par
    ce parti, la subordination des activités à l’idéologie du parti, la terreur politique
    et idéologique, les camps de concentration. Aron en comparant les deux
    totalitarismes fait une différence : le nazisme est un « totalitarisme volontaire
    », l’homme « ne doit pas se donner pour but de ressembler à une bête de
    proie, il y réussit trop bien. » Par contre le stalinisme est un « totalitarisme
    involontaire », « qui veut faire l’ange fait la bête », les lendemains radieux
    annoncés étaient porteurs de présents massacreurs.
    b) Les manifestations les plus terrifiantes : les camps de l’horreur
    Les nazis éliminaient les juifs, les tziganes, les homosexuels et les handicapés,
    les staliniens éliminaient les opposants au régime communiste, les khmers
    rouges éliminaient tous ceux qui avaient un capital matériel et/ou intellectuel.
    Sous le nazisme la décision de « la solution finale » est prise le 20 janvier 1942
    (pour certains historiens en décembre 1941).Dachau(l’ouverture de ce premier
    camp est annoncée par Himmler) fonctionnait depuis mars 1933, Auschwitz dès
    juin 1940.Le système concentrationnaire comprenait en particulier 4 camps
    d’extermination immédiate (Treblinka, Belzec, Chelmno, Sobidor),2 camps
    d’extermination et de concentration(Auschwitz-Birkenau avec au moins 1,
    1million de victimes, Madjanek), 14 camps de concentration ( Ravensbruck,
    Buchenwald, Mauthausen, Dachau… et aussi le seul en territoire français,
    Struthof).En marge des centrales concentrationnaires et de leurs commandos il y
    avait les camps de transit ou d’internement qui dépendaient du système et deux
    camps de représailles pour prisonniers de guerre.
    Les historiens, en particulier Raul Hilberg, estiment aujourd’hui que les nazis
    ont exterminé 5,1 millions de juifs ( 3 millions dans les camps,800.000 dans les
    ghettos,1,3millions massacrés en dehors des camps) et d’autre part 250.000
    tziganes,200.000 handicapés physiques et mentaux , 15.000 homosexuels, 3,5
    millions de prisonniers de guerre soviétiques et 1,1 million de déportés ne
    relevant pas des « crimes » précédents. Le Tribunal international de Nuremberg
    a estimé le nombre de victimes juives à 5,7millions et a employé le nombre de 6
    millions repris par la suite. L’extermination a été celle des deux tiers de la
    population juive d’Europe et du tiers du peuple juif dans son entier.
    Sous le stalinisme la décision de création du Goulag est du 7 avril 1930, 10 à 19
    millions de personnes ont été envoyés dans ces camps de rééducation par le
    travail. Les bagnards (les zeks) du Goulag étaient affectés à des chantiers
    terrifiants, par exemple creuser la roche à mains nues dans la construction du
    canal de la mer Blanche. Le système concentrationnaire était gigantesque, il
    comprenait des centaines de camps et 17 camps principaux, parmi les pires les
    camps de Magadan, de Kolyma, le plus grand était le Bamlag. Ces camps étaient
    synonymes d’arbitraire, de misère, de mort.
    Le stalinisme dans son ensemble est responsable d’au moins 25 millions de
    victimes, à travers les camps, les purges, les famines organisées, ainsi celle
    terrifiante contre les paysans d’ Ukraine en 1932-1933 qui fit 6 millions de
    victimes.
    Sous les Khmers rouges, du 17 avril 1975 (leur entrée dans Phnom Penh) au 7
    janvier 1979 (l’arrivée des Vietnamiens au Cambodge), au nom d’une révolution
    radicale c’est, en fait, un génocide qui prend la forme d’un monde
    concentrationnaire, il s’installe dans le pays à travers évacuations des villes,
    déportations, famines, oppressions, persécutions, disparitions, centres de
    torture… Parmi ces derniers « S-21 », un lycée de la capitale Phnom Penh, où
    sont torturées et exécutées plusieurs dizaines de milliers de victimes.
    On considère que plus du quart de la population a été décimé, en trois ans, huit
    mois et vingt jours, soit plus de 2 millions de cambodgiens sur 7 millions. Là
    aussi l’horreur de l’horreur.
    Telles sont les manifestations de ces formes d’enfer que sont les totalitarismes.
    5 – Les régimes autoritaires
    Fondés sur le parti unique et/ou l’armée ces régimes violent les droits de
    l’homme, en particulier les libertés. La population est tenue d’une main de fer,
    les souffrances sont grandes, les opposants politiques font l’objet de multiples
    répressions (prisons, tortures…) et sont souvent dans la clandestinité ou à
    l’étranger. Les différences avec les totalitarismes sont celles de l’absence de
    camps de l’horreur et d’une emprise moins totalisante, mais terrible, sur la
    population. Dans le totalitarisme le système s’est totalement refermé sur lui
    même, l’air est devenu totalement irrespirable, « tout dans l’Etat, rien contre
    l’Etat, rien en dehors de l’Etat », dans le régime autoritaire le système laisse
    encore, ici ou là, quelques poches d’air, quelques marges de manoeuvres
    rarissimes.
    6- Le terrorisme
    a) C’est la menace et la mise en oeuvre de moyens de terreur au service
    d’une cause.Cette cause peut être légitime, par exemple libérer un territoire
    d’une occupation armée étrangère, ou cette cause peut être illégitime, par
    exemple la destruction d’une race.Mais la légitimité d’une cause ne signifie
    pas la légitimité de tous les moyens pour la faire triompher. Ainsi, il était
    combien légitime de lutter contre le nazisme mais tous les moyens pour le faire
    n’étaient pas légitimes, les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki, moyens massifs
    de terreur, n’étaient pas légitimes. Quelque soit la cause, légitime ou non, les
    moyens de terreur sont inacceptables, ils constituent une forme de grande
    violence.
    b) Il y a trois types d’acteurs terroristes : des personnes, des réseaux, des
    Etats. Des personnes motivées par des injustices, des vengeances privées, des
    causes liées à des conflits armés, des idéologies totalitaires. Des réseaux plus ou
    moins importants et plus ou moins organisés, éliminent, selon leurs choix et/ou
    selon les situations, des autorités, des militaires, des policiers, des membres de la
    population ciblés ou pris au hasard. Des Etats, que l’on doit alors qualifier de
    terroristes, terrorisent une partie plus ou moins massive de la population et
    éliminent des opposants en particulier en les faisant disparaitre. Il existe une
    Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les
    disparitions forcées (20-12-2006, entrée en vigueur le 23-12-2010) qui qualifient
    ces actes de « crimes contre l’humanité ». Selon l’article 2, « on entend par
    « disparition forcée » l’arrestation, la détention, l’enlèvement ou toute autre
    forme de privation de liberté par des agents de l’État ou par des personnes ou
    des groupes de personnes qui agissent avec l’autorisation, l’appui ou
    l’acquiescement de l’État. »
    c) Les moyens de terreur les plus utilisés par les terroristes sont les attentats
    qui peuvent être individuels, plus importants (facilités par la circulation
    d’armes) ou massifs (marchés, gares, grands magasins, immeubles, tours…) et
    les enlèvements (revendiqués ou non, aux motivations politiques et/ou
    financières suivis ou non de libérations). Dans la logique de prolifération
    gouvernementale et non gouvernementale d’armes de destruction massive, les
    attentats basés sur ces types d’armements (en 1995 l’utilisation du gaz sarin dans
    le métro de Tokyo) pourraient se développer dans les temps à venir.
    d) Le terreau du terrorisme apparait plus souvent soit sur fond de désespoir à
    partir d’injustices vécues comme insupportables, soit sur fond d’idéologies de
    dominations à tendances totalitaires ou totalitaires. Certains pensent que c’est
    essentiellement le système d’exploitation inhumaine , producteur d’injustices et
    d’humiliations, qui crée le terreau de la plupart des terrorismes. (Voir les
    développements sur ce blog « les analyses des causes des violences et les luttes
    contre ces causes. »)
    e) L’ampleur du nombre d’ attentats est de l’ordre de 96.600 de septembre
    2001 à décembre 2016, ils ont coûté la vie à plus de 190.000 personnes et
    blessé plus de 340.000.Ces attentats sont massifs dans des pays asiatiques, par
    exemple au Pakistan de 2007 à 2014 : 7000 victimes, le 17 décembre 2014 à
    Peshawar 148 morts, massifs dans des pays africains, par exemple au Nigeria le
    3 janvier 2015 ce sont 2000 civils chrétiens et musulmans qui sont massacrés
    par Boko Haram. Dans des pays européens, ils sont revendiqués en particulier
    par Al-Qaida au Yémen. En France, le 8 janvier 2015, l’ensemble de la
    direction d’un journal, Charlie Hebdo, et des clients d’un magasin juif sont
    exécutés. Le 11 janvier 2015 ont lieu les plus gigantesques manifestations de
    l’histoire de France, 4 millions de personnes dans les rues, soutenues par des
    manifestations dans de nombreux pays étrangers, contre ces attentats et pour la
    liberté d’expression. Le 13 novembre 2015 Paris fait l’objet d’attentats
    revendiqués par l’organisation de l’ Etat islamique, ils causent la mort de 130
    personnes, l’état d’urgence est décrété. Le ramadan 2016 est sanglant, ainsi des
    attentats en Arabie saoudite, en Turquie, au Yemen, en Jordanie, en Irak…Dans
    ce dernier Etat à Bagdad le 3 juillet 2016 l’Etat islamique provoque la mort de
    près de 300 personnes, ainsi Daesh est capable de frapper sur une partie de la
    planète.
    f) Les luttes contre le terrorisme mises en place après le 11 septembre 2001 se
    sont intensifiées peu à peu : plans de surveillance et de sécurité,
    développement des services de renseignements, coopérations judiciaire et
    policière entre Etats, entreprises de déconditionnement , remise en cause de
    circuits financiers …Trois difficultés sont grandes. La première consiste à ne
    pas porter atteinte aux libertés fondamentales au nom de la sécurité, on bascule
    alors dans les dérives du sécuritaire. L’exemple caricatural est celui de
    l’emprunt à la panoplie des régimes autoritaires de « la déchéance de
    nationalité ». La seconde difficulté consiste à s’attaquer aux véritables causes du
    terrorisme, essentiellement au terreau des injustices, dans des quartiers
    « défavorisés », dans les « zones urbaines sensibles » où ces inégalités sont
    criantes, et aussi aux guerres porteuses de souffrances et de haines, « si on
    répond à la haine par la haine on ne fait que l’étendre en surface et en
    profondeur » disait Gandhi. La troisième difficulté est celle des labyrinthes des
    circuits financiers dans lesquels sont directement et indirectement impliqués
    différents acteurs, nombreux et quelquefois puissants.
    7- La course aux armements
    C’est à nouveau l’escalade des dépenses militaires mondiales qui augmentent
    de 40% de 2000 à 2009 …puis vient une baisse importante de 2009 à 2013, en
    2014 c’est la hausse qui reprend, 1547 milliards de dollars (à titre de
    comparaison le budget de l’UNESCO pour 2014-2015 était de 653 millions de
    dollars).
    En 2017 selon le SIPRI de Stockholm les dépenses militaires mondiales ont été
    de 1739 milliards de dollars (avec en tête les Etats-Unis 610 milliards de dollars,
    puis la Chine 228, l’Arabie Saoudite 69,4, la Russie 66,3, l’Inde 63,9, la France
    57,8 milliards de dollars…
    Chaque jour le monde dépense donc près de 5 milliards de dollars(4,76) en
    armements. Voilà des logiques humanicides et terricides.
    C’est une des formes de violence les plus gigantesques à travers quatre
    mécanismes que l’on énumère très rarement de façon complète :
    a) D’abord cette course alimente les conflits armés c’est-à-dire que des
    armes peuvent en être une cause secondaire ou principale, elles vont être autant
    d’étincelles dans des lieux qui sont souvent des poudrières.
    b) Ensuite fabriquer des armes c’est préparer la mort de victimes dans des
    conflits armés qui, selon certains, de 1945 à 2013 ont entrainé l’équivalent du
    nombre de victimes de la Seconde guerre mondiale, 55 millions de morts, et
    c’est préparer beaucoup d’autres morts, blessés et souffrances pour les années à
    venir.
    c) C’est aussi penser que la paix repose sur des menaces,quelquefois même
    sur le chantage à la mort absolue avec les armes de destruction massive. Or
    l’augmentation en quantité et en qualité des armements accroit l’insécurité
    générale, la véritable paix ne peut pas reposer sur des peurs
    réciproques, elle se construit côte à côte face aux défis communs rencontrés par
    les générations présentes et déjà futures.
    d) Enfin, réalité presque toujours passée sous silence, les sommes
    gigantesques englouties dans les armements auraient pu aller vers des
    besoins criants, de santé, d’infrastructures de l’eau, d’éducation,
    d’environnement…
    Cette forme de violence, quand on veut essayer de la penser, est une des
    plus terribles que l’humanité s’est faite et se fait à elle-même, elle « déchire
    ses entrailles », elle répand son propre sang, elle laisse criantes, hurlantes,
    d’innombrables souffrances auxquelles elle se devait de répondre.
    (Voir nos deux ouvrages JML, Construire la paix, 1er tome : les armements
    détruirons l’humanité, 2ème tome :l’humanité détruira les armements, éditions
    La Chronique sociale,1988.)
    8- Les grandes violences économiques et sociales
    a) La violence totalisante du système productiviste mondial terricide et
    humanicide peut se résumer ainsi :
    Ce système n’est-il pas condamnable du seul fait, par exemple, qu’il y ait en
    2016 un enfant sur deux dans le monde en situation de détresse et/ou de
    danger(guerres, maladies, misère…) et du seul fait, par exemple, que les
    marchés financiers ont pris, depuis 1971 (fin de la convertibilité du dollar en or),
    une large partie de la place des conducteurs(Etats, entreprises…) ?
    Ce système n’est-il pas condamné du seul fait , par exemple, que 5 milliards
    de dollars partent chaque jour en 2017 vers les dépenses militaires mondiales, et
    du seul fait, par exemple, que des activités humaines entraînent un
    réchauffement climatique qui menace l’ensemble du vivant (+3°C à 6°C vers
    2100 et plus d’un mètre (deux?) d’élévation du niveau des mers ?)
    b) La puissance du pouvoir financier constitue une grande violence
    Les Etats à ce jour (fin 2018) n’ont pas encore les volontés massives et
    radicales de faire face aux nouveaux conducteurs de la planète, les marchés
    financiers, de plus en plus puissants depuis 1971 (c’était la fin de la
    convertibilité du dollar en or qui a précipité la spéculation internationale sur les
    monnaies et amplifié la puissance des bourses, des banques et des marchés
    financiers).
    Les liens entre des Etats, des firmes multinationales et les marchés financiers
    contribuent à transformer l’ensemble en géants mais ne s’agit-il pas de géants
    aux pieds d’argile dans la mesure où, en fin de compte, des logiques terricides et
    humanicides sont à l’oeuvre ?
    Ces marchés financiers comprennent six classes d’actifs : le marché actions, le
    marché obligataire, le marché monétaire, le marché des dérivés, le marché des
    changes, le marché des matières premières. Deux chiffres symboliques de cette
    force : en avril 2016 les transactions quotidiennes(!) sur le marché des changes
    étaient de 5100 milliards de dollars, pour l’année 2017 le gestionnaire américain
    d’actifs Black Rock gérait 6000 milliards de dollars et réalisait un bénéfice de
    3,7 milliards.
    A titre de comparaisons le chiffre d’affaires annuel en 2017 des dix premières
    entreprises du monde allait de 200 à 500 milliards de dollars, le PIB en 2017
    était pour 139 Etats inférieur à 10 milliards de dollars dont 30 inférieur à 3 ,
    alors que le PIB des Etats-Unis était de 19362 et celui de la France( cinquième
    dans la liste des 193 Etats) de 2574, le budget bi annuel des Nations Unies pour
    2018-2019 est de 5,4 milliards de dollars.
    Ce sont là quelques rapports de forces financiers qui en disent très longs sur des
    rapports de force internationaux.
    c) Des injustices globales dans le monde aujourd’hui
    « Les victimes des injustices économiques sont ainsi, sans le moindre remords,
    sacrifiées sur l’autel de l’ordre public. Jusqu’à quand ? » écrit Eduardo Galeano
    (Le Monde diplomatique, Guerre aux pauvres, août 1996).
    Les quatre réalités qui suivent sont souvent soulignées par des institutions
    spécialisées des Nations Unies, des organes subsidiaires et des programmes de
    cette organisation internationale.
    Ainsi en 2016, selon l’UNICEF, un enfant sur deux dans le monde est en
    situation de détresse et/ou de danger (misères, sous-nutrition, maladies,
    guerres…). Si une civilisation se juge en particulier au sort qu’elle réserve à ses
    enfants… le jugement de condamnation est sans appel.
    En 2014, selon l’OMS, dans les pays à faibles revenus 4 décès sur 10 touchaient
    des enfants de moins de 15 ans, dans les pays à revenus élevés 1 enfant sur
    100.L’inégalité devant la mort existe pour l’enfant selon le pays où il vit.
    En 2014, selon le PNUD, moins de 10% de la population mondiale dispose de
    82% du patrimoine mondial, alors que 70% de cette population mondiale
    disposent de 3% du patrimoine mondial. C’est ce que l’on appelle une violence
    structurelle gigantesque.
    Fin 2015, selon les Nations Unies, 4,5milliards de personnes se trouvent dans le
    besoin avec le minimum vital, 1,5milliard de personnes est en situation de survie
    (avec moins de 1,25 dollar par jour) et 1 milliard vit dans l’aisance. On voit
    particulièrement bien ici que le système ne répond pas aux besoins importants
    ou criants de la grande majorité de la population mondiale.
    d) Des injustices particulières dans le monde aujourd’hui
    Nous rappelons dix séries d’inégalités terribles, cette liste des drames est très
    loin d’être exhaustive. Les drames de la faim, de l’absence d’eau potable, de
    l’absence de toilettes, des maladies qui tuent sans vaccinations ou soins, drames
    de l’inégalité de l’accès aux médicaments, des inégalités dans l’espérance de
    vie, des inégalités dans l’éducation, des inégalités relatives au niveau de vie, des
    inégalités devant la protection sociale, des inégalités relatives à l’empreinte
    écologique. (Voir statistiques précises dans l’article à venir sur ce blog : «
    L’injustice et les luttes contre les inégalités.»)
    Face au drame de la faim (821 millions de personnes en 2017 soit un habitant
    sur neuf dans le monde ), ou face au drame de l’absence d’accès à
    l’eau potable et à l’assainissement… on décide… qu’on décidera plus tard de
    s’attaquer aux causes de ces situations inhumaines .Le réchauffement
    climatique est devenu une cause qui s’ajoute aux autres et aggrave ces deux
    drames mondiaux.
    Les violences des migrations forcées est massive. Ainsi par exemple pour
    l’année 2015 c’est l’accroissement du nombre de réfugiés et de déplacés, 60
    millions de personnes selon le HCR, soit l’équivalent de presque toute la
    population française. Sur ce total 20,2 millions essaient d’échapper aux guerres
    et aux persécutions, c’est un niveau sans précédent depuis 1992.En 2017 voilà
    un nouveau record du nombre de déplacés : 68,5 millions de personnes.
    Les déplacés environnementaux seraient peut-être de l’ordre de 150 à 300
    millions vers 2100… Si de grandes villes asiatiques devenaient irrespirables ce
    type de migrations forcées pourrait être, selon certains, de un à deux milliards de
    personnes…
    9- Les grandes violences culturelles.
    a) L’ethnocide : c’est la destruction radicale, globale et délibérée d’une
    culture.
    L’ethnocide se fait le plus souvent dans le but d’exploiter économiquement et
    politiquement les membres de la culture assassinée. Il conduit à la destruction
    physique partielle des membres de cette culture, il va souvent de pair avec des
    massacres. Les traces de la culture assassinée sont partiellement ou massivement
    détruites : ouvrages, musées, oeuvres, monuments, écoles…
    b) Existent aussi d’autres formes de violences culturelles qui
    s’appellentl’assimilation,plus ou moins imposée par un rapport de forces, c’està-
    dire l’effacement d’une culture sous la domination d’une autre,
    et l’uniformisation, qui fait peu à peu disparaitre les différences, «
    l’uniformisation uniformisante » était pour Kostas Axelos une violence terrible
    et omniprésente.
    10-Les grandes violences écologiques
    a ) Peut-on parler de grandes violences ?
    Ne doit-on pas considérer les problèmes drames et les menaces relatifs à
    l’environnement comme de grandes violences ? Nous pouvons le penser dans la
    mesure où ils portent massivement atteinte aux peuples, aux personnes et aux
    générations futures, et dans la mesure où la plupart d’entre eux sont d’origine
    humaine et que l’homme n’a pas pris, à ce jour, les moyens assez massifs et
    radicaux de les combattre.
    Si l’on regroupe ces problèmes, ces menaces et ces drames environnementaux
    on peut dire que : la dégradation des sols s’étend, la déforestation continue, les
    déchets ne cessent d’augmenter, le nucléaire a engagé les générations présentes
    et futures, l’eau se raréfie et se dégrade, le milieu marin est souvent traité en
    poubelle, la couche d’ozone reste menacée, les gaz à effet de serre entrainent un
    réchauffement climatique, les espèces animales et végétales sont décimées.
    b) Les inégalités sont présentes aussi dans l’environnement,ne sont-elles pas
    des formes de violence ?
    Elles se traduisent par une empreinte écologique très variable en particulier
    selon les Etats (voir ci-dessus) et par des effets très inégaux sur les populations.
    Des ONG insistent sur cette dimension, ainsi l’alliance internationale « Justice
    Climatique Maintenant ! » met en avant les liens entre le social et
    l’environnemental, le réchauffement atteint toute la Terre mais d’abord les pays
    et les peuples les plus pauvres.Le mouvement contre le » racisme
    environnemental » dénonce depuis les années 1980 le fait que les populations
    noires et pauvres sont les plus touchées aux Etats-Unis par exemple par la
    proximité des déchets toxiques, un auteur sociologue comme l’américain Robert
    Bullard relie droits de l’homme et environnement, des juristes
    environnementalistes , ainsi en France Alexandre Kiss et Michel Prieur dès les
    années 1970, iront aussi en ce sens contribuant à faire du droit de l’homme à
    l’environnement un droit à vocation universelle.
    c) L’énumération des principales situations écologiques violentes est
    impressionnante.
    Une des plus grandes violences est celle du réchauffement climatique,
    cette gigantesque machine infernale produite par ce système productiviste.
    Le grand « vainqueur » est , à ce jour( fin novembre 2018), ce réchauffement
    climatique. (voir notre ouvrage, écrit pour cette 4ème édition en collaboration
    avec Hubert Delzangles et Catherine Le Bris, Droit international de
    l’environnement, Ellipses, 2018).
    La situation est simple à schématiser :
    Si l’Accord de Paris(2015) sur le climat était appliqué en l’état : l’augmentation
    de la température serait de l’ordre de 3,5°C vers la fin du siècle. Situation
    encore gravissime.
    Si l’Accord n’était pas appliqué le réchauffement serait de 4°C à 6°C, voire
    plus, vers 2100.Autant dire que la 6 ème extinction des espèces (humains
    compris) serait en voie d’effacer le vivant ou la plus grande partie du vivant.
    Si l’Accord contribuait à donner le jour à de nouveaux engagements, massifs et
    appliqués, le vivant aurait alors probablement des chances de survie.
    La liste des atteintes relatives à l’environnement et au vivant est
    impressionnante :
    En ce qui concerne l’air : réchauffement climatique, phénomènes climatiques
    extrêmes, appauvrissement de la couche d’ozone, retombées des pluies acides,
    pollutions chimiques diffuses et accidentelles, pollutions radioactives diffuses et
    accidentelles d’origine civile et militaire, pollutions urbaines, nuisances sonores,
    pollutions lumineuses, pollutions de l’espace orbital…Le seul exemple en Chine
    de la pollution atmosphérique provoquée, entre autres, par les industries lourdes
    dans les zones urbaines, est dramatique : morts prématurées, explosions des
    cancers du poumon, suffocations, masques en rupture de stocks…A Pékin en
    février 2014 le taux de concentration des microparticules dans l’air est de 16 fois
    le maximum mis en avant par l’OMS, dans certaines villes 36 fois ce maximum.
    Toujours selon l’OMS la pollution atmosphérique touche neuf urbains sur dix
    dans le monde ( étude sur 1 600 villes de 91 pays, 7 mai 2014). Sont
    particulièrement touchées des villes du Pakistan, de l’Inde, de la Chine…
    En ce qui concerne les eaux douces : absence d’accès à l’eau potable, absence
    d’assainissement, inondations, problèmes de quantité de réserves d’eau
    produisant des situations de stress hydrique et de pénuries d’eau, sécheresses de
    plus en plus terribles, jamais vues auparavant, dans des lieux de plus en plus
    nombreux de la planète, atteintes à la qualité de cours d’eau et de nappes
    phréatiques à partir de pollutions agricoles, industrielles, domestiques,
    assèchements et empoisonnements de nappes phréatiques, effets écologiques de
    certains barrages et de modifications de tracés de cours d’eau…
    En ce qui concerne le milieu marin : pollutions venant des fleuves et des côtes
    (pollutions telluriques), pollution par immersion de déchets, de déchets
    dangereux, de déchets radioactifs, pollutions volontaires et accidentelles de
    navires et de plates-formes, pollutions à partir d’aéronefs jetant des déchets,
    dégradations des ressources marines et côtières, surexploitation et disparitions
    d’espèces marines, filets destructeurs de fonds marins, plaques et mers de
    déchets dans le milieu marin, enfin bien sûr côtes rongées, déchiquetées par les
    avancées et la montée des océans…
    En ce qui concerne les sols : l’épiderme de la Terre est ici menacé, là malade à
    travers la désertification, les atteintes sont très nombreuses par surexploitation,
    surpâturage, déboisement, par pesticides, nitrates, métaux lords, pluies acides,
    déchets mis en décharge, transports et stockages de déchets toxiques, atteintes
    par extensions des surfaces urbaines …
    En ce qui concerne les forêts : déforestation par surexploitation, par
    empiètements, feux de forêt, diminution de la variété d’espèces forestières,
    pollutions multiples, pluies acides, réchauffement climatique, certains insectes
    ravageurs, certains champignons aussi…
    En ce qui concerne la flore, la faune, les paysages : Appauvrissement de la
    diversité biologique, espèces de la faune et de la flore décimées et menacées
    d’extinction, marchandisation du vivant(voir article sur ce site), risques liés aux
    organismes génétiquement modifiés, artificialisation de la nature, prolifération
    de certaines espèces posant des problèmes écologiques, prolifération de
    certaines espèces posant des problèmes économiques et écologiques, régressions
    d’habitats naturels, urbanisation incontrôlée, destructions de paysages,
    destructions de cultures vivrières au profit de grandes monocultures…
    d) Les effets environnementaux sur la santé des êtres humains :
    En 2012 l’OMS avançait le fait que 23% des décès dans le monde était liés à
    l’environnement (tabac non compris) soit un décès sur quatre, soit 12,6
    millions de victimes dues pour la plus grande part aux pollutions de l’air, cellesci
    en 2014 selon l’OMS ont causé la mort de 7 millions de personnes.
    Certains auteurs avancent des chiffres beaucoup plus élevés, cela est lié en
    particulier à la définition plus ou moins large donnée à l’environnement, chiffres
    allant jusqu’à 40% des décès , voire plus, dans le monde résultent de facteurs
    environnementaux : tabac, pollutions chimiques , radioactives, pollutions dans
    des transports, des alimentations, des habitations, des lieux de travail, dans des
    airs, des sols et des eaux…
    Le tabac en 2014 a tué 5 millions de personnes(en France 78000), l’alcool a tué
    3 millions de personnes(en France 49000).
    Ne soulignons ici que quelques effets dramatiques et massifs de la
    dégradation environnementale. Les catastrophes écologiques mais aussi : les
    pollutions de l’air, des sols, des eaux de surface et souterraines et leurs effets
    sanitaires, la sécurité alimentaire qui est de moins en moins assurée dans
    certaines régions, les contaminations des aliments par des pollutions chimiques,
    radioactives, par des additifs alimentaires, par la dioxine, par des farines
    animales…l’exposition de travailleurs et de populations à des substances
    dangereuses(drame de l’amiante)et d’une façon générale l’augmentation
    impressionnante du nombre de cancers d’origine environnementale…(voir par
    exemple Dominique Belpomme, Avant qu’il ne soit trop tard, Fayard,2007). La
    seule pollution de l’air, selon l’OMS ( étude du 24 mars 2014), a causé la mort
    de 7 millions de personnes en 2012, soit un décès sur 8, les 2/3 de ces victimes
    étaient en Asie.
    De façon plus globale au moins 40% des décès (des auteurs donnent des
    chiffres beaucoup plus élevés, tout dépend en particulier de la conception
    restreinte ou plus large que l’on a de l’environnement) dans le
    monde résulteraient de facteurs environnementaux : tabac, pollutions
    chimiques, radioactives, pollutions dans des transports, des alimentations, des
    habitations, des lieux de travail, pollutions de l’air, des sols et des eaux…
    Des études prévisionnelles mettent en particulier en avant une explosion des
    cancers dans le monde de 75% de 2012 à 2030 et de 95% dans les pays les plus
    pauvres, on passerait de 12,7millions de personnes atteintes en 2008 à
    20,3millions en 2030, et on passerait de 7,6millions de morts par cancers en
    2008 à 13,2millions en 2030.(The Lancet Oncology,juin2012,étude menée dans
    le cadre du Centre international de recherche sur le cancer(CIRC,
    Lyon),organisme lié à l’OMS.) L’étude souligne que certains cancers (côlon,
    rectum, sein, prostate) semblent associés au développement économique et au
    mode de vie.
    Va aussi dans ce sens par exemple l’ouvrage d’un toxicologue (André Cicolella,
    Toxique planète, Seuil,2013) qui dénonce le « scandale invisible des maladies
    chroniques », il montre la transmission d’un héritage toxique à destination des
    générations futures, il en appelle à de nouvelles politiques de santé mondiale qui
    prennent en compte une remise en cause des origines environnementales des «
    perturbateurs endocriniens », il affirme que les maladies
    chroniques(cardiovasculaires, respiratoires, cancers, diabète…) peuvent reculer
    si nous repensons nos façons de vivre, de travailler, de se déplacer. Telles sont
    les grandes violences. Qu’en est-il du second regroupement des formes de
    violences que nous proposons ?
    B- Les contenus des violences et les atteintes aux personnes , aux biens, à
    la paix publique, à l’environnement
    Le document utilisé sera celui très significatif d’un Etat, la France, définissant
    des crimes et délits, nous ferons ainsi à travers le code pénal un récapitulatif des
    atteintes portées aux personnes, aux biens, à la paix publique, puis à travers le
    code de l’environnement des atteintes portées à celui-ci. Ces atteintes ne sontelles
    pas autant de formes de violence ?
    Nous les regrouperons en onze points dont nous ferons onze synthèses : 1-
    Les crimes contre l’humanité, 2- Les atteintes à la vie de la personne, 3- Les
    atteintes à l’intégrité physique ou psychique de la personne, 4- La mise en
    danger de la personne, 5- Les atteintes aux libertés de la personne, 6- Les
    atteintes à la dignité de la personne humaine, 7- Les atteintes à la personnalité ,
    8- Les atteintes aux mineurs et à la famille, 9-Les atteintes contre les biens, 10-
    Les crimes et délits contre la nation, l’Etat, la paix publique, la confiance
    publique, autres crimes et délits,11-Les atteintes à l’environnement.
    1-Les crimes contre l’humanité selon le droit interne français
    a)Le titre premier du Code pénal s’intitule« Des crimes contre l’humanité »,le
    chapitre premier s’intitule « Du génocide »,selon l’article 211-1 « Constitue
    un génocide le fait, en exécution d’un plan concerté tendant à la destruction
    totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux, ou d’un
    groupe déterminé à partir de tout autre critère arbitraire, de commettre ou de
    faire commettre, à l’encontre de membres de ce groupe, l’un des actes suivants :
    -atteinte volontaire à la vie ;-atteinte grave à l’intégrité physique ou psychique ;-
    soumission à des conditions d’existence de nature à entraîner la destruction
    totale ou partielle du groupe ;-mesures visant à entraver les naissances ;-transfert
    forcé d’enfants.
    b) Le chapitre II s’intitule « Des autres crimes contre l’humanité»,c’est
    l’article 212-1 qui les définit « Constitue également un crime contre l’humanité
    et est puni de la réclusion criminelle à perpétuité l’un des actes ci-après commis
    en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile
    dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique :
    1° L’atteinte volontaire à la vie ; 2° L’extermination ; 3° La réduction en
    esclavage ; 4° La déportation ou le transfert forcé de population ; 5°
    L’emprisonnement ou toute autre forme de privation grave de liberté physique
    en violation des dispositions fondamentales du droit international ; 6° La torture
    ; 7° Le viol, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée ou
    toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable ; 8° La persécution
    de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre
    politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste ou en fonction
    d’autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en droit
    international ; 9° La disparition forcée ; 10° Les actes de ségrégation commis
    dans le cadre d’un régime institutionnalisé d’oppression systématique et de
    domination d’un groupe racial sur tout autre groupe racial ou tous autres groupes
    raciaux et dans l’intention de maintenir ce régime ; 11° Les autres actes
    inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes
    souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou psychique. »
    2- Les atteintes à la vie de la personne
    a) Les atteintes volontaires à la vie: Lorsque un être humain en tue
    volontairement un autre on qualifie cet acte d’homicide volontaire. S’il n’y a pas
    préméditation c’est un « meurtre », s’il y a préméditation c’est un «
    assassinat.»En France ce crime est jugé par une Cour d’assises.
    b) Les atteintes involontaires à la vie: le fait de causer, dans des conditions et
    selon les distinctions prévues à l’article 121-3 , par maladresse, imprudence,
    inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de
    prudence imposée par la loi ou le règlement ,la mort d’autrui constitue un
    homicide involontaire. En cas de violation manifestement délibérée d’une
    obligation particulière de sécurité ou de prudence imposées par la loi ou le
    règlement les peines encourues sont aggravées.
    3- Les atteintes à l’intégrité physique ou psychique de la personne
    a) Les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne :
    -Les tortures et actes de barbarie.
    -Les violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner, les violences
    ayant entrainé une mutilation ou une infirmité permanente, les violences ayant
    entrainé une incapacité totale de travail de plus de huit jours, les violences ayant
    entrainé une incapacité de travail de moins de huit jours ou n’ayant entrainé
    aucune incapacité de travail lorsqu’elles sont commises sur un mineur, sur une
    personne vulnérable(…voir par exemple en France la liste Art.222-13 du Code
    pénal),les violences habituelles sur un mineur ou sur un personne dont la
    particulière vulnérabilité due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une
    déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou
    connues de leur auteur sont punies de peines importantes ;les appels
    téléphoniques malveillants réitérés ou les agressions sonores en vue de troubler
    la tranquillité d’autrui.
    -Les menaces : la menace, par quelque moyen que ce soit, de commettre un
    crime ou un délit contre les personnes.
    b) Les atteintes involontaires à l’intégrité de la personne :
    elles sont constituées par le fait de causer à autrui, dans les conditions et selon
    les distinctions prévues à l’article 121-3, par maladresse, imprudence,
    inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de
    sécurité imposée par la loi ou le règlement, une incapacité totale de travail
    pendant plus de trois mois. En cas de violation manifestement délibérée d’une
    obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le
    règlement, les peines encourues sont aggravées.
    Le nombre de personnes atteintes peut être important dans une forme donnée,
    par exemple selon l’OMS la route a tué 1,3 million de personnes en 2013 et en
    a blessé 25 à 50 millions.
    c) Les agressions sexuelles :le viol, les autres agressions sexuelles, le
    harcèlement sexuel.
    d) Le harcèlement moral : il s’agit du fait de harceler autrui par des
    agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des
    conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité,
    d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir
    professionnel .
    e) Le trafic de stupéfiants.
    4- La mise en danger de la personne
    Constituent une mise en danger de la personne : le délaissement d’une personne
    hors d’état de se protéger, l’entrave aux mesures d’assistance et l’omission de
    porter secours, l’expérimentation sur la personne humaine, l’interruption illégale
    de la grossesse, la provocation au suicide, l’abus frauduleux de l’état
    d’ignorance ou de faiblesse.
    5- Les atteintes aux libertés de la personne
    Ce sont l’enlèvement, la séquestration, le détournement d’un moyen de transport
    (aéronef, navire ou tout autre moyen de transport).
    6- Les atteintes à la dignité de la personne humaine
    a) Les discriminations.
    Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes
    physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de
    leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur lieu de
    résidence, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques
    génétiques, de leurs moeurs, de leur orientation ou identité sexuelle, de leur âge,
    de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance
    ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une
    race ou une religion déterminée.
    Constitue également une discrimination toute distinction opérée entre les
    personnes morales à raison de l’origine, du sexe, de la situation de famille, de
    l’apparence physique, du patronyme, du lieu de résidence, de l’état de santé, du
    handicap, des caractéristiques génétiques, des moeurs, de l’orientation ou identité
    sexuelle, de l’âge, des opinions politiques, des activités syndicales, de
    l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une
    nation, une race ou une religion déterminée des membres ou de certains
    membres de ces personnes morales.
    Les discriminations sont autant d’atteintes au principe de nondiscrimination
    qui est consacré par exemple par l’article 2 de la DUDH de
    1948, mais surtout par les Pactes internationaux des droits de l’homme (16-12-
    1966) : dans le Pacte des droits civils et politiques c’est l’article 2 alinéa1. « Les
    Etats parties au présent Pacte s’engagent à respecter et à garantir à tous les
    individus se trouvant sur leur territoire et relevant de leur compétence les droits
    reconnus dans le présent Pacte, sans distinction aucune, notamment de race, de
    couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre
    opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute
    autre situation. ». Dans le Pacte des droits économiques ,sociaux et culturels
    c’est l’article 2 alinéa 2 « Les Etats parties au présent Pacte s’engagent à garantir
    que les droits qui y sont énoncés seront exercés sans discrimination aucune
    fondée sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, l’opinion politique
    ou toute autre opinion, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou
    toute autre situation. »
    b) Les autres atteintes à la dignité humaine
    Elles sont constituées par la traite des êtres humains, le proxénétisme, le recours
    à la prostitution de mineurs ou de personnes particulièrement vulnérables,
    l’exploitation de la mendicité, les conditions de travail et d’hébergement
    contraires à la dignité humaine, le bizutage, les atteintes au respect dû aux morts.
    7- Les atteintes à la personnalité
    Ces atteintes s’appellent l’atteinte à la vie privée, l’atteinte à la représentation de
    la personne, la dénonciation calomnieuse, l’atteinte au secret, les atteintes aux
    droits de la personne résultant des fichiers ou des traitements informatiques, les
    atteintes à la personne résultant de l’étude génétique de ses caractéristiques ou
    de l’identification par ses empreintes génétiques.
    8- Les atteintes aux mineurs et à la famille
    Il s’agit du délaissement de mineur, de l’abandon de famille, des atteintes à
    l’exercice de l’autorité parentale, des atteintes à la filiation, de la mise en péril
    des mineurs.
    9- Les atteintes aux biens
    Ces atteintes sont des crimes ou des délits déterminés par le code pénal. Ces
    formes de violence sont le vol simple, le vol aggravé, l’extorsion, le chantage, la
    demande de fonds sous contrainte, l’escroquerie, l’abus de confiance,
    l’organisation frauduleuse de l’insolvabilité, le recel, les destructions,
    dégradations et détériorations, le blanchiment simple et le blanchiment aggravé.
    10- Les crimes et délits contre la nation, l’Etat , la paix publique, la
    confiance publique, autres crimes et délits
    a) Les atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation :La trahison et
    l’espionnage, l’attentat et le complot, le mouvement insurrectionnel, la levée de
    forces armées, les atteintes à la sécurité des forces armées ,les atteintes au secret
    de la défense nationale.
    b) Le terrorisme,
    c) Les atteintes à l’autorité de l’Etat: atteintes à la paix publique (entraves à
    l’exercice des libertés d’expression, du travail, d’association, de réunion ou de
    manifestation), la participation délictueuse à un attroupement, la participation
    délictueuse à une manifestation ou à une réunion publique, les groupes de
    combat et les mouvements dissous.
    d) Les atteintes à l’administration publique, à l’action de la justice, les
    atteintes aux Etats étrangers et des organisations internationales
    publiques (corruption), les atteintes à la confiance publique(les faux, la fausse
    monnaie, la falsification des marques de l’autorité).
    e) Les autres crimes et délits : en matière de santé publique (protection de
    l’espèce humaine, protection du corps humain, protection de l’embryon
    humain).
    f )Les sévices graves ou actes de cruauté envers les animaux : il s’agit du fait,
    publiquement ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de
    commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou
    tenu en captivité.
    11-Les atteintes à l’environnement
    De nombreuses atteintes sont définies à partir des législations nationales,
    régionales, internationales, ces atteintes violent des mécanismes de protection
    des espèces, de protection des espaces, elles violent le droit de la pêche en eau
    douce ou en milieu marin, le droit de protection de la forêt.
    Existent ainsi des lois, et leur non respect est porteur de violences
    environnementales, sur les installations classées, sur les risques technologiques
    majeurs, sur les pollutions sectorielles (air, eau, bruit, déchets domestiques,
    industriels, radioactifs, produits chimiques, produits phytosanitaires et
    pesticides, organismes génétiquement modifiés), sur le droit des paysages et des
    sites, sur le droit de l’environnement urbain, rural , culturel, droit de
    l’environnement côtier.
    Telles sont les violences contre les personnes, les biens, l’environnement.
    Quelles sont donc les autres violences que l’on qualifie parfois de « banales » ?
    C- Les autres violences à ne pas banaliser
    Jacques Sémelin écrit « Il y a aussi les violences « banales » dont nous
    sommes les témoins, les victimes… ou les acteurs. » Cette violence est plus
    ou moins intégrée à une partie de nos modes de vie, il arrive que nous n’en
    ayons pas conscience, contrairement aux violences spectaculaires.
    Nous les regroupons en dix points dont nous ferons dix synthèses : 1- Les
    discriminations, 2- Les violations des différences, 3-Les violences
    d’oppressions, 4-L’instrumentalisation des rapports humains, 5- la
    marchandisation de rapports humains, 6-Les effets de l’accélération du système
    international, 7-Les harcèlements dans la vie quotidienne, 8- Les violences
    médiatiques, 9- Les douces violences, 10-Les violences des casseurs d’ailes.
    1- Les discriminations
    Nous les avons déjà évoquées ci-dessus dans « les atteintes à la dignité de la
    personne », dès lors pourquoi les souligner à nouveau ici ? Parce que c’est une
    façon d’insister sur le fait qu’elles peuvent être sanctionnées mais aussi
    banalisées ici et là, que nous en soyons des témoins, des victimes ou des acteurs.
    Ce mot « discrimination » vise des différenciations contraires au principe
    d’égalité,on remet en cause l’égalité au détriment de certaines personnes, en
    raison par exemple de leur appartenance raciale, confessionnelle, plus
    généralement par application de critères sur lesquels la loi interdit de fonder des
    « discriminations juridiques arbitraires » (opinion politique, sexe, état de santé,
    handicap, origine, ethnie, race, orientation sexuelle, activité syndicale…).
    Nous voulons insister surtout et avec force sur le fait que le principe de nondiscrimination
    est au coeur de la justice. C’est l’un des plus fondamentaux.
    C’est l’article 1er de la DUDH « Tous les êtres humains naissent libres et égaux
    en dignité et en droits » (il faut lutter pour que les avancées soient réelles) et ils
    sont différents, ces différences sont une richesse, une chance.
    Très proche de ce développement est celui qui suit mais nous le présentons sous
    un autre angle, celui des différences.
    2- Les violations des différences
    « La violence banale c’est l’absence de respect des différences : l’adulte qui
    voudrait que l’enfant lui ressemble à tout prix. (…) » (Jacques Sémelin).
    Politiquement, philosophiquement, humainement il s’agit ici des rapports entre
    une unité donnée et des diversités, et finalement aussi de nos rapports aux
    autres.
    En premier lieu une unité donnée, par exemple un pays, ne doit pas éliminer les
    différences, il faut prévenir et dénoncer ces pratiques de domination, ces
    regards de capture qui débouchent souvent sur des drames épouvantables.
    En second lieu une unité donnée ne doit pas exacerber les différences, ce
    regard est lui aussi destructeur à travers la formation des ghettos, le repli
    identitaire peut se traduire par des pratiques inhumaines.
    En troisième lieu le fait d’effacer les différences n’est-il pas plus ou moins
    dommageable ? Ce regard d’assimilation consiste à dire que l’autre est notre
    égal parce qu’il devient comme nous.
    En quatrième lieu se situe le regard d’ouverture, il repose sur le respect des
    différences, c’est le regard d’intégration. On reconnaît des similitudes et des
    différences, c’est le grand principe de non-discrimination. Nous sommes
    égaux, c’est l’article premier de la DUDH « tous les êtres humains naissent
    libres et égaux en dignité et en droits(…) » , il faut lutter pour conquérir,
    protéger, développer ces égalités, et nous sommes différents (ces différences
    qui existent ne doivent pas être discriminantes.)
    3- Les violences d’oppressions
    La violence banale c’est la violence d’oppression vécue parfois au quotidien :
    humiliations de l’autre dans son travail, lourdes atmosphères éducatives,
    pressions administratives, pressions fiscales parfois insupportables de l’Etat sur
    le citoyen, dévalorisation des femmes…
    4- L’instrumentalisation des rapports humains
    « La violence banale c’est l’instrumentalisation des rapports humains : on
    incorpore la violence technicienne par exemple par un « traitement mécanique »
    de l’autre » écrit Jacques Sémelin.
    L’autre devient ici ou là un simple numéro, ou bien presque un inconnu dès
    qu’il nous a rendu service, ce sont deux formes d’instrumentalisation,
    l’autre est traité comme un objet.
    5-La marchandisation des rapports humains
    L’autre devient un simple pion que l’on fait sauter, sans ménagements ni
    remerciements, pour dégraisser une administration ou une entreprise, c’est une
    forme de marchandisation, l’autre est traité comme une marchandise.
    (Sur la marchandisation du monde voir nos articles sur ce même blog.)
    6- L’accélération du système international et ses violences
    C’est une violence qui comprend de multiples formes visibles ou plus difficiles à
    voir. Là également nous pouvons en être les témoins, les acteurs et souvent les
    victimes
    (Sur ce phénomène dans sa globalité voir sur ce même blog : «L’accélération du
    système mondial.»)
    a) Les effets de l’accélération sur l’ensemble de la société
    L’accélération porte atteinte à la démocratie, elle a aussi des effets sur le travail,
    elle contribue à l’accroissement des contrôles, elle augmente le poids de
    l’urgence au détriment du long terme, elle contribue au développement des
    inégalités. L’accélération a des effets sur les actualités, elle contribue aux
    désynchronisations environnementales. La compétition et la vitesse marchent
    côte à côte. L’accélération contribue aussi à « l’administration des peurs ».
    b) Les effets de l’accélération sur les personnes
    On a le sentiment d’être débordé. Les rencontres sont souvent plus rapides. Le
    présent est comprimé, compressé. Les rencontres du réel et du virtuel ne
    simplifient pas les choses, d’autant plus qu’elles sont en situation d’accélération.
    Le temps « mange l’espace. »Sont bien présentes l’augmentation du nombre
    d’actions « par unité de temps » et la réduction de chaque « épisode de vie. » Un
    stress et une nervosité s’installent ici et là. La capacité de comprendre n’est-elle
    pas atteinte par cette accélération ?
    7- Les harcèlements professionnels, familiaux, scolaires et d’autres lieux de
    la vie quotidienne
    Le harcèlement dans certains pays est sanctionné par la loi, nous l’avons
    souligné dans le code pénal français mais, à ce jour, dans beaucoup d’autres
    pays le chemin sera long pour sortir de la banalité.
    a) Le harcèlement moral sur le lieu de travail repose sur la répétition d’actes,
    de comportements, de paroles qui tendent à humilier, à déstabiliser voire à
    détruire l’autre.
    Marie-France Hirigoyen (« Le harcèlement moral : la violence perverse au
    quotidien »,éditions La Découverte § Syros,1998), définit le harcèlement moral
    comme : « toute conduite abusive qui se manifeste notamment par des
    comportements, des paroles, des actes, des gestes, des écrits, pouvant porter
    atteinte à la personnalité, à la dignité ou à l’intégrité physique ou psychologique
    d’une personne, mettant en péril l’emploi de celle-ci ou dégradant le climat
    social. » Alors que la violence physique laisse des traces, dans le harcèlement
    moral les traces ne sont pas visibles jusqu’au moment où la santé s’affaiblit.
    Le harcèlement moral en entreprise:l’article L.222-33-2 du code pénal punit «
    le fait de harceler autrui par des agissements répétés ayant pour objet ou pour
    effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses
    droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre
    son avenir professionnel.»
    b) De même le harcèlement moral dans le couple est reconnu dans certains
    pays, en France la loi du 9 juillet 2010 institue un délit de harcèlement moral au
    sein du couple.C’est une réalité douloureuse, parfois dramatique, souvent
    difficile à démontrer.
    c) Le harcèlement scolaire (surtout à la fin de l’école primaire et au collège) se
    fonde sur le rejet de la différence et sur la stigmatisation de certaines
    caractéristiques, principalement l’apparence physique (poids, taille, couleur de
    peau ou type de cheveux),le sexe, l’identité de genre (garçon jugé trop efféminé,
    fille jugée trop masculine, sexisme), orientation sexuelle ou supposée, un
    handicap (physique, psychique ou mental),un trouble de la parole (bégaiement
    /bredouillement),l’appartenance à un groupe social ou culturel particulier, des
    centres d’intérêts différents. C’est un rapport de domination entre un ou
    plusieurs élèves et une ou plusieurs victimes , il s’agit d’agressions qui se
    répètent régulièrement durant une longue période, la victime est souvent isolée,
    faible physiquement, dans l’incapacité de se défendre. La victime du
    harcèlement peut être insultée, menacée, battue.
    Selon le délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les
    violences en milieu scolaire (voir Le Monde, 9 novembre 2017) en France «
    14 % des élèves du primaire, 12 % des collégiens, 2 à 3 % des lycéens se
    déclarent harcelés. Les garçons le sont plus fréquemment physiquement, quand
    les filles sont plus exposées au cyber-harcèlement, en particulier au collège. Ce
    chiffre revient à dire que 1 élève sur 10 est concerné, mais 5 % de la population
    scolaire est sévèrement et très sévèrement harcelée.»Enfin 7 % des collégiens et
    des lycéens affirment être harcelés sexuellement.
    d ) Le cyber harcèlement sur internet et les réseaux sociaux est devenu une
    réalité. C’est une action répétitive de violence psychologique. Des violences
    peuvent apparaitre sous formes de moqueries, de mépris, de persécutions, de
    chantages…
    Selon certaines données 12,5% des jeunes français sont victimes de cyberharcèlement.
    Les filles sont un peu plus concernées avec 13,4%, les garçons
    11,1%.
    Les cyber-harcelés sont plus nombreux à partir de l’âge de 15 ans. Les effets
    peuvent concerner les résultats scolaires, l’isolement par rapport à la famille,
    une perte de confiance en soi et, parfois, basculer dans des drames sous forme
    de suicides. Des sites internet, en particulier à destination des jeunes, donnent de
    nombreux conseils pour en sortir.
    8- Les violences des médias et des technologies de la communication
    a) Au niveau du phénomène général:La vitesse de circulation de
    l’information s’accompagne d’ une généralisation de l’instantanéité et de
    l’immédiateté, c’est le culte de l’urgence qui domine sur les écrans. Nous
    sommes plus ou moins noyés dans un fleuve constant de nouvelles, dans une
    information continue.
    Par contre trop peu nombreuses sont des réflexions porteuses de sens, des
    analyses des causes des évènements et, lorsque ces réflexions et ces analyses
    existent, les lecteurs, les téléspectateurs, les internautes, faute de temps ou trop
    fatigués, seront peut-être plus portés à les mettre de côté ou à en décrocher assez
    vite.
    La diffusion rapide des informations entraîne aussi des réactions de plus en plus
    rapides et peut contribuer à une forme d’instabilité permanente symbolisée par
    les « sujets télévisés » qui se succèdent à une cadence accélérée, souvent sans
    transitions, et en mélangeant l’essentiel et le dérisoire.
    b) Nombreuses sont les questions posées.Le culte de l’immédiat prend place
    dans le spectacle et réciproquement. La violence médiatique questionne : que
    montrer et à qui ? Que maintenir à la une et passer sous silence(les linceuls de
    silence ne sont jamais neutres par exemple sur un conflit) ? Quelles sont les
    limites des reportages, des témoignages, des divertissements-réalités ? Quels
    sont les effets des films et des jeux violents en particulier sur les jeunes(après de
    nombreux rapports on en arrive généralement à penser que tout dépend du
    contexte général et la psychologie du jeune) ? (Pour une vision globale voir : «
    Les violences médiatiques : Contenus, dispositifs, effets », sous la direction de
    Pascal Lardellier. Préface de Serge Tisseron, L’Harmattan, 2003.)
    Internet, les téléphones mobiles, les technologies de l’information et la
    communication sont parfois des moyens de pression et de contrôle sur leurs
    victimes par des auteurs de violence, en même temps ce sont aussi des moyens
    de recourir à des aides possibles.
    9- Les douces violences
    a) Celles-ci peuvent exister dans de nombreuses situations: des pratiques
    parentales, éducatives, professionnelles, des pratiques de soins,
    d’apprentissages, d’encadrement… Les « douces » violences s’expriment au
    travers d’un ensemble d’attitudes souvent banalisées autour du bébé, de l’enfant,
    de l’adolescent, de l’adulte, du vieillard.
    Christine Schuhl, dans « Remédier aux douces violences : outils et expériences
    en petite enfance »(Editions La Chronique sociale,2011),explique ce dont il
    s’agit, nous nous en inspirons : De très courte durée, ces moments sont fréquents
    tout au long d’une journée, ils passent presque inaperçus pour l’adulte.Que sont
    les douces violences ? « Ce sont des instants éphémères où le professionnel
    n’est plus dans la relation à l’enfant, ce sont de brefs instants où l’adulte se
    laisse « emporter » par un jugement, un a priori, une étiquette, un geste
    brusque, ces gestes, ces paroles, ces regards, peuvent faire obstacles au
    développement de l’enfant. »
    b) Activité par activité de très nombreux exemples sont proposés, nous en
    citons quelques uns :« -Commenter négativement les acquisitions de l’enfant.-
    Comparer les enfants entre eux. -Culpabiliser l’enfant parce qu’il refuse une
    activité. -Faire du chantage. -Empêcher l’enfant de dormir parce que c’est
    l’heure du repas.-Laver le visage de l’enfant avec un gant d’eau froide, sans le
    prévenir, par derrière.- Ne pas parler à l’enfant durant un soin. -Dire à un enfant
    qu’il est sale, qu’il pue. -Empêcher l’enfant d’aller aux toilettes.-Ne pas coucher
    l’enfant lorsque il a sommeil. –Réveiller sans explication rapidement un enfant
    qui dort. –Discuter à haute voix alors que les enfants essaient de s’endormir ou
    dorment. -Juger par la dévalorisation.-Parler à l’enfant à la troisième personne («
    Sébastien n’est pas gentil, il a encore tout renversé ! »)
    10- Les violences des casseurs d’horizons
    Nous proposons cette appellation de « casseurs » qui s’oppose donc à
    constructeurs, découvreurs, éclaireurs d’horizons, de possibles .
    a) Les pratiques des casseurs d’horizons.
    Un témoignage parmi beaucoup d’autres :(extrait de « Mémoires de maîtres,
    paroles d’élèves », sous la direction de Jean-Pierre Guéno, Librio, 2003) : «
    Chaque matin dans ta classe, j’avais peur. Et les jours où tu disais mon nom, je
    me levais tandis que mon visage se vidait de son sang, je marchais dans le
    brouillard jusqu’à ton bureau. La salle de classe aux murs très hauts, le plancher
    avec ses lattes entrecroisées, le silence terrifiant accompagnaient ma traversée
    vers toi, vers tes paroles qui ressemblaient à des gifles, maîtresse. »(Agnès).
    De la maternelle à l’université, et dans de multiples autres lieux (familles,
    professions, administrations, entreprises, associations…) des casseurs
    d’horizons sont à l’oeuvre, leur nombre est difficile à déterminer mais ils sont là.
    Ils assèchent des visages au lieu de contribuer à les irriguer,
    ils sèment des peurs au lieu de faire naitre des confiances,
    ils remplissent des vases au lieu d’allumer des feux.
    Ainsi on pourrait ajouter aux personnes rencontrées par le Petit Prince de Saint
    Exupéry… un casseur d’horizons :
    « Qu’est-ce que vous faites ? » demanda le Petit Prince,
    « Dès que je vois des ailes qui poussent je les rogne, je les casse, je les coupe. »
    « Vous aimez çà ? » dit le Petit Prince d’un air effrayé,
    « Oh oui j’aime çà, je n’en décolle plus ! » répondit le rogneur d’ailes.
    « Moi, dit le Petit Prince, j’aime l’horizon. J’aime marcher doucement vers une
    fontaine. »
    b) Les leçons à tirer face aux casseurs d’horizons.
    Ainsi la pente la plus forte c’est celle qui nous amène à ne pas marcher vers
    des fontaines, c’est celle de la résignation devant les rapports de forces alors
    que ceux-ci peuvent changer, alors qu’à chaque instant, le réel contient plus de
    possibles que l’on ne croit. Manquer de souffle, être étouffé(e) par l’impératif du
    réalisme, laisser la place à des sortes d’ experts de rétrécissements d’horizons, et
    finalement de ne pas être à la hauteur des défis.
    Un témoignage partagé toujours dans l’ouvrage cité plus haut : « Votre nom,
    maitresse, chantera jusqu’au bout de mes jours. Le regard que vous avez su
    porter sur moi m’a insufflé la confiance qui me manquait. Un regard qui savait
    si bien dire : « Vas-y, tu peux ! Vas-y, tu vas y arriver ! ».Grâce à vous tout
    devenait possible et ma révolte a trouvé son chemin : les livres et le
    savoir.»(Maria)
    Simone de Beauvoir écrivait: « Il est peu de vertus plus tristes que la
    résignation. Elle transforme en fantasmes, en rêveries contingentes, des projets
    qui s’étaient d’abord constitués comme volonté et comme liberté. » Jean-Paul
    Sartre écrivait de même: « L’important n’est pas ce qu’on fait de nous mais
    ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu’on a fait de nous. »
    Résister personnellement et collectivement aux casseurs d’horizons c’est
    construire en soi la confiance,
    exercer sa capacité de proposition,
    faire respirer son imagination,
    découvrir le travail d’équipe,
    former et des enseignants et des parents et des professionnels et des associatifs
    et quantité d’autres personnes et groupes qui contribueront à donner, pour
    reprendre ce titre magnifique d’une émission télévisée, «des racines et des ailes
    ».
    Remarques terminales
    1- Nous avons voulu souligner les contenus des violences à travers
    -les grandes violences,
    -les violences contre les personnes, les biens, la paix publique et
    l’environnement,
    -les autres violences à ne pas banaliser.
    Ce tableau correspond à d’innombrables souffrances humaines et plus
    globalement du vivant. Il est synonyme d’innombrables désespoirs,
    d’innombrables détresses morales, physiques, matérielles…
    Violences pardonnées ou dans l’entre-deux ou impardonnables, violences
    oubliées ou dans l’entre-deux ou inoubliables, violences qui s’effacent ou
    restent dans l’entre-deux ou disparaissent, violences qui ne s’effacent pas,
    ne disparaissent pas.
    Ce tableau correspond aussi, avant pendant ou après ces violences, à
    d’innombrables courages, solidarités, fraternités, soulagements, forces,
    espoirs et espérances…
    2- Nous arrivons enfin à cette question centrale :
    Pourquoi ces violences, pourquoi les violences ?
    Autrement dit : quelles sont les analyses des causes des violences ? (VOIR
    IV)
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