LES VOLONTES POLITIQUES
Cet article est chaleureusement dédié à chaque lecteur chaque
lectrice de ce site.
A la fin de l’article un tableau résume l’ensemble, il se veut
« opérationnel »… autant que faire se peut.
(Il n’est pas nécessaire de relire trois ou quatre fois ce tableau final
avant de prendre chaque petite décision, « qui délibère trop oublie
de vouloir ».)
Introduction
Comment faire naitre des déterminations personnelles et collectives
pour résister à l’intolérable et pour construire un monde
humainement viable ?
Innombrable est le nombre de fois où de multiples acteurs,
(citoyen(ne)s, auteurs, partis politiques, ONG …) en public et en privé,
à tous les niveaux géographiques, en appellent aux volontés
politiques , soit pour déplorer leurs absences, soit pour affirmer
qu’on en a été, qu’on en est, ou qu’on en sera porteurs,
contrairement à d’autres « qui n’ont pas de volontés politiques. »
Dans cette introduction nous partirons de deux clarifications
nécessaires, l’une terminologique relative au terme « politique » (1),
l’autre méthodologique relative au choix d’une analyse pour essayer
de comprendre comment fonctionnent les volontés politiques(2).
1-Quel sens attribuer au mot politique ? Quels effets ce choix peutil
avoir sur l’analyse des volontés ?
a) Il y a au moins quatre façons d’appréhender la notion de
politique.
Au sens restreint il s’agit de l’action gouvernementale , du pouvoir
d’Etat.
Au sens plus large il s’agit de la scène politique avec ses partis
politiques, ses autorités publiques, ses personnalités, ses luttes pour
le pouvoir.
Au sens large, et d’ailleurs étymologique, il s’agit de la vie de la cité,
celle-ci peut-être prise au sens de vies aux niveaux locaux,
nationaux, continentaux, internationaux, autrement dit « du monde
des cités et de la cité du monde », expression reprise depuis des
siècles par de nombreux auteurs.
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Il s’agit enfin, proche du sens précédent mais exprimé d’une autre
façon, de l’ensemble des relations humaines à l’occasion du pouvoir.
Ainsi les lieux de pouvoirs dans la cité sont multiples, à titre indicatif
depuis la famille, le village, l’association, l’université, l’entreprise,
l’administration, la profession, jusqu’aux mégapoles, aux Etats, aux
regroupements d’Etats, aux réseaux scientifiques internationaux, aux
complexes médiatiques, aux firmes multinationales, aux marchés
financiers…
Nous choisirons ces deux dernières conceptions, elles sont proches
de deux formules célèbres « si vous ne vous intéressez pas à la
politique la politique s’intéresse à vous » et l’autre formule (
d’Emmanuel Mounier, philosophe 1905-1950) « Même si la
politique est en tout, la politique n’est pas tout ».
b) Ce choix d’une conception large de la politique nous amène à
une conception globale des volontés.
Concrètement nous réfléchirons donc aux volontés de l’ensemble
des acteurs, personnes et multiples collectivités.
Les personnes vivent en collectivités petites, moyennes, grandes,
gigantesques, et réciproquement ces collectivités sont composées de
personnes.
Mais on ne peut probablement pas analyser le manque de volonté
d’une personne de la même façon, par exemple, que celui d’une
conférence internationale qui repousse une décision.
Dés lors il faut se demander s’il y a des mécanismes communs qui
forment les volontés ou qui y font obstacles, et s’il y a aussi des
mécanismes spécifiques aux personnes et spécifiques à telle ou telle
collectivité qui forment des volontés ou qui y font obstacles.
Les choses risquent d’être donc compliquées, dès lors quelle truelle
choisir pour construire une réflexion qui ait une certaine cohérence ?
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2- Quelles analyses peuvent exister ? Pourquoi ne pas en proposer
une qui se voudrait opérationnelle ?
a) Les analyses des volontés sont nombreuses.
Il n’est pas rare que l’on s’interroge sur les effets et les causes de
l’absence ou de la présence de ces volontés politiques.
On peut le faire à partir d’un grand nombre de disciplines, à titre
indicatif peuvent intervenir la psychologie par exemple des
personnes et des foules, la sociologie par exemple celle des
organisations, les sciences de l’éducation par exemple des courants
nouveaux de la pédagogie. D’autres disciplines également traitent de
la volonté, ainsi les sciences politiques par exemple à travers la loi
conçue comme expression de la volonté générale ou par exemple à
travers les mécanismes de la démocratie représentative et
participative ou à travers les idéologies politiques. Ainsi les
sciences juridiques par exemple dans les volontés qui concourent à
l’élaboration et à l’effectivité du droit, les sciences économiques par
exemple à travers les différentes conceptions économiques de l’Etat.
Ainsi les relations internationales qui étudient les volontés des Etats
et celles d’autres acteurs…
On peut analyser tel ou tel domaine, on affirme, par exemple, que
plus une activité est au coeur du productivisme, plus ses remises en
cause sont difficiles.
On analyse le champ d’application des volontés politiques, ainsi la
démocratie, la justice (au sens de luttes pour les égalités),
l’environnement et la paix.
On peut aussi raisonner sur les circuits des volontés.Il y a
probablement au moins quatre schémas.
Soit on pense et on agit dans le sens de systèmes centralisés dans
lesquels les volontés vont du haut vers le bas,la démocratie est peu
présente ou absente.
Soit on se prononce et on agit dans le sens d’un va et vient entre le
haut et le bas,en corrections réciproques,reste à savoir comment se
déroulent ces rapports de forces et ce qu’ils produisent.
Soit on pense et on agit du bas vers le haut,on veut faire remonter
des micro expériences,des actions à la base,on veut faire émerger
des autogestions,une certaine démocratie participative existe à des
échelles variables.
Soit on veut aller dans le sens de volontés qui, partant de la base,
vont essayer de s’étendre, de se diffuser,plutôt que d’entreprendre
une ascension,c’est un schéma proche d’une démocratie
participative à des échelles variables.
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Sur le terrain les circuits peuvent être compliqués puisque plusieurs
schémas,par exemple dans un pays donné, peuvent fonctionner
ensemble avec des ampleurs et des conflits variables.
On peut analyser aussi les types d’acteurs, par exemple locaux,
nationaux, continentaux, internationaux. Ce sont les volontés de
personnes, d’associations, de réseaux, d’entreprises, de collectivités
territoriales, d’Etats, d’ONG, d’organisations internationales et
régionales, de firmes multinationales, de complexes ( médiatiques ,
scientifiques, technologiques, militaires), de peuples, de générations
présentes…
On peut également analyser des périodes historiques et se demander
comment des volontés apparaissaient, disparaissaient à telle et telle
époque, on peut aussi comparer des périodes.
On peut avoir enfin des analyses en termes de systèmes, on raisonne
par exemple sur tel ou tel type de mondialisation (irresponsable et
compétitive ou responsable et solidaire) et sur les forces qui vont
dans un sens ou dans l’autre. On se demande si des volontés
contribuent à créer et à renforcer des structures et des pratiques
autoritaires, injustes, anti écologiques, violentes, ou bien si elles
contribuent à penser et à mettre en oeuvre des moyens
démocratiques, justes, écologiques, pacifiques.
b)Une analyse proposée
Toutes ces analyses ont leurs intérêts, celle qui suit peut leur être
complémentaire ou bien avoir sa spécificité. Elle voudrait contribuer
surtout à avoir un caractère opérationnel, essayer d’être globale,
critique et créatrice.
Il s’agit de proposer une vision des volontés, personnelles et
collectives, en prenant en compte leurs points communs et leurs
différences, cela de leur naissance jusqu’à leur mort ou… leur
relance éventuelle.
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A chaque mécanisme rencontré par la volonté d’un acteur politique
(au sens large) n’existe-t-il pas un contre- mécanisme permettant
de le surmonter ?
Nous entendons par « mécanismes » des logiques profondes liées
au système productiviste, cette expression n’a rien de fatal puisque
des contre-mécanismes, des contre- logiques doivent et peuvent voir
le jour.
Nous envisagerons ainsi d’abord les mécanismes qui produisent des
volontés étouffées, mais aussi des contre-mécanismes qui
produisent des volontés naissantes(I). Nous envisagerons ensuite les
mécanismes qui produisent des volontés dépassées mais aussi des
contre-mécanismes qui produisent des volontés résistantes(II). Nous
envisagerons enfin des mécanismes qui produisent des volontés
essoufflées mais aussi des contre-mécanismes qui produisent des
volontés à la recherche de nouveaux souffles(III).
Ière partie- Face à des volontés étouffées : des volontés
naissantes.
« Eclore est une fracture, naitre est un effort. »(Shakespeare,
dramaturge anglais, 1564-1616).
Comment se manifestent des volontés étouffées ?(A) Face à elles que
sont des volontés naissantes ? (B)
A- Des volontés étouffées
Des volontés ont été sont ou peuvent être étouffées par au moins
sept séries de mécanismes.
1-Volontés étouffées par une éducation à la soumission, elle s’exerce
alors à travers l’apprentissage d’une l’obéissance omni présente,
d’une soumission très forte à de multiples hiérarchies, l’intégration
très vive de la fatalité, la déresponsabilisation qui amène à dire « je
n’ai fait qu’obéir aux chefs »(quitte à désobéir à sa conscience), le
discours-vérité auquel on doit se soumettre sans douter et sans
poser de questions. Participent à ces éducations, et cela de diverses
façons, certaines familles, une partie des institutions scolaires et
universitaires, certaines formations, une partie des médias, certaines
hiérarchies professionnelles qui peuvent être pesantes ou
étouffantes …
2-Volontés étouffées par une éducation à la compétition qui met en
avant, avec obsession , le peloton de tête, l’excellence, les
gagnants, le droit du plus fort, le culte de la croissance. On étouffe
des volontés qui pourraient aller dans le sens de la coopération, de la
solidarité, on oriente des volontés vers l’obsession de la
puissance, « être ou ne pas être puissants », si vous n’êtes pas
puissant (personne ou collectivité) vous êtes mort. On en arrive ainsi
symboliquement à qualifier un Etat de « puissance », le mot n’est pas
neutre. L’idéologie de la puissance a vraiment colonisé une partie
des esprits.
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3-Volontés étouffées par l’administration des peurs
L’administration des peurs repose sur l’idéologie sécuritaire, le repli
identitaire plus ou moins exacerbé, on élimine ou on gomme des
différences, on organise la fabrication de l’image des ennemis.
4- Volontés étouffées par l’appel au grand remède miracle. On fait
croire qu’il faut s’en remettre les yeux fermés à « La » solution qui va
tout régler, ce remède miracle va sauver les êtres humains de tous
les malheurs. Ainsi l’homme providentiel, l’élimination de boucs
émissaires, la grande technique miracle (qui, par exemple, va
« mettre la Terre à l’ombre » et nous dispenser des politiques de
réduction des gaz à effet de serre),le grand sommet miracle (oui , un
sommet peut parfois faire avancer des éléments d’une situation mais
c’est au mieux un pas important, il en reste beaucoup d’autres.)
5-Volontés étouffées par la fuite en avant qui est synonyme
d’absence de prise de conscience des caractères destructeurs du
productivisme, de dictature de l’instant consacré au « toujours plus ».
L’accélération du système international n’est pas sans conséquences
sur les décisions qui, souvent, n’ont pas le temps d’être muries, ou
bien sont repoussées à une autre date, voire dans un autre lieu, on
s’estime alors débordés par l’ampleur du dossier ou par d’autres
décisions plus urgentes.
6-Volontés étouffées par des oppressions, celles-ci sont politiques,
économiques, sociales, culturelles.
7-Volontés étouffées par des pratiques de règlement violent des
conflits. Il s’agit soit de la violence d’oppression par laquelle on dicte
sa loi, soit de la violence de soumission par laquelle on exerce une
violence contre soi-même par rapport à des valeurs qui sont pour
nous importantes mais que l’on enterre provisoirement ou
définitivement.
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B- Des volontés naissantes
Des volontés sont nées ou peuvent naitre, elles répondent aux
logiques qui étouffent des volontés, là aussi existent sept séries de
contre mécanismes.
1-Volontés naissantes à travers l’éducation à la résistance c’est-à-dire
la formation à l’esprit critique, à l’autonomie, à la prise de conscience
des responsabilités personnelles et collectives.
2-Volontés naissantes à travers l’éducation à la solidarité, cela à tous
les niveaux géographiques et d’abord avec les plus faibles dans
chaque société.
3-Volontés naissantes à travers le principe de non-discrimination,
fondé sur la mise en oeuvre des égalités et sur le respect des
différences. Nous naissons « égaux en dignité et en droits »(art.1
DUDH), il faut lutter pour préserver et conquérir ces égalités, et nous
sommes différents.
4-Volontés naissantes à travers les apprentissages des
responsabilités, apprentissages adaptés aux âges, aux lieux de vie,
aux situations.
5-Volontés naissantes à travers la prise de conscience des aspects
destructeurs du productivisme, c’est-à-dire de ses aspects
autoritaires, injustes, anti-écologiques, violents.
6-Volontés naissantes à travers la gestation de libérations politiques,
économiques, sociales, culturelles.
7-Volontés naissantes à travers l’apprentissage du règlement nonviolent
des conflits, cela de la maternelle à l’université et dans
d’autres lieux de vie. Ce règlement repose sur la résistance
puisqu’on se montre assez fort pour être reconnu par les autres, il
repose aussi sur la solidarité et la justice puisque l’on veut, ensemble,
dans le respect des personnes, trouver des solutions justes.
IIème partie- Face à des volontés dépassées : des volontés
résistantes
« La volonté est ce pouvoir de surmonter qui est tout l’homme.» (
Emile Chartier, dit Alain,philosophe, 1868 -1951)
Comment se manifestent des volontés dépassées ? (A) Face à elles
que sont des volontés résistantes ?(B)
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A-Des volontés dépassées
Les volontés ont été sont ou peuvent se trouver dépassées par au
moins six séries de mécanismes.
1-Volontés dépassées par la complexité et la technicité du système
productiviste. La complexité est liée à un grand nombre d’acteurs, à
des interdépendances entre les activités, entre les niveaux
géographiques, à une quantité impressionnante de données fournies
par de nombreuses disciplines. Cette complexité est niée par le
discours-vérité, par le discours sur le grand remède miracle, par le
discours en vase clos. La technicité du réel est liée à la technique
planétaire qui se répand, de façon inégale, à travers d’énormes
complexes scientifico-technico- industriels, elle fait sentir son poids
dans les processus de décision.
2-Volontés dépassées par un processus de décision compliqué par un
grand nombre de participants à la décision. Ainsi un nombre
important de membres d’une famille, ainsi un nombre important de
partenaires sociaux autour d’un dossier, ainsi un nombre important
d’Etats dans une conférence internationale. Par exemple dans ce
dernier cas il n’est pas rare que l’on décide… que l’on décidera plus
tard, ce qui peut être le cas, ce qui peut au contraire ne pas être le
cas et on reporte alors plusieurs fois les décisions qui seront ensuite
plus douloureuses à prendre si le problème, la menace ou le drame
s’est aggravé.
3-Volontés dépassées par la rapidité du système international liée,
par exemple, à certaines technologies, à la banalisation de la vitesse,
à l’omniprésence du court terme, aux interactions qui se développent
très vite.
4-Volontés dépassées par la puissance des intérêts productivistes qui
se manifestent par de multiples concentrations de savoirs, de
pouvoirs, d’avoirs.
5-Volontés dépassées par l’absence de moyens ou des moyens
souvent dérisoires pour remettre en cause le productivisme, que se
soit par rapport à la dégradation de l’environnement, aux injustices,
aux violences, aux aspects autoritaires du système international.
Moyens souvent dérisoires dans la mesure où ils s’attaquent aux
effets des problèmes des drames et des menaces et beaucoup moins
à leurs causes. Moyens souvent dérisoires, par exemple
financièrement, dans la mesure où des besoins criants ont pour
réponse un linceul de silence.
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6-Volontés dépassées par l’arrivée de catastrophes qui peuvent
briser, pour un temps plus ou moins long, des volontés, catastrophes
dont on est loin de toujours tirer la pédagogie.
B-Des volontés résistantes
Face aux logiques qui amènent des volontés à être dépassées, on
retrouve des volontés résistantes qui peuvent répondre aux six
logiques précédentes par six séries de contre mécanismes.
1-Volontés résistantes à travers l’apprivoisement de la complexité, le
contrôle des techniques, de façon plus globale les remises à leurs
places de la techno science et du marché mondial.
2-Volontés résistantes prenant en compte un nombre important de
participants à la décision. D’abord la démocratie en appelle à la
reconnaissance et au respect de tous les participants. Ensuite
l’efficacité de la décision face à des problèmes, des drames et des
menaces en appellent à des processus porteurs de décisions. Il s’agit
ici non seulement d’alliances entre les participants pour avancer,
mais de possibilités laissées à certains, dont les décisions sont mûres,
d’avancer avec d’autres, en attendant que tous les participants
fassent de même.
3-Volontés résistantes à travers l’élaboration de politiques à long
terme. On est débordé par les urgences parce que l’on n’a pas pris en
compte le long terme .Il faut arriver à la fois à répondre aux urgences
et à élaborer des politiques à long terme.
4-Volontés résistantes à travers les regroupements et les actions en
commun de divers acteurs. L’imagination politique relative aux types
d’alliances et aux types de stratégies ne devrait-elle pas se
développer ?
Existe également une idée forte selon laquelle, pour construire ces
visions stratégiques, il ne faut pas seulement s’interroger sur les
forces des adversaires mais aussi sur ses propres faiblesses qui
freinent ou empêchent ces regroupements, ces visions alternatives
et ces mises en oeuvre parfois communes de moyens .
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5-Volontés résistantes à travers la capacité de propositions relatives
aux moyens de remettre en cause ici et là le productivisme.
6-Volontés résistantes à travers une pédagogie des catastrophes
répondant non seulement aux urgences mais s’attaquant aux causes
de ces catastrophes.
IIIème partie- Face à des volontés essoufflées : des volontés à la
recherche de nouveaux souffles
« C’est au moment où il n’y a plus d’espoir qu’il faut commencer à
espérer. » ( Jacques Ellul, 1912-1994, historien du droit, sociologue,
penseur de la société technicienne, théologien).
Des volontés peuvent s’essouffler. (A) Des volontés sont à la
recherche de nouveaux souffles(B).
A-Des volontés essoufflées
On trouve ici au moins quatre séries de mécanismes.
1-Volontés essoufflées par la force de récupération du système
productiviste, il peut récupérer des expressions et surtout des
pratiques qui se voulaient différentes ou qui étaient en rupture avec
lui.
2-Volontés essoufflées par des échecs personnels et collectifs pour
changer l’ordre dominant et se changer soi-même en tant qu’acteur
(personnes ou collectivités) lorsque c’est nécessaire.
3-Volontés essoufflées par le sentiment du statu quo : d’une petite
avancée locale mais un statu quo global, ou bien d’une avancée
globale qui ne se traduit pas localement.
4-Volontés essoufflées par une érosion, par un épuisement des
motivations personnelles et/ou collectives qui poussaient à agir.
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B- Des volontés à la recherche de nouveaux souffles
Face aux logiques précédentes on trouve ici au moins quatre séries
de contre-mécanismes.
1-Volontés à la recherche de nouveaux souffles à travers des actes et
des politiques agissant sur les faiblesses et sur les contradictions du
système productiviste.
2-Volontés à la recherche de nouveaux souffles qui consistent à
essayer de tirer les leçons des échecs pour déterminer, si nécessaire,
de nouvelles stratégies et de nouveaux moyens.
3-Volontés à la recherche de nouveaux souffles en ne surestimant
pas mais aussi en sous estimant pas les avancées du « local » et celles
du « global », sans oublier leurs interpellations réciproques qui
peuvent apparaître tôt ou tard.
4-Volontés à la recherche de nouveaux souffles en cherchant en soi
et avec les autres des motivations pour « rallumer la flamme » si elle
a tendance à s’éteindre. En ce sens existent au moins (il y en a
d’autres !) deux motivations qui peuvent être porteuses : le fait
d’être fraternisés par des périls communs, le fait de vouloir donner
aux générations futures la chance de vivre et d’aimer.
Remarques terminales
Pour passer d’un système international productiviste
autodestructeur à une communauté mondiale humainement viable,
comment faire naitre, vivre, et revivre des déterminations
personnelles et collectives ?
Qu’est-ce que cela signifie et pour les acteurs et pour le contenu des
volontés ? Ces volontés ne sont-elles pas accompagnées de risques et
de limites ?
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1/ Les acteurs des volontés :
a) Tous les acteurs ont des chemins (réformes, remises en cause) à
parcourir. Ils doivent tous mettre au monde des volontés naissantes,
résistantes, à la recherche de nouveaux souffles.
Dans cette mise en oeuvre des volontés Il y a des acteurs plus
importants que d’autres. Plus l’acteur est puissant et proche du
productivisme, plus les réformes et les remises en cause sont
nécessaires et difficiles. Il ne faut cependant pas sous-estimer les
réformes ou les remises en cause des acteurs plus modestes, par
exemple ils peuvent faire preuve d’une imagination très vive qui peut
être reprise par des acteurs plus puissants.
b) Les volontés communes peuvent donner plus de force : stratégies
communes, alliances, fronts communs, mises en commun de
moyens peuvent être porteurs d’autres possibles.
c)Les volontés sont souvent vécues à l’intérieur de réalités qui
s’accélèrent. Une impression de dépassement des acteurs par
l’accélération du système peut se traduire par le sentiment d’une
certaine impuissance qu’il faut essayer de surmonter.
d) En ce sens il ne faut pas oublier que, comme le dit un
proverbe, « qui délibère trop … peut oublier de vouloir » et qu’il faut
passer à l’acte. Nos chemins de bonnes intentions ne doivent-ils pas
être pavés le moins possible de renoncements successifs ?
Vient un moment où il faut commencer le chemin, ou tracer d’autres
chemins, on connait cet autre proverbe : « même un chemin de mille
pas commence par un pas. »
Vient un moment où il faut continuer le chemin, « la volonté suit la
ligne de la plus grande résistance » disait William James (
psychologue et philosophe américain, 1842-1910).
2/ Le contenu des volontés
a) Les domaines des volontés sont clairs : démocratie, justice,
environnement, paix.
b) Les portées et les organisations des volontés se situent à tous
niveaux géographiques, locaux, nationaux, continentaux,
internationaux.
c) Les volontés doivent se traduire par la mise en oeuvre de moyens
démocratiques, justes, écologiques, pacifiques.
d) L’imagination personnelle et /ou collective est un des ressorts des
volontés, elle peut permettre de trouver des leviers pour faire bouger
des situations que l’on croyait bloquées.
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3/ Les risques pouvant accompagner des volontés
a) D’une façon générale risque et prudence se retrouvent souvent
face à face, on bascule d’un côté ou de l’autre, il arrive aussi qu’ils
cheminent côte à côte, on veut être à la fois courageux et prudent.
b) Il n’empêche que, dans des moments personnels et/ou collectifs, il
peut arriver que se pose un retournement plus ou moins important
de la question du risque. Au lieu de se demander « qu’est-ce que je
risque si je veux intervenir dans telle ou telle situation ? » on est
amené à se demander « qu’est-ce que l’Autre (famille, amis,
population proche ou lointaine…) risque (risques secondaires,
importants ou vitaux) si je ne veux pas être à ses côtés, à leurs
côtés ? »
4/ Les limites des volontés
Nous avons voulu identifier des obstacles à lever pour que des
volontés naissent, résistent, trouvent de nouveaux souffles.
a) Mais, même lorsque des volontés sont en route, la réforme ou la
remise en cause n’est pas complètement sûre, pourquoi ?
Parce que la prospective est un mélange de volontés, de nécessités et
de hasards.
Nietzsche (philosophe et poète allemand, 1844-1900)
écrivait : « Nous autres nains malins avec nos volontés et nos fins,
nous sommes molestés, renversés et souvent piétinés à mort par ces
géants imbéciles, les hasards. »(…) « Nous luttons pied à pied avec le
géant hasard. »
Il y a donc une certaine pluralité de possibles, des pires, des entredeux,
des meilleurs.
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b) Même avec nos volontés nous sommes loin de maitriser
complètement un changement modeste, à plus forte raison le
changement d’un système puissant. Mais ce système a ses faiblesses
et, loin de maitriser lui aussi son avenir, le voilà devenu un géant aux
pieds d’argile dans la mesure où ses logiques d’autodestruction sont
en marche.
C’est une raison de plus pour unir nos faiblesses, « s’unir ou
périr »disait Einstein (physicien, allemand, suisse, américain,1879-
1955).Nous voilà peu à peu fraternisés par les périls communs, pour
les surmonter ensemble.
5/ Les volontés intergénérationnelles.
a) C’est une force de penser et de rendre un hommage posthume
aux volontés des générations qui nous ont précédés, lorsqu’elles ont
lutté pour des sociétés démocratiques, justes, écologiques,
pacifiques.
b) C’est une force de penser et de rendre un hommage anticipé aux
volontés des générations qui vont nous suivre lorsqu’elles lutteront
pour une société humainement viable.
Mais ce sont nos volontés que l’on attend, celles des générations
présentes, vivantes.
Et ce sont nos volontés qui nous attendent.
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TABLEAU RECAPITULATIF ET OPERATIONNEL
DES OBSTACLES ET DES DYNAMIQUES DES VOLONTES
POLITIQUES
ou Vision globale des logiques de mort et des logiques de vie des
volontés politiques
Maladies et morts des volontés Forces et résurrections des volontés
Mécanismes Contre-mécanismes
Volontés étouffées Volontés naissantes
1 /Educations aux soumissions 1/Educations à la résistance, à l’esprit critique, à l’autonomie
2/Educations à la compétition 2/Educations aux solidarités
3/Administrations des peurs 3/Apprentissages du respect des différences
4/Appels au remède miracle 4/ Apprentissages des responsabilités
5/Fuites en avant, dictature instant présent 5/Habiter le temps, réponses aux urgences et pol.à long terme
6/Oppressions politiques, éco.soc.culturelles 6/Libérations politiques, économiques, sociales, culturelles
7/Règlements violent des conflits 7/Règlements non-violent des conflits
Volontés dépassées Volontés résistantes
1/Complexité technicité du système productiviste 1/Apprivoiser complexité, remettre à sa place techno science
2/Processus de décision compliqués 2/ Prises en compte des acteurs par des solutions imaginatives
3/ Rapidité du système international 3/ Elaborer des politiques à long terme, lenteur à penser
4/Absences de moyens ou moyens dérisoires 4/Capacité de proposition, moyens conformes aux fins
5/Arrivées des catastrophes 5/ Pédagogie des catastrophes quant aux causes et aux effets
Volontés essoufflées Volontés à la recherche de nouveaux souffles
1/Force de récupération du système productiviste 1/Agir sur les faiblesses et les contradictions du système
2/ Survenance des échecs personnels et collectifs 2/ Tirer des leçons des échecs personnels et collectifs
3/Sentiment de statu quo 3/ Tenir compte des avancées du « local » et du « global »
4/ Erosion et épuisement des motivations 4/ Recherche de motivations à trouver ou à renouveler
« IL FAUT COMMENCER PAR LE COMMENCEMENT ET LE COMMENCEMENT
DE TOUT C’EST LE COURAGE » V. Jankélévitch.
JML
Parmi les 326 mémoires que j’ai eu la joie d’accompagner, beaucoup avaient
une vive capacité de propositions , tel était l’un d’eux soutenu le 23 mai 2005
dans le cadre de la Faculté de droit et des sciences économiques de
Limoges,diplôme administration générale et territoriale,option travailleurs
sociaux.
Ses auteurs avaient réfléchi aux « Théories et pratiques des volontés
politiques »,ces dernières étant envisagées aux différents niveaux
géographiques.
Il s’agissait du mémoire de Christelle Bony,Nathalie Cagnon,Henri-Laurent
Caillat,Fabrice Dumaine,Véronique Mathieu,Elisabeth Vallat.
La pratique des travaux collectifs était très porteuse dans le cadre de cette
formation dirigée par Jean-Jacques Gouguet et Gérard Monédiaire pour la
Faculté , par Marcel Groche et Bruno Maynard pour l’Institut d’économie
sociale et familiale (IESF)de Limoges.