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II-D’un système international pour une large part autoritaire à une communauté
mondiale démocratique.
Quels sont et seront les processus de décisions et de mises en oeuvre de ces moyens ?
Certains de ces moyens demanderont probablement quelques décennies (2020 à 2050 ou
plus ?) que nous considèrerons comme les dernières chances, cela avant une multiplication
des irréversibilités et des drames omniprésents.
D’autres pensent que tout est désormais joué, ce qui, on l’aura compris, n’est pas notre façon
de penser l’avenir et n’est pas notre analyse de l’état du monde.
-Les niveaux géographiques
D’une façon générale ces réformes et ces remises en cause doivent avoir lieu dans
l’ensemble des activités à tous les niveaux géographiques.
Nous préciserons parfois le ou les niveaux de décision, d’autres fois existeront des
incertitudes, enfin d’autres niveaux de décision apparaitront probablement dans
l’avenir .
-Les propositions
Des propositions plus ou moins nombreuses peuvent disparaitre de ce texte , parce que
des rapports de forces les auront enterrées, certaines seront qualifiées de dangereuses,
d’illégitimes, d’irréalisables.
Et puis on ne sait pas toujours s’il s’agit d’une semence qui poussera lentement ou d’un
élément qui ne verra pas le jour.
D’autres propositions s’ajouteront à ce texte , nous les espérons nombreuses et
porteuses.
-Le schéma général des fonctionnements
Nous pensons que le schéma général de développements déjà en route et de
déclenchements nouveaux des moyens pour un monde viable serait et sera
probablement le suivant :

  • DES RESISTANCES ET DES PRATIQUES ALTERNATIVES DE PLUS EN PLUS
    NOMBREUSES A » LA BASE », par des personnes, des populations, des associations, des
    mouvements, d’autres acteurs , cela sous les pressions des catastrophes et en résistances aux
    logiques productivistes humanicides et terricides,
  • DES DISCOURS , DES REFORMES ET DES REMISES EN CAUSE,
    D’IMPORTANCES TRES VARIABLES , AUX « SOMMETS » des différents niveaux
    géographiques, sous les pressions des catastrophes et de la base,
    -DES FISSURES « AU COEUR » DES LOGIQUES DU PRODUCTIVISME , celles des
    marchés financiers, du marché mondial, de la technoscience…sous les pressions et des
    catastrophes et de la base et du sommet ,
    PEUT-ETRE , AUSSI, L’ARRIVEE DE  » L’IMPROBABLE »( ?) …
    Qui veut la démocratie doit penser et mettre en oeuvre des moyens démocratiques :
    -Démocratiser les régimes politiques et multiplier les processus de participation (A),
    -Remettre à leurs places, qui sont celles de moyens et non de fins, les marchés
    financiers, les firmes multinationales et la techno science (B,C,D),
    -Démocratiser les institutions internationales et développer la justice internationale (E,
    F),
    -Créer de nouvelles institutions internationales et mettre en place une démocratie trans
    générationnelle (G,H).
    Moyens démocratiques : 8 séries de moyens numérotées de A à H qui représentent
    environ 150 propositions.
    A- Les souffles de la démocratie dans les régimes politiques ( difficile )
    B- Le désarmement du pouvoir financier ( difficultés très grandes )
    C-L’encadrement des firmes multinationales ( difficultés très grandes)
    D- La maitrise de la technoscience ( difficultés très grandes )
    E- La démocratisation des institutions internationales (difficile)
    F-Le développement de la justice internationale (difficile)
    G-Les créations de nouvelles formes d’organisations (difficile)
    H- L’avènement de la démocratie transgénérationnelle (difficile)
    A-Les souffles de la démocratie dans les régimes politiques
    La démocratie est une pratique politique et citoyenne, en construction permanente, qui met en
    oeuvre des moyens démocratiques et aussi écologiques,pacifiques et justes.
    Il s’agit
    de combattre les critiques anti démocratiques(1),
    de mettre en avant les vertus de la démocratie(2),
    de promouvoir une conception et une pratique étendues de la démocratie(3),
    de relever les cinq grands défis rencontrés par la démocratie en ces premières décennies du
    XXIème siècle(4),
    de situer la démocratie par rapport aux circuits schématiques des volontés (5),
    de rappeler des moyens généraux contribuant à la démocratie (6),
    d’énumérer des moyens spécifiques tendant à améliorer le système électoral et le
    financement des campagnes électorales et des partis politiques(7) ,
    de souligner les moyens spécifiques majeurs pour la représentativité du personnel
    politique(8),
    de souligner les autres moyens spécifiques contribuant à la représentativité du personnel
    politique (9),
    de surmonter les obstacles pour avancer dans la démocratie participative(10),
    de montrer la panoplie le développement des moyens participatifs, dans le respect des droits
    de l’homme(11),
    de souligner le rôle de la non-violence dans la participation politique(12).
    1-Combattre les critiques anti-démocratiques
    -La critique autoritaire de la démocratie, la démocratie y est synonyme de désordre et
    d’inefficacité. Cette conception est inacceptable, elle peut même à la limite faire penser à une
    formule tristement célèbre « tout dans l’Etat, rien contre lui, rien en dehors de lui ».Au
    contraire au dessus du droit des Etats il y a les droits de l’homme, de la femme , de l’enfant,
    les droits des peuples et les droits de l’humanité.
    -La critique élitiste de la démocratie, l’égalité des individus est considérée comme
    critiquable, il y a les élites et les autres, en particulier les ignorants, seules les élites doivent
    pouvoir accéder au pouvoir. Mais au nom de quoi le peuple ne peut-il s’approprier son passé
    comme source de courages, son présent comme celui des luttes et son avenir comme horizon
    de responsabilité ?
    -La critique technocratique de la démocratie considère les experts comme seuls porteurs
    des véritables solutions au lieu de les voir comme simples donneurs d’avis proposés au
    pouvoir politique. Les techniciens dotés de pouvoirs déterminent-ils le bien commun ou sontils
    à son service?
    -La critique fondée sur un libéralisme « sauvage » qui considère que la démocratie doit être
    au service du marché, sinon il faut la remettre en cause. Non ! Marché mondial cherche
    compétition, humanité cherche futur. La démocratie peut contribuer à remettre en cause la
    conversion de toute chose en argent et de l’argent en toute chose. Non , tout n’est pas à
    acheter ou à vendre, tout ne vaut pas tant. La démocratie peut constituer un des moyens pour
    passer d’une mondialisation compétitive et irresponsable à une mondialisation solidaire et
    responsable.
    -La critique capitaliste classique qui considère que la seule démocratie valable « c’est celle
    du marché » alors que celle-ci est une politique de spectacle et de communication (de « la
    com. »), et surtout une soumission aux forces dominantes du marché.
    -La critique fondée sur une forme de populisme, on critique alors souvent le principe
    même de la représentation au lieu de remettre en cause les mécanismes de corruption, de
    confiscation de la représentation et surtout de proposer une représentation réelle des
    citoyen(ne)s et la mise en oeuvre de processus participatifs.
    -La critique scientiste (la science pour la science) de la démocratie met en avant des
    recherches et des techniques décidés sans contre pouvoirs considérés comme des freins à la
    marche omnisciente omnipotente de la technoscience. Alors que la démocratie en appelle à
    une critique à l’intérieur de la science donnant aux citoyens leurs mots à dire sur des budgets
    de recherches et sur des techniques qui devraient être socialement , écologiquement et
    pacifiquement porteurs.
    2-Mettre en avant les vertus de la démocratie
    -L’humanité et la démocratie ne doivent-elles pas (éthique) ne veulent-elles pas (volontés
    politiques) ne peuvent-elles pas (marges de manoeuvres) marcher côte à côte, se soutenir,
    s’interpeller, se compléter, s’incliner l’une vers l’ autre?
  • La démocratie va permettre de penser et de mettre en oeuvre des libertés, des égalités, des
    solidarités. Elle construit, elle ouvre les portes d’une pluralité de possibles fraternels.
    -La démocratie c’est « l’amour de l’égalité » et « l’amour de la démocratie c’est celui de
    l’égalité ».
    -La démocratie est une façon de discuter, de négocier dans le respect des diversités.
    -La démocratie doit permettre de laisser s’exprimer des contre-pouvoirs critiques.
    -La démocratie est une forme de lutte continuelle contre les abus du pouvoir. Elle en
    appelle aux partages des avoirs, des pouvoirs et des savoirs.
    -Ne devrait-elle pas être une forme d’autolimitation personnelle et collective allant dans
    le sens d’une société conviviale et frugale ?
    -La démocratie repose sur une concurrence officielle entre les oligarchies qui se disputent
    le pouvoir. Au contraire dans les régimes autoritaires il n’y a pas de concurrence officielle
    puisqu’il s’agit soit du parti unique soit de l’armée.
    -« L’inquiétude démocratique » n’est-elle pas un dialogue avec la complexité et
    l’incertitude ?
    -« L’invention démocratique » n’en appelle-t-elle pas aux volontés, aux imaginations, aux
    courages ?
    3- Promouvoir une conception et une pratique étendues de la démocratie
  • Au sens classique la démocratie repose sur des critères essentiels.
    Il s’agit d’élections libres.
    Et, si l’on veut un véritable suffrage universel , il faut entre autres instituer le droit de
    vote à tous les résidents étrangers.
    Il s’agit aussi de médias libres, de la liberté de la presse (avec le secret des sources
    journalistes), de la liberté d’expression, de la liberté d’opinion, de la liberté de conscience,
    d’un système judiciaire indépendant et d’une existence réelle des droits de la défense
    (droit à l’information en matière pénale, droit à l’assistance d’un avocat, droit au respect de la
    présomption d’innocence…)
    La démocratie, toujours au sens strict, est également synonyme de droits de l’homme,
    autrement dit les libertés (droits civils et politiques), les égalités(droits économiques,
    sociaux et culturels). On doit aussi tenir compte des droits de la troisième génération, les
    droits-solidarités, ainsi comment une démocratie prend-elle en compte le droit à
    l’environnement et le droit à la paix ?
    La démocratie en appelle aux droits d’une quatrième génération, ceux des droits de l’homme
    et des droits du vivant par rapport à la technoscience.
    Il faut insister sur les liens étroits qui existent entre l’égalité, les luttes contre les injustices et
    la démocratie. La démocratie, on vient de le dire, n’est-elle pas « l’amour de l’égalité » ?
    Justice et démocratie ne doivent-elles pas se protéger, se compléter, s’interpeller,
    s’appuyer l’une sur l’autre, s’incliner l’une vers l’autre ?
    -Au sens plus large la démocratie repose également sur des critères importants.
    Elle doit être une démocratie économique, sociale, fiscale, sociale, culturelle,
    environnementale…
    Autrement dit : droit à l’information, consultations, concertations, négociations doivent être
    consacrés et effectifs. Dans l’ensemble de ces domaines les décideurs doivent être les plus
    nombreux possibles .
  • Au sens encore plus large la démocratie repose sur deux autres critères
    complémentaires.
    On pense à la démocratie dans l’espace c’est-à-dire à l’instaurer et à la développer à tous les
    niveaux géographiques sur notre planète.
    On peut aussi penser à la démocratie dans le temps, en particulier aux luttes contre
    l’accélération du système international et aux marges de manoeuvres laissées aux
    générations futures. La démocratie par rapport au temps n’implique-t-elle pas deux idées
    fortes ?
    Première idée forte : La vitesse étant un facteur de répartition des pouvoirs, des avoirs, des
    savoirs, une démocratie ne doit-elle pas également se définir par les luttes allant dans le sens
    d’un ralentissement du système productiviste ? Autant que faire se peut mettre en oeuvre un
    développement et un respect des « droits du temps humain. » A ce jour que pèsent les
    pratiques de ralentissement ? Faut-il, et si oui comment, leur donner de l’ampleur? L’idée,
    dans le sillage de Jean Chesneaux, d’ une Déclaration des droits des temps humains et
    des temps du vivant peut être porteuse.
    Seconde idée forte : On connait cette pensée de Montesquieu « C’est une expérience
    éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser : il va jusqu’à ce qu’il trouve
    des limites. » Ne peut-on pas dire la même chose des générations présentes par rapport aux
    générations futures ? Si on ne leur donne pas de freins dans tel et tel domaine et si elles ne
    s’autolimitent pas, qu’en est-il des marges de manoeuvres des générations à venir ?
    Ainsi une démocratie ne doit-elle pas se définir, aussi, par le fait qu’elle agit de telle sorte
    que, par exemple écologiquement, les générations à venir ne soient pas objets mais sujets de
    leur propre histoire ? Cette perspective nous parait tellement essentielle que nous en ferons la
    dernière série de propositions intitulée « L’avènement d’une démocratie
    transgénérationnelle ».
    4- Relever cinq grands défis rencontrés par la démocratie en ces premières décennies
    du XXIème siècle
    -Le premier défi démocratique est celui des injustices. La démocratie est un ensemble de
    luttes perpétuelles contre les injustices.
    Celles-ci sapent les fondements des démocraties en poussant d’une part aux populismes
    d’autre part aux répressions contre les révoltes et , par-dessus tout, en laissant une multitude
    de personnes dans des conditions désastreuses et de grandes souffrances.
    La deuxième partie de ces articles relative aux « Moyens justes » avance de multiples
    propositions. Démocratie et justice doivent se tenir embrassées.
    -Le second défi démocratique est celui du dessaisissement.
    Dessaisissement pour une large part des citoyen(ne)s et des élu(e)s par les acteurs
    financiers, économiques et techno scientifiques. On peut le voir comme le défi le plus
    impressionnant en termes de rapports de forces.
    Certains pensent que la mondialisation économique et financière ainsi que les complexes de
    la techno science ont « pris la place des conducteurs » qu’étaient en particulier les Etats
    dominants qui sont passés de la place essentielle à la place importante.
    Ainsi on accuse la dictature des marchés, la régression de la démocratie a alors pour cause
    l’absorption du politique par l’économique et surtout le financier.
    Ainsi on accuse la puissance de la techno science, par exemple le discours d’adieu du
    Président des Etats-Unis, Dwight D. Eisenhower le 17 janvier 1961, constitue un
    avertissement par rapport à l’un de ces complexes les plus puissants, le « complexe militaroindustriel
    ». «Le risque potentiel d’une augmentation de ce pouvoir mal placé existe et
    existera» prévient-il dans ce discours prémonitoire. D’un côté une techno science qui se veut
    sans limites, de l’autre une démocratie symbole de sociétés qui veulent se donner des limites,
    lesquelles devraient se ramener au respect de la dignité humaine et du vivant.
    C’est ici que se situe un dessaisissement massif qui est celui d’une organisation régionale,
    l’Union européenne.
    -Le troisième défi démocratique est celui de la confiance.
    Elle s’érode ici et là , la légitimité de la classe politique est parfois mise cause .La
    politique qu’on rejette devient synonyme de mensonge et d’impuissance. On le dit dans une
    formule choc : la dictature c’est « ferme ta gueule », la démocratie c’est « cause toujours. »
    La confiance disparait lorsque le pouvoir fait semblant d’écouter en « communiquant »
    mais que rien ne change. N’écoutez pas seulement ce qu’ils disent mais regardez surtout ce
    qu’ils font.
    La question posée par cette façon de voir les choses étant : comment faire pour que l’on
    tienne compte de ce que veulent les citoyen(ne)s et qu’ils puissent être parties prenantes aux
    décisions à travers des processus participatifs ?
    -Le quatrième défi démocratique est celui de la corruption.
    Celle-ci s’est étendue avec l’internationalisation de l’économie, la puissance de la
    financiarisation liée à des sommes souvent gigantesques, une véritable fièvre de l’argent facile
    peut devenir contagieuse.
    Ce cancer de la corruption a tendance à atteindre de nombreux domaines à travers
    différents mécanismes : des entreprises peuvent être liées à des mafias, des appels d’offres
    peuvent être contournés, des subventions peuvent avoir des contrôles insuffisants, des profits
    issus des narcotiques peuvent acheter des politiques, des ventes d’armes fondées sur des
    contrats colossaux attisent les tentations avec un « secret défense », forme d’ obstacle à
    l’établissement de la vérité…
    Cette corruption on peut la trouver aussi dans le financement de la vie politique qui soit est
    dérégulé et laisse la place à des intérêts privés qui peuvent aller contre l’intérêt général, soit
    est encadré par des lois qui ont beaucoup de difficultés à établir transparences, responsabilités,
    sanctions, lois parfois voire souvent contournées, la justice entre alors en scène avec de
    grandes difficultés à surmonter pour l’établissement de la vérité.
    Les effets de la corruption sont désastreux : la morale est piétinée, une partie de la vie
    politique est gangrénée, des citoyens se détournent du vote ou cherchent des boucs émissaires,
    d’autres sont ruinés, quant au coût économique de la corruption il peut être lourd.
    Les luttes contre la corruption sont celles de différents acteurs, en particulier des juges dans
    différents Etats et à des échelles plus vastes , des institutions de conventions internationales
    et des ONG, parmi lesquelles Transparency International (voir transparency-france.org).De
    façon plus radicale(en amont) et globale c’est le désarmement du pouvoir financier que nous
    allons préciser dans la série de propositions d’un B qui suit.
    -Le cinquième défi est celui de la démocratie qui a besoin de temps or le système
    productiviste s’accélère.
    C’est un défi moins connu et pourtant très inquiétant.
    L’accélération porte atteinte à la démocratie. Paul Virilio,l’un des grands penseurs de la
    vitesse dans nos sociétés, écrivait  » Quand il n’y a plus de temps à partager il n’y a plus de
    démocratie possible. » En effet la vitesse a quelque chose de contraire à la démocratie qui est
    synonyme de discussions, de temps pris pour arriver à des compromis, à des partages des
    décisions. Or le temps politique est court-circuité par le temps marchand, par le temps
    économique, par la vitesse des transactions financières.
    Il y a donc une sorte de « désynchronisation » entre le domaine politique et le domaine
    économico-financier.
    Dans un raccourci on peut également affirmer que les Parlements sont court-circuités par
    les exécutifs plus rapides qui, eux-mêmes, sont court-circuités par les marchés financiers
    encore plus rapides. Certains insistent désormais sur le fait que ces marchés « ne supportent
    pas le temps démocratique qui ne va pas assez vite » (voir par exemple Patrick Viveret,
    entretien Mediapart, du 19-11-2011.) Ainsi « 70% des transactions aux Etats-Unis et 50% en
    Europe sont réalisés par des automates. »Lorsqu’on affirme, selon l’expression consacrée,
    qu’il faut « rassurer les marchés », il serait plus proche de la vérité de dire qu’il faut « rassurer
    ces automates » affirme Patrick Viveret .On retrouve bien sûr ici la réalité de la technique qui
    nous échappe et qui devient autonome, réalité très présente en particulier dans l’oeuvre de
    Jacques Ellul (voir par exemple « Le système technicien », Calmann-Lévy, 1977).
    N’est-ce pas une autre forme d’atteinte à la démocratie ? Comment (re)trouver un temps
    citoyen(ne), comment arriver à reconquérir le temps, à « habiter le temps »(voir
    l’ouvrage de Jean Chesneaux ,Habiter le temps, Bayard ,1996), le passé comme expérience, le
    présent comme action et l’avenir comme « horizon de responsabilité » ?
    -Nous devront donc ci-dessous retrouver ou trouver les moyens de répondre à ces cinq
    défis rencontrés par la démocratie :
    Désarmer le pouvoir financier. Remettre à leurs places le marché et la techno science.
    Remettre en cause les mécanismes de corruption. Construire la légitimité et la confiance.
    Lutter contre les injustices. Reconquérir le temps…
    5- Les circuits schématiques des volontés et la démocratie
    On peut ainsi raisonner sur les circuits des volontés locales, nationales, continentales,
    internationales.
    Il y a probablement au moins quatre schémas théoriques et pratiques :
    -Soit on pense et on agit dans le sens de systèmes centralisés dans lesquels les volontés vont
    du « haut vers le bas », selon les cas la démocratie est un peu présente , ou pratiquement
    absente, ou totalement absente.
    (Une confidence : « Total » est un des mots que je n’aime pas : total, totalement,
    totalitaire…Je n’aime pas non plus les mots « parfait », « carrière ».
    J’aime les mots « partage », « tendresse ». J’aime l’expression « horizon de responsabilité ».
    Depuis l’âge de 27 ans , il y a donc 47 ans, j’associe au productivisme ce couple
    infernal « humanicide et terricide ».)
    -Soit on se prononce et on agit dans le sens d’un va et vient « entre le haut et le bas », en
    corrections réciproques, reste à savoir comment se déroulent ces rapports de forces et ce qu’ils
    produisent. Ce schéma est assez courant. On peut être proche d’une certaine démocratie
    voire de quelques éléments participatifs.
    -Soit on pense et on agit « du bas vers le haut », on veut faire remonter des micro
    expériences, des actions à la base, on veut faire émerger des autogestions, on est dans une
    forme de démocratie participative.
    -Soit on veut aller dans le sens de « volontés qui, partant de la base, vont plutôt s’étendre
    que monter « , c’est un schéma de démocratie participative. On trouve en particulier des
    personnes et des groupes qui s’auto organisent.
    Sur le terrain les circuits peuvent être compliqués puisque plusieurs schémas, par exemple
    dans un pays donné, par exemple-ce qui complique encore les schémas-dans un domaine
    donné, peuvent fonctionner ensemble avec des ampleurs et des conflits variables.
    6- Des moyens généraux contribuant à la démocratie
  • A travers les médias lutter contre « l’Etat spectacle », le « paraitre » (« Gouverner c’est
    paraitre ») et favoriser de véritables débats contradictoires. Se pose ici la question des
    grands groupes médiatiques qui peuvent monopoliser l’information. Le pluralisme des
    medias , de la presse et l’indépendance des journalistes font partie des conquêtes
    permanentes de la démocratie.
    -Dans les contenus des programmes politiques mettre en avant des critiques et des
    propositions alternatives contribuant à freiner, ou arrêter ou casser des logiques
    productivistes terricides et humanicides.
    -Les luttes contre les injustices doivent marcher côte à côte avec la démocratie.
  • -Chaque unité géographique (locale, nationale, continentale, internationale) ne devraitelle
    pas respecter quelques principes essentiels ? Ainsi le respect de la dignité humaine, la
    responsabilité, le respect de la diversité, la prudence (précaution)…
  • Les régimes autoritaires, fondés sur l’armée et/ou le parti unique, ont vocation tôt ou
    tard aux remises en cause dans le sens d’une certaine démocratie puis parfois d’une
    démocratie certaine. Cette évolution peut être lente. Des révoltes contre des injustices peuvent
    accélérer les choses.
  • Des facteurs internes et externes, par exemple des réseaux sociaux, dans des proportions
    variables, de différentes sortes, à des vitesses variables, participent à ces remises en cause de
    régimes autoritaires.
    7- Des moyens spécifiques tendant à améliorer le système électoral et le financement
    -Les régimes démocratiques doivent organiser une représentativité la plus réelle
    possible de la population, en particulier à travers des modes d’élections qui seront les
    plus démocratiques possibles.
    -Dans les lois électorales le système proportionnel est plus respectueux de la diversité
    d’opinions politiques du corps électoral, On peut choisir soit une proportionnelle intégrale soit
    une part de proportionnelle.
    -Des lois doivent organiser le financement des partis politiques, le financement des
    campagnes électorales dans la transparence et le respect de critères démocratiques. De
    même pour le contrôle du patrimoine des élus avant et à la fin du mandat,
    8-Des moyens spécifiques majeurs pour la représentativité du personnel politique
  • Les femmes devront avoir un accès massif et organisé
  • dans toutes les élections (quotas, parité…) , dans les institutions, dans les partis politiques ,
    -dans les grandes écoles, dans les grands corps de l’Etat…
    -dans les entreprises et les directions d’entreprises, les conseils d’administration,
    -dans tous les processus de décision aux niveaux locaux, nationaux, continentaux,
    internationaux,
  • Le non-cumul des mandats des élu(e)s doit être généralisé
    Dans une perspective générale la démocratie en appelle aux partages des pouvoirs, des
    avoirs, des savoirs .Le choix est donc clair : c’est celui des remises en cause des cumuls.
    -ce non-cumul est institué dans tous les Etats,
  • et à tous les niveaux géographiques.
    -Un mandat d’élu national ou international
  • ne peut être renouvelable,
  • et aucun mandat national ou international ne peut dépasser cinq ans.
    9- Les autres moyens spécifiques contribuant à la représentativité du personnel
    politique
    -Un rajeunissement de la classe politique par l’abaissement de l’âge du droit de vote et du
    droit de se présenter à des élections, par les limites du nombre de mandats, les
    raccourcissements des mandats, les pratiques de conseils municipaux de jeunes…
    -Une lutte contre les inégalités dans l’accès à la vie publique et dans les conditions
    d’exercice des mandats : droit à la formation, droit à la réintégration dans l’entreprise,
    harmonisation des indemnités, limites des indemnités que l’on peut percevoir…
    -Une « mixité sociale » dans les candidatures aux élections…
    -Une ouverture des cabinets ministériels à différents profils…
    10-Surmonter les obstacles pour avancer dans la démocratie participative
    Comment donner plus de pouvoirs aux citoyens ? En surmontant les obstacles suivants :
    -Problème démographique : comment créer une démocratie participative dans des pays très
    peuplés, dans de grandes villes ?
    -Problème politique : comment faire porter la concertation et le contrôle sur les choix
    fondamentaux de société, par exemple les choix énergétiques ?
    -Problème technocratique : ne faut-il pas que les représentants politiques gardent le pouvoir
    de décision et ne recueillent des experts que des avis consultatifs ?
    -Problème social : comment faire durer une démocratie participative alors que le corps social
    bouge dans l’espace et dans le temps ?
    -Problème d’information : comment consacrer, quand çà n’est pas le cas, et élargir quand il
    existe, le droit à l’information ?
    La Convention d’Aarhus de 1998 est un modèle dans le domaine de l’environnement. On
    peut souhaiter aussi dans l’ensemble des pays la création d’une institution indépendante
    mettant à la disposition des citoyens les données des administrations .
    En ce qui concerne le secret-défense sa levée dans certains pays demeure possible dans le
    cadre d’une information judiciaire mais cette levée est rare et encadrée. La Cour européenne
    des droits de l’homme veille à trouver un juste équilibre entre la liberté d’informer et les
    impératifs de sécurité nationale. La démocratie en appelle à une transparence qui serait plus
    importante en ce domaine dans l’ensemble des pays si les mesures préconisées pour la mise
    en oeuvre de « moyens pacifiques » voyaient le jour, par exemple l’avènement d’une véritable
    sécurité collective et la remise en cause des ventes d’armes.
    11-Le développement des moyens participatifs, dans le respect des droits de l’homme
    -Appliquer la démocratie participative à l’élaboration des lois, à l’application des
    politiques parait nécessaire comme à la gestion des collectivités territoriales ,
  • Ce sont d’abord des moyens connus : l’assemblée constituante (qui rédige ou adopte une
    constitution), et également le référendum.
  • Pour le référendum diverses initiatives peuvent exister : le référendum à l’initiative
    d’autorités publiques , le référendum d’initiative partagée entre élus et citoyens, le
    référendum d’initiative citoyenne(encore faut-il que le nombre de citoyens ne soit pas
    insurmontable à atteindre).
    -Existe également la question du domaine plus ou moins large de ce mode de participation.
    La façon aussi dont la question est formulée, ou les questions sont formulées. Sans oublier
    la campagne du référendum qui doit être véritablement contradictoire.
    -Moins connus sont d’autres moyens nombreux : les conférences de citoyens ,les
    conventions citoyennes (ainsi en France la « Convention citoyenne pour le climat » qui a
    rendu 146 propositions en juillet 2020), ou les conférences de consensus, les assemblées de
    citoyen(ne)s, les panels de citoyen(ne)s, les forums de discussion.
    -Organisés dans le détail sont les conseils de quartier, les budgets participatifs, les enquêtes
    publiques.
  • Parmi les moyens organisés par des ONG : des mouvements citoyens, des foires et des
    forums , des villages engagés, des assemblées constituantes, une assemblée des assemblées,
    des fronts communs, des coalitions transnationales de citoyen(ne)s, les fédérations de forces
    organisées localement, nationalement et internationalement…
    -et tout autre procédé démocratique respectant les droits de l’homme.
    -Démocratiser le travail et l’économie signifie d’abord que les parties concernées par
    l’activité de travail c’est-à-dire les salariés, mais aussi des usagers , des collectivités locales
    ,des associations…tous doivent partager le pouvoir de délibérer.
    -Ensuite les salariés doivent avoir un droit de veto sur les décisions relatives aux créations
    d’emplois, aux délocalisations, aux relocalisations, aux licenciements, aux investissements.
    -Démocratie peut signifier aussi encourager la reprise d’entreprises par les travailleurs
    sous diverses formes de coopératives.
    -Démocratie sociale signifie par exemple que dans les syndicats, les associations ,les
    organisations, les mouvements, soient mis en place des mécanismes qui permettent la
    participation de tous, en particulier des femmes, des immigrés, des non diplômes. Démocratie
    sociale signifie aussi prise de paroles de tous, rotation des responsabilités .
    -Démocratie culturelle signifie, entre autres, des actions d’éducation populaire, des
    créations de médias indépendants…
    12- De nouvelles formes du politique
    (Voir par exemple Albert Ogien et Sandra Laugier, respectivement sociologue et
    philosophe, « Pourquoi désobéir en démocratie? »(2010) et « Le Principe démocratie.
    Enquête sur les nouvelles formes du politique. »(2014).)
    A partir du mouvement des occupations de places en 2011 et « dans des formes plus
    souterraines et invisibles d’action et de relations entre les personnes » les auteurs pensent
    qu’une sorte de « démocratie sauvage » voit le jour.
    -Dans ces formes de démocratie il n’ y a pas de leader, de programme, d’objectif de prise de
    pouvoir mais une « créativité politique de ces organisations collectives fondées sur les
    principes de solidarité, de gratuité, d’autonomie ou qui instaurent des modes de vie en
    rupture avec le productivisme, la hiérarchie » (…),Dans ces lieux « le politique vivant
    parait avoir largué les amarres avec la politique institutionnelle. »
    -Ces mouvements ne sont pas à sous-estimer, ce sont autant de laboratoires de résistances,
    ce sont des formes de démocratie qui contribuent à des expressions des citoyen(ne)s et qui les
    amènent à créer des lieux d’autres possibles.
    Souvent on retrouve côte à côte ces laboratoires de résistances et la désobéissance civile,
    forme essentielle de la non-violence. En ce sens voilà une citation porteuse de Henry David
    Thoreau(1817-1862), un des penseurs de la non-violence et de l’écologie : « La démocratie
    ne dépend pas seulement du bulletin que je glisse dans l’urne tous les cinq ans mais aussi
    du type d’individu que je glisse chaque matin dans la rue ».
    B-Le désarmement du pouvoir financier
    Cette remise en cause est vitale. Il s’agit de remettre radicalement en cause le capitalisme
    financier autrement dit les marchés financiers
    qui ont envahi les vies des peuples,
    qui sont favorisés par des Etats chargés de « rassurer » ces dieux souvent inquiets,
    qui ont vu aussi les banques centrales au service de la spéculation, par exemple en 2008 en
    inondant de liquidités les banques privées pour les sauver .
    Quatre gigantesques coups de bistouri (1,2,3,4) sont vitaux
    pour briser la spéculation,
    pour arrêter ces mécanismes mortifères,
    pour désarmer ces formes de cavaliers de l’apocalypse que sont les marchés financiers,
    reflets de tous les refuges des richesses et porteurs de ravages écologiques et sociaux.
    De nouvelles ressources doivent enfin voir le jour (5).
    1-Les remises en cause des paradis fiscaux
    Pourquoi ? Parce que ces zones légales cachent des illégalités, en particulier des évasions
    fiscales énormes et de l’argent sale issu de multiples trafics. Parce que de nombreux besoins
    vitaux sont criants et attendent de gigantesques sommes.
    Par quels moyens remettre en cause ces paradis fiscaux ?
  • la disparition obligatoire, complète et définitive du secret bancaire dans tous les
    pays,
  • l’obligation contrôlée, sans exceptions, pour les firmes multinationales de déclarer
    et de payer leurs impôts dans les lieux où elles exercent leurs activités,
  • la suppression, mise en oeuvre nationalement et internationalement, des évasions
    fiscales,
  • des limites importantes et très encadrées relatives à l’optimisation fiscale,
    2- Les remises en cause des corruptions par
  • un traité international et des lois encadrant les groupes de pression, allant entre autres
    dans le sens de la transparence,
  • l’organisation d’un financement sur la transparence des partis politiques dans tous les
    pays,
  • une protection collective renforcée de la liberté de la presse pour toute enquête sur
    les corruptions,
    -une remise en cause des filiales des banques dans les paradis fiscaux.
    3-Deux interdictions par rapport à la spéculation
    -une interdiction de la spéculation sur les produits agricoles,
    -une interdiction des marchés opaques (de gré à gré, trading à haute fréquence…), et une
    interdiction des fonds qui spéculent avec l’argent des déposants.
    4- Un encadrement radical des banques
  • une responsabilité sociale et environnementale des banques est créée ou
    développée, elle est civile et pénale,
  • une séparation générale et radicale est mise en place entre les activités de dépôts et
    les activités d’affaires (spéculation) pour les banques. Ainsi l’ensemble des opérations de
    spéculation (opérations pour compte propre, trading haute fréquence, financement de hedge
    funds…) devra se trouver dans des activités séparées, financées indépendamment des
    ressources de la banque et sacrifiées en cas de difficulté. Il est totalement interdit d’utiliser
    les ressources des dépôts pour spéculer.
    -La Banque centrale européenne devra contribuer directement aux investissements
    publics et privés pour la transition écologique et la protection sociale.
    5- Les créations massives de « nouvelles ressources financières du XXIème siècle »
    Elles ont pour noms
  • une taxation , importante et mondiale, des transactions financières. Cette taxation
    doit inclure les devises et les produits dérivés. Une grande ONG comme Attac insiste sur ce
    point : « Il y a chaque année entre un million deux cent mille milliards et un million huit cent
    mille milliards de dollars de transactions financières, dont environ les trois quarts portent sur
    les produits dérivés échangés sur des marchés opaques. »Il est difficile d’imaginer dans la vie
    du système mondial des sommes aussi colossales,
  • un impôt progressif et mondial sur les capitaux, en particulier un impôt élevé pour
    les grandes fortunes,
  • une taxation des fonds spéculatifs,
    -des ressources issues des bénéfices des firmes multinationales,
    -des ressources issues de la taxation des émissions de CO2 pour tous les transports
    internationaux,
  • des capitaux provenant de la suppression complète et rapide des subventions des
    énergies fossiles,
    -les transferts de dépenses militaires vers les dépenses de santé, d’environnement,
    d’alimentation, de logement, de culture…
    -et toute nouvelle ressource allant dans le sens de « l’intérêt commun de l’humanité »
    c’est-à-dire la démocratie, la justice, la protection de l’environnement, la paix pour les
    générations passées ( protection de leur patrimoine culturel) , présentes et futures.
    C-L’encadrement des firmes multinationales
    1- La responsabilité des sociétés mères est mise en place
  • contre les exactions commises par elles et par leurs filiales à l’étranger,
  • c’est la conclusion d’un traité et c’est l’adoption de lois contraignant les multinationales
    à respecter les droits de l’homme,
    -la responsabilité sociale et environnementale des entreprises est créée et renforcée au
    niveau national et international.
    2- Les productions des firmes multinationales
  • les productions doivent être écologiquement viables, socialement utiles,
    pacifiquement reconverties.
  • Certaines productions du marché peuvent donc être considérées comme plus ou moins
    négatives pour les acteurs humains et le vivant. Ainsi seront nécessaires les reconversions –
    par exemple des industries d’armements, des produits dangereux pour la santé humaine et/ou
    l’environnement – , elles contribueront à l’avènement d’un monde solidaire et responsable.
    3-Le
    commerce international est subordonné
  • à la primauté de la santé, de l’environnement, du social, de la culture. Les normes et
    les pratiques du commerce international doivent leur être conformes.
  • Ainsi sont dénoncées par exemple toutes les dispositions de traités permettant à des
    multinationales de s’opposer à des transitions énergétiques.
    D- La maitrise de la technoscience
    1-Du point de vue des priorités
    -Les efforts de recherches et de créations de nouvelles technologies doivent être orientés en
    fonction des priorités liées à « l’intérêt commun de l’humanité » c’est-à-dire la
    démocratie, la justice, la protection de l’environnement, la paix pour les générations
    passées ( protection du patrimoine culturel ) , présentes et futures.
    -Sont avant tout prioritaires les recherches relatives à la santé et à l’environnement.
    2-Du point de vue du déroulement des activités
  • celles de la techno-science doivent s’inscrire dans des contrats mettant en avant ces
    priorités et décidés par des processus démocratiques au niveau national et international.
    3- Du point de vue des limites de la technoscience
    -La sacro-sainte liberté de la recherche scientifique est remise en cause quand elle porte
    atteinte ou menace la dignité des personnes ou l’intérêt commun de l’humanité.
  • Seront particulièrement contrôlées, nationalement et internationalement, et si besoin
    interdites et sanctionnées, des recherches et des technologies relatives aux manipulations du
    génome, aux nanotechnologies , à l’intelligence artificielle , à la robotique , à la géoingénierie
    , aux autres recherches et technologies à venir.
    -Elles doivent faire l’objet le plus rapidement possible , de normes internationales
    obligatoires pour les Etats, les organismes de recherches et les entreprises.
    -Les recherches scientifiques sur les armes de destruction massive, nucléaires,
    biologiques, chimiques et autres à venir, sont interdites par un traité spécifique, leur
    violation fait l’objet de sanctions pénales et civiles gravissimes.
    -E-La démocratisation des institutions internationales
    1– Les réformes profondes des organisations internationales
  • La Banque mondiale, le FMI, et l’OMC seront dotés d’organes désormais pleinement
    démocratiques ( assemblée générale, conseil d’administration ainsi que tous les autres
    organes).
    -Toutes les organisations internationales seront encore plus démocratisées et auront des
    budgets considérables répondant enfin aux besoins et provenant en particulier des
    « nouvelles ressources financières du XXIème siècle. »
    On entend par « budgets considérables » des moyens multipliés au minimum par dix.
    -S’opèrera ainsi un basculement vers une coopération multinationale, démocratique,
    juste, écologique et pacifique.
    Celle-ci deviendra un des contre-mécanismes face à une des plus grandes logiques du
    productivisme, la compétition tous azimuts porteuse d’immenses problèmes, drames et
    menaces pour les générations passées, présentes et à venir. (On peut lire à ce sujet nos
    quatre articles sur ce blog et sur mon site (au trésor des souffles) sur la compétition.)
    2-Une urgence, celle d’une démocratisation radicale de l’Union européenne
  • Le pouvoir d’initiative sera donné aussi au Parlement européen et non à la seule
    Commission.
  • La Banque Centrale européenne sera démocratisée. Ainsi par exemple le Conseil
    européen soumettra au Parlement une liste de candidats, le Parlement les entend et émet des
    recommandations.
  • Ne faut-il pas repenser le mandat de la BCE qui est centré sur la seule stabilité des prix
    (inflation) et introduire des éléments de politiques favorables à des emplois dans les
    domaines écologique et social ?
    -De façon plus globale les traités de l’UE ont mis en concurrence les Etats membres en
    construisant une Europe des grands groupes industriels et financiers. C’est la concurrence
    comme une des valeurs suprêmes de l’UE qu’il faut remettre en cause. La solidarité la
    remplace et se situe au sommet de la hiérarchie des normes.
    -Dans le même sens le libre-échange devra être subordonné à la primauté de la santé et à
    la primauté de l’environnement.
    -L’Union européenne sera particulièrement active dans les initiatives et dans la mise en
    oeuvre de ces moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques.
    3- Les autres organisations régionales et sous-régionales
  • Les organisations régionales remédieront aux « déficits démocratiques ».
  • Ces organisations participeront toutes pleinement, dans les limites de leurs compétences,
    aux remises en cause pour un monde viable,
    -Les nouvelles organisations régionales et sous-régionales créées feront de même.
  • Sera créé un collège, simplement consultatif en matière de démocratie , de justice,
    d’environnement, de paix, représentant toutes les régions du monde. Il pourra être saisi
    par un Etat et aussi se saisir lui-même.
    4-Les rencontres institutionnalisées des organisations internationales
    -Entre les organisations internationales, régionales et sous-régionales, des rencontres
    régulières auront pour objectifs de contribuer à coordonner l’ensemble des remises en
    cause auxquelles elles participent.
    F-Le développement de la justice internationale
    1- Le renforcement de la justice internationale existante par
  • la compétence obligatoire de la Cour internationale de justice pour tous les Etats ,
  • la possibilité pour les ONG de saisir la Cour internationale de
    justice,
  • la compétence obligatoire de la Cour pénale internationale pour tous les Etats,
  • la possibilité pour les ONG de saisir la Cour pénale internationale.
    2- La création d’une Cour mondiale des droits de l’homme (CMDH) ,
    -sa compétence sera obligatoire pour tous les Etats,
    -elle jugera de l’application du Pacte des droits civils et politiques et du Pacte des droits
    économiques sociaux et culturels,
    -elle jugera aussi de l’application d’un troisième Pacte qui sera conclu, celui des droits
    de solidarité comprenant notamment le droit à l’environnement et le droit à la paix,
    -elle jugera aussi de l’application d’un quatrième Pacte qui sera conclu, celui des droits
    de l’homme et du vivant par rapport à la technoscience.
    -Cette Cour sera saisie en appel par les Etats et par les ONG . Son jugement sera
    définitif .
    G-Les créations et les développements de nouvelles formes d’organisations
    1- Elles seront composées
  • d’Etats, d’organisations internationales, d’ONG, de collectivités territoriales et d’autres
    acteurs,
    -cela dans des représentativités et des fonctions clairement établies.
    2- Des créations et des développements d’ONG et de mouvements citoyens et
    syndicaux
    -Créer une chambre consultative des ONG aux Nations Unies,
  • Créer et développer des réseaux, des forums, des conférences d’ONG, des
    coordinations d’ONG, des réseaux de solidarités, des mouvements citoyens et
    syndicaux, des groupes qui s’auto organisent dans certains domaines ,
  • Créer et développer des « fronts communs d’ONG et de mouvements » qui finissent
    parfois par faire bouger des Etats. Ces fronts communs d’ONG sont des moyens
    particulièrement remarquables pour arriver à faire pression sur des Etats et en amener
    à prendre l’initiative de tel ou tel traité. Ainsi pour « la Convention d’interdiction de
    mines antipersonnel » de 1997, ainsi pour « le Traité d’interdiction des armes
    nucléaires » de 2017,
    -et d’autres formes d’expressions citoyennes, puissantes et nombreuses, constituées
    de jeunes et de moins jeunes.
    3- La création d’une internationale de la lenteur
    -fédérant les ONG et d’autres acteurs agissant en ce sens…
  • un budget particulièrement important, pris sur « les ressources nouvelles », sera attribué
    à « cette internationale de la lenteur. »
    H- L’avènement de la démocratie transgénérationnelle
    1- L’organisation des premiers référendums et hommages mondiaux
  • Un référendum mondial sur les générations futures sera organisé par exemple tous les
    cinq ou dix ans. Il aura pour objectif d’éclairer les comportements des générations présentes
    par rapport aux générations à venir.
    2- Un hommage, court mais porteur, sous forme d’applaudissements ou sous d’autres
    formes, sera rendu, de l’école à l’université , sur toute la planète une fois par an, aux
    membres des générations passées , présentes et futures qui ont agi, agissent et agiront
    dans le sens de « l’intérêt commun de l’humanité » c’est-à-dire de la démocratie, la
    justice, la protection de l’environnement, la paix pour les générations passées (
    protection du patrimoine culturel) , présentes et futures.
    2- La création d’un nouvel organisme mondial transgénérationnel
    -Il représentera les générations présentes mais aussi passées (préservation du patrimoine
    culturel) et futures (préservation des biens communs environnementaux) .Une possibilité
    quant à sa composition consisterait à tirer au sort ses 15 représentants tous les cinq ans, cela
    dans trois tranches d’âges de 5 personnes.
    -Cet organisme consultatif aura pour fonction de contribuer à penser le long terme, l’avenir
    comme horizon de responsabilité.
    -Ces représentants des générations pourront aussi donner un avis aux instances appropriées
    quant à l’organisation des transferts des ressources nouvelles vers les dépenses d’un
    monde viable (santé, environnement, alimentation, logement, culture…)
    -Ne faut-il pas également consacrer la représentation de l’humanité en lui donnant aussi
    les moyens institutionnels, juridiques et financiers de défendre ses droits, son patrimoine ?
    -…et d’ autres mesures démocratiques contribuant à la démocratie