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IV- D’un système international pour une large part injuste à une communauté mondiale juste.
Quels sont et seront les processus de décisions et de mises en oeuvre de ces moyens ?
Elles demanderont très probablement quelques décennies (2020 à 2050 ou plus ?) que nous considèrerons
comme les dernières chances, cela avant une multiplication des irréversibilités et des drames omniprésents.
D’autres pensent que tout est désormais joué, ce qui, on l’aura compris, n’est pas notre façon de penser
l’avenir et notre analyse de l’état du monde.
-Les niveaux géographiques
Ces réformes et ces remises en cause doivent avoir lieu dans l’ensemble des activités à tous les niveaux
géographiques.
Nous préciserons parfois le niveau de décision, d’autres fois existeront des incertitudes, enfin d’
autres niveaux de décision apparaissent et apparaitront.
-Les propositions
Des propositions plus ou moins nombreuses peuvent disparaitre, on ne sait pas toujours s’il s’agit
d’une semence ou d’un élément qui ne voit pas le jour.
D’autres propositions apparaitront, nous les espérons nombreuses et porteuses.
-Le schéma général des fonctionnements
Nous pensons que le schéma général de développements déjà en route et de déclenchements nouveaux des moyens
pour un monde viable serait et sera probablement le suivant :

  • DES RESISTANCES ET DES PRATIQUES ALTERNATIVES DE PLUS EN PLUS NOMBREUSES A » LA
    BASE », par des personnes, des populations, des associations, des mouvements, d’autres acteurs , cela sous les pressions des
    catastrophes et en résistances aux logiques productivistes humanicides et terricides,
  • DES DISCOURS , DES REFORMES ET QUELQUES REMISES EN CAUSE D’IMPORTANCES TRES
    VARIABLES , AUX « SOMMETS » des différents niveaux géographiques, sous les pressions des catastrophes et de la
    base,
    -DES FISSURES « AU COEUR » DES LOGIQUES DU PRODUCTIVISME , celles des marchés financiers, du
    marché mondial, de la technoscience…sous les pressions et des catastrophes et de la base et du sommet ,
    PEUT-ETRE , AUSSI, L’ARRIVEE DE  » L’IMPROBABLE »( ?) …
    Rappelons les huit séries de propositions déjà annoncées dans le premier article sur l’introduction :
    A-La réalisation de conditions de vie dignes
    2
    B-Les annulations des dettes publiques en urgence absolue pour les pays en développement, en
    urgence relative pour les autres pays
    C- La subordination du libre-échange, le développement du commerce équitable
    D-Des formes d’économie plurielle remettant en cause la primauté de l’argent et l’omni présence de
    la compétition
    E-Des fiscalités et des salaires justes
    F-Des créations et des redistributions de fonds internationaux
    G- Des créations massives d’emplois d’utilité sociale , écologique et pacifique
    H- La reconquête du temps et le partage du travail.
    Rappelons également pour ceux et celles qui pourraient être intéressé(e)s nos quatre articles sur ce
    blog :
    JUSTICE : clarifications ( I ) JUSTICE :conceptions, controverses(II)
    JUSTICE : ses liens avec les droits de l’homme ( III ) JUSTICE : les luttes contre les inégalités ( IV)
    Moyens justes : 8 séries de moyens numérotées de A à H représentant environ 90 propositions
    A –La réalisation de conditions de vie dignes
    Dans un raccourci saisissant connu nous pourrions dire qu’il faut à la fois répondre aux fins de mois et aux
    fins du monde, de même répondre aux générations présentes et aux générations futures sans oublier de
    sauvegarder le patrimoine culturel des générations passées.
    Nous partirons d’un rappel des injustices criantes dans le monde (1), pour insister ensuite sur une création
    planifiée d’un véritable revenu universel d’existence (2), enfin nous soulignerons à titre indicatif d’autres
    moyens contribuant à des conditions de vies dignes (3).
    1-Un rappel des injustices criantes dans le monde
    Ces injustices sont globales(a), elles sont aussi particulières (b). Les populations de notre Terre se trouvent
    souvent entre explosion démographique, inégalités criantes et débâcle écologique(c), une ONG souligne des
    inégalités parmi les plus criantes(d).
    Nos deux premiers développements sont basés sur des données de 2013, les deux suivants sur des
    données de 2019.
    3
    a- Des injustices globales dans le monde en 2013
    « Les victimes des injustices économiques sont ainsi, sans le moindre remords, sacrifiées sur l’autel de
    l’ordre public. Jusqu’à quand ? » écrivait Eduardo Galeano (Le Monde diplomatique, Guerre aux pauvres,
    août 1996).
    Les quatre réalités qui suivent sont soulignées, en 2010, 2011 par des institutions spécialisées des Nations
    Unies, des organes subsidiaires et des programmes de cette organisation internationale, par exemple le
    Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
    En 2010 , selon l’UNICEF, un enfant sur deux dans le monde est en situation de détresse et/ou de
    danger(misères, sous-nutrition, maladies, guerres…). Si une civilisation se juge en particulier au sort qu’elle
    réserve à ses enfants… le jugement de condamnation est sans appel.
    En 2011, selon l’OMS, dans les pays à faibles revenus 4 décès sur 10 touchaient des enfants de moins
    de 15 ans, dans les pays à revenus élevés 1 enfant sur 100.
    L’inégalité devant la mort existe pour l’ enfant selon le pays où il vit.
    En 2011, selon le PNUD, moins de 10% de la population mondiale dispose de 82% du patrimoine
    mondial, alors que 70% de cette population mondiale disposent de 3% du patrimoine mondial. C’est
    ce que l’on appelle une violence structurelle gigantesque.
    Enfin en décembre 2011, selon les Nations Unies , 4,5milliards de personnes se trouvent dans le besoin
    avec le minimum vital, 1,5milliard de personnes est en situation de survie (avec moins de 1,25 dollar par
    jour) et 1 milliard vit dans l’aisance. On voit particulièrement bien que le système ne répond pas aux besoins
    importants ou criants de la grande majorité de la population mondiale.
    b-Des injustices particulières dans le monde en 2013
    Soyons plus précis en partant, en 2012 et 2013, de neuf séries d’inégalités terribles, cette liste des drames est
    très loin d’être exhaustive.
    Le drame de la faim touche 842 millions de personnes (Programme alimentaire mondial, L’état
    d’insécurité alimentaire dans le monde, 2013) (156 millions de moins qu’en 1990).La majorité des personnes
    sous-alimentées vit en Asie (552millions).La mauvaise nutrition provoque dans le monde la mort de 3,1
    millions d’enfants de moins de 5 ans chaque année. La faim est considérée comme le « premier risque
    sanitaire dans le monde. »
    Le drame de l’absence d’eau potable
    Le rapport de l’OMS de mai 2013 réévalue le drame à la hausse : 2,4 milliards de personnes qui n’ont pas
    accès à de l’eau potable. Un des spécialistes de l’eau (Gérard Payen, De l’eau pour tous, éditions Armand
    Colin, 2013) affirme que 3,6 milliards de personnes consomment de l’eau qui « n’est pas sûre » et 1,8
    milliard de personnes consomment chaque jour « une eau dangereuse. »
    Chaque minute sept personnes meurent de maladies liées à l’eau insalubre, 10.080 chaque jour. Les choix
    financiers la plupart du temps n’ont pas vu le jour. Ce drame est d’autant plus scandaleux que les moyens
    sont à disposition. Quelle honte, quel écoeurement, quels aveuglements, quelles incapacités de partager,
    quelles responsabilités refusées, quelles récessions des volontés !!!
    Justice vous avez dit justice ?
    (Voir aussi le très bon ouvrage de Bernard Drobenko, Le droit à l’eau : urgence humanitaire, éditions
    Johanet, 2ème édition, 2012.)
    Le drame de l’absence de toilettes
    4
    Le 19 novembre (journée internationale des toilettes) 2012 il a été confirmé que 2,4 milliards de personnes
    (40% de la population mondiale) n’ont pas de toilettes ou ont des toilettes insalubres.
    Ce droit à l’assainissement est capital, son absence d’effectivité provoque de multiples infections et entraine
    la mort de 7500 personnes par jour, dont 5000 enfants, et de 3,6 millions de décès chaque année, c’est un
    drame mondial sanitaire et environnemental.
    Le drame des maladies qui tuent sans vaccinations ou soins. Malgré les progrès en 2011 il y avait
    158.000 décès par rougeole dans le monde, dont 95% dans des pays à faibles revenus, en 2011 le choléra a
    provoqué 120.000 décès , cela sans sels de réhydratation orale et sans vaccinations. L’inégalité de l’accès
    aux médicaments relatifs au sida existe toujours malgré des améliorations…
    Les inégalités dans l’espérance de vie
    Selon la division des populations des Nations Unies de 2005 à 2010 l’espérance de vie pour la population
    mondiale (hommes et femmes confondus) était de 67,6ans, pour les pays développés de 77,1, pour les pays
    en développement de 67,7, pour les pays les plus pauvres 55,9.
    Si l’on prend les extrêmes des régions en Afrique subsaharienne 51,5, en Europe de l’Ouest 80,3 , il y a donc
    prés de 30 ans de différence. Si l’on prend deux pays extrêmes l’Afghanistan 43,6 et le Japon 82,7 il y a près
    de 40 ans d’écart.
    Les inégalités dans l’éducation
    Le 10ème rapport annuel du programme de « l’éducation pour tous » (à Dakar en 2000 six objectifs ont été
    fixés pour 2015, ils ne seront pas atteints dans la plupart des pays) souligne des progrès mais aussi de
    nombreuses réalités sombres. Ainsi 61 millions d’enfants (9%) ne vont pas à l’école,250millions d’enfants
    scolarisés ou non(39% du total des enfants en âge de l’enseignement primaire) ne savent ni lire ni écrire, et
    dans les pays développés 160 millions d’adultes (22%) « n’ont pas les qualifications nécessaires pour
    postuler à un emploi ou lire un journal. »
    Les inégalités relatives au niveau de vie
    En 2011 selon les données , en parité de pouvoir d’achat, de la Banque mondiale, rapportées par
    l’Observatoire des inégalités, le Pib par habitant des pays de l’OCDE (30335dollars par an) est trois fois
    supérieur à la moyenne mondiale(10103dollars) et 22 fois supérieur à celui des habitants des pays les moins
    développés (1356 dollars).
    Le niveau d’un habitant en Afrique subsaharienne (2094dollars) est cinq fois inférieur à la moyenne
    mondiale(10103).Le niveau de vie d’un habitant des Etats Unis (42500 dollars) est 43 fois plus élevé qu’un
    habitant d’Ethiopie (979 dollars).
    Les inégalités devant la protection sociale
    En juin 2010 l’OIT affirmait que 4 personnes sur cinq dans le monde ne bénéficient pas d’un niveau de
    protection sociale qui leur permette d’exercer leur droit fondamental à la sécurité sociale, donc n’ont pas
    cette partie essentielle du socle de la protection.
    En avril 2013 l’OIT , qui lutte contre le travail des enfants, avance le chiffre de 215 millions d’enfants
    touchés par ce phénomène.
    Les inégalités relatives à l’empreinte écologique
    Le poids des modes de vie sur l’environnement selon les Nations Unies en 2005 représentaient pour les pays
    du Nord (20% de la population mondiale) 80% des ressources de la planète.
    Selon le Living Planet Report(2009) en 2006 par continent quel était l’empreinte écologique ? Amérique du
    Nord 9,4 hectares globaux par habitant, Union européenne 4,8, Amérique latine 2, Asie 1,3, Afrique 1,1
    hectare.
    5
    Par pays en 2008 cela va de 9,6 hectares pour les Emirats arabes unis, à 3,8 hectares pour la France, puis
    1,8 hectare pour le Brésil, 2 pour la Chine et 1,9pour l’Inde, arrivent à la fin de la liste des pays comme par
    exemple le Bangladesh 0,5 , l’Afghanistan 0,1.
    La question qui se pose peut-être ici la suivante : faut-il réduire les inégalités ou l’empreinte écologique ?
    Il y a trois façons de se situer, on s’arrête souvent à l’une des deux premières, on oublie d’évoquer la
    troisième.
    Soit on renonce à l’universalité et on affirme que si les pays en développement, en particulier les pays
    émergents, vont vers le même niveau de vie que celui des pays développés ce sera le chaos écologique pour
    tous (« les voitures des chinois ! »), et on justifie on renforce des inégalités donc des violences structurelles.
    Cette attitude n’est-elle pas celle d’une violence de domination ?
    Soit on renonce à la protection de l’environnement et on affirme que les pays en développement, en
    particulier les pays émergents, ont le droit de se développer comme ils l’entendent, comme l’ont fait les pays
    du Nord. Cette façon de raisonner correspond à une mise de côté des valeurs de protection de
    l’environnement qui peuvent tenir à coeur. Cette attitude n’est-elle pas celle d’une violence de soumission ?
    Soit on met en avant à la fois l’universalité et la protection de l’environnement, on affirme que tous les
    pays ont le droit de répondre à leurs besoins de développement et, en même temps, on remet en cause,
    surtout au Nord mais aussi au Sud, la fuite en avant du productivisme ,on en appelle à des moyens
    démocratiques, justes, écologiques et pacifiques, on construit des sociétés humainement viables. Cette
    attitude n’est-elle pas porteuse de paix et de justice ?
    c- Les populations de notre Terre entre explosion démographique, inégalités criantes et débâcle
    écologique en 2019
    Des inégalités criantes.
    Pour comprendre ce que produit ce système il existe un exemple relatif à un élément central et vital .
    Rappelons d’abord qu’au total les décès dans le monde pour l’année 2017 étaient de 59 millions de
    personnes.
    Quelles sont donc les causes principales de la mortalité mondiale ? Les maladies cardiovasculaires (3
    décès sur 10), les cancers, les maladies infectieuses (pneumopathies, diarrhées, sida, paludisme,
    tuberculose …), le diabète …Or ces causes sont révélatrices de deux mécanismes gigantesques.
    -Ces causes montrent des inégalités entre populations de la planète. Ainsi , par exemple, en 2011 dans
    les pays à faible revenu 4 décès sur 10 touchaient des enfants de moins de 15 ans, dans les pays à revenu
    élevé 1 enfant sur 100.
    Autre exemple criant : en 2017 les 8 personnes les plus riches de la planète, qui avaient au total une fortune
    de 426 milliards de dollars, possédaient ainsi l’équivalent des richesses détenues par la moitié des habitants
    de la planète, autrement dit huit richissimes égalaient 3,6 milliards de personnes. C’est une violence
    structurelle.
    On estime que chaque jour, 25 000 personnes, dont plus de 10 000 enfants, meurent de la faim et des causes
    associées. On estime en 2018 que 854 millions de personnes sont sous-alimentées dans le monde.
    -Ces causes de mortalité sont révélatrices d’un environnement qui se dégrade rapidement,
    dramatiquement et arrive, ici et là, à des seuils d’irréversibilité.
    En 2012 l’OMS avançait le fait que 23% des décès dans le monde était liés à l’environnement (tabac non
    compris. Le tabac en 2014 a tué 5 millions de personnes(en France 78000), l’alcool a tué 3 millions de
    6
    personnes(en France 49000).) soit un décès sur quatre, soit 12,6 millions de victimes dues pour la plus
    grande part aux pollutions de l’air, celles-ci en 2014 selon l’OMS ont causé la mort de 7 millions de
    personnes.
    Certains auteurs avancent des chiffres beaucoup plus élevés, cela est lié en particulier à la définition plus ou
    moins large donnée à l’environnement, chiffres allant jusqu’à 40% des décès , voire plus, dans le monde
    résultent de facteurs environnementaux : tabac, pollutions chimiques , radioactives, pollutions dans des
    transports, des alimentations, des habitations, des lieux de travail, dans des airs, des sols et des eaux…
    Des études prévisionnelles mettent en particulier en avant une explosion des cancers dans le monde de 75%
    de 2012 à 2030 (!) et de 95% dans les pays les plus pauvres(!).
    La dégradation de l’environnement est massive, multiforme, rapide. Ses logiques terricides et humanicides,
    dans le sillage de l’autodestruction du système productiviste, assassinent le vivant.
    d) Des inégalités criantes selon le rapport d’une grande ONG en 2019
    Oxfam souligne d’abord l’extrême pauvreté et l’extrême richesse :
    « Les 1 % les plus riches de la planète possèdent deux fois plus que les richesses cumulées de 6,9
    milliards de personnes. Près de la moitié de la population mondiale vit avec moins de 5,50 dollars par
    jour. »
    Oxfam dénonce « cinq faits choquants sur les inégalités extrêmes » :
    « 1. Une minorité puissante aux poches pleines. Le sommet de la pyramide économique concentre des
    milliers de milliards de dollars entre les mains d’une élite très minoritaire composée principalement
    d’hommes, dont la fortune et le pouvoir croissent de façon exponentielle. Les milliardaires du monde se
    partagent plus de richesses que 4,6 milliards de personnes, qui comptent pour 60 % de la population de la
    planète. En parallèle, environ 735 millions de personnes vivent encore dans l’extrême pauvreté. Pour
    beaucoup d’autres, il suffit d’une facture d’hôpital ou d’une mauvaise récolte pour y basculer.
    Pour chaque dollar de recette fiscale, seulement 4 centimes proviennent des impôts sur la fortune.
    Les très grandes fortunes se déroberaient à leurs responsabilités fiscales à hauteur de 30 %. »
    « 2. Des richesses sous-imposées. Alors que la fortune des personnes les plus privilégiées connaît un essor
    fulgurant, celles-ci sont également soumises aux taux d’imposition les plus bas depuis des décennies, tout
    comme les multinationales dont elles sont les propriétaires. En parallèle, les citoyen-ne-s lambda se voient
    obligé-e-s de payer des impôts disproportionnés. Lorsque les gouvernements ne font pas payer leur juste part
    d’impôts aux plus riches, moins de ressources peuvent être affectées à des services essentiels tels que la santé
    et l’éducation, ce qui augmente la charge de travail de soins qui incombe aux femmes et aux filles.
    Aujourd’hui, 258 millions d’enfants – soit 1 sur 5 – n’ont pas les moyens ou le droit d’aller à l’école.
    Pour 100 garçons en âge de fréquenter l’école primaire qui ne sont pas scolarisés, 121 filles se voient refuser
    le droit à l’éducation. »
    « 3. Des services publics sous-financés. Au même moment, les services publics pâtissent d’un manque de
    financement chronique, ou sont sous-traités à des entreprises qui en excluent les moins privilégiés. Dans de
    nombreux pays, l’accès à une éducation décente et à des soins de santé de qualité est devenu un luxe que
    seules les personnes les plus riches peuvent s’offrir. Cela a de graves répercussions sur l’avenir de nos
    enfants et les opportunités qu’ils auront de vivre longtemps et dans de bonnes conditions.
    Chaque jour, 10 000 personnes meurent parce qu’elles n’ont pas accès à des soins de santé abordables.
    Chaque année, 100 millions de personnes sont contraintes de vivre dans l’extrême pauvreté en raison des
    coûts des soins de santé. »
    7
    « 4. Exclu-e-s d’une vie meilleure. Dans la plupart des pays, être fortuné permet de vivre plus longtemps et
    en meilleure santé. Être pauvre, au contraire, est synonyme de mauvaise santé et d’espérance de vie plus
    courte. Dans les communautés pauvres, celle-ci est dix à vingt plus courte que dans les quartiers aisés. Dans
    les pays en développement, un enfant d’une famille pauvre a deux fois plus de chance de mourir avant l’âge
    de cinq ans qu’un enfant d’une famille fortunée.
    Les 22 hommes les plus fortunés au monde possèdent plus que l’ensemble de la population féminine
    d’Afrique.
    La valeur du travail de soin non rémunéré effectué par les femmes est évaluée à 10 800 milliards de $ par
    an. »
    « 5. Des inégalités sexistes. Avec moins de revenus et de biens que les hommes, les femmes représentent la
    plus grande proportion des ménages les plus pauvres du monde, et cette situation ne cesse de s’aggraver. En
    outre, elles sont plus susceptibles d’occuper des emplois précaires et mal rémunérés, contribuant à
    l’économie de marché avec une main-d’oeuvre peu coûteuse ou gratuite. Elles soutiennent également les
    États en accomplissant des milliards d’heures de travail non rémunéré ou sous-rémunéré, une contribution
    colossale, bien que non reconnue, qu’elles apportent à nos sociétés et à la prospérité économique. »
    Oxfam réaffirme qu’un monde plus juste est possible
    « Le fossé croissant qui se crée entre riches et pauvres sape la lutte contre la pauvreté, nuit à nos économies
    et fragmente nos sociétés.
    Les inégalités ne sont pourtant pas une fatalité, mais le résultat de choix politiques.
    Les gouvernements du monde entier doivent agir maintenant afin de construire une nouvelle économie
    centrée sur l’humain qui valorise ce qui est réellement important pour la société, plutôt que d’alimenter une
    course sans fin au profit. Une économie qui valorise le travail de soin des femmes et des filles plutôt que la
    fortune des milliardaires. Une économie en faveur de toutes et tous, et non seulement de quelques privilégiée-
    s. »
    Oxfam termine par une synthèse de changements demandés : « Joignez-vous à notre combat pour
    appeler les leaders politiques à investir dans les services publics essentiels et faire payer aux plus
    riches leur juste part d’impôts, afin d’assurer un emploi sûr et un salaire décent à toutes et à tous. Il
    est temps de combattre les inégalités pour vaincre définitivement la pauvreté. »
    Nous soulignerons ici une première remise en cause qui nous semble essentielle, la création du revenu
    d’existence.
    2-La création planifiée d’un véritable revenu universel d’existence
    C’est une des mesures de justice qui nous parait la plus importante et la plus radicale.
  • a- Quelles sont les raisons de la création d’un revenu universel d’existence?
    Au moins trois raisons :
    -Il a pour objectif essentiel d’éradiquer la pauvreté et la misère dans tous les pays, il contribue ainsi à
    libérer les plus pauvres de multiples souffrances.
    8
  • Il participe à la lutte contre les effets du chômage, à la lutte contre la précarité de l’emploi, il
    contribue à la lutte contre les disparitions d’emplois provoquées par des techniques qui remplacent de
    plus en plus des êtres humains.
    -Il représente aussi l’une des formes, il y en a d’autres, d’un changement dans la distribution des
    richesses.
    -b- Quelles sont les logiques nouvelles de ce revenu universel d’existence?
    Au moins quatre logiques :
    -Comme on produit de plus en plus avec de moins en moins d’emplois il faut que l’on déconnecte la
    protection sociale… du travail. La protection sociale ne doit pas dépendre du travail, c’est notre existence
    elle-même qui nous donne droit à un revenu.
    -Ce revenu universel d’existence est un des éléments, avec le chômage et la suppression d’emplois par la
    technique, d’une remise en cause de la place du travail dans nos sociétés. Ce revenu facilitera le
    partage du travail.
    -Ainsi que le concevait par exemple André Gorz ce revenu va libérer l’individu de l’obligation du travail
    marchand et le laisser libre pour un travail autonome réduit en heures. Il aidera chacun à être
    responsable, autonome et à définir ses propres besoins.
    -Il participera à l’avènement d’une société plus solidaire, plus porteuse d’un temps libéré.
    -c- Quelles modalités d’application pour ce revenu universel d’existence ?
    Au moins cinq modalités :
  • Il est attribué à tout habitant de la Terre. Ce revenu est inconditionnel, autrement dit toute personne
    résidante dans un pays donné le reçoit sans aucune condition de ressource, d’activité et cela sans
    contrepartie.
  • Il est cumulable avec tout autre revenu complémentaire d’activité. A ce revenu déconnecté du travail
    s’ajoutent des revenus d’activités.
    -Il est égal pour tous, quel que soit l’âge, le sexe, l’activité. Il est donc aussi celui des retraités et des
    jeunes.
    -Son ampleur doit être « suffisante » pour répondre à des besoins essentiels. André Gorz le qualifie de
    « revenu inconditionnel suffisant. »
    -On peut organiser des paliers financiers successifs d’une part au niveau des Etats et d’autre part pendant
    l’enfance jusqu’à l’âge adulte pour une mise en oeuvre planifiée mais ininterrompue.
    -d- Quels obstacles à surmonter pour la création d’un revenu universel d’existence ?
    Au moins quatre séries d’obstacles :
    -Des obstacles sociaux et économiques :
    D’ abord séparer le travail de la protection sociale n’est pas un danger comme certains le craignent. Cela ne
    signifie pas que l’on se retrouve sans protection, bien au contraire.
    9
    Ensuite certes le travail n’est plus dominant pour « structurer le social » mais il ne disparait pas même si la
    part qui lui reste est volontaire , organisée , et puis existent d’autres formes d’actions collectives choisies
    qui témoignent d’autres liens sociaux .
    Le collectif n’est pas supprimé, il s’exprime à travers les solidarités de cette création et à travers les
    solidarités des autres activités.
    -Des obstacles psychologiques et idéologiques :
    Comment faire passer l’idée de recevoir un revenu sans contrepartie ?
    Comment faire accepter l’idée de l’universalité par rapport aux personnes riches ?
    -Des obstacles de mise en place :
    Prend-t-on le critère de la nationalité ou celui, plus large, de toutes les personnes vivant dans un Etat ?
    Que deviennent les aides déjà mises en place ?
    Comment le faire naitre ou développer dans l’ensemble des Etats ?
    -Des obstacles du financement :
    D’abord des sommes importantes sont trouvables, ne serait-ce que par la création de monnaie par les
    banques. D’autres possibilités existent par exemple au niveau international , on se rappelle les sommes
    dégagées pour sauver le système bancaire en 2008,elles étaient gigantesques et ont été trouvées.
    D’autre part la rémunération du capital est puissante, c’est elle qu’il faut remettre en cause en « désarmant le
    pouvoir financier. »(Voir « Quels moyens démocratiques ? »)
    Enfin il faudrait probablement aussi que ce revenu soit financé, par exemple de façon principale ou
    complémentaire pour les pays les plus pauvres, par un Fonds mondial du revenu universel d’existence.
    Ce fonds reposerait, entre autres, sur une taxation des transactions financières
    3-D’autres moyens contribuant à des conditions de vies dignes
    A titre indicatif cinq séries de moyens soulignés ici :
    -a- La consécration et l’extension de l’accès aux biens communs.
    -L’idée d’un accès de tous aux moyens de vies dignes est profondément juste.
    Elle suppose concrètement qu’elle soit appliquée à tous les niveaux géographiques.
    -Seraient ainsi considérés comme des biens communs auxquels tous doivent avoir accès : la
    protection de la santé, l’accès aux médicaments, l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, la protection
    environnementale, à un logement décent, aux transports, l’accès à l’enseignement, à la culture, à
    l’information…
    10
    -b-La primauté de l’accès à la santé
    -Dans tous les pays voient le jour la création et le développement d’une couverture universelle de santé,
    elle est accompagnée en particulier de cet accès pour tous aux médicaments.
  • Dans tous les systèmes hospitaliers les Etats doivent donner la priorité à la qualité des soins et de la
    recherche et non pas aux logiques de rentabilité .
    -c- L’investissement dans les services publics
  • Dans tous les Etats voient le jour la création et le développement de services publics avec une
    extension de la gratuité. Il s’agit d’ investir dans les services publics essentiels
    -Les services publics reposent sur des moyens justes, écologiques, pacifiques et démocratiques.
  • La gratuité des transports publics doit s’étendre. Les villes ont ici un rôle essentiel.
  • Sont organisés des soutiens financiers massifs à l’éducation et la culture, entre autres par des transferts
    de dépenses d’armements. Ces transferts seront puissamment symboliques d’une économie tournée vers une
    sécurité guerrière à une économie fondée sur la paix.
    -Pour les logements sont mises en place des aides massives aux locations et aux achats de logements, des
    réquisitions massives de logements vacants pour les sans-abris, des aides substantielles pour les factures
    d’énergie et d’eau des personnes en difficulté.
  • d- Sont développées de façon massive et planifiée des aides aux régions les plus pauvres de l’Union
    européenne.
    -e- Un « Indicateur de mise en oeuvre de Moyens Ecologiques, Sociaux, Démocratiques et
    Pacifiques » (IMESDP) devient une priorité dans les Etats et au niveau international. Il est désormais
    plus important que le PIB et que l’IDH (indicateur de développement humain) lequel représente déjà une
    avancée mais n’arrive pas à s’imposer. L’IMESDP sera un des symboles de l’arrivée des logiques d’un
    monde viable.
    B- Les annulations des dettes publiques en urgence absolue pour les pays en développement, en
    urgence relative pour les autres pays
    1-La situation globale de la spirale de la dette mondiale
    -Selon le FMI en novembre 2019 la dette mondiale du public et du privé a atteint 188.000 milliards de
    dollars, soit 230% du PIB mondial. Le secteur privé (entreprises et ménages) représenterait près des
    deux tiers du total de la dette mondiale.
    11
    A la même date les chiffres donnés par l’Institute of International Finance (IIF) sont même supérieurs,
    250.000 milliards de dollars soit 320 % du PIB mondial. Un des moteurs de la dette est le fait que les
    crédits soient très favorables.
    La crise du coronavirus creusera encore plus le gouffre de la dette, laquelle représentera 120% du PIB des
    pays riches. Les pays les plus endettés fin 2019 sont les Etats-Unis, la Chine, le Japon. La dette américaine
    (25 trillions) représente 100% du PIB des Etats-Unis en 2020.
    -Beaucoup de gouvernements font ou vont faire face à des crises plus ou moins massives d’insolvabilité.
  • La tendance à l’endettement semble irréversible et chaque crise augmente et accélère encore la dette
    mondiale qui s’élève désormais à 300 trillions(300 mille milliards de dollars.)
    2-Les effets insupportables et inacceptables des dettes
    -Les dettes publiques sont des formes de mises sous tutelles des économies. Elles en appellent le plus
    souvent à des austérités qui touchent d’abord les plus pauvres. Les Etats remboursent les dettes en particulier
    en amputant ou en supprimant des programmes sociaux et en augmentant des impôts des classes moyennes.
    -Les pays en développement sont asphyxiés par ces dettes publiques et privées.
    -Les dettes publiques sont des fardeaux financiers pour les générations futures. Elles devront continuer
    un remboursement qui les engagera mais dont elles n’auront pas été parties prenantes.
    -Les dettes publiques vont rendre plus problématiques les transitions écologiques qui ont besoin de
    financements.
    3-Les raisons multiples avancées du refus de l’annulation des dettes publiques
    Pour l’ensemble des Etats :
    -C’est une opération qui serait synonyme de désordre financier.
    -C’est une opération que d’aucuns jugeront illégitimes par rapport aux dettes privées laissées de côté.
    -C’est une opération qui amènerait les citoyens à perdre confiance dans la monnaie.
    -C’est une opération qui mettrait à contribution épargnants et contribuables.
    -C’est une opération qui donne toujours un fardeau à d’autres.
    Dans l’Europe de l’euro :
    -C’est une opération qui est interdite dès la création de l’euro.
    -C’est une opération qui ne changerait rien.
    -C’est une opération qui obligerait les Etats à recapitaliser la Banque centrale européenne.
    4-Les annulations souhaitables et possibles des dettes publiques
    -Des économistes, des juristes, des élus, des mouvements, d’autres acteurs, en France et ailleurs, se sont
    prononcés pour ces annulations.
    12
    -Ainsi par exemple « Il faut annuler purement et simplement les dettes publiques détenues par les banques
    centrales nationales de l’Eurosystème pour le compte de la BCE, » affirment Nicolas Dufrêne, haut
    fonctionnaire et Alain Grandjean, économiste.( Alternatives économiques,12 mai 2020 )
    -Ainsi par exemple « La BCE devrait annuler les dettes des Etats » plaident Laurence Sciallon,
    économiste et Baptiste Bridonneau, doctorant ( Mediapart,17 avril 2020).
    -Ainsi par exemple une tribune, ( journal Le Monde (26 mai 2020) écrite par des économistes, des hauts
    fonctionnaires et une élue , se prononce pour « L’annulation de la dette publique détenue par la BCE. » Les
    intervenants affirment en particulier : « En fin de compte rien n’interdit une annulation des dettes publiques
    détenues par les banques centrales. C’est juste une opération comptable et personne n’est lésé dans
    l’affaire ». « Si la banque centrale annule une créance qu’elle détient, aucun fardeau n’est transféré sur
    quiconque puisque son passif n’est exigible par personne. » « L’annulation de la dette publique détenue par
    la BCE libérerait les acteurs économiques de la crainte d’une future augmentation d’impôts. »
    Bref si l’on suit ces argumentations on peut donc penser que
  • Ces annulations sont souhaitables parce qu’économiquement elles donneraient entre autres des marges de
    manoeuvres aux Etats libérés de leurs remboursements.
    -Ces annulations sont possibles juridiquement et en termes de comptabilité, au niveau international comme
    européen.
    5-Une grande urgence vitale : annuler les dettes des pays en développement
    En 2005 un G8 avait effacé la dette de 18 pays pauvres très endettés, ce qui fut mieux que rien mais
    dérisoire par rapport à ce qu’il aurait fallu faire.
    La dette totale des pays en développement s’élevait en 2018 à 191 % de leurs PIB. Au début de 2020 la
    dette devient insoutenable, « 46 pays consacraient en moyenne quatre fois plus d’argent à rembourser
    leurs dettes qu’à financer les services de santé publique. » (source Oxfam)
    Les dettes des pays en développement sont détenues par différents créanciers : des Etats, le FMI, la Banque
    mondiale, des banques commerciales… Par exemple pour l’Afrique 35 % sont détenus par des institutions
    financières internationales, 11% par les 22 Etats membres du Club de Paris, 18% par la Chine (de l’ordre de
    150 milliards de dollars entre 2000 et 2018) , 36%par des créanciers privés.
    La crise économique , amplifiée par celle du coronavirus, a amené les ministres des finances du G20 le 15
    avril 2020 à suspendre les remboursements des dettes des pays les plus pauvres pour l’année 2020. Ce
    moratoire est, en fait ,de douze milliards de dollars de remboursements prévus pour 2020 aux créanciers
    publics de 77 pays qui sont donc reportés à partir de 2022… avec des intérêts cumulés. Les paiements sont
    reportés et non annulés. Ce qui est mieux que rien mais dérisoire par rapport à ce qu’il aurait fallu faire,
    c’est-à-dire annuler, cela d’autant plus que les créanciers privés sont toujours là .
    A juste titre Oxfam exige désormais :
    « D’acter au plus vite l’annulation pour l’année 2020 de tous les remboursements de la dette des pays
    en développement à faible revenu et des autres pays en développement qui subissent un grave impact
    sanitaire et économique. Ces annulations ne doivent en aucun cas être soumises à des conditionnalités qui
    conduiraient à des mesures d’austérité. »
    « D’ici la fin de l’année réévaluer l’impact réel de la crise et envisager des allégements de dettes plus
    conséquents dans les pays qui sont le plus impactés.
    « Mobiliser des financements additionnels d’urgence en dons pour soutenir les pays en développement,
    notamment à travers une hausse massive de l’aide publique au développement ou encore l’émission par le
    FMI de droits de tirage spéciaux (une manière de transférer aux pays des réserves de change). Car annuler la
    dette ne saurait seule répondre au défi qui nous fait face. »
    13
    D’autre part souligne encore à juste titre OXFAM : « les pays en développement sont privés chaque
    année d’au moins 100 milliards de dollars du fait de l’évasion fiscale des multinationales. »
    D’où une mobilisation légitime pour une « remise à plat du système fiscal international qui taxerait les
    firmes multinationales dans les Etats où elles ont leurs activités. »
    6-Un processus général possible des annulations des dettes publiques
    Nous pouvons imaginer un schéma général suivant :
    -Après les suspensions générales des dettes de tous les pays les plus pauvres, ce seront les annulations de
    ces dettes qui suivraient.
    -Viendrait l’Europe de l’euro qui pourrait donner l’exemple de l’annulation.
    -Suivraient les annulations des dettes publiques de tous les Etats.
    Ainsi au lieu d’argumenter à coups d’orthodoxies, de batailles juridiques, de certitudes, de peurs, ne
    pourrait-on pas organiser une première conférence internationale pour faire le point sur les effets et
    sur les procédures de tels projets a minima et a maxima ?
    Puis par exemple le G20 prendrait ses responsabilités historiques.
    C-La subordination du libre-échange, le développement du commerce équitable
    1-La subordination du libre-échange.
    -Désormais le libre-échange ne doit plus être tout puissant. Deux valeurs et deux séries de normes lui
    sont supérieures.
  • La protection de l’environnement et la protection de la santé sont considérées comme supérieures au
    libre-échange qui doit donc leur être conforme.
    -Dans le cas contraire tout ou partie d’un traité, d’une convention, d’une loi ou de tout autre texte
    est annulée.
    -Les violations de cette nouvelle hiérarchie des valeurs et des normes sont sanctionnées, civilement et
    pénalement, par les tribunaux à tous les niveaux géographiques.
    2-Le développement du commerce équitable
    -Le commerce équitable doit s’étendre pour contribuer à changer les règles du commerce
    international, des règles qui devront être respectueuses des humains et de l’environnement.
  • Socialement il repose sur le respect des droits fondamentaux des producteurs et travailleurs en particulier
    des pays du Sud. Il se fait non seulement Nord-Sud mais aussi Nord-Nord en soutenant des producteurs
    locaux. C’est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect.
    14
  • Economiquement il repose sur des prix justes, stables et rémunérateurs pour les producteurs. Un prix
    minimum garanti qui évite spéculations et volatilités. L’engagement avec les producteurs doit être dans la
    durée, par exemple d’au moins trois ans.
    -Ecologiquement il privilégie les circuits courts, respecte des modes de production écologique. Existe
    aujourd’hui souvent une double labellisation biologique et équitable.
    -Le commerce équitable vise à changer les règles et les pratiques du commerce international
    conventionnel.
    -Les Etats doivent soutenir le commerce équitable, par exemple par des lois (ainsi en 2014 la loi sur
    l’économie sociale et solidaire en France) et doivent aussi soutenir les associations, les organisations qui y
    participent.
    -Des traités, des conventions, les lois et d’autres textes doivent aller désormais dans ce sens.
    D-Des formes d’économie plurielle remettant en cause la primauté de l’argent et l’omniprésence de la
    compétition
    1-Est remise en cause la toute puissance de l’argent
    -Autrement dit le processus de conversion de toutes choses en argent et de l’argent en toute chose.
    -Non, tout n’est pas à vendre ou à acheter ! Non, tout ne vaut pas tant !
  • L’argent n’est pas une fin, c’est un moyen qui doit être utilisé pour des moyens justes, démocratiques,
    écologiques et pacifiques.
    2-Est remise en cause l’omniprésence de la compétition
  • La compétition est une machine à gagner et une machine à exclure. Elle repose sur la logique des plus
    forts, elle fait perdre le sens du « vivre ensemble. », ce qui contribue à pousser aux conflits et aux guerres,
    ce qui contribue aussi à la destruction de la nature. (Voir sur ce blog les articles sur « La
    compétition. »)
    3-Ces deux remises en cause, celle de l’argent-roi et celle de la dictature de la compétition,
    font l’objet d’enseignements, de la maternelle à l’université, à travers théories et pratiques de
    coopérations, de solidarités, de responsabilités, de fraternité intergénérationnelle…
    4-Une des formes idéologiques et matérielles de ces remises en cause s’appelle l’économie plurielle.
    L’économie de marché ne doit pas être la seule, elle doit être limitée et à plus forte raison ne pas se
    transformer en société de marché. Il est donc nécessaire que soient créés ou que se développent des
    éléments d’une économie plurielle.
    15
    5-Ainsi sont créées ou se développent des formes d’économie solidaire et sociale, des entreprises
    coopératives, des systèmes d’échanges locaux (à travers des associations dont les membres échangent des
    biens et des services, hors du marché), et bien sûr des pratiques de plus en plus étendues (voir ci-dessus)
    de commerce équitable.
    6-Ainsi sont créées ou se développent des pratiques d’économie collaborative en matière de transports
    (covoiturage), de logements ( co locations), d’alimentation , d’éducation…
    7-Ainsi sont créés ou se développent des échanges fondés sur des solidarités auto-organisées, sur des
    coopérations volontaires, sur des réseaux d’aide mutuelle…
    8-Ainsi sont créés ou se développent des autoproductions pour se réapproprier les éléments quotidiens
    jugés essentiels, par exemple des autoproductions alimentaires.
    9-Ainsi sont créées ou se développent d’autres formes d’économies plurielles démocratiques, justes,
    écologiques et pacifiques.
    E-Des fiscalités justes et des salaires justes
    1-Des fiscalités justes
    -Les impôts progressifs et les prestations sociales sont deux moyens importants pour redistribuer des
    revenus et corriger des inégalités.
    -La justice fiscale impose de réprimer la fraude et de simplifier la fiscalité.
    -Parmi les mesures que l’on peut mettre en place et auxquelles il faudrait en ajouter d’autres :
    Est appliqué un système de justice fiscale allant, par exemple, de un à cinq entre les revenus.
    Est mise en place une taxation beaucoup plus importante des plus riches ainsi que des grandes
    entreprises. Cette taxation repose en particulier sur une transparence des revenus des uns et des autres.
    L’idée est de faire payer aux plus riches et aux grandes entreprises leurs justes parts d’impôts,
    2-Des salaires justes et des retraites justes
    -Le salaire juste est un salaire décent. On entend par décent une réponse aux besoins vitaux : alimentation,
    santé, logement… Le salaire doit permettre au travailleur et à sa famille de vivre dignement.
    -Le salaire juste devrait être déterminé en concertation avec les partenaires sociaux. Le laisser au bon
    vouloir du marché n’est pas acceptable.
    -Le salaire juste doit être raisonnable. Un écart par exemple de un à douze au sein du privé comme du
    public paraitrait acceptable, certains gagneront ainsi en un mois ce que d’autres gagnent en une année.
    Certains proposent aussi de créer « un salaire maximum autorisé pour les dirigeants d’entreprises », ce serait
    la fin des salaires indécents. Les « parachutes dorés » au moment des départs des grands patrons sont
    supprimés. Les autres salaires déraisonnables, dont celui de grands sportifs , de présentateurs télévisés
    célèbres , sont eux aussi supprimés et ramenés à des proportions raisonnables.
    16
    -Le salaire juste est celui qui est en liens avec une utilité sociale et écologique. Les rémunérations des
    professions sont déterminées aussi en fonction de leur utilité sociale et écologique, ce sont là deux critères
    essentiels pour un monde viable.
    -Le salaire juste est celui qui repose sur le principe « A travail égal salaire égal. » Ce principe s’applique en
    particulier pour les femmes par rapport aux hommes. Son application est contrôlée, ses violations sont
    sanctionnées.
    -Des retraites justes
    Empruntons à Thomas Piketty une idée importante à la fin de l’un de ses articles « Qu’est-ce qu’une
    retraite juste ? »
    « Plus généralement, il est peut-être temps d’abandonner l’idée ancienne selon laquelle la réduction des
    inégalités devrait être laissée à l’impôt sur le revenu, alors que le système de retraites devrait se contenter de
    les reproduire. »
    « Dans un monde où les salaires mirobolants et les questions de retraite et de dépendance ont pris une
    importance nouvelle, la norme de justice la plus lisible pourrait être que tous les niveaux de
    rémunération (y compris les plus élevés) financent les retraites au même taux (même si les pensions
    sont elles-mêmes plafonnées), tout en laissant à l’impôt sur le revenu le soin d’appliquer des taux plus
    élevés au sommet de la répartition. » (Blog Thomas Piketty ,10 septembre 2019.)
    F-Les créations et redistributions de fonds internationaux
    1-Un rappel de la structure du système mondial des dominations
    Ce rappel permet de mieux comprendre l’enjeu vital des fonds internationaux.
    Les dominants essentiels au « coeur » du système se nomment marchés financiers, firmes géantes, grands
    groupes médiatiques, complexes de la techno science (civils et militaires).
    Les dominants importants dans « l’armature » du système s’appellent G8, surtout Etats-Unis, grands
    pays émergents, quelques organisations internationales (FMI, BM, OMC) et quelques organisations
    régionales (UE, ALENA…) , avec une domination des hommes dans ce système productiviste.
    -Les conséquences de ces dominations
    Les difficultés pour dégager des intérêts communs et à long terme des acteurs humains sont grandes,
    pourquoi ?
    Parce que le système productiviste concentre des avoirs, des pouvoirs, des savoirs. Et les intérêts de ces
    acteurs dominants sont avant tout ceux du productivisme. Dés lors que deviennent les intérêts des
    acteurs humains ?
    Un seul exemple : la défense d’un pays est-elle construite à partir des intérêts des complexes
    scientifico-militaro-industriels ou des intérêts des populations ?
    17
    Ainsi on doit en appeler aux acteurs humains, en personnes, en peuples, en humanité, pour qu’ils
    reprennent possession de leurs avenirs. Le doivent-ils ( choix éthiques), le veulent-ils (volontés
    politiques), le peuvent-ils (rapports de forces, marges de manoeuvres) ?
    En ce sens les créations et les développements de fonds internationaux remettant en cause les logiques
    financières , économiques et technoscientifiques du productivisme sont des moyens vitaux pour un
    monde viable.
    2-Les nouveaux fonds internationaux
    a- Les créations massives de « nouvelles ressources financières du XXIème siècle »
    Elles ont pour noms
  • une taxation , importante et mondiale, des transactions financières. Cette taxation doit inclure les
    devises et les produits dérivés. Une grande ONG comme Attac insiste sur ce point : « Il y a chaque année
    entre un million deux cent mille milliards et un million huit cent mille milliards de dollars de transactions
    financières, dont environ les trois quarts portent sur les produits dérivés échangés sur des marchés
    opaques. »Il est difficile d’imaginer dans la vie du système mondial des sommes aussi colossales, (De même
    est la dette mondiale.)
  • un impôt progressif et mondial sur les capitaux, en particulier un impôt élevé pour les grandes
    fortunes,
  • une taxation des fonds spéculatifs,
    -des ressources issues des bénéfices des firmes multinationales,
    -des ressources issues de la taxation des émissions de CO2 pour tous les transports internationaux,
  • des capitaux provenant de la suppression complète et rapide des subventions des énergies
    fossiles,
    -les transferts de dépenses militaires vers les dépenses de santé, d’environnement, d’alimentation, de
    logement, de culture…
    -et toute nouvelle ressource allant dans le sens de « l’intérêt commun de l’humanité » c’est-à-dire la
    démocratie, la justice, la protection de l’environnement, la paix pour les générations passées (
    protection de leur patrimoine culturel) , présentes et futures.
    -Ces sommes gigantesques seront redistribuées, par des organismes anciens et nouveaux, à tous les
    niveaux géographiques
    vers les besoins criants
    en matière de santé, de protection de l’environnement, de protection sociale, d’alimentation, de logement
    et de l’ensemble de conditions de vies dignes.
    L’éducation et la culture seront massivement soutenues.
    G- Les créations massives d’emplois
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    1-Créations d’emplois par des moyens justes parmi lesquels
    Les créations d’emplois à utilité environnementale et à utilité sociale et d’autres créations d’emplois seront
    conçues dans le cadre d’un partage du temps de travail et d’une relocalisation d’activités.
    Des emplois liés à la réduction du temps de travail donc au partage du travail ,
    Des emplois issus de grands travaux écologiques, sociaux et pacifiques, cela à différents niveaux
    géographiques
    Des emplois dans les services publics en particulier de santé, de recherche, d’éducation…
    Des emplois liés aussi
  • au revenu universel d’existence,
  • aux réductions du temps de travail,
  • à de grands travaux communs pacifiques, sociaux et écologiques ,
    -à la santé publique,
    -à l’éducation,
    -à la recherche publique,
    -aux services des personnes dépendantes de plus en plus nombreuses sur la planète…
    Tous ces moyens et d’autres contribueraient à donner le jour à des créations massives d’emplois.
    2-Créations d’emplois par des moyens écologiques
    Parmi lesquels
  • les bâtiments publics et privés (isolation, végétalisation, nouveaux types de chauffage…) Cette isolation et
    des moyens qui l’accompagneront devraient être soutenues par des subventions massives.
    -les énergies renouvelables : solaire(l’énergie solaire thermique et l’énergie photovoltaique ), éolienne (sur
    terre, en mer, et en montagne), hydraulique (barrages hydroélectriques des rivières et des fleuves, énergie
    formée par le mouvement des vagues et des marées, courants sous-marins et l’énergie hydrolienne, énergie
    thermique des mers produite par les différences de température , énergie osmotique en mélangeant de l’eau
    douce et de l’eau de mer) ( biomasse qui vient du bois et des déchets, La géothermie c’est-à-dire cette
    source d’énergie contenue dans le sol .
    Les créations d’emplois
    dans l’agriculture paysanne et biologique,
    dans les transports écologiques,
    dans la revitalisation de régions dégradées,
    dans les travaux contre des effets de la montée des eaux,
    dans l’éducation à l’environnement…
    19
    -dans les relocalisations créatrices d’ emplois.
    -dans l’assistance, sous de multiple formes aux différents niveaux géographiques, aux catastrophes
    écologiques. C’est là, malheureusement, un domaine « d’avenir »… (Voir articles sur ce blog « L’assistance
    écologique »),
    3-Créations d’emplois par des moyens écologiques et pacifiques
    -Les reconversions de modes de production, de consommation et de transports écologiquement non viables
    vont entrainer celles de nombreux emplois dans tous les pays.
    -Les reconversions des recherches, des industries, des administrations d’armements, et d’autres activités vont
    entrainer celles de nombreux emplois dans tous les pays.
    H- Reconquête du temps, en particulier par la réduction du temps de travail
    Quels objectifs ?(1) Quels moyens ?(2), Un moyen essentiel , la réduction du temps de travail(3).
    1-Les objectifs des réponses volontaristes face à l’accélération du système mondial
    Quels objectifs peut-on mettre en avant ?
    a) Trouver ou retrouver des « besoins »( ?) fondamentaux : se déprendre, patienter
    Trouver ou retrouver le « lâcher prise », se déprendre
    Le fameux « lâcher prise » est souvent considéré comme un sorte de remède contre le stress, c’est une vue
    utile mais partielle alors qu’il peut s’agir également d’une forme de philosophie de la vie, contribuant à
    renouer avec le calme, la lenteur, contribuant à mieux se situer.
    Ne faut-il pas trouver les moyens de prendre de la distance, de « se déprendre » comme nous invitait à le
    faire Claude Lévi-Strauss dans la dernière page de « Tristes Tropiques » (Terre Humaine, 1955) ?
    Concrètement cela peut signifier « savoir lâcher prise » à certains moments, ne pas vouloir tout contrôler,
    apprendre à désobéir à des sollicitations et à des demandes dérisoires.
    Se déprendre c’est également arriver à différencier l’urgent de l’important. Dans nos vies professionnelles
    et privées, on a tendance à donner la priorité à l’urgence. Ne faudrait-il pas donner la priorité à l’essentiel ?
    En ce sens, concrètement, ne faudrait-il pas avoir l’art de savoir remettre au lendemain le détail et le
    20
    secondaire, cela s’appelle la procrastination (Kathrin Passig et Sacha Lobo, « Demain c’est bien aussi »,
    Anabet .)
    Concrètement cela peut signifier oser des moments de paresse et, comme Rousseau, « se laisser aller et
    dériver lentement au gré de l’eau, plongé dans mille rêveries…» Théodore Monod avait été marqué par son
    père qui lui disait « mon fils, nous sommes possédés par nos possessions », dans le lâcher prise il y a cette
    idée de se sentir plus libres.
    Il y a une vingtaine d’années je me rappelle un journal( ?) qui avait titré « Nos élites sont fatiguées ! ». Une
    enquête sur de jeunes diplômés de grandes écoles concluait qu’une de leurs premières aspirations était d’«
    avoir du temps ». On retrouve ici ce besoin de « souffler », de « se poser » pour échapper un moment à une
    compétition intense. Dans cette perspective une vie simple commence aussi sans doute par un
    ralentissement du rythme frénétique de nos vies. « Sois lent d’esprit » écrivait Montaigne, la lenteur
    aide à ouvrir le chemin de la sagesse, « la hâte détruit la vie intérieure » disait Lanza del Vasto.
    Mais cette possibilité, dans le système actuel, n’est-elle pas un luxe pour beaucoup de personnes en
    situation soit très difficile, soit de survie ?
    Trouver ou retrouver la patience
    Les êtres humains doivent avoir le temps de mûrir, il faudrait être patient, confiant devant les promesses des
    heureux murissements. Or le productivisme est tourné vers le court terme, vers la dictature de l’instant, le
    « tout tout de suite ». (Certes il faut être oh combien impatient pour remettre en cause les atteintes à la
    dignité humaine !)
    Les temps humains et ceux du vivant sont-ils plus proches de ceux des marchés financiers, de la
    seconde ou de la nanoseconde,
    ou bien de ceux des saisons de la nature, comme tour à tour l’enfant, l’adolescent, l’adulte, le
    vieillard ?
    Temps de la diversité et temps de la patience symbolisés par les saisons qui sont autant de leçons, temps qui
    nous a donné une des pages les plus belles de la littérature sous la plume de Charles de Gaulle ,page dont les
    seuls débuts des passages faisant parler la nature sont déjà des merveilles : « la nature qui « chante au
    printemps (…) », qui « proclame en été(…) », qui «soupire en automne(…) », qui gémit en hiver(…) », estce
    la « victoire de la mort ? »… « Non. (…) Immobile au fond des ténèbres, je pressens le merveilleux retour
    de la lumière et de la vie ».
    b) Fixer des limites au coeur des activités humaines
    Jacques Ellul demandait « Qu’est-ce qu’une société qui ne se donne pas de limites ? ».
    De façon plus globale déterminer les limites d’une société c’est remettre à leur place la techno-science et
    le marché mondial qui ont tendance à occuper toute la place, à devenir des fins suprêmes et à transformer
    les êtres humains en moyens.
    Les principes de précaution, de prévention, de réduction et de suppression des modes de production,
    de consommation et de transport écologiquement non viables sont au coeur de ce concept, celui de
    détermination de limites ,concept décolonisateur de la pensée productiviste .
    A propos de limites on peut à ce sujet donner deux exemples, le premier peu connu, le second un peu plus
    connu.
    21
    Il s’agit d’abord des limites physiologiques de l’espèce humaine. Une équipe de l’Institut de recherche
    biomédicale du sport (étude rapportée dans Le Monde du 6 février 2008) affirme qu’en 2027 « les records du
    monde auront atteint leurs limites », on ne pourra plus les dépasser.
    Second exemple : la SNCF rêve de lancer ses TGV à 400Km/h mais, au-delà d’un certain seuil, la grande
    vitesse peut se transformer en handicap sous l’effet des contraintes environnementales, techniques et
    économiques, ainsi « le train peut aller plus vite…il arrivera à la même heure »(article de Gilles Bridier ,Le
    Monde 19 juillet 2008),cela à cause de ces contraintes et, d’autre part, il est probable que l’on sera obligé de
    « diminuer la vitesse des trains pour en faire circuler plus. » Tout cela sans oublier les accidents qui risquent
    d’être de plus grande ampleur, voire plus fréquents(?), car qui dit très grande vitesse dit matériels et voies
    « à toute épreuve ».
    c) Prendre en compte des théories et des pratiques de décroissance, de société post-croissance
    Une économie soutenable çà n’est pas un simple verdissement du capitalisme financier, c’est une économie
    s’éloignant du culte de la croissance, s’attaquant aux inégalités criantes dans les sociétés et entre sociétés du
    Nord et du Sud, c’est une société qui désarme peu à peu le pouvoir financier.
    Est vital le principe de modération de ceux et celles qui, pris dans la fuite en avant des gaspillages, seront
    amenés à remettre en cause leur surconsommation, leur mode de vie, à brûler moins d’énergie pour adopter
    des pratiques de frugalité, de simplicité. Il s’agit d’aller, au Nord et au Sud de la planète, vers des sociétés
    écologiquement viables qui mettront en avant une relocalisation des activités, une redistribution des
    richesses à partir de fonds internationaux issus des taxes sur les marchés financiers et les activités
    polluantes.
    On ne peut pas faire impasse sur les remises en cause de la compétition, la revoilà une fois de plus.
    Remettre en cause cet ennemi redoutable : la compétition. Elle sera aussi remise en cause par la
    consécration de biens communs (eau, forêts…), par des coopérations, des solidarités , par l’appartenance à
    notre commune humanité , par une fraternité produite en particulier des les périls communs auxquels nous
    avons à faire face (débâcle écologique-virus compris-,armes de destruction massive, inégalités criantes, toute
    puissance du marché mondial er de la techno science…) « Il faut qu’une conscience écologique de la
    solidarité se substitue à la culture de compétition qui régit les rapports mondiaux ». (Edgar Morin) –
    d) Construire un temps libéré
    Jacques Robin écrivait dans « Changer d’ère » (Seuil, 1989) « Nous avons à enrichir le temps libéré pour que
    celui-ci ne soit ni temps vide ni temps marchand, mais créativité personnelle, convivialité sociale et
    curiosité toujours en route ».
    En ce sens on peut penser que diminuer la durée du temps d’un travail à partager est impératif, en allant
    même plus loin, comme le proposait par exemple André Gorz qui écrivait « il convient de trouver un
    nouvel équilibre entre travail rémunéré et activités productives non rémunérées, découvrir
    « l’abondance frugale », inventer une société plus détendue, plus conviviale, plus libre. »(cf aussi de
    façon plus globale « L’abondance frugale. Pour une nouvelle solidarité », Jean-Baptiste de Foucault,
    éditions Odile Jacob, 2010.)
    Paul Valéry écrivait magnifiquement « Je déplore la disparition du temps libre. Nous perdons cette paix
    essentielle des profondeurs de l’être, cette absence sans prix pendant laquelle les éléments les plus délicats
    de la vie se rafraichissent et se réconfortent, pendant laquelle l’être, en quelque sorte, se lave du passé et
    du futur, des obligations suspendues et des attentes embusquées. Point de pression mais une sorte de
    repos, une vacance bienfaisante qui rend l’esprit à sa liberté propre. »
    d) Faire dialoguer passé, présent, avenir
    L’individu se trouve projeté dans l’ivresse d’une course où, pour vivre avec son temps, il doit plus ou moins
    « abandonner la maîtrise de sa vie à la dictature de l’urgence, à l’instrumentalisation de l’instant. » Jean
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    Chesneaux (« Habiter le temps », ouvrage déjà cité, Bayard, 1996) affirme « que l’individu est plus ou
    moins coupé de tout projet comme de tout héritage, il éprouve de plus en plus de difficultés à se penser dans
    le temps ».
    La question qui se pose est donc la suivante : « Comment renouer un dialogue entre le passé comme
    expérience, le présent comme agissant et l’avenir comme horizon de responsabilité ? ». Le temps
    citoyen(ne) doit affirmer, insistait Jean Chesneaux , sa capacité autonome face au temps de l’Etat, face
    au temps du marché, et nous ajouterons, face au temps de la techno science. Mais à travers quels
    moyens ?
    2- Des moyens à penser et à mettre en oeuvre face à l’accélération
    a) Des mouvements de ralentissements de la vie quotidienne
    Il s’agit de créer des sortes de lieux de décélération dans des domaines de plus en plus nombreux :
    villes, alimentation, éducation…
    Ainsi le réseau international des « villes lentes », né en Italie en 1999, a aujourd’hui 140 villes de 24 pays
    qui adhèrent à une Charte, il s’agit de villes de moins de 60.000 habitants, en Europe, en Australie, au
    Canada, aux Etats-Unis…En France on trouve par exemple Segonzac en Charente (article du Monde des 3 et
    4 octobre 2010)… La gestion municipale est centrée sur la qualité de la ville, sur « une vie qui est bonne »,
    sur l’économie de proximité, le respect des paysages. Concrètement ces villages et ces villes reposent sur des
    rues piétonnes et cyclables, un retour du petit commerce, un marché de producteurs locaux, des espaces
    verts, des équipements urbains adaptés aux personnes âgées, aux enfants, aux handicapés…
    Les réseaux de l’alimentation lente « slow food », pour contrer les « fast food », reposent sur l’éducation
    au goût, le temps donné aux repas, la défense de la biodiversité des cultures, ce réseau comprend de l’ordre
    de 1500 antennes locales dans 150 pays.
    De façon plus globale on trouve le « Slow production » qui met en avant des productions durables, le
    « Slow travel » qui veut des touristes prenant leur temps pour rencontrer personnes et monuments, le
    « Slow parenting » qui est un réseau de parents voulant prendre du temps pour leurs enfants…
    De même on trouve le « débranchement régulier » (Unplay challenge) qui éloigne un moment les accrocs
    de leurs écrans. La revue Politis titrait ainsi « C’est l’heure du slow » (novembre-décembre 2011).
    Il est très probable que ces mouvements vont apparaitre ou se développer dans de multiples domaines
    et lieux de la planète. L’imagination ne doit-elle pas se déchainer pour développer les théories et les
    pratiques de l’éloge de la lenteur ?
    b) Des moyens de réintégrer le temps
    Réintégrer le temps, dans nos pratiques quotidiennes, dans notre culture, dans nos vies, pourrait être mis en
    oeuvre à travers les moyens suivants , proposés à titre indicatif, et qui sont parfois partiellement en
    route.
    Un respect des droits des générations futures fondé sur les principes de prévention, de précaution, et sur le
    principe de non-régression des acquis environnementaux essentiels (voir « La non régression en droit de
    l’environnement », sous la direction de Michel Prieur et Gonzalo Sozzo, Bruylant, 2012),
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    Un respect du patrimoine mondial culturel des générations passées fondé, entre autres , sur l’attribution
    de fonds massifs pour leur entretien,
    Une partie du temps qui serait libérée, grâce à un revenu universel d’existence attribué à chaque être
    humain, accompagné de revenus d’activités,
    Une prise en compte des « droits du temps humain »,évoqués par Jean Chesneaux dans son ouvrage
    souvent cité « Habiter le temps », par exemple dans une « charte mondiale » disait-il, donc juridiquement
    non contraignante, incitative, puis un jour, pourrait-on ajouter, dans une convention internationale, une prise
    en compte des « droits du temps humain » que l’on pourrait élargir et qualifier de « Droits des temps
    humains et droits des temps du vivant »,
    Des déplacements repensés dans l’urbanisation à tous les niveaux géographiques, des pratiques encore
    minoritaires vont ici et là dans ce sens, de façons modérées ou plus radicales,
    Une désacralisation de la vitesse, en particulier dans l’éducation de la maternelle à l’université, et donc une
    désacralisation de la compétition,
    La création d’une Fédération mondiale de l’ensemble des mouvements contribuant à essayer de
    ralentir le système international. A titre de « travaux pratiques » à l’échelle internationale nous proposons
    la création d’une Fédération mondiale d’ONG agissant pour le ralentissement du système international
    productiviste, une sorte d’internationale de la lenteur. Il ne s’agirait ici que de traiter un élément du
    système international productiviste mais un élément essentiel.
    Et d’autres moyens à venir face à l’accélération.
    3- Un moyen essentiel de justice : la diminution du temps de travail
    Ce moyen est radicalement juste pourquoi ?
    C’est un puissant moyen de lutter contre le chômage. Il correspond en effet à un partage du travail qui
    permet à beaucoup plus de personnes de travailler.
    Et c’est un élément contribuant à un équilibre de vie, une vie plus libre, plus détendue, plus partageuse.
    On privilégie les liens aux biens, « Plus de liens, moins de biens. » Il peut s’organiser aussi avec le
    télétravail dont on connait les forces et les limites.
    La réduction peut être importante, par exemple passer de 35 heures par semaine à 25 heures ou bien
    radicale et arriver à deux heures par jour, soit une douzaine d’heures dans la semaine , comme le proposent
    certains auteurs ou certains mouvements.
    Dans ces hypothèses, surtout dans celles plus radicales, cette réduction suppose une profonde
    réorganisation de la société fondée en particulier sur les besoins essentiels d’un monde post
    productiviste.
    Comme le proposait par exemple André Gorz
    « Il convient de trouver un nouvel équilibre entre travail rémunéré et activités productives non
    rémunérées. Nous produisons des richesses croissantes avec des quantités décroissantes de travail.
    Donc de deux choses l’une :
    ou bien on cherche à distribuer le travail nécessaire sur tout le monde, en abaissant progressivement la
    durée,
    ou bien on fait naître une « société duale » avec d’un côté une minorité d’hyperactifs et de l’autre une
    majorité de précaires, de chômeurs et d’exclus. »
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    Cher André Gorz : on ne saurait mieux dire.Merci.
    -…et d’ autres mesures justes contribuant à la justice.