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Solidarités  et « gouttes d’eau »

Une action de solidarité est  souvent qualifiée de « goutte d’eau dans l’océan. » 

On peut  vouloir  dire qu’elle est dérisoire. Mais une vérité saute aux yeux pourvu qu’on les ouvre : 

              une  goutte d’eau est  limitée, pourtant elle est  nécessaire et elle a vocation à s’étendre.

Elle a une valeur et une force liées à quatre éléments qui s’interpellent, se complètent, se soutiennent et s’inclinent les uns vers les autres.

Par rapport au contenu de l’action

– D’abord certes cette action  ne change pas le monde mais peut changer la vie ou une partie de la vie d’une personne, d’une famille, d’une entreprise,  d’un village, d’un quartier, voire d’une ville, d’une région …proche ou lointaine.

– Ensuite cette action voit le jour  dans l’un des quatre grands domaines de valeurs (démocratie ou justice ou environnement ou paix) et peut s’étendre aux  autres domaines, ce sont alors des inter actions qui prennent une certaine ampleur.

– Enfin ce qui parfois nous apparait comme  un échec va, dans le temps, devenir une semence.

              Et l’optimisme de la volonté, il en faut beaucoup parce que ça réduit à la cuisson !

 Par rapport aux personnes qui agissent

 Une action  peut à la fois changer une situation et nous changer nous-mêmes.

– D’abord on tombe en solidarité avec des personnes et des sociétés fragiles, discriminées, exploitées, exclues. « Qu’as-tu fait de ton frère ? » est une question qui peut  éclairer des consciences ou être un des éclairs qui déchire la conscience. Voient le jour des remises en cause d’atteintes à la dignité humaine. Et il arrive qu’au lieu de se demander « qu’est-ce que je risque si je vais dans cette situation conflictuelle ? » on se demande « qu’est-ce que risque l’Autre si je ne n’y vais pas ? »

-Ensuite  on montre, en particulier dans la vie associative,  que l’on peut passer d’une culture de compétition et de soumission à une culture de solidarité et de résistance.

-Enfin on témoigne, comme le dit un proverbe,  que « si l’on veut faire quelque chose on trouve un moyen et  que si l’on  veut ne rien faire on trouve une excuse. »

Par rapport aux liens entre le local et le mondial

« Penser globalement, agir localement », « penser localement ,  agir globalement », ces deux idées se complètent.

– D’abord  l’enjeu est de faire évoluer ou de changer un système qui assassine le vivant  et l’humanité.

                Passer d’un monde sans limites et compétitif à un monde responsable et solidaire.

– Ensuite  des alternatives locales peuvent contribuer à soutenir des changements plus vastes, ceux d’un pays, d’un groupe de pays, d’un continent, ou  de la Terre,  notre foyer d’humanité.

– Enfin  à une petite échelle des erreurs peuvent être remises en cause plus vite et de nouveaux chemins apparaitre plus clairement, ceux des possibles et malgré tout  des « impossibles ». 

Par rapport aux autres générations

 On s’inscrit dans une fraternité et une solidarité intergénérationnelles.

– D’abord vis-à-vis des générations passées qui, lorsqu’elles ont lutté contre les forces de mort, ont mis au monde  des libertés, des égalités, des solidarités. Les actions de solidarités sont ainsi des devoirs de mémoire et de gratitude. Et les souffles de ces ancêtres peuvent contribuer à nous donner des forces.

– Ensuite  les générations futures nous demandent de leur laisser des marges de manœuvres pour devenir ce qu’elles voudront être. Leurs appels peuvent  contribuer à nous porter.

– Enfin les générations présentes qui, si elles mettent en œuvre des moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques, portent cette espérance qui les porte à son tour.

Ainsi non seulement la goutte d’eau est dans l’océan mais, d’une certaine façon,

l’océan  est déjà là  dans la goutte d’eau. De la goutte d’eau à la rosée il n’y a qu’un pas.

Rosée du matin, aube d’humanité, printemps d’espérance.

Un jeune poète écrivait « Dans la rosée du matin j’ai cueilli le souffle du monde… ».

Oui, c’est notre souffle que l’on attend  et c’est notre souffle qui nous attend.