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TROISIEME PARTIE :
UN SOUFFLE
SOUFFLE QUI PASSE …p :212
SOUFFLE QUI S’ETEINT …p :233
AUTRE SOUFFLE …AILLEURS ?!…p :252
A la fin il y a un index p : 256
et une table des matières p : 272
I. SOUFFLE QUI PASSE…
II.

  1. Le temps
    Le temps : sa présence…
    Partout où quelque chose vit, il y a, ouvert quelque part, un registre où le temps
    s’inscrit.
    Henri Bergson
    ————————
    Le temps est un grand maître, il règle bien des choses.
    Pierre Corneille
    ————————
    Le soleil est nouveau tous les jours.
    Héraclite
    Page 212
    ———————–
    Temps qui passe
    La vie est quelque chose qui arrive quand on est occupé à faire autre chose
    John Lennon
    ——————–
    Aimez ce que jamais on ne verra deux fois.
    Alfred de Vigny
    ———————–
    La nostalgie est une délectation ambivalente, c’est la souffrance douce-amère des
    choses révolues ; elle est liée en général au fait que le passé est passé, la nostalgie
    la plus immotivée est celle qu’on éprouve pour un passé banal mais c’est
    inexplicablement la nostalgie la plus déchirante.
    Jankélévitch
    —————————
    Les sanglots longs
    Des violons
    De l’automne
    Blessent mon coeur
    D’une langueur
    Monotone.
    Tout suffocant
    Et blême, quand
    Sonne l’heure,
    Je me souviens
    Des jours anciens
    Et je pleure ;
    Et je m’en vais
    Au vent mauvais
    Qui m’emporte
    Deçà, delà,
    Pareil à la
    Feuille morte.
    Verlaine
    —————————
    Longtemps longtemps longtemps
    Après que les poètes ont disparu
    Leurs chansons courent encore dans les rues.
    Charles Trenet
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    ——————————–
    Qui nous a retournés de la sorte, que nous ayons dans tous nos actes, l’attitude de
    quelqu’un qui s’en va ? Et comme sur la dernière colline qui lui montre encore une
    fois sa vallée tout entière, il se retourne et tarde, tels nous vivons, à chaque pas
    prenant congé.
    J.M. Rilke
    ——————————-
    Nous ne baignerons jamais deux fois dans l’eau du même fleuve.
    Héraclite
    —————————-
    …Pas même une fois puisque les éléments changent, le présent nous échappe.
    Cratyle
    ——————————-
    Le temps s’en va
    Le temps s’en va
    Ma Dame
    Las! Le temps, non,
    Mais nous nous
    En allons.
    Pierre de Ronsard
    ———————————
    Une heure n’est pas une heure. C’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets
    et de climats.
    Proust
    —————————–
    La montre est un petit animal à sang froid qui vit dans une coquille, replié sur luimême.
    Même domestique elle peut être classée parmi les parasites car elle vit de
    préférence sur l’homme. (…) La montre est l’animal connu qui a le plus de dents, ces
    dents sont disposées en rond autour de petits trous qui assurent une mastication
    régulière du temps. Elle ne mange pas autre chose.
    Sacha Guitry
    ————————
    Trois mille six-cents fois par heure la seconde
    Chuchote : souviens-toi ! Rapide avec sa voix
    D’insecte maintenant dit : je suis autrefois.
    Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde.
    Baudelaire
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    ———————————
    Un temps où tout le monde était lent, sans destination ni impatience.
    Marie Rouanet
    —————————-
    La vie est beaucoup trop courte. Il en faudrait deux : une pour répéter, une pour
    jouer.
    Vittorio Gassman
    ————————————–
    Ecrire sur l’eau.
    Aristophane
    ———————————-
    Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
    Traverser le présent en s’excusant déjà de n’être pas plus loin
    Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d’argent
    Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit : je t’attends
    Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui nous attend.
    Jacques Brel
    —————————————
    O temps ! Suspends ton vol ! Et vous, heures propices
    Suspendez votre cours
    Laissez nous savourer les rapides délices
    Des plus beaux de nos jours.
    Lamartine
    ———————————
    On voudrait revenir à la page où l’on aime
    Et la page où l’on meurt est déjà sous nos doigts.
    Lamartine
    ———————————–
    Avec le temps, va, tout s’en va…
    Avec le temps on oublie les passions et l’on oublie les voix
    Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens :
    Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid.
    Même les plus chouettes souvenirs çà t’a une de ces gueules,
    A la galerie j’farfouille dans les rayons d’la mort, le samedi
    Soir quand la tendresse s’en va toute seule…
    Léo Ferré
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    —————————————-
    Que reste t-il de nos amours
    Que reste t-il de ces beaux jours
    Une photo vieille photo de ma jeunesse
    Que reste-il des billets doux
    Des mois d’avril des rendez-vous
    Un souvenir qui me poursuit
    Sans cesse.
    Charles Trenet
    ———————————
    Je vous aime déclarai-je à Sylgère qui habitait la
    planète Rouge. Voulez-vous m’épouser ?
    Vingt ans de ma vie passèrent. J’eus même le temps
    de mourir. Sylgère se tourna vers moi.
    Mais oui, répondit-elle immédiatement sans hésiter.
    Jacques Sternberg
    —————————————-
    Depuis des semaines déjà il remontait le cours du temps,
    Sans s’arrêter nulle part, grisé par la vitesse des événements qui défilaient à l’envers
    de son regard.
    Soudain il s’arrêta hurlant de douleur: Dieu lui enfonçait
    Brutalement cette côte légendaire qui avait été la première femme.
    Jacques Sternberg
    ———————————–
    Le monde est un repaire de brigands et la nuit est en train de tomber…
    Aussi dépêchons-nous d’être heureux, gentils, généreux et bons.
    Ingmar Bergman
    (Fanny et Alexandre)
    ———————————-
    Temps : quel sens ?
    Quant aux physiciens et aux astronomes, ils nous donnent le choix entre un univers
    se dilatant sans fin, se vidant de toute substance, où plus rien ne surviendra, ce qui
    prive le temps de définition, et un univers qui, après une période d’expansion, se
    contractera durant quelques dizaines de milliards d’années et disparaîtra dans une
    implosion symétrique de l’explosion initiale. La question « qu’y aura-t-il après ? » est
    aussi dépourvue de sens que la question « qu’y avait-il avant le big-bang ? » Avec la
    disparition de l’univers, le temps aura « fait son temps ».
    Albert Jacquard
    Page 216
    ——————————–
    Le temps qui décolore toutes les couleurs et ternit l’éclat des émotions, le temps
    amortit la joie comme il console la peine, le temps endort la gratitude comme il
    désarme la rancune, l’un et l’autre indistinctement. Il sèche les larmes mais il éteint
    aussi la flamme de la passion : l’amour se perd dans les sables.
    Vladimir Jankélévitch
    —————————————–
    La méditation sur le temps est la véritable épreuve du philosophe.
    Alain
    ——————————————-
    La contemplation procure à l’homme l’unique faveur qu’il sache mériter : suspendre
    la marche, retenir l’impulsion qui l’astreint à obturer l’une après l’autre les fissures
    ouvertes au mur de la nécessité et à parachever son oeuvre en même temps qu’il clôt
    sa prison.
    Claude Lévi-Stauss
    ————————————
    Quand on a raison vingt-quatre heures avant le sens commun des hommes on passe
    pour n’avoir pas le sens commun pendant vingt-quatre heures.
    Rivarol
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    Le temps seul est irréversible. C’est ce qui lui donne son caractère pathétique. Dans
    l’espace tous les trajets sont réversibles. Il s’ensuit que le temps et l’irréversible c’est
    la même chose.
    Jankélévitch
    ————————————
    Le temps fait oublier les douleurs, éteint les vengeances, apaise la colère, étouffe la
    haine.
    Avicenne
    ———————————
    Le temps est un adversaire, une tristesse. Il nous éloigne des joies passées, il
    détruit, use, nous sépare au bout de divers chemins de ceux et celles qui ont été
    proches.
    Le temps est un ami, une chance. C’est à travers lui que nous mettons en oeuvre
    des possibles, que nous aimons, sommes aimé(e)s, il peut faire mûrir, il peut guérir,
    éventuellement effacer ou atténuer des échecs, des chagrins.
    JML
    ————————————–
    Accueillir chaque instant
    Comme un cadeau royal
    Avec ses fleurs qui s’ouvrent
    Et son bouquet fané.
    M. Scouarnec
    —————————————–
    Le bonheur de la vie n’est pas dans la durée
    Mais dans l’usage qu’on en fait.
    Sénèque
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    —————————————
    Pourquoi le temps
    S’il ne fait que passer ?
    Pourquoi l’amour
    S’il ne va qu’à se perdre ?
    Pourquoi l’oiseau
    S’il n’enchante les arbres ?
    Et pourquoi l’homme…
    D. Rimaud
    ————————————
    Nous sommes à la fois obsédés du temps et orphelins du temps. Notre existence
    individuelle se dissout dans un zapping permanent ; nos sociétés surprogrammées
    sont bloquées dans l’immédiat ; notre devenir historique se brouille (…) Comment
    renouer dans le respect de la durée un dialogue interactif entre le présent agissant,
    le passé comme expérience, l’avenir comme horizon des responsabilité ? Comment
    reconquérir le temps pour redonner du sens et de la cohérence à notre être en
    société comme à notre vie quotidienne ? Comment réintégrer le temps dans notre
    culture politique, dans nos pratiques citoyennes, dans notre art de vivre ?
    Jean Chesneaux
    ————————————
    La vie est une horloge qui crie à son propriétaire – au quart d’heure, « tu… », à la
    demie : « tu es… », aux trois quarts : « tu es un », et quand l’heure sonne : « tu es un
    être humain ».
    Lichtenberg
    ————————————
    La vie est trop courte pour être petite.
    Goethe
    ——————————
    Regarde le soir comme si le jour y devait mourir,
    Et le matin comme si toute chose y naissait.
    Que ta vision soit à chaque instant nouvelle,
    Le sage est celui qui s’étonne de tout.
    André Gide
    ———————————–
    Toi d’aujourd’hui que j’aime par delà moi-même
    Comme la vie fait espérance
    Tu multiplies mon coeur et mon corps et mes sens
    Et la raison suprême
    De croire que le temps n’efface pas la vie
    Mais qu’il est la vie même.
    Anonyme
    Page 218
    ——————————–
    Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard
    De l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout.
    Blaise Pascal
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    L’instant est le croisement du temps et de l’éternité.
    Louis Lavelle
    ————————————
    Si la lueur
    Des cerisiers fleuris sur les collines
    Durait plus longtemps que quelques jours
    Nous ne l’aimerions aussi tendrement.
    Yamabé no Akahito
    ——————————————
    « Bonjour dit le petit prince
    -Bonjour dit le marchand.
    C’était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une
    par semaine et l’on n’éprouve plus le besoin de boire.
    – Pourquoi vends-tu ça ? dit le petit prince
    – C’est une grosse économie de temps dit le marchand. Les experts ont fait des
    calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine.
    On en fait ce qu’on veut…
    – Moi, dit le petit prince, si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais
    tout doucement vers une fontaine ».
    Antoine de Saint-Exupéry
    ——————————–
    Temps : agir aujourd’hui
    Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain.
    Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
    Pierre de Ronsard
    —————————————-
    Faire que ce ne soit pas seulement un jour de plus mais une vraie journée.
    Entendu
    ———————————–
    Carpe diem (cueille le jour présent)
    Horace
    Page 219
    ——————————–
    Il est déjà tard mais toujours temps.
    Jean Malrieu
    ———————————
    N’agis point comme si tu devais vivre des milliers d’années. L’inévitable est sur toi
    suspendu. Tant que tu vis, tant que cela t’est possible, deviens homme de bien.
    Marc Aurèle
    ——————————–
    Mais ce soir un vertige le saisissait à compter tout son temps perdu. Il aurait voulu le
    crier. Jetez votre montre! Le secret n’est pas d’être exact mais de ne jamais perdre
    un instant! (…) Dormir? Non, tomber de sommeil. Et ne pas laisser passer un seul
    être sans l’aimer. O le temps! O l’amour!
    Gilbert Cesbron
    ——————————-
    Il ne faut jamais remettre au lendemain ce qu’on n’a pas fait le jour même mais qu’on
    aurait pu faire la veille ou l’avant veille du surlendemain.
    Pierre Dac
    ———————————-
    Durant plus d’un jour de paresse j’ai pleuré sur le temps perdu. Pourtant il n’est
    jamais perdu, mon Seigneur ! Tu as pris dans tes mains chaque petit moment de ma
    vie.
    Caché au coeur des choses, tu nourris jusqu’à la germination la semence, jusqu’à
    l’épanouissement le bouton et la fleur mûrissante jusqu’à l’abondance du fruit.
    J’étais là, sommeillant sur mon lit de paresse et je m’imaginais que tout ouvrage avait
    cessé. Je m’éveillais dans le matin et trouvais mon jardin plein de merveilles et de
    fleurs.
    R. Tagore
    ——————————-
    Temps : l’avenir…
    La vie ne va pas en arrière ni ne s’attarde avec hier.
    Vous êtes les arcs par qui vos enfants comme des flèches vivantes sont projetées.
    K. Gibran
    —————————-
    Demain soufflera le vent de demain.
    Proverbe japonais
    ——————————-
    Ne lave pas la vaisselle que tu feras demain.
    Proverbe polonais
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    ———————————
    Toutes les fleurs de l’avenir sont les semences d’aujourd’hui.
    Proverbe chinois
    ————————————
    Demain est moins à découvrir qu’à inventer.
    Gaston Berger
    ————————————–
    On n’attend pas l’avenir comme on attend le train. L’avenir on le fait.
    Georges Bernanos
    —————————————
    Il faut bien le dire la peste avait enlevé à tous le pouvoir de l’amour et même de
    l’amitié. Car l’amour demande un peu d’avenir, et il n’y avait plus pour nous que des
    instants.
    Camus
    ——————————-
    N’est promis à l’éternel que ce qui résiste au temps.
    Gustave Thibon
    ———————————
    Effacer le passé on le peut toujours : c’est une affaire de regret, de désaveu, d’oubli.
    Mais on n’évite pas l’avenir.
    Oscar Wilde
    ———————————–
    Quand il s’agit d’un mortel il faut attendre sa dernière journée avant de l’appeler
    heureux.
    Sophocle
    ———————————-
    Nous demandons à l’imprévisible de décevoir l’attendu.
    René Char
    —————————————–
    Elle est retrouvée !
    – Quoi ? L’Eternité
    C’est la mer mêlée
    Au soleil
    Arthur Rimbaud
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    ———————————–
    Il y a un temps pour…
    Il est un temps pour aller à la pêche
    Et un temps pour faire sécher les filets.
    Proverbe chinois
    ————————–
    Il y a un temps pour tout faire sous le ciel,
    Un temps pour enfanter et un temps pour mourir,
    Un temps pour planter et un temps pour arracher le plant,
    Un temps pour pleurer et un temps pour rire,
    Un temps pour gémir et un temps pour danser,
    Un temps pour déchirer et un temps pour coudre,
    Un temps pour se taire et un temps pour parler…
    Bible, L’Ecclésiaste
    ——————————————
    Au temps de la rencontre succède vite le temps de la durée. Après le temps de
    l’éphémère, de l’improvisation, de l’invention vient celui de la répétition aveugle et
    grise.
    C’est tout le temps de la rencontre qu’il faudrait retrouver dans celui de la durée.
    Jacques Salomé
    —————————
    A mesure que l’âge m’envahit, la nature me devient plus proche. Chaque année, en
    quatre saisons qui sont autant de leçons, sa sagesse vient me consoler. Elle chante,
    au printemps: « quoi qu’il ait pu, jadis, arriver, je suis au commencement. Tout est
    clair, malgré les giboulées : jeune, y compris les arbres rabougris : beau, même ces
    champs caillouteux. L’amour fait monter en moi des sèves et des certitudes si
    radieuses et si puissantes qu’elles ne finiront jamais ».
    Elle proclame, en été : « quelle gloire est ma fécondité. A grand effort, sort de moi
    tout ce qui nourrit les êtres. Chaque vie dépend de ma chaleur. Ces grains, ces fruits,
    ces troupeaux qu’inonde à présent le soleil, ils sont une réussite que rien ne saurait
    détruire. Désormais, l’avenir m’appartient ».
    En automne, elle soupire : « ma tâche est près de son terme. J’ai donné mes fleurs,
    mes moissons, mes fruits. Maintenant, je me recueille. Voyez comme je suis belle
    encore, dans ma robe de pourpre et d’or, sous la déchirante lumière. Hélas, les vents
    et les frimas viendront bientôt m’arracher ma parure. Mais, un jour, sur mon corps
    dépouillé, refleurira ma jeunesse ».
    En hiver elle gémit : « Me voici, stérile et glacée. Combien de plantes, de bêtes,
    d’oiseaux, que je fis naître et que j’aimais meurent sur mon sein qui ne peut plus les
    nourrir ni les réchauffer. Le destin est-il donc scellé ? Est-ce, pour toujours, la victoire
    de la mort ? Non. Déjà, sous mon sol inerte, un sourd travail s’accomplit. Immobile
    au fond des ténèbres, je pressens le merveilleux retour de la lumière et de la vie ».
    Charles de Gaulle
    Page 222
    ———————————–
    Urgence et long terme
    Il y a une sacralisation de l’urgence érigée en catégorie centrale du politique. Nos
    sociétés prétendent que l’urgence des problèmes leur interdit de réfléchir à un projet,
    alors que c’est en fait l’absence totale de perspective qui les rend esclaves de
    l’urgence. L’urgence ne constitue pas la première étape d’un projet de sens : elle en
    représente plutôt la négation active. L’émergence de l’humanitaire dans la vie
    internationale depuis la fin de la guerre froide reflète cette évolution. L’humanitaire
    conduit à une confusion entre fins et moyens avec pour conséquence une incapacité
    à faciliter ou favoriser l’émergence de solutions politiques durables. (…) Rompre
    avec la logique de l’urgence, et pas seulement dans le domaine humanitaire, me
    paraît devoir être une priorité collective, une démarche indispensable à la
    reconstruction du sens.
    Zaki Laïdi
    ——————————
    Le droit d’assistance humanitaire demeure inscrit dans une certaine logique de
    l’urgence. (…) Il ne peut servir en lui-même ni d’alibi ni de substitut à une politique
    cohérente destinée
    à prévenir les exactions ou les catastrophes.
    Pierre-Marie Dupuy
    ———————————-
    La grande faiblesse de l’humanitaire c’est qu’il fait prendre un sédatif pour un
    remède, un effet éphémère pour une solution durable. (…)
    Ghassan Salomé
    ——————————-
    Soigner les victimes, soulager d’urgence des souffrances existantes c’est essentiel.
    Mais, parallèlement, agir à tous les niveaux géographiques sur la destruction des
    causes de ces souffrances c’est aussi essentiel. Sinon l’absence de politique à long
    terme nous jettera de plus en plus en aval des problèmes, des menaces et des
    drames. Débordés par l’urgence, nous serons alors de moins en moins capables d’y
    répondre parce que de moins en moins capables de penser et de mettre en oeuvre le
    long terme.
    JML
    Temps libéré
    Nous prendrons le temps de vivre, d’être libres, mon amour.
    Georges Moustaki
    ———————————–
    La vie simple commence peut-être simplement par un ralentissement du rythme
    frénétique de notre vie.
    Pierre Pradervand
    ————————————–
    Définir un projet de société du temps libéré ou si l’on préfère, du temps de travail
    réduit pour tous, non seulement dans le contexte d’une lutte pour l’abolition du
    chômage mais aussi dans le cadre d’un développement de la sphère des activités
    autonomes, c’est, inéluctablement subvertir la finalité du système. Scier peu à peu la
    branche sur laquelle il est assis.
    Angelo Basile
    ————————–
    Diminuer la durée du temps d’un travail à partager est impératif, mais il faut aller
    beaucoup plus loin. Il convient de trouver un nouvel équilibre entre travail rémunéré
    et activités productives non rémunérées, découvrir « l’abondance frugale », inventer
    une vie plus détendue, plus conviviale, plus libre.
    André Gorz
    Page 223
    ——————————–
    Je déplore la disparition du temps libre. Nous perdons cette paix essentielle des
    profondeurs de l’être, cette absence sans prix pendant laquelle les éléments les plus
    délicats de la vie se rafraîchissent et se réconfortent, pendant laquelle l’être, en
    quelque sorte, se lave du passé et du futur, de la conscience présente, des
    obligations suspendues et des attentes embusquées… Point de pression intérieure
    mais une sorte de repos, dans l’absence, une vacance bienfaisante qui rend l’esprit à
    sa liberté propre.
    Paul Valéry
    ———————————
    Le bon sens suffit pour admettre que le progrès technologique, en multipliant la
    productivité diminue le temps de travail mais le bon sens n’a pas prévu la peur du
    « temps libre » ni les pièges de la consommation ni le pouvoir manipulateur de la
    publicité. Liberté de « perdre son temps »: la société de consommation n’autorise
    pas pareil gaspillage, les vacances organisées sont devenues une activité épuisante.
    « Tuez le temps »: les plages modernes reproduisent le vertige de la vie quotidienne
    dans les fourmilières urbaines.
    Eduardo Galeano
    ——————————
    Le modèle de vie de la société de consommation convertit le temps en une ressource
    économique toujours plus rare et plus chère : le temps se vend et se loue. Mais qui
    est maître du temps ? L’automobile, le téléviseur, la vidéo, l’ordinateur personnel, le
    téléphone portatif conçu(s) pour « gagner du temps » ou pour « passer le temps »
    s’approprient celui-ci. L’automobile sert à économiser le temps mais elle le dévore :
    une bonne partie du temps de travail sert à payer le transport vers le travail qui
    engloutit plus de temps.
    Eduardo Galeano
    Page 224
    —————————-
    Nous avons à enrichir le « temps libéré » : pour que celui-ci ne soit ni temps vide, ni
    temps marchand, la transformation des mentalités demande une éducation ouverte à
    d’autres perspectives. Ce sont bien les connaissances, les savoirs, les savoir-faire
    qui se révèlent les vraies richesses. Pour permettre une égalité continue des
    chances d’épanouissement pour chacun, nous avons à concevoir de nouvelles
    conditions sociales et mentales, et considérer qu’à côté de la vie professionnelle et
    du travail d’autres activités humaines sont « gratifiantes » : la créativité personnelle,
    la convivialité sociale et la curiosité naturelle.
    Jacques Robin
    ————————–
    Méfiez-vous de la hâte, échappez-lui. Combattez la car c’est un des plus grands
    destructeurs de la vie intérieure (…) Ne perdons pas notre temps à nous dépêcher.
    Lanza del Vasto
    Page 225
    ——————————–
    Paresse – Oisiveté
    M’étendant de tout mon long dans le bateau les yeux tournés vers le ciel, je me
    laissais aller et dériver lentement au gré de l’eau, quelque fois pendant plusieurs
    heures, plongé dans mille rêveries confuses mais délicieuses, qui sans avoir aucun
    objet bien déterminé ni constant ne laissaient pas d’être à mon gré cent fois
    préférables à tout ce que j’avais trouvé de plus doux dans ce qu’on appelle les
    plaisirs de la vie.
    Jean-Jacques Rousseau
    ————————-
    Ô Paresse, prends pitié de notre longue misère ! Ô Paresse, mère des arts et des
    nobles vertus, sois le baume des angoisses humaines !
    Paul Lafarge
    —————————–
    L’appétit d’honneur et de louange prive l’humanité de tout repos. Mais dans la
    chaleur du soleil et la caresse du vent des choses se renouvellent spontanément. La
    clarté printanière, au-delà du pouvoir des hommes, est pâle et profonde. Dans les
    monts du repos sans fin se trouve un homme seul et tranquille.
    Gesshü
    ——————————-
    L’oisiveté que Thomas Hobbes appelait « la mère de la philosophie » est un temps
    nécessaire, un indispensable « lâcher prise » qui permet à l’homme de se recentrer.
    Il faut redécouvrir les délices de la paresse qui est sans doute le meilleur
    médicament contre le stress fébrile de la vie moderne. Il faut oser chaque jour
    quelques minutes de paresse en plus, des minutes volées à ce dieu Travail que
    Joseph Delteil dénonçait déjà comme « La grande mystification » du XXe siècle. Il
    faut redécouvrir « l’oisiveté du siècle » dont parle La Bruyère, une oisiveté qui n’est
    pas fainéantise mais un temps de « vacance » rond et plein. La morale de la paresse
    est à réinventer ! De toute urgence mais avec sérénité.
    Michel Piquemal
    —————————–
    Sommeil
    Sommeil… tiède et tranquille masse mystérieusement isolée, arche close de vie qui
    transporte vers le jour mon histoire et mes chances, tu m’ignores, tu me conserves,
    tu es ma permanence inexprimable ; ton trésor est mon secret… Tu t’es fait une île
    de temps, tu es un temps qui s’est détaché de l’énorme temps où ta durée indéfinie
    subsiste et s’éternise comme un anneau de fumée.
    Paul Valéry
    —————————–
    Rarement le sommeil visite le chagrin, quand il daigne le faire, c’est un consolateur
    tout-puissant.
    Shakespeare
    ————————–
    Le phénomène le plus constant, le plus frappant et qui marque le début de
    l’endormissement consiste en un sentiment de fatigue cérébrale, d’indifférence
    psychique, de désintérêt au monde extérieur, enfin de relâchement de l’attention. (…)
    Le sommeil est-il la « petite mort » comme l’affirment certains ? Le moment de la
    mort serait semblable à celui du sommeil, avec ou sans rêve. Tout y prend des
    dimensions inhabituelles jusqu’à ce que l’inconscience ait le dessus.
    J. Lhermitte
    Page 226
    ————————–
    Béni soit celui qui inventa le sommeil !
    Cervantes
    ————————–
    La nuit, profitant de ce qu’on bavardait, s’est glissée entre nous comme une chatte,
    et nos voix comme des rats peureux, restent dans leurs cachettes de silence.
    Jules Renard
    ————————
    L’humour et le sommeil : avec ces deux ingrédients l’être humain, ce primate, cette
    étincelle entre deux gouffres, conserve la santé mentale.
    Théodore Monod
    —————————-
  2. Jeunesse, vieillesse
    Jeunesse
    Etre jeune…
    La jeunesse n’est pas une période de la vie, elle est un état d’esprit, un effet de la
    volonté, une qualité de l’imagination, une intensité émotive, une victoire du courage
    sur la timidité, du goût de l’aventure sur l’amour du confort.
    On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années, on devient
    vieux parce qu’on a déserté son idéal. Les années rident la peau, renoncer à son
    idéal ride l’âme. Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs sont
    les ennemis qui, lentement, nous font pencher vers la terre et devenir poussière
    avant la mort.
    Jeune est celui qui s’étonne et s’émerveille. Il demande comme l’enfant insatiable : et
    après ? Il défie les événements et trouve la joie au jeu de la vie.
    Vous êtes aussi jeune que votre foi, aussi vieux que votre doute, aussi jeune que
    votre confiance en vous-même, aussi jeune que votre espoir, aussi vieux que votre
    abattement.
    Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif à ce qui est beau, bon et grand,
    réceptif aux messages de la nature, de l’homme et de l’infini.
    Si un jour votre coeur allait être mordu par le pessimisme et rongé par le cynisme,
    puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.
    Samuel Ullman
    Page 227
    ———————————
    Je ne crois pas à l’âge.Tous les vieux
    portent
    dans les yeux
    un enfant,
    et les enfants
    parfois
    nous observent
    comme des vieillards profonds.Mesurerons-nous
    la vie
    en mètres ou kilomètres
    ou mois ?
    Et depuis que tu nais ?
    Et tout ce que
    tu dois parcourir
    jusqu’à ce que
    comme les autres
    au lieu de marcher dessus
    nous reposions sous la terre ?De l’homme de la femme
    qui ont assumé
    actions, bonté, force,
    colère, amour, tendresse,
    de ceux qui véritablement
    vivants
    se sont épanouis
    et dans leur nature ont mûri,
    n’approchons pas, nous,
    la mesure
    du temps
    qui peut-être
    est autre chose, une couche
    de minerai, un oiseau
    planétaire, une fleur,
    autre chose peut-être,
    mais pas une mesure.Temps, métal
    ou oiseau, fleur
    au long pétiole,
    étale-toi au long
    des hommes,
    fleuris-les
    et lave-le
    d’une
    eau
    ouverte
    ou d’un soleil caché.
    Je te proclame
    chemin
    et non linceul,
    escalier
    pur
    à marches
    d’air,
    costume sincèrement
    remis à neuf
    pour de longitudinaux
    printemps.Maintenant,
    temps, je t’enroule,
    je te dépose dans ma
    boîte sylvestre
    et je m’en vais pêcher
    avec ta longue ligne
    les poissons de l’aurore !
    Pablo Neruda
    Page 228
    ———————————
    Etre jeune c’est être spontané, rester proche des sources de la vie, pouvoir se
    dresser et secouer les chaînes d’une civilisation périmée, oser ce que d’autres n’ont
    pas eu le courage d’entreprendre. Le courage de la jeunesse c’est l’esprit du « Meurs
    et deviens », la notion de la mort et de la renaissance.
    Thomas Mann
    ———————————–
    Les enfants disent probablement aux parents et aux adultes: essayez de redevenir
    des enfants, laissez votre émotion éclater, aimez la spontanéité, venez jouer, rire.
    Ressuscitez en vous l’enfant, un enfant libre.
    JML
    ——————————–
    Les cheveux blancs marquent les années et non pas la sagesse.
    Ménandre
    ————————-
    On met longtemps à devenir jeune.
    Picasso
    ————————–
    Ah, mais c’est que j’étais beaucoup plus vieux à cette époque ! J’ai bien rajeuni
    depuis.
    Bob Dylan
    ————————
    Si l’on peut dire de la camomille que plus elle est foulée aux pieds plus elle pousse,
    néanmoins la jeunesse plus on la gaspille plus vite elle s’use.
    W. Shakespeare
    ——————————
    Donc, si vous n’en croyez, mignonne,
    Tandis que votre âge fleuronne
    En sa plus verte nouveauté,
    Cueillez, cueillez votre jeunesse ;
    Comme à cette fleur, la vieillesse
    Fera ternir votre beauté.
    Ronsard
    —————————
    L’éternelle jeunesse est impossible : Même s’il n’y avait d’autre obstacle,
    l’observation de soi-même la rendrait impossible.
    Franz Kafka
    Page 229
    —————————-
    Qu’as-tu fait, ô toi que voilà
    Pleurant sans cesse,
    Dis qu’as-tu fait, toi que voilà,
    De ta jeunesse ?
    Verlaine
    ——————————–
    Temps : vieillesse
    La vieillesse est particulièrement difficile à assumer parce que nous l’avions
    considérée comme une espèce étrangère. Suis-je donc devenue une autre alors que
    je demeure moi-même ?
    Simone de Beauvoir
    ———————————
    Partager le silence d’un vieux ce n’est pas perdre du temps, c’est en recevoir, c’est
    trouver asile dans le temps.
    Bernadette Veysset-Puijalon
    ——————————-
    Le vieillissement est l’événement le plus inattendu dans la vie d’un homme.
    Trotski
    ———————————–
    La vieillesse m’infecte le coeur… Mes révoltes sont découragées par l’imminence de
    ma fin et la fatalité des dégradations ; mais aussi mes bonheurs ont pâli. La mort
    n’est plus dans les lointains une ouverture brutale : elle hante mon sommeil ;
    éveillée, je sens son ombre entre le monde et moi. Elle a déjà commencé. Voilà ce
    que je ne prévoyais pas : ça commence tôt et ça me ronge… Ce qui me navre…
    c’est de ne plus rencontrer en moi de désirs neufs : ils se flétrissent avant de naître
    dans ce temps raréfié qui est désormais le mien.
    Simone de Beauvoir
    —————————-
    Souvent, à la fin de sa vie, le souvenir des tendresses passées fleurit notre vieillesse.
    Auguste Vacquerie.
    ——————————–
    Un vieil homme qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle.
    Amadou Hampâté Bâ
    page 230
    ——————————
    La sagesse des vieillards c’est une grande erreur. Ce n’est pas plus sages qu’ils
    deviennent, c’est plus prudents.
    Ernest Hemingway
    —————————-
    Vieillir ensemble ce n’est pas ajouter des années à la vie mais de la vie aux années.
    Anonyme
    ————————–
    Le soir de leur mariage Tobie et Sarah se tournent ensemble vers Dieu. « Daigne
    avoir pitié d’elle et de moi et nous mener ensemble à la vieillesse ». Ils dirent
    « amen » et se couchèrent pour la nuit.
    Bible,lecture du livre de Tobie
    ——————————-
    Les années font plus de vieux que de sages.
    Proverbe français
    ————————-
    Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,
    Assise auprès du feu, dévidant et filant,
    Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant,
    Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.
    Pierre de Ronsard
    ————————————–
    Les feuilles flétries n’enlaidissent pas les beaux arbres.
    Proverbe du Kurdistan
    ————————————-
    Souvent, à la fin de la vie, le souvenir des tendresses passées fleurit notre vieillesse.
    Nous sommes tous les deux voisins du ciel, Madame, puisque vous êtes belle et
    puisque je suis vieux.
    Victor Hugo
    ———————————-
    Beaucoup d’hommes et de femmes dépensent une énergie considérable à nier leur
    âge remarque Betty Friedman (« La révolte du troisième âge) « . Ils passent ainsi à
    côté de grands bonheurs. Pourquoi dit-on qu’une personne est « restée jeune » alors
    qu’elle vieillit bien ? La vieillesse n’est ni « un problème » ni une maladie. Acceptée,
    revendiquée et célébrée elle peut être, au contraire, l’une des aventures les plus
    riches de l’existence. Passé un certain âge l’obsession du succès ne joue plus. On
    est libre d’être émerveillé et de jouir du monde alentour (…).
    Robert Solé
    Page 231
    —————————-
    Il est déjà tard mais toujours temps
    Jean Malrieu
    ——————————-
    Chacun va vers son remède. L’essentiel est connu depuis toujours, mémorisé par la
    sagesse des nations : il faut continuer à vouloir demander quelque chose à la vie.
    Georges Mounin
    —————————–
    Quand on vieillit les colères deviennent des tristesses.
    Montherlant
    ———————————
    Savoir lâcher prise, vivre l’instant présent. Quand on est petit on veut être grand,
    quand on vieillit on veut être jeune…On est trop souvent dans la souffrance du
    décalage, alors qu’il faudrait accompagner son vieillissement d’un regard généreux
    sur soi (…) Il ne s’agit pas de tomber dans le renoncement mais de déplacer les
    plaisirs. J’ai par exemple un rapport au temps différent. Aujourd’hui j’essaie d’être
    moins dans l’urgence, de me trouver des lieux de paix, des espaces personnels où je
    laisse mon corps apprendre à vieillir de manière à apprivoiser cette obligation, à ne
    plus la vivre comme un funeste destin.
    Noëlle Châtelet
    —————————–
    Jeunesse, vieillesse
    J’avance dans l’hiver à force de printemps.
    Charles-Joseph. de Ligne
    ——————————
    Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.
    Henri Estienne
    —————————-
    Beaucoup de gens ne sont jamais jeunes, quelques personnes ne sont jamais
    vieilles.
    G. B. Shaw
    ————————-
    Les jeunes vont en bande, les adultes par couples, et les vieux tout seuls.
    Proverbe suédois
    ——————————-
    On n’est pas vieux tant que l’on cherche.
    Jean Rostand
    Page 232
    —————————-
    On peut être vieux à tout âge, on peut être vieux à tous les instants, car c’est en soi
    qu’on porte l’âge et non dans les cartons poudreux d’une mairie. (…) Le lionceau
    qu’on met en cage est vieux du jour où il renonce à briser les barreaux.
    Georges Bastide
    ——————————
    La jeunesse croit beaucoup de choses qui sont fausses,
    la vieillesse doute de beaucoup de choses qui sont vraies.
    Proverbe allemand
    —————————
    Qu’importe que mes cheveux grisonnent.
    Je suis toujours aussi jeune et aussi vieux que le plus
    Jeune et le plus vieux du village.
    Les uns ont un sourire simple et doux, d’autres ont des
    Pleurs qui sourdent à la lumière du jour.
    Tous ils ont besoin de moi…
    Je suis de l’âge de tous, qu’importe si mes cheveux grisonnent ?
    Tagore
    ———————–
    II. SOUFFLE
    QUI S’ETEINT…
  3. Mort des civilisations, fin de l’humanité ?
    Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.
    Paul Valéry
    —————————
    Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic
    avec tous leurs hommes et tous leurs engins (…) Nous apercevions à travers
    l’épaisseur de l’Histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de
    richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après
    tout, n’étaient pas notre affaire. Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues et la
    ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur
    existence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce serait aussi de beaux noms
    (…) Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’Histoire est assez grand pour tout le
    monde.
    Paul Valéry
    Page 233
    —————————
    Pourquoi y a-t-il un devoir de mémoire ? C’est certainement une dette. Nous avons
    une dette à l’égard des morts et c’est cela qui nous donne une mémoire longue, une
    identité durable et puis peut-être aussi que nous avons à nous délivrer de la
    culpabilité du passé en mettant à plat, en mettant au clair notre mémoire et donc il y
    a toute une thérapeutique. Alors peut-être aussi qu’il faut délivrer le passé de ce qui
    est simplement révolu, que l’on ne peut plus changer et retrouver les promesses
    inaccomplies du passé et de ce qui dans le passé est aussi un projet.
    Paul Ricoeur
    ——————————-
    L’humanité se vivait comme infinie car elle était une abstraction. Les dangers qui la
    guettent lui révèlent à la fois son existence et sa mortalité.
    René Jean Dupuy
    ———————————-
  4. Mort : la sienne
    Jamais les crépuscules
    Ne vaincrons les aurores
    Etonnons-nous des soirs
    Mais vivons les matins
    Méprisons l’immuable
    Comme la pierre ou l’or
    Sources qui tariront
    Que je trempe mes mains
    En l’onde heureuse.
    Apollinaire
    ——————————-
    On se réjouissait à ta naissance et tu pleurais. Vis de manière que tu puisses, au
    moment de ta mort, être dans la joie et les autres dans les pleurs.
    Proverbe Perse
    —————————
    L’homme vient au monde les mains closes, il le quitte les mains ouvertes.
    Proverbe d’Inde
    ——————————
    Tout est en cours de transformation. Toi-même tu es en état de transformation
    continue et, à certains égards, de dissolution. De même pour l’univers entier.
    Marc-Aurèle
    ——————————
    La vie, peu à peu, nous déloge de partout.
    Jean Rostand
    Page 234
    —————————–
    Lorsqu’au coeur de la vie nous nous croyons elle ose soudain pleurer en nous.
    Rainer-Maria Rilke
    ——————————–
    Je veux que la mort me trouve plantant mes choux mais nonchalant d’elle et encore
    plus de mon jardin imparfait.
    Montaigne
    ——————————–
    Dès qu’un homme est né il est assez vieux pour mourir.
    Heidegger
    ————————————
    Corps, vieux compagnon,
    Nous périrons ensemble.
    Comment ne pas t’aimer
    Forme à qui je ressemble,
    Puisque c’est dans tes bras
    Que j’étreins l’univers.
    Marguerite Yourcenar
    ———————————
    Ma poésie infortunée
    Aura-t-elle mes yeux pour voir ?
    Garderai-je odeurs et couleurs
    Lorsque, détruit, je dormirai ?
    Pablo Neruda
    ——————————
    L’homme est un-être-pour-la-mort.
    Heidegger
    ——————————
    Je vais être appelé à passer sur l’Autre Rive, à rendre « la barque prêtée » comme
    disait mon père.
    J’avoue ne pas être pressé, il me faudrait encore quelque deux cents ans pour, peutêtre,
    épuiser ma soif de curiosité (…) Je ne suis pas inquiet de franchir le passage,
    j’en éprouve même une extrême curiosité, je me cristallise sur la question de savoir
    s’il y a quelque chose de l’autre côté du voile. C’est un prodigieux problème que cet
    Au-Delà.
    Théodore Monod
    ————————————–
    Je suis dans ma trente troisième année. J’ai passé trente-deux fois devant le jour et
    l’heure de ma mort comme on passe devant la porte d’une maison qu’on habitera un
    jour et qu’on ne pense pas à regarder.
    Julien Green
    ——————————-
    (…) Pourquoi la mort nous inquiète-t-elle à ce point ? C’est qu’elle nous paraît liée à
    la souffrance et à l’inconnu.
    Page 236
    Peut-on vivre paisiblement, malgré cette peur ? Voila tout le problème de la mort. Or,
    indéniablement, la réponse est oui, quels que soient les aléas de la sensibilité de
    chacun.
    La souffrance fait peur ; mais la mort n’est pas synonyme de souffrance : il existe des
    souffrances non-suivies de mort et des morts sans souffrance. (…)
    L’inconnu fait peur ; mais la mort n’est pas de l’inconnu, elle n’est rien. Il y a plus de
    mystère en un seul être vivant que chez tous les défunts. Au soir de sa vie, le
    philosophe Jankélévitch, qui avait longuement réfléchi sur la mort, dut conclure qu’il
    n’en pouvait rien dire : comment parler de rien, en effet ?
    Nous ne craignons pas tant de mourir que de cesser de vivre ; mais cette peur aussi
    repose sur un malentendu. Dans une formule indépassée, Epicure avait résumé la
    situation : tant que nous vivons, la mort n’est pas là ; lorsque la mort est là, nous ne
    sommes déjà plus.
    On le voit mieux avec la mort des êtres chers, laquelle est la plus terrible : nous
    craignons qu’ils ne subissent un sinistre destin, alors que c’est nous, les vivants, qui,
    amputés d’eux, souffrons de solitude et d’abandon. Cessons donc de craindre la
    mort et fortifions notre vie.
    Albert Memmi
    —————————
    Je pense évidemment à la mort. Mais peu, aussi peu que possible. Pour en avoir
    moins peur, j’ai appris à vivre avec une idée très simple, très peu philosophique :
    brusquement tout s’arrête et c’est le noir absolu. La mémoire est abolie. Ce qui me
    soulage et m’attriste, car il s’agira là de la première expérience que je ne pourrai pas
    raconter. »
    Gabriel Garcia Marquez
    ————————-
    Approche-t-il du but, quitte-t-il ce séjour
    Rien ne trouble sa foi : c’est le soir d’un beau jour.
    La Fontaine
    —————————-
    De même qu’une journée bien employée procure un heureux sommeil, une vie bien
    remplie nous laisse mourir en paix.
    Léonard de Vinci
    ——————————–
    Qui nous a retournés de la sorte que nous ayons dans tous nos actes l’attitude de
    quelqu’un qui s’en va ? Et comme sur la dernière colline qui lui montre encore une
    fois la vallée tout entière, il se retourne et tarde…
    Tels nous vivons, à chaque pas prenant congé.
    R. M. Rilke
    ——————————-
    Toute la masse d’arôme de ces fleurs pour rendre sereine la nuit qui tombe sur nos
    larmes.
    René Char
    Page 237
    ——————————
    Nous sommes de l’étoffe dont les rêves sont faits et notre petite vie est entourée de
    sommeil.
    William Shakespeare
    ——————————–
    Nous craignons toutes choses comme mortels et nous désirons toutes choses
    comme si nous étions immortels.
    La Rochefoucauld
    ———————————
    Tant que je vis je suis un homme mortel
    Mais quand je meurs, cessant d’être un homme,
    je cesse aussi d’être mortel,
    je ne suis plus capable de mourir.
    Maurice Blanchot
    ————————–
    L’homme passe sur cette terre comme un long sommeil
    adouci par les rêves et qu’éveille la mort
    Jacques Phytilis
    ————————
    Mort, la seule de mes aventures que je ne commenterai pas.
    Mauriac
    ——————————-
    Etre seul c’est s’entraîner à la mort.
    Céline
    ———————————
    On n’apprend pas à mourir en tuant les autres.
    Chateaubriand
    ———————————-
    Ô Energie de mon Seigneur (…)
    Ce n’est pas assez que je meurs en communiant,
    Apprenez moi à communier en mourant.
    Pierre Teilhard de Chardin
    —————————
    Vieil homme recru d’épreuves, détaché des entreprises, sentant venir le froid éternel,
    mais jamais las de guetter dans l’ombre la lueur de l’espérance.
    Charles de Gaulle
    Page 238
    ——————————
    La mort ne nous concerne pas car tant que nous existons la mort n’est pas là et
    quand vient la mort nous n’existons plus.
    Epicure
    ———————————
    Il faut quitter la vie comme Ulysse quitta Nausicaa, en la bénissant et non amoureux
    d’elle.
    Nietzsche
    —————————–
    Je regarde le dernier coucher de soleil
    J’attends le dernier oiseau
    Je lègue le néant à personne
    Jorge Luis Borges
    ————————–
    Pourquoi nous disputer la montagne ou la plaine
    Notre tente est légère, un vent va l’enlever.
    La table où nous rompons le pain est encore pleine
    Que la mort, par nos noms, nous dit de nous lever!
    A. de Lamartine
    —————————
    « Le métier de vivre » comme disait Pavese, n’est pas autre chose que le « travail du
    deuil » comme disait Freud et c’est ce que François George résume en une phrase:
    « vivre c’est perdre ».
    André Comte-Sponville
    ——————————-
    La vie est une succession de séparations par lesquelles on ne cesse de grandir. A
    chaque instant on meurt à soi-même, à l’autre, au monde, au temps. (…) Le deuil
    comme un apprentissage, vivre malgré tout, car « vivre c’est perdre ».
    André Comte-Sponville
    ——————————
    Puis je regarderai
    Le haut de la colline
    Qui danse qui se devine
    Qui finit par sombrer
    Et dans l’odeur des fleurs
    Qui bientôt s’éteindra
    Je sais que j’aurais peur
    Une dernière fois.
    Jacques Brel
    Page 239
    —————————-
    Seigneur donne à chacun sa propre mort
    La mort que cette vie comporte
    Où il connut l’amour, le sens et la tendresse.
    Car nous ne sommes rien que l’enveloppe et la feuille.
    La grande mort, que chacun porte en soi,
    Elle est le fruit, elle est le centre.
    Rainer Maria Rilke
    ————————-
    Enfin hors d’atteinte
    Ni servitude, ni dépendance
    Que l’océan est calme,
    Qu’il est furieux, le vide
    Tessho
    ——————————-
    Quand je serai mort on ne me fera plus souffrir.
    Claudel
    ————————-
    Que nul ne meure qu’il n’ait aimé !
    Saint-John Perse
    ————————–
    Un jour, je pousserai la porte et je vous nommerai le monde des oiseaux par leurs
    plumages reconnus, les soirs d’été, l’eau sur toit, le soupir…
    Debout, réconciliée dans le visage des journées avec la maison noire dans le dos…
    Tellement j’ai espéré ce jour, tellement espéré.
    Jacques Bertin
    ——————————–
    Cinquante quatre ans
    Que j’accroche des étoiles dans le ciel
    Maintenant je saute au travers
    Quel fracas !
    Dôgen
    —————————
    Il est temps que parte l’oiseau. Le refuge bientôt sera vide. Le chant réduit au
    silence, le nid abîmé dans la poussière par le balancement des branches.
    Avec les feuilles mortes les fleurs fanées je m’envolerai au crépuscule dès l’aube
    dans le vide sans bornes par delà les rives du couchant.
    Que longtemps cette opulente terre m’offrit l’hospitalité, tantôt du prodigue printemps
    je reçus l’invite, capiteuse senteur des bourgeons des manguiers, la fleur d’ashoka
    me fit signe en demandant des airs que j’infusai d’amour; quelquefois sous l’orage
    battant de Baishakha, le sable brûlant m’étrangla la voix, me figea l’aile – de tout cela
    je suis heureux en hommage à la vie.
    Lorsque s’interrompt le périple épuisé de cette rive, me retournant le temps d’un
    instant d’un humble salut en adoration devant le Seigneur de cette existence, je m’en
    irai.
    Rabindranath Tagore
    Page 240
    —————————
  5. Mort : suicide…
    Le suicide n’est qu’un mal social et non pas un crime moral.
    Durkheim
    ——————————-
    Si je me suicide ce ne sera pas pour me détruire mais pour me retrouver
    complètement.
    Antoine Artaud
    ——————————
    L’homme qui attente à ses jours montre moins la vigueur de son âme que la
    défaillance de sa nature.
    Chateaubriand
    —————————-
    Nul n’éprouve de velléité du suicide qui ne soit une impulsion au meurtre d’autrui
    retourné contre soi-même.
    Freud
    —————————–
    Celui qui se suicide est le prisonnier qui, voyant que l’on dresse un gibet dans la
    cour, croit que c’est à lui qu’on le destine, s’évade la nuit de la cellule, descend dans
    la cour et se pend soi-même.
    Kafka
    —————————–
    Es-tu réduit à l’indignité ? Sors de la vie avec calme.
    Marc Aurèle
    ———————————-
    Défaite ou non du suicide cela a peu d’importance si, par son suicide, il a témoigné
    de deux choses : de son courage et de sa domination.
    H. de Montherlant
    ————————————
    Il te plaît de vivre, vis. Il te déplaît, retourne d’où tu viens.
    Sénèque
    ———————————-
    Le suicide procède de l’impuissance où l’on se trouve d’abolir exactement un certain
    mal.
    Paul Valéry
    ————————————
    En certaines situations il n’y a place que pour une alternative dont l’un des termes est
    la mort. Il faut faire en sorte que l’homme puisse choisir la vie.
    Sartre
    Page 241
    ———————————
  6. Mort des êtres aimés
    A l’heure de l’adieu, en partant loin de toi, mes yeux se sont vidés tout d’un coup de
    lumière, et je suis resté aveugle à force de pleurer.
    Hafiz
    ————————————
    Chaque nouveau mort en descendant dans notre souvenir dérange parfois ceux qui
    l’y ont précédé. Ils protestent, et ainsi se déroulent en nous de sourdes querelles
    d’ombres.
    Jean Rostand
    ————————————–
    Jusque-là, je n’avais jamais été intéressée par la mort. Je ne comptais pas avec elle.
    Seule la vie importait. La mort ! Un rendez-vous à la fois inéluctable et éternellement
    manqué, puisque sa présence signifie notre absence. Elle s’installe à l’instant où
    nous cessons d’être. C’est elle ou nous. Nous pouvons en toute conscience aller audevant
    d’elle, mais pouvons-nous la connaître, ne fût-ce que le temps d’un éclair ?
    J’allais être à tout jamais séparée de qui j’aimais le mieux au monde. Le « jamais
    plus » était à notre porte. Je savais que nul lien sauf mon amour, ne nous relierait. Si
    certaines cellules plus subtiles, que l’on appelle âme, continuent à exister, je me
    disais qu’elles ne pouvaient être douées de mémoire et que notre séparation serait
    éternelle…
    Je découvrais le malheur, il me fallait remonter jusqu’à mes souvenirs d’enfance,
    pour retrouver, insurmontablement, ce noir de nuit et de suie, ce sentiment
    d’enlisement, d’étouffement.
    Je t’ai trop aimé pour accepter que ton corps disparaisse et proclamer que ton âme
    suffit et qu’elle vit. Et puis comment faire pour proclamer: ceci est ton âme, ceci est
    ton corps. Ton sourire et ton regard, ta démarche et ta voix étaient-elles matière ou
    esprit ? L’un et l’autre, mais inséparables… Tu fus mon plus beau lien avec la vie. Tu
    es devenu ma connaissance de la mort. Quand elle viendra, je n’aurai pas
    l’impression de te rejoindre, mais celle de suivre une route familière déjà connue de
    toi.
    Anne Philippe
    ——————————–
    La séparation des corps est une détresse plus forte que toutes les idées,que tous les
    savoirs.Il suffit d’être en face du cercueil qui enferme un être aimé pour que continue
    ou commence à se dire tout ce qui n’avait pu être dit la veille.Qu’un vivant et un
    mort seuls peuvent se dire à la dernière minute toute une vérité de leurs vies
    croisées et indissolubles.Il nous reste l’essentiel.Tu peux partir,je peux
    rester,qu’importe la durée de moi « ici » de toi »là »,nous n’aurons jamais été aussi
    « embrassés ».
    Marc Oraison
    ————————————
    Un soir fait de rose et de bleu mystique
    Nous échangerons un éclair unique
    Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux.
    Baudelaire
    Page 242
    ————————————————–
    Nous aurons perdu jusqu’à la mémoire de notre rencontre.
    Pourtant nous nous rejoindrons pour nous séparer et nous rejoindre encore, là où se
    rejoignent les hommes trépassés: sur les lèvres des vivants.
    Samuel Butler
    —————————————
    (…)Qui maintenant meurt quelque part dans le monde
    Sans raison meurt dans le monde
    Me regarde
    R. M. Rilke
    —————————————————-
    L’acceptation est très difficile à décrire. Elle ressemble au tout premier âge de la vie
    où vous avez besoin qu’une personne aimante prenne soin de vous. Il faut avoir à
    porter quelqu’un qui n’a pas besoin de parler… C’est le temps où le silence va bien
    au delà des mots.
    Kubler-Ross
    ———————————-
    Accompagner ce n’est pas « prendre la place de l’autre » ; c’est favoriser
    l’établissement de cet espace (de temps, de respect, d’écoute ou de silence) où
    peuvent être entendus aussi bien la révolte que la résignation, les ruptures
    irréparables que les mots de pardon. C’est donner la possibilité que le Nom du sujet
    mourant ne soit gommé par la banalité ou par l’indifférence, mais qu’il puisse
    s’inscrire au terme du parcours de la vie, comme la signature du peintre vient sceller
    une oeuvre accomplie.
    Pierre Bellais et Christian Biot
    ——————————–
    Chacun de ceux que nous avons aimés emporte avec lui un peu de notre secret.
    Jean Rostand
    ———————————
    Aussi faut-il aimer en pure perte, toujours, et cette très pure perte de l’amour c’est le
    deuil lui-même et l’unique victoire. Vouloir garder c’est déjà perdre, la mort ne nous
    prendra que ce que nous avons voulu posséder.
    André Comte-Sponville
    ———————————–
    Derniers instants, murmure ému ou cri dicté par le désarroi…
    Michel Leiris
    ——————————–
    Quelque expérience que nous ayons acquise en ce domaine il n’est guère possible
    de prévoir ce que va nous devenir un être une fois que nous l’avons perdu.
    Jean Rostand
    Page 243
    ——————————-
    Les morts les pauvres morts ont de grandes douleurs
    et quand octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
    son vent mélancolique à l’entour de leur marbre
    Certes ils doivent trouver les vivants bien ingrats
    A dormir comme ils font chaudement dans leurs draps.
    Charles Baudelaire
    ————————————
    Si j’ai voulu faire parler ces enfants malades,
    si j’ai rapporté leurs mots, leurs paroles, leurs silences parfois, c’est pour dénoncer le
    silence, la méconnaissance, le leurre dont l’adulte fait rempart entre l’enfant et la
    mort, entre la mort et lui-même, en vérité. Ces paroles les enfants les pensent. Mais
    elles ne peuvent être entendues et recueillies que par ceux, enfants ou adultes, qui
    acceptent d’entrer dans ces pensées. Si l’enfant ne rencontre personne capable de
    le rejoindre, s’il ne rencontre que silence et mensonge, lui aussi se tait.
    Ginette Raimbault
    ————————————-
    (…)Tous ceux enfin dont la vie un jour ou l’autre ravie
    Emportent une part de nous
    Semblent dire sous la pierre: vous qui voyez la lumière
    De nous vous souvenez-vous?
    Brassens
    ———————————
    Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d’inoubliables
    chagrins. Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants.
    Marcel Pagnol
    ———————————-
    Tout être cher avec lequel nous avons lié une grande intimité nous imprègne, nous
    transforme. Il arrive que le dialogue qui s’instaure est un vrai dialogue de soi avec
    l’autre, l’être aimé continue de poursuivre en nous sa vie intellectuelle, affective, et
    sensible et pour ainsi dire de s’y développer encore pour son propre compte.
    Vercors
    ————————
    C’est la saison où tout tombe
    Aux coups redoublés des vents
    Un vent qui nous vient de la tombe
    Moissonne aussi les vivants…
    Brassens
    —————————
    Sa mort nous sépare. Ma mort ne nous réunira pas. C’est ainsi, il est déjà beau que
    nos vies aient pu si longtemps s’accorder.
    Simone de Beauvoir
    Page 244
    ———————————
    Le vrai tombeau des morts est le coeur des vivants.
    Edouard Herriot
    —————————————-
    Si nous n’avons pas su toujours écouter leur bouche de chair ils nous parlent
    aujourd’hui pourvu que nous fassions en nous le silence. Ils nous pressent de
    considérer les vivants avec indulgence et compréhension, de voir les gens avec leurs
    beaux et bons côtés. Faut-il qu’ils nous soient aussi retirés pour que nous prenions
    conscience de ce qu’ils représentent pour nous?
    Article il y a bien longtemps dans « Elle »
    —————————————–
    Chaque jour je pense à « mes » morts. Penser aux morts c’est assurer, pour son
    temps de vie, la survie des gens qu’on a aimés en attendant que d’autres le fassent.
    François Mitterrand
    ———————————-
    Certaines morts, mieux que d’autres,
    nous enseignent la mort.
    Jean Rostand
    ——————————
    Nos morts continuent à vieillir avec nous.
    Pablo Picasso
    ——————————
    Que peut-on dire, expliquer, comprendre, lorsque la mort vous arrache l’être aimé ?
    La vie quitte aussi ceux qui restent. Partout il me semble n’être qu’à demi. Le chagrin
    est insurmontable. La révolte me fige. Comme vous j’ai pensé au suicide. Certains
    me disent aujourd’hui que l’espoir est une herbe qui pousse entre les tombes. Mais
    comment continuer la chaîne des gestes quotidiens ? Comment étouffer ces
    questions : pourquoi, à quoi bon, que dois-je faire ? Comme dit Rilke : jouons la vie.
    Catherine Jajolet
    ——————————
    Adieu, je m’ennuie déjà.
    Derniers mots à l’heure de la mort de deux personnes qui s’aiment
    ——————————-
  7. Mort et humour
    Il faut rire avant d’être heureux de peur de mourir sans avoir ri.
    Jean de la Bruyère
    ——————————-
    On ne meurt qu’une fois, et c’est pour si longtemps!
    Molière
    ——————————
    Ces mains qui ferment mes yeux et qui ouvriront mes armoires.
    Sacha Guitry
    ———————————-
    Mes chers amis, je m’en vais ou je m’en va car l’un et l’autre se dit ou se disent.
    Nicolas Beauzée , grammairien
    ———————————-
    On demanda à M. de Fontenelle mourant : « Comment cela va-t-il ? ». « Cela ne va
    pas, dit-il, cela s’en va. ».
    Chamfort
    ———————————–
    Les morts n’ont pas de voix, heureusement. Si les morts pouvaient se plaindre…
    quelle clameur, on ne s’entendrait plus vivre !
    Georges Duhamel
    ——————————-
    La vie est une maladie héréditaire, sexuellement transmissible et mortelle.
    Woody Allen
    ———————————
    Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon vous n’en sortirez pas vivant.
    Bernard le Bovier de Fontenelle
    —————————————
    Les frères se pressaient autour du mourant et pleuraient.
    Mais il ouvrit les yeux et se mit à rire trois fois
    « Dis nous, frère, pourquoi ris-tu alors que nous pleurons ? »
    Il leur répondit : « La première fois j’ai ri parce que vous craignez la mort. La
    deuxième fois j’ai ri parce que vous vous n’êtes pas préparés à la mort. Et la
    troisième fois parce que je quitte mes peines pour le repos. »» A peine eut-il
    prononcé ces paroles qu’il ferma les yeux et mourut.
    Sagesse Zen
    Page 245
    —————————–
    Lorsqu’il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites
    Que ce soit par un jour où la campagne en fête
    Poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas,
    Choisir un chemin pour aller, comme il me plaira,
    Au Paradis où sont en plein jour les étoiles.
    Je prendrai mon bâton et sur la grande route
    J’irai et je dirai aux ânes, mes amis :
    Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis
    Car il n’y a pas d’enfer au pays du Bon Dieu. (…)
    Mon Dieu, faites qu’avec ces ânes je vous vienne.
    Faites que dans la paix des anges nous conduisent,
    Vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises
    Lisses comme la chair qui rit des jeunes filles,
    Et faites que, penché dans ce séjour des âmes,
    Sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes
    Qui mireront leur humble et douce pauvreté
    A la limpidité de l’amour éternel.
    Francis Jammes
    ——————————-
    Quelle chance d’être venu sur la terre pour se poser cette simple question :
    « Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » C’aurait été dommage de
    manquer cela.
    Georges Mounin
    ———————————
    Il avait fait écrire sur sa tombe : « Je vous avais bien dit que je n’allais pas bien ! »
    Muriel Robin
    ——————————
    Tout dans la vie est une affaire de choix, ça commence par la tétine ou le téton,
    ça se termine par le chêne ou le sapin
    Pierre Desproges
    —————————
    Il faut mourir aimable
    si on le peut.
    Joubert
    ———————————–
    Ce n’est pas que j’aie vraiment peur de mourir, mais je préfère ne pas être là quand
    ça arrivera.
    Woody Allen
    ———————————–
    L’éternité c’est long, surtout vers la
    fin.
    Woody Allen
    ———————–
    A l’éternelle et triple question toujours demeurée sans réponse : qui sommes-nous ?
    D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Je réponds : en ce qui me concerne
    personnellement je suis de chez moi, je viens de chez moi et j’y retourne.
    Pierre Dac
    Page 246
    ————————————
  8. Mort : sens… quel sens ?
    Ce fut le mérite d’Edgar Morin d’avoir su tracer les grands moments historiques de
    l’évolution de la mort qui s’articule en trois temps :
    – Dans les sociétés archaïques les hommes répugnaient à l’idée d’une destruction
    définitive, la mort n’est qu’une renaissance. D’où l’idée que les disparus vivent
    ailleurs de leur vie propre, des vivants invisibles, il ne s’agit pas d’esprits, il s’agit de
    doubles, de spectres ayant formes de fantômes qui accompagnent le vivant dans son
    existence, ses rêves, se prolongent dans son ombre, son souffle, pouvant être aussi
    une partie de son corps..
    C’est l’amortalité (double) égyptienne, romaine, et aussi des hébreux et des Perses.
    – Dans les sociétés métaphysiques on assiste à une séparation radicale des vivants
    et des défunts. A l’intérieur du monde des morts il y a des grands morts dont certains
    accèdent au titre de dieux. On en arrive à concevoir l’existence de morts jamais nés
    et de vivants jamais morts. Ainsi s’épanouit du double au dieu, en passant par le
    mort-ancêtre-dieu, la divinité potentielle du mort. La notion d’esprit prend peu à peu
    son sens, comme celle d’âme. L’immortalité véritable (esprit) remplace l’amortalité
    (double). Les religions du salut prennent dès lors naissance. L’idéal platonicien, la
    quête du salut des chrétiens, la recherche ascétique du nirvâna ou de l’Un-Tout dans
    les systèmes de pensée orientaux illustrent cette tendance.
    – Dans les sociétés modernes l’homme ne se laisse plus envahir par les doubles et
    les esprits. Au nom de la science (Marx) ou plus simplement pour déborder sa propre
    angoisse (Nietzsche) il proclame la mort de Dieu. Les progrès des techniques, le
    développement de l’esprit critique, le déploiement de l’individualisme et de la
    concurrence (rentabilité, profit) laissent l’individu seul. Le salut, s’il existe, ne peut
    être qu’en lui, comme la mort reste sa mort qu’il doit affronter seul sans l’aide de
    Dieu. A partir de la seconde moitié du XIXe une crise de la mort commence. Il existe
    une tentative de « dépassement » de cette crise qui s’exprime de quatre façons :
    Ou bien la mort sera ignorée, rejetée parce que hors des atteintes de l’énergie
    pratique de l’homme (la praxis révolutionnaire n’a que faire d’elle. – Marx)
    Ou bien on la reconnaîtra comme le non-sens, la négation de mes possibilités, leur
    néantisation(J. P. Sartre)
    Ou bien c’est dans l’acte d’assumer notre « être-pour-la-mort » que nous trouverons
    l’authenticité : « L’Etre authentique pour la mort est le fondement caché de
    l’historicité de l’homme ». (Heidegger)
    Ou bien la peur de la mort c’est au fond celle de notre propre irréversibilité dans le
    temps (Freud).
    Louis-Vincent Thomas
    ——————————-
    La mort on peut en parler avant qu’elle ne se produise mais on ne sait rien sur elle.
    Après on saurait peut être quelque chose mais on ne peut plus parler. Il reste
    l’instant du « mourir ». Comment parler de la mort dans l’instant de la mort ? Il m’a
    fallu tout un livre pour l’expliquer. La mort n’est pas un grand voyage, elle n’est pas
    semblable au sommeil. Elle n’est pas une maladie. C’est la maladie des maladies. La
    mort c’est la maladie des bien portants et des malades.
    Vladimir Jankélévitch
    Page 247
    —————————–
    Ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort.
    Antoine de Saint-Exupéry
    —————————–
    La mort est ce qui transforme la vie en destin.
    André Malraux
    —————————
    Vivre c’est naître sans cesse. La mort n’est qu’une ultime naissance, le linceul notre
    dernier lange.
    Marcel Jouhandeau
    —————————
    L’aveu de notre ignorance, même concernant la vie future, me semble plus louable
    que certaines théologies pompeuses bâties par les théologiens. Après la mort j’ai le
    droit d’espérer en une vie future, mais non d’affirmer son existence. Je me rappelle
    un mot de Forrow, un ami d’Emmerson. Durant son agonie de bonnes gens
    espéraient une révélation du mourant. Forrow, plein d’esprit répondit simplement :
    One world in the time, « un monde à la fois ». Voilà qui est honnête et courageux.
    Théodore Monod
    ———————————
    Quand on est mort c’est pour toute la vie.
    Azouz Begag
    ——————————–
    Devant cet entassement de tombes on dirait que les gens n’ont d’autre souci que de
    mourir.
    Emile Cioran
    ————————————-
    Il nous faut vivre d’amour, d’amitié, de défaites
    Donner à perte d’âme, éclater de passion
    Pour qu’on puisse écrire à la fin de la fête
    Quelque chose a changé pendant que nous passions.
    Serge Reggiani
    ——————————–
    Toute notre culture n’est qu’un immense effort pour dissocier la vie de la mort.
    Capitalisme et communisme sont une même tentative d’abolition de la mort par
    l’accumulation, selon le même schéma fantastique d’une éternité d’accumulation et
    de forces productives.
    Jean Baudrillard
    ———————————
    Le fait d’avoir été est inaliénable. Le mort ne peut revenir à la vie mais celui qui a
    vécu ne retombera plus jamais dans le néant prénatal: l’irréversibilité qui empêche sa
    résurrection, empêche sa nihilisation. Du moment que quelqu’un est né, a vécu, il en
    restera toujours quelque chose même si on ne peut dire quoi. (…) Jusqu’aux siècles
    des siècles il faudra tenir compte de ce mystérieux « avoir-été ». (…) On ne dirait pas
    « il n’est plus » s’il n’avait jamais été. Métaphysique est la différence entre « il n’est
    plus » et « il n’est pas » ; le « plus rien » est distinct à jamais du néant pur et simple ;
    il est sauvé de l’inexistence éternelle, sauvé pour l’éternité.
    V. Jankélévitch
    Page 248
    ——————————-
    Mourir c’est pour mon corps se dissoudre. Les atomes qui le constituent poursuivront
    leur aventure commencée il y a quinze milliards d’années ; cette aventure a
    comporté un épisode pour eux sans importance, participer à la constitution de mon
    organisme, elle continuera, aveugle, sans projet, sans signification, jusqu’à la
    disparition de toute matière dans un espace étiré à l’infini ou ramené à une
    dimension nulle.
    Mais, pour ce qui en moi est autre « chose » que ces atomes, mourir c’est échapper
    au temps. Souvenons-nous de Saint-Augustin : « Ce qui nous autorise à affirmer que
    le temps est, c’est qu’il tend à n’être plus ». Plutôt que de demander à la mort où est
    sa victoire, il nous faut l’accueillir comme l’alliée qui nous permet de remporter la
    victoire sur le temps. Evènement décisif qui peut être salué comme l’équivalent d’un
    big-bang personnel.
    « L’esprit est un palais formé de miroirs fécondés par une lampe solitaire qu’ils
    enfantent à l’infini ». Cette définition, dont je recherche sans succès l’auteur, décrit
    fort bien la conscience : l’aller et retour sans fin d’un je ne sais quoi rebondissant sur
    des parois à l’étrange pouvoir (…)
    Le labyrinthe disparaît, dans lequel je me suis perdu, allant de reflets en reflets, à la
    recherche de la lampe solitaire toujours échappée ; les miroirs se brisent et
    fournissent des éléments qui en reconstituent d’autres. Qu’importe, si la lampe brille,
    et participe à la lumière.
    Albert Jacquard
    ————————————–
    La mort m’impose la conscience de la finitude de mon existence. Elle confère à
    chacun de mes actes une incomparable dignité et à chaque instant qui passe son
    unicité. Dans la durée floue, elle me singularise. Sans elle je ne serais, au sens
    précis du terme, personne.
    Jean Ziegler
    —————————————–
    L’homme libre ne pense à rien moins qu’à la mort, et sa sagesse est une méditation
    non de la mort mais de la vie.
    Spinoza
    ————————————————–
    « De la mort apprivoisée » (Philippe Ariès) vécue parce qu’elle reflète les solidarités
    sur la terre comme au ciel, à la solitude du mourant dans nos sociétés modernes, un
    parcours de longue durée pose à l’historien une vraie question : y a-t-il jamais eu un
    âge d’or de la mort?
    Michel Vovelle
    ———————————–
    Né aux Etats-Unis où il a prospéré, diffusé aujourd’hui dans tout l’Occident, un
    commerce de la mort s’est érigé en système. La tombe est devenue l’objet de
    spéculation immobilière, les apprêts du cadavre et la funéraille une mine de services
    et de produits de plus en plus sophistiqués. La vie humaine a son prix, le corps
    humain, même mort, peut devenir à son tour une marchandise.
    Michel Vovelle
    Page 249
    Par delà la diversité des gestes et des rituels hors de l’Occident Chrétien, se dessine
    un trait universel : la croyance aux devoirs dus aux morts. Et sous le discours plaqué
    de la religion (comme au Mexique, par exemple), la présence de ce peuple de morts
    conviviaux ou hostiles, qu’il convient d’apaiser ou d’exclure, est constante.
    Michel Vovelle
    —————————–
    La mort ne nous concerne pas car tant que nous sommes la mort n’est pas. Et quand
    la mort est, c’est nous qui ne sommes plus.
    Epicure
    —————————
    Si nous savions pourquoi nous allons du berceau à la tombe nous chanterions sur la
    route comme des enfants qui jaillissent de l’école.
    Maeterlink
    —————————-
    Elle est retrouvée !
    -Quoi ? L’Eternité
    C’est la mer mêlée
    Au soleil
    Arthur Rimbaud
    —————————–
    En quart monde la mort et l’enterrement sont la seule occasion d’avoir une vie
    publique. C’est une façon pour les pauvres de montrer qu’ils croient encore en euxmêmes.
    Un volontaire d’Aide à Toute Détresse
    ————————————-
    Si l’on prêche que Jésus est ressuscité des morts comment certains d’entre vous
    prétendent-ils qu’il n’y a pas résurrection des morts ? Sans résurrection des morts
    pas de Résurrection du Christ.
    Saint Paul
    ————————–
    Nier sa mort dans le fil quotidien de notre vie c’est vivre en somnambule de
    l’existence. Projeter sa mort sur l’autre – ennemi – c’est en venir à la violence.
    L’homme s’accommode généralement de cette double duperie: celle du déni de la
    mort ou de sa projection sur l’autre. La troisième attitude: l’assumer, c’est sur ce
    chemin que s’édifie la non-violence. Y a-t-il démarche plus authentiquement humaine
    que d’assumer cette mort dans ma vie au point que je puisse la brandir devant tous
    quand je ne supporte plus que la vie soit bafouée?
    Jacques Semelin
    ————————————–
    Accepter de quitter la vie avec la paix de qui se met complètement au monde avant
    de disparaître.
    Michel de M’uzan
    Page 250
    ——————————–
    Toi qui est paralysé prend ton lit, ton grabat sur tes épaules, lève-toi et marche.
    Aucun homme n’est fait pour rester à l’endroit où il se trouve, aucun homme, aucune
    femme, aucun né de l’homme et de la femme n’est condamné à ne pas dépasser
    largement ses frontières. Chacun est destiné à parcourir avec tous l’immense
    étendue de l’histoire des siècles, à vivre la longue marche de la libération unanime.
    Et, à l’heure qualifiée de dernière, où la mort t’a couché sans espoir d’un retour aux
    vies habituelles, tu n’en finiras pas de te lever encore pour fouler les terres
    innombrables de ceux que tu fis proches, les sols et l’horizon de tes mises en
    commun.
    Jean Cardonnel
    ———————————
    Alors Almitra parla, disant, nous voudrions maintenant vous questionner sur la Mort.
    Et il dit :
    Vous voudriez connaître le secret de la mort.
    Mais comment le trouverez-vous sinon en le cherchant dans le coeur de la vie ?
    La chouette dont les yeux faits pour la nuit sont aveugles au jour ne peut dévoiler le
    mystère de la lumière.
    Si vous voulez vraiment contempler l’esprit de la mort, ouvrez amplement votre coeur
    au corps de la vie,
    Car la vie et la mort sont un, de même que le fleuve et l’océan sont un.
    Dans la profondeur de vos espoirs et de vos désirs repose votre silencieuse
    connaissance de l’au-delà,
    Et tels des grains rêvant sous la neige, votre coeur rêve au printemps.
    Fiez-vous aux rêves, car en eux est cachée la porte de l’éternité.
    Votre peur de la mort n’est que le frisson du berger lorsqu’il se tient devant le roi dont
    la main va se poser sur lui pour l’honorer.
    Le berger ne se réjouit-il pas sous son tremblement, de ce qu’il portera l’insigne du
    roi ?
    Pourtant n’est-il pas plus conscient de son tremblement ?
    Car qu’est-ce que mourir sinon se tenir dans le vent et se fondre dans le soleil ?
    Et qu’est-ce que cesser de respirer, sinon libérer le souffle de ses marées inquiètes,
    pour qu’il puisse s’élever et se dilater et rechercher Dieu sans entraves ?
    C’est seulement lorsque vous boirez à la rivière du silence que vous chanterez
    vraiment.
    Et quand vous aurez atteint le sommet de la montagne, vous commencerez enfin à
    monter.
    Et lorsque la terre réclamera vos membres, alors vous danserez vraiment.
    Khalil Gibran
    ————————–
    « La mort transforme la vie en destin » disait Malraux. Ce jugement n’est pas
    recevable par un non-violent. Dans la non-violence la mort ne peut plus être vécue
    comme une impasse à la vie, autant injuste qu’absurde. Le fait d’assumer sa mort
    renouvelle et élargit l’espace de la liberté humaine, celle de la non-violence.
    Jacques Semelin
    Page 251
    ——————————-
    Ma vie a sa dimension d’éternité non pas après cette vie mais au-delà d’elle, mais ici
    et maintenant lorsque je suis responsable d’un projet qui me dépasse. Ce contre quoi
    nous avons à lutter c’est contre la mort prématurée d’êtres jeunes, plein de
    possibles. Mais la mort d’un vieillard n’est pas une malédiction. A mesure que je
    vieillis je participe de moins en moins à la création et vient l’impossibilité réelle d’un
    projet. Ma mort est, dans ce mouvement, un passage à la limite. Une seule chose est
    sûre: on ne peut y faire face à partir d’une conception individualiste de la vie. Car
    l’individualisme nous fournit l’image même de la mort: la séparation.
    Jean Cardonnel
    ——————————-
    Mort et amour de la vie. Un mandarin chinois proposa une fois au gouverneur d’une
    province cette mesure qui ne tarda pas à être adoptée. Au moment où la victime
    devait poser la tête sur le billot pour que le bourreau puisse la trancher un cavalier
    harnaché arrivait au grand galop et criait : Arrêtez ! Le gouverneur a gracié le
    condamné à mort ! Et à cet instant d’euphorie suprême, le bourreau tranchait la tête
    de l’heureux mortel.
    Kostas Axelos
    ——————————
    Glèbe dont nous sommes faits, argile modelé à la forme de nos corps, geste de la
    terre jetée sur les disparus, geste aussi de la vie que des mains ridées refermées sur
    ce morceau de sol.
    H. Anglard
    ——————————
    L’affreux en mourant c’est de disparaître sans avoir compris. Le crime de la mort
    n’est pas qu’elle nous tue mais qu’en tranchant notre angoisse elle lui confère
    l’éternité.
    Jean Rostand
    ——————————-
    Père, père, écoute… La lumière est pour les vivants le plus doux des biens et pour
    les morts il n’y a plus rien.
    Euripide
    —————————
    La vie dépense sans compter pour permettre aux espèces de survivre, d’évoluer…
    mais vers quel rendez-vous ? Nous ne le savons pas. En tant qu’individus nous
    sommes uniques, irremplaçables : en cela, la promesse des grandes religions est
    tenue. Mais nous assistons au naufrage de l’individu pour la plus grande gloire de
    l’espèce. La mort est donc un échec, d’une certaine manière, mais elle donne de
    nouvelles chances à la vie, par le « recyclage » de chaque atome, de chaque
    molécule qui sert des milliers de fois. L’échec est dépassé finalement par le grand
    dessein mystérieux de la vie.
    Maurice Marois
    ———————————
    Page 252
    ———————————————
    Soyez comme l’oiseau
    Posé un instant
    Sur des rameaux
    Trop frêles
    Qui sent plier
    La branche
    Et qui chante
    Pourtant
    Sachant qu’il a
    Des ailes.
    Victor Hugo
    ————————————
    III-AUTRE SOUFFLE ?
    AILLEURS ?!…
    Je sens en l’âme une éternelle mèche
    Toujours flambante
    Au milieu de mon coeur.
    Pierre de Ronsard
    ———————————
    Je suis parvenue sur le bord de l’éternité, d’où jamais rien ne se dissipe – nul
    bonheur, nul souvenir de visage entrevu à travers des larmes.
    Oh ! Trempe dans cet océan ma vie creuse, plonge-la dans le sein de cette
    plénitude, et que cette caresse perdue, je la ressente dans la totalité de l’univers.
    Rabindranah Tagore
    ———————————-
    Ressusciter c’est échanger sa condition de mort contre une autre vie de
    vivant,sans ombre,ailleurs.Et cela est plus juste,plus quotidien,plus vrai,du
    miracle de l’amour que des murs de Jéricho de la science et du savoir.Jésus-
    Christ ,lui-même,n’en a tenu aucun compte qui n’a jamais voulu être prouvé ni
    rien garantir que la tendresse qui renvoie toutes les violences au delà des lieux
    de supplice des hommes.
    L’amour ne parle peut-être pas plus que la mort,ce sont les deux seules
    immenses extrémités humaines qui se touchent et par quoi nous existons
    grands ouverts à l’éternité si elle veut bien de nous.Il n’y a peut-être pas de
    mystère de la mort,il n’existe que des amours.Et la certitude charnelle que
    nous n’avons jamais cru en vain à l’amour quand bien même la mort nous
    l’arrache.Elle ne nous prend rien puisque nous aimons.Nous sommes déjà
    ailleurs;Et Christs.
    Marc Oraison
    ————————————-
    Savoir que nous ne sommes pas emprisonnés,
    Savoir qu’il y a une issue,
    Et de l’air,
    Et de la lumière et de l’amour
    Quelque part au delà de toute mort,
    Le savoir sans illusion, sans fiction,
    Voilà ce dont sous peine de devenir asphyxiés
    Par l’étoffe même de notre être
    Nous avons absolument besoin
    Teilhard de Chardin
    Page 253
    ————————————-
    Ma poésie infortunée
    Aura-t-elle mes yeux pour voir ?
    Garderai-je odeurs et couleurs
    Lorsque, détruit, je dormirai ?
    Pablo Neruda
    —————————–
    Ce que j’ai gardé je ne l’ai plus
    Ce que j’ai dépensé je l’ai eu
    Ce que j’ai donné je l’ai
    Lu sur une tombe
    ———————————-
    Quelqu’un meurt, et c’est comme des pas qui s’arrêtent…
    Mais si c’était un départ pour un nouveau voyage?
    Quelqu’un meurt, et c’est comme un arbre qui tombe…
    Mais si c’était une graine germant dans une terre nouvelle?
    Quelqu’un meurt, et c’est comme une porte qui claque…
    Mais si c’était un passage s’ouvrant sur d’autres paysages?
    Quelqu’un meurt et c’est comme un silence qui hurle…
    Mais s’il nous aidait à entendre la fragile musique de la vie?
    Pierre Bartoli
    ————————————–
    La pensée humaine n’a jamais cessé au cours des temps d’imaginer ou de concevoir
    des systèmes de croyances qui aident à supporter la mort.
    – La mort-renaissance : le mort humain, immédiatement ou plus tard, renaît en un
    vivant nouveau, enfant ou animal (conceptions premières de la mort).
    – La négation de la mort : la mort n’est rien. Tout cesse avec elle et la crainte de l’audelà
    n’est donc qu’une vaine crainte (Epicure).
    – La dédramatisation de la mort : Dieu existe, donc il ne peut rien arriver de mal à
    l’homme juste après sa mort. (Socrate). L’existence ici-bas est une propédeutique
    pour l’au-delà : un nouveau monde nous attend (Sénèque). Cette dédramatisation
    est très présente dans l’Antiquité.
    – L’amortalité : est une période indéfinie mais pas nécessairement éternelle. Les
    morts mangent, s’aiment (cf. Afrique noire animiste). Le double s’intériorise, et
    devient une âme immortelle (à Thèbes).
    – L’immortalité : En Egypte le droit à l’immortalité est reconnu avec foi : d’abord
    réservé aux pharaons, il est reconnu à tous les égyptiens en 2000 avant notre ère.
    L’âme, le double ne sont pas détruits par la mort.
    La philosophie grecque, à son tour, fait de l’immortalité de l’âme une idée force (cf. le
    Phédos de Platon).
    Page 254
    Les bouddhistes pensent que le corps de l’homme contient une âme immortelle.
    Les religions du salut (islam, christianisme surtout) développent cette croyance en
    l’immortalité de l’âme en y ajoutant la notion de résurrection.
    – La résurrection des morts : Dans le christianisme elle réhabilite le corps et l’associe
    au destin de l’âme. « Vos corps vivront » prophétisait Isaïe. Le pêché a introduit la
    mort mais la rédemption (mort féconde du Christ) permet de la transcender : elle
    devient la transition nécessaire pour atteindre le salut qui est la vision de Dieu. Pour
    l’Islam aussi : la résurrection des corps est une idée maîtresse : chacun sera jugé.
    Mais il n’y a pas de rédemption et la vision de Dieu ne constitue pas l’essence de la
    béatitude éternelle.
    Le monde moderne retrouve à sa manière le thème de la résurrection avec la
    pratique encore très limitée de la cryogénisation : des cadavres attendent dans un
    bain d’azote liquide le moment où on est censé les ramener à la vie.
    – La fusion dans l’Un-Tout : Dans le brahmanisme il y a identité du moi profond et du
    principe fondamental de l’univers. La transmigration des âmes est en référence
    directe avec les actes des existences antérieures. Le salut réside dans la libération
    de celles-ci puisque le perpétuel recommencement d’existence est un perpétuel
    recommencement de souffrance. Ainsi il faut attendre l’absolu véritable. Pour arriver
    à l’immortalité il faut détruire en soi tout désir. Dans le Bouddhisme : alors que le
    brahmanisme vise la saisie de l’Etre, le bouddhisme s’attache plutôt à l’appréhension
    du devenir. La sagesse ne peut être que « l’anéantissement du désir, de la haine et
    de l’égarement »(nirvâna). Puisque la vie entraîne la mort et que la renaissance
    réintroduit le malheur de vivre pour mourir, le nirvâna est une protestation contre
    l’inévitabilité de la mort individuelle. Le torrent de l’être est arrêté, il n’y a plus de
    renaissance. Brahmanisme et bouddhisme refusent donc l’existence individuelle au
    profit de la grande vie cosmique.
    Louis-Vincent Thomas
    ———————————
    Matin de Pâques, entraîne-nous dans le printemps du monde. Explose en bourgeons
    d’espérance aux mille fleurs des étoiles. Roule la lourde pierre qui entrave nos vies
    et jette nous dans ton éternité.
    Albéric de Palmaert
    —————————————–
    Il n’y a pas de morts Seigneur
    Il n’y a que des vivants sur notre terre et au-delà.
    La mort existe Seigneur
    Mais elle n’est qu’un moment
    Un instant, une seconde, un pas,
    Le pas du provisoire au définitif
    Le pas du temporel à l’éternel.
    Ainsi meurt l’enfant quand naît l’adolescent
    La chenille quand s’envole le papillon
    Le grain quand s’annonce l’épi.
    Mais où sont-ils Seigneur ceux que vivants j’ai chéris?
    Seigneur ils sont près de moi mes morts,
    Je ne les touche plus de mes yeux
    Mais en toi Seigneur je les entends qui m’appellent
    Je les rencontre quand je te rencontre
    Je les aime lorsque je t’aime.
    Michel Quoist
    Page 255
    ———————————–
    Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts et qu’ils revivent.
    Ezéchiel
    —————————–
    Comment je pense à la mort? Je vais essayer une comparaison. Je me trouve dans
    la même situation qu’un enfant dans le sein de sa mère. Il doit éprouver une grande
    angoisse au moment où il sent qu’il se passe quelque chose dont il ne peut avoir
    aucune idée. Il va sortir de cette chaleur et de cette nuit, il va jaillir dans l’inconnu, il
    va savoir ce que cela veut dire vivre. Mourir c’est naître.
    Jacques de Bollardière
    ——————————-
    LE DERNIER MOT
    On dit quelquefois que le dernier mot est le bon, en tous les cas il peut être
    symbolique. Le dernier mot d’Hamlet était « silence », le dernier mot d’Harpagon était
    « cassette », le dernier mot de Cyrano était « panache ». Le premier mot de ce livre
    était « marché mondial », le dernier mot pourrait être « humanité » ou « amour »
    mais le dernier mot sera le vôtre :
    Page 256
    —————————————–
    INDEX (à repaginer)
    Acteur33
    Amitié 218
    Amour 207,223
    Argent 12
    Armes 59
    Art 228
    Association 25
    Autonomie 173
    Autres 219
    Avenir 237
    Beauté 141,228
    Besoin 15,41
    Bien 12,187
    Bonheur 201
    Choisir 129
    Chômage 49
    Citoyen(e)
    Civilisation 249
    Climats
    Classe sociale
    Colère
    Compétition
    Complexes scientifiques et industriels 12,26
    Confiance
    Conflit 99
    Corps
    Page 257
    Corruption 14
    Couple
    Courage 178, 181, 185
    Course aux armements
    Création 110
    Crimes contre l’humanité
    Crimes de guerre 64
    Crimes de génocide
    Crise 40
    Croissance 42
    Débâcle écologique 43
    Décroissance 42
    Démocratie 85
    Démographie 46
    Désespoir
    Désir 130
    Désobéissance 42
    Destruction de masse 62
    Développement 40
    Développement durable
    Devoir d’action
    Devoir de mémoire 124
    Dialogue 121
    Dieu 116
    Différence 34
    Domination 47
    Donner 206
    Douceur
    Douleur 192
    Doute 112
    Droit 90
    Droit de l’homme 52,89
    Eau
    Echec 183
    Ecologie 73,77
    Ecouter 119
    Page 258
    Ecrire 122
    Education 194
    Egalité 88
    Enfants 191
    Ennemis 58
    Enseignement
    Environnement
    Erreur 112
    Esclave
    Espoir 143
    Espérance 141
    Esprit critique 109
    Essentiel 133
    Etats 18
    Ethique 163
    Ethnocide 62
    Exclusion
    Explosion démographique 46
    Faim 49
    Fatalité
    Féminisme
    Femme 82,215
    Fête 199
    Fidélité 177
    Fins et moyens 71
    Firme multinationale 28
    Fleur
    Foi 226
    Force
    Fraternité
    Générations futures
    Génocide 63
    Globalité 110
    Goutte d’eau
    Guerre 56,92
    Haine 53
    Page 259
    Hasard 131
    Hier
    Homme
    Humanité 38
    Humilité 112
    Humour 150,260
    Idéalisme
    Imagination 110,135
    Inégalités 48
    Injustices
    Intelligence 115
    Interdépendance 41
    Interdisciplinarité
    Intérêt 50
    Jeu 197
    Jeunesse 243
    Joie 198
    Justice 81
    Libéralisme
    Libération
    Liberté 85
    Long terme 76,239
    Maladie
    Marché mondial 12
    Mariage 215
    Médias 30
    Mégalopoles
    Mémoire 124
    Méthode 114
    Militarisation
    Minorités
    Misère 47
    Mondialisation
    Mort 96, 249, 256
    Moyens (rapports avec les fins) 24,71
    Nation
    Page 260
    Nations Unies 24
    Nature 73,239
    Non–discrimination
    Non-violence 100
    Nord-Sud
    Nucléaire 60
    Obéissance
    Objection de conscience
    Opprimés 81
    Optimisme 141
    Organisations internationales 24
    Organisations non gouvernementales 25
    Pacifisme 32,95
    Pain
    Paix 92,96
    Pardon 103
    Parents 193
    Paresse 241
    Parler 119
    Parler (se) 214
    Partage 81
    Patience 147
    Pauvreté 47
    Penser 109
    Personnes 33
    Pessimisme 142
    Peuples 36
    Peur 157
    Philosopher
    Plaisir 208
    Politique 20
    Pouvoir 22
    Précaution
    Premier pas 128
    Présent
    Productivisme 46
    Page 270
    Progrès 9
    Questionnement 106
    Racisme 54
    Réalisme 135
    Reconversion 97
    Régime autoritaire 55
    Régime politique
    Règlement conflit
    Résignation 126
    Résistance 88,166
    Responsabilité 172
    Résurrection
    Rêve
    Révolte 160
    Risque 174
    Sagesse 153
    Sens
    Sexualité
    Science 26,79
    Scientisme 79
    Silence 122
    Socialisme
    Solidarité 169
    Solitude 178
    Sommeil 242
    Souffles du monde
    Souffles (le notre)
    Souffles (un)
    Souffrance 179
    Succès 183
    Suicide 255
    Techno science 26
    Télévision
    Temps 231
    Temps libéré 240
    Tendresse
    Page 271
    Terre
    Terrorisme 54
    Tiers-monde 49
    Torture 53
    Totalitarisme 52
    Travail 82
    Union
    Union européenne 24
    Urgence 239
    Utopie créatrice 135
    Vérité 112
    Vie
    Vieillesse 245
    Ville 91
    Violence 65
    Vitesse 14,89
    Voiture 27
    Volonté 126,131
    TABLE DES MATIERES
    SOMMAIRE———————————————————————2
    Avant-propos —————————————————–3
    PREMIERE PARTIE : LES SOUFFLES DU MONDE 5
    I. Quelles forces soufflent dans le Monde ? 5
  9. Le Marché Mondial 5
    Histoire du marché mondial
    Puissance du marché mondial et de l’argent
    Maître mot du marché mondial : la compétition
    Vitesse et marché mondial
    Corruption et marché mondial
    Limites du marché mondial
    Page 272
    Dénonciations du marché mondial
    Remises en cause du marché mondial
  10. Les Etats 12
    Quelques conceptions de l’Etat
    Variété des Etats
    L’absolutisme étatique (une des logiques de l’horreur)
    Critiques de l’Etat
    Limites des Etats
    Remises en cause de l’Etat
    La politique
    Le pouvoir
  11. Les organisations internationales : 19
    Nations Unies
    Union européenne
    Organisations internationales en général
    Organisations non gouvernementales
  12. Les complexes scientifico-technico-industriels 21
    La technoscience : Puissance de la science
    L’exemple de la voiture
    Firmes multinationales
    Complexes scientifico-militaro-industriels
    Complexes médiatiques
    Complexes urbains
  13. Les acteurs humains 28
    Les personnes :
     Appartenance au genre humain
     Richesse des différences
    Les Peuples
    L’humanité :
     Disparition de l’humanité ?
     Humanité et être humain
     L’humanité et le droit
  14. Le développement : Pour qui ? Lequel ? 37
    Origines, étapes de la notion de développement
    Radicalité de la crise
    Au coeur de la crise : le productivisme
    Interdépendances et développement
    Page 273
    Pour une société humainement viable
    Développement, croissance, développement durable, décroissance
    II Derniers souffles du monde? 40
  15. Moyens et fins terricides 40
    Manifestations de la débâcle écologique
    Une cause de la débâcle écologique : le productivisme
    Autre cause de la débâcle écologique : l’explosion démographique
  16. Moyens et fins injustes 45
    Histoire des dominations
    Pauvreté, exclusion, misère
    Inégalités
    Tiers-Monde
    Chômage
    Autres injustices – faim
    L’intérêt
    Face à l’injustice
    3 moyens et fins autoritaires 51
    Absence des droits de l’homme
    Totalitarismes
    Torture
    Haine, vengeance
    Racisme et luttes contre le racisme
    Terrorisme
    Face aux totalitarismes, face aux régimes autoritaires
    4 Moyens et fins humanicides 55
    Souffrances de la guerre
    Guerre
    Ennemis
    Armes
    Armes nucléaires
    Veille de fin des temps
    Face à la guerre
    Page 274
    Destruction humaine de masse
    .5 Violences 65
    Manifestations des violences
    Définitions des violences
    Les analyses des causes des violences
    .6 Les rapports entre les fins et les moyens71
    III. Nouveaux souffles du Monde ? 73
  17. Moyens et fins écologiques 73
    Merveilles de la nature
    Tenir compte du long terme
    Que faire dans le sens d’une société écologique?
    Quel progrès ?
     Progrès et croissance sont différents
     Le scientisme n’admet pas la critique
     Un progrès : une science qui serait maîtrisée
     Quel progrès ? Pour qui ? Le progrès humain…
  18. Moyens et fins justes 82
    Soutenir les opprimés
    Partager
    Etablir la justice
    Travail partagé
    Luttes des femmes
  19. Moyens et fins démocratiques 86
    Liberté
     Exaltation de la liberté
     Variété des conceptions de la liberté
    Démocratie
     Démocratie et organisation du pouvoir
     Démocratie et résistance
     Démocratie et égalité
     Démocratie et vitesse
     Droits de l’homme
     Droit
  20. Moyens et fins pacifiques 94
    Non à la guerre
    Pacifisme
    Page 275
    Paix
    Bienfaits de la paix
    Choisir la vie ou la mort
    Quelques moyens du développement pacifique
    Reconversions
  21. Règlement non-violent des conflits 102
    Conflit
    Non-violence
    Désobéissance civile
    Pardon
    DEUXIEME PARTIE : NOTRE SOUFFLE ! 117
    I. CHERCHER SON SOUFFLE 117
  22. Capacité au questionnement 117
  23. Penser 119
    Esprit critique
    Interdisciplinarité, globalité
    Discours créateur
    Humilité dans la pensée
    Erreur et vérité
    Doute et certitude
    Méthode
    Intelligence
    Dieu
  24. Ecouter , parler, écrire 126
    Parler
    Ecouter
    Le Silence
    Ecrire
  25. Se rappeler 130
    Mémoire
    Devoir de mémoire, devoir d’action
  26. Vouloir: 131
    Non à la résignation
    Premier pas
    Ressorts de la volonté
    Choisir
    Volonté : quel sens ?
    Page 276
    Le désir
    Hasard et volonté
  27. Chercher l’essentiel 136
    II. AVOIR ET/OU RETROUVER DU SOUFFLE 137
  28. L’utopie créatrice 137
    Critique du réalisme
    Défense de l’utopie créatrice
    Stratégie de l’utopie concrète
    Utopie créatrice portée par…
  29. L’optimisme, l’espérance 142
    C’est beau la vie
    Optimisme, pessimisme
    Espoir, espérance
    Espérance?
    Espérer… encore…
    Patience
  30. L’humour 148
    L’humour en général
    Traits d’humour
  31. Sagesse et folie 150
  32. Imagination 151
  33. Maîtriser des peurs 152
  34. La révolte 154
  35. Ethique 156
  36. Résistance 157
  37. La solidarité 159
  38. Responsabilit 161
  39. Autonomie 161
  40. Risque 162
    Importance du risque
    Se lever !
  41. Fidélité 165
  42. Courage 165
    Solitude
    Souffrances
    Courage et souffrances
    Page 277
    Courage : succès et échecs
    Courage dans les tempêtes
    Courage : formules courtes
    Courage : philosophie, organisation du courage
    III. NOS SOUFFLES DE VIES 175
  43. Les enfants 171
    Merveilles de l’enfance
    Douleurs de l’enfance
    Enfants, parents…
    Education des enfants
    Jeu de l’enfance, jeu du monde
  44. La joie 181
  45. La fête 181
  46. Le bonheur 182
    Vous avez dit bonheur ?
    Les lieux, les formes du bonheur
  47. Le plaisir 186
  48. Donner 186
  49. L’amour de la compagne ou du compagnon 187
    Chants d’amour pour l’être aimé
    Les ressorts de l’amour
    Se parler, s’écouter
    Unions, mariages
    Hommes, femmes… et humour
  50. Amitié 197
  51. Amour des autres 198
    Chants d’amour des autres
    Les autres, le prochain
    Amour : quel sens ?
  52. Foi 208
  53. L’art 210
    TROISIEME PARTIE : UN SOUFFLE…212
    I. SOUFFLE QUI PASSE…212
  54. Le temps 212
    Le temps : sa présence…
    Page 278
    Temps qui passe
    Temps : quel sens ?
    Temps : agir aujourd’hui
    Temps : l’avenir…
    Il y a un temps pour…
    Urgence et long terme
    Temps libéré
    Paresse – Oisiveté
    Sommeil
  55. Jeunesse, vieillesse 226
    Jeunesse
    Temps : vieillesse
    Jeunesse, vieillesse
    II. SOUFFLE QUI S’ETEINT…233
  56. Mort des civilisations, fin de l’humanité ? 233
  57. Mort : la sienne 233
  58. Mort : suicide… 240
  59. Mort des êtres aimés 241
  60. Mort et humour 244
  61. Mort : sens… quel sens ? 246
    III AUTRE SOUFFLE… AILLEURS ?!…252
    Le dernier mot 256
    INDEX 256
    TABLE DES MATIERES 272 à 278
    Un souffle